
Les produits dits organiques coûtent en général beaucoup plus cher que leurs équivalents conventionnels mais la dépense supplémentaire est-elle vraiment justifiée ? Je sais que certains de mes lecteurs ne vont pas aimer mes arguments, pourtant il n’y a aucune différence entre organique et conventionnel ! Si la différence de prix est évidente, il est difficile de faire la différence dans la qualité en termes de contamination ou de valeur nutritionnelle. Le lait organique, la viande ou la laitue organiques sont-ils meilleurs ? Pas vraiment … Les laitues organiques peuvent être contaminées avec des E.coli comme leurs contreparties conventionnelles, les œufs, dans les deux cas peuvent aussi contenir des salmonelles et des hormones peuvent se retrouver dans le lait. Examinons donc 5 catégories de produits, le lait, les légumes, la viande, les œufs et le poisson. La principale différence que l’on pourrait attendre entre les deux sortes de lait est la teneur en acides gras omega-3. Le lait organique est légèrement plus riche en ces acides gras en raison du régime alimentaire des vaches mais la différence est tellement minime que payer un litre de lait trois fois plus cher n’est pas justifié. Pour information il y a autant d’omega-3 dans 100 grammes de saumon que dans 5 litres de lait, organique ou pas. Quant aux antibiotiques et aux hormones, parlons-en tout de même malgré le fait que l’usage des hormones est interdit dans la plupart des pays d’Europe mais pas les antibiotiques, l’étude ayant été réalisée aux USA. Chaque camion de lait est contrôlé et si des antibiotiques son décelés le chargement est détruit. Aux USA environ un chargement sur 6000 subit ce triste sort. L’usage des antibiotiques en cas de maladie entraine une carence légale durant laquelle le lait est détruit. Pour les hormones, la majorité du cheptel bovin américain est traité avec des injections d’hormone de croissance bovine produite par génie génétique. Il s’agit d’une protéine qui, si elle se retrouve dans le lait, est digérée comme toutes les autres protéines, son activité est détruite par la pasteurisation et n’a de toutes les façons aucun effet sur l’organisme humain. Pour les pesticides présents dans le lait, même chose, aucune différence n’a jamais pu être notée formellement entre le lait organique et le lait conventionnel.
Toujours à propos du lait, certains activistes écologistes ont avancé le fait que les vaches traitées avec de l’hormone de croissance produisaient plus d’Insulin like Growth Factor type I (IGF-I) supposé favoriser l’apparition de certains cancers. Il est opportun de signaler que les tourteaux de soja favorisent par un mécanisme encore inconnu la surproduction d’IGF. Dans le doute le lait bio ou le lait conventionnel c’est du pareil au même.
Pour les légumes c’est sensiblement la même histoire. Aucune étude scientifique digne de ce nom n’indique que les légumes dits « bio » ou « organiques » sont meilleurs pour la santé. Ce serait plutôt le contraire puisque l’usage raisonné de pesticides tendrait à diminuer l’occurrence de bactéries indésirables. La recherche de résidus de pesticides n’a pas pu permettre de conclure pour l’une ou l’autre des filières puisque près d’un tiers des légumes et fruits dits organiques sont « contaminés » avec des pesticides sans que la santé humaine soit pour autant compromise. Les produits maraîchers et fruitiers sont plus riches en résidus de pesticides, à concurrence de 60 % selon les études, mais les niveaux de résidus n’ont rien d’alarmant pour la santé. Cependant les organophosphorés pourraient poser problème, et le conditionnel est de mise puisqu’aucune étude n’a jamais pu démontrer clairement que sur le long terme les organophosphorés étaient délétères pour le cerveau. L’EPA américaine (Environmental Protection Agency) prévoit une étude détaillée qui devrait aboutir à la fin de l’année 2017 pour cette présence spécifique de résidus d’organophosphorés. Bref, rien de concluant pour le moment.
