L’irradiation gamma : une solution pour éradiquer les moustiques

Une expérience pilote financée par l’IAEA (International Atomic Energy Agency) a permis de réduire la population de moustiques porteurs du virus de la dengue de plus de 90 %.

À Cuba, comme dans la plupart des pays tropicaux, la dengue est un problème croissant. Transmise par l’espèce de moustique Aedes aegypti, cette infection virale provoque une forte fièvre, des douleurs musculaires et articulaires, des éruptions cutanées et, dans les cas les plus graves, la mort. À l’échelle mondiale, le nombre de cas de dengue signalés à l’Organisation Mondiale de la Santé a été multiplié par huit au cours des deux dernières décennies. « À Cuba, le contrôle d’Aedes aegypti est une priorité nationale », a déclaré René Gato Armas, entomologiste et chef du groupe de techniques d’insectes stériles (SIT) à l’Institut de médecine tropicale Pedro Kourí de Cuba.

« Après une importante épidémie de dengue en 1981, le gouvernement a déployé un programme national intensif basé sur des méthodes conventionnelles qui a presque éradiqué le moustique à la fin de la décennie. Depuis lors, cependant, les flambées épidémiques de cas importés sont fréquentes. Actuellement, la dengue est considérée comme une maladie endémique à Cuba. Il a été noté que l’utilisation aveugle d’insecticides a également déclenché une résistance aux insecticides chez Aedes aegypti.

La SIT est une approche de contrôle des populations d’insectes reposant sur la libération de moustiques mâles stérilisés. L’irradiation, comme avec les rayons gamma et les rayons X, est utilisée pour stériliser les insectes élevés en masse afin que, tant qu’ils restent sexuellement actifs, ils ne puissent pas produire de progéniture. Au cours des cinq dernières années, Gato Armas a travaillé en étroite collaboration avec des experts de l’Agence internationale de l’énergie atomique (IAEA) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) pour collecter des données de base et développer l’essai pilote SIT comme alternative à des efforts de lutte contre les moustiques qui perdent en efficacité et qui nuisent à l’environnement.

Un essai pilote d’une campagne SIT a été mené entre avril et août 2020 dans une zone de 50 hectares à El Cano, un quartier isolé du sud-ouest de La Havane. Arroyo Arenas, un autre quartier de taille similaire, a été utilisé comme site témoin non traité. Lors de l’essai pilote, près de 1,3 million de moustiques mâles stériles ont été relâchés. Les moustiques mâles ne sont pas porteurs de la dengue, ne piquent pas et ne se nourrissent pas de sang.

L’IAEA a aidé Cuba à se doter d’équipements pour séparer les moustiques mâles et femelles avant l’irradiation et leur libération dans la nature et a aidé à équiper des installations d’élevage de moustiques. Avant l’essai, Cuba avait peu de capacité d’élevage d’insectes et l’IAEA a aidé des étudiants boursiers cubains à suivre une formation sur cette technique au Brésil, en Colombie, au Mexique et dans les laboratoires de l’IAEA en Autriche.

« L’utilisation de la SIT pour les moustiques est relativement nouvelle partout dans le monde, et des essais pilotes comme celui-ci montrent à quel point ils peuvent être prometteurs », a déclaré Rui Cardoso Pereira, chef de la section de lutte contre les insectes nuisibles au Centre conjoint FAO/IAEA des techniques nucléaires pour l’Alimentation et l’Agriculture. « Les institutions nationales peuvent désormais mettre en œuvre efficacement la SIT et seront bientôt en mesure de soutenir d’autres pays dans cette technique », a déclaré Raquel Scamilla Andreo Aledo, responsable de la gestion du programme de l’IAEA pour Cuba. Gato Armas a déclaré qu’il était possible que d’ici la fin de 2022, la zone d’étude du projet augmente, mais cela nécessitera des mises à niveau de l’équipement, y compris un « trieur de sexe » automatisé, pour réduire la main-d’œuvre chronophage et réduire les coûts.

Notes. Outre la dengue l’Aedes aegypti est un vecteur du virus de la fièvre chikungunya souvent confondue avec la dengue, de la fièvre Zika, du Mayaro virus, de la fièvre jaune et probablement d’autres maladies virales. La technique de séparation des moustiques mâles et femelles est basée sur la différence de taille des pupes, celles des femelles étant légèrement plus grosses. Les pupes mâles sont ensuite irradiées et après l’éclosion les mâles sont libérés.

Source : IAEA/FAO et doi : 10.1051/parasite/2020041

Le secret du Pyrethrum enfin dévoilé

Le « pyrethrum » est une décoction des fleurs séchées de la famille des chrysanthèmes (Tanacetum cineraariifolium) connues depuis des centaines d’années pour ses propriétés toxiques à l’égard des moustiques et pour ses propriétés répulsives. La matière active toxique pour les insectes a été identifiée, largement étudiée et exploitée, il s’agit des pyréthrines I et II. Cependant l’effet légèrement répulsif de la décoction traditionnelle n’avait jamais été élucidé jusqu’à une étude récente plurinationale comprenant des biologistes américains, chinois, japonais et brésiliens (lien en fin de billet). Pour étudier les récepteurs olfactifs du moustique il s’agit d’un véritable défi car ces récepteurs se trouvent sur des cils microscopiques tapissant le tronc de l’antenne de l’insecte. Il a fallu mettre au point une technique électrophysiologique utilisant des électrodes microscopiques pour être capable de détecter le potentiel d’action des terminaisons nerveuses tapissées de récepteurs olfactifs. Le moustique utilisé dans cette étude a été l’anophèle gambiae après avoir vérifié que le gène codant pour la protéine réceptrice était bien conservé parmi les espèces de moustiques vecteurs de maladies virales ou parasitaires.

