Nouvelles de Fukushima-Daiichi

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Le 28 juillet 2016 la firme TEPCO a publié un rapport concernant l’état de l’intérieur du réacteur de l’unité 2 de la centrale électrique de Fukushima irréversiblement endommagée à la suite du tsunami géant du 11 mars 2011 qui fit plus de 20000 morts et disparus et des dégâts immenses dans toute l’île de Honshu. À défaut de pouvoir utiliser un robot d’inspection visuelle car la radioactivité est encore trop élevée, les ingénieurs et physiciens à pied d’oeuvre sur le site ont utilisé un détecteur de muons pour localiser et évaluer l’état du coeur du réacteur.

Les muons sont des particules de très haute énergie générés par la collision dans l’atmosphère de rayons cosmiques avec les molécules d’azote ou d’oxygène. Un certain nombre de ces particules relativistes atteignent la surface de la Terre à raison d’environ 10000 par m2 par minute. Ils sont alors absorbés par la matière solide et ionisent cette dernière. Les muons sont considérés comme la radiation ionisante la plus importante sur la Terre bien avant la radioactivité naturelle. Mais les muons sont également mis à profit pour réaliser une radiographie de la totalité de gros objets en étudiant la trajectoire des électrons émis lorsque ces muons pénètrent dans une masse de matière. C’est cette technique qui a été utilisée à la centrale de Fukushima pour se faire une idée de l’état du coeur du réacteur de l’unité 2. L’image fournie par TEPCO est parlante : tout le coeur du réacteur a fondu et s’est effondré au fond de la cuve du réacteur. C’est maintenant un gros tas informe de détritus radioactifs qui s’est solidifié au fond endommageant la cuve. Avant l’accident il y avait 160 tonnes d’assemblages de combustible et 15 tonnes d’auxiliaires de contrôle outre les quelques 115 tonnes de structures de soutien.

La tomographie par désintégration de muons a également indiqué qu’entre 70 et 100 tonnes de débris restent toujours dans leur position initiale dans le réacteur mais qu’au moins 160 tonnes de matériel se trouvent maintenant au fond de la cuve, essentiellement les assemblages de combustible. Il faudra utiliser des robots télécommandés pour se rendre compte des dommages subis par la cuve elle-même car elle n’est plus étanche.

La situation du coeur du réacteur de la tranche 1 est tout aussi désastreuse et un non spécialiste que je suis peut se demander comment il sera possible, un jour (mais quand ?), de réussir à sortir tout ce matériel, but final du « nettoyage » du site.

Source et illustration : TEPCO via World Nuclear News.

Nouvelles de Fukushima : Veolia et le tritium

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L’un des gros problèmes de la société TEPCO est de pouvoir rejeter dans l’océan de l’eau pas trop contaminée par les effluents involontaires provenant des cuves endommagées des réacteurs dont le combustible a été partiellement réduit à l’état de bouillie. On n’en sait encore rien puisqu’aucun robot, aux dernières nouvelles, n’a encore pu permettre de faire un état précis de la situation. Les radioisotopes gênants sont les produits de fission, iode, xénon, césium, … mais également le tritium, l’isotope radioactif de l’hydrogène qui se forme fatalement mais en quantités infimes dans un réacteur nucléaire. Le tritium n’est pas dangereux en soi à moins d’en ingérer de grandes quantités. Sa dangerosité réside dans le fait que sa désintégration produit un rayonnement beta peu énergétique mais le produit final est de l’hélium qui pourrait poser problème dans des conditions extrêmes. Sur le site de Fukushima-Daichii on a estimé que la totalité du tritium ayant contaminé les eaux souterraines entourant les réacteurs était d’un peu plus de 3 grammes depuis le 11 mars 2011. Vous avez bien lu, il n’y a pas d’erreur, 3 grammes …

Sous la pression internationale et en raison des directives gouvernementales japonaises très (beaucoup trop) strictes, la société TEPCO doit absolument réduire les rejets de tritium dans l’océan et elle a fait appel à la société française Veolia, spécialiste des « nettoyages » en tous genres concernant en particulier les eaux usées. Veolia est la seule société étrangère présente actuellement sur le site de Fukushima puisqu’elle a racheté, stimulée par l’appât du gain, une petite compagnie américaine du nom de Kurion. Kurion est impliquée dans le décommissionnement des installations nucléaires et le tritium fait partie de l’une de ses préoccupations.

