Nouvelles du Japon. Histoire d’eau tritiée

La centrale nucléaire de Fukushima-Daichi a été endommagée par un tsunami géant le 11 mars 2011 et les assemblages de combustibles ont fondu dans les réacteurs. Ce « corium » dégage de la chaleur et les eaux de refroidissement contiennent divers produits de fission et aussi du tritium, l’isotope radioactif de l’hydrogène. L’élimination des produits radioactifs est effectuée à l’aide d’échanges d’ions mais il reste le tritium qu’il est impossible de séparer. Les autorités de TEPCO (Tokyo electric power Co) ont tenté des techniques innovantes sans succès et devant l’hostilité des pêcheurs des préfectures voisines et de divers pays riverains de l’Océan Pacifique ils ont construit des réservoirs qui stockent actuellement 1,4 millions de mètres-cube d’eau tritiée. Au cours de ce prochain été la capacité de stockage sera atteinte et il faudra alors décider de rejeter cette eau peu radioactive dans l’océan. Une équipe de 11 experts internationaux de l’IAEA vient de rendre son verdict. La compagnie TEPCO a été autorisée à rejeter en mer cette eau que n’importe qui pourrait boire sans danger à la seule condition de creuser un tunnel sous-terrain de 1000 mètres de long depuis le site de la centrale pour déverser cette eau en profondeur dans l’océan.

Pourquoi pas un tuyau ? Mystère. Mais ce n’est pas le plus surprenant dans cette histoire. Les autorités de l’IAEA ont autorisé le déversement de cette eau seulement à partir de la première moitié de l’année 2023, la direction de TEPCO ayant fait valoir que ce tunnel ne serait achevé qu’au courant de l’année 2023. Cette histoire n’est pas sans rappeler la gestion de l’épidémie de coronavirus qui provoqua une sidération généralisée des populations. Mais contrairement au virus le tritium est sans danger. Le tritium se trouvant dans ces eaux de refroidissement provient des traces de lithium utilisé pour former le combustible nucléaire sous forme de petits cylindres de céramique. Le noyau de bore dans l’eau de refroidissement, le bore-10 étant un excellent ralentisseur de neutrons, capture un neutron pour former deux noyaux d’hélium-4, stable, et un noyau de tritium avec éjection d’un neutron peu énergétique. Dans son fonctionnement normal l’eau de refroidissement d’un réacteur nucléaire ne contient pas de bore et la production de tritium est négligeable mais dans le cas de la centrale endommagée de Fukushima-Daichi il est probable que du bore soit ajouté à l’eau de refroidissement. Ce bore sera récupéré sur des résines échangeuses d’ions et recyclé.

Les autorités japonaises ont été tellement traumatisées par le grand tsunami du 11 mars 2011 qu’elles veulent que tout soit parfait et que rien ne leur soit reproché.

Il y a des limites. Donnez-moi un verre d’eau tritiée, je le boirai devant vous sans crainte. Le tritium de désintègre en hélium-3 avec éjection d’un électron (rayonnement beta-moins) très peu énergétique et d’un anti-neutrino dont on se moque complètement. Cette très faible énergie conduit à des problèmes de détection au laboratoire car il faut utiliser un liquide scintillant pour mesurer quelque chose et ce liquide scintillant est infiniment plus dangereux pour la santé. Outre le toluène, solvant des agents scintillants, les principales molécules utilisées pour les mesures de radioactivité faible sont le 2,5 diphényloxazole et le 1,4-bis(5-phényloxazole-2yl)benzène et il est écrit sur les flacons de ces poudres « toxique ». Donc la perfection n’existe pas et un jour ou l’autre toute cette eau contenant du tritium sera rejetée à la mer sans aucune espèce d’effet sur la faune et la flore marines. Enfin je voudrais ici rafraichir les mémoires. Les ogives thermonucléaires contiennent du tritium sous pression, or après 12 ans la moitié de ce tritium s’est désintégré en hélium-3, un isotope dont j’ai dit un mot sur ce blog il y a quelques semaines. Or, pour qu’une bombe thermonucléaire fonctionne correctement il faut replacer ce tritium environ tous les six ans. Même la France est en retard dans cette « maintenance » de son arsenal. Image TEPCO.

