Etat des recherches sur la maladie d’Alzheimer

Alois_Alzheimer_003

Alois Alzheimer (Wikipedia)

Comme on ne peut pas procéder à des expérimentations directes sur les êtres humains, la mise au point d’une lignée de souris transgéniques développant tous les symptômes de la maladie d’Alzheimer (AD) a largement contribué à préciser le mécanisme ou plutôt maintenant « les » mécanismes d’apparition de cette maladie, car il y a une succession d’étapes dans le développement de cette maladie. On sait par exemple que le cerveau produit naturellement la protéine amyloïde beta et qu’il lui faut environ 4 heures pour l’éliminer. Si ce processus d’élimination vient à s’allonger alors un fragment de cette protéine peut s’accumuler et former des dépôts qui au final tuent les neurones. Le processus d’élimination des déchets du cerveau utilise la voie dite glymphatique qui filtre le liquide céphalo-rachidien et relargue les métabolites et les déchets indésirables dans le liquide interstitiel pour être ensuite pris en charge par la circulation sanguine. Ce système ressemble un peu au rôle du système lymphatique pour « nettoyer » d’autres organes. Avec les souris transgéniques triplement modifiées génétiquement pour reproduire les trois symptômes de la maladie d’Alzheimer (3xTg-AD), à savoir surproduire le précurseur de la protéine amyloïde beta, la preseniline et la protéine tau, quand on anesthésiait ces souris et selon la position dans laquelle on les laissait pour dormir, l’élimination du fragment 46 de la protéine amyloïde s’effectuait presque normalement si elles dormaient sur le côté contrairement aux positions sur le ventre ou sur le dos. Il ne s’agit pas du tout d’une découverte anecdotique : l’élimination des protéines déchets a été suivie par imagerie (IRM) du cerveau des souris. Ce résultat rejoint les études récentes relatives à la qualité du sommeil dans le développement des maladies neurodégénératives.

Ces mêmes souris ont permis d’y voir un peu plus clair au sujet de l’influence du métabolisme des acides gras dans le cerveau sur l’apparition de la maladie. Cette dernière étude tout à fait remarquable parue dans le dernier numéro de la revue Cell Stem Cell a montré que parallèlement aux autres symptômes développés par les souris transgéniques il y avait une accumulation anormale de triglycérides. En soi il ne s’agit pas d’un scoop scientifique puisqu’Alois Alzheimer lui-même avait décrit cet état de choses en 1907 en colorant des coupes de cerveau de patients morts de la maladie. Un ensemble d’études épidémiologiques a permis d’établir une relation de cause à effet entre l’apparition de la maladie d’Alzheimer (AD) et des conditions métaboliques périphériques dégradées comme la résistance à l’insuline, l’obésité et les troubles du métabolisme des lipides, ces trois désordres étant souvent associés. Avec ces souris transgéniques il a été possible de déterminer la nature des triglycérides s’accumulant sous forme de gouttelettes au niveau de l’épendyme, le tissu glial sous-jacent au cortex préfrontal, entre autres régions du cerveau, en contact avec la cavité ventriculaire baignée de liquide céphalo-rachidien, interface justement impliqué dans l’élimination des déchets cérébraux dont il était fait mention plus haut.

Gray667

Organisation du système glymphatique (Wikipedia)

L’astuce de l’approche expérimentale choisie dans cette étude a consisté à mettre en œuvre une technique de désorption au micron près à l’aide d’un laser directement sur les coupes de tissu cérébral couplée à un spectrographe de masse. Il n’existe en effet pas de techniques suffisamment spécifiques pour déterminer la nature au niveau cellulaire des lipides accumulés sous forme de micro-gouttelettes.

L’enrichissement pathologique en acide oléique des triglycérides ainsi déterminés a été attribué à une perturbation du métabolisme lipidique cérébral. La situation semble donc se clarifier un peu car ce dérèglement du métabolisme des triglycérides cérébraux semble être l’un des signaux les plus précoces de l’apparition de la maladie d’Alzheimer. Cette accumulation de lipides à cet endroit précis du cerveau contribue à l’empoisonnement progressif du cerveau conduisant au développement de la maladie. La figure tirée de l’article paru dans Cell Stem Cell (voir le lien) représente des coupes de tissu cérébral humain au niveau de la zone sous-ventriculaire du lobe frontal. La lumière sur la gauche des clichés est le ventricule. Les points rouges sont les accumulations de gouttelettes de triglycérides anormalement enrichis en acide oléique (CTRL : contrôle, AD : Alzheimer).