Pour traiter des millions sinon des milliards de litres d’eau contaminée et en extraire le tritium à raison de quelques picogrammes par litre, la solution n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Il faut dans un premier temps électrolyser l’eau pour obtenir d’un côté de l’installation de l’hydrogène, un peu de deutérium et du tritium et de l’autre côté de l’oxygène. Ce mélange gazeux est ensuite résolu au travers de colonnes catalytiques en céramique pour laisser passer librement ou presque l’hydrogène et le deutérium et concentrer le tritium qui sera ensuite pris en charge sous forme comprimée.

La société Kurion, sous l’impulsion de Veolia, est passée du stade prototype de sa technologie MDS à une installation industrielle de taille raisonnablement étudiée pour traiter quelques dizaines de mètres cubes par jour, je dis bien raisonnable car il ne faudrait pas trop perdre d’argent au cas où ce projet se révèle être par la suite un gros fiasco. Il s’agit en effet d’une grosse opération bien juteuse financièrement et bien orchestrée médiatiquement pour redonner un peu de couleur à l’image ternie de TEPCO avec tout ce tapage médiatique pour récupérer au final quelques grammes de tritium alors que l’Océan Pacifique, le plus grand océan du monde, pourrait absorber sans risques pour la faune et les pays riverains ces quelques grammes de radioisotope. Encore une fois le marché de la peur est payant, les écolos se frottent les mains, Veolia va gagner un gros paquet de yens et l’usine de Fukushima est déjà et sera encore pour des dizaines d’années une véritable mine d’or.

Le Vatican s’est enrichi en vendant des indulgences aux croyants stupides ayant peur de penser que leur âme pourrait aller en enfer pour l’éternité et a rempli ses caves d’objets précieux, d’or et de pierres d’une valeur inestimable, la société Veolia va faire de même pour rassurer la population et les écologistes tout aussi crédules que les chrétiens des XIV et XVe siècles. La radioactivité ça fait peur et ça fera encore peur …

Mais pour ce qui concerne l’écologie et sa perception de l’accident de Fukushima et des progrès technologiques en général il faut relire les oeuvres d’Hans Jonas et notamment son ouvrage intitulé « Le Principe de Responsabilité » (1979) qui est le livre de chevet des mouvements écologistes et dont découle directement l’inique « principe de précaution ». Cet ouvrage que je qualifierais pour ma part de subversif est en réalité une apologie de la peur, conséquence des progrès technologiques en tous genres, y compris de brûler du pétrole. Faut-il vraiment avoir peur de quelques grammes de tritium rejetés dans l’océan ? À l’évidence la question ne se pose même pas pour TEPCO et les dirigeants de Veolia. Business is business as usual …

Dans le domaine de l’exploitation idéologique de la peur, la ville et le canton de Genève en Suisse ont déposé une plainte contre X visant la centrale électronucléaire du Bugey en France pour mise en danger de la vie d’autrui. Comme chacun sait cette installation jouxte la frontière suisse comme l’était d’ailleurs celle de Creys-Malville. La peur ne connaît pas les frontières mais les Suisse connaissent-ils bien leur géographie ?

Sources : http://kurion.com/kurion-completes-commissioning-of-modular-detritiation-system/

http://kurion.com/veolia-to-acquire-kurion-and-develop-an-integrated-offer-in-nuclear-facility-cleanup-and-treatment-of-low-and-medium-level-radioactive-waste/

Illustration : Kurion

Nouvelles de Fukushima

Obuchi at Fukushima 460 (Tepco)

