Le non-évènement du fipronil dans les oeufs en Europe

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Le fipronil, un puissant insecticide découvert par Rhône-Poulenc au début des années 1980 et maintenant propriété de Bayer, bloque le canal potassium des neurones. Il n’est toxique que pour les insectes et certains poissons car correctement utilisé ce produit est inoffensif chez les autres vertébrés, en particulier chez l’homme. Le « scandale » de la présence de fipronil dans des oeufs vendus par des fermes avicoles néerlandaises en Europe est un non-évènement monté en épingle par je ne sais quelles associations de consommateurs intellectuellement indigentes qui se sont empressées d’alerter les gouvernements et les amateurs d’oeufs sans jamais mentionner quelle quantité exacte de ce produit était retrouvée dans un oeuf (voir note en fin de billet). Nulle part dans la presse ce renseignement clé a été clairement présenté en toute honnêteté.

L’usage du fipronil pour contrôler les parasites dans les élevages, dans le cas des oeufs néerlandais le pou rouge, est étroitement réglementé mais seuls des cas de toxicité aigüe chez l’être humain ont été décrit ces 30 dernières années en relation avec des tentatives de suicide. De là à se suicider en ingérant des oeufs soit-disant « contaminés » – comme l’écrivent les journalistes – avec des quantités infimes de fipronil est un évènement improbable. Comme pour le glyphosate, la désinformation fait partie de la vie quotidienne et c’est tout à fait regrettable. Nicolas Hulot, qui fit fortune en étant sponsorisé par Rhône-Poulenc durant des années (faut-il le rappeler) va vite émettre un avis d’alerte générale sans pour autant se préoccuper de la toxicité réelle des oeufs pour les consommateurs, étant parfaitement incompétent en la matière …

Note : Après avoir écrit ce billet j’ai finalement trouvé quelle était la teneur en fipronil des oeufs pompeusement qualifiés de « contaminés » comme si un élevage de poules pondeuses était aussi dangereux qu’une centrale nucléaire … Les oeufs prélevés pour analyse dans une ferme située sur la municipalité d’Ede (Pays-Bas) contiennent 0,30 mg de fipronil par kg. Or un oeuf pèse en moyenne 50 g, il faut donc 20 oeufs pour réunir une quantité de 0,30 mg, par conséquent un oeuf « contaminé » contient au plus 15 microgrammes de fipronil ! C’est astronomique pour les fonctionnaires de Bruxelles car ils ont stupidement et arbitrairement fixé les normes autorisées à 5 microgrammes par kg d’oeufs sans avoir jamais tenu compte des réalités des élevages de poulets. Qu’on m’envoie 10 douzaines de ces oeufs, je me ferai une omelette de 6 oeufs chaque jour et je suis convaincu que je ne serai absolument pas malade …

Alimentation et santé (6 et fin)

Alimentation et santé (6 et fin)

Il s’agira dans le dernier billet de cette série de café, de lait, d’oeufs et de gras. Encore une fois, exception faite de certains petits articles de politique, il m’arrive très rarement d’émettre une opinion personnelle. Je mets un point d’honneur à relater des faits scientifiques ou de société tels qu’ils ont été abordés par des journalistes, des chroniqueurs ou des bloguers comme votre serviteur mais j’essaie de privilégier les sources scientifiques initiales le plus souvent possible. De par ma carrière professionnelle passée, ayant acquis une certaine expérience en biologie et en chimie, ayant musardé quelques années dans le domaine de l’énergie nucléaire, je me permets d’aborder quelques sujets dérangeants et déformés par les médias que le public accepte tels qu’ils lui sont servis sur un plateau les yeux fermés sans exercer un instant un quelconque sens critique. Le climat, les vaccins, les plantes transgéniques, l’énergie nucléaire, la malbouffe, les mensonges, menu quotidien des politiciens, me donnent l’occasion d’affirmer ma position en la saupoudrant d’ironie quand il le faut. L’esprit humain ne peut pas filtrer toutes les informations qui lui parviennent en flux continu à chaque seconde de la journée, c’est impossible, et je tente d’effectuer chaque jour – quand je cherche un sujet d’inspiration pour mon blog – ce tri afin d’éviter de faire des erreurs. Comme, dit-on, l’erreur est humaine il m’est arrivé parfois de m’être trouvé abusé par une information littéralement gobée sans l’avoir pré-digérée et de me rendre compte de mon erreur. Dans ce billet, toutes les informations ont été vérifiées et recoupées. Il ne s’agit nullement d’inventions de ma part.