Au cours de cette étude il a été montré que bien que non répulsifs les pyrèthres eux-mêmes agissent au niveau des cils olfactifs des antennes du moustique en bloquant également les canaux sodium des terminaisons nerveuses de ces cils. Il a alors été nécessaire d’identifier le produit répulsif contenu dans l’extrait appelé pyrethrum puisque cet extrait de chrysanthèmes séchées ne semble pas lui-même présenter de propriétés répulsives. La molécule chimique identifiée est le (E)-beta-Farnesene (EBF) qui provoque une forte réponse électrophysiologique au niveau des cils sensoriels des antennes du moustique :

Ces travaux d’une minutie extrême ont donc ouvert la voie vers la synthèse de nouvelles classes de répulsifs comme par exemple le citronellyl cyclobutanecarboxylate récemment mis au point, un dérivé du citronellol. Source et illustrations : https://doi.org/10.1038/s41467-021-22847-0

Les moustiques fuient le froid pour être attirés par le chaleur corporelle

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Les moustiques sont les animaux les plus meurtriers de la planète. Plus de sept cent mille de personnes meurent chaque année de maladies transmises par les moustiques telles que le paludisme, la dengue, le virus du Nil occidental et la fièvre jaune, pour la plupart des enfants. 200 autres millions sont infectés et souffrent souvent de symptômes rémanents (comme votre serviteur depuis 22 ans).

La découverte décrite ci-après pourrait offrir la possibilité de tromper ou d’annihiler les capteurs de température de ces insectes afin qu’ils ne propagent pas la maladie.

« Des systèmes sensoriels comme ceux des moustiques sont d’excellentes cibles pour développer de nouvelles façons de repousser ou de leurrer les moustiques pour les empêcher de nous piquer ou pour créer de nouvelles façons d’aider à piéger et à tuer ces créatures qui propagent tant de maladies« , a déclaré Garrity (lien en fin de billet).

Un rapide rappel historique

Au début du 20e siècle, Frank Milburn Howlett, un scientifique britannique en service en Inde, remarqua que les moustiques planaient toujours autour de sa théière à l’heure du thé. À titre d’expérience, il piégea dans un sac de gaze quelques-uns de ces insectes et mit ce sac près d’un récipient rempli d’eau chaude. Lorsque la chaleur fut détectée par les volatiles, « l’effet était le plus intéressant », écrit-il dans un document de recherche en 1910. Les moustiques étaient attirés sur le côté du sac le plus proche de l’air chaud qui montait. Howlett observa également que les moustiques ne semblaient pas attaquer les animaux à sang froid, suggérant que c’était la chaleur corporelle qui les attirait vers les humains.

D’autres recherches ont depuis montré que sur des distances de plusieurs pieds (quelques mètres), les moustiques sont attirés par le dioxyde de carbone que nous expirons, les odeurs que nous dégageons et des indices visuels pour nous trouver. Mais lorsqu’ils atteignent quelques centimètres, c’est la température de notre corps qui joue un rôle majeur dans leur guidage.

Seules les femelles de l’espèce se comportent de cette façon. Comme on l’a appris plus tard, elles utilisent les protéines de notre sang pour nourrir leurs œufs. Les mâles ne se nourrissent que du nectar des fleurs.

Cherchent-ils la chaleur ou évitent-ils la fraîcheur ?

L’année dernière, Garrity et plusieurs collègues ont publié un article dans la revue Neuron qui a bouleversé la pensée conventionnelle sur les récepteurs de détection de température à l’extrémité des antennes des mouches. Ces récepteurs étaient supposés agir comme des thermomètres, sondant la température de l’environnement pour faire comprendre à la mouche si l’environnement est chaud ou froid. Au lieu de cela, Garrity et ses collègues ont découvert que les récepteurs détectaient uniquement si la température changeait, permettant à la mouche de savoir si les choses les entourant devenaient plus chaudes ou plus froides.

Pour cette raison, Garrity renomma ces capteurs de température cellules de refroidissement et cellules de chauffage. Ces capteurs sont tellement sensibles qu’ils peuvent détecter quelques centièmes de degré de température par seconde. Les moustiques sont de proches parents évolutifs des mouches et ils possèdent également des cellules de refroidissement et des cellules de chauffage.

Alors qu’il aurait semblé logique d’examiner les « cellules de chauffage » des insectes pour comprendre ce qui les attire vers la chaleur humaine, le groupe de Garrity a considéré une hypothèse alternative – et contre-intuitive – peut-être que les insectes n’étaient pas attirés par la chaleur, peut-être volaient-ils pour s’éloigner du froid. Cela signifierait que les cellules de refroidissement seraient celles sur lesquelles se concentrer.

La cellule de refroidissement spécifique que Garrity et ses collègues ont étudié s’appuie sur un récepteur moléculaire appelé IR21a. IR signifie récepteur ionotrope. Il s’agit d’un groupe de protéines qui aident les neurones à transmettre des signaux. L’IR21a facilite la transmission d’un signal de baisse de température autour de l’insecte. L’équipe de Garrity a éliminé le gène du moustique responsable de la production du récepteur IR21a. Ils ont ensuite placé environ 60 insectes mutants dans un récipient de la taille d’une boîte à chaussures avec une plaque sur sa paroi arrière chauffée à une température corporelle proche de 37 degrés, et ont donné aux moustiques une bouffée de dioxyde de carbone pour imiter la respiration humaine.

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Alors que les moustiques non mutants se sont rapidement rassemblés sur la plaque portée à la température du corps pour essayer de se nourrir, les moustiques mutants ont largement ignoré la plaque. Sans le récepteur IR21a, ils ne pouvaient plus se diriger vers l’endroit le plus chaud de leur voisinage en évitant la zone froide. Dans une deuxième expérience, les moustiques ont été placés dans une petite cage en filet. Au-dessus de la cage, les chercheurs ont placé deux tampons de gaze imprégnés de sang humain, l’un à 23 degrés (température ambiante) et l’autre à 31 degrés (température à la surface d’une main humaine). Comparés aux moustiques non mutants placés dans la même configuration, les mutants ont montré une préférence réduite pour le sang à 31 degrés. Cette dernière expérience prouve également que l’odeur du sang n’attire pas le moustique.

Selon Garrity, le récepteur IR21a est activé chaque fois que les moustiques se déplacent vers une température plus froide. Étant donné que les humains sont généralement plus chauds que leur environnement, cela signifie que lorsqu’un moustique s’approche d’un humain, IR21a est silencieux. Mais si l’animal vient à s’écarter de sa trajectoire et commence à s’éloigner de sa proie à sang chaud, l’IR21a s’active, ne s’éteignant qu’une fois que l’insecte corrige cette trajectoire pour s’approcher à nouveau de sa proie.

