Brève. Je suis Charlie !

Lorsque j’ai constaté le dégoût sur commande des commentateurs des plateaux télé que je vais citer ci-après à propos de la dernière caricature de Charlie-Hebdo je me suis demandé dans quel monde nous vivions. Un tremblement de terre qui a duré quelques dizaines de secondes suivi d’une réplique presque aussi violente a fait près de 15000 victimes selon le décompte le plus récent. Quinze mille victimes c’est à peu de choses près le nombre de celles qui ont été occasionnées par les bombardements des populations civiles russophones de l’est de l’Ukraine par l’armée néo-nazie de Kiev depuis 2014. Sans discernement les écoles, les hôpitaux, les hospices de vieillards, les grands immeubles d’habitation ont été détruits en totalité ou partiellement, les habitants ont été réduits à vivre comme des rats dans les sous-sols de leurs immeubles, ce qu’avait souhaité Porochenko, le prédécesseur du joueur de piano porno cocaïnomane qui fait maintenant la manche auprès de ses alliés de facade. Les journalistes de Cnews (je ne regarde que l’émission « Face à l’info » animée par Christine Kelly dont je zappe souvent les parties ennuyeuses) et de TVL en particulier le journal d’Elise Blaise ont rajouté une couche dans le dénigrement au sujet de Charlie-Hebdo, incapables de comprendre l’humour au deuxième degré de cette caricature lourde de signification.

On ne peut rien faire contre un tremblement de terre, les Japonais en savent quelque chose, allez leur demander. Dix jours après le grand tremblement de terre du 11 mars 2011 je me trouvais à Tokyo au premier étage de la maison de mon fils et il y eut une réplique d’intensité 7,5 qui dura environ 20 secondes. C’est précisément ce type de secousse qui tua 15000 personnes en Turquie et en Syrie. La maison de mon fils a gémi mais elle a résisté sans aucun dommage car elle avait été construite en respectant des normes anti-sismiques très strictes, ce qui n’est pas le cas en Syrie et en Turquie. Charlie-Hebdo a, avec un humour grinçant que j’ai apprécié, remis les choses en place. Bombarder des civils par pure idéologie anti-russe est une chose qui, selon la caricature en question, est mieux acceptée par l’opinion qu’un tremblement de terre, un phénomène naturel que l’on ne peut que subir alors que ces bombardements incessants depuis 2014 dans l’est de l’Ukraine auraient pu être évités si les Occidentaux s’en étaient donné la peine. Demandez à Merkel et Hollande ce qu’ils en pensent dans leur âme et conscience ! Voilà ce que Charlie-Hebdo a voulu faire passer comme message. Je suis Charlie !

Nouvelles du Japon. Samedi 13 février, 23h08 temps standard du Japon

Ce samedi, comme tous les jours j’étais connecté pour une conversation vidéo avec mon fils depuis Tokyo. Ici il était 14 heures passé lorsque subitement l’image se figea et le son fut coupé. Moins d’une minute plus tard mon fils put rétablir la liaison et il m’annonça qu’une grosse secousse tellurique venait de secouer sa maison pendant plusieurs secondes. Son épouse dormait et ses enfants étaient chez leurs grands-parents. Il n’y eut pas de dégats en dehors de quelques objets tombés au sol et l’eau de l’aquarium dangereusement agitée mais sans avoir débordé. J’assistais donc en direct à un tremblement de terre comme il y en a presque quotidiennement sur l’ensemble de l’archipel à différentes magnitude. Naturellement nous nous remémorâmes le grand tremblement du 11 mars 2011. Ce jour-là marqua l’ensemble de la population du Japon et endommagea son industrie, un événement qui resta gravé dans les mémoires et ne laissa comme souvenir aux Occidentaux que l’accident nucléaire de Fukushima-Daiichi.

La secousse de ce 13 février 2020 fut de magnitude 7,1, située à 60 kilomètres des côtes de la Préfecture de Fukushima et à 60 kilomètres de profondeur. Il s’agit d’une nouvelle réplique du grand tremblement de terre du 11 mars 2011

Les Occidentaux ne comprennent pas que le Japon est exposé aux pires risques naturels. Il y a des tremblements de terre, près de 300 par an de toutes sortes d’intensité, des tsunami, des typhons, des vagues de froid sibérien, de très fortes chaleurs l’été. Il fut un temps où la malaria sévissait jusqu’à Tokyo. Elle fut totalement éradiquée à la fin des années 1960. Il est dès lors très facile de comprendre le rapport très particulier des Japonais avec la nature et ses forces indomptables. En Europe la moindre petite canicule ou la plus petite vague de froid font la une des journaux et dans certains pays de cette Europe totalement déconnectée des réalités des éléments naturels, une canicule procure vite un prétexte pour créer un impôt sécheresse, par exemple.

