Chimie et bactéries pour la douceur de vivre …

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Quand Ajinomoto, après une longue période de collaboration, a racheté en 2000 à Monsanto les droits de commercialisation de l’aspartame cette compagnie multinationale est devenue leader mondial de la production de ce « sucre » artificiel qui est probablement l’additif alimentaire le plus controversé mais également le plus sûr en termes d’inocuité. Les détracteurs de l’aspartame n’ont en effet jamais pu prouver une quelconque nuisance de ce produit pour la santé. Ajinomoto est une entreprise qui développe des voies de synthèse chimique novatrices forte de son expérience dans la maîtrise des bactéries comme des auxiliaires bon marché. L’une des plus grandes réussites d’Ajinomoto est en effet la synthèse du glutamate à l’aide de Clostridium patiemment sélectionnés. La synthèse chimique de l’aspartame étant plutôt ardue Ajinomoto a mis au point une technique innovante impliquant une autre bactérie également sélectionnée selon des procédés tenus secrêts, un Bacillus thermoproteolyticus. La synthèse de l’aspartame fait maintenant appel à des enzymes dont l’activité est parfaitement contrôlée et qui permettent d’accéder à des processus de fabrication très rentables.

Forte de son expérience en microbiologie, Ajinomoto a poursuivi ses recherches quand l’aspartame n’a plus été protégé par des brevets afin de découvrir et de mettre au point les procédés de production industrielle de nouveaux agents sucrants dont la structure rappelle celle de l’aspartame. L’aspartame présente un « pouvoir sucrant », c’est-à-dire la perception du gout sucré, 200 fois supérieur à celui du sucre de table, le saccharose issu de betteraves ou de cannes. En 1992, Ajinomoto mit au point la production du Neotame, un cousin germain de l’aspartame présentant un pouvoir sucrant 7000 fois supérieur à celui du sucre de table. Ce produit fut approuvé la même année par la FDA et l’EFSA, les deux principales agences responsables, si l’on peut dire les choses ainsi, de la santé des consommateurs. Le brevet concernant le neotame a expiré en 2015 mais pas de souci pour Ajinomoto puisque la société avait dans ses tiroirs l’Advantame, un autre dérivé de l’aspartame introduisant dans la molécule un dérivé de l’isovanilline.

Il faut avouer que l’Advantame dont le pouvoir sucrant est 20000 fois supérieur à celui du sucre représente une immense avancée dans le domaine des « faux sucres ». Ce produit bat tous les records et comme ses proches, aspartame et neotame, il est parfaitement sain. Toutes les études réalisées ont montré qu’il ne perturbait pas le métabolisme et n’était pas carcinogène. Il a été approuvé par la FDA en 2014.

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Entre l’aspartame et le l’Advantame le pouvoir sucrant est passé de 300 à 20000. En d’autres termes il est donc possible de réduire plus de 60 fois la quantité de produit ajouté à des milliers de produits alimentaires pour obtenir le même effet reléguant les saccharine, stevia et autre sucralose aux oubliettes économiques. Le marché des agents sucrants se chiffre en dizaines de milliers de tonnes et milliards de dollars (difficile de trouver des statistiques précises) et on ne peut que constater qu’Ajinomoto a assuré d’ors et déjà sa position de leader mondial dans ce domaine tout en douceur …

Illustrations : aspartame et Advantame

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