Si on s’intéresse aux qualités nutritives de la viande « organique » la situation est encore moins évidente. Le fait que les tenants de la viande bio revendiquent une plus importante teneur en omega-3 tient plutôt du mensonge car leur argument n’est basé que sur une teneur relative par rapport à la quantité totale de graisses. Or la viande bio ou organique est sensiblement moins grasse que la viande obtenue à partir d’élevages conventionnels. Il s’agit pour ce cas précis d’un détournement démagogique de résultats d’analyse obtenus selon des pratiques de laboratoire parfaitement codifiées afin d’alimenter une idéologie tendancieuse dont la finalité est de faire croire au consommateur que la viande dite bio est plus saine. L’explication est pourtant évidente car l’organisme requiert un certain pourcentage d’acides gras insaturés en position omega-3, je passe sur les détails, et les animaux élevés selon des critères organiques plus ou moins bien définis accumulent moins de graisses saturées et le taux d’omega-3 est mécaniquement augmenté. Reste les traces de pesticides dans la viande : aucune étude approfondie n’a jamais prouvé que les viandes organiques étaient exemptes de pesticides comme le clament les écologistes. Quelles que soient les conditions d’élevage, la situation est strictement identique. Pour les bactéries pathogènes, même cas de figure non significatif. Les viandes organiques, en particulier la viande de poulet est plus fréquemment contaminé par le Campylobacter mais sans que le seuil soit alarmant. En revanche certains viandes provenant d’élevages conventionnels peuvent être contaminées par des bactéries résistantes aux antibiotiques classiques. Les analyses effectuées sur la demande de la FDA n’ont jamais été concluantes ni dans un sens ni dans l’autre.
Les œufs. On entre dans un domaine hautement polémique fort intéressant et significatif de la collusion entre l’industrie agro-alimentaire et les régulateurs. Les œufs ont été accusés de véhiculer toutes sortes de bactéries dont la plus connue est la Salmonelle. Or un œuf fraichement pondu est essentiellement stérile et ce n’est que son conditionnement qui peut introduire des germes indésirables dont les Salmonelles de triste réputation. Cette simple observation a conduit au bannissement pur et simple de la préparation de sauce mayonnaise tant dans le secteur de la restauration commerciale que chez les particuliers qui par voie de conséquence se méfient des œufs après avoir été endoctrinés par des campagnes publicitaires tapageuses au sujet des risques sanitaires des mayonnaises. Il est d’abord intéressant de noter qu’une étude réalisée par l’Université de Stanford n’a pas pu montrer que les œufs organiques étaient moins contaminés par des bactéries que les œufs d’origine conventionnelle. De plus la présence de Salmonelles a très clairement été prouvée comme résultant d’une mauvaise conservation des œufs, en particulier soumis à des changements de température propice à des échanges variés au travers de la coquille de l’oeuf qui est poreuse. La peur a fait le reste et le lobby des producteurs de soja s’est emparé du problème en imposant l’utilisation de la lécithine de soja comme succédanée au jaune d’oeuf pour la mise en œuvre de la mayonnaise. Par voie de conséquence la mayonnaise est l’un des produits de l’industrie agro-alimentaire parmi les plus frelatés en termes d’additifs, d’antioxydants, de colorants et d’exhausteurs de goût, un cocktail que l’auteur de ces lignes est totalement incapable de prendre en charge sur le plan digestif. Les œufs, organiques ou non sont à 99,99 % exempts de salmonelles si leur conservation est correctement conduite.
Pour finir en parlant des poissons, il y a les poissons de rivière, de moins en moins parce qu’il y a surpêche et aussi pollution, les poissons océaniques qui ne peuvent en aucun cas être considérés comme « organiques » et enfin les poissons d’élevage, qu’il s’agisse des poissons d’eau douce comme les truites ou les espèces marines qui constituent d’ors et déjà plus de 60 % de tous les poissons consommés dans les pays de l’OCDE. A priori la loi interdit l’usage d’hormones et d’antibiotiques avec les poissons d’élevage mais la situation est pour le moins ténébreuse pour ne pas dire franchement opaque. La densité en terme de population des élevages de truites, de saumon, de rougets et autres dorades rend quasiment obligatoire l’usage sur-abondant d’antibiotiques et de fongicides. De plus la nourriture est un excellent véhicule inavoué pour introduire ces produits. Aucune étude sérieuse n’a pu montrer clairement, encore une fois, que les éleveurs respectaient les régulations à la lettre mais en tout état de cause, il n’existe pas de poissons d’élevages pouvant être approuvés « organiques » ou « bio », c’est tout simplement une vue de l’esprit. Il n’existe plus sur les étalages des poissonniers de saumons de rivière, et depuis longtemps : qui oserait acheter un kilo de saumon garanti de rivière d’Ecosse pour 500 euros ?
En conclusion, manger industriel, intensif, conventionnel, ou bio et organique n’est qu’une question de disponibilité financière sans aucun fondement sanitaire, chimique ou biochimique. Les consommateurs convertis au « bio » sont des alouettes piégées par le miroir mensonger d’exploitants agricoles et de distributeurs avides de profits faciles.
Source : Washington Post