Bref, les Japonais vivent quotidiennement avec les éléments naturels. Les Occidentaux ont l’outrecuidance de se prétendre capables de maîtriser ces éléments naturels comme par exemple modifier l’évolution du climat : c’est pire qu’une délirante prétention, c’est idiot et dangereux pour le bien-être des populations. Mais il y a bien pire. Au cours de l’épidémie de SARS-CoV-2 le Japon, très respectueux de sa Constitution (plus ou moins imposée par le Général McArthur à la fin de la seconde guerre mondiale), n’a jamais outrepassé la loi. Il n’y a jamais eu de confinement, ni de couvre-feu, ni de fermetures autoritaires des magasins, des universités ou des écoles. À ma connaissance seuls les bars à filles ont été fermés et les écoles ont été également fermées quelques semaines au printemps 2020. Le port du masque dans les lieux publics est laissé à l’appréciation de chacun. Le japon est un autre monde …

Dernière nouvelle : à 18h27, heure standard du Japon, ce dimanche 14 février un tremblement de terre de magnitude 4,5 a eu lieu au même endroit que la veille, la vie continue.

Nouvelles du Japon : les tremblements de terre …

Ce samedi (saint pour les catholiques) les petits élèves de l’école primaire où vont mes petits-enfants devaient se rendre en classe à 8 heures du matin. Tant pis pour la grasse matinée des parents après une dure semaine de travail. Ces derniers (les parents) devaient se rendre dans l’école de leurs enfants à 11 heures sans y pénétrer car aux alentours de 11 heures – 11 heures quinze minutes l’ensemble de l’école allait subir un tremblement de terre, juste une alarme, mais ils devaient tous feindre d’ignorer qu’il s’agissait d’un exercice et faire les gestes qu’ils avaient appris au moins deux fois par an et à bien les appliquer.

Les élèves les plus proches de la porte d’entrée de la salle de classe doivent ouvrir celle-ci. Au cas où le tremblement de terre induise un bloquage de la porte il faut en effet tout de suite l’ouvrir pour pouvoir évacuer la pièce. Sans précipitation les élèves doivent de blottir sous leur bureau afin d’éviter de recevoir des objets variés pouvant tomber du plafond. Pour ceux se trouvant près des fenêtres, il faut ouvrir ces dernières. Un tremblement de terre est annoncé par une alarme lancée depuis des sirènes situées un peu partout quelques secondes avant qu’il ne soit effectivement ressenti. Le délai de préparation est donc très court et les élèves doivent acquérir les réflexes qui leur permettront de sauver leur vie.

Également disciplinés les parents viennent alors à l’intérieur de l’école pour récupérer leurs enfants et les évacuer de l’immeuble. Dans la réalité et avant toute chose il ne faut surtout pas créer un mouvement de panique. Le calme et le stoïcisme, et peut-être aussi le fatalisme, des Japonais est exemplaire …

Ce dimanche, toute la famille étant partie se réjouir à Disney Land Tokyo situé quelque part au sud-est de Chiba je suis sagement resté à la maison pour attendre des livraisons d’Amazon, parce que – oui – comme la Poste d’ailleurs et certains supermarchés, le dimanche est un jour comme les autres. C’est ça le Japon !

Retour sur le grand tremblement de terre du 11 mars 2011 au Japon

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Durant les jours qui précédèrent le grand tremblement de terre du Tohoku le vendredi 11 mars 2011 se tenait une conférence internationale de séismologie dans la ville de Kashiwa, au nord de la baie de Tokyo (préfecture de Chiba) à 300 kilomètres de la côte où eut lieu ce tremblement de terre suivi d’un tsunami dévastateur qui restera longtemps dans les mémoires des Japonais. Il état trois heures moins le quart de l’après-midi et tous les spécialistes réunis pour parler de tremblements de terre se mirent à rire quand justement la terre commença à trembler. Ils regardèrent leur montre et la terre trembla presque en continu pendant 4 minutes. Avant même d’obtenir les informations officielles relatives à la magnitude de ce tremblement de terre ils surent tous que celui-ci avait atteint au moins 9 sur l’échelle de Richter car plus les secousses durent longtemps plus elles sont puissantes : 15 secondes pour une magnitude de 6,9, trente secondes pour 7,5, une minute pour 7,9 et ainsi de suite.