En fin de compte, le suivi des changements de température est extrêmement utile pour aider ces animaux à déterminer précisément où nous mordre, car les vaisseaux sanguins sous-jacents sont l’endroit le plus chaud de notre peau. Garrity a déclaré que l’IR21a semble agir comme « une alarme ennuyeuse ». Elle se déclenche chaque fois que la femelle de moustique se dirige vers des objets plus frais. Lorsqu’elles cherchent des humains, elles semblent être poussées à faire tout ce qu’il faut pour « couper le son de l’alarme ».

Comment tout a commencé

Le gène de l’IR21 provient d’une créature marine qui a vécu il y a plus de 400 millions d’années et a finalement donné naissance à des crustacés modernes comme les homards et les crabes et à des insectes. Une fois que les ancêtres des insectes modernes se sont finalement aventurés sur la terre, le gène a été transmis à l’ancêtre commun des mouches et des moustiques. Lorsque les trajectoires évolutives de ces insectes ont divergé il y a environ 200 millions d’années, chaque espèce a développé des utilisations différentes pour le récepteur IR21a. Les mouches l’utilisent pour éviter la chaleur, les moustiques pour trouver, par différence, de la chaleur et se nourrir de sang humain.

Source et illustration : Science 6 février 2020 doi : 10.1126/science.aat9847 aimablement communiqué par le Docteur Paul A. Garrity, Brandeis University, qui est remercié ici.

Histoire de malaria et de moustiques …

En regroupant une série de statistiques internationales le nombre de décès d’êtres humains provoqués par des créatures vivantes depuis le début de l’année 2000 ressort ainsi :

1. Moustiques : 8 000 000 (environ 450 000 par an, surtout des enfants)

2. Êtres humains (guerres, attentats, homicides) : 475 000 (également beaucoup d’enfants)

3. Serpents (essentiellement en Inde) : 50 000

4. Chiens et mouches des sables : 25 000 chacun

5. Mouche tse-tse et mouche assassine : 10 000 chacune

Les crocodiles pourtant considérés comme les pires ennemis de l’homme sont classés en 10e position avec 1000 morts, les hippopotames 500 morts, les éléphants et les lions, 100 morts chacun, les requins et les loups arrivent enfin en 15e position avec chacun 10 morts par an.

Pourtant, en revenant au tueur numéro un de ce palmarès macabre 11 milliards de dollars sont dépensés chaque année uniquement pour se protéger des piqûres de moustiques. À vrai dire les moustiques ne sont pas létaux directement : la raison pour laquelle ils tuent tant d’êtres humains tient au fait qu’ils transmettent au moins 15 armes biologiques de destruction massive sous forme de parasites et de virus. Les moustiques sont les vecteurs de ces maladies comme des drones pourraient aussi transporter des bombes chargées d’armes biologiques. Si les moustiques n’existaient pas la palme des destructions reviendrait aux hommes, instinctivement tueurs et destructeurs, suivis de loin par les serpents, surtout les cobras.

Notre système immunitaire est très bien adapté à notre environnement. La preuve a été apportée lors des conquêtes de pays éloignés de cet environnement natal. Les Européens ont décimé des populations entières en Amérique latine, en Afrique et dans les îles du Pacifique non pas par les armes mais en important des armes biologiques de destruction massive telles que la rougeole, la variole et la grippe lors des colonisations successives car les peuplades natives n’étaient pas immunisées. En retour beaucoup de ces Européens ont été mis à genoux par des maladies auxquelles ils n’étaient pas habitués comme celles inoculées par les femelles des moustiques. Dans n’importe quel pays infesté de moustiques porteurs de maladies (ou non) dès le coucher du Soleil ces drones ailés viennent rapidement piquer les chevilles, ils adorent les chevilles car elles sont bien vascularisées et ne sont jamais trop éloignées du sol !

Le moustique s’immobilise sur la peau à l’aide de ses six pattes munies de fins crochets et en quelques secondes trouve un vaisseau « intéressant » qu’il va atteindre rapidement avec un appareil buccal très sophistiqué qui ressemble à un couteau électrique avec deux lames agissant en va-et-vient et qui ménage un passage dans la peau à l’appareil de succion, le proboscis, une sorte de fin tuyau, la seringue hypodermique qui pompera 4 à 5 milligrammes de sang, trois fois le propre poids du moustique, tandis qu’une autre « seringue » injecte de la salive contenant des produits anti-coagulants. C’est la salive qui transmet les maladies et c’est l’anti-coagulant qui provoque les démangeaisons cutanées. Par expérience personnelle, dans un environnement quelconque, le moustique (femelle de l’Anophèle) va rechercher du sang 48 à 72 heures avant que le temps devienne pluvieux car il faut de l’eau pour que les oeufs survivent et se transforment en larves et pour que les oeufs arrivent à maturité il faut également un séjour de 48 heures dans l’utérus du moustique, la femelle, car les mâles se contentent de nectar de fleurs … et de sexe. Ils peuvent en effet féconder plusieurs femelles au cours de leur vie aérienne. Cependant le moustique tigre pique n’importe quand car il lui faut très peu d’eau pour que les oeufs survivent après la ponte et se transforment en larves.

Contrairement aux idées reçues, les moustiques ne sont pas particulièrement attirés par les blondes ni par des odeurs corporelles inhabituelles comme celles différenciant, semble-t-il, les Blancs des Noirs. Par contre les moustiques sont 2 fois plus attirés par les personnes ayant un sang de groupe O que celles ayant un sang de groupe A, et juste un peu moins attirés par celles ayant un sang de groupe B. Les odeurs corporelles jouent enfin un rôle essentiel pour que les moustiques pénètrent dans les habitations et s’immobilisent dans l’obscurité en attendant que leur proie survienne, proie qu’ils localisent dans l’obscurité totale à l’aide de détecteurs infra-rouges tout aussi sophistiqués que leur appareil buccal.

