Les organo-phosphorés sont une famille très large de composés chimiques de synthèse comprenant aussi bien des pesticides variés que des gaz de combat, le plus célèbre d’entre eux étant le Tabun développé en 1936 par IG Farben pour le compte des nazis qui en firent un usage intensif dans les conditions que chacun connait. On aurait pu espérer qu’après l’épisode fâcheux de l’extermination de populations kurdes par le dictateur irakien jamais plus personne n’envisagerait d’utiliser de tels armes chimiques comme le Sarin, le Tabun, le Cyclosarin, le VX ou encore le VR qui sont tous des organo-phosphorés inhibiteurs puissants de l’acétylcholine estérase conduisant à une paralysie rapide et mortelle.
Pourtant, et je vais tous les nommer car c’est intéressant, divers laboratoires de par le monde et collaborant entre eux s’intéressent à ces armes et ont découvert un moyen (au moins avec des souris de laboratoire) de s’en protéger. Ce qui sous-entend que les acteurs de cette récente recherche sont aussi intéressés par ces armes de destruction massive (comme on dit dans les chaumières il n’y a pas de fumée sans feu). Il s’agit de biologistes de l’Université de Sheffield, de l’institut Shemyakin-Ovchinnikov à Moscou et du Centre de Recherche du Service de santé des Armées français (CRESSA), rien que ça ! Et comment : en modifiant l’expression in vitro d’une butyl-choline estérase avec association d’un peptide riche en proline permettant de polysialyler l’ensemble chimérique et lui permettant ainsi de fonctionner comme un piège pour toute molécule de VR circulant dans le sang après inoculation pulmonaire. Sur le plan de la biologie, c’est une véritable prouesse, mais ce genre d’étude ne fait-il pas apparaître le fait que les armées anglaises, russes et françaises possèdent des stocks de ce genre d’arme ? Pour ma part, je répondrai tout de suite oui !
Que mes lecteurs n’éprouvent pas un mal de tête insupportable en lisant mon billet. La butyl-choline estérase est une variante de l’acétylcholine estérase, un enzyme à spécificité élargie, le peptide riche en proline est une petite protéine dont une majorité des amino-acides la constituant est de la proline et l’acide sialique se retrouve par exemple dans le liquide synovial des articulations comme lubrifiant de ces dernières. Quant à une chimère, c’est le résultat de l’expression de la fusion artificielle de deux gènes.
La prochaine guerre sera-t-elle chimique ou virale (parce que ces mêmes équipes de scientifiques travaillent aussi sur des virus modifiés génétiquement dans le seul but de tuer) on ne peut pas douter que ce pourrait être une subtile combinaison de ces deux types d’armes.
Bon dimanche !
Source : Université de Sheffield