Les dommages « collatéraux » de la guerre en Syrie

Capture d’écran 2017-07-10 à 16.03.26.png

Quand Poutine et Trump ont taillé le bout de gras à Hambourg la semaine dernière, ont-ils abordé les désastres sanitaires et humains occasionnés en Syrie par cette guerre civile largement provoquée et soutenue par les USA ? Certainement pas ! Non contents de « droner » des autobus bourrés d’enfants fuyant les zones de combat ou des hôpitaux et des écoles, de toutes les façons les Américains s’en lavent les mains (couvertes du sang d’innocents) et n’attendent tout simplement qu’une chose : que le pays soit complètement ruiné. Ils se moquent de ces dommages pudiquement appelés collatéraux par les haut-gradés du Pentagone. C’est tout simplement écoeurant !

Une information qui n’a été reprise par aucun média occidental – et pour cause ils sont tous à la botte de la CIA – concerne le désastre sanitaire syrien qui a atteint des proportions effrayantes. Dans la ville de Raqqa, tenue par ce qu’on a coutume d’appeler des rebelles, en d’autres termes des groupes de voyous financés par l’Arabie Saoudite et armés par les USA, et également dans le district de Deir-Ez-Zor, une épidémie de poliomyélite a provoqué ce printemps la paralysie irréversible de 25 enfants qui n’avaient pu être vaccinés en raison du conflit et donc du manque de vaccin. Alors que l’OMS s’est récemment félicité d’avoir pratiquement éradiqué la poliomyélite dans le monde, il s’agit ici d’un douloureux rappel à l’ordre adressé à l’humanité toute entière : ce sont surtout des innocents qui paient le plus lourd tribut aux conflits armés provoqués par Washington comme si la Syrie était un ennemi de l’Amérique !

Des équipes de volontaires, au total 416 personnes ont été dépêchées sur place, à Deir-Ez-Zor et Hasaka pour vacciner dans l’urgence plus de 300000 enfants avec des vaccins oraux en provenance d’Europe ou injectables en provenance, ironie de la situation, des USA. Le vaccin injectable en provenance des USA est dirigé contre les type 1 et 3 du virus, le type 2 ayant disparu de la planète il y a plus de 20 ans selon l’OMS, or l’épidémie syrienne actuelle est surtout provoquée par le virus de type 2, encore une ironie de la guerre … Mais infiniment préoccupante (collatéralement) car pratiquement plus personne n’est vacciné aujourd’hui dans le monde pour être protégé contre le virus de la polio de type 2. 

Seule la formulation orale immunisant contre les trois types de virus pourra donc être vraiment efficace. Cependant il n’y aura certainement pas assez de doses pour juguler l’épidémie. Déplorable situation : les Américains sont des criminels qui doivent être poursuivis par la justice internationale ! Tout simplement écoeurant.

Source et illustration (un enfant syrien recevant le vaccin oral) : STAT news

Dernière étape de l’éradication définitive de la poliomyélite

journal.ppat.1005316.g003.PNG

On a oublié dans nos mémoires la variole et on est en passe d’oublier également la poliomyélite. Le virus de la variole existe toujours mais a été éradiqué de la planète. On peut dire qu’il ne circule plus et ne fait plus de ravages car il est séquestré dans deux ou trois laboratoires dans le monde sous très haute surveillance. Par contre le virus de la polio est toujours bien présent mais il ne fait plus de ravages comme il y a encore une soixantaine d’années avant que le vaccin ne soit mis au point par Jonas Salk en 1955, ou presque plus car cette maladie virale n’est toujours pas totalement éradiquée. L’espoir mondial est que cette maladie frappant surtout les enfants qui peuvent rester en partie paralysés leur vie durant puisse disparaître aux alentours de 2018. C’est ce délai que se sont fixé les autorités internationales.

L’Organisation Mondiale de la Santé encourage toujours la vaccination systématique avec le virus atténué mais des cas sporadiques de polio sont toujours présents dans quelques pays comme l’Afghanistan, l’Inde, le Pakistan et le Nigéria malgré le fait que la dose de vaccin est le plus souvent distribuée gratuitement par les ONGs, elle ne coûte en effet que 0,14 centimes de dollar. En 2015 soixante-dix cas de polio ont été répertoriés dans le monde, 51 au Pakistan et 19 en Afghanistan mais 24 autres cas ont également été reconnus comme associés au vaccin constitué du virus vivant atténué et non pas du virus mort. L’année précédente 359 cas furent encore répertoriés. On assiste donc à une régression sensible de la maladie.

