
Plus de 90 % des oiseaux sont monogames, c’est-à-dire qu’une femelle et un mâle forment un couple stable, et cette situation est d’autant plus répandue que les oisillons nécessitent l’intense travail du père et de la mère pour leur subsistance. Il y a des exceptions comme certains oiseaux nidifuges dont la progéniture est à même de subsister dès l’éclosion sous la surveillance de la mère. Dans ce cas les femelles comme les mâles ont une activité sexuelle diversifiée, on appelle alors ce comportement la polygynandrie. J’ai découvert ce mot en lisant un article paru il y a quelques jours dans les PNAS (voir le lien) et dissertant du pourquoi et du comment de la monogamie et de la polygamie. Mais venons-en aux mammifères dont l’homme fait partie. Chez les mammifères moins de 3 % des espèces sont monogames. Et chez les primates, dont nous faisons également partie, la proportion n’est pas plus élevée. En dehors de quelques lémuriens, de l’homme et d’un groupe de singes d’Amérique Centrale et du Sud, les Callitrichidés, il n’y a pas de primates monogames. Les Callitrichidés (voir la photo trouvé sur Wikipedia) qui comprennent le tamarin, le ouistiti, le marmouset et le singe écureuil vivent en groupe et pourtant les couples sont stables pour une raison évidente : les femelles ont systématiquement des grossesses gémellaires, ce qui a pour conséquence d’obliger le père à s’occuper d’au moins une des deux progénitures, la mère ne pouvant pas les prendre en charge simultanément, cette prise en charge par le père constitue d’ailleurs une exception chez les primates. Les lémuriens vivent également en groupe et les couples sont le plus souvent stables. Pour tenter d’expliquer l’apparition de la monogamie chez les primates (dont l’homme) il n’y a pas beaucoup de possibilités. Soit la tâche consistant à élever les petits est trop lourde pour une mère seule, et c’est le cas des Callitrichidés, ou encore la durée entre la naissance et l’acquisition d’une certaine indépendance pour la subsistance alimentaire est très longue, c’est le cas évident chez l’homme, mais cette hypothèse entre dans le même cadre que celui des Callitrichidés, ce serait le coût de la survie qui nécessite une monogamie, situation qui peut être rapprochée également des mammifères élevant leur progéniture en solitaire comme par exemple l’ours, mais l’ours est pourtant polygame. Enfin, pour en revenir aux primates, la monogamie peut s’expliquer par les risques d’infanticides et la durée de la lactation par rapport à celle de la grossesse. Puisque 25 % des primates sont monogames, le plus fort pourcentage de tous les mammifères, il fallait trouver une explication rationnelle. D’abord l’apparition de la monogamie ne date pas d’aujourd’hui. En analysant l’arbre phylogénétique des primates, celle-ci remonte à environ 16 millions d’années malgré le fait que certaines espèces auraient opté pour la monogamie et seraient retombées, si l’on peut dire, à une polygynandrie originelle. La polygynandrie peut se définir brièvement comme suit : les femelles appartiennent à tous les mâles et réciproquement. L’infanticide est beaucoup plus répandu qu’on ne le croit, par exemple chez les gorilles, plus du tiers des nouveaux-nés est tué par un mâle afin de trouver une femelle réceptive et chez les colobes (Cercopythèques) cette proportion atteint plus de 60 %. Comme les gorilles et les colobes ne sont pas monogames, l’explication simple serait que la monogamie permet de réduire l’incidence des infanticides, le père protégeant sa progéniture. Il y a enfin un bénéfice inattendu pour le mâle monogame car, par les soins qu’il apporte à sa progéniture, la durée de la lactation diminue sensiblement, rendant la femelle réceptive plus précocement. Il faut rappeler ici que parmi les primates, seule la femme et la femelle bonobo sont réceptives indépendamment de l’oestrus, c’est-à-dire du fait d’être fécondes ou non. D’ailleurs chez les chimpanzés et les bonobos, les mâles protègent les petits qu’ils soient leur enfant ou non car ils vivent en groupes hiérarchisés bien que la polygynandrie y soit de mise. En définitive la raison la plus plausible de l’apparition de la monogamie est de réduire l’incidence des infanticides d’autant plus fréquents que le sevrage est tardif en raison de la complexité du cerveau nécessitant un allaitement tout aussi tardif. Pour rappel, les humains sont monogames à l’exception des Mormons et des Musulmans, il s’agit donc d’exceptions religieuses et non pas comportementales. Quant aux infanticides, le fait des mâles chez les primates, il n’existe chez les humains qu’en de très rares occasions, du fait de la mère de l’enfant, souvent en souffrance psychique, ou de religieux pour des exécutions rituelles, une pratique heureusement d’un autre âge.
Source : http://www.pnas.org/content/early/2013/07/24/1307903110