Pour les odeurs corporelles naturelles ou non, les moustiques n’aiment pas particulièrement les personnes qui se lavent mal mais ils sont attirés par celles qui dégagent des odeurs de pieds insistantes car les bactéries qui provoquent ces odeurs produisent aussi des substances chimiques présentant de réelles propriétés aphrodisiaques pour les moustiques. Les parfums, eaux de toilettes et autres savons odorants n’ont aucun effet répulsif, bien au contraire. Il a été observé que les buveurs de bière étaient très recherchés par les moustiques, peut-être dégagent-ils plus de CO2 (encore lui !) que les personnes qui ne boivent pas de bière. La femelle du moustique est en effet capable de détecter le CO2 exhalé par une proie humaine à plus de 50 mètres, un drone téléguidé par ce gaz et les radiations infra-rouges. Pour terminer ce tableau, terrifiant si vous transpirez, votre transpiration contient de l’acide lactique et l’odeur de cette substance attire particulièrement les moustiques et les femmes enceintes qui exhalent 20 % de plus de CO2 attirent significativement plus les moustiques que les autres femmes, phénomène qui aggrave la situation en cas de transmission du Zika ou de la malaria.

Une autre idée reçue consiste à croire que les moustiques femelles, après avoir déposé leurs oeufs, sont promises à une mort rapide. Il n’en est rien. Ces sales animaux volants peuvent vivre trois semaines, s’accoupler à nouveau après la ponte et piquer à nouveau une proie. C’est là que réside le fait que les moustiques peuvent transmettre des maladies infectieuses car le réservoir de ces maladies transmissibles à l’homme, c’est justement l’homme lui-même. Et au cours de ses trois semaines de vie, la femelle a largement l’occasion de recharger ses glandes salivaires en parasites ou en virus. Je souffre moi-même de crises de malaria depuis plus de 20 ans (P. vivax) et lorsque j’ai une crise, si un moustique me pique il y a tout lieu de penser que lors d’une autre piqûre motivée par la nécessité d’amener à maturation des oeufs fécondés, ce même moustique femelle pourra transmettre la malaria dont je souffre à une autre personne.

L’évolution a admirablement bien adapté les Plasmodium car ces parasites doivent « vivre » un cycle particulier dans les glandes salivaires du moustique.

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De plus ces parasites ne tuent pas systématiquement leur hôte final, l’être humain et certains primates, et c’est aussi la raison pour laquelle ils ont survécu à des milliers d’années d’évolution. Le cycle de vie des Plasmodium leur permet de survivre mais aussi à leur hôte de survivre en grande majorité malgré le grand nombre de morts. D’une manière générale tous les agents pathogènes se sont adaptés au cours de leur évolution pour survivre et se multiplier avant la mort de leur hôte. Certains virus comme le HIV ont poussé la sophistication de leur survie en traversant librement la barrière placentaire. Bien d’autres agents pathogènes, outre les Plasmodium, ont besoin d’un véhicule pour être transmis comme les puces, les mouches, les tiques, les mites ou les moustiques. Le typhus, la peste bubonique, la maladie de Chagas, la trypanosomiase ou maladie du sommeil, la maladie de Lyme en sont des exemples. Les moustiques sont les maîtres incontestés dans l’art d’évoluer et il en est de même des parasites et autres virus qu’ils véhiculent.

Par exemple lors de la bataille de Londres, consistant pour l’armée allemande à bombarder à l’aveugle la capitale britannique, la population se réfugiait dans les galeries du métro, les caves et d’autres souterrains, y compris les collecteurs d’égouts. Les moustique Culex, habitués à se nourrir essentiellement avec du sang des oiseaux et très accessoirement des êtres humains, soumis aux mêmes conditions de survie que leurs proies, apprirent à se nourrir du sang des souris, des rats et éventuellement du sang des animaux de compagnie des humains. Il y a aujourd’hui toujours dans le métro de Londres des descendants de ces moustiques qui ont évolué le temps du Blitz de 1940-41 !

Le Plasmodium vivax ainsi que les autres Plasmodium est un parasite réellement diabolique car au cours de son cycle de vie il change en permanence de forme ainsi que de couverture protéique. C’est la raison pour laquelle il est si difficile à attaquer avec des produits chimiques ou des vaccins car il a trouvé une parade inattaquable : rester dormant dans le foie puis attaquer périodiquement les globules rouges du sang dans lesquels il pénètre pour se protéger et s’y multiplier de manière asexuée. Ce processus dure environ 48 heures et se reproduit plusieurs fois de suite, en général trois fois. Chaque cycle est signalé à l’hôte par une violente crise de fièvre passagère qui disparaît en quelques heures pour réapparaître quelques 48 heures plus tard. Lors de la littérale explosion des hématies un signal chimique synthétisé par cette forme asexuée du parasite et encore mal identifié se retrouve dans la sueur. Ce signal indique au moustique qu’il faut s’abreuver de ce sang chargé en parasites qui vont ainsi compléter leur cycle de reproduction dans les glandes salivaires du moustique. Plus sophistiqué encore, lorsque les glandes salivaires sont progressivement envahies par les formes sexuées du parasite qui sont confinées dans des sacs appelés oocystes (stade 11 dans l’illustration). Cette accumulation inhibe en partie la sécrétion de salive et la femelle du moustique n’a pas le temps de récupérer la totalité du sang dont elle a besoin en une seule piqûre. Elle est alors obligée de trouver d’autres victimes accélérant ainsi le processus de contamination par le parasite à d’autres personnes. Stratégie tout simplement admirable !

Source : partiellement inspiré d’un article paru sur The Guardian, illustration CDC.

Notes. La mouche des sables est le vecteur du redoutable virus de Chandipura provoquant une maladie proche de la rage et à de rares exceptions mortelle. Cette mouche est aussi un agent transmetteur de la leishmaniose. Certaines mouches des sables se contentent d’arracher littéralement un morceau de chair qui s’infecte très rapidement dans certaines contrées comme par exemple les îles Marquises.