L’homme est le seul réservoir de ce virus et tant que ce dernier ne sera pas totalement éradiqué il faudra poursuivre les campagnes de vaccination. Un homme infecté par le virus peut en effet continuer à relarguer dans ses selles des particules virales pendant plusieurs années. Or il existe deux types de vaccins, celui consistant en une suspension du vaccin vivant atténué dit Sabin et le virus inactivé de type Salk. Le vaccin « Salk » (1955) nécessite une injection intramusculaire alors que le vaccin « Sabin » (1961) est administré par voie orale et est considéré comme plus efficace en termes d’immunité au niveau intestinal. Cependant les 24 cas de polio répertoriés en 2015 dus au vaccin Sabin sont la conséquence d’une mutation extrêmement rare du virus atténué mais encore vivant.

Quand plus aucun cas de polio ne sera reconnu officiellement et que la maladie sera considérée comme éradiquée, il faudra encore pratiquer la vaccination systématique des enfants afin de laisser au virus de temps de disparaître totalement. Il apparaissait donc d’ici 2018 un choix difficile à faire. Soit la souche Sabin originale serait encore utilisée avec des risques de cas de polio atténuée sans séquelles majeures, soit une forme atténuée « dirigée » par modification de l’ARN du virus pour obtenir une meilleure stabilité de ce dernier. De plus les risques de mutation du virus induisant un pouvoir virulent indésirable doivent être contrôlés et enfin le virus recombinant doit être facilement produit massivement sans avoir recours à la forme sauvage devant ensuite être atténuée comme c’est le cas avec le virus « Salk ».

Le modèle animal utilisé pour la mise au point de ce nouveau virus de la polio à des fins de vaccination est une lignée de souris transgéniques exprimant le récepteur humain du virus au niveau de l’intestin. On dispose donc aujourd’hui d’un virus de la polio totalement inoffensif, qui ne peut plus muter et retrouver son pouvoir virulent et qui présente une capacité immunogène satisfaisante. Il s’agit d’une belle illustration de la biologie moléculaire appliquée à la production d’une entité virale inoffensive pour la production d’un vaccin efficace et dénué de risques secondaires.

Source et illustration : http://journals.plos.org/plospathogens/article?id=10.1371/journal.ppat.1005316

Retour sur l’invention du vaccin contre la variole et la situation actuelle

640px-Child_with_Smallpox_Bangladesh

Pour les Français, c’est Pasteur qui a inventé la vaccination, en réalité ce n’est pas Pasteur et le nom même de vaccin vient directement d’une maladie contractée par les fermières anglaises (et de bien d’autres pays) en trayant leurs vaches, des sortes de pustules ressemblant à s’y méprendre à la variole. Les faits se déroulèrent au XVIIIe siècle, donc bien avant Pasteur et il est souvent riche d’enseignements de relire l’histoire car on découvre l’ingéniosité de l’esprit humain qui sut faire avancer la science à petits pas, certes, mais des petits pas qui aboutirent à la plus grande avancée de la médecine, c’est-à-dire la vaccination. On savait depuis des temps reculés en particulier en Chine et en Turquie, bien avant l’époque de l’empire Ottoman, que la variole de la vache – en français vaccine – protégeait efficacement contre la variole (humaine) ceux qui avaient souffert de cette maladie, la variole touchant les deux tiers de la population et tuant un cinquième d’entre eux.

