L’uranium de l’eau de mer : c’est faisable

Capture d’écran 2018-06-15 à 19.56.25.png

Il y a eu lors d’une coopération entre la France et le Japon une tentative de récupération de l’uranium présent dans l’eau de mer qui s’est soldée par un semi-échec car les quantités de ce métal sous forme ionisée étaient très faibles. Cette fois-ci c’est le laboratoire national du Nord-Ouest (PNNL) aux USA qui a enfin réussi à piéger cet uranium dans les « filets » ioniques d’un tissu tout à fait courant mais modifié par voie chimique sur les polymères duquel a été greffée une molécule qui chélate spécifiquement l’ion uranium. Un tout petit aparté pour expliquer brièvement comme les choses se passent : les agents chélatants sont des molécules parfois complexes dont la structure se présente sous forme d’une cage ionisée également et il faut que sa dimension soit adaptée à l’atome ciblé. Après un peu de cogitation et comme l’uranium est l’atome le plus gros et le plus lourd naturellement présent sur la planète il a fallu quelques années pour obtenir un tel agent chélatant qui puisse être aisément greffé sur des fibres textiles.

En laissant durant quelques mois un kilo de fibres modifiées chimiquement baigner dans de l’eau de mer circulant à l’aide d’une petite pompe, les ingénieurs chimistes du PNNL ont réussi à récupérer 5 grammes d’uranium après l’avoir détaché de sa « cage chimique » spécifique par un traitement acide doux. Le textile a été récupéré en bon état et peut être utilisé à nouveau. Cinq grammes ce n’est pas beaucoup, certes, mais la quantité d’eau de mer est inépuisable et celle d’uranium non plus même si la teneur en uranium de l’eau de mer est ridiculement faible, de l’ordre de 3 parties par milliard (3 milligrammes par mètre-cube) alors qu’il y a en moyenne dans la croute terrestre 2,7 ppm d’uranium – 1000 fois plus que dans l’eau de mer – et que dans certains gisements les teneurs atteignent plus de 1 %.

Il suffira dans un proche avenir réaliser une telle extraction spécifique à grande échelle pour obtenir d’une manière très économique, presque gratuite si l’on peut dire, de l’uranium sans courir le risque d’appauvrir le gisement océanique qui est virtuellement infini.

Actuellement pour un coût global de 130 dollars le kg de « yellow cake » il y a des gisement exploitables contenant au bas mot 3,7 millions de tonnes d’uranium et les océans, après avoir prouvé la validité de la technique développée au PNNL, renferment 4 milliards de tonnes d’uranium ! Autant dire que l’énergie nucléaire civile a un bel avenir devant elle avec un combustible ayant un prix dérisoire. Le Japon, la Chine et l’Arabie Saoudite qui veut trouver des alternatives au pétrole pour dessaler l’eau de mer sont aussi sur ce coup fantastiquement économique.

Source et illustration (yellow cake – oxyde d’uranium – provenant de l’eau de mer) : LCW Supercritical Technologies (lcwsupercritical.com). La fibre modifiée a été développée par l’entreprise basée à Seattle pour initialement piéger du vanadium dans les eaux de rivière.

7 réflexions au sujet de « L’uranium de l’eau de mer : c’est faisable »

  1. Mer sacrée, mère et porteuse de tant d’espoirs humains.
    Mais au moment où les ressources multiples, si précieuses et pour une bonne part d’entre elles quasi-infinies, à l’échelle des hommes s’entend, des fonds marins ne cessent d’apparaître aujourd’hui comme les principales richesses du futur, la France, ou ce que l’on nomme encore ainsi, s’apprête, car c’est malheureusement la perspective la plus probable, à « bazarder » à plus ou moins court terme la Nouvelle-Calédonie et du même coup l’exceptionnelle ZEE maritime qui lui est liée.

    Cherchez l’erreur ou plutôt regardez le pedigree des bandits en col blanc (et limousines ministérielles…) qui sont à la manoeuvre ! Révoltant et écoeurant.

    • C’est en effet une double erreur. Je m’explique : le « Caillou » renferme l’une des réserves les plus importantes de nickel du monde. Le minerai contient aussi des quantités non négligeables de cobalt et aussi des terres rares. les boues de l’usine Eramet de Nouméa sont rejetées à la mer et je peux vous affirmer que par vent d’ouest l’air est irrespirable dans la ville. Fort heureusement ces vents sont plutôt rares. Inutile de mentionner le lagon qui est le plus grand du monde et enfin le domaine maritime exclusif qui renferme – bien qu’il soit encore largement inexploré – probablement des nodules poly-métalliques. Comment voulez-vous que les crânes d’oeuf abrités sous les lambris dorés de la République comprennent quoi que ce soit à la réalité ! Après ce sera au tour de la Polynésie …

  2. Pour faire court jadis on condamnait pour haute trahison ces actes contre les intérêts de la nation. C’est curieux comme les médias et nos « zélites » évitent ce sujet. C’est vrai que depuis Rocard il est réservé au compromis de Loges bien anglo-saxonnisées. On vend de beaux submersibles à côté pour protéger un futur dominium.

  3. On se satisfait (faisait ?) d’avoir la 2° (je crois) ZEE maritime, grâce à nos DOM TOM et autres « confettis ».
    Super « on est les champions », so what ?
    Mais peu ou pas de gouvernement n’a vraiment cherché à en exploiter les ressources.
    pourquoi voulez-vous que tout d’un coup « ils » s’y intéressent ?
    Certes « ils » devraient …

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s