L’objectif « zéro carbone » : un doux rêve

Il ne faut pas rêver, une civilisation moderne décarbonée est un objectif impossible à atteindre dans l’état actuel des connaissances scientifiques et technologiques à l’horizon 2050 et encore moins à l’horizon 2030. Cette obsession de la neutralité carbone a conduit les gouvernements à prendre des décisions irréalisables. Prenons l’exemple des moulins à vent considérés comme la panacée pour réduire les émissions de carbone. Outre le fait que les ressources en lanthanides nécessaires pour la production d’aimants permanents sont limitées, ces immenses machines nécessitent des quantités d’acier extravagantes pour produire quelques MWs quand les conditions météorologiques sont favorables. Dans l’état actuel des technologies de production de l’acier l’utilisation de pétrole ou de charbon est incontournable. La seule alternative existante pour réduire les émissions de CO2 lors de la production d’acier est la réduction de la fonte à l’aide d’hydrogène, pour faire très court car écrire deux pages au sujet de ce procédé industriel serait inutile. Apparaît alors le problème de la production d’hydrogène pour décarboner (au moins en partie) les aciéries mais ce même problème se posera pour les voitures équipées de « piles à combustible ». L’industrie de l’acier a une mauvaise image de marque car elle est polluante mais pour construire des éoliennes il faut beaucoup d’acier, 7 à 10 fois plus par kW installé que pour une centrale nucléaire. Il est donc très facile de comprendre que considérer comme non polluantes en termes de carbone ces éoliennes est un pur mensonge.

Et ce mensonge perdurera tant que l’industrie sidérurgique ne pourra pas avoir accès à de l’hydrogène à un prix abordable. Il n’existe qu’une seule possibilité pour produire de l’hydrogène à bas coût mais celle-ci ne plait pas trop aux tenants des énergies dites « vertes ». Il s’agit des réacteurs nucléaires à très haute température refroidis avec de l’hélium sous haute pression de génération IV susceptibles d’alimenter une unité de production d’hydrogène mettant en œuvre le cycle dit iode-sulfate dont l’une des étapes requiert une température de 830 °C. Seuls les réacteurs nucléaire à très haute température (environ 1000 degrés en sortie du circuit primaire) sont capables de fournir une telle température à un stade industriel qui soit totalement décarboné ( https://en.wikipedia.org/wiki/Very-high-temperature_reactor ).

On en revient donc au rôle majeur que devra jouer à l’avenir l’énergie nucléaire pour tenter de réduire les émissions de carbone à un coût modéré qui ne soit pas dévastateur pour l’économie. À ma connaissance le seul pays au monde développant aujourd’hui ce type de technologie est la Chine. Le Japon s’est fixé un objectif de « neutralité carbone » à l’horizon 2050, la Chine a opté pour l’horizon 2060 car ce pays a pris en compte le poste industriel de production d’acier. Ce poste, pour atteindre une réduction des émissions de carbone suffisante, n’aura pas d’autre alternative que les réacteurs nucléaires de quatrième génération. Il en est de même pour tous les autres pays industrialisés dont en Europe en particulier l’Allemagne, pays qui, paradoxalement, veut se « dénucléariser ». Encore une fois le sujet abordé dans ce billet met en évidence la mauvaise planification des pays européens qui parient sur le « tout renouvelable », une posture totalement déconnectée des réalités industrielles. Gouverner c’est prévoir, dit-on, il faut se rendre à l’évidence que seule la Chine est capable de prévoir …

Le « Green New Deal » européen : un miroir aux alouette

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Le Green Deal risque d’accroître les clivages socioéconomiques entre les États membres de l’Ouest et de l’Est dans une Europe qui menace d’imploser avant de parvenir à la neutralité climatique d’ici à 2050, affirment les syndicats. (Traduction d’un article paru le 10 mars 2020 sur le site Euractiv)

Les syndicats avertissent que le Green deal présenté en décembre de l’année dernière par la Commission européenne mettra des millions d’emplois en jeu, et ce sans l’assurance d’une perspective d’avenir pour les travailleurs des industries touchées.

« Nous parlons ici d’environ 11 millions d’emplois affectés directement dans des industries extractives, à haute intensité énergétique et automobile », indique Luc Triangle, le secrétaire général de la fédération syndicale européenne IndustriAll.

« Ces postes ne vont pas nécessairement disparaître », a affirmé le secrétaire général lors d’une interview accordée à Euractiv. « Mais une perspective d’avenir pour l’emploi va devoir émerger dans ces industries », a-t-il expliqué, mais celle-ci reste pour l’instant incertaine.

La semaine dernière (début mars), la Commission européenne a présenté une loi climat sans précédent, qui vise à concrétiser l’objectif de l’UE de devenir le premier continent neutre en carbone d’ici à 2050.

Ce mardi 10 mars, l’exécutif européen doit présenter sa stratégie industrielle, qui définira les nouveaux domaines de croissance d’une Europe qui souhaite devenir plus verte et plus connectée.

Alors que le projet accorde une grande importance au passage au numérique, elle n’aborde que brièvement les secteurs manufacturiers classiques comme ceux de la sidérurgie, de l’automobile ou de la chimie, qui sont les plus vulnérables au passage à une économie neutre en carbone.

« C’est facile de dire qu’on doit atteindre des objectifs climatiques ambitieux d’ici à 2030 ou 2050 », soutient Luc Triangle. « Mais la stratégie industrielle devrait indiquer comment y parvenir. Et pour l’instant, nous n’avons pas encore de réponse ».

Une nouvelle vague migratoire venue d’Europe de l’Est

Les syndicats s’inquiètent tout particulièrement des disparités socioéconomiques que le Green Deal risque de faire naître entre les États membres de l’Est et leurs voisins de l’Ouest plus riches.

Selon Luc Triangle, la transition écologique « sera bien plus facile dans les pays nordiques ou d’Europe de l’Ouest » que dans les États membres plus pauvres comme la Pologne, la Bulgarie ou la Roumanie, dont certaines régions dépendent à part entière d’une seule industrie lourde polluante.

Le syndicaliste souligne que le Green deal « pourrait avoir un impact majeur sur la migration au sein de l’Union européenne », et que « près de 22 millions de personnes » ont déjà quitté l’Europe de l’Est ces 20 dernières années pour trouver un travail dans les États du Nord ou de l’Ouest.

Et d’ajouter que « [ce chiffre] ne fera qu’augmenter si la transition n’est pas gérée correctement ».

Les hommes politiques des États membres de l’Est avertissent aussi sur l’accentuation des clivages en UE. Traian Băsescu, l’ancien président de la Roumanie, défend que le Green Deal « suscitera sans aucun doute des tensions » entre les pays de l’Ouest de l’Europe et ceux de l’Est, dont les priorités économiques n’incluent pas la transition écologique.

De telles divergences socioéconomiques « pourrait pousser certains pays à envisager de quitter l’Union, purement et simplement », a déclaré Traian Băsescu au micro d’Euractiv il y a peu.

L’UE risque de se désintégrer avant même d’atteindre ses objectifs climatiques

Luc Triangle partage ces préoccupations. Les syndicats ajoutent que le Green Deal risque bel et bien de mettre le secteur industriel tout entier à genoux et de décrédibiliser la politique climatique européenne aux yeux des citoyens.

« Les politiques climatiques ne fonctionnent que si elles peuvent être vendues au grand public, c’est-à-dire sans perturbations sociales dans les industries et régions concernées », déclare le secrétaire général d’IndustriAll.

La Commission européenne est pleinement consciente des conséquences sociales du Green Deal et a affirmé à plusieurs reprises que personne ne serait laissé de côté au cours de la transition vers une économie neutre en carbone.

Toutefois, l’exécutif européen croit aussi qu’une révolution verte est en chemin et que les industries faibles en carbone représentent une perspective d’avenir. L’année dernière, la Commission avait calculé que le PIB de l’UE augmenterait de 2 % d’ici à 2050 si celle-ci parvenait à neutraliser ses émissions de CO2.

« Le Green Deal européen représente notre nouvelle stratégie de croissance », avait assuré Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission, après avoir obtenu le vote de confirmation du Parlement européen en novembre dernier. Le vice-président de l’exécutif, Frans Timmermans, a quant à lui affirmé que « [la Commission s’engage] à ne délaisser personne ».

Où est l’argent ?

Cependant, ces promesses ne suffisent pas aux syndicats, qui déclarent que l’UE doit verser des fonds à ceux qui en ont le plus besoin. « Sans soutien financier, nous ne parviendrons pas à franchir le cap [de la neutralité carbone] », explique Luc Triangle.

D’après les estimations, les industries européennes devraient investir 250 milliards d’euros annuellement au cours des dix prochaines années pour remplir l’objectif de neutralité climatique d’ici à 2050.

« Mais où est l’argent nécessaire à ces investissements ? » signale le secrétaire général. Il est vrai, admettent les syndicats, que la Banque d’investissement européenne (BEI) prévoit de dédier 50 % de ses prêts à l’action climatique d’ici à 2025. Et la version revisitée du budget à long terme de l’UE investira 25 % du montant total dans des objectifs environnementaux.

Néanmoins, la transition écologique ne bénéficie presque d’aucun nouveau financement, soulève Luc Triangle, soulignant l’incohérence entre les ambitions climatiques et les négociations budgétaires. Certains pays souhaitent en effet plafonner leur participation à 1 % du PIB national.

« Selon nous, là réside tout le problème des objectifs 2030 ». « Si le seuil de réduction des émissions de gaz à effet de serre doit passer à 55 %, je peux vous assurer que les industries à haute intensité énergétique ne suivront pas. Leurs technologies ne pourront être commercialisées qu’après l’échéance, par exemple en ce qui concerne l’acier à bas carbone, qui n’en est encore qu’à la phase de test », a expliqué Luc Triangle.

Pour les syndicats, c’est à ce stade-ci que la stratégie industrielle européenne pourrait apporter une aide précieuse.

« Il faut continuer à intégrer la chaine de valeur industrielle en Europe. Nous aurons toujours besoin d’acier et de produits chimiques européens à l’avenir ». « Nous attendons beaucoup de cette stratégie », avance le syndicaliste.

Source : Euractiv, https://www.euractiv.com/section/energy-environment/news/eleven-million-jobs-at-risk-from-eu-green-deal-trade-unions-warn/

Commentaire. Alors que l’Europe connaît une épidémie de coronavirus, cette situation a mis en évidence la dépendance critique de l’UE à la Chine et la « désindustrialisation » ayant des conséquences néfastes pour la gestion de cette crise sanitaire. Rendre l’Europe « neutre » en terme de carbone émis devra être nécessairement remis en question. L’obsession « verte » de la Commission européenne dirigée par Ursula von der Leyen est donc dénuée de tout réalisme et probablement mort-née.

Climat. L’Allemagne mais aussi toute l’Union Européenne au bord du gouffre

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Madame Ursula Von der Leyen a persisté et signé (pas encore) le programme contraignant du Green European New Deal. La nouvelle présidente de la Commission européenne est allemande. Pourtant elle semble ignorer le résultat d’une enquête très sérieuse émanant de l’Union allemande des Académies des Sciences et des Humanités et d’autres organismes scientifiques parue en novembre 2017. Cette étude démontre clairement quel sera le fardeau financier pour chaque foyer fiscal ou individu pour atteindre l’objectif de réduction de 50 % des émissions de carbone. Jusqu’en 2035 il en coûtera à chaque foyer fiscal la somme de 1050 euros par mois pour atteindre cet objectif. Vous avez bien lu, par mois, il n’y a pas d’erreur. Ces impôts et taxes collectés auprès des citoyens devront en effet être suffisants pour collecter au moins 6100 milliards d’euros ( entre 4600 et 7600 selon l’étude) soit plus de deux fois le produit intérieur brut actuel de l’Allemagne.

Entre 2035 et 2050, l’autre étape du programme devant aboutir à une « neutralité carbone » – nul ne sait ce que cela signifie – verra la charge fiscale des ménages augmenter encore de 320 euros pour atteindre un total de 1370 euros mensuels. Il est difficile de croire que Madame Von der Leyen ignore le contenu de ce rapport. Elle prépare donc le suicide de l’Union européenne sur l’autel de l’Eglise de Scientologie Climatique. Transposons ces projections à la France en considérant un PIB de 2300 milliards d’euros et en oubliant la charge de la dette et le déficit commercial chronique, ce qui rendra de fait toute initiative relative à la « décarbonation » de la France très délicate. En effet, entre 2020 et 2035 la France devra donc, selon ces projections émanant non pas de visionnaires mais de spécialistes, consacrer 4600 milliards d’euros (deux fois son PIB en suivant l’étude allemande) pour atteindre 50 % de réduction de ses émissions de carbone se répartissant essentiellement dans les transports, le chauffage domestique et l’industrie. Sans pénaliser l’industrie, ce qu’évite de faire l’Allemagne depuis déjà une décennie avec des prix de l’électricité très avantageux pour les industriels, il faudra répartir ces 4600 milliards sur les 38 millions de foyers fiscaux (2017) pendant 15 ans. Chaque mois les contribuables français devront payer 672 euros de « taxe green new deal » pour satisfaire les délires d’Ursula Von der Leyen. Cet impôt passera ensuite de 672 à 877 euros par mois jusqu’en 2050. Et après ? … on verra.

Comme les énergies dites renouvelables sont toutes aléatoires, y compris les panneaux photovoltaïques, il faudra, pour décarboner les transports et le chauffage domestique, construire encore plus de centrales nucléaires : ce n’est pas moi qui l’affirme, c’est l’IPCC ! La France avec EDF (qu’Emmanuel Macron veut fragiliser en privatisant les ouvrages hydroélectriques) était le leader mondial de la technologie du nucléaire civil. Ce pays devra donc s’activer sérieusement pour retrouver cette position de leader car il serait absurde, après avoir cédé les turbines vapeur Arabelle à General Electric, que ce soient les Chinois qui construisent les futures centrales nucléaires françaises équipées de turbines américaines. Le mouvement est déjà lancé en Grande-Bretagne sur le site de Hinkley Point C avec une ingénierie franco-chinoise et des turbines Arabelle … américaines.

Chers contribuables de tous les pays européens préparez-vous à être mis à contribution très lourdement dans les prochaines années. Et pendant ce temps-là la jeunesse insouciante manifeste pour sauver le climat plutôt que d’aller à l’école (illustration : sous les pins de Rome).

Source : http://www.tichyseinblick.de avec une traduction de P. Gosselin sur son site notrickszone.com