La nouvelle patronne du METI (Ministère de l’Industrie et du Commerce), Yuko Obuchi, a visité la centrale nucléaire accidentée de Fukushima-Daiichi et constaté avec satisfaction que les travaux allaient bon train et dans la bonne direction tant en ce qui concerne le contrôle des rejets d’eau contaminée dans l’océan que de l’évacuation des assemblages de combustible usés ou le nettoyage des bâtiments réacteurs des unités endommagées. Le METI, qui a pris de facto le contrôle de TEPCO, fera tout pour que le démantèlement de cette centrale soit exemplaire insistant sur le fait que cette activité de longue haleine aura des retombées économiques bénéfiques pour la préfecture de Fukushima lourdement affectée non seulement par le tsunami géant du 11 mars 2011 mais également par la contamination au sol par le césium radioactif. Le gouvernement japonais s’est engagé à aider financièrement la région sur le long terme selon les propos tenus par Madame Obuchi lors de sa visite sur le site le 3 septembre.

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Sources : TEPCO et World Nuclear Association

Nouvelles de Fukushima (suite)

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Il est toujours difficile de pénétrer dans le bâtiment réacteur des unités 2 et 3 de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi endommagées par le tsunami du 11 mars 2011 qui conduisit à la fusion partielle des assemblages de combustible avec des feux d’hydrogène et l’émission de radioactivité (iode et césium) dans l’environnement. Afin d’atteindre l’enceinte des réacteurs et de se faire enfin une idée de l’état des cœurs des réacteurs la première étape consiste à nettoyer l’intérieur des bâtiments en particulier de l’unité 2 dont l’architecture externe n’a pas été endommagée. Pour ce faire il n’y a qu’une solution, la robotique, et les Japonais savent de quoi ils parlent quand il s’agit de robots. Mais pas seulement les Japonais car tous les exploitants de centrales nucléaires disposent de robots qui remplacent les interventions humaines lors des opérations de maintenance dans les zones chaudes comme par exemple les boites à eau des générateurs de vapeur.

Bref, la première opération consiste à passer un grand coup d’aspirateur pour éliminer le maximum de poussières et c’est ce que TEPCO a commencé à faire au premier étage de l’unité 2 avec le « Raccoon » un aspirateur-nettoyeur télécommandé de 35 kg possédant sa propre unité de soutien (voir photo, crédit TEPCO) qui renvoie les effluents à l’extérieur pour traitements ultérieurs.

Quand ce sera à peu près propre, un autre robot s’occupera des parois dont il détectera les contaminations grâce à des dosimètres embarqués. La machine (voir photo, crédit TEPCO) est une version modifiée d’un robot suédois Husqvarna DX-140 que Toshiba a spécialement adapté à cet effet. En plus d’une douzaine de caméras embarquées, le robot est capable de changer lui-même la tête de son bras articulé selon les besoins.

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Depuis novembre 2013 le « Raccoon » a préparé le terrain pour cet autre robot et le but est d’atteindre l’enceinte de confinement du réacteur afin d’introduire à l’intérieur du réacteur lui-même une caméra dont la mission sera d’observer l’état du cœur du réacteur. Mais on n’en est pas encore là, le temps n’est pas compté puisqu’il faudra peut-être au bas mot une vingtaine d’années pour réellement entrer dans le vif du sujet.

Fukushima Daiichi ice wall drilling - 460 (Tepco)

Quant à l’extérieur du site, si l’on peut dire, TEPCO vient de mettre en place l’équipement nécessaire pour isoler le site de l’océan tout proche à l’aide d’un mur souterrain congelé en creusant des trous, 1550 au total, proches les uns des autres et en y faisant circuler un liquide réfrigérant. Le but de l’opération est d’interdire aux eaux de ruissellement naturel d’atteindre les sous-sols des trois unités endommagées et d’être contaminées au passage avant d’aller naturellement rejoindre l’océan. Coût de l’opération 32 milliards de yens. En arrière plan de la foreuse on peut apercevoir le nouveau bâtiment protecteur de l’unité 1. J’espère que Janick Magne, ex candidate députée écolo pour les Français vivant en Asie, lira ce billet, juste pour la rassurer. A suivre, et je promets à mes lecteurs (surtout ceux qui résident au Japon) de leur communiquer toute information nouvelle sur le site de Fukushima-Daiichi chaque fois que celle-ci est disponible.