La controverse soulevée par les protecteurs de l’environnement à propos d’un lâcher de moustiques anophèles génétiquement modifiés pour ne produire que des mâles est infondée sous le fallacieux prétexte que l’écosystème serait gravement modifié car le moustique n’est que rarement consommé par les créatures mangeuses d’insectes. Lors de l’éradication systématique des moustiques de la côte sud-ouest de la France, de la Camargue à la frontière espagnole il y eut de timides mouvements de protection de la nature. Depuis cette date, aux alentours des années 1970, alors que la côte méditerranéenne était infestée de moustiques et hostile à tout développement touristique un nouvel équilibre du biotope s’est établi et cette partie de la France du sud n’a jamais connu de « printemps silencieux » comme le prétendit Rachel Carson dont le livre conduisit à l’interdiction en 1972 du DDT, le plus grand crime contre l’humanité jamais perpétré par l’homme. Depuis cette date, en effet, le nombre de morts attribués à la malaria et autres maladies transmises par les moustiques a dépassé celui de toutes les guerres depuis le début du XXe siècle y compris au moins 20 millions d’enfants. Il n’existe malheureusement pas d’insecticides spécifiques du moustique et le DDT, classé comme cancérigène probable au même titre que le glyphosate, serait aujourd’hui rapidement interdit sous la pression des ONGs …

Le CO2 et les moustiques : une fantastique coopération !

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Il y a maintenant 20 ans que Dame nature, que d’aucuns voudraient protéger quoiqu’il en coûte, m’a gratifié de la malaria, une saloperie d’un Plasmodium vivax qui a élu domicile dans mon foie et me détruit la santé périodiquement. Et chaque fois qu’une publication scientifique paraît au sujet de la malaria je me précipite pour la lire en détail.

L’article paru dans le dernier numéro du périodique Current Biology détaille comment les moustiques femelles qui ont besoin de sang pour la maturation de leurs oeufs détectent leur proie. C’est tout simplement machiavélique ! Ces sales bêtes, femelles qui plus est (je ne suis pas sexiste mais tout de même), qualifiées d’anthropophiles possèdent toute une série de récepteurs pour géolocaliser leur proie à coup sûr.

Contrairement à ce que pensent les béotiens qui n’ont jamais vécu dans les pays tropicaux, je ne leur en veux pas, ce n’est pas la lumière qui attire les moustiques, c’est plutôt le contraire car la lumière a tendance à « éblouir » les moustiques qui deviennent incapables de localiser leur proie à l’aide de leurs détecteurs infra-rouge. Ici, je ne parle pas des moustiques du genre tigre qui transmettent la dengue qui piquent à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, une autre saloperie que j’ai attrapé aux îles Marquises, mais des Anophèles qui transmettent spécifiquement la malaria.

 

Les Anophèles comme les Aedes sont attirés, outre par les infra-rouges, par le CO2 (encore lui !), l’odeur corporelle, la vapeur d’eau que l’on exhale comme le CO2 en respirant et la détection visuelle directe comme par exemple au crépuscule. L’article cité en référence fait état de l’identification détaillée des divers récepteurs du CO2 et des odeurs corporelles permettant aux moustiques de se diriger vers leur proie. Ces récepteurs se trouvent localisés presque exclusivement dans les antennes de ces sales bêtes. À l’aide de l’outil de biologie moléculaire CRISPR-case9 les biologistes de l’Université Internationale de Floride à Miami ont pu identifié le mécanisme extraordinairement sophistiqué dont disposent ces immondes insectes que les écologistes, qui n’ont jamais été vaincus par des crises de malaria, refusent qu’un quelconque insecticide ne menace leur vie paisible.

Notre odeur corporelle est le résultat de la présence d’une série de substances volatiles excrétées par les glandes sudoripares et nous pourrons nous tartiner de déodorants et d’huiles essentielles, ce sera totalement inefficaces pour repousser les moustiques parce que ces derniers possèdent des récepteurs que n’importe lequel des parfums ne pourra pas leurrer, à l’exception notoire du diéthyl-toluamide (DEET), le seul produit efficace qui repousse les moustiques à condition qu’il soit utilisé dans une formulation concentrée. Il semblerait que les moustiques « n’aiment pas » cette odeur.

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Dans la sueur, source de notre odeur, il y a au moins 12 composés volatiles, du moins les plus abondants et qui ont été testés en laboratoire. Il s’agit du 1-octènol, de la géranylacétone, de la sulcatone, de l’octanal, du nonalal et du dodécanal, des cétones très volatiles aux odeurs caractéristiques et bien connues des chimistes. Il y a aussi le linaool, le limonène et le 2-éthylhexanol et pour compléter cette liste à la Prévert une série d’acides que l’on trouve notamment dans les fromages comme l’acide lactique et les acides butyrique, heptanoïque, octanoïque et nonanoïque qui participent avantageusement aux fumets inoubliables d’un Epoisses, d’un Comté de deux ans d’âge ou d’un Rocamadour bien coulant.

Toutes ce molécules volatiles sont détectées par le moustique à l’aide de récepteurs très spécialisés. Ce qui est incroyable dans ce mécanisme est que cette détection est amplifiée par la présence de gaz carbonique que nous exhalons en respirant à une concentration de l’ordre de 2000 ppm à la sortie de nos poumons. Entre parenthèses et cela n’a rien à voir avec les moustiques, quand certains climato-réchauffistes prétendent que le CO2 est toxique, ce même CO2 sert de signal pour les moustiques et pour leur survie ! La sophistication des détecteurs du moustique ne s’arrête pas là. La détection infra-rouge indique au moustique qu’il s’agit bien d’un animal – nous, humains – à sang chaud et qu’il est approprié de lui pomper son sang.

Le moustique est donc équipé d’un système extraordinairement sophistiqué pour choisir sa proie : il faut que la température du corps de cette proie avoisine les 37 degrés, qu’il répande du CO2 en respirant, et qu’il dégage les composés chimiques mentionnés ci-dessus. Imparable !

Source et illustrations : Current Biology, doi : 10.1016/j.cub.2019.02.045

Les moustiques bientôt de retour

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Dans 25 jours ce sera officiellement le printemps avec le retour des moustiques. Depuis l’évènement Zika de nombreuses études ont été réalisées pour savoir comment se protéger efficacement des moustiques et c’est ce à quoi s’est consacré une équipe de zoologistes de l’Université du Nouveau-Mexique à Las Cruces en s’intéressant plus particulièrement au moustique Aedes egypti, vecteur d’une panoplie de virus : zika, chikungunya, fièvre jaune et dengue. Tous les moyens disponible sur le marché pour repousser les moustiques ont été passés en revue en utilisant une sorte de tunnel où se trouvait un volontaire assis à près de 3 mètres d’un système de cages dans lesquelles se trouvaient entre 50 et 125 moustiques femelles prêtes à tout pour s’offrir un repas de sang.