Il y avait eu quelques secousses les jours précédents mais quand la terre commença à trembler ce jour-là il y eut une progression dans l’intensité durant la première minute puis tout se mit à bouger avec de plus en plus de violence. Les conférenciers sortirent à l’extérieur, il faisait froid, limite neige, les arbres tremblaient aussi en émettant un bruit étrange, la totalité du building commença à se déplacer en creusant son chemin de quelques dizaines de centimètres dans le sol, le Docteur Chris Goldfinger (je reprend ses propos) continuait à décompter les minutes – ces minutes paraissaient immensément longues – et la terre tremblait toujours. Goldfinger et ses collègues conférenciers, étaient tous persuadés que le Japon était à l’abri d’un tremblement de terre de magnitude supérieure à 8,4 mais cette fois, après 4 minutes de secousses ininterrompues, il fallut se rendre à l’évidence que celui-ci avait probablement atteint la magnitude 9. Les prévisions du géologue Yasutaka Ikeda, spécialiste japonais des tremblements de terre, faites en 2005 s’avérèrent exactes mais personne n’avait suivi son avertissement. Il fallait selon lui s’attendre à une secousse majeure de magnitude 9 dans un futur proche mais personne ne prit malheureusement au sérieux Ikeda.

Tous les spécialistes réunis dehors prirent leur ketaï – leur téléphone portable – et comme ils avaient prédit un tsunami géant à la suite de cette secousse particulièrement longue, ils purent voir la gigantesque vague arriver sur la côte sur le petit écran de leurs ketaïs filmée par les hélicoptères de la chaine NHK trente minutes plus tard. Au final, ce tremblement de terre tua plus de 18000 personnes, dévasta toute la région du nord-est de Honshu, provoqua l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi et bien d’autres accidents sur d’autres sites industriels et coûta au bas mot plus de 220 milliards de dollars. Pour le Docteur Chris Goldfinger, spécialiste d’une zone de subduction nord-américaine, ce tremblement de terre était pour lui un avertissement de ce qui pourrait se passer entre la Colombie Britannique et la Californie très prochainement.

Comme le Japon, la côte pacifique du continent américain se trouve être sur ce qu’on appelle la ceinture de feu. Les plaques océaniques géologiquement récentes s’enfoncent sous les plaques continentales plus anciennes provoquant l’apparition de chaines de volcans, des tremblements de terre et des tsunamis. Presque tout le monde a entendu parler de la faille de San Andreas qui coupe littéralement en deux la Californie sur près de 1000 kilomètres. Cette faille est étudiée et scrutée 24 heures sur 24 à l’aide de balises GPS et de sismomètres. Tous les modèles et l’évolution de l’activité sismique prévoient au pire un tremblement de terre de degré 8,4 soit à peine 10 % de l’énergie de celui du Tohoku. Certes il y aura des dégâts mais rien à voir avec ceux qu’endura le Japon en 2011. Par contre, plus au nord, entre l’extrémité nord de la Californie et la Colombie Britannique se trouve une vaste zone de subduction appelée Cascadia qui s’étend sur une longueur de 1200 kilomètres et est également scrutée avec soin car il se pourrait bien qu’un jour prochain on assiste exactement au même type de tremblement de terre que celui du 11 mars 2011 au Japon.

Pourquoi une telle affirmation ? D’abord, autour de la ceinture de feu du Pacifique il ne se passe pas dix ans sans qu’il y ait une secousse majeure du genre 8,5 et plus, voire 9,2, sur l’échelle de Richter, que ce soit en Alaska, au Japon, au Chili ou en Mélanésie. Mais le « real big one » si l’on peut s’exprimer ainsi pourrait survenir sur la totalité de cette zone de subduction et occasionner des dégâts immenses. La raison est simple à expliquer depuis que les géologues ont finalement trouvé une explication au tsunami orphelin qui dévasta le Japon en janvier 1700. Un tsunami orphelin survient sans secousse sismique antécédente ou annonciatrice, il provient donc d’un tremblement de terre ayant eu lieu ailleurs. Ce tsunami dévasta la côte japonaise de Tanabe au sud de Kyoto jusqu’à Kuwagasaki au nord de Honshu. La vague géante bien décrite par l’administration japonaise de l’époque provenait de l’est-sud-est. À cette époque il n’existait pas d’administration dans l’ouest des Etats-Unis et personne ne fit mention d’un tremblement de terre monstrueux dans la zone des Cascadia. Il fallut plus de 300 ans pour trouver la cause du tsunami orphelin de janvier 1700 au Japon : une gigantesque secousse dans cette zone de subduction des Cascadia libérant une énergie considérable accumulée depuis plusieurs centaines d’années.

