Le vieillissement du visage : pas de traitement en vue

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Le « look » facial est l’un des plus importants arguments de marketing des cosméticiens. Mais la question est de connaitre les raisons pour lesquelles certaines personnes du même âge paraissent plus vieilles que d’autres. C’est ce à quoi se sont attaqués une équipe de biologistes de l’Université de Leiden sponsorisée par Unilever, l’un des géants mondiaux de la cosmétique et ils n’ont pas été déçus malgré la minceur des résultats obtenus. Une femme voulant paraître plus jeune pourra se tartiner de crèmes apaisantes, rajeunissantes, revitalisantes, anti-rides, anti-vieillesse ou je ne sais quoi encore … dans ce domaine les cosméticiens font preuve d’une créativité surprenante, elle ne pourra rien contre le vieillissement de son épiderme facial, un processus qui ne dépend que … de la génétique.

Depuis des temps immémoriaux les femmes cherchent à paraître plus jeunes, un signe de bonne santé et de fécondité. Or le vieillissement du corps et donc de l’épiderme est un processus inexorable qui est la résultante d’une multitude de facteurs. L’apparition de rides, de taches de vieillesse, de dépigmentation constituent la hantise des femmes qui veulent à tout prix paraître encore jeunes et séduisantes. Il y a cependant des femmes qui semblent, de par leur aspect visuel, vieillir plus lentement que d’autres. C’est sur la base de cette observation qu’une équipe de 5 personnes, une sorte de jury de la beauté, a examiné et noté l’aspect de la face de 2693 personnes, toutes originaires des Pays-Bas, hommes et femmes, pour en déterminer ce qu’on pourrait appeler l’ « âge facial ».

Après avoir établi un classement, une étude du génome de ces personnes a été effectuée afin d’établir une carte des SNPs (single nucleotide polymorphisms) et la réponse n’a pas tardé : l’apparence faciale « plus vieille » est liée à une abondance des SNPs au niveau d’un gène particulier appelé MC1R et ce n’est pas n’importe quel gène puisqu’il s’agit de celui codant pour le récepteur de la mélanocortine (voir ci-dessous). Là où les choses se compliquent si on se place du point de vue du cosméticien, c’est tout simplement parce qu’il ne pourra jamais rien faire pour influer sur une déficience de ce récepteur : des femmes (et des hommes) possédant dans leur bagage génétique des gènes du MC1R codant pour un récepteur de la mélanocortine déficient auront, les années passant, un aspect « plus vieux », point à la ligne.

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Cette étude n’est pourtant pas un coup d’épée dans l’eau car elle révèle que l’aspect du vieillissement est bel et bien multifactoriel, outre le mauvais fonctionnement de la télomérase, un enzyme qui maintient peu ou prou une longueur satisfaisante des extrémités des chromosomes, les télomères, dont on a découvert la fonction avec le syndrome de Werner qui conduit à un vieillissement généralisé et prématuré de l’organisme. Le récepteur de la mélanocortine est important pour l’organisme à plus d’un titre et pas seulement pour l’aspect de l’épiderme car la protéine en question, sécrétée par l’hypophyse, est multifonctionnelle. Elle conduit effectivement à la MSH, l’hormone stimulant les mélanocytes et participant par ailleurs à la régulation énergétique de l’organisme, mais également à l’ACTH, celle qui régule le fonctionnement des glandes surrénales et enfin à la lipotropine, sous deux formes, une autre hormone qui régule le fonctionnement du tissu adipeux et intervient dans le développement de l’obésité. Il s’agit donc bien d’un processus complexe ciblant de nombreux aspects du métabolisme et toute perturbation conduit à une dégradation, entre autres signes extérieurs, de l’aspect visuel du visage aussi bien chez les femmes que chez les hommes.

Unilever, comme d’autres cosméticiens, pourra créer à l’infini des crèmes de beauté anti-vieillissement, rien n’y fera si ce récepteur est génétiquement endommagé à moins de ruser et d’y incorporer des substances dont les propriétés pharmacologiques sont encore inconnues et qui n’ont donc pas actuellement d’usage thérapeutique comme par exemple le BMS-470539, un produit anti-inflammatoire qui se fixe spécifiquement sur le récepteur MC1R (voir le lien). Dans un prochain billet je proposerai à mes lecteurs une autre approche inattendue des effets de la mélanocortine.