La « vaccine » fut donc la première expérimentation dont la finalité était la stimulation du système immunitaire pour se protéger d’une maladie afin d’éviter d’en mourir. Les observations d’immunité acquise contre la variole après avoir souffert de la vaccine restaient inexpliquées et ce n’est qu’à la fin du XVIIIe siècle qu’Edward Jenner, un médecin anglais né à Berkeley dans le Gloucestershire, comprit ce qui se passait dans la réalité. Jenner préleva du pus provenant des pustules de malades souffrant de vaccine et inocula celui-ci à des personnes saines qui développèrent la maladie dans le but de les protéger contre la variole. Il vérifia son hypothèse d’une immunité acquise en « variolant » ces sujets. La variolation était une pratique développée depuis très longtemps en Chine qui consistait à recueillir le liquide présent dans les pustules des personnes atteintes de variole et de l’inoculer dans la peau de personnes saines. Celles-ci étaient alors protégées contre la variole après avoir développé les mêmes symptômes que la maladie proprement dite mais atténués. Le même protocole appliqué avec le pus des pustules de la vaccine conduisit au même niveau de protection sans toutefois induire parfois de graves symptômes comme c’était le cas avec la variolation.

Fort de cette observation Jenner entreprit de collecter des fonds pour appliquer sa méthode à de nombreuses personnes pour les protéger contre les épidémies récurrentes de variole. Aujourd’hui la variole, grâce à la vaccination systématique mise en place au XIXe siècle, est la première maladie mortelle à avoir été éradiquée totalement et la poliomyélite est en passe de subir le même sort. La vaccination contre la variole reste obligatoire pour les militaires américains et leurs familles … Curieux, d’autant plus que la communauté scientifique considère que ce vaccin est aujourd’hui l’un des moins sûrs, du moins si l’on se réfère à ce qu’affirme une étude datant de 2003. Le vaccin actuel (bien qu’on ne vaccine plus contre cette maladie dans la plupart des pays développés) est un virus atténué authentique obtenu avec des cultures de cellules (Vero) de rein de singe Vervet africain. Paradoxalement cette technique d’obtention de virus atténués fut aussi utilisée pour produire le virus atténué de la polio et manque de chance ou mauvais contrôle industriel, certaines campagnes de vaccination contre la polio aboutirent à répandre massivement un autre virus présent chez le Vervet, le SV40. Ce dernier virus est suspecté d’avoir contaminé des millions d’enfants et d’adultes lors des campagnes de vaccination contre la poliomyélite. Le SV40 hautement suspecté de favoriser l’apparition de cancers contamina des lots entiers de vaccins polio façon Salk ou façon Sabin. Si l’affaire ne fut pas trop ébruitée en son temps car il s’agissait de combattre la poliomyélite en urgence, il n’en reste pas moins qu’à l’époque, sans les moyens d’investigation puissants de la génétique moderne, les pouvoirs publics avaient pris de gros risques qui s’avérèrent rétrospectivement anecdotiques car les études épidémiologiques ne révélèrent aucune incidence sur la fréquence de rares formes de cancers ou tout au plus un soupçon favorisant l’apparition comme co-carcinogène des cancers de la plèvre avec l’amiante. Cette observation conduisit pour partie à interdire l’usage de l’amiante …

Ces rappels sont là tout simplement pour montrer qu’une urgence sanitaire peut conduire à des incidents de parcours qu’il est difficile de prévoir ou de maîtriser. Mais revenons à la variole. À la fin du XIXe siècle, se « faire vacciner » représentait un coût et seules les classes sociales aisées pouvaient se permettre ce luxe. Il en résulta tout naturellement que la variole continuait à faire des ravages chez les pauvres comme c’est le cas aujourd’hui pour d’autres maladies. On accusa donc les classes sociales supérieures, protégées contre la maladie mais néanmoins porteuses éventuelles du virus, de le transmettre aux « pauvres » et cet état de fait introduisit une sorte de ségrégation entre les vaccinés et les non vaccinés. Avec la généralisation de la vaccination, il semble que le virus ait évolué vers une forme moins agressive, fait qui contribua probablement à son éradication. Alors pourquoi conserver les souches de virus les plus dangereuses ? C’est du ressort des armées américaine et russe à tel point qu’en 2000 le gouvernement américain envisagea sous l’administration Bush de produire massivement des vaccins contre la variole car il s’agit d’une arme biologique dont il faut se protéger. Cependant la vaccination telle qu’elle fut décidée par l’armée américaine n’est pas anodine et les effets secondaires peuvent être vraiment indésirables et cela d’autant plus que ce projet était géré par des militaires. Il y eut tout de même un essai clinique organisé par l’armée américaine qui fut globalement catastrophique avec des complications cardiaques notoires pour des personnes ayant des pressions sanguines élevées, des taux de cholestérol hors normes, du diabète, un surpoids ou une prédisposition familiale à ces pathologies, autant dire plus de 60 % de la population américaine ! Pourtant 2,4 millions de militaires furent vaccinés entre 2002 et 2014 malgré les mises en garde du CDC. Il n’y a qu’un tout petit chemin à parcourir pour rapprocher cette campagne de vaccination du syndrome dit de la Guerre du Golfe qui coûta une fortune à l’armée américaine et qui persiste encore aujourd’hui sans qu’on ait pu en identifier les causes mais … suivez mon regard, car le nouveau vaccin produit par l’armée américaine est un véritable poison : le virus supposé désactivé est capable de s’installer et de créer ce qui s’appelle en jargon médical la « vaccine progressive », une sorte de variole atténuée qui progresse avec le temps au niveau du site de vaccination puis sur tout le corps. L’armée américaine a d’ailleurs inventé toutes sortes d’effets de la guerre du Golfe pour minimiser sa gestion catastrophique de cette vaccination obligatoire pour ses personnels comme par exemple l’utilisation de balles en uranium appauvri. Pas vraiment réjouissant !