Un courant d’air (3 mètres par seconde) produit par un ventilateur était alors établi et la cage à moustiques ouvertes. Après 15 minutes cette cage était fermée et l’expérimentateur procédait au comptage des moustiques ayant échappé de la cage et atteint le volontaire. Comme pour toute expérience de ce type il fallait un contrôle positif et un contrôle négatif. Dans le premier cas il s’agissait d’un sujet qui ne s’était pas lavé la peau depuis au moins 8 heures et dans le deuxième cas l’expérience était conduite sans sujet dans le tunnel.

Il s’est avéré que seul un produit répulsif contenant au moins 30 % d’huiles essentielles de citronnelle et d’eucalyptus ou 98 % de diethyl-toluamide (DEET) étaient à plus de 85 % efficaces à un mètre de distance de la cage à moustiques. Tous les autres produits, bougies, bracelets, crèmes, sprays, ultra-sons et contenant divers produits supposés repousser les moustiques se sont révélés pratiquement inefficaces. Un essai avec des vêtements légers a établi que la perméthrine était efficace pour se prémunir des piqûres. Il existe des crèmes et des pulvérisateurs contenant cet insecticide, utilisé en particulier pour venir à bout des poux et des sarcoptes (acariens de la gale). Ils sont très efficaces contre les moustiques sans toutefois les repousser car le moustique, au contact de cet insecticide, n’a pas d’autre choix que de mourir instantanément !

Attention donc, à la venue du printemps, aux publicités mensongères diverses et variées. Les bougies à la citronnelle sont totalement inefficaces ainsi que les bracelets supposés repousser les moustiques. Seuls les préparations concentrées d’huiles essentielles de citron et d’eucalyptus ou de DEET sont vraiment efficaces …

Source : Journal of Insect Science, doi : 10.1093.jisesa/iew117

Virus Zika : les écolos sont contre la lutte biologique …

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On le savait déjà les mouvements écologistes sont contre le nucléaire, contre les OGMs, contre les pesticides, contre la pêche à la baleine, contre les vaccins, contre le CO2, contre les HFCs, contre le génie génétique, contre les plantations de palmiers à huile, contre le fuel lourd dts-5 %, contre les antennes téléphoniques, contre les lignes électriques haute-tension, contre les éoliennes près de leur maison … et j’en oublie, et maintenant ils sont opposés à la lutte biologique contre les moustiques. Les moustiques génétiquement modifiés pour exprimer un anticorps dans leur salive qui détruit les larves du plasmodium responsable de la malaria, les écolos ne veulent pas en entendre parler comme ils furent opposés au DDT : laissons les pauvres mourir naturellement (surtout les « blacks » d’Afrique) c’est meilleur pour Gaïa !

Une autre alternative pour lutter contre les maladies véhiculées par les moustiques, dengue, malaria, Zika, Chikungunya et bien d’autres fièvres virales, est d’introduire des poissons mangeurs de larves de moustiques comme les guppys dont une espèce particulièrement prolifique, le Poecilia reticulata, est très friande de ces larves. Des essais couronnés de succès ont eu lieu depuis des années dans 69 pays dont la Caraïbe (Puerto-Rico ou encore Tobago) et au Pakistan, par exemple. Pour les écolos il s’agit d’une espèce invasive qu’il faut interdire car non seulement elle déséquilibre la faune naturelle mais l’urine de ces poissons enrichit l’eau en nitrates et c’est mauvais pour l’environnement (sic) et donc pour l’harmonie de Gaïa.

C’est un pamphlet rédigé par des universitaires franchement écolos de l’Université Victoria au Canada qui l’affirme : il faut laisser mourir les gens (malaria) et laisser naître des enfants avec des malformations (Zika) plutôt que de déséquilibrer le milieu naturel avec des guppys qui n’ont rien à y faire. Cet article paru dans Biology Letters en accès libre (voir le doi) est tout simplement abject ! Quand je pense qu’il y a des millions de gens y compris des décideurs et des politiciens qui sympathisent avec ces assassins emmenés entre autres par des organisations supranationales criminelles comme Greenpeace ou le WWF* je suis proprement dégouté et à la limite de la nausée. Où va le monde avec ces fous furieux malthusiens infiltrés dans toutes les sphères de la société ?

Source : http://dx.doi.org/10.1098/rsbl.2016.0590

* Note : Le WWF pourchasse les Bakas (Pygmées) dans les parcs nationaux de la forêt humide camerounaise sous prétexte que ces chasseurs-cueilleurs nomades vivant dans cette forêt depuis des milliers d’années déciment la faune. Ils sont abattus comme de vulgaires braconniers par des gardes financés par cette organisation criminelle alors que cette peuplade unique au monde lutte pour sa survie. C’est aussi ça le WWF, qu’on ne se méprenne pas au sujet de ses objectifs clairement génocidaires, une organisation qui, pourtant, ose rançonner le chaland dans la rue sans mentionner ses actions criminelles ! Ce qui paraît de mon point de vue (que je ne partage qu’avec moi-même comme aurait dit Desproges) incroyable est que les pandas ont plus d’importance pour le WWF que les Pygmées …

Quand la peur climatique devient virale, c’est pire !

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On l’attendait, on l’a préparée, elle est enfin arrivée, l’occasion de continuer à répandre la peur climatique sur toute la surface du globe : c’est le virus Zika, le bienvenu ! Oui, parce que le réchauffement climatique va aider le virus à se répandre presque partout, euh, … non, pas exactement le virus mais le vilain moustique qui lui sert de vecteur. Il y avait récemment le virus Ebola qui n’a pas tué plus de personnes dans les pays concernés que l’équivalent en décès de deux semaines de malaria dans le monde, belle ironie des statistiques de l’OMS. Pas de chance, le virus Ebola ne concerne que des pays pauvres au climat équatorial humide et celui-ci ne changera pas, il est déjà très chaud. Quant au nouveau venu, pas si nouveau que ça puisqu’on l’a différencié de celui de la dengue dont il est un très proche cousin dans les années 1950, il semblerait qu’il menace le monde entier parce que le climat se réchauffe et favorisera donc une pandémie contre laquelle il n’existe aucune arme de destruction massive, comprenez, contre ce virus.

