« Je suis contre le féminisme, je n’ai pas envie de perdre mes privilèges » (Hanna Arendt, 1958)

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Patricia Arquette reconnue à la cérémonie des Oscars comme meilleure actrice féminine de second rôle a transformé son petit discours de remerciement en une diatribe en faveur du féminisme. Je cite pêle-mêle quelques bribes de son discours très orienté égalité des genres, un doux relent des convictions du Tea Party qui comme chacun ne le sait pas en Europe est une sorte d’émanation des néo-cons en plus démagogique. Ahhh ! L’égalité des genres … C’est quoi au juste ? Les femmes veulent-elles se prendre pour des hommes ou bien l’inverse ? Rêvons-nous d’un monde asexué ou alors la différence chromosomique entre hommes et femmes est-elle une tare ? La Miss Arquette n’a pas mâché ses mots : « Il est temps pour toutes les femmes d’Amérique – et pour tous les hommes qui aiment les femmes et tous les homosexuels et tous les gens de couleur pour lesquels nous avons tous lutté – de lutter maintenant pour nous ». On ne peut pas faire mieux dans l’apologie du féminisme. Ce n’était pourtant pas tout à fait le discours qu’attendaient les vraies féministes politisées. Un peu rétrograde selon leur goût, car parmi les LGBT et les gens de couleur il y a aussi des femmes. Comme pour en rajouter une petite couche Arquette a déclaré qu’après tout il était fondamental « que les salaires des femmes soient égaux à ceux des hommes, ce n’en serait que bénéfique pour les femmes de toutes les races, pour leurs enfants et pour la société en général ».

Il n’y a pas erreur, Patricia Arquette a choisi la remise des Oscars pour toucher la plus grande audience qui lui était offerte par la retransmission télévisuelle de l’un des évènements les plus médiatisés aux USA. Tout ce bruit pour finalement pas grand chose, le Président Kennedy n’avait-il pas fait passer un amendement en 1963 sur l’égalité des salaires – à compétences égales – entre hommes et femmes. Cette décision ne fut jamais remise en cause.

Hanna Arendt avait dit : « Je suis contre le féminisme, je n’ai pas envie de perdre mes privilèges ». Belle déclaration à méditer car elle est éminemment ambigüe et aurait pu être le fait d’un homme. Après tout, en tant qu’homme, je peux aussi être contre le féminisme car je n’ai pas non plus envie de perdre mes privilèges … Mais au fait quels sont les privilèges de l’homme et comment les femmes les conceptualisent-elles ? Il est très facile d’établir par exemple une liste détaillée des zones érogènes de l’homme et de la femme, la femme est largement gagnante. Parce que l’homme est affublé d’un pénis la femme se sent affaiblie et frustrée, ben voyons ! N’est-ce pas de la mauvaise foi ? Il ne faut pas oublier les chromosomes et dans ce domaine, l’homme est incontestablement gagnant depuis qu’on sait que l’un des chromosomes X de la femme est silencieux, alors l’homme a donc le privilège de posséder un X et un Y, tous deux en parfait état de fonctionner, sauf que le chromosome Y ne sert qu’à la maturation des organes sexuels et à l’âge adulte n’est plus vraiment utile. On revient donc à la case départ en profitant au passage de mettre à mal la théorie du genre qui ne repose sur rien de tangible ni physiologiquement ni génétiquement. L’homme a besoin de la femme pour perpétuer l’espèce et transmettre ses gènes et la femme a également besoin de l’homme pour exactement les mêmes raisons. Féminisme, théorie du genre et autres billevesées alimentent un débat qui n’a pas lieu d’être. Patricia Arquette, finalement, aurait pu faire l’économie de son pamphlet féministe, la face du monde n’aurait pas changé …

Source : inspiré d’un article paru dans Daily Beast. LGBT : lesbiennes, gays, bi et trans. Hanna Arendt, philosophe, 1906-1975

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