21. Le café et la bière sont des diurétiques

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Consommés modérément, en d’autres termes normalement, le café (caféine) et la bière, sous-entendu l’alcool, ne présentent aucun effet diurétique et ne risquent donc pas de provoquer une déshydratation de l’organisme. Une étude détaillée parue en 2016 dans la revue Clinical Nutrition (doi : 10.3945/ajcn.115.114769) est très claire : ce qui importe dans les boissons est surtout l’apport en eau à l’organisme. La balance hydrique de notre corps varie au cours de la journée. En effet, nous éliminons presque en continu de l’eau alors que nous ne buvons pas de manière continue. L’organisme dispose de moyens efficaces pour réguler cet état de choses en particulier avec les reins. Dans cette étude un indice d’hydratation des boissons (BHI ou beverage hydration index) a été défini de manière très simple en étudiant 72 sujets adultes et en bonne santé. Il leur a été demandé de boire en 30 minutes un litre de boissons comme ci-après. L’indice d’hydratation de la boisson considérée a été défini comme la quantité totale d’urine éliminée après 4 heures en comparaison de la même quantité d’urine éliminée en absorbant un litre d’eau. Le BHI est défini comme étant de 1 pour l’eau et le volume d’urine après 2 heures (ligne pointillée) éliminée après avoir bu 1 litre d’eau est divisé par le volume éliminé par ingestion des autres boissons. Les résultats sont tout à fait parlants. Les boissons suivantes ont le même effet que l’eau sur l’hydratation de l’organisme : coca-cola, coca-cola pauvre en calories (light), thé chaud, thé froid, café, bière, jus d’orange, eau gazeuse et boisson énergisante pour sportifs. Aucune différence avec l’eau ! Seuls les solutions salines de réhydratation par voie orale, le lait entier, le lait écrémé et dans une moindre mesure le jus d’orange permettent une réhydratation relative du corps puisque la quantité d’urine éliminée est inférieure après 4 heures de délai. Ceci s’explique très bien car le lait et la solution saline de réhydratation contiennent des sels minéraux, sodium, potassium, magnésium ou encore calcium. L’alcool et la caféine n’ont donc rien à voir avec l’hydratation du corps ou le maintien de cette dernière en équilibre. Une idée préconçue à mettre aux oubliettes.

22. Boire du lait c’est bon pour les os

Une étude réalisée à l’Université de Zürich englobant 195000 femmes de 60 ans et plus buvant ou non au moins un verre de lait chaque jour n’a pas pu mettre en évidence de différence quant à la fréquence de fractures du col du fémur. Cette étude est certes limitée aux seules femmes mais elle montre néanmoins que la disponibilité biologique du calcium présent dans le lait n’est pas celle que l’on croit. Cependant le lait constitue en lui-même un aliment à part entière car il apporte des sucres, des graisses, des protéines, des vitamines et des sels minéraux et il permet à l’organisme de maintenir l’homéostase hydrique (voir ci-dessus). Boire du lait n’est pas néfaste pour la santé, au contraire, mais pour la solidité des os il y a un gros doute.

23. Ne pas manger trop d’oeufs, c’est mauvais pour le cholestérol

Lorsque la doyenne italienne de l’humanité est décédée (voir le lien), l’information qui fit le tour du monde fut qu’elle mangeait depuis l’âge de 20 ans trois oeufs par jour dont deux crus. Après tout deux oeufs crus battus, agrémentés de sel, poivre, quelques fines herbes et saupoudrés de parmesan rapé pourquoi pas ? Toujours est-il que la croyance populaire dit que les oeufs augmentent catastrophiquement le taux de cholestérol sanguin. C’est du moins ce que vous dira votre médecin en vous regardant dans les yeux et si votre taux de cholestérol ne « lui convient pas » il vous prescrira des statines. Ben voyons !

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Et pourtant une étude réalisée par l’école de médecine de l’Université d’Harvard portant sur plus de 37000 personnes pendant 8 ans n’a pas pu vérifier toutes les études réalisées sur des modèles animaux en laboratoire ! En effet c’est à partir d’études sur les animaux de laboratoire, en particulier les rongeurs, que le corps médical s’est forgé une opinion au sujet des oeufs et du cholestérol. Un telle investigation remet radicalement en question la transposition à l’homme de tous les travaux réalisés avec des animaux et pas seulement en ce qui concerne la nutrition. Il faut aussi prendre en considération les nombreux essais cliniques décidés sur des êtres humains après des résultats de laboratoire sur des animaux, surtout des souris et des rats, compte tenu de la différence incontournable entre les rongeurs et nous-mêmes.

