Alimentation et santé : rumeurs et mensonges (1)

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Ce billet est le premier d’une série de 6 commentaires sur les fausses affirmations relatives à la nutrition et la santé basées sur des rumeurs infondées ou des articles de la presse dite à sensation. Nous vivons dans un monde inondé par les informations et celles-ci sont souvent fantaisistes. Je me suis moi-même retrouvé parfois pris au piège de ce flux incessant car je n’ai pas pris la peine de faire preuve de sens critique et de tenter de recouper une information. Tenir quotidiennement un blog requiert d’abord d’aller à la pêche sur internet et si une information semble crédible il ne faut pas croire a priori qu’elle est fiable et comme pour toute discipline scientifique il est nécessaire de procéder à des vérifications et cela peut se révéler fastidieux. Fort heureusement en science et médecine la plupart des articles publiés ont été soigneusement revus par des spécialistes, du moins faut-il s’en persuader, et il m’arrive souvent de demander à l’auteur correspondant d’un article de m’envoyer un tiré-à-part électronique et, peu convaincu, d’avoir des échanges épistolaires pour que me soient précisés certains points me paraissant obscurs. Globalement je pense que la qualité de mon blog est satisfaisante tant en ce qui concerne les sujets abordés qu’en ce qui concerne l’orthographe et la syntaxe, un point que je considère comme faisant partie du respect de mes fidèles lecteurs (il vaut mieux se complimenter soi-même …).

1. Le cas du syndrome du restaurant chinois.

En 1968 un médecin écrivit une note dans le très respecté New England Journal of Medicine relative à des troubles apparaissant à la suite d’un repas dans un restaurant chinois. Il existe une tradition dans la cuisine chinoise consistant à ajouter du glutamate de sodium (MSG pour mono-sodium glutamate) aux sauces car cet amino-acide que l’on retrouve dans tous les aliments et qu’on est capable de fabriquer dans le foie est, en contact avec les papilles gustatives de la langue un exhausteur de goût. Tout et n’importe quoi a été raconté au sujet de ce produit dont l’utilisation en cuisine est originaire du Japon. Il n’existe strictement aucune preuve scientifique au sujet de la toxicité de cet amino-acide qu’on retrouve aussi bien dans les tomates et les pommes de terre que dans la viande, les oeufs et le lait. Le syndrome du restaurant chinois est une affabulation totale.

2. Le café et le thé seraient néfastes pour la croissance osseuse.

Cette histoire d’interférence entre la caféine et l’assimilation du calcium est uniquement basée sur un marketing agressif de sociétés agro-alimentaires voulant promouvoir une alternative au café à partir de céréales grillées. Jamais la caféine n’a pu être démontrée comme inhibant l’assimilation du calcium. Non contentes de stigmatiser le café (et le thé) ces sociétés mercantiles ont même prétendu à grands renforts de publicité que la caféine était un poison nerveux pour les enfants, d’où la coutume familiale d’interdire le café aux enfants. La caféine est pourtant un stimulant du système nerveux central et à faible dose – une demi-tasse le matin – améliore l’attention des enfants en particulier à l’école.

3. Se couvrir pour ne pas attraper un rhume.

Ce n’est pas parce qu’on a froid qu’il sera plus probable de s’enrhumer. On s’enrhume ou on devient grippé si on est en contact avec l’un des virus provoquant ces maladies et le fait, en hiver, de passer beaucoup de temps enfermé chez soi est plus néfaste pour la santé que d’aller prendre un bon bol d’air frais à l’extérieur. De nombreuses études médicales ont montré qu’au contraire on se protégeait mieux contre les rhumes et la grippe en allant régulièrement se promener à l’extérieur quand il fait froid et la légende des courants d’air néfastes pour la santé à l’intérieur d’une maison relève de la même croyance absurde.

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4. Le tryptophane des produits carnés est soporifique.

Qui ne s’est pas senti un peu ensommeillé après un bon repas bien arrosé ? C’est normal car l’organisme a pris en charge la nourriture et ce processus consomme de l’énergie. En Amérique du Nord il existe un mythe consistant à affirmer que le tryptophane contenu dans la viande de dinde serait soporifique. Cette affirmation totalement infondée est basée sur le fait que le tryptophane, précurseur de la sérotonine et au final de la mélatonine, provoquerait un état de somnolence et le besoin urgent de faire une sieste. Aucune évidence scientifique n’a pu étayer cette affirmation fantaisiste. Le tryptophane est un amino-acide constituant des protéines mais il est peu abondant en comparaison par exemple du glutamate.

Source : Business Insider