Néonicotinoïdes, nucléaire, changement du climat, coronavirus : les écolos ne savent pas de quoi ils parlent !

Les « chevaux de bataille » des écologistes sont toujours invariablement le nucléaire, les pesticides et les plantes vivrières génétiquement modifiées, ainsi que le changement du climat d’origine humaine. L’ONG maintenant tentaculaire et supranationale Greenpeace fut créée dans le but de s’opposer aux essais nucléaires planifiés pour être mis en œuvre dans des îles désertes du sud-ouest de l’Alaska. Le mouvement prit naissance en Colombie britannique en rassemblant quelques hippies fumeurs d’herbe qui eurent le génie d’organiser leur propagande. Le mouvement attira la sympathie de toute une population se reconnaissant dans ce combat, l’utilisation du nucléaire à des fins militaires n’offrant pas vraiment de perspective réjouissante. À ce propos je suis moi-même opposé à l’usage de l’atome à des fins de destruction massive. D’ailleurs aucun pays « nucléarisé » n’osera utiliser ce type d’armement car en quelques heures ce serait l’apocalypse et la fin de l’humanité.

Bien que consciente de ce fait Greenpeace a continué à militer cette fois contre le nucléaire civil pendant de nombreuses années car cette organisation n’a jamais voulu assumer un changement de doctrine contestataire au sujet de l’atome. C’est ainsi que cette organisation non gouvernementale accompagnée de bien d’autres mouvements activistes comme le Sierra Club et une myriade d’autres groupes tels que Les Amis de la Terre ont orienté leurs actions vers les énergies dites renouvelables puis par extension l’écologie en général, la protection de l’environnement et des écosystèmes. Ainsi l’écologie, organisée politiquement en partis dits « verts » très puissants et influents, a maintenant la main-mise sur de nombreuses décisions gouvernementales, le monde politique étant devenu l’otage de ces mouvements pour des raisons bassement politiciennes et électoralistes.

Prenons le cas de l’Europe occidentale dont l’actualité est occupée par les problèmes d’énergie qui concernent l’ensemble de la population et la totalité du tissu économique. Les partis politiques écologistes ont gagné leur pari consistant à détruire l’économie de ces pays en infléchissant leur politique énergétique, en particulier l’Allemagne et la France, outre Rhin en exigeant l’abandon total de l’énergie nucléaire depuis l’accident de la centrale nucléaire nippone de Fukushima-Daiichi et en France en exigeant et obtenant avec succès la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim et l’abandon d’une grande partie du parc nucléaire de l’Hexagone au profit des énergies renouvelables. Les cadres de ces organisations écologistes savent pourtant parfaitement que les économies avancées ne peuvent pas fonctionner avec des sources d’énergie peu fiables et de faible intensité. Un laminoir, une unité de production d’aluminium ou une cimenterie ne peuvent pas fonctionner si la source d’énergie est intermittente ou de faible intensité.

Un simple exemple illustre la totale inadaptation des énergies intermittentes dites renouvelables pour alimenter l’un des processus industriels le plus énergivore. Il s’agit de la production d’aluminium par le procédé Héroult-Hall qui nécessite un courant continu de 5 volts avec une intensité de 300000 ampères pour électrolyser la cryolite, un fluorure mixte d’aluminium et de sodium, obtenue à partir de la bauxite. Combien faudrait-il de moulins à vent et de panneaux solaires pour alimenter une seule cuve d’électrolyse ? Aucun organisme écologiste ne peut répondre à cette question, ni d’ailleurs les décideurs politiques qui autorisent l’implantations d’éoliennes y compris dans des biotopes protégés. Il faut en effet disposer de redresseurs de puissance alimentés par du courant électrique alternatif à haute tension. En outre de nombreuses applications industrielles et commerciales de l’aluminium contiennent du magnésium. Or le procédé de production de ce métal fait également appel à une électrolyse à haute température du chlorure de magnésium obtenu par un procédé chimique classique.

Les mouvements écologistes ont, au cours des années, diversifié leur domaine de lutte anti-civilisation. L’agriculture fait aussi partie de l’un de leurs chevaux de bataille, un véritable cheval de Troie pour tromper les peuples et les réduire à la famine. L’utilisation de pesticides, de plantes génétiquement modifiées et d’engrais azotés de synthèse fait partie de leurs cibles. Tous les arguments anti-scientifiques aussi fallacieux et mensongers les uns que les autres ont été avancés pour convaincre le grand public qui n’y connait fondamentalement rien contrairement à votre serviteur. J’ai en effet travaillé pendant près de 15 années au sein de RP-agrochimie et 3 ans dans l’énergie nucléaire auprès d’EDF. Les progrès de l’agrochimie réalisés depuis la fin de la seconde guerre mondiale dans tous les pays développés ont été rendus possibles par la recherche tant universitaire qu’industrielle. Ces progrès ont permis à une main d’oeuvre rurale d’alimenter le secteur industriel car le nombre d’exploitants agricoles a considérablement diminué dans ces pays, ce secteur industriel étant acteur de cette immense reconversion en participant à la mécanisation de l’agriculture tant au niveau de la production agricole elle-même que de l’élevage. Les pays occidentaux développés sont ainsi devenus exportateurs nets de denrées alimentaires vers des pays dont ce secteur de production était et est souvent toujours traditionnel. Grâce à ces progrès considérables le monde peut aujourd’hui nourrir 10 milliards de personnes sans aucun problème. Malheureusement cette simple constatation déplait aux écologistes qui se sont enduits d’un vernis malthusien sous prétexte de sauver la planète et les écosystèmes, l’homme étant considéré comme un animal nuisible.