L’étude réalisée à l’Université d’Harvard a aussi indiqué que l’abus d’acides gras saturés et « trans-« , ceux qui sont produits par hydrogénation partielle des huiles végétales, était au contraire propice à l’élévation du taux de mauvais cholestérol dans le sang, nommément les LDLs. Rien à voir avec les oeufs ! Encore une idée totalement fausse (source JAMA, doi : 10.1001/jama.281.15.1387).

24. Manger « gras » fait grossir

L’affaire des graisses qui font grossir, car il s’agit bien d’une histoire montée de toutes pièces, remonte à la fin des années 1970 quand une étude financée par la Fondation Américaine de la Recherche sur le Sucre affirma que les graisses faisaient grossir. Cette étude réalisée également à l’Université d’Harvard parut dans le JAMA et fit à l’époque grand bruit pas seulement aux USA. Progressivement, sous la pression constante du lobby des producteurs de sucre et avec la complaisance du corps médical, la population se reconvertit aux carbohydrates. On connait aujourd’hui les immenses dégats de l’abus de sucres sur les maladies cardiovasculaires, l’obésité et le diabète.

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Soixante pour cent de la population américaine est en surpoids ou franchement obèse et l’Europe n’a pas attendu pour rattraper les habitudes alimentaires riches en sucres de la malbouffe industrielle et de la restauration rapide. Une récente étude parue dans le British Medical Journal a clairement montré que l’abandon ou la réduction des graisses dans l’alimentation ne reposait sur aucune évidence scientifique sérieuse. Le beurre, les oeufs, les graisses animales furent diabolisés et il est encore difficile aujourd’hui de s’affranchir même au niveau personnel de cette propagande du lobby des producteurs de sucre. En ajoutant à ce désastre nutritionnel l’utilisation de sirops enrichis en fructose et d’huiles végétales partiellement hydrogénées on obtient un cocktail alimentaire parfait pour se ruiner la santé (lien, doi : 10.1136/openhrt-2014-000196)

Source : Business Insider. Fin de cette série

https://jacqueshenry.wordpress.com/2017/04/19/la-doyenne-de-lhumanite-est-decedee/

Organique (« bio ») ou conventionnel ?

 

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Les produits dits organiques coûtent en général beaucoup plus cher que leurs équivalents conventionnels mais la dépense supplémentaire est-elle vraiment justifiée ? Je sais que certains de mes lecteurs ne vont pas aimer mes arguments, pourtant il n’y a aucune différence entre organique et conventionnel ! Si la différence de prix est évidente, il est difficile de faire la différence dans la qualité en termes de contamination ou de valeur nutritionnelle. Le lait organique, la viande ou la laitue organiques sont-ils meilleurs ? Pas vraiment … Les laitues organiques peuvent être contaminées avec des E.coli comme leurs contreparties conventionnelles, les œufs, dans les deux cas peuvent aussi contenir des salmonelles et des hormones peuvent se retrouver dans le lait. Examinons donc 5 catégories de produits, le lait, les légumes, la viande, les œufs et le poisson. La principale différence que l’on pourrait attendre entre les deux sortes de lait est la teneur en acides gras omega-3. Le lait organique est légèrement plus riche en ces acides gras en raison du régime alimentaire des vaches mais la différence est tellement minime que payer un litre de lait trois fois plus cher n’est pas justifié. Pour information il y a autant d’omega-3 dans 100 grammes de saumon que dans 5 litres de lait, organique ou pas. Quant aux antibiotiques et aux hormones, parlons-en tout de même malgré le fait que l’usage des hormones est interdit dans la plupart des pays d’Europe mais pas les antibiotiques, l’étude ayant été réalisée aux USA. Chaque camion de lait est contrôlé et si des antibiotiques son décelés le chargement est détruit. Aux USA environ un chargement sur 6000 subit ce triste sort. L’usage des antibiotiques en cas de maladie entraine une carence légale durant laquelle le lait est détruit. Pour les hormones, la majorité du cheptel bovin américain est traité avec des injections d’hormone de croissance bovine produite par génie génétique. Il s’agit d’une protéine qui, si elle se retrouve dans le lait, est digérée comme toutes les autres protéines, son activité est détruite par la pasteurisation et n’a de toutes les façons aucun effet sur l’organisme humain. Pour les pesticides présents dans le lait, même chose, aucune différence n’a jamais pu être notée formellement entre le lait organique et le lait conventionnel.

