Il n’existe pas de modèle animal satisfaisant pour étudier la maladie d’Alzheimer et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles les progrès thérapeutiques sont aussi lents. De plus les hypothèses, et elles sont nombreuses, relatives au mécanisme d’apparition de la maladie ne peuvent donc pas être vérifiées avec le modèle animal incomplet que constituent les souris génétiquement modifiées par incorporation d’un gène identifié chez l’homme et entrainant la forme précoce de la maladie – qui est transmissible génétiquement – pour aboutir à l’accumulation de la protéine beta amyloïde. En effet ces souris ne développent pas l’autre caractéristique de la maladie qui est une accumulation désordonnée de neurofibrilles conduisant à la mort des cellules nerveuses. Il est donc difficile de progresser dans la recherche de médicaments pouvant éventuellement réduire soit la formation de plaques amyloïdes soit la formation de ces amas de neurofibrilles. Le développement de modèles est dès lors une préoccupation cruciale pour tout progrès thérapeutique.
On sait cultiver in vitro des neurones mais y compris avec des neurones génétiquement modifiés il était impossible d’observer l’apparition simultanée ou séquencée des deux caractéristiques histologiques de la maladie d’Alzheimer, les plaque amyloïdes et les amas de microfibrilles, tout simplement parce les neurones sont cultivés sur la surface des boites de culture, c’est-à-dire en deux dimensions. De toute évidence les neurones ne peuvent s’organiser que dans un espace à trois dimensions comme le cerveau afin de pouvoir tisser des interconnexions entre eux.
Partant de ce principe, une équipe du Massachusetts General Hospital (MGH) a développé une technique de culture cellulaire en trois dimensions en utilisant un gel spécial pour tenter de prouver si c’étaient les plaques amyloïdes ou les amas désordonnés de neurofibrilles qui étaient la cause initiale de la maladie. L’hypothèse amyloïde date du milieu des années 80 mais n’a jamais pu être prouvée. On sait que ce sont les amas de neurofibrilles qui tuent les neurones, or les travaux réalisés au MGH sur l’ « Alzheimer-en-boite » indiquent que c’est l’apparition de la protéine beta-amyloïde qui entraine la formation de ces amas létaux associés à la protéine tau et non l’inverse. Cette nouvelle technique de culture de cellules souches neuronales a d’ors et déjà permis de montrer que si on bloque l’addition de phosphate à la protéine tau, les amas de neurofibrilles n’apparaissent plus malgré la présence de plaques amyloïdes.
Ces travaux publiés dans le dernier numéro de Nature (DOI: 10.1038/nature13800 ) ouvrent donc la voie au screening haute-fréquence qui pourrait déboucher sur la découverte de nouveaux médicaments permettant de stopper la progression de la maladie sinon de la prévenir à un coût très inférieur à celui utilisant des souris génétiquement modifiées. Les espoirs sont donc permis.
Source : Eurekalert
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