Source et illustration : http://dx.doi.org/10.1016/j.cub.2016.03.008

http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/j.1476-5381.2010.00688.x/abstract;jsessionid=5ABFDC4B8197FCBB7AE4ECEEB80A5B98.f03t04

La beauté du visage féminin a un prix : des allergies

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Je ne lis pas les magazines exclusivement réservés à une clientèle féminine. Ils font tellement de publicité pour les produits de beauté qu’il est certain qu’ils ne dénigreront jamais ces derniers au risque de perdre leurs annonceurs. Et pourtant on peut considérer que cette lacune est non seulement une faute grave mais également un manque de respect pour les lectrices : la plupart des produits de beauté, fonds de teint, couleurs pour les paupières, les pommettes ou les cils, rouges à lèvre, crèmes hydratantes, colorants capillaires et autres produits de beauté tels que les shampoings, les déodorants ou les gels-douche contiennent des allergènes puissants et des substances cancérigènes.

La plupart des parfums utilisés en cosmétiques sont allergènes et ce pouvoir allergène est amplifié par les conservateurs comme la paraphénylène-diamine ou la methylisothiazolinone. Près d’une femme sur cinq souffrira dans sa vie de dermatite de contact au niveau du visage ( PMID : 19268112 ). Certains hommes ne sont pas à l’abri de ce type d’allergie car les crèmes à raser et les lotions après rasage contiennent ces même molécules dangereuses.

Un agent de préservation largement utilisés dans tous ces produits cosmétiques très courants est le quaternium-15 appelé aussi Dowicide Q. Comme son nom l’indique il est fabriqué par la Dow Chemical Company et c’est un bactéricide. Cette propriété bactéricide et également fongicide est due au fait que cette drôle de molécule en forme de cage se dégrade en produisant du formaldéhyde ou formol.

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Or le formol est non seulement allergène ( doi:10.1111/j.1600-0536.2009.01615.x ) mais classé parmi les produits potentiellement cancérigènes et comme son usage est interdit en cosmétique en tant que bactéricide les fabricants ont trouvé la parade en incluant dans leurs formulations le quaternium-15. Ce n’est pas tout ! Beaucoup de produits cosmétiques ou de « beauté » contiennent du propylène glycol, un vulgaire antigel, également allergène. Se procurer des produits de beauté dans des échoppes dites « bio » n’arrange pas la situation. Pour ne prendre qu’un exemple parmi bien d’autres la ligne de produits de beauté dits bio Burt’s Bees ( burtsbees.co.uk ) contient très souvent du propolis contenu dans la cire d’abeille, en particulier les rouges à lèvre. Or certaines personnes développent à la longue une allergie au propolis sans qu’on ne sache exactement s’il en est directement la cause.

On ne peut pas exclure que les produits naturels ne présentent pas de propriétés allergènes, le baume du Pérou en est un exemple caricatural. Ce liquide aromatique huileux est extrait des écorces d’un arbre originaire d’Amérique centrale ( Myroxolon balsamum ) et rappelle l’odeur de la vanille et de la cannelle. Pour cette raison il est très largement utilisé, certes en quantités infimes, dans un grand nombre de produits cosmétiques comme parfum. Or cette huile essentielle est également puissamment allergène.

Madame, la prochaine fois que vous utiliserez du rouge à lèvres, votre bouche pourrait soudainement ressembler à un vilain groin de cochon. Il vous faudra alors plusieurs jours voire semaines pour retrouver votre beauté originale mais après cet incident désagréable évitez d’utiliser l’un ou l’autre de vos produits de beauté favoris contenant l’une ou l’autre des substances énumérées ci-dessus. Assurez-vous également que vos crèmes de beauté ne contiennent pas d’extraits de mangue car la peau de ce fruit contient aussi un allergène particulièrement puissant et dévastateur appelé urushiol …

Inspiré d’un article paru dans The Daily Beast