Toujours à propos du lait, certains activistes écologistes ont avancé le fait que les vaches traitées avec de l’hormone de croissance produisaient plus d’Insulin like Growth Factor type I (IGF-I) supposé favoriser l’apparition de certains cancers. Il est opportun de signaler que les tourteaux de soja favorisent par un mécanisme encore inconnu la surproduction d’IGF. Dans le doute le lait bio ou le lait conventionnel c’est du pareil au même.

Pour les légumes c’est sensiblement la même histoire. Aucune étude scientifique digne de ce nom n’indique que les légumes dits « bio » ou « organiques » sont meilleurs pour la santé. Ce serait plutôt le contraire puisque l’usage raisonné de pesticides tendrait à diminuer l’occurrence de bactéries indésirables. La recherche de résidus de pesticides n’a pas pu permettre de conclure pour l’une ou l’autre des filières puisque près d’un tiers des légumes et fruits dits organiques sont « contaminés » avec des pesticides sans que la santé humaine soit pour autant compromise. Les produits maraîchers et fruitiers sont plus riches en résidus de pesticides, à concurrence de 60 % selon les études, mais les niveaux de résidus n’ont rien d’alarmant pour la santé. Cependant les organophosphorés pourraient poser problème, et le conditionnel est de mise puisqu’aucune étude n’a jamais pu démontrer clairement que sur le long terme les organophosphorés étaient délétères pour le cerveau. L’EPA américaine (Environmental Protection Agency) prévoit une étude détaillée qui devrait aboutir à la fin de l’année 2017 pour cette présence spécifique de résidus d’organophosphorés. Bref, rien de concluant pour le moment.

Si on s’intéresse aux qualités nutritives de la viande « organique » la situation est encore moins évidente. Le fait que les tenants de la viande bio revendiquent une plus importante teneur en omega-3 tient plutôt du mensonge car leur argument n’est basé que sur une teneur relative par rapport à la quantité totale de graisses. Or la viande bio ou organique est sensiblement moins grasse que la viande obtenue à partir d’élevages conventionnels. Il s’agit pour ce cas précis d’un détournement démagogique de résultats d’analyse obtenus selon des pratiques de laboratoire parfaitement codifiées afin d’alimenter une idéologie tendancieuse dont la finalité est de faire croire au consommateur que la viande dite bio est plus saine. L’explication est pourtant évidente car l’organisme requiert un certain pourcentage d’acides gras insaturés en position omega-3, je passe sur les détails, et les animaux élevés selon des critères organiques plus ou moins bien définis accumulent moins de graisses saturées et le taux d’omega-3 est mécaniquement augmenté. Reste les traces de pesticides dans la viande : aucune étude approfondie n’a jamais prouvé que les viandes organiques étaient exemptes de pesticides comme le clament les écologistes. Quelles que soient les conditions d’élevage, la situation est strictement identique. Pour les bactéries pathogènes, même cas de figure non significatif. Les viandes organiques, en particulier la viande de poulet est plus fréquemment contaminé par le Campylobacter mais sans que le seuil soit alarmant. En revanche certains viandes provenant d’élevages conventionnels peuvent être contaminées par des bactéries résistantes aux antibiotiques classiques. Les analyses effectuées sur la demande de la FDA n’ont jamais été concluantes ni dans un sens ni dans l’autre.

Les œufs. On entre dans un domaine hautement polémique fort intéressant et significatif de la collusion entre l’industrie agro-alimentaire et les régulateurs. Les œufs ont été accusés de véhiculer toutes sortes de bactéries dont la plus connue est la Salmonelle. Or un œuf fraichement pondu est essentiellement stérile et ce n’est que son conditionnement qui peut introduire des germes indésirables dont les Salmonelles de triste réputation. Cette simple observation a conduit au bannissement pur et simple de la préparation de sauce mayonnaise tant dans le secteur de la restauration commerciale que chez les particuliers qui par voie de conséquence se méfient des œufs après avoir été endoctrinés par des campagnes publicitaires tapageuses au sujet des risques sanitaires des mayonnaises. Il est d’abord intéressant de noter qu’une étude réalisée par l’Université de Stanford n’a pas pu montrer que les œufs organiques étaient moins contaminés par des bactéries que les œufs d’origine conventionnelle. De plus la présence de Salmonelles a très clairement été prouvée comme résultant d’une mauvaise conservation des œufs, en particulier soumis à des changements de température propice à des échanges variés au travers de la coquille de l’oeuf qui est poreuse. La peur a fait le reste et le lobby des producteurs de soja s’est emparé du problème en imposant l’utilisation de la lécithine de soja comme succédanée au jaune d’oeuf pour la mise en œuvre de la mayonnaise. Par voie de conséquence la mayonnaise est l’un des produits de l’industrie agro-alimentaire parmi les plus frelatés en termes d’additifs, d’antioxydants, de colorants et d’exhausteurs de goût, un cocktail que l’auteur de ces lignes est totalement incapable de prendre en charge sur le plan digestif. Les œufs, organiques ou non sont à 99,99 % exempts de salmonelles si leur conservation est correctement conduite.

