Au tout début de la « crise » du coronavirus mon fils m’avait informé que le PDG de la société financière française dont il est un employé dans sa filiale japonaise à Tokyo avait vendu des actions de la société qu’il dirigeait pour un montant équivalent à un million d’euros. Le coronavirus était alors limité dans la province de Hubei en Chine. Alors qu’il n’y avait encore aucune menace perceptible en dehors de quelques pays d’Asie comme la Corée et Taiwan, pourquoi une telle vente massive pour un seul individu avait eu lieu. Pour un petit employé d’une société quand son directeur, même s’il n’en est pas propriétaire, se dessaisît de ses actions, du moins celles qui ne sont pas sous embargo comme les « stock options », il y a comme un lézard que seuls les plus hauts membres de la direction connaissent ou en ont l’intuition. Et les employés n’ont que le droit de se préoccuper de la bonne santé de l’entreprise car ils peuvent craindre de se retrouver au chômage.
Il se trouve que ce n’était pas du tout une exception. L’homme le plus riche du monde, Jeff Bezos, a vendu presque au même moment pour 3,4 milliards de dollars d’actions de sa propre société, Amazon, au tout début du mois de février 2020. Le patron de BlackRock, Laurence Fink, et le propriétaire de Markit IHS, une agence de notation, Lance Uggla, ont fait de même. Ces deux derniers « CEOs » ont vendu respectivement pour 25 millions et 9,3 millions de dollars d’actions de leurs propres sociétés, beaucoup moins que Bezos !
Tout ce beau monde disposait-il d’informations dissimulées au commun des mortels ? L’excuse toute trouvée serait que ce type de vente est courant en cette période de l’année pour des raisons fiscales. Mais bon … Quant au CEO de MGM James Murren il a eu aussi le nez creux puisqu’il a vendu au moment où le cours était au plus haut – les 19 et 20 février – pour 22 millions de dollars d’action évitant ainsi une perte de 15,9 millions de dollars quand le cours de l’action s’est effondré quelques jours plus tard. Curieux n’est-il pas ?
Pas tant qu’on ne pourrait le croire. En effet la stratégie des CEOs de ces grandes sociétés opèrent selon la stratégie suivante :
1. la société s’endette monstrueusement en regard des bénéfices qu’elle réalise.
2. la société utilise cette dette pour racheter sur le marché ses propres actions. Ainsi le cours de ces dites actions augmente démesurément en regard des bénéfices réalisées par la société en question. Et enfin
3. le CEO et quelques autres initiés de la direction vendent alors à leur propre société les actions qu’ils détiennent à leur cours le plus haut. Et la crise du coronavirus leur a permis de réaliser de très bonnes affaires financières, en hommes avisés qu’ils semblent être, trouvant avec ce virus une très bonne excuse pour que le gendarme de Wall Street ne vienne pas regarder de plus près ces transactions à la limite de la légalité. Mais où se trouve la frontière entre la légalité et l’escroquerie à Wall Street et sur bien d’autres places boursières dans le monde ? Le coronavirus a bon dos mais tout de même …
Billet inspiré d’un article paru sur ZeroHedge