DMLA : une avancée dans l’explication de cette maladie

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Avec les maladies neurodégénératives dont on ne connait toujours pas complètement les causes précises, une des menaces de la vieillesse est la dégénérescence maculaire (DMLA) qui conduit tôt ou tard à de sérieux troubles de la vision et s’agit aussi d’une dégénérescence neuronale. Jusqu’à une étude magistrale réalisée à l’Université de l’Iowa qui apporte quelques précisions prometteuses sur ce handicap on ne connaissait strictement rien des causes initiales de cette pathologie.

Pour bien comprendre la démarche de cette étude il faut d’abord faire quelques rappels sur ce qu’est la macula. Il s’agit de la zone centrale de la rétine dans l’axe de la vision qui, si on peut le dire ainsi, est surpeuplée en cônes et en bâtonnets, les deux terminaisons neuronales constituant la rétine, pour affiner la vision c’est-à-dire avoir la capacité de percevoir les moindres détails de ce que le cristallin envoie comme image vers ces cellules spécialisées directement connectées au cerveau, le centre de vision, qui va plus rapidement que n’importe quelle caméra numérique faire un traitement en temps réel des informations reçues par ce gigantesque récepteur que constitue la rétine. La rétine est elle-même spécialisée car elle répartit ses fonctions en une vision périphérique, certes déjà précise, et une capacité assez extraordinaire à traiter la vision de précision qui est la fonction de la macula. Lire un livre ou un document sur un écran d’ordinateur fait intervenir essentiellement la macula et quand il y a un problème au niveau de cette région de la rétine c’est le flou, pas vraiment artistique, il faut le dire ! Finalement on n’arrive plus à lire et puisqu’il n’existe aucun traitement, c’est le début de la fin !

Il n’existe en effet aucun traitement satisfaisant de la DMLA mis à part une récente étude réalisée avec le safran (Crocus sativus) qui contient des anti-oxydants puissants de la famille des caroténoïdes conférant la couleur caractéristique à ce condiment. La prolifération des vaisseaux sanguins au niveau de la macula a également orienté certains traitements vers des inhibiteurs de l’angiogenèse mais les résultats restent aléatoires sinon décevants. Bref, connaître les causes réelles de la DMLA requérait une approche plus fine au niveau moléculaire puisqu’on dispose aujourd’hui de moyens d’investigation puissants permettant d’identifier rapidement l’ensemble des protéines synthétisées par des régions discrètes d’un même tissu, en l’occurrence la choroïde ou tissu de soutien richement vascularisé sur lequel se trouve la rétine et diverses régions de la rétine, macula, fovéa ou région centrale de la macula, et rétine périphérique :

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La technologie utilisée consiste à séparer les différentes protéines contenues dans un prélèvement par chromatographie liquide multidimensionnelle et spectrographie de masse. L’analyse peptidique automatisée de chaque protéine individualisée permet une identification rapide de la nature de cette dernière puisqu’on connait l’ensemble du génome humain. En partant de trois échantillons oculaires, 4403 protéines ont été précisément identifiées et parmi elles 671 connues pour pouvant être impliquées dans les risques de développement de maladies de la rétine impliquant stress oxydatifs, inflammations et cascade du complément. La « cascade » du complément a pour rôle d’aider la réponse du système immunitaire et est constituée d’une trentaine de protéines retrouvées dans le sang. L’étude a montré clairement qu’au niveau de la macula et de la fovéa l’expression de certaines de ces protéines du complément étaient beaucoup plus présentes que dans la partie périphérique de la rétine comme par exemple les antigènes HLA-A, B et C, les activateurs C1q, C6 et C8 et H du complément ou des enzymes impliqués dans la neutralisation des peroxydes. Le facteur H du complément est particulièrement abondant dans la fovéa ce qui pourrait être en faveur d’un dérèglement d’origine inflammatoire conduisant à la DMLA, ce qui n’avait pas été montré jusqu’à cette sorte de cartographie des protéines du complexe choroïde-rétine.

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L’évènement initiateur d’une réponse immunitaire mal maîtrisée pourrait donc être un stress oxydatif car le traitement prometteur à base de safran s’explique par la présence, entre autres caroténoïdes anti-oxydants, de crocine, proche de la zéaxanthine qu’on retrouve justement dans la rétine. L’étude décrite ici est donc riche en renseignements nouveaux et permettra d’orienter les travaux ultérieurs permettant de mieux cibler la cause primaire de la DMLA. Enfin, cultiver du safran pourrait devenir un business encore beaucoup plus rentable qu’il ne l’est déjà !

Source : now.uiowa.edu/

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