Pour finir en parlant des poissons, il y a les poissons de rivière, de moins en moins parce qu’il y a surpêche et aussi pollution, les poissons océaniques qui ne peuvent en aucun cas être considérés comme « organiques » et enfin les poissons d’élevage, qu’il s’agisse des poissons d’eau douce comme les truites ou les espèces marines qui constituent d’ors et déjà plus de 60 % de tous les poissons consommés dans les pays de l’OCDE. A priori la loi interdit l’usage d’hormones et d’antibiotiques avec les poissons d’élevage mais la situation est pour le moins ténébreuse pour ne pas dire franchement opaque. La densité en terme de population des élevages de truites, de saumon, de rougets et autres dorades rend quasiment obligatoire l’usage sur-abondant d’antibiotiques et de fongicides. De plus la nourriture est un excellent véhicule inavoué pour introduire ces produits. Aucune étude sérieuse n’a pu montrer clairement, encore une fois, que les éleveurs respectaient les régulations à la lettre mais en tout état de cause, il n’existe pas de poissons d’élevages pouvant être approuvés « organiques » ou « bio », c’est tout simplement une vue de l’esprit. Il n’existe plus sur les étalages des poissonniers de saumons de rivière, et depuis longtemps : qui oserait acheter un kilo de saumon garanti de rivière d’Ecosse pour 500 euros ?

En conclusion, manger industriel, intensif, conventionnel, ou bio et organique n’est qu’une question de disponibilité financière sans aucun fondement sanitaire, chimique ou biochimique. Les consommateurs convertis au « bio » sont des alouettes piégées par le miroir mensonger d’exploitants agricoles et de distributeurs avides de profits faciles.

Source : Washington Post

 

Malbouffe : une autre conspiration ?

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Depuis les années 70 et l’émergence des mouvements sociétaux de prise en compte des effets de la nourriture sur la santé et du souci d’une alimentation dite plus saine, non seulement les autorités de santé ont lancé des signaux d’alarme sans aucun fondement scientifique mais les industriels de l’agro-alimentaire leur ont emboité le pas pour réaliser des profits inespérés. Tout a commencé quand on a normalisé les analyses sanguines relatives à la teneur en divers corps gras, acides gras et cholestérol, et à relier ces normes à l’incidence des maladies cardio-vasculaires. Mais cette relation n’était pas prouvée ni statistiquement ni au cas par cas. Pour illustrer cette situation surréaliste, une étude portant sur 231986 patients hospitalisés pour des problèmes cardiaques vient de clairement montrer que la moitié d’entre eux avaient des taux normaux de LDL. Or les LDL, c’est la bête noire des cardiologues et des nutritionnistes qui à longueur de publicités et de recommandations affirment, donc sans preuve formelle comme le montre a posteriori cette étude (American Heart Journal (2009) 157(1), 111-117) que manger « gras » est mauvais pour la santé et pourtant ce dogme des LDL est bien ancré dans les esprits.