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La plaque de Juan de Fuca s’enfonce à cet endroit-là sous la plaque américaine à la vitesse de 36 millimètres par an, pas de quoi fouetter un chat et pourtant, en 315 ans ce mouvement tectonique représente plus de 11 mètres. Or il n’y a pas eu de tremblement de terre dans cette région ces 315 dernières années. Les spécialistes de séismologie prévoient donc une rupture qui pourrait provoquer une secousse de 9,2 sur l’échelle de Richter, le « very big one ». Pour se faire une idée de ce qui pourrait arriver, selon Goldfinger, dans l’hypothèse où la totalité de la zone libérerait d’un seul coup l’énergie accumulée avec le temps comme pour ce qui s’est passé au Japon – il n’y avait pas d’épicentre précis dans le cas du tremblement de terre du 11 mars 2011 – la plaque continentale commencera à s’effondrer d’un mètre et demi puis s’étendra alors vers l’ouest d’environ 25 mètres déplaçant d’immenses quantités d’eau océanique. Une partie de cette eau partira en direction de l’Asie et en particulier vers le Japon comme en 1700, l’autre partie reviendra vers la côte ouest américaine quelques 15 minutes après la fin du tremblement de terre. Selon toutes les simulations effectuées par les géophysiciens les paysages familiers des Etats de Washington et de l’Oregon seront tout simplement méconnaissables, environ 7 millions de personnes ne pourront pas échapper au tsunami géant. Des villes comme Seattle, Tacoma, Portland seront en presque totalité profondément endommagées, la plupart des ponts et viaducs s’effondreront, les zones côtières seront complètement dévastées. Les estimations les plus optimistes font état de 13000 morts ou disparus, d’autres prévisions parlent de plusieurs millions de morts. Si le tremblement de terre survient en milieu de journée, la plupart des écoles, des bâtiments administratifs, des universités et des hôpitaux s’effondreront sur leurs occupants.

Il y a seulement 40 ans que les scientifiques ont pris conscience du danger que représente la zone de subduction de Cascadia et seulement une quinzaine d’années qu’ils trouvèrent une explication au tsunami orphelin qui dévasta le Japon en 1700. Ce n’est qu’aux alentours des années 1960 que la tectonique des plaques permit d’expliquer la récurrence des grands tremblements de terre de la ceinture de feu du Pacifique : Japon, 2011 : 9,0, Indonésie 2004 : 9,1, Alaska, 1964 : 9,2, Chili, 1960 : 9,5. L’immensité de l’Océan Pacifique explique la violence de ces tremblements de terre. Comment découvrit-on l’activité tectonique des Cascadia et la relation avec le tsunami orphelin de 1700 au Japon ? C’est presque anecdotique.

Ghost-Forest.-Courtesy-of-Brian-Atwater

Des géologues curieux s’intéressèrent à la forêt fantôme de la Copalis River près de la côte pacifique de l’Etat de Washington et ils trouvèrent une explication à la mort des cèdres rouges, la présence d’eau salée qui décima d’un seul coup tous les arbres. Par dendrochronologie, on put montrer que le dernier cerne de croissance de ces arbres datait de 1699. La seule explication serait que le sol s’est soudainement affaissé favorisant l’arrivée d’eau salée puis s’est alors relevé mais l’hypothèse du tsunami n’a pas pu être exclue de ce scénario catastrophe.

Il y eut donc bien un tremblement de terre gigantesque de l’ordre de 9,0 de magnitude dans la zone des Cascadia au début de l’année 1700. Selon les géologues la fréquence des tremblements de terre dans cette zone devrait être d’environ 300 ans et le délai a été largement dépassé. Le prochain pourrait aussi à nouveau dévaster par voie de conséquence le Japon … Le dernier tsunami orphelin qui dévasta le Japon, c’était le 27 janvier 1700, le huitième jour du douzième mois de la douzième année de Genroku.

Source : The New Yorker et

http://pubs.usgs.gov/pp/pp1707/chapters/03_JapanIntro_26-35.pdf