Capture d’écran 2015-09-09 à 18.21.42

Source : Hamilton et al., Aberrant Lipid Metabolism in the Forebrain Niche Suppresses Adult Neural Stem Cell Proliferation in an Animal Model of Alzheimer’s Disease, Cell Stem Cell (2015), http://dx.doi.org/10.1016/j.stem.2015.08.001

Article aimablement communiqué par le Docteur Karl Fernandes de la Faculté de Médecine de l’Université de Montréal.

Malbouffe … encore !

Dans l’avion il y a deux jours, je crois que c’était entre Madrid et Tenerife, je me suis risqué à grignoter des « Pringles » un genre de chips artificielles bien rondes, incurvées pour pouvoir être entassées dans un cylindre de carton aluminisé (merci pour ceux qui ont peur de l’aluminium qui risquerait de provoquer des dégénérescences cérébrales d’après certaines études de caniveau) avec un couvercle en plastique plein de bisphénol A (merci à ceux et celles qui se soucient de la fonctionnalité de leurs gonades) pour être mieux appréhendés et éventuellement engrangés par deux ou par trois, puisque le goût est assez surprenant. J’ai gardé l’emballage qui sent toujours l’onion pourrissant, à en avoir la nausée pour en faire l’objet du présent billet. Heureusement que l’atmosphère des avions permet aux narines de supporter n’importe quoi, depuis l’odeur des onions pourris, les pêts de son voisin et les dents infectées du passager de la rangée suivante qui a tendance à exhaler l’odeur fétide de son arrière gorge entre les deux sièges qui le précèdent avec en prime de fortes odeurs de kérosène au décollage et à l’atterrissage  Dans un avion, le nez est devenu incapable de remplir correctement ses fonctions primaires. J’en reviens donc aux « Pringles ». Ingrédients : pommes de terre déshydratées, huile végétale, farine de riz, « sour cream » (crème aigre selon Google traductor), je traduis crème fermentée, et saveur onion et entre parenthèses la composition détaillée de la saveur « onion-crème aigre, c’est important ! Poudre d’onion, poudre de crème aigre, dextrose, arômes, sucre, poudre de petit lait, lactose de lait, protéine de lait, amidon de pomme de terre, acide citrique, acide lactique, acide malique – fermez la parenthèse ! Ces douze ingrédients bien précisés entre parenthèses, ce qui pourrait vouloir dire que ce n’est pas important, sont censés reconstituer la saveur d’un mélange admirablement bien dosé d’onion et de crème fermentée. Je continue : émulsifiant E471. Je traduis mono- et di-ester de glycérol, c’est-à-dire un triglycéride partiellement hydrolysé bien connu pour perturber le métabolisme des acides gras essentiels, contribuer à augmenter le volume du foie et des reins, réduire la taille des testicules et affecter l’utérus. Nous voilà rassurés ! Je termine pour la composition de ces fausses chips : maltodextrine, sel, amidon de riz modifié. Tout ça pour arriver à un truc difficilement ingérable sans ressentir une forte sensation de dégout voire de nausée. Dans 40 grammes de fausses chips, il y a 20 grammes d’hydrates de carbone (sucres rapides et lents) et 13 grammes de graisses en tout genre (hydrolysées, partiellement hydrolysées, partiellement hydrogénées et j’en oublie) et le reste se répartit entre fibres (j’aimerais savoir lesquelles), protéines et sel. Après avoir relu la « notice d’utilisation » je n’ai pas pu trouver la provenance des dites fibres ni la composition des « arômes » comme si la poudre d’onion ne suffisait pas. Bref, un truc dangereux pour la santé et j’en ai fait l’expérience après avoir ingurgité contre mon gré une dizaine de grammes de ces chips : une bonne et persistante diarrhée à l’odeur prononcée d’onion. Pour ceux qui ont le goût du risque confessionnel, les mono- et di-glycérides peuvent tout aussi bien être d’origine végétale qu’animale, du genre cheval (c’est à la mode), lapin, kangourou, cochon, bœuf ou pourquoi pas chauve-souris ou encore larve de termite puisque ce n’est pas précisé mais il y a fort à parier que l’origine de ces ingrédients est certainement la plus économique.

Pour la petite histoire la marque Pringles était la propriété de Procter & Gamble, un fabricant bien connu de lessives, et rachetée par Kellogg’s depuis peu. Il est probable qu’avaler une cuillerée de lessive aurait eu le même effet fulgurant sur mon transit intestinal …

Et quand on sait que 60 % des Américains sont en surpoids ou obèses, c’est à se demander s’ils ont aussi des diarrhées à l’onion pour bien se purger de toutes les saloperies dont ils se goinfrent en regardant les matchs de base-ball à la télévision.