Pour en terminer, la faille de Tsuruga a été examiné par un groupe d’experts internationaux et ils n’ont rien pu déceler d’alarmant. Selon leur rapport cette faille est inactive depuis au moins 127000 ans. Pour information, sur ce site qui est donc considéré comme remplissant toutes les conditions de sécurité, il y a au moins un réacteur qui ne demande qu’à être remis en fonctionnement, la tranche Tsuruga-2 (PWR, 1160 MWe) qui pourrait encore être exploité au moins pendant 30 ans voire plus mais Janick Magne ne doit certainement pas apprécier ce genre d’information.

Nouvelles de Fukushima-Daiichi

 

Temporary groundwater storage tanks  460 (Tepco)

La société TEPCO qui, faut-il le rappeler, n’est en rien responsable du tremblement de terre du 11 mars 2011, a entrepris de divertir les eaux phréatiques des sous-sols des trois réacteurs endommagés à la suite du tsunami géant qui suivit ce tremblement de terre. Ces eaux se mélangent avec celles fortement contaminées se trouvant dans ces sous-sols en raison de fuites des eaux de refroidissement de ce qui reste du combustible par des fissures existant au niveau des enceintes des réacteurs. L’opération semble simple mais exige une logistique impeccable dans un environnement encore contaminé mais en voie de nettoyage afin de permettre aux personnels travaillant sur site un meilleur confort quotidien. Les eaux phréatiques qui s’acheminent normalement vers la mer sont donc pompées et stockées momentanément dans des réservoirs (voir la photo, document TEPCO) pour vérifications et rejetée ensuite dans l’océan si la contamination par du césium radioactif ne dépasse pas le niveau fixé administrativement à 10 désintégrations par seconde et par litre (10 Bq/l). Il faut reconnaître à ce sujet que le Japon, afin d’atténuer les angoisses des citoyens et en particulier des pêcheurs, a abaissé autoritairement ce taux acceptable à 10 Bq/l alors que l’OMS a fixé le seuil de tolérance à 100 Bq/l d’eau potable.

Cette norme de sécurité dix fois plus stricte que les normes internationalement admises a pour conséquence de compliquer sérieusement la tâche des techniciens et ingénieurs travaillant sur le site, mais bon, c’est rassurant … TEPCO espère ainsi réduire considérablement les volumes d’eau, cette fois contaminée par les fuites des réacteurs, d’un facteur 4 ce qui est tout à fait appréciable. Une série de puits a été creusée entre les collines et les bâtiments et les eaux phréatiques sont pompées en continu, contrôlées puis rejetées à la mer. Il faut garder en mémoire que la décontamination des eaux de refroidissement des réacteurs relève de la prouesse technique consistant à retirer quelques fractions de milligramme de césium radioactif et quelques fractions de microgramme d’autres radio-isotopes à forte activité dans chaque mètre cube d’eau. C’est un peu comme si on entreprenait de récupérer l’or qui se trouve naturellement dans l’eau de mer ! Enfin, il est utile de rappeler ici que l’eau de mer est naturellement radioactive et contient pour mémoire 47 microgrammes de potassium 40 par litre, 34 microgrammes de rubidium 87 et 16 microgrammes d’iode 129 toujours par litre (source National Academy of Sciences, USA), pour les plus abondants, à côté de traces de toute une série d’autres radio-isotopes naturellement présents dans la croute terrestre. Cette radioactivité est loin d’être négligeable mais fait partie de l’environnement dans lequel nous vivons.

Donc, en définitive, pas de quoi hérisser les poils d’un chat !