Nouvelles de Fukushima : Veolia et le tritium

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L’un des gros problèmes de la société TEPCO est de pouvoir rejeter dans l’océan de l’eau pas trop contaminée par les effluents involontaires provenant des cuves endommagées des réacteurs dont le combustible a été partiellement réduit à l’état de bouillie. On n’en sait encore rien puisqu’aucun robot, aux dernières nouvelles, n’a encore pu permettre de faire un état précis de la situation. Les radioisotopes gênants sont les produits de fission, iode, xénon, césium, … mais également le tritium, l’isotope radioactif de l’hydrogène qui se forme fatalement mais en quantités infimes dans un réacteur nucléaire. Le tritium n’est pas dangereux en soi à moins d’en ingérer de grandes quantités. Sa dangerosité réside dans le fait que sa désintégration produit un rayonnement beta peu énergétique mais le produit final est de l’hélium qui pourrait poser problème dans des conditions extrêmes. Sur le site de Fukushima-Daichii on a estimé que la totalité du tritium ayant contaminé les eaux souterraines entourant les réacteurs était d’un peu plus de 3 grammes depuis le 11 mars 2011. Vous avez bien lu, il n’y a pas d’erreur, 3 grammes …

Sous la pression internationale et en raison des directives gouvernementales japonaises très (beaucoup trop) strictes, la société TEPCO doit absolument réduire les rejets de tritium dans l’océan et elle a fait appel à la société française Veolia, spécialiste des « nettoyages » en tous genres concernant en particulier les eaux usées. Veolia est la seule société étrangère présente actuellement sur le site de Fukushima puisqu’elle a racheté, stimulée par l’appât du gain, une petite compagnie américaine du nom de Kurion. Kurion est impliquée dans le décommissionnement des installations nucléaires et le tritium fait partie de l’une de ses préoccupations.

Pour traiter des millions sinon des milliards de litres d’eau contaminée et en extraire le tritium à raison de quelques picogrammes par litre, la solution n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Il faut dans un premier temps électrolyser l’eau pour obtenir d’un côté de l’installation de l’hydrogène, un peu de deutérium et du tritium et de l’autre côté de l’oxygène. Ce mélange gazeux est ensuite résolu au travers de colonnes catalytiques en céramique pour laisser passer librement ou presque l’hydrogène et le deutérium et concentrer le tritium qui sera ensuite pris en charge sous forme comprimée.

La société Kurion, sous l’impulsion de Veolia, est passée du stade prototype de sa technologie MDS à une installation industrielle de taille raisonnablement étudiée pour traiter quelques dizaines de mètres cubes par jour, je dis bien raisonnable car il ne faudrait pas trop perdre d’argent au cas où ce projet se révèle être par la suite un gros fiasco. Il s’agit en effet d’une grosse opération bien juteuse financièrement et bien orchestrée médiatiquement pour redonner un peu de couleur à l’image ternie de TEPCO avec tout ce tapage médiatique pour récupérer au final quelques grammes de tritium alors que l’Océan Pacifique, le plus grand océan du monde, pourrait absorber sans risques pour la faune et les pays riverains ces quelques grammes de radioisotope. Encore une fois le marché de la peur est payant, les écolos se frottent les mains, Veolia va gagner un gros paquet de yens et l’usine de Fukushima est déjà et sera encore pour des dizaines d’années une véritable mine d’or.

Le Vatican s’est enrichi en vendant des indulgences aux croyants stupides ayant peur de penser que leur âme pourrait aller en enfer pour l’éternité et a rempli ses caves d’objets précieux, d’or et de pierres d’une valeur inestimable, la société Veolia va faire de même pour rassurer la population et les écologistes tout aussi crédules que les chrétiens des XIV et XVe siècles. La radioactivité ça fait peur et ça fera encore peur …

Mais pour ce qui concerne l’écologie et sa perception de l’accident de Fukushima et des progrès technologiques en général il faut relire les oeuvres d’Hans Jonas et notamment son ouvrage intitulé « Le Principe de Responsabilité » (1979) qui est le livre de chevet des mouvements écologistes et dont découle directement l’inique « principe de précaution ». Cet ouvrage que je qualifierais pour ma part de subversif est en réalité une apologie de la peur, conséquence des progrès technologiques en tous genres, y compris de brûler du pétrole. Faut-il vraiment avoir peur de quelques grammes de tritium rejetés dans l’océan ? À l’évidence la question ne se pose même pas pour TEPCO et les dirigeants de Veolia. Business is business as usual …

Dans le domaine de l’exploitation idéologique de la peur, la ville et le canton de Genève en Suisse ont déposé une plainte contre X visant la centrale électronucléaire du Bugey en France pour mise en danger de la vie d’autrui. Comme chacun sait cette installation jouxte la frontière suisse comme l’était d’ailleurs celle de Creys-Malville. La peur ne connaît pas les frontières mais les Suisse connaissent-ils bien leur géographie ?

Sources : http://kurion.com/kurion-completes-commissioning-of-modular-detritiation-system/

http://kurion.com/veolia-to-acquire-kurion-and-develop-an-integrated-offer-in-nuclear-facility-cleanup-and-treatment-of-low-and-medium-level-radioactive-waste/

Illustration : Kurion

Du tritium à Tricastin ! Et alors ?

Fuite de tritium au Tricastin: dysfonctionnement grave, selon la Criirad

LYON – La Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) a estimé mardi que la fuite de tritium dans une nappe souterraine survenue à la centrale nucléaire du Tricastin relevait d’un dysfonctionnement grave.

De son côté, le réseau Sortir du nucléaire a condamné dans un communiqué un fonctionnement opaque d’EDF après que l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a annoncé lundi sur son site internet avoir demandé à EDF une surveillance renforcée des eaux souterraines de la centrale du Tricastin (Drôme) en raison d’une présence anormale de tritium. (…) De son côté, Sortir du nucléaire Drôme-Ardèche exige d’EDF des réponses claires et publiques sur les causes spectaculaires (40 fois) du taux de tritium sous la centrale du Tricastin.

EDF avait expliqué lundi soir que cette présence anormale de tritium avait été relevée uniquement dans l’enceinte géotechnique de la centrale.

Cette enceinte, matérialisée par une paroi verticale en béton de 60 cm d’épaisseur et de 12 mètres de profondeur sous les réacteurs, emprisonne l’eau souterraine et l’empêche de contaminer les nappes phréatiques environnantes, selon EDF.


(©AFP / 17 septembre 2013 15h36)

Ca continue dans le même registre ! Tous les moyens sont bons pour que les Français acceptent les augmentations de leur facture énergétique, la fermeture programmée de Fessenheim, et l’implantation de moulins à vent un peu partout sur le territoire hexagonal quitte à le défigurer et faire fuir les touristes. Le faucheur d’OGM mis à la retraite à la suite de sa promotion au rang de ministre de l’énergie et de l’environnement, donc ministre de tutelle d’EDF, a lâché ses chiens, Criirad, EELV, Greenpeace, Negawatt et Sortir du nucléaire de concert pour encore ternir l’image du monstre que représente EDF, au risque de voir AREVA et EDF éliminés de la scène économique internationale. Et tout ça pour un relargage probablement tout à fait normal de tritium dans l’environnement immédiat de la centrale de Tricastin, l’un des sites d’EDF les plus à cheval sur la sécurité. Je trouve curieux, d’ailleurs, que la CGT, principal acteur de la mise en place à EDF de normes de sécurités draconiennes, ne réagisse pas devant les miaulements de vierges effarouchées de ces prétendus spécialistes qui ne sont en réalité que des activistes, payés par vos impôts, chers Français qui venez de recevoir divers avis d’imposition et autres tiers provisionnels. Vous aussi vous devriez protester puisque vos impôts servent à rétribuer ces associations type 1901, une tarte à la crème, et que vos notes d’électricité vont augmenter encore de 5 % en début d’année 2014 puis encore de 5 % avant la fin 2014 pour installer des moulins à vent afin de contenter le faucheur d’OGM et ses sbires. Pendant ce temps-là EDF rejette du tritium, et alors ? Je suppose que ces abrutis d’écologistes de pacotille ignorent que la principale source de tritium n’est pas une centrale nucléaire mais la capture d’un neutron cosmique par un atome d’azote atmosphérique conduisant par fission instantanée un atome de carbone et un atome de tritium. La production de tritium par les centrales nucléaires est parfaitement négligeable mais seulement concentrée spatialement. Les rejets d’eau tritiée ou de tritium sous forme gazeuse sont contrôlés afin de respecter la présence naturelle de cet isotope dans l’atmosphère. Les écologistes (terroristes) qui veulent encore une fois dénigrer l’image d’EDF se sont encore ridiculisé une fois de plus !!!

Pour rappel, l’Organisation Mondiale de la Santé fixe la limite acceptable de la présence de tritium dans l’eau du robinet à 10 000 Bq par litre étant entendu que la radioactivité naturelle due au tritium est de 3 mSv …