C’est terrible ! Il paraît que ce virus provoque de sévères malformations foetales, comme celui de la rubéole. Il est véhiculé par le terrible Aedes egypti, un moustique opportuniste qui, pire encore, se complait dans les agglomérations urbaines. À propos de ces microcéphalies répertoriées notamment au Vénézuela et quelques autres pays d’Amérique du Sud, dont le Brésil, aucune relation de cause à effet n’a encore pu être établie avec certitude entre cette observation et le virus Zika (ZIKV). Ce que l’on sait pour le moment est que pour une seule Brésilienne ayant souffert d’une fausse-couche on a retrouvé le virus dans le placenta et c’est le seul élément dont on dispose.

Ce que l’on sait aussi depuis quelques jours seulement est la transmission par voie sexuelle du virus via le sperme d’un homme souffrant de cette fièvre confirmée par le CDC. Naturellement ce fait nouveau va raviver la panique qui avait accompagné l’explosion des cas de HIV à la fin des années 70. Toujours est-il que c’est maintenant l’affolement général, il va falloir revoir les lois relatives à l’avortement dans tous les pays très chrétiens d’Amérique Centrale et du Sud car toutes les femmes enceintes risquent de mettre au monde un enfant malformé. À coup sûr le pape va s’en mêler d’autant plus qu’il a aussi osé s’introduire dans le débat sur le climat. Le ZIKV est devenu une plaie pour l’humanité toute entière … en raison du réchauffement du climat inéluctable puisque l’abondance de pétrole à bas prix va précipiter ce désastre sanitaire planétaire.

Pour en rajouter afin d’alimenter la panique, les virus dit chikungunya (CHIKV) et de la dengue font aussi partie des accusés climatiques, les pauvres … Comme la fièvre jaune et quel autre virus encore ? C’est fou comme la crise climatique contre laquelle nous combattons tous les jours et bientôt contraints et forcés par des lois et des taxes en tous genres peut avoir de conséquences inattendues. Oubliée la fonte de la banquise, oubliés les glaciers qui régressent et se désagrègent en provoquant d’irréversibles modifications des courants marins, oubliés les ours blancs et les renards des neiges, ce sont maintenant les virus véhiculés par de vilains moustiques envahissants à la faveur de ce réchauffement qui sont incriminés car ils sont la conséquence directe de nos mauvaises habitudes de vie foncièrement mauvaises pour le climat mais malheureusement très favorables à l’Aedes egypti, la énième plaie d’Egypte et pas seulement de l’Egypte, une vengeance des dieux. C’est terrible … Il faut donc vite se mobiliser contre le changement climatique, il en va de la santé de l’humanité toute entière.

En dehors de la réduction des émissions de carbone dans l’atmosphère, si tant est que ce carbone puisse avoir un effet sur l’évolution du climat, quelle parade immédiate peut être envisagée à peu de frais ? Exterminer à l’échelle planétaire tous les moustiques !

S’il n’y avait pas eu le livre de propagande écologique dévastatrice et criminelle de Rachel Carson « Le Printemps Silencieux » on n’en serait probablement pas dans la situation actuelle non pas seulement pour le Zika mais également pour la malaria, la dengue et bien d’autres maladies virales et parasitaires dont les moustiques sont les vecteurs. Pourquoi ne pas préconiser le retour au bon vieux DDT qui est totalement inoffensif pour l’homme et l’ensemble des vertébrés car avant de trouver une parade génétique ou encore des vaccins, des millions de personnes continueront à mourir … Mais n’est-ce pas là la pleine réussite de l’idéologie malthusienne des mouvements écologistes ?

Le livre de Rachel Carson (1962) fit les délices des mouvements écologistes de l’époque puis naturellement d’organisations maintenant supranationales et ultra-puissantes comme Greenpeace ou le WWF. En 1972, sous l’influence de ces organisations criminelles, le DDT fut interdit aux USA, interdiction suivie par de nombreux autres pays en dépit de la recrudescence notamment de la malaria. Le point final, la victoire définitive des mouvements écologistes, fut la Convention de Stockholm. Cette convention qui prit effet en 2004 interdit l’usage d’une dizaine d’organochlorés appelés Pops (persistent organic pollutants) dont le DDT dans l’agriculture avec une dérogation exceptionnelle et étroitement contrôlée pour l’éradication des moustiques. Naturellement les industriels de la chimie se frottèrent les mains car la course aux produits alternatifs et aux profits potentiellement monstrueux était lancée, depuis les insecticides jusqu’aux liquides caloporteurs des transformateurs électriques. Avec du recul, on peut considérer que les écologistes favorisèrent les profits insolents des industriels de la chimie !

Si la Convention de Stockholm n’interdisait pas l’utilisation du DDT pour éradiquer les moustiques vecteurs de la malaria (Anophèle) ce produit fut cependant progressivement remplacé par d’autres insecticides infiniment plus coûteux sous la pression des mouvements écologistes, encore eux, qui déléguaient des activistes dans les centres ruraux de prévention, notamment en Afrique, en les incitant à utiliser les pyréthroïdes et maintenant les néonicotinoïdes contre lesquels les moustiques développent très rapidement des résistances. Entre 2004 et 2015 on peut estimer que les écologistes ont sur la conscience la mort de près de 10 millions de personnes uniquement pour la malaria, les données de l’OMS n’étant volontairement pas suffisamment précises. Triste constat.

Sources : BBC News ( news.bbc.co.uk/ ), Business Insider et Bloomberg (entre autres). Illustration Wikipedia : moustique Aedes egypti

Le Pentagone se prend les pieds dans l’ADN avec une mauvaise foi affligeante

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En 1965, Jacques Monod, André Lwoff et François Jacob virent leurs travaux reconnus par le comité Nobel trois années seulement après la reconnaissance par ce même comité des travaux de Francis Crick et James Watson au sujet de la structure de l’ADN. Monod et ses collaborateurs de l’Institut Pasteur à Paris furent les précurseurs de la biologie moléculaire car ils pressentirent à la suite de travaux très difficiles et complexes que la régulation de l’expression des gènes était commandée par des portions d’ADN non codantes sous l’influence de signaux provenant de la cellule, petites séquences d’ADN qu’ils appelèrent des « opérateurs » ou operons. En cinquante ans, cette biologie nouvelle a pris de tels essors qu’il devient difficile aujourd’hui d’imaginer quelle va en être son évolution, de même que personne ne fut capable d’imaginer l’impact de la télévision lorsque cette technologie vit le jour.

