Pourquoi l’énergie nucléaire s’impose-t-elle?

En dehors de quelques pays européens qui font de la politique énergétique démagogique et électoraliste, le reste du monde s’engage résolument dans la voie nucléaire. Les projets de développement y sont de plus en plus nombreux, mais aussi de plus en plus variés, notamment avec l’émergence des SMR (Small Modular Reactors).

Par Roger Stump, analyste financier, 8 juillet 2021 sur le site investir.ch

Voici tous les avantages comparatifs de l’industrie nucléaire

  1. L’énergie nucléaire est pilotable* (voir notes en fin de billet), donc produite à la demande. C’est indispensable à la stabilité du réseau électrique où offre et demande doivent toujours correspondre.
  2. L’énergie nucléaire produit 2 fois moins de CO2 que l’éolien et 7 fois moins que le photovoltaïque.
  3. La quantité de matériaux nécessaires à la construction d’une centrale nucléaire est respectivement 9 et 14 fois inférieure à celle nécessaire pour l’éolien et le photovoltaïque pour produire le même térawatt/heure.
  4. Le nucléaire nécessite 1000 fois moins de surface au sol que l‘éolien et le solaire pour produire le même TWh.
  5. L’énergie dégagée par la fission de l’uranium génère plusieurs centaines de milliers de fois plus d’énergie que la combustion d’une quantité équivalente de charbon, de pétrole ou de gaz, d’où une quantité très faible de déchets en proportion de la quantité d’énergie produite.
  6. Pour pourvoir un être humain occidental en énergie pour toute sa vie, il suffit de 6 kilos d’uranium, soit le volume d’une cannette de coca (l’uranium étant 19 fois plus lourd que l’eau). Pensez ne serait-ce qu’à la quantité d’essence que chacun de nous a déjà consommé dans sa vie !
  7. En moyenne, le facteur de charge d’un réacteur nucléaire est de 92%, ce qui fait de l’énergie nucléaire la plus fiable de toutes, bien loin devant le gaz (55%) et le charbon (54%), et évidemment l’éolien et le solaire.
  8. De toutes les industries énergétiques, le nucléaire est la plus sûre et son bilan humain (90 décès par 1000 TWh) est même inférieur à celui de l’éolien (150), du solaire (440) et de l’hydroélectrique (1400).
  9. Les déchets totaux de l’industrie nucléaire depuis sa naissance représentent le volume d’un stade de foot de 10 mètres d’épaisseur, soit 100000 m3 ou 2 millions de tonnes. Aucune industrie au monde ne s’astreint à une gestion aussi précise de ses déchets et, à ce jour, aucune irradiation, aucun accident n’a jamais été à déplorer avec des déchets nucléaires. Notez aussi qu’une grande partie des déchets sont susceptibles d’être encore réutilisés dans le futur avec l’émergence d’autres technologies de fission nucléaires ou de production de batteries utilisant la radioactivité !

Le marché de l’uranium en deux graphiques

Le premier illustre les ratios de couverture en uranium des opérateurs de centrales nucléaires européens et américains (environ 50% du total des réacteurs). Cette situation est inédite.

Les besoins non-couverts par des contrats à terme devront être comblés dans un marché souffrant déjà d’un déficit de production.
Rappelons au passage que les stocks des producteurs sont également au plancher!

Le deuxième illustre le déficit de l’offre d’uranium dans le contexte d’une demande en croissance selon deux scénarios établis l’année dernière par le World Nuclear Association. L’évolution actuelle de la demande penche désormais clairement vers le scénario le plus élevé.

Des exemples récents illustrent le propos. Parmi ceux-ci citons Shikoku Electric (Japon) qui se prépare à redémarrer son réacteur Ikata No3 le 12 octobre prochain. Il avait été stoppé en décembre 2019 sur décision d’une cour de justice. Aux Etats-Unis Duke Energy vient de faire les démarches en vue d’une demande de renouvellement/prolongation de licence d’exploitation jusqu’à 80 ans de ses trois réacteurs de la centrale d’Oconee en Caroline du Sud, jusqu’en 2053 et 2054 et l’administration Biden prend des mesures pour constituer une réserve d’uranium, une proposition faite sous l’ère Trump. La Société CEZ Group qui exploite la centrale nucléaire de Dukovany II en République Tchèque a sollicité une offre de trois constructeurs pour un nouveau réacteur. En Inde, la construction de deux nouveaux réacteurs russes de plus de 1000 MW chacun a démarré, les unités 5 & 6 de la centrale de Kudankulam. Plus globalement, selon la World Nuclear Association, on compte actuellement 445 réacteurs en fonction, représentant une puissance 24/7 installée de 396 GW. 60 réacteurs sont en construction (66 GW), 99 sont en planification avancée ou commandés et 325 sont proposés. La Chine qui veut augmenter de 40% sa puissance nucléaire d’ici à 2025 et l’Inde qui planifie de tripler son parc nucléaire pour 2030 sont deux acteurs majeurs de ce secteur.

Quid du prix de l’uranium?

Le sommet historique du prix de l’uranium de 140$/lb atteint en mai 2007, ajusté de l’inflation, serait aujourd’hui de 177 $/lb. Le prix actuel de la livre d’uranium navigue aux environs des 32 dollars. Un minimum de 45-50 dollars (niveau du coût moyen d’extraction) est requis pour redémarrer les mines en maintenance et un prix de 65-70 dollars pour développer les nouvelles mines nécessaires à rétablir l’équilibre. Or, il faut 8 à 10 ans pour qu’une mine atteigne le stade de la production, et la production requise de ces mines doit représenter celle de deux fois le Kazakhstan, le plus gros producteur du monde (35%)…

Mais encore

De part et d’autre de l’Atlantique, le bon sens semble vouloir définitivement l’emporter. Les Etats-Unis affichent désormais leur intention d’inclure le nucléaire dans les énergies propres, alors que de l’autre côté, le rapport du groupe d’experts mis en place par la Commission européenne est favorable à l’inclusion du nucléaire dans la taxonomie des investissements durables, ce qui devrait ainsi faire intégrer le nucléaire à l’acte délégué sur la finance verte. Cette perspective n’est pas sans conséquence sur le secteur uranifère, car si un seul petit pourcent des fonds de placement ESG devait lui être alloué, ce pourcent aurait la capacité d’acheter 100% de toutes les sociétés uranifères listées à trois fois le prix actuel …

Notes explicatives. La puissance d’un réacteur est modulable (pilotable) entre 95 et 100 % de sa puissance nominale. Pour un réacteur d’une puissance de 1000 MWe il s’agit donc de 50 MWe soit 1/6e de la puissance d’une centrale thermique de taille moyenne. En dessous de 95 % la qualité de la vapeur se dégrade et l’exploitant évite de dépasser ce seuil. À propos du CO2 ces chiffres sont pessimistes car un réacteur nucléaire peut fonctionner jusqu’à 80 ans alors que la durée de vie d’une éolienne est au mieux de 25 ans. Il s’agit ici des émissions de CO2 pour la construction de ces installations. Autre précision le facteur de charge de 92 % comprend les opérations de changement du combustible hors arrêts de maintenance de plus longue durée planifiés à l’avance.

En ce qui concerne les déchets générés par les réacteurs à neutrons lents dits thermiques type PWR les données figurant dans l’énumération ci-dessus ne font pas état du retraitement. Ce retraitement consiste à éliminer les produits de fission et certains transuraniens. Le plutonium, transuranien le plus léger, peut-être réutilisé comme combustible en remplaçant l’uranium-235. Quelques pays seulement utilisent le MOX, combustible contenant du plutonium, il s’agit en premier lieu de la France puis de la Russie, du Japon et enfin de l’Inde. Partant du fait que lors d’un cycle du combustible une infime fraction de ce dernier est effectivement consommée, le retraitement réduit notoirement les volumes de déchets dits radioactifs. L’uranium « appauvri » n’est pas pris en compte dans les déchets. En attendant des jours meilleurs, comprenez le développement inévitable des surrégénérateurs, cet uranium appauvri non fissile, essentiellement de l’uranium-238, est stocké sous formes d’oxydes.

Phosphate et uranium au Brésil : une combinaison rentable

L’une des premières sources d’uranium aux Etats-Unis lors du projet Manhattan était le traitement du minerai de phosphate issu des mines à ciel ouvert du centre de la Floride. Ce minerai contient environ 100 ppm d’uranium et après un procédé d’extraction et de production de phosphate trisodique et de phosphates d’ammonium, le résidu, du gypse, est impropre pour la fabrication de plâtre car il est trop radioactif. À la suite de diverses restrictions d’exportations vers la Chine la Floride a vu son activité de production de phosphates décliner. D’autre part la production d’uranium à partir de ce minerai a été abandonnée après la deuxième guerre mondiale. Le gypse phosphaté, résidu de la production de phosphates qui ne peut pas être utilisé pour la production de plâtre est stocké sous forme de collines artificielles sur lesquelles rien ne peut pousser. On estime que 280 millions de tonnes de ce résidu sont stockés dans le monde chaque année car il n’existe pas de solution économique pour débarrasser ce gypse de l’uranium, du thorium, du radium et également du cadmium qu’il contient malgré le fait que la radioactivité est pourtant faible en comparaison de certaines autres roches ignées telles que certains granits.

Au Brésil, l’Etat de Ceara dans la région du Nordest (capitale Fortaleza) a décidé d’exploiter les importants dépôts de phosphates situés dans la région de Santa Quitéria au centre de l’Etat pour produire non seulement des engrais phosphatés mais également de l’uranium. Le gisement représente la plus importante réserve d’uranium du Brésil. Les quelques 80 millions de tonnes de minerai dont les teneurs respectives finales en P2O5 et U308 sont de 11 % et 0,01 %. Le complexe industriel pourra produire chaque année 1600 tonnes d’oxyde d’uranium appelé aussi « yellow cake » comme sous-produit de la production de 240000 tonnes de P2O5 annuellement. À terme le Brésil envisage de développer son programme électronucléaire mais ne sera jamais un exportateur de phosphate car cette nouvelle production de P2O5 sera totalement absorbée par les besoins domestiques de l’agriculture par ailleurs en plein essor.

J’ignore quelle est la composition des minerais de phosphate du Maroc qui a annexé sans que la communauté internationale s’en émeuve le Sahara Occidental mais je subodore qu’elle est intéressante pour justifier l’implantation d’une importante installation militaire américaine dans cette région. Il faut toujours lire entre les lignes les filets d’information et dans le cas du Maroc, premier producteur du monde de phosphate qui détient dans son sous-sol maintenant étendu au Sahara occidental 72 % des réserves mondiales de phosphate, c’est encore plus important. Il est certain que le phosphate marocain contient de l’uranium et du thorium puisque le minerai provient de sédiments marins comme en Floride et au Brésil. Or les océans sont la première réserve mondiale de ces deux métaux, d’où l’intérêt renouvelé pour extraire au moins l’uranium des gypses, résidus fatals de la production de P2O5. Enfin l’OCP (Office Chérifien des Phosphates) construit actuellement une gigantesque extension de l’usine de production de phosphate d’ammonium datant de 1986 sur le sol marocain afin de réaliser de confortables plus-values sous la protection bienveillante de l’armée américaine. Gageons que dans un proche avenir le Maroc, comme le Brésil, s’intéressera de très près à l’extraction des gypses résiduels pour produire de l’uranium, le seul combustible actuellement capable de produire de l’électricité totalement décarbonée de manière fiable.

Sources : World Nuclear News et Office Chérifien des Phosphates

Energies intermittentes : le revers de la médaille.

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On peut faire confiance aux combustibles fossiles et à l’uranium. Ce sont des sources d’énergie disponibles qu’il y ait du vent, trop de vent ou pas du tout de vent, qu’il y ait du soleil ou que ce soit la nuit, qu’il pleuve ou qu’il neige. Cette disponibilité en électricité d’origine fossile (uranium et hydrocarbures) est nécessaire pour les enfants, les malades, les vieux et les pauvres et son prix est très raisonnable. Et pourtant cette énumération simple n’est plus acceptée par le grand public qui est abruti par une propagande incessante qui ressasse que les énergies vertes, renouvelables sont la solution malgré le fait que ces énergies sont par définition et fatalement intermittentes.

De ce fait ces énergies intermittentes requièrent pour leur viabilité une réserve d’énergie électrique orthodoxe, en d’autres termes d’origine nucléaire ou thermique classique et le prix du kWh facturé à l’utilisateur final ne fait qu’augmenter comme par exemple dans l’Etat du Kansas (lien). De plus les prévisions de l’Agence Internationale de l’Energie ne correspondent en aucun à la propagande :

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Ce qui conduit à des situations paradoxales comme par exemple en Allemagne. Ce pays compte parmi les pays les plus développés au monde mais le choix d’une politique énergétique basée sur les énergies « intermittentes » et l’abandon trop rapide de l’énergie nucléaire a rendu le kWh tellement coûteux que 344000 foyers n’ont plus d’électricité, n’ayant plus les moyens financiers de payer leurs factures. Et pourquoi donc ? Parce les énergies intermittentes pudiquement renommées renouvelables n’ont jamais été considérées comme susceptibles de remplacer les énergies fossiles (lien). Enfin la lubie des voitures électriques se heurte aux limites des réseaux électriques comme par exemple en Nouvelle-Zélande (lien) mais ce genre de panne n’est pas réservé à ce pays puisque les propriétaires de voitures électriques ont vécu les même désagréments en France il y a quelques jours, il ne faut pas trop en parler, ça fait désordre … Quant aux batteries adjointes aux éoliennes ou aux panneaux solaire pour stocker une partie de l’énergie produite il faut, selon une étude récente parue aux USA compter sur 1500 dollars pour disposer de « UN » kWh …

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Les Australiens, après leur expérience calamiteuse du « tout renouvelable » dans l’Etat des Nouvelles-Galles du sud, sont redevenus un peu réalistes et ont compris que le « tout intermittent » n’était pas viable, ne serait-ce qu’en raison de la disponibilité limité des matières premières. Et pour construire une seule éolienne il faut consommer 220 tonnes de charbon pour traiter tous les minerais nécessaires hors ciment !

Source : blog de Donna Laframboise

https://www.americanthinker.com/articles/2019/06/lowcost_renewable_energy_is_breathtakingly_expensive.html

https://www.forbes.com/sites/michaelshellenberger/2019/05/06/the-reason-renewables-cant-power-modern-civilization-is-because-they-were-never-meant-to/?fbclid=IwAR1Mrk1u6iJAPaVLGhe6bB9aYsroR2H7wjoXeH8w7ioi8-XU7zTOxd3D3UA#5c9af0f0ea2b

http://catallaxyfiles.com/2019/04/11/those-dang-electricity-using-electric-cars/?fbclid=IwAR0kDcR4hnVtOlKGeIYoq585RxarZVFzS93U3bLhqKhXzKX790tJf8E6Y5g

L’uranium de l’eau de mer : c’est faisable

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Il y a eu lors d’une coopération entre la France et le Japon une tentative de récupération de l’uranium présent dans l’eau de mer qui s’est soldée par un semi-échec car les quantités de ce métal sous forme ionisée étaient très faibles. Cette fois-ci c’est le laboratoire national du Nord-Ouest (PNNL) aux USA qui a enfin réussi à piéger cet uranium dans les « filets » ioniques d’un tissu tout à fait courant mais modifié par voie chimique sur les polymères duquel a été greffée une molécule qui chélate spécifiquement l’ion uranium. Un tout petit aparté pour expliquer brièvement comme les choses se passent : les agents chélatants sont des molécules parfois complexes dont la structure se présente sous forme d’une cage ionisée également et il faut que sa dimension soit adaptée à l’atome ciblé. Après un peu de cogitation et comme l’uranium est l’atome le plus gros et le plus lourd naturellement présent sur la planète il a fallu quelques années pour obtenir un tel agent chélatant qui puisse être aisément greffé sur des fibres textiles.

En laissant durant quelques mois un kilo de fibres modifiées chimiquement baigner dans de l’eau de mer circulant à l’aide d’une petite pompe, les ingénieurs chimistes du PNNL ont réussi à récupérer 5 grammes d’uranium après l’avoir détaché de sa « cage chimique » spécifique par un traitement acide doux. Le textile a été récupéré en bon état et peut être utilisé à nouveau. Cinq grammes ce n’est pas beaucoup, certes, mais la quantité d’eau de mer est inépuisable et celle d’uranium non plus même si la teneur en uranium de l’eau de mer est ridiculement faible, de l’ordre de 3 parties par milliard (3 milligrammes par mètre-cube) alors qu’il y a en moyenne dans la croute terrestre 2,7 ppm d’uranium – 1000 fois plus que dans l’eau de mer – et que dans certains gisements les teneurs atteignent plus de 1 %.

Il suffira dans un proche avenir réaliser une telle extraction spécifique à grande échelle pour obtenir d’une manière très économique, presque gratuite si l’on peut dire, de l’uranium sans courir le risque d’appauvrir le gisement océanique qui est virtuellement infini.

Actuellement pour un coût global de 130 dollars le kg de « yellow cake » il y a des gisement exploitables contenant au bas mot 3,7 millions de tonnes d’uranium et les océans, après avoir prouvé la validité de la technique développée au PNNL, renferment 4 milliards de tonnes d’uranium ! Autant dire que l’énergie nucléaire civile a un bel avenir devant elle avec un combustible ayant un prix dérisoire. Le Japon, la Chine et l’Arabie Saoudite qui veut trouver des alternatives au pétrole pour dessaler l’eau de mer sont aussi sur ce coup fantastiquement économique.

Source et illustration (yellow cake – oxyde d’uranium – provenant de l’eau de mer) : LCW Supercritical Technologies (lcwsupercritical.com). La fibre modifiée a été développée par l’entreprise basée à Seattle pour initialement piéger du vanadium dans les eaux de rivière.

Géopolitique : avec les sanctions US contre la Corée du Nord, l’Iran et la Russie qui va sortir gagnant ?

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Pour se faire une idée du vent de folie qui souffle sur Washington il suffit de constater le vote des deux chambres en faveur des sanctions économiques qui ont pour but d’isoler la Russie, l’Iran et dans une moindre mesure la Corée du Nord du marché économique mondial puisque c’est le dollar qui est utilisé pour la très grande majorité des échanges commerciaux dans le monde. Un vent de folie à Washington devenu caricatural avec l’affaire de l’interférence russe dans le processus électoral américain, une psychose montée de toutes pièces par la CIA avec le concours inconditionnel des médias pour satisfaire la doctrine des néoconservateurs à savoir maintenir l’hégémonie américaine sur les sources d’énergie mondiales. Les conflits soigneusement organisés par les USA en Irak puis en Libye et enfin en Syrie n’étaient motivés que par ce souci géopolitique de maintien de cette hégémonie américaine sur le pétrole et le gaz de ces pays. La levée de façade des sanctions contre l’Iran, un autre pays très riche en hydrocarbures, à la suite de l’accord relatif au programme nucléaire iranien, a donc été remise en cause par le Congrès et le Sénat américains dans un vote unanime (moins 5 voix) digne d’un pays totalitaire, c’est presque risible. Ce n’est pas la première fois que les USA dénoncent ignominieusement des accords passés et c’est déplorable, plus aucun pays ne peut leur faire confiance.

Il n’y a plus de démocratie aux USA, c’est le complexe militaro-industriel et l’intelligentsia néoconservatrice qui dirigent le pays. Le président Trump a été relégué au rôle de marionnette et il ne dispose dorénavant d’aucun pouvoir. Ce vote l’a réduit au silence et il a signé, un couteau sous la gorge, la décision de Capitol Hill. Il lui reste trois ans et six mois à faire les cent pas dans le bureau oval …

Mais qui va bénéficier de ce coup stratégique foireux américain ? De toute évidence les deux pays les plus friands en hydrocarbures, la Chine et l’Inde, vont tout naturellement se tourner vers la Russie. Il existe déjà des accords de swap yuan-rouble et les exportations de pétrole et de gaz russes vers la Chine ne passeront pas par la case dollar. Il est évident qu’il va en être de même avec l’Inde dans un très proche avenir. Le projet en cours de réalisation de la nouvelle route de la soie ne bénéficiera pas à l’Europe qui se trouvera de plus en plus isolée et vassalisée par Washington. C’est aussi ce que veulent les néocons américains : que l’Europe, incontestablement la première puissance économique mondiale, ne porte pas ombrage à la « Grande Amérique Démocratique » montrée en exemple à tous les pays du monde. Quelle mascarade !

Restent les mesures de rétorsion que peut décider Vladimir Poutine. Il y a par exemple le titane : Boeing importe plus du tiers du titane nécessaire à la construction des avions depuis la Russie. L’uranium (voir note en fin de billet), c’est encore plus critique puisque les capacités d’enrichissement américaines ne suffisent tout simplement pas à assurer le rechargement des réacteurs nucléaires et les USA importent du combustible enrichi made in Russia. Le zirconium et le tantale font également partie des exportations russes vers les USA comme les diamants industriels, la Russie étant le premier producteur de diamants noirs du monde. Plus de diamants, plus de trépans, plus de forages pour le fracking, plus de gaz, plus de pétrole de schiste … Il se trouve qu’Airbus et Areva ou encore Total en France vont également souffrir d’un embargo sur les exportations russes vers l’Europe et des sanctions contre l’Iran. Les médias n’ont retenu que la première mesure prise par Poutine, à savoir expulser des diplomates américains, ce n’était qu’un rideau de fumée car si Poutine décide d’un embargo total vers l’Europe sur de nombreuses matières premières essentielles pour l’économie européenne et en particulier allemande, le prochain hiver va être très rude, surtout sans gaz naturel !

Finalement c’est Poutine – le pragmatique – qui sortira gagnant dans cette histoire. Quant à imaginer un conflit nucléaire nul n’y songe vraiment car en quelques heures seulement l’humanité, les grenouilles, les hirondelles et les pandas seraient totalement anéantis.

Source et illustration : inspiré d’un article de Pepe Escobar paru sur le site informationclearinghouse.com .

Note : Dans l’illustration en tête de billet ne figurent que les importations d’hydrocarbures russes par l’Europe. Le cas de l’uranium est pourtant hautement significatif puisqu’il s’agit d’une ressource énergétique au même titre que le gaz naturel et le pétrole ou le charbon. Pour information la Russie est le plus important producteur mondial de SWUs, terme technique acronyme de Single Work Unit ou Separative Work Unit qui se réfère à la quantité d’énergie nécessaire pour produire de l’uranium enrichi à 3,75 % d’isotope 235 et qui fixe le prix de l’uranium enrichi sur le marché. À titre d’exemple le rechargement en combustible d’un réacteur d’une puissance électrique de 1300 MW nécessite 1 million de SWUs par an. La Russie, bien que n’arrivant qu’en sixième position dans le monde pour la production d’uranium naturel sous forme de « yellow cake » loin derrière le Kazakhstan, le Canada et l’Australie est cependant le premier pays du monde pour l’enrichissement et la production d’uranium combustible devant l’Europe (Allemagne, Pays-Bas et Grande-Bretagne), la Chine, la France – pour ses besoins domestiques – et les USA. La Russie contrôle 45 % des SWUs produites dans le monde et les USA importent 90 % de l’uranium combustible de leurs réacteurs nucléaires qui produisent plus de 20 % de l’électricité consommée dans le pays. Pour information également l’uranium extrait au Canada ou au Kazakhstan est majoritairement enrichi en Russie et dans une moindre mesure en Allemagne et aux Pays-Bas. Le vote des deux assemblées de Capitol Hill a été acquis sous le coup de l’émotion entretenue par les médias mais les conséquences risquent d’être très douloureuses pour le secteur énergétique américain. (Source : World Nuclear Association)

Energie : en Allemagne c’est du grand n’importe quoi !

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Après le grand tremblement de terre du 11 mars 2011 qui fit 20000 morts et disparus au Japon et endommagea la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi entre autres installations industrielles, l’Allemagne prit la décision brutale de se passer de l’énergie nucléaire. L’idée était déjà dans l’air puisque le gouvernement fédéral avait pensé à mettre en place une accise (voir note) sur l’uranium avec la bonne intention d’utiliser plus tard les revenus de cette dernière pour financer les coûts de prolongation des permis d’exploitation et de démantèlement de ces centrales électriques. Après l’accident japonais le gouvernement fédéral précipita l’application de l’accise sur l’uranium qui consistait à taxer chaque gramme d’uranium de 145 euros, vous avez bien lu : chaque gramme … Cette taxe était supposée rapporter au gouvernement 2,3 milliards d’euros par an. Après l’accident de Fukushima 8 réacteurs allemands furent fermés et la part du nucléaire dans la production d’électricité est passée de 25 % avant 2011 à 12 % aujourd’hui.

Près de la moitié de l’énergie électrique produite en Allemagne provient des centrales à charbon et lignite. Quant aux centrales électriques brûlant du gaz naturel (15 % du total produit) elles servent essentiellement à pallier aux déficiences des moulins à vent installés à la hâte dans le nord du pays.

Les sociétés de production d’électricité opérateurs des centrales nucléaires – il n’en reste que 8 opérationnelles – sont EOn, EnBW et RWE. Lors de la mise en place de cette accise, ces compagnies ont déposé un recours auprès de la Cour de Justice de Hambourg qui répondit deux ans plus tard qu’elle n’était pas compétente pour statuer sur le caractère constitutionnel de cette taxe ni en regard de la loi allemande ni en regard des lois européennes.

Les trois compagnies déposèrent donc un dossier auprès de la Cour Européenne de Justice qui rendit son avis en juin 2015. Cette accise était conforme aux règlementations européennes en vigueur. Pourtant la loi européenne est supposée exempter de taxe les combustibles utilisés pour produire de l’électricité, que ce soient le charbon, le fuel lourd, le gaz naturel ou encore la bio-masse. L’uranium ne figure pas dans cette liste ! Les compagnies EOn, EnBW et RWE ont donc en dernier recours fait appel aux compétences de la Cour Constitutionnelle Fédérale à Karlsruhe qui vient de rendre son verdict : l’accise appliquée depuis 2011 à l’uranium est non conforme à la Constitution allemande et donc nulle.

Le Gouvernement fédéral allemand va devoir rembourser aux compagnies d’électricité des sommes substantielles. EOn va recevoir 2,8 milliards d’euros indûment payés plus 450 millions d’intérêts, et RWE et EnBW respectivement 1,7 et 1,44 milliard.

Ce qui ressort de cette affaire est clair, la politique énergétique allemande a atteint un degré de surréalisme inimaginable. Sous la pression des partis écologistes l’accise sur l’uranium a été mise en place sans que sa conformité constitutionnelle soit un instant étudiée. De plus, la fermeture prématurée de la moitié du parc nucléaire allemand a précipité une augmentation insoutenable du prix du kWh pour les particuliers qui a doublé en 5 ans alors qu’il était le moins cher d’Europe à la production avec le mix nucléaire-charbon. L’ensemble du marché européen de l’électricité a été déstabilisé et au final l’Allemagne, malgré des forêts de moulins à vent dans le nord du pays, n’a pas réduit d’un gramme ses émissions de CO2 produites par les centrales électriques. Malgré le tableau désastreux que présente la production d’électricité en Allemagne, en France le pitre Nicolas Hulot envisage de fermer autoritairement tous les réacteurs type 900 MW car ce sont les « plus vieux » donc, par pure idéologie les « plus dangereux ». Hulot est paraît-il le plus populaire des ministres du gouvernement actuel, c’est dire à quel point les Français sont aveugles et ne veulent surtout pas savoir ce qui les attend pour leur facture d’électricité. Il leur suffit pourtant de constater ce qui se passe en Allemagne, un vrai désastre !

Source : World Nuclear News, illustration centrale électrique au charbon de RWE.

Note 1 : l’accise est un impôt indirect calculé non pas sur la valeur d’un produit mais sur sa quantité. En France la taxe sur les alcools, calculée en degrés/hectolitre ou encore celle sur les produits pétroliers sont des accises. Il s’agit d’un des plus vieux impôts mis en place dans le monde car son calcul est simple et ne demande que peu de personnel pour le recouvrer.

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Note 2 : À propos d’énergies vertes la société allemande Uniper, opérateur des centrales électriques thermiques classiques d’EOn et filiale de cette dernière, a créé à Gardane (Bouches-du-Rhône, illustration ci-dessus) avec l’aide de fonds publics français, c’est-à-dire avec les impôts du contribuable, une centrale thermique brûlant du bois à raison de 850 000 tonnes par an pour remplacer le charbon. C’est bien connu : le bois c’est de l’énergie verte donc ça ne pollue pas ! Sauf que les habitants alentour se sont émus des retombées sanitaires d’un tel projet. De plus d’où proviendra ce bois ? Bonne question qui n’a jamais été abordée en détail. Certaines mauvaises langues racontent qu’une partie de ce combustible « vert » serait importé de Pologne et du Canada et l’autre des forêts françaises. Comme c’est beau l’écologie !

Idéologie aberrante des écolos : le cas emblématique de la Suède

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En Allemagne la taxe sur l’uranium, pour mettre à genoux les compagnies d’électricité et précipiter la disparition de l’énergie nucléaire, a été instituée sous la pression incessante des groupements écologistes opposés au nucléaire … C’est tellement plus propre de brûler de la lignite ! En Suède la situation est encore plus surréaliste. Ce pays, comme la Finlande, pouvait se vanter de n’émettre que des traces de CO2 pour la production d’électricité car 40 % de l’électricité provient de trois installations nucléaires, 10 % d’origine thermique classique et le reste est d’origine hydraulique. La plus importante usine nucléaire se situe à Ringhals sur la côte ouest du pays et elle appartient pour 70 % à la société Vattenfall et le reste des parts est la propriété d’E.ON. Le gouvernement suédois, à l’instar de son homologue allemand qui taxe l’uranium, a vicieusement choisi de taxer le kW d’origine nucléaire alors que le même kW provenant de centrales hydrauliques n’est pas taxé. Cette situation inattendue et exigée par les partis écologistes qui sont par ailleurs opposés à tout nouveau projet hydraulique fait que la société Vattenfall perd de l’argent pour une raison très simple comme expliqué ci-après.

Toutes taxes comprises, dont cette taxe inique liée à cette origine nucléaire, le kW sorti d’usine revient à 3,5 centimes de dollar alors qu’il est revendu 2,3 cents sur le marché puisque le prix de ce kW dépend à 60 % de celui d’origine hydraulique non taxé ! En d’autres termes Vattenfall perd 1,2 cent ($US) par kW produit à partir d’uranium. L’usine de Ringhals est constituée de 4 réacteurs dont le plus ancien est de type « eau bouillante ». Il était programmé pour être arrêté définitivement en 2025 mais encore une fois, sous la pression des écolos puisqu’il s’agit d’un réacteur « type Fukushima » donc dangereux par définition, sa fermeture a été avancée à 2018. Compte tenu des coûts croissants de la maintenance de l’unité 2 de Ringhals, un réacteur à eau pressurisée d’une puissance électrique de 800 MW datant de 1975, Vattenfall a décidé également sa fermeture prématurée vers 2020 alors que son exploitation était autorisée par les autorités de régulation jusqu’en 2045. Cette taxe sur le kW nucléaire et le faible coût du baril de pétrole a donc mis au pied du mur, c’est-à-dire au bord de la faillite Vattenfall mais pas seulement car l’autre société suédoise exploitante, OKG, a pour les mêmes raisons décidé d’arrêter définitivement le deuxième réacteur à eau bouillante du site d’Oskarshamn, le premier de ce type sur le même site ayant été arrêté il y a quelques mois.

Là où la situation va devenir ubuesque c’est le déficit de production électrique qui devra inévitablement être compensé par des usines thermiques classiques (gaz ou fuel) car il va manquer 2800 MW soit 29 % de la production nucléaire totale ou encore 13 % de la production totale d’électricité. Selon les statistiques fournies par le gouvernement suédois il faudra donc au bas mot doubler la production électrique thermique classique qui représente actuellement environ 10 % de la production totale d’électricité suédoise.

On peut donc conclure que les écologistes idéologues anti-nucléaires aggravent à l’évidence la situation car toutes leurs manœuvres et pressions auprès des gouvernements, et pas seulement en Suède, aboutissent immanquablement à un accroissement des émissions de carbone, leur autre sujet de combat obsessionnel. « Bienvenue dans un monde sans carbone et sans uranium » pourrait donc, pour résumer, être le slogan des verts, mais c’est totalement incompatible comme le montre clairement l’exemple suédois !

Source : World Nuclear Association www.world-nuclear.org/ , illustration centrale nucléaire de Ringhals (Wikipedia)

La « Kazakh connection »

Au tout début de l’intervention américaine en Afghanistan après les évènements du 11 septembre 2001 Washington obtint du gouvernement du Kazakhstan le droit d’installer dans l’urgence des bases militaires pour faciliter l’invasion et les bombardements. Moscou ferma les yeux trop content de voir les Américains aller s’embourber dans les steppes arides de ce pays dont ils revenaient – eux les Russes – non pas vaincus mais impuissants à maîtriser ce pays aux structures essentiellement tribales ne correspondant à aucun modèle occidental. L’exemple de la déconfiture de Moscou dans ce pays ne servit en rien aux Américains qui ne sortirent jamais vainqueurs de ce conflit. Ils n’arrivèrent pas à éradiquer la mouvance « terroriste » type Al-Qaeda selon le Département d’Etat américain. Si Ossama Bin Laden fut finalement assassiné dans des conditions hautement contestables, la situation est toujours sensiblement la même dans ce pays.

Par contre au Kazakhstan, les jours se suivent et se ressemblent. Le pays est toujours aussi corrompu, la CIA est omniprésente et contrôle de facto cet immense pays – 5 fois la superficie de la France – qui regorge de richesses minérales et d’hydrocarbures. Le Premier Ministre Karim Massimov et le Président Nazarbayev sont devenus les pantins de Washington. La Russie laisse faire car la population du pays est d’origine russe pour 20 % et la langue russe est l’une des langues officielles. Le statu quo profite à tous et l’exploitation des minéraux, du pétrole et du gaz également.

Tout cela explique la présence de l’OTAN dans ce pays ainsi que celle des « conseillers » américains. Le point le plus sensible est la production d’uranium et il ne faut pas se leurrer, si les Américains ont eu des visées à peine dissimulées sur ce pays après la chute de l’URSS c’est aussi en raison des formidables gisements d’uranium que recèle ce pays. Le Kazakhstan est en effet le premier producteur d’uranium du monde largement devant l’Australie, le Canada, la Russie ou la Namibie puisqu’il fournit 41 % de l’uranium mondialement extrait. Il est donc aisé de comprendre que les Américains se servent largement dans ce pays pour atteindre les 20000 tonnes d’uranium nécessaires chaque année pour alimenter les réacteurs nucléaires de l’Union. Pour preuve l’Agence Internationale de l’Energie (EIA) a communiqué l’évolution de l’approvisionnement américain en uranium :

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Comme on peut le constater, l’approvisionnement américain en uranium en provenance du Kazakhstan contrôlé par la compagnie d’état Kazatomprom n’a cessé de progresser depuis le début des années 2000. Cerise sur le gâteau, le gouvernement d’Astana consent des tarifs préférentiels aux Américains. Ceci explique cela … Comme c’est beau la géopolitique vue de la Maison-Blanche !

Fission en Allemagne : à quand l’éclatement ?

Kernkraftwerk_Grafenrheinfeld_-_2013

Au printemps 2011, après la grand tremblement de terre japonais du 11 mars, les autorités allemandes ont mis en place une taxe sur l’uranium et le plutonium combustibles des réacteurs nucléaires dans le cadre de la disposition initiant l’abandon de l’énergie nucléaire dans le pays. Cette taxe est proprement faramineuse et s’élève, lisez bien, il n’y a pas d’erreur, à 145 euros par gramme de matière fissile. Cette taxe rapporte 2,4 milliards d’euros chaque année à l’Etat allemand qui redistribue cette manne pour le développement des énergies alternatives dites vertes. EOn et RWE, les propriétaires opérateurs de centrales nucléaires sont donc de facto privés de la moitié de leurs profits nets avec l’exploitation de ces centrales nucléaires qui ne continuent à fonctionner uniquement parce que les installations sont amorties financièrement. En Allemagne, cette taxe voulue par les écologistes porte ses fruits insidieusement puisque contrairement au cas de figure normal le combustible est devenu tellement coûteux que les mêmes opérateurs se sont massivement reconverti au charbon et en particulier au charbon brun, le combustible fossile le plus polluant et dont le sous-sol germanique est très bien doté.

EOn et RWE ont déposé une plainte auprès du tribunal de Hambourg, du Baden-Wurttemberg et de Munich à propos de la validité constitutionnelle de cette taxe. Peine perdue ! La Cour fiscale du Baden-Wurttemberg a maintenu la validité de la taxe. Si la Cour de Justice Européenne qui a été également saisie à ce propos entérine la validité de la taxe, alors ce sera la porte ouverte à n’importe quel gouvernement d’un pays nucléarisé pour instituer ce type de rançon injustifiée. Or la question est importante car si cette taxe est considérée comme une taxe indirecte sur le prix du kWh fourni aux clients finaux elle est alors illégale car les Etats Européens ne peuvent pas inventer de nouvelles taxes sur l’électricité servant à financer le budget général. Entre parenthèses, en ce qui concerne la France l’ambiguité de l’utilisation des taxes sur le kWh déguisées en augmentations tarifaires (15 % en deux ans) pourrait faire l’objet d’un recours auprès de la Cour Européenne de Justice. Il est peu probable qu’une quelconque association de consommateurs organise un recours auprès de la CJE au sujet des augmentations injustifiées du kWh français. difficile d’imaginer l’INC se lancer dans une telle aventure alors que les chances de succès sont bien réelles.

On en arrive donc à la situation que souhaitaient les écologistes avec la centrale de Grafenrheinfeld, PWR de 1275 MW électriques de 32 ans d’âge construite par Siemens, autant dire ayant à peine atteint la moitié de sa durée de vie telle que définie par la commission allemande de régulation nucléaire, l’équivalent de l’ASN française, qui doit être rechargée en combustible en mai 2015 sera purement et simplement fermée. Elle sera alors, comme on dit, « décommissionnée » et n’apparaitra alors plus dans le bilan d’EOn pour la plus grande satisfaction artificielle des actionnaires car ils seront bien obligés d’oublier le manque à gagner considérable que représentera la fermeture de cette centrale qui aurait pu fonctionner sans problème pendant encore 30 ans.

Malgré le fait que la Cour Administrative Suprême d’Allemagne ait récemment, en janvier, déclaré illégales les fermetures « forcées » de huit réacteurs au lendemain de la catastrophe de Pukushima-Daiichi, il est peu probable, pour le moment en tous les cas, que ces réacteurs soient remis en exploitation mais le cas de la centrale de Grafenrheinfeld ouvre la porte à une nouvelle bataille juridique dont l’issue reste pour l’instant incertaine compte tenu de la durée de l’instruction qui peut durer plusieurs années. Si des évènements géopolitiques défavorables survenaient, il est certain que l’industrie allemande dans son ensemble serait fortement pénalisée, peut-être est-ce le but non avoué des écologistes infiltrés à tous les niveaux du pouvoir allemand. Gageons que Madame Merkel, très attentive à la compétitivité de l’industrie allemande mettra de l’ordre dans cette mascarade et ce gâchis mais on ne peut pas non plus sous-estimer le pouvoir de nuisance des organisations écologistes qui l’ont malheureusement déjà démontré.

Source : The Economist, illustration centrale de Grafenrheinfeld (Wikipedia).