Nouvelle des EPRs de par le monde

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Alors que les premiers mètre cube de béton ont été coulés sur le site d’Hinkley Point C à la fin du mois de mars de cette année pour une inauguration tout électrique de l’installation comportant deux EPRs aux alentours de la fin de l’année 2025 l’Office National d’Audit (NAO) anglais s’est ému des termes du contrat signé entre le gouvernement britannique et EDF, secondé par son partenaire chinois CGN. La construction devrait sauf imprévus coûter un peu plus de 20 milliards d’euros qui seront remboursés par les consommateurs anglais pendant les 35 années suivantes, le prix du MWh ayant été fixé selon les termes du contrat à 92,5 livres, prix corrigé selon le taux d’inflation annuel. Si le marché de gros de l’électricité anglais entrait dans une grande déprime alors ce seront les consommateurs et à défaut les contribuables de sa très gracieuse Majesté qui paieront et la facture risque d’être salée puisque le NAO l’a estimée à plus de 30 milliards de livres au lieu des 6 milliards envisagés lors de la signature du contrat.

Pendant ce temps-là le couvercle de la cuve du réacteur de Flamanville présenterait des défauts de fabrication comme d’ailleurs la cuve elle-même. Il faut prendre avec la plus extrême précaution ces informations car elles émanaient directement de Greenpeace. Cette organisation ne dispose pas de tous les éléments du dossier et elle déplore le manque de transparence d’AREVA et d’EDF. En conséquence toutes les rumeurs défavorables lui sont permises. Cela s’appelle de l’impartialité … En dernier ressort c’est l’ASN qui a pris la décision et la plus favorable afin de ne pas retarder encore et toujours la mise en service de ce réacteur est d’autoriser l’utilisation de ce couvercle durant le premier chargement en combustible et éventuellement le second. Puis ce ne sera pas le premier couvercle qui sera changé en cours d’exploitation … Malgré tous ces aléas l’EPR de Flamanville est prévu pour produire ses premiers méga-watts fin 2018 avec plus de 6 ans de retard et un coût global qui a plus que triplé.

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Quant à l’EPR finlandais dont la construction aura été retardée de près de 7 ans, AREVA (ou du moins ce qu’il en reste) vient de procéder aux premiers essais à froid. Ces essais consistent à remplir l’ensemble du circuit primaire du réacteur avec de l’eau (en l’absence de combustible) et de faire monter la pression artificiellement. Les pompes primaires seront également testées dans le cadre de cette opération qui devrait durer au moins jusqu’à la fin de cet été. L’ensemble sera soumis à une pression supérieure à la pression normalement opérationnelle pour que l’installation soit « timbrée » selon l’expression employée pour toute installation industrielle sous pression. Puis les mêmes essais à chaud se dérouleront dans le courant de l’automne. L’autorisation de fonctionnement devrait être rendue par les autorités compétentes au début de l’année 2018 et le réacteur raccordé au réseau à la fin de la même année, si tout va bien …

Enfin pour les deux EPRs en construction sur le site de Taishan en Chine, la première tranche dont la construction a débuté en 2009 devrait être opérationnelle à la fin de cette année et la seconde unité vers la mi-2018. Restons optimistes … Toujours est-il que tous ces déboires révèlent l’incroyable mauvaise gestion d’AREVA, une entreprise contrôlée par l’Etat via le CEA, et comme toute entreprise étatique de ce genre elle est mal gérée. Pendant de nombreuses années EDF était dirigé par des électriciens qui connaissaient leur métier et qui avaient su préserver une certaine indépendance vis-à-vis de son actionnaire. Ce n’est malheureusement plus le cas aujourd’hui car cette entreprise est asservie par des hauts fonctionnaires qui ne savent pas de quoi ils parlent. Triste image des entreprises industrielles françaises au sein desquelles l’Etat se mêle de ce qui ne le regarde pas.

Illustrations : Hikley Point C et et Olkiluoto. Sources : AFP et World Nuclear News

3 réflexions au sujet de « Nouvelle des EPRs de par le monde »

  1. Il faut relativiser: 20 milliards€ , c’est environ 500 millions/ an ( sur 35 ans) c’est à dire une goutte d’eau. Les jeux olympiques c’est 50 milliards € … en un an et cela ne produit pas d’énergie! Si on et en regard les dizaines de milliards € / an de gaspillages on voit que cela équivaut à dune centaine d’EPR.Hidalgo a réussi à gaspiller des milliards € à PAris pour un retour nul.Prenons aussi en compte les coûts cachés de notre soumission au Quatar et à l’arabie saoudite et on verra que le nucléaire doit être une priorité , même si il y a des retards ou des difficultés. Certains ( Drahi…) peuvent emprunter 50 milliards $ pour acheter des boîtes francaises sans créer aucune richesse
    Le nucléaire, au moins, n’est pas virtuel.

    • J’ai longuement disserté sur ce blog au sujet de la technologie PWR (REP en français). Je ne comprends toujours pas pourquoi la filière thorium-sels fondus n’est pas développée. Elle est infiniment moins dangereuse que la technologie PWR et ne conduit pas à une accumulation de transuraniens à haute radioactivité comme le plutonium. Cette filière va à l’encontre de la tradition du CEA, étroitement impliqué dans le secteur militaire, et d’AREVA dont l’une des activités est la production et le retraitement du combustible à partir d’uranium-235. La France, qui pourtant maîtrisait les hautes températures (Phénix et Super-Phénix) possédait le savoir-faire pour développer cette filière mais s’est toujours heurtée aux réticences du CEA. C’est bien dommage.

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