Vous saurez tout sur les chatouilles …

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Le rire n’est pas le propre de l’homme

Pourquoi on ne peut pas se chatouiller soi-même ? Aristote avait déjà noté que c’était impossible. Et pourquoi se met-on à rire quand quelqu’un vous chatouille ? Les chatouillements qui provoquent un rire hors de contrôle sont appelés gargalésie, et ceux qui sont agréables mais ne provoquent pas de rire la knimésie. J’ai découvert ces mots savants que je n’avais jamais entendu en lisant un article rapportant les travaux du Docteur Michael Brecht réalisés au centre de neurosciences de l’Université Humboldt à Berlin sur les rires des rats quand on leur chatouille le dos, le ventre ou la queue.

Le rire des rats (voir le film, lien en fin de billet) quand on les chatouille est inaudible car il s’agit de petits cris émis dans une fréquence (50 kHz) que l’oreille humaine ne perçoit pas. En enregistrant ces sons il a été possible de comprendre un peu ce qui se passait au niveau du comportement du rat qui en « redemande » tout simplement parce qu’il apprécie le rire provoqué par les chatouillements, le rire étant bon pour la santé comme pour les humains, c’est bien connu. Dans un environnement normal, le rat se laisse caresser mais si on le place dans une situation de stress : un éclairage violent par exemple, il ne réagit plus aux chatouilles. C’est aussi exactement comment cela se passe chez les êtres humains, en situation de stress les chatouilles ne sont plus agréables, ne font plus rire et sont insupportables. Un enfant ne se laisse pas chatouiller par un étranger qu’il ne connait pas, c’est bien connu aussi.

Tout se passe dans le cortex neurosensoriel. En implantant des électrodes dans le cerveau du rat une stimulation électrique déclenche un comportement analogue à celui provoqué par les chatouillements ainsi que le rire qui les accompagne. De plus, dans cette situation, le cerveau sécrète de la sérotonine, un neurotransmetteur jouant un rôle central dans les mécanismes de la récompense.

Source : Science, doi : 10.1126/science.aah5114 

Article aimablement communiqué par le Docteur Brecht qui est vivement remercié ici.

http://science.sciencemag.org/content/sci/suppl/2016/11/09/354.6313.757.DC1/aah5114s1.mp4

 

Il n’y a pas de quoi rire !

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On dit que la bonne humeur et le rire sont indispensables pour être en bonne santé et rire aux éclats relâche les tensions du stress. Il est vrai également qu’on fait travailler beaucoup plus de muscles de la face en faisant la gueule, un simple sourire ne faisant appel qu’à quelques-uns d’entre eux. Mais quand le rire aux éclats devient incontrôlable ça peut devenir inquiétant. C’est ce qui est arrivé à une petite bolivienne de 6 ans qui ne cessait d’éclater de rire sans raison apparente. Ses parents l’ont montrée à un psychiatre qui en a conclu un peu rapidement que l’enfant souffrait de troubles du comportement et qu’elle était peut-être possédée par le démon, il faut s’attendre à tout avec les psychiatres ! La situation empirant et la petite fille devenant terrorisée par ses propres crises de rire, les parents, désespérés, se résignèrent à soumettre cette dernière à des examens neurologiques plus approfondis et les radiologues découvrirent une petite tumeur bénigne qui compressait légèrement le lobe temporal gauche de son cerveau. Les médecins, qui ne sont jamais à court d’inspiration linguistique appellent ces épisodes de rire incontrôlables des « crises gélastiques », gélastique provenant du grec gelos qui veut dire rire, une forme d’épilepsie très rare. On attribue ce terme à un médecin de l’Hôtel-Dieu de Paris du nom de Trousseau qui diagnostiqua ce syndrome en 1877. Il faut dire qu’à l’époque le latin et le grec étaient obligatoires à l’école mais les temps ont changé. La tumeur mesurant 11 x 17 x 10 millimètres a été excisée et l’enfant se porte bien … Comme quoi il ne fallait pas en rire !

Source et illustration : ecancer.org (open access) DOI: 10.3332/ecancer.2014.436