 

Billet d’humeur destiné à Christophe Barbier

Je suis de moins en moins lecteur assidu de l’Express mais je suis resté ébahi par la prestation audiovisuelle de Christophe Barbier qui se croit sur un terrain de foot-ball et distribue des cartons de couleurs pour les sujets d’actualité.

http://videos.lexpress.fr/actualite/politique/video-retraites-jean-marc-ayrault-a-bien-manoeuvre-l-edito-de-christophe-barbier_1276859.html

Je veux bien qu’il distribue un carton rouge à TEPCO parce que de l’eau radioactive fuite dans l’océan à Fukushima-Daiichi. On ne va pas en faire un fromage, l’eau de mer constitue la plus grande réserve d’uranium dans le monde et un peu de césium de plus ou de moins ne changera pas la donne globale. Les très forts courants existant au large de l’archipel japonais auront vite dilué cette radioactivité. Puis il distribue un carton jaune à la Croatie, parait-il un repère de criminels. Je n’ai aucune opinion sur ce sujet si tant est qu’il est avéré. Il n’y a pas qu’en Croatie qu’on rencontre des criminels, venez ici aux Canaries, toutes les trattoria appartiennent à des investisseurs mafieux venus de Calabre et de Sicile, dans certains endroits, on parle le russe, et dès qu’un bien immobilier qui en vaut la peine est à vendre, et il y en a des milliers, c’est un Biélorusse, un Kazakhe ou tout simplement un Russe qui se l’approprie avec de l’argent venu de nulle part pour le plus grand bonheur de l’agent immobilier notoirement corrompu, de l’avocat marron qui fait la transaction et du politicien local qui délivre l’éventuel permis de construire pour tripler la surface de la maison. Christophe Barbier en vient à la magistrale prestation du premier ministre, professeur d’allemand à la retraite de l’éducation nationale, au sujet des retraites, justement ! Carton vert ! Mais de qui se moque-t-il ? Ayrault n’a strictement rien fait qui puisse éviter l’effondrement imminent du système de Ponzi des retraites par répartition, une lubie du Conseil National de la Résistance devenue inapplicable de nos jours, il a tout simplement trouvé un prétexte pour augmenter les impôts et les taxes. Je voudrais rappeler au prof d’allemand qu’en Espagne l’âge légal de départ à la retraite est 68 ans, avant 68 ans, nada, rien, des nèfles ! Le seul moyen d’échapper s’il en est encore temps du bourbier mortel dans lequel se trouve le « hors bilan » que constitue le système de retraites par répartition avec la protection sociale française dans son ensemble (6000 milliards d’euros d’ardoise, ce n’est pas moi qui l’invente mais un comité d’étude de la Commission européenne) est de tout remettre à plat, d’abolir les privilèges (voir 1789, mais les privilèges repoussent comme la chien-lit, je veux dire le chiendent, les politiciens y trouvant les premiers leur compte) et de ne plus accepter qu’un seul système de retraite pour tout le monde, par points et capitalisation, sans âge de départ légal, chacun pourra faire comme il le veut, mais je suis obligé de me pincer, je dois rêver. Donc, Monsieur Barbier, carton vert pour TEPCO, carton jaune pour la Croatie au bénéfice du doute et carton rouge pour le gouvernement qui a encore réussi une belle opération d’enfumage. Un conseil Monsieur Barbier, allez-y mollo sur la marijuana, on finit par s’enfumer le cerveau !