Pour abaisser le taux de LDL il faut manger moins de corps gras et surtout moins de produits riches en cholestérol, voilà la ligne de conduite qui a été adoptée. Si on examine en détail le problème, des protéines sanguines dont en particulier l’albumine sont chargées de véhiculer les corps gras vers leur lieu d’utilisation depuis le foie et retour vers ce dernier organe, comme les globules rouges véhiculent l’oxygène dans un sens puis le gaz carbonique dans l’autre en passant par les poumons. Pour les corps gras, acides gras libres, phospholipides (mono-, di- et tri-glycérides) et cholestérol pour faire bref, il y a des lipoprotéines de haute densité (HDL) et des lipoprotéines de faible densité (LDL) et parmi ces LDL, il y en a plusieurs catégories, celles dites légères et compactes et celles dites légères et floconneuses si on peut utiliser ce termes puisque tout est compliqué en biologie. La classification et la quantification sont aujourd’hui faites par des techniques de résonance magnétique nucléaire rapides et précises. Puisque les corps gras en général ont été incriminés une analyse sanguine permet de situer « l’état » du patient en regard de normes internationalement établies. L’analyse donne donc un profil de ce que l’on appelle d’ailleurs abusivement le bon et le mauvais cholestérol et des triglycérides. Le bon cholestérol est fixé sur des lipoprotéines de haute densité et le mauvais sur des lipoprotéines de faible densité, ces fameuses LDL et le médecin vous dira doctement, comme il sait si bien le faire et d’ailleurs on le croit sur parole, qu’il faut faire attention à l’alimentation, en un mot ne pas manger trop gras. Et si ça ne suffit pas, une louche de statines et le tour est joué, tout le monde est content et rassuré, le patient en premier lieu qui ne se pose en général pas de questions, le médecin qui n’a pas pris de risques, et au final les industriels de l’agroalimentaire qui ont pour devoir de fabriquer des produits conformes aux normes et les pharmaciens qui vendent leurs poisons. Tout est donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, sauf que depuis la fin des années 70 et l’apparition de ces « normes dogmatiques », l’obésité, les maladies cardio-vasculaires et le diabète de type II ont progressé sans arrêt dans le monde occidental, au même rythme que la progression des volumes d’acides gras hydrogénés et de sucres dans l’alimentation.

Et pourtant le but était d’atteindre une meilleure hygiène alimentaire en réduisant l’apport de corps gras, à n’y rien comprendre !

On a commencé par bannir le beurre au profit de la margarine, un non sens total puisque la margarine contient des acides gras « trans » hautement toxiques apparaissant au cours de l’hydrogénation industrielle des huiles servant à fabriquer ce substitut du beurre. La margarine est dangereuse pour la santé, point ! Ensuite on a banni (au moins en partie) les œufs parce qu’ils sont riches en cholestérol. Comme si manger des œufs était malsain, on ne peut pas trouver aliment aussi complet avec le lait entier puisqu’un œuf apporte tout ce qu’il faut à un embryon constitué d’une seule cellule pour se transformer en poussin et le lait est le seul aliment du nourrisson et il lui permet de survivre et de grandir au moins dans les premiers mois de sa vie. Pour le lait, il faut presque chercher dans un supermarché le lait entier tant il se fait rare en comparaison des mètres de linéaires encombrés par toutes sortes de produits dits lactés et pseudo-lactés qu’il vaut mieux éviter pour préserver sa santé, à part peut-être les yaourts natures préparés avec du lait entier non reconstitué mais c’est devenu introuvable ! Manger ou non des œufs ne modifie en rien le taux de cholestérol sanguin, bon au mauvais, et aucune relation n’a pu être établie avec les maladies cardiovasculaires ( http://jama.jamanetwork.com/article.aspx?articleid=189529 ).

Pour remettre le vulgum pecus dans les « normes » sanguines on lui a aussi conseillé de manger moins gras d’une manière générale. Or manger « moins » gras n’entraine pas de perte de poids ni de réduction des maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires et c’est là où le dogme est le plus insidieusement faux : prétendre que les taux de cholestérol total et de cholestérol LDL sont de bons indicateurs du risque d’infarctus est tout simplement infondé comme cela a été mentionné plus haut. Comme pour appuyer là où ça fait mal une étude parue dans le journal Lancet en 1997 et concernant des personnes âgées de 85 ans et plus a permis d’établir une corrélation parfaite entre le taux de cholestérol total et la morbidité mais pas dans le sens attendu ! Plus ces vieillards présentaient un taux de cholestérol total élevé plus leur espérance de vie était allongée, ce qui d’ailleurs remet sérieusement en cause l’administration de statines (Lancet (1997) 350, 1119-1123) non seulement aux personnes âgées mais peut-être bien aussi aux « moins » âgées …

Puis a émergé on ne sait trop pourquoi la mode des omega-3 qu’une alimentation saine et équilibrée suffit à nous procurer et cette mode a aidé à faire passer l’idée totalement infondée que les acides gras saturés augmentaient le taux de LDL. Or les acides gras saturés ont au contraire tendance à réduire les LDL dits denses en les convertissant en LDL « floconneux » beaucoup moins nocifs que les premiers et également à augmenter le « bon » cholestérol associé aux HDL. Réduire dans son alimentation les acides gras saturés (naturels et non provenant d’une hydrogénation) est donc une absurdité puisqu’une étude portant sur près de trois cent cinquante mille personnes suivies pendant 20 ans n’a jamais pu montrer clairement un risque cardiovasculaire associé (American Journal of Clinical Nutrition, janvier 2010).