La réintroduction de la vaccination contre la variole avec un virus atténué est donc potentiellement dévastatrice et ce qui est au contraire certain c’est que le virus détenu tant par les Russes que les Américains ne pourra jamais tomber dans les mains de terroristes tels qu’on les définit actuellement. La terreur pourrait au contraire provenir de l’establishment médico-pharmaceutique qui aimerait bien qu’une campagne de vaccination puisse être décidée afin de réaliser de monstrueux profits. On comprend donc un peu mieux pourquoi les souches de virus sont jalousement gardées, au cas où …

Liens :

http://www.jennermuseum.com/the-garden.html.

http://biotech.law.lsu.edu/blaw/bt/smallpox/Congress/040129_ABiodefenseFailureOneYearLater.pdf

http://www.vaccines.mil/documents/1702_SmallpoxScreeningForm.pdf

Note : la seule autre maladie virale définitivement éradiquée par vaccination est la peste bovine. Illustration Wikipedia : enfant atteint de variole en 1973.

Une nouvelle forme de poliomyélite ?

Si la poliomyélite a été pratiquement éradiquée dans le monde en dehors de quelques pays comme le Pakistan où la vaccination n’est pas tolérée en raison de croyances religieuses obscurantistes, le virus existe toujours et comme il fait partie de la vaste famille des entérovirus qui comprend des centaines de types, sous-types et autres variants génétiques, il n’est pas étonnant qu’une nouvelle maladie puisse émerger. Ce risque est d’autant plus préoccupant que ce petit virus à ARN a tendance à faire des erreurs multiples lorsqu’il se réplique dans les cellules infectées. Outre la poliomyélite, redoutable maladie, les entérovirus sont la cause de la plupart des gastroentérites ou du rhume banal dont on peut subir les désagréments été comme hiver.

Les types et sous-types les plus dangereux sont ceux qui s’attaquent au système nerveux comme le virus de la poliomyélite et l’un des sous-types, le A71, est connu pour être l’agent pathogène du syndrome pied-main-bouche, une dénomination un peu barbare qui résume l’apparition de petits boutons rouges sur la peau des enfants qui disparaissent spontanément dans la plupart des cas. Mais la même souche peut aussi s’attaquer au système nerveux et provoquer une paralysie partielle ou totale irréversible. Cinq enfants ont été récemment atteints en Californie. Bien qu’ayant tous été vaccinés contre la poliomyélite, ils présentaient tous les même symptômes, perte subite de motricité d’un membre suivie d’une paralysie totale dans les 48 heures. Trois enfants souffraient également de rhume et de problèmes respiratoires bénins et deux d’entre eux étaient porteurs de l’entérovirus A68, un sérotype très rare.

Ce n’est malheureusement pas la première alerte car depuis la fin des années 90, de nombreux cas ont été décrits en particulier en Asie et notamment au Viet-Nam. Même si le virologue Keith Van Haren de l’Université de Stanford se veut rassurant en affirmant qu’il s’agit de cas rarissimes, le moindre rhume peut en réalité être le premier signe avant-coureur d’une grave pathologie neurologique. Et comme il n’existe aucun traitement …

Source : ATS