On dispose en effet aujourd’hui des séquences complètes des ADNs humain et de milliers d’autres organismes vivants. On dispose également depuis à peine deux années d’outils extrêmement précis d’insertion ou de délétion de gènes dans le patrimoine génétique de n’importe quel être vivant. J’ai informé mes lecteurs à plusieurs reprises de la découverte de cet extraordinaire outil appelé CRISPR pour la manipulation génétique car il s’agit probablement de la plus grand avancée dans ce domaine depuis les travaux de Crick, Watson et Monod et ses collaborateurs.

Cinquante années se sont donc écoulées pour enfin voir la biologie moléculaire atteindre sa pleine maturité et on commence à peine à entrevoir tous les bienfaits potentiels de cette technologie mais également les dérives éventuelles vers lesquelles il se pourrait bien que l’humanité toute entière se trouve confrontée un jour pas si lointain qu’on ne le croit.

Tout est en effet devenu très rapidement possible avec cet outil CRISPR qui permet non seulement d’insérer ou d’éliminer un gène mais également de modifier durablement le patrimoine génétique d’un être vivant en ce sens que ces modifications deviennent prioritairement transmises à la descendance. Pour faire bref, les manipulations génétiques pratiquées dans les années 80 sur les plantes pour « fabriquer » des transgènes économiquement prometteurs apparaissent aujourd’hui d’une grossièreté expérimentale incroyable : pour être franc on ne savait pas trop ce qu’on faisait. Il s’agit d’un domaine de la biologie que je connais bien et je me permet d’utiliser une comparaison imagée pour décrire en quelques mots la progression incroyable de la biologie moléculaire. Durant ces années pionnières c’était comme si on voulait reproduire la Vénus de Milo avec une tronçonneuse alors qu’aujourd’hui on dispose d’imprimantes 3D qui peuvent réaliser une copie presque indiscernable de l’original.

Je suis personnellement convaincu qu’Emmanuelle Charpentier, la chercheuse d’origine française co-découvreuse du CRISPR avec Jennifer Doudna (voir le lien en fin de billet) sera dans des délais très brefs saluée par le comité Nobel car il ne se passe pas une semaine sans que cet outil ne soit utilisé dans toutes sortes de domaines, encore que le Comité Nobel a souvent une guerre de retard. J’ai mentionné récemment l’approche avec le CRISPR de la modification des moustiques pour qu’ils ne soient plus capables de transmettre la malaria tout simplement par curiosité scientifique mais également parce qu’il m’arrive épisodiquement de souffrir d’une crise de cette maladie dont on ne peut pas se défaire. Certes, je ne souffre pas de la forme dangereuse de cette maladie parasitaire, mais elle reste tout de même handicapante. Et la mise en œuvre du CRISPR pour produire des moustiques génétiquement modifiés incapables de transmettre le parasite ou encore des moustiques devenus stériles qui transmettent ce caractère à la descendance permettant ainsi l’anéantissement des populations de moustiques constituent un immense espoir d’éradication de la malaria.

C’est sur ce dernier point que la communauté scientifique s’émeut mais pas uniquement à propos des moustiques. Introduire une stérilité transmissible consiste à modifier non pas seulement un chromosome mais également l’autre paire afin que l’individu génétiquement modifié soit devenu ce qu’on appelle un homozygote constitutif pour ce caractère. En d’autres termes toute sa descendance hérite de ce caractère et non plus la moitié selon les lois de Mandel. Cependant l’outil CRISPR permet virtuellement de tout faire : toutes les séquences des gènes codant pour par exemple des toxines mortelles sont disponibles publiquement. N’importe quelle machine peut synthétiser pour un coût modique les amorces d’ARN (je n’entre pas dans les détails) permettant de mettre en œuvre le CRISPR également disponible commercialement ainsi que les vecteurs d’introduction dans une cellule embryonnaire et la magie noire est consommée. Par conséquent un nouveau genre de Docteur Folamour peut émerger dans n’importe quel endroit de la planète avec une super-bactérie ou un super-moustique contre lesquels on n’aura aucun moyen de défense.

C’est là que le Pentagone a littéralement été effrayé par la tournure que pourraient prendre les évènements avec ce qu’on appelle maintenant le « gene drive », une expression difficilement traduisible décrivant la technologie dont j’ai fait mention ci-dessus et qui permet de modifier spécifiquement un même gène sur la paire de chromosomes dans laquelle il se trouve (voir le lien).

Le Pentagon, le FBI, l’Office des Armements Biologiques des Nations-Unies se sentent soudain concernés par les dangers potentiels que représente cette technologie. Le fait que ce soient des moustiques qui aient préoccupé en premier lieu les biologistes a fait nerveux ce petit monde car ils ont imaginé qu’un biologiste fou pourrait tout aussi bien créer un super-moustique transmettant par une simple piqûre une toxine mortelle. Pourtant les recherches sur les moustiques n’ont pas d’autre but que de sauver plus de 500000 vies humaines chaque année !

On croit rêver car comment imaginer que tous les laboratoires de recherche des toutes les armées des pays développés ne se livrent pas déjà à ce type de recherche pour mettre au point des armes de destruction massive non plus bactériennes ou virales mais « entomologiques ». Cette soudaine agitation peu médiatisée car la réunion ultra-secrète en décembre de cette année à Washington au sujet des développements nouveaux de la biologie moléculaire eut lieu précisément au même moment que le grand raout climatique de la COP21 alors que le sujet débattu est infiniment plus préoccupant pour l’humanité qu’une hypothétique crise climatique.

En effet, n’importe quel biologiste un tant soit peu vicieux peut mettre au point dans son garage un insecte tueur surtout s’il est financé par des groupes terroristes occultes et c’est là la réthorique de ces comités d’exception soucieux de la sauvegarde de l’humanité. J’avoue que je suis sidéré par la mