Il y a 65 ans la société d’ingénierie Halliburton expérimentait avec un succès mitigé la première fracturation hydraulique dans l’Oklahoma. Il y a 30 ans, la société Monsanto expérimentait en plein champs la première plante transgénique. Soixante-cinq années plus tard, les USA sont en passe d’être le premier producteur du monde de gaz naturel et le premier producteur de pétrole. Pour se faire une idée de la véritable révolution apportée par le fracking et la technique du forage horizontal il suffit de quelques données économiques : plus d’un million de puits ont été forés pour y effectuer la fracturation hydraulique avec au plus une dizaine d’incidents techniques, autant dire presque rien. Le Texas deviendra dans quelques mois le troisième producteur de pétrole (y compris par fracking) du monde derrière la Russie et le reste des USA. Ca laisse rêveur. Quant aux plantes transgéniques, la première plante transgénique plantée en plein champ, quelques plants seulement, était un tabac résistant à un antibiotique. Il fallut attendre trois autres années pour que la France et les USA, alors leaders mondiaux dans le domaine de la transgénèse végétale, développent ce même tabac, cette fois résistant au glyphosate. Depuis, près de trente plantes modifiées génétiquement sont cultivées dans le monde dans 29 pays sur une surface de près de 160 millions d’hectares.
Dans les deux cas, fracking et transgénèse végétale, le but final fut d’atteindre une amélioration technologique. Pour le gaz, il s’agissait à l’évidence d’extraire le gaz naturel et les huiles dans des roches dites « mères » impossibles à obtenir par les forages verticaux classiques. Pour les plantes transgéniques l’éventail d’amélioration est plus large, depuis la tomate ou la banane qui ne murissent pas, en passant par les améliorations nutritionnelles, ce sont les cas du riz doré enrichi en carotène, du maïs enrichi en folate ou plus récemment de la Camelina sativa (cameline ou lin bâtard) enrichie en acides omega-3 (voir un billet récent sur ce blog) dont les graines peuvent avantageusement servir de nourriture aux poissons marins d’élevage. La résistance aux ravageurs a été atteinte avec l’introduction d’un gène de Bacillus thuringiensis (Bt) pour le coton, le riz, le maïs, le tabac et bien d’autres plantes afin de réduire substantiellement l’usage de pesticides. La résistance aux herbicides a également été atteinte pour le glyphosate, le bromoxynil et le glufosinate pour faciliter le travail des agriculteurs. Enfin quelques plantes ont été génétiquement modifiées pour produire des médicaments.
La fracturation hydraulique a permis de diviser aux USA le prix du gaz naturel par trois. La production massive d’électricité à l’aide de turbines à gaz par cogénération a récemment permis aux USA de réduire le CO2 émis dans l’atmosphère et il est maintenant identique à ce qu’il était au début des années 90. Les industries manufacturières consommatrices de pétrole et d’énergie qui avaient délocalisé leurs productions sont revenues en grand nombre sur le territoire américain car l’énergie y est maintenant plus compétitive. Même une société comme Apple a déjà relocalisé une partie de sa production aux USA !
Les mouvements anti-fracking qui ont émergé un peu partout, y compris aux USA, objectaient que cette technologie freinerait le développement des biocarburants et comme il fallait trouver un genre de bouc-émissaire, le mot fracking a été élevé au rang de démon, le mot à ne pas prononcer ! C’est ainsi qu’avec la complaisance des médias et la puissance financière (d’origine pour le moins opaque) d’organisations non gouvernementales comme Greenpeace ou le WWF, tous les arguments y compris les plus fantaisistes ont été utilisés pour diaboliser la fracturation hydraulique comme étant la pire des atteintes à l’environnement nonobstant le fait que la production d’agrocarburant constitue en soi un véritable crime contre l’humanité mais ni Greenpeace ni le WWF n’ont l’air de s’en soucier comme pour le riz doré dont les campagnes hostiles orchestrées par les mêmes organisations constitue également un crime contre l’humanité. Chaque acre de culture vivrière converti en agrocarburant aux USA a eu un effet immédiat sur les cours des denrées alimentaires de base dans le monde entier, souvenez-vous des printemps arabes dont le ferment initial fut un renchérissement brutal du prix du pain en raison du boom des agrocarburants aux USA. Sans fracking, pardon fracturation hydraulique, les USA seraient encore au milieu d’une crise économique majeure depuis 2008 alors que cette technologie a créé plusieurs millions d’emplois y compris dans des Etats frappés de plein fouet par la récession. Les organisations non gouvernementales ont dépensé des dizaines de millions de dollars en pure perte et aux USA le consensus actuel est un rejet massif des idéologies malthusiennes de ces activistes cyniques, même si Obama a parfois tendance à les soutenir (cas du pipeline Keystone XXL).
Pour les plantes transgéniques, la controverse alimentée par les mêmes opposants à la fracturation hydraulique fut initialement basée sur des arguments pseudo-scientifiques totalement erronés du genre toxicité pour les animaux et l’homme, résistance acquise aux pesticides, effets délétères sur l’environnement ou encore monopole des grandes compagnies agrochimiques. Certes, le paysage économique s’est considérablement élargi et il n’y a plus vraiment de monopoles puisqu’environ 40 sociétés de par le monde sont impliquées dans cette technologie. En 30 ans de retour d’expérience, jamais aucun effet alimentaire négatif n’a pu être documenté précisément, jamais aucun effet perturbateur sur l’environnement ou les écosystèmes n’a pu être répertorié que ce soit à petite ou grande échelle. Le seul effet négatif tangible est que les agrochimistes vendent moins de pesticides quand les agriculteurs cultivent des plantes exprimant la toxine Bt, coton, maïs, pomme de terre ou encore soja ! Mais ce dernier point est soigneusement passé sous silence par ces organisations car ils considèrent que c’est politiquement incorrect. Il serait plus approprié de dire idéologiquement incorrect.
Quid de la France ?
Inutile de s’étendre sur le cas de la France qui représente l’archétype de l’obscurantisme scientifique pour des raisons politiciennes et également idéologiques, notamment l’inique « principe de précaution ». Le précédent Président fit deux erreurs qui aggravent encore aujourd’hui l’état de délabrement de l’économie française, l’organisation de la grotesque foire écologique appelée « Grenelle de l’Environnement » immédiatement noyautée par les organisations non gouvernementales citées plus haut avec des représentants du monde politique essentiellement constitués de membres du nouveau parti écologique français, je veux nommer EELV, un amalgame d’opportunistes détestables et cyniques. Puis ce même ancien Président décréta pour des raisons purement électoralistes qu’on ne procéderait pas à une quelconque fracturation hydraulique dans le sous-sol français. Cette idéologie reprise par l’actuel Président allié d’EELV pour des raisons de tactique politicienne éhontée et tout aussi cynique a porté ses fruits : le prix de l’énergie ne cesse d’augmenter en raison des taxes multiples appliquées au kWh pour favoriser « le renouvelable » pour la plus grande satisfaction des partis écologistes et des organisations non gouvernementales nombreuses et variées qui, faut-il le rappeler, vivent avec les impôts des contribuables. Même cas de figure pour les plantes transgéniques et même démarche politicienne et idéologique obscurantiste initiée par le sieur Bové de triste envergure intellectuelle avec un escroc d’aussi détestable envergure comme Séralini qui en remet une couche, toutes médias immobilisées pour l’occasion, naturellement. Rien ne pourra s’améliorer avec l’actuel ministre de l’environnement et de l’énergie, ancien faucheur d’OGM (amnistié) et, cerise sur le gâteau, allergique à l’uranium, c’est désespérant pour la France, autrefois le pays des Lumières … Comme le dit si bien H16, ce pays est foutu.
Billet partiellement inspiré d’un article de Forbes, crédits photo Forbes et Wikipedia.