Mais bien pire dans le genre, les nutritionnistes le disent et le redisent « manger gras fait grossir », or de nombreuses études démentent ce dogme. Avec un apport calorique équivalent, corps gras + sucres, un régime riche en corps gras provoque une plus importante perte de poids qu’un régime riche en sucres avec un accroissement du « bon » cholestérol, une diminution de la glycémie et une perte de poids abdominal ( American Journal of Clinical Nutrition (2009) 90, 23-32 ) et pourtant ces nutritionnistes pour la plupart experts auto-proclamés car en la matière le charlatanisme est monnaie courante (et trébuchante) soutiennent le contraire.

Enfin, pour faire carrément dans le sordide et le glauque, avec à l’appui toutes ces recommandations infondées et largement démenties a posteriori, les industriels de l’agroalimentaire dégraissent certains aliments mais il y a un gros problème, ces produits industriels deviennent immangeables ! Qu’à cela ne tienne, pour les rendre comestibles (pour rester pudique) il suffit de rajouter du sucre. C’est ainsi qu’on trouve des hamburgers maigres mais bourrés de sirop de sucre de maïs, un produit industriel souvent enrichi en fructose ainsi que divers rehausseurs de goût et autres arômes artificiels. Il n’y a malheureusement pas que les hamburgers. Quand vous vous arrêtez dans un supermarché et que vous voyez une étiquette qui précise que le produit qui vous tente est appauvri en graisses et de qualité diététique, fuyez à grandes enjambées, ce produit contient certainement du sucre, choisissez l’équivalent naturel, s’il existe encore.

Dans cette imposture soi-disant médicalement prouvée, les industriels de l’agroalimentaire sont les grands gagnants et les médecins, les pharmaciens et les nutritionnistes ont par la même occasion créé un formidable fond de commerce en rendant délibérément malade un pourcentage considérable de la population.

Bon réveillon tout de même !

Billet inspiré d’un article paru dans Authority Nutrition (authoritynutrition.com), illustration Wikipedia

La date limite de vente des oeufs et du miel

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Les produits alimentaires sont étiquetés selon la loi afin de donner une information aux consommateurs et de les rassurer plus que de protéger leur santé comme on va le découvrir. La législation varie selon les pays mais globalement elle a décidé selon des critères opaques quel était le laps de temps entre la fabrication du produit et sa consommation par l’utilisateur final, en l’occurrence tout un chacun. Prenons deux exemples, les œufs et le miel. Les œufs frais sont considérés comme sains s’ils sont consommés au moins vingt et un jours après la ponte. La date de la ponte est souvent imprimée sur l’oeuf lui-même avec une imprimante à jet d’encre. Le producteur s’adresse à un grossiste qui va revendre les œufs aux chaines de distribution, à d’autres grossistes établis dans les plate-formes régionales genre Rungis pour la région parisienne ou aux épiceries de quartier si le grossiste peut ainsi réaliser un volume de vente suffisant pour amortir ses frais de transport. En général, tous les œufs doivent se trouver sur les étalages des détaillants au plus tard deux à trois jours seulement après la date de ponte, car il s’agit d’un produit dit sensible. On considère que le client, donc le consommateur, doit les acheter puis ne pas les consommer au delà de la date limite et ceci a pour conséquence pratique désastreuse que le détaillant retire les œufs de la vente avant la date limite indiquée sur l’emballage car il sait par expérience que les œufs sont devenus invendables au delà de dix jours suivant la date de ponte. Il en résulte une perte évaluée à plus du tiers de la production d’oeufs qui sont purement et simplement jetés alors qu’ils auraient encore pu être consommés sans danger. Naturellement cette situation entraine une renchérissement du prix de vente puisqu’il prend en compte cette perte. L’exemple des œufs « frais » est l’exemple extrême de la date limite de consommation. On pourrait imaginer des œufs de fraicheur moyenne laissés à la vente jusqu’à trente jours après la ponte et soldés à moitié prix mais personne ne les achèterait. Il existe pourtant deux moyens très simples de s’assurer de la qualité de l’oeuf, le casser dans une tasse et le sentir. Si la membrane vitelline se brise libérant le jaune, il vaut mieux ne pas consommer l’oeuf et normalement un œuf propre à la consommation ne dégage pratiquement aucune odeur. Ce sont de vieilles pratiques de nos grand-mères qui ont totalement disparu. Le cas du miel est encore plus intéressant. Le miel est régurgité par les abeilles après une digestion partielle qui a pour but de produire une solution mixte de glucose et de fructose après l’action de l’invertase contenue dans le suc digestif de l’abeille et parallèlement de réduire la teneur en eau du nectar floral jusqu’à moins de 15 %. Le miel est donc un produit presque déshydraté contenant outre les sucres mentionnés des acides aminés et d’autre composés en quantité négligeable mais cependant suffisante pour que miel s’assombrisse avec le temps. Est-ce la raison pour laquelle on trouve sur les bouchons des bocaux de miel une date limite de consommation, je l’ignore. Avant d’écrire ce billet je suis allé dans le petit supermarché au coin de ma rue et j’ai relevé les dates limites d’utilisation de deux miels différents de palme, c’est-à-dire du miel sombre provenant du nectar des inflorescences des palmiers canariens, les mêmes que ceux se trouvant sur la promenade des Anglais à Nice, juillet 2014 et août 2015. J’en ai déduit que la date limite de consommation du miel devait être de deux ans. Il est utile d’apporter une petite précision sur ces dates. Aux Canaries, au moins à Tenerife, il pleut en général sporadiquement entre la fin du mois de septembre et la fin du mois de février. Les précipitations d’automne entrainent souvent une floraison de certaines plantes qui perdurera jusqu’en avril-mai. Les amandiers fleurissent par exemple au mois de janvier et les palmiers entre janvier et avril. La récolte du miel doit donc avoir lieu durant les mois secs d’été. Mais est-il justifié d’appliquer au miel une date limite de consommation, quels sont les critères de fraicheur du miel et comment ont-ils été établis par le législateur ? J’avoue que je reste perplexe d’autant plus que beaucoup de miels sont pasteurisés par ultra-sons ou rayons gamma. S’il n’y avait que le miel qui défie le bon sens élémentaire, mais de nombreuses autres denrées alimentaires sont interdites à la vente après une certaine date et détruites. On estime à environ un tiers la destruction des denrées alimentaires à cause de dates d’utilisation réglementaires le plus souvent fantaisistes. Au Japon seulement, on estime que 18 millions de tonnes de denrées alimentaires sont détruites chaque année pour cette raison ! C’est n’importe quoi …

Billet inspiré d’un article paru dans le Japan Times (photo Wikipedia : œuf conservé dans du vinaigre et coloré avec des betteraves rouges)

Le gouvernement français marche sur des œufs !

Il aura suffi que quelques centaines de milliers d’oeufs déversées dans les rues en Bretagne pour que Le Foll prenne conscience, enfin, du marasme dans lequel se trouvent les agriculteurs de la France profonde. Après avoir trimé toute une vie sans réussir à rembourser toutes leurs dettes, bon nombre d’agriculteurs retraités sont dans la misère, arnaqués par la MSA (ne pas confondre avec NSA) leur mutuelle de retraite, au bord d’un immense gouffre financier car il y n’y a plus assez d’actifs pour financer toutes les retraites, sans parler de la gestion calamiteuse de cet organisme, mais c’est un autre problème qu’on retrouve chaque fois qu’un organisme social est géré par un syndicat, représentatif ou non. Aux incuries à répétition des politiques agricoles des gouvernements successifs se sont surajoutées les directives européennes du genre « il faut plus d’espace vital aux poules pondeuses car elles souffrent de problèmes psychologiques ». Certes les gallinacés ne brillent pas par leur intelligence mais ce sont plutôt les fonctionnaires de Bruxelles et les députés de Strasbourg qui souffrent de graves problèmes psychologiques ! Leurs décisions stupides et anti-économiques ont conduit les producteurs d’oeufs à la faillite après avoir été contraints de réaménager leurs élevages à grands renforts de nouvelles dettes pour finalement vendre leurs œufs à perte et sans aucun espoir de voir leur train de vie déjà médiocre s’améliorer. Les révoltes paysannes françaises finissent toujours dans la violence, Le Foll, à n’en pas douter, va créer un impôt « oeufs » car cette histoire d’oeufs risque de sentir rapidement très mauvais …