Le paradoxe de la banane

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Le potassium est naturellement radioactif puisque 0,0117 % de ce métal est du potassium 40, l’isotope de demi-vie 1,25 milliard d’années, ce qui signifie que depuis que la Terre existe (environ 5 milliards d’années) plus de 90 % du potassium 40 a disparu sous forme de calcium et d’argon mais il en reste encore largement assez pour que notre propre corps soit carrément radioactif. Pour donner un ordre d’idée, le corps d’un adulte de 65 kilos est radioactif à concurrence de 4 à 5000 becquerels (Bq), ou désintégrations par secondes essentiellement dues au potassium 40. En se désintégrant le potassium 40 émet quatre vingt dix fois sur cent un électron et un antineutrino et le reste du temps un rayon gamma et un neutrino et ce rayon gamma est suffisamment énergétique pour que l’énergie totale émise par la désintégration de tout le potassium 40 du corps représente 26 micro sieverts. Ce n’est pas énorme mais tout de même … J’ai 68 ans et en faisant une approximation tout à fait valable d’une moyenne de 4000 Bq de potassium 40 dans mon corps depuis ma naissance, cela correspond à 8500 milliards de Bq ou en d’autres termes j’ai encaissé l’effroyable dose de radioactivité de 57000 sieverts et je ne m’en porte pas plus mal. Je signale à mes lecteurs qu’en plus du potassium 40 naturellement présent dans mon corps, j’ai été contaminé durant ma carrière de recherche en biologie par du carbone 14, du tritium (l’isotope radioactif de l’hydrogène), du phosphore 32 et surtout de l’iode 125 et je suis encore en vie ! Ces 26 micro sieverts qu’on encaisse naturellement à chaque instant de notre vie représentent la radioactivité naturelle contenue également sous forme de potassium 40 de 265 bananes. Mon corps est aussi radioactif que 265 bananes ! C’est une autre unité de dose radioactive plus parlante que le sievert appelée BED (acronyme signifiant Banana Equivalent Dose) et égale 0,1 microsievert ou 15 becquerels. Ceci n’est pas de l’humour, le BED, outre le fait que « bed » en anglais veut dire lit et n’allez pas croire que j’aie des mauvaises pensées, est une unité de vulgarisation de la dose de radioactivité à laquelle on est soumis tout au long de notre vie encore une fois à cause de ce potassium 40 omniprésent. Si vous vous shootez avec des noix de cajou ou des graines de tournesol en regardant un match de foot à la télévision, je prend cet exemple parce qu’enfin la saison de football a recommencé (et je m’en moque totalement), vous vous collez avec chaque pincée de graines deux ou trois bananes (BED) dans le ciboire. Certaines graines apéritives sont 500 fois plus riches en potassium que les bananes. Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, si vous absorbez des trucs riches en potassium qui peuvent être par ailleurs dangereux pour votre santé pour d’autres raisons, ce n’est pas pour cela que la quantité totale de potassium radioactif de votre corps augmentera car l’organisme se débarrasse du potassium en excès à cause de l’homéostasie et vous allez enrichir les rivières et les océans avec le potassium que vous rejetez dans vos urines. J’ai dit océans ! C’est justement ce qui se passe en ce moment, et depuis le début de la catastrophe, à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, les eaux radioactives rejetées involontairement dans l’océan représentent 76 millions de bananes chaque heure depuis le tremblement de terre du 11 mars 2011. Si on fait un calcul simple mais qui va démontrer la pertinence de la BED, sachant que 145 millions de tonnes de bananes sont consommées chaque année dans le monde et qu’une banane (sans la peau) pèse environ 100 grammes, la fuite quotidienne de radioactivité de Fukushima-Daiichi représente à peine le quart de la radioactivité en potassium 40 de toutes les bananes consommées chaque jour dans le monde. Et si l’on veut établir une autre comparaison, la centrale nucléaire japonaise endommagée rejète chaque jour dans l’océan un dix-millième de la radioactivité totale que toutes les centrales électriques brûlant du charbon dans le monde rejètent dans la poussière, les fumées et les stocks gigantesques de cendres et de scories (radioactives) qui sont entre autres usages recyclées pour les revêtements routiers ou pour fabriquer des parpaings pour la construction. Les cendres et les fumées des centrales électriques brûlant du charbon contiennent en effet de l’uranium, du thorium du radium, du polonium et du radon, c’est tout à fait réjouissant. C’est le paradoxe de la banane : toutes les centrales électrique brûlant du charbon dans le monde (2500) représentent 760 milliards de bananes chaque jour, pas de quoi s’affoler ! Les rejets de radioactivité de la centrale de Fukushima-Daiichi dans l’océan représentent (en bananes) à peine le quart de la radioactivité que rejette une seule centrale électrique du genre de celles qui fleurissent en Allemagne, et pourtant Greenpeace ne dit rien ou plutôt non, s’empresse de critiquer l’attitude de TEPCO et du gouvernement japonais dans la gestion de l’accident de cette centrale nucléaire, oubliant soigneusement de mentionner le désastre écologique dans lequel est plongé l’Allemagne (et la Chine) en brûlant du charbon. Ces écolos sont vraiment des vraies bananes !!!

 

Inspiré d’un article paru dans Forbes