Puisque j’ai pris les exemples de l’aluminium et du magnésium pour démontrer la non-faisabilité des énergies renouvelables dans diverses applications industrielles, je prendrai donc un exemple relatif aux pesticides. D’abord il faut que les esprits soient clairs. Une « peste » pour un agriculteur englobe les mauvaises herbes aussi appelées adventices (ne pas confondre avec adventistes), les champignons phytopathogènes, certaines bactéries et les insectes ravageurs. À cette liste il faut ajouter les maladies infectieuses dites zoonoses pour les éleveurs, domaine dans lequel d’immenses progrès ont été réalisés avec la mise au point de vaccins et d’antibiotiques dédiés au combat contre ces zoonoses. Dans le domaine agricole stricto sensu deux pesticides préoccupent les écologistes : les herbicides et les insecticides. Selon les écologistes il s’agit de graves perturbateurs des écosystèmes. Or l’utilisation de ces produits est strictement règlementée et les protocoles d’utilisation doivent être scrupuleusement respectés pour atteindre une agriculture dite raisonnée. Les engrais azotés de synthèse n’entrent pas dans ce cadre puisqu’ils sont considérés comme ne perturbant pas sensiblement les écosystèmes mais ils ne doivent pas non plus être utilisés abusivement.

Comme c’est leur stratégie habituelle les écologistes utilisent des arguments fallacieux pour obtenir l’interdiction de tel ou tel produit phytosanitaire. L’exemple emblématique est le glyphosate, l’herbicide le plus efficace actuellement connu et le plus économique à produire. Les écologistes, par un stratagème scandaleux et opaque, ont obtenu la classification de ce produit parmi les produits cancérigènes. Qui dit produit cancérigène sous-entend un défaut de la duplication de l’ADN au cours de la division cellulaire. Les molécules les plus mutagènes connues sont capables de s’intercaler entre les bases puriques et pyrimidiques de l’ADN provoquant ainsi des défauts lors de la duplication de l’ADN. Or le glyphosate est une petite molécule chargée négativement et ne peut en aucun cas interagir avec l’ADN ni directement ni indirectement, l’ADN étant également chargé négativement. Clamer que le glyphosate est cancérigène est une incroyable « fake-news » !

Quant aux néonicotinoïdes la position des écologistes qui veulent à nouveau interdire son utilisation en agriculture ne s’appuie sur aucune justification, qu’elle soit scientifique ou environnementale. Les progrès de la chimie ont permis une telle diminution de leur apport par hectare, passant d’une dizaine de kilo à quelques grammes par hectare, qu’ils n’ont plus qu’un effet systémique durable dans la plante elle-même puisque ces progrès ont été permis par l’enrobage systématique des semences pour industrialiser l’ensemencement des champs à l’aide de machines qui peuvent plus aisément utiliser ces semences enrobées. Au niveau des fleurs ou des graines la teneur en ces insecticides est tellement faible que le combat mené par les écologistes est purement idéologique et ne s’adosse sur aucune évidence scientifique, je le répète, car c’est leur manière mensongère d’agir habituelle …

Pour terminer ce plaidoyer en faveur du progrès technique il est inutile de revenir sur la fermeture de l’usine NERSA de Creys-Malville dont la finalité était de se débarrasser des déchets des centrales nucléaires à haute activité constitués de transuraniens fissiles à durée de vie longue. Lorsque Jospin, alors premier ministre sous la présidence de Chirac, fortement influencé par les écologistes soutenus par Corine Lepage, avocate activiste à la solde des écologistes allemands, décida de la fermeture de Super-Phénix la France avait 20 ans d’avance sur tous les autres pays du monde en ce qui concerne la gestion de ces déchets de haute activité. Outre le fait que l’on pouvait produire de l’électricité avec ces derniers, la France pouvait se débarrasser avantageusement de ces déchets pas très encombrants mais dangereux. NERSA était un projet européen et d’autres pays étaient intéressés par cette technologie mais les écologistes ne l’entendaient pas de cette oreille parce qu’ils ne comprennent rien à cette problématique comme d’ailleurs en ce qui concerne l’agriculture.

En conclusion la position des écologistes en ce qui concerne les plantes transgéniques me consterne profondément : pourquoi ces écologistes ne se sont pas unis contre l’utilisation de la thérapie génique à ARN messager supposée protéger contre le coronavirus. Il s’agit pourtant d’une modification de l’appareil cellulaire d’êtres humains pour produire une protéine étrangère comme c’est le cas pour les plantes transgéniques ? En effet le maïs de Monsanto résistant au glyphosate sur-exprime la cible de cet herbicide, le produit de Pfizer ou Moderna, peu importe, induit une sur-expression par les cellules du sujet qui a subi cette injection de la protéine spike du coronavirus pour hypothétiquement le protéger contre ce virus, n’y a-t-il pas un parallèle troublant avec la plante transgénique de Monsanto ? Je serais très intéressé par la réponse des écologistes à cette question alors qu’ils sont restés sans voix à ce sujet !

Retour sur les néonicotinoïdes : un récit vécu à la fin des années 1980

Durant les 13 années ultimes de ma carrière de chercheur en biologie je me trouvais intégré au sein d’un des centres de recherche en agrochimie et agronomie les plus prestigieux du monde, rivalisant notamment avec la firme Monsanto dans le domaine maintenant disparu en France des plantes transgéniques. Il s’agissait du centre de recherche de Rhône-Poulenc en agrochimie.Tout le groupe Rhône-Poulenc a disparu lorsque le polytechnicien J-R Fourtou a décidé de le démanteler et de le vendre par appartements. Fourtou a peut-être servi d’exemple au Président de la République française actuel qui ne se prive pas de trouver la moindre occasion pour vendre au plus offrant, les uns après les autres, les fleurons de l’industrie française. C’est ainsi que le savoir-faire et les brevets de Rhône-Poulenc dans le domaine de la « santé végétale » ont été majoritairement cédés à Bayer.

L’un des domaines très actifs de ce centre de recherche était la mise au point de nouveaux insecticides peu toxiques pour l’environnement et très sélectifs. Un de mes collègues, chimiste de son état, avait dédié ses travaux à la mise au point de néonicotinoïdes de telles façons qu’ils soient tellement actifs qu’il suffirait d’une cuillère à café de matière active par hectare pour éliminer tous les ravageurs susceptibles de détruire une récolte. Le centre disposait de plusieurs exploitations agricoles pour procéder à des essais dits « plein-champ » afin de tester, après les avoir expérimenté en serre, leur efficacité à des doses que l’on considérait à l’époque comme une vue de l’esprit : quelques grammes à l’hectare relevait de la science-fiction. De plus le challenge consistait à trouver un néonicotinoïde systémique dans le cadre de l’enrobage des semences permettant une mécanisation plus efficace des semis à l’aide de machines. Un pesticide systémique contenu dans l’enrobage d’une semence est absorbé par la plantule lors de la germination et se répand au cours de la croissance dans toute la plante. Le but étant d’atteindre entre cinq et dix grammes par hectare de matière active le dosage dans l’enrobage devait donc être conforme à cette exigence.

Et pour y répondre il fallait développer de nouveaux dérivés de plus en plus complexes de la banale nicotine contenue dans le tabac, d’où le nom de nouveaux nicotinoïdes. Un jour ce collègue chimiste venait de recevoir le dossier concernant une molécule qu’il avait synthétisé une année auparavant et il me fit part de son enthousiasme : il était arrivé à 4 grammes par hectare en enrobage ou en un seul épandage en cas d’attaque massive de ravageurs dans l’année car « sa » molécule persistait sur la plante à l’aide de la formulation que ses collègues « formulateurs » avaient imaginé. Je suis convaincu qu’aujourd’hui cette molécule ou l’un de ses dérivés existe toujours sur le marché, l’optimisation de la synthèse à grande échelle relevant du savoir-faire d’autres chimistes. Je lui avais demandé un peu benoîtement s’il ne craignait pas que « sa » molécule soit un tueur de masse et qu’il n’y ait plus aucun insecte dans une parcelle en culture. Il me répondit, confiant, que l’application en enrobage des semences ne pouvait pas poser de problèmes pour les insectes se nourrissant de pollen ou de nectar mais que par contre les insectes suceurs étaient condamnés à une mort certaine. Comme j’aimais un peu le taquiner il me précisa qu’il était impossible de faire des études de détermination de dose létale sur des insectes en élevage et sur des carrés de culture sous serre pour des raisons techniques et que seuls les essais plein-champ étaient susceptibles de valider l’efficacité d’un produit et donc de « sa » molécule.

Il me présenta sur le petit tableau noir qui se trouvait dans son laboratoire les résultats de ses études : chaque inflorescence de colza contenant un nombre de grains de pollen difficile à évaluer ne pouvait pas contenir plus de 1 pico-gramme (un millième de milliardième de gramme) de cet insecticide et il me fit remarquer que les instruments analytiques les plus puissants de l’époque étaient incapables de préciser la présence d’aussi infimes quantités. Le centre de recherche disposait du spectromètre de masse quadrupole le plus perfectionné du moment et malgré ses performances il était impossible de déceler des quantités aussi infimes avec cet appareil même si on extrayait tout le pollen d’un kilo de fleurs ou qu’on recherchait la présence de la même molécule dans l’huile obtenue avec les graines. Il mit fin à mon argumentation car il me rappela que ces produits sont surtout (étaient surtout, à l’époque) appliqués pour combattre les ravageurs suceurs puisqu’ils sont majoritairement utilisés en formulation systémique.

J’ai quitté ce merveilleux centre de recherche lorsque le démantèlement du groupe Rhône-Poulenc commençait à menacer sa survie non pas seulement pour cette raison mais parce que je n’avais plus d’avenir dans le domaine de la recherche en enzymologie car la biologie moléculaire envahissait tout le laboratoire. Depuis j’en suis resté à cette impression première au sujet de l’innocuité des néonicotinoïdes à propos des insectes pollinisateurs qui j’en suis convaincu n’est plus d’actualité pour des raisons éloignées de la vraie science.

Néonicotinoïdes et abeilles : l’ambiguïté persiste

Alors que j’avais alerté les lecteurs de mon blog sur les errements idéologiques du gouvernement français au sujet de l’interdiction des néonicotinoïdes pour la prévention des ravageurs sur les cultures de betterave sucrière en France (billets des 3 août et 1 octobre de cette année) ce gouvernement a accordé une autorisation spéciale aux producteurs de betteraves français après avoir pris conscience que la totalité de la filière risquait de disparaître. Je ne suis toujours pas certain que les députés, les sous-secrétaires d’Etat et autres conseillers de divers comités théodules gravitant autour du gouvernement aient pas pris conscience de la gravité de leurs décisions ni du caractère brouillon et irréfléchi de leurs décisions. Ont-ils fini par reconnaître qu’ils avaient commis une immense erreur qui les décrédibilise totalement non pas seulement auprès des « betteraviers » mais également auprès de l’opinion publique ?

Cette erreur est la conséquence d’une totale méconnaissance de l’agriculture dans son ensemble et en particulier de la culture des betteraves. Sous le faux prétexte que les néonicotinoïdes sont dangereux pour les abeilles pollinisatrices, j’y reviendrai, l’ignorance de tous les pitres qui gravitent autour des ministères est flagrante : les betteraves sont des plantes dont le cycle de croissance (ou de vie, comme vous voudrez) est de deux ans. La première année cette plante se consacre entièrement à une croissance végétative pour produire une racine riche en sucres. Elle ne fleurira que la seconde année si elle n’est pas arrachée pour la récolte. Voilà l’erreur du gouvernement dont la faculté de jugement a été obscurcie par des idéologues opposés à tout traitement chimique des cultures car cette pratique est préjudiciable à l’équilibre des écosystèmes. Dans le cas de la betterave à sucre de quel écosystème s’agit-il puisque la plante ne fleurit pas et ne peut donc pas attirer les insectes pollinisateurs dont les abeilles font partie ? L’utilisation des insecticides par les betteraviers est néanmoins vitale pour détruire les attaques de pucerons vecteurs du virus de la jaunisse ainsi que d’autres ravageurs comme certains coléoptères.

Les entomologistes étudiant les abeilles (Apis mellifera) ont certes reconnu que les insecticides tels que les néonicotinoïdes étaient toxiques pour ces insectes irremplaçables mais ils ont considérablement modéré leurs jugement après avoir découvert que les abeilles, comme l’homme, étaient sensibles à de nouvelles maladies émergentes, outre celles déjà identifiées comme le Varroa et l’Acarine. Ces spécialistes ont identifié ces dernières années pas moins de 12 virus différents mortels pour les abeilles. Le réservoir de certains de ces virus est le Varroa. La dernière invasion virale en date est le virus de la paralysie chronique de l’abeille (CBPV, Chronic Bee Paralysis Virus), un virus à ARN dont le réservoir semble être la fourmi. La progression de ce virus est constante en Europe depuis son apparition à la fin des années 2000, l’épicentre se situant, pour l’Europe, en Slovénie. Toutes les attaques virales dont sont victimes les abeilles tend à relativiser l’impact des insecticides, dont les néonicotinoïdes. Il faut donc raison garder mais la plus grande menace pour les abeilles reste paradoxalement la mondialisation de leur commerce. En effet, il existe des pays importateurs d’abeilles et les exportateurs répondant à la demande croissante sont malheureusement peu scrupuleux ou ne disposent pas des infrastructures pour vérifier l’état sanitaire des ruches exportées. Pour déterminer si une ruche est porteuse d’un virus il est nécessaire de faire appel aux derniers outils de la biologie moléculaire dont l’amplification du matériel génétique par RT-PCR qui permet d’obtenir un diagnostic rapide et non équivoque. Dans le cas de la Grèce, pays gros exportateur de ruches, les services vétérinaires sont inexistants ou très mal équipés pour ce genre de diagnostic. L’état sanitaire des abeilles devra à l’avenir être étroitement surveillé si on veut éviter des pandémies virales de l’abeille à l’échelle mondiale. Ça ne vous rappelle rien ?

Sources : diverses dont doi : 10.1038/s41467-020-1519-0

Les néonicotinoïdes. Des agitations médiatiques : pour rien ?

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Je ne suis plus très bien informé de la situation politique et médiatique française et c’est en lisant Contrepoints que j’ai cru comprendre qu’un débat avait eu lieu récemment au sujet des néonicotinoïdes et de leurs effets sur les insectes butineurs dont les abeilles en particulier. Le même débat fait également rage en Europe. Il semblerait que certains de ces insecticides soient interdits en Europe en 2018 pour justement préserver la santé des ruches. Mais qu’en est-il exactement ? Il est important de remarquer ici que le fameux principe de précaution entre encore une fois en scène car il existe toujours beaucoup de « flou » dans cette histoire à rebondissements des néonicotinoïdes.

Deux articles parus dans la revue scientifique Science viennent clarifier la situation. Il s’agit d’une étude réalisée dans la partie méridionale de l’Etat de l’Ontario et d’une large autre étude réalisée en Europe, en Grande-Bretagne, en Allemagne et enfin en Hongrie sur 33 sites différents. L’étude réalisée en Europe est à peu près claire : certains néonicotinoïdes ont un réel effet sur la vitalité des ruchers comme par exemple la clothianidine alors qu’un autre néonicotinoïde, le thiaméthoxane ne présente pas d’effet toxique. De plus les résultats varient selon que l’étude a été réalisée en GB, en Allemagne ou en Hongrie, observation qui a laissé les auteurs de l’étude sous la direction du Docteur Woodcock plutôt perplexes. Et la situation s’est trouvée encore plus compliquée puisque les néonicotinoïdes ont paradoxalement un effet bénéfique sur la vitalité des butineurs sauvages solitaires ou sociaux comme le bourdon commun (Bombus terrestris) ou l’osmie rousse (Osmia bicornis, illustration). L’étude a été menée sur des ruches situées près de champs de colza dont les graines avaient été enrobées avec un cocktail de pesticides pour être plus aisément semées avec des machines comme c’est maintenant un pratique courante pour les grandes cultures. Aucun néonicotinoïde n’a été utilisé directement sur les cultures avant ou durant la floraison.

Il ressort de cette étude que les quantités de néonicotinoïdes présents dans le pollen apparaissent trop faibles pour présenter un effet délétères sur les abeilles. Je rappelle à mes lecteurs que cette classe d’insecticides est systémique, en d’autres termes les doses relativement faibles présentes dans l’enrobage des graines migrent dans toutes les parties de la plante en cours de croissance et sont dès lors diluées, si on peut dire les choses ainsi, n’en déplaise aux pourfendeurs des insecticides de ce type dont les doses utilisées dépassent rarement une vingtaine de grammes par hectare.

L’étude réalisée au Canada a clairement montré que les abeilles n’étaient pas exposées aux néonicotinoïdes lors du butinage mais plutôt lors des semis, dans ce cas de soja dont les graines étaient également enrobées. Cette observation remet en cause toutes les observations et études réalisées auparavant : c’est la poussière dégagée par les machines semeuses qui est toxique pour les abeilles et non pas le pollen lui-même qui n’a qu’un effet mineur avec encore une fois une grande variabilité des résultats et des quantités de matière active encore une fois trop faibles pour pouvoir présenter un effet notoire sur la vitalité des ruchers. Cependant les divers scientifiques qui ont participé à ces études restent tout de même prudents car malheureusement aucune étude n’a jamais été réalisée avec des doses infinitésimales de néonicotinoïdes du même ordre de grandeur que celles rencontrés dans le pollen. Il est donc déplorable d’agiter un drapeau noir ou rouge – à vous de choisir la couleur – comme le font les écologistes politisés et fondamentalistes puisqu’il n’y a toujours pas de preuves tangibles de la réelle toxicité des néonicotinoïdes quand ceux-ci sont utilisés dans les règles de l’art.

J’ai eu pour ma part plusieurs échanges de courriers électroniques avec le Docteur Woodcock qui a eu l’honnêteté de me déclarer ceci (je cite) :

« Je pense que les produits systémiques sont la voie à adopter, j’aime la nature ciblée de leur utilisation. La question que je vois actuellement est de trouver des approches atténuantes pour les utiliser efficacement. Au Royaume-Uni ils pourraient être appliqués de manière prophylactique à chaque culture : la clothanidine pour les céréales et le tandem clothianidine/thiaméthoxane pour le colza compte tenu des résultats actuels qui ne sont pas fiables. Les effets sur les abeilles sont très subtils et je soupçonne que les populations robustes d’abeilles soutenues par la création d’un meilleur habitat à proximité des grandes cultures, leur procurant un environnement de meilleure qualité pourrait parfaitement compenser l’impact de ces pesticides. Malheureusement ce n’est pas ainsi que la réglementation fonctionne car elle ne tient pas compte du passage par l’agriculteur d’une matière active à une autre, seul est pris en considération l’impact du pesticide. Je suis désolé pour beaucoup d’agriculteurs qui ne bénéficient pas directement des insectes pollinisateurs (cas du blé par exemple) qui pâtiront d’une régulation sur ces néonicotinoïdes qui pourrait porter préjudice à leur situation financière pour simplement satisfaire un désir sociétal non justifié de préservation quel qu’en soit le coût des insectes pollinisateurs dont les abeilles en particulier« .

Le commentaire du Docteur Woodcock a le mérite d’être clair, je laisse à mes lecteurs le soin d’en juger par eux-mêmes …

Sources : Science, 356, 1393-1395 (2017) du 30 juil 2017 doi : 10.1126/science.aaa1190 et Science, 356, 1395-1397 (2017) du 30 juin 2017 doi : 10.1126/science.aaa7470 Illustration couple d’osmies (Wikipedia)

Et si on reparlait des insectes pollinisateurs, des pesticides et des produits « bio » ?

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En cherchant bien dans la littérature scientifique on retrouve parfois des travaux sciemment passés sous silence parce qu’ils dérangent certains groupes de pression que je ne nommerai pas alors que la polémique sur l’usage des insecticides de la famille des néonicotinoïdes n’est pas éteinte, loin de là. Un moratoire est toujours en vigueur en Europe pour préserver les insectes pollinisateurs dont les abeilles en particulier. Difficile de prendre position pour ou contre l’usage de cette famille d’insecticides extraordinairement puissants puisqu’ils sont appliqués aux plantes par enrobage des semences à des doses globales correspondants à quelques grammes par hectare. Ils ont une action systémique, en d’autres termes ils pénètrent dans la plante et se retrouvent dans les tiges et les feuilles et les insectes et autres champignons ravageurs suceurs de sève sont exterminés quand ils se nourrissent. Au cours de la croissance de la plante, le produit se dilue, c’est facile à comprendre, et sa présence dans le pollen, le nectar ou les graines de la plante en fin de croissance est pratiquement indécelable. La controverse est donc de ce fait plutôt mal engagée. Certaines études ont, certes, montré que les abeilles étaient fragilisées par les néonicotinoïdes mais les conclusions sont également controversées car les travaux n’ont pas été réalisés dans les conditions normales de la bonne pratique des cultures.

L’autre volet également sujet à caution et alimenté à grands renforts de campagnes terrorisantes et culpabilisatrices de la part de ces mêmes groupes d’activistes anti-pesticides en tous genres est l’émergence des produits dits « bio » qui ont catalysé un gigantesque business dans lequel beaucoup d’acteurs peu scrupuleux ou pas scrupuleux du tout se sont précipité : la peur est le support d’un marché juteux, c’est bien connu ! Pourtant la réalité est tout autre. Dans un article d’anthologie publié dans les PNAS en juillet 1990 le Docteur Bruce Ames et ses collaborateurs de l’Université de Berkeley ont relativisé l’importance des pesticides de synthèse mais pratiquement personne n’a jamais osé citer cet article car il est un tant soit peu anti-conformiste et particulièrement effrayant.

Ames et ses collaborateurs ont calculé que 99,99 % des pesticides que l’on est susceptible d’ingérer en mangeant une tomate ou en buvant un café sont naturels !

En effet, lorsque les plantes sont attaquées par un ravageur elles se défendent en synthétisant des produits dangereux voire très dangereux sinon mortels et ces produits sont présents dans les plantes avant même qu’un insecte ait entrepris de se nourrir de sève, qu’un champignon ait commencé à s’infiltrer dans les tissus végétaux ou qu’une bactérie puisse commencer ses ravages. Quant aux animaux, les plantes ont également mis au point des produits chimiques dissuasifs au goût amer, malodorant ou acide. Bref, l’équipe de Ames a répertorié des centaines de composés chimiques d’origine végétale presque tous toxiques ou cancérigènes qu’on retrouve dans des légumes ou des fruits de consommation courante comme le chou, la pomme de terre, la tomate ou le café ! Par exemple dans deux tasses de café il y a 765 mg d’acide chlorogénique. Ce produit peut endommager la rétine et est un carcinogène reconnu chez les souris et les rats. Même le café « bio » en contient, cela va de soi. Un autre produit puissamment cancérigène est le 5-/8-methoxypsoralene qu’on trouve notamment dans le céleri, le persil et les figues, que ces plantes soient « bio » ou non, naturellement. Vous en voulez encore ? L’estragole ou para-allylanisole est un autre puissant carcinogène et on le trouve dans le basilic, l’aneth ou encore l’estragon. Je ne peux pas résister à citer la sinigrine, un glucoside présent dans toutes les brassicacées dont le chou, de Bruxelles ou de « chez nous », le brocoli, le raifort, le navet mais aussi la moutarde noire. Si on coupe un navet en tranches il se défend immédiatement en modifiant la sinigrine et il apparaît alors de l’isothiocyanate d’allyle qui confère leur goût caractéristique à la moutarde ou au wasabi (illustration ci-dessus) mais il présente aussi un effet lacrymogène presque immédiat si on abuse de ces condiments. En lui-même l’isothiocyanate d’allyle est un insecticide qui agit en coupant les chromosomes, ça fait peur, mais quand il est dégradé dans le tube digestif apparaît alors de l’allylamine qui est irritante pour la peau. Si on relativise la situation, on peut dire que quand on mange des fruits ou des légumes « bio » ou non, de tous les pesticides naturels ou non qu’on s’administre, sans le plus souvent le savoir en mangeant, ceux-ci se répartissent ainsi : 0,09 mg de pesticides synthétiques pour environ 1,5 g de pesticides naturels ! Parmi 52 pesticides naturels bien documentés, il y a 7 toxines qu’on retrouve dans pratiquement tous les champignons et qui sont classées à part, 27 sont des carcinogènes reconnus chez la souris à fortes doses, et les autres ont tendance à faire apparaître des radicaux libres favorisant des processus d’oxydation pouvant mettre la santé en danger. C’est d’ailleurs le plus souvent leur mode d’action dans le processus de défense de la plante. Fort heureusement les légumes et les fruits contiennent bien d’autres composés bénéfiques pour la santé humaine et animale qui estompent la présence de ces produits pourtant potentiellement bien plus dangereux que les pesticides de synthèse car ils sont beaucoup plus abondants naturellement.

Pour en revenir aux insectes pollinisateurs, les quantités tant de pesticides naturels que de pesticides de synthèse dans le pollen sont infinitésimales et la nature semble avoir bien fait les choses puisqu’elle a justement besoin de ces insectes pour sa survie. Les bonnes pratiques agricoles interdisent tout épandage d’insecticides lors de la floraison et sans vouloir prendre la défense des néonicotinoïdes qui soit dit en passant sont des dérivés de la nicotine, elle-même un puissant insecticide, le fait qu’ils soient systémiques rend peu probable leur présence dans le pollen ou le nectar des fleurs et donc leur implication dans l’hécatombe des ruchers. Il faut néanmoins, au risque de déplaire à certains, rappeler qu’entre 1960 et 2011 le nombre de ruches est passé dans le monde de 50 à 80 millions (source FAO). Où est cette disparition qu’on ressasse sans arrêt dans les médias ? Malgré l’introduction des néonicotinoïdes le nombre de colonies d’abeilles est resté stable aux USA ces dix dernières années (source USDA), où est la disparition ? Les statistiques canadiennes font état d’une augmentation de 501000 à 672000 ruches ces vingt dernières années, où est la disparition ? En Australie, pays exempt de varroa, malgré l’usage de néonicotinoïdes la population d’abeilles n’a pas décliné depuis le milieu des années 90 (source Université du Queensland à Brisbane), où est la disparition des abeilles dont les néonicotinoïdes sont supposés être la cause ? Quant à l’Europe permettez-moi de contester les données statistiques sur les ruchers car comme chacun sait ces données sont truquées sciemment par des groupes de pression que je ne nommerai pas non plus.

Source : PNAS Vol.87, pp. 7777-7781, Octobre 1990, disponible dans PubMed, illustration : racines de Wasabi ou raifort japonais

Comment le « Gaucho » tue les abeilles : le voile enfin levé !

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Le néonicotinoïde imidacloprid, un insecticide matière active du Gaucho. est considéré comme un neurotoxique puisqu’il est connu pour agir sur les récepteurs de l’acétylcholine, neurotransmetteur essentiel. De plus les néonicotinoïdes sont systémiques, c’est-à-dire qu’ils se répandent dans toute la plante. Cette remarque est importante puisque toutes les parties aériennes de la plante, dont les fleurs, le nectar et le pollen deviennent toxiques pour les insectes butineurs. Cependant, les quantités retrouvées sont tellement infimes que les fabricants de néonicotinoïdes ont utilisé cet argument pour affirmer – et on va le constater à tort – leur innocuité pour les populations d’abeilles en réorientant leurs arguments vers d’autres causes comme les virus ou d’autres parasites. Je me suis intéressé dans mon blog sur ce point particulier en ne mâchant pas mes propos : il suffit d’entrer « abeilles » dans l’onglet recherche pour retrouver mes billets. Puisque les néonicotinoïdes sont des neurotoxiques, le débat est-il clos ? Il n’en est rien, bien au contraire, et c’est même inquiétant à la vue des résultats qui viennent d’être publiés dans la revue PlosOne datée du 2 juillet obtenus par une équipe de biologistes de l’Université de Nottingham en Grande-Bretagne. Si l’imidacloprid est un neurotoxique, il est également un puissant perturbateur de l’expression des gènes, et en particulier des larves des abeilles, ce qui est beaucoup plus grave qu’on ne le supposait. L’étude a été réalisée minutieusement en mettant dans la hausse d’une ruche du sirop de sucre contenant 2 microgrammes d’imidacloprid par litre pendant quinze jours et en comparant l’expression des gènes et les profils des acides gras des larves avec celle d’une ruche témoin. C’est grâce à la puissance d’analyse des machines modernes que la découverte a pu être obtenue en analysant 300 ARN messagers de transcription différents et en analysant finement par spectrographie de masse couplée à un chromatographe en phase liquide les acides gras que l’effet de l’imidacloprid sur l’expression des gènes a pu être montré de manière non équivoque. L’expression de certains gènes est altérée et l’inverse a aussi été noté. Par exemple l’enzyme P450 impliqué dans de nombreux processus de détoxification est sur-exprimé, on pouvait un peu s’y attendre, mais d’autres enzymes du métabolisme central des sucres ou des acides gras voient leur expression complètement modifiée conduisant à un développement défectueux et à la mort des larves comme à une espérance de vie abrégée des abeilles adultes par une fragilisation de leur activité musculaire puisque le métabolisme des sucres est altéré, non pas au niveau des activités enzymatiques elles-mêmes mais de l’expression des gènes correspondants. Puisque les activités enzymatiques n’ont pas été isolément étudiées, une analyse des acides gras des larves a permis de corréler ces perturbations avec le profil des acides gras (voir les figures 2 et 4 de l’article de Kamila Derecka et al.) profondément modifié dans le cas de l’exposition à l’imidacloprid. Les auteurs de cette étude parfaitement documentée en déduisent que les néonicotinoïdes non seulement tuent en raison de leurs propriétés neurotoxiques mais également en perturbant l’expression des gènes et donc l’ensemble du métabolisme des abeilles, une observation jusque là inconnue qui explique parfaitement l’affaiblissement des ruchers même en présence de traces infimes de produit. Cette mauvaise santé induite rend les abeilles plus sensibles à d’autres facteurs de stress. Les auteurs insistent sur le fait que l’on pourrait assister à brève échéance à l’extinction pure et simple des insectes pollinisateurs. Quant à l’effet de l’imidacloprid sur les abeilles adultes, le fait qu’elles tardent à revenir dans la ruche peut parfaitement s’expliquer par une perturbation du métabolisme énergétique, les abeilles se fatigant tout simplement plus rapidement, comme l’analyse des ARN messagers des larves l’a clairement montré. Les néonicotinoïdes sont autorisés dans 120 pays et représentent aujourd’hui près du tiers de tous les insecticides utilisés, afin de préserver les insectes pollinisateurs, dont les abeilles, il est urgent de décider de leur totale interdiction sur l’ensemble de la planète quoique puissent en penser les agro-chimistes dont les mensonges répétés commencent à devenir insupportables surtout en regard de ces nouveaux résultats, car pourquoi ces substances n’auraient-elles pas aussi un effet analogue chez les vertébrés dont l’homme ? Sur la photo, les larves que l’on voit dans les alvéoles sont condamnées à une mort lente …

 

Lien vers l’article :

http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0068191

Néonicotinoïdes : la mauvaise foi des agro-chimistes !

Beekeepers report higher loss rates In bee population

Crédit photo : Guardian

Des rumeurs de plus en plus insistantes font état de l’usage d’armes chimiques en Syrie, nommément du Sarin ou peut-être du Tabun, et tant Israël que les USA parlent de ligne rouge à ne pas franchir. Mais pour les insectes pollinisateurs, l’usage de neurotoxines n’a pas l’air d’alarmer les politiciens qui sont susceptibles d’être au service des citoyens, ces derniers se déclarant à plus de 70 % contre l’usage des néonicotinoïdes commercialisés par Syngenta et Bayer. Toutes les études réalisées par des milliers de scientifiques universitaires en collaboration avec les apiculteurs de nombreux pays ont montré que les néonicotinoïdes désorientaient les butineuses conduisant à la mort certaine de la ruche. Comme pour l’industrie pharmaceutique (voir : http://www.contrepoints.org/2013/04/27/122835-bad-pharma-le-cote-sombre-de-lindustrie-pharmaceutique ) l’industrie phytosanitaire falsifie les études réalisées à l’emporte-pièce sur de courtes périodes et avec des données statistiques truquées. Aucune étude sur le long terme n’a été sérieusement conduite avec les néonicotinoïdes utilisés entre autres usages pour l’enrobage des semences et efficaces à des doses terrifiantes de quelques grammes à l’hectare, comme le sarin ou le tabun dont quelques microgrammes suffisent pour tuer un homme. Quand ces molécules ont été mises au point, les chimistes ont clamé haut et fort qu’enfin l’agriculture devenait propre et respectueuse de l’environnement puisque les quantités de pesticides utilisées étaient infinitésimales. C’est un argument fallacieux qui nie le fait que les insectes, et pas seulement les abeilles, sont exterminés avec des quantités extrèmement faibles de ces produits, très inférieures au milliardième de gramme ! Des quantités même plus décelables dans l’environnement, mais encore létales pour les abeilles, les bourdons et autres insectes pourtant essentiels pour assurer la production agricole correcte de plus de 70 % des denrées alimentaires. Là où la mauvaise foi des chimistes atteint une ligne rouge, pour reprendre les termes des politiciens à propos des neurotoxines de combat, c’est que leurs arguments de marketing reposent justement sur ces très faibles quantités utilisées. Or, ils n’ont jamais réalisé d’études de toxicité avec de tels ordres de grandeur puisqu’elles sont tout simplement irréalisables en laboratoire et si elles l’étaient seraient extrèmement coûteuses, seuls les innombrables retours d’observation in situ ont permis d’incriminer sans ambiguité l’impact de ces néonicotinoïdes sur les rûchers. Et comme pour en rajouter une couche, ces chimistes avancent l’argument encore plus malhonnête que les dites neurotoxines sont utilisées principalement sur des cultures qui ne nécessitent pas d’insectes pollinisateurs comme le blé, l’orge, l’avoine ou le maïs hybride F1. C’est une prouesse de mauvaise foi de la part des laboratoires pharmaceutiques comme Servier pour le Mediator, comme Merck pour le Vioxx et aujourd’hui comme Bayer ou Syngenta pour les néonicotinoïdes.

Ce n’est pas à la Commission Européenne de statuer comme elle doit le faire demain 29 avril sur un moratoire de deux ans (ridicule!) sur l’usage de ces insecticides, car elle est trop perméable au lobbying intense de ces géants de la chimie, c’est au moins au Parlement de Strasbourg de se saisir de ce dossier ou mieux encore de consulter l’ensemble de l’Union Européenne par référendum pour oui ou non laisser agir ces criminels en toute impunité.

Lien : http://www.guardian.co.uk/environment/2013/apr/28/europe-insecticides-ban-save-bees

Abeilles: conclusions inquiétantes de l’EFSA sur l’impact des pesticides

 

BRUXELLES – La Commission européenne pourrait proposer d’interdire l’utilisation de certains pesticides après les conclusions inquiétantes rendues mercredi par l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur leur impact létal pour les abeilles.

L’EFSA a rendu mercredi des conclusions inquiétantes sur l’impact de trois types de produits sur le nectar et le pollen, a expliqué Frédéric Vincent, porte-parole de Tonio Borg, commissaire européen en charge de la Santé et des Consommateurs.

Il a indiqué que cet avis avait été demandé par la Commission.

Une lettre va être adressée cette semaine au groupe allemand Bayer et au suisse Syngenta, qui produisent les pesticides comportant les trois néonicotinoïdes incriminés –clothianidin, imidacloprid et thiamethoxam–, notamment le Cruiser OSR, pour leur demander de réagir à ce rapport, a annoncé M. Vincent, précisant que les deux groupes avaient jusqu’au 25 janvier pour répondre.

D’autre part, la Commission européenne a décidé d’inscrire le sujet à l’ordre du jour de la réunion du comité permanent de l’UE en charge de ces questions prévue le 31 janvier. La Commission, avec les Etats membres, prendra les mesures qui s’imposent, a conclu le porte-parole.

Des Etats membres ont déjà pris des mesures au plan national. La France a ainsi retiré le 29 juillet l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du Cruiser OSR utilisé en traitement de semence pour le colza. Reste son usage pour le maïs qui, bien que contesté, n’a pas été à ce stade définitivement banni.

L’Italie et l’Allemagne interdisent l’usage des pesticides incriminés seulement pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles, et la Slovénie pour toutes les plantes.

L’idée de la Commission européenne est d’arrêter une ligne de conduite au niveau de l’UE et d’aller si nécessaire vers une interdiction des produits incriminés.

Au fil des ans, les études scientifiques ont permis d’établir que les pesticides dits systémiques ou néonicotinoïdes ont bien un impact létal sur les abeilles, qu’ils désorientent, au point que certaines ne savent plus revenir à leurs ruches. En une quinzaine d’années, leur mortalité est passée de 5 à 30%.

Les apiculteurs ont déjà obtenu le retrait du Régent et du Gaucho (Bayer). Les fabricants insistent de leur côté sur l’impact économique de la suppression de leurs pesticides.

L’entreprise est prête à coopérer avec la Commission européenne et les Etats membres de l’UE et à développer des solutions pragmatiques pour aborder les lacunes en termes de données évoquées par l’EFSA, a réagi le groupe allemand dans un communiqué.

Sa division d’agrochimie, Bayer CropScience, rappelle que les nombreuses données rassemblées par le groupe ont été examinées par l’UE et les Etats membres et confirment que ses produits ne présentent aucun risque inacceptable.

Nous sommes convaincus que les nouvelles conclusions de l’EFSA ne changent rien à la qualité et à la validité de cette évaluation des risques, a ajouté le groupe.

Selon lui, la recherche a montré que plusieurs facteurs expliquent le déclin de la population des abeilles, le principal étant un acarien parasite de l’espèce Varroa.

Bayer CropScience s’engage à une utilisation responsable des néonicotinoïdes et investit dans un programme destiné à réduire leurs effets sur les abeilles, a encore affirmé l’entreprise.

L’agrochimiste suisse Syngenta a de son côté vigoureusement contesté les conclusions de l’EFSA.

Il est clair pour nous que l’EFSA s’est trouvée sous pression politique pour produire une évaluation hâtive et insuffisante, a déclaré John Atkin, le directeur opérationnel de Syngenta.

Le rapport n’a pas tenu compte des études scientifiques exhaustives qui ont précédé le lancement des néonicotinoïdes, ni des rapports de surveillance effectués dans les champs sur plusieurs années, selon le groupe suisse.

Ce rapport n’est pas digne de l’EFSA et de ses scientifiques, a ajouté John Atkin.

Syngenta mettra tous les moyens à sa disposition pour défendre l’utilisation de ce type de produit, a précisé le groupe dans un communiqué.

Une interdiction des néonicotinoïdes pourrait menacer 50.000 emplois et se traduire par un perte économique de 17 milliards d’euros à travers l’Europe sur les cinq prochaines années, selon l’agrochimiste bâlois.


(©AFP / 16 janvier 2013 18h22)

On croit rêver en lisant cette dépêche d’agence pour diverses raisons que je vais tenter d’énumérer et expliquer pour mes lecteurs.

Les néonicotinoïdes commercialisés par Syngenta et Bayer sont des insecticides systémiques, c’est-à-dire qu’ils se répandent dans toute la plante par l’intermédiaire de la sève. Ils sont utilisés notamment dans l’enrobage des semences et se retrouvent donc au niveau des fleurs au moment où justement les insectes pollinisateurs, dont les abeilles, viennent récupérer le pollen et le transporter vers d’autres fleurs au cours de leur mission de collecte de nourriture pour la ruche ou le nid des bourdons (par exemple) et la présence de traces de ces pesticides va désorienter les abeilles qui ne retrouveront pas leur ruche et seront alors condamnées à une mort certaine.

Voilà un peu ce qui se passe dans la réalité. Les grandes compagnies chimiques dont la dépêche d’agence cite le nom nient la réalité en prétendant sans aucune preuve à l’appui que le peu de pesticide susceptible de se retrouver au niveau des infloraisons ne peut pas expliquer la décimation des abeilles pourtant observée par les apiculteurs. On ne peut pas dire que les apiculteurs agissent sciemment contre les chimistes, ils ont simplement observé que leurs colonies d’abeilles étaient décimées, un point c’est tout. Les grands groupes chimiques semblent ignorer quel serait le désastre résultant de la disparition des insectes pollinisateurs : chute des rendements agricoles, pénuries alimentaires pires qu’une grande sécheresse, et bien sûr une frofonde crise du monde agricole. Ces éléments sont prouvés et diverses études de prospective impartiale l’ont montré.

Si l’interdiction des néonicotinoïdes devait être décidée, et j’espère qu’elle le sera, ces entreprises prétendent que cette interdiction risquera la perte de 50000 emplois et une perte financière de 17 milliards d’euros.

Alors là, je ris à en pleurer !

Autant chez Syngenta que Bayer, au plus une centaine de personnes dans chacune des sociétés est concernée par la production de ces pesticides et disons qu’une autre centaine de personnes est concernée par la formulation et l’encapsulation des semences si ces dernières sociétés sont impliquées dans la commercialisation des semences dites enrobées. Disons 400 et j’hallucine quand ces gens-là prétendent qu’il en résulterait une perte de 50000 emplois, premier mensonge. Pour la perte financière, sachant que les profits réalisés sont incroyablement élevés (la matière active revient à une dizaine de dollars par kilogramme et est revendue sous forme d’enrobage quelques dizaines de milliers de dollars) ils font un calcul arithmétique fallacieux prenant en compte la perte qui pourrait être induite par l’interdiction de l’usage de ces produits, mais une perte de profits et non pas une perte au niveau des coûts de production puisqu’ils sont dérisoires comme je l’ai mentionné ci-dessus. C’est donc un deuxième mensonge flagrant. Les dirigeants européens préoccupés à juste titre par la protection des insectes pollinisateurs vont-ils baisser leur culotte devant les lobbyistes agressifs qui rodent dans les couloirs des instances européennes tant à Bruxelles qu’à Strasbourg ou vont-ils enfin assumer leurs responsabilités ?

A suivre …