Il y a 3000 ans les Egyptiens souffraient des mêmes maladies « modernes »

Du temps des pharaons de l’Égypte ancienne le coeur était considéré comme le siège de l’âme et lorsqu’un illustre individu, comme par exemple un pharaon, était inhumé son corps était embaumé avant d’être entouré de bandelettes pour être momifié mais il était éviscéré car les sanies contenues dans ces viscères pouvaient contribuer à corrompre le coeur et l’âme aurait alors la liberté de s’éloigner. Ces viscères étaient si l’on peut dire conditionnées à l’aide de sel, de résines, parfois de miel et éventuellement de bitume puis conservées dans des vase d’albâtre ou de terre cuite appelés vases canopes, hauts d’une quarantaine de centimètres dans lesquels les archéologues ont retrouvé des morceaux de foie, de poumon ou d’intestin. Chaque canope était étiquetée avec une tête humaine pour le foie, une tête de babouin pour les poumons, d’un chacal pour l’estomac et d’un faucon pour les intestins. Si le coeur était préservé car il était le siège de l’âme il fallait que quelques viscères restent auprès du corps dans la sépulture et soient bien conservées pour « la vie d’après ».

Les vases canopes ont été délaissés par les archéologues car ils étaient considérés comme de simples ornements dans la sépulture. Ce n’est que récemment qu’ils ont attiré l’attention des spécialistes qui ont demandé à des biologistes leur concours pour analyser leur contenu. Les puissantes techniques de séquençage de l’ADN ont permis d’envisager une étude de ces restes d’organes contenus dans les vases canopes. Pour comprendre l’effet du procédé d’embaumement les chercheurs ont utilisé des organes de porc qui sont physiologiquement très proches de ceux de l’homme et ils ont reproduit les gestes et les techniques des embaumeurs égyptiens. Puis à l’aide d’appareils d’imagerie médicale ces spécialistes d’un nouveau genre ont pu optimiser les prélèvements de ces restes d’organes. Dans l’illustration les photos posées sur la table de travail sont des clichés obtenus à l’aide d’un scanner médical.

Ayant ainsi réuni tous les atouts pour procéder à des analyses d’ADN les chercheurs, donc des archéo-biologistes, de l’Université de Zürich ont par exemple montré que les intestins de ces Egyptiens anciens contenaient des bactéries capables de digérer certaines fibres mais ces bactéries ont disparu depuis longtemps. Les investigations se sont aussi orientées vers la recherche de la bilharziose, un ver parasite très présent dans les eaux du Nil. Pour l’instant les résultats doivent être confirmé malgré le fait que le nombre de canopes se trouvant dans divers musées soit limité.

Ces travaux ont étonné les chercheurs sur d’autres aspects de la santé des Egyptiens anciens. Par exemple des momies de sujets jeunes ont révélé que près de 30 % des enfants souffraient déjà d’athérosclérose mais ils n’en mourraient pas forcément car ils avaient beaucoup plus de chances de mourir de maladies infectieuses ou de blessures. Peut-être considérons-nous à tort aujourd’hui que cette maladie est réservée aux adultes. L’histoire montre ainsi que si on peut prendre certaines précautions pour combattre des affections comme l’athérosclérose ou l’obésité, ces maladies existaient déjà il y a bien longtemps. De ce fait il faut plutôt s’accommoder de la présence de certaines maladies car ces mesures de précaution sont illusoires. Un véritable pavé dans la mare des certitudes médicales, si on peut formuler les choses ainsi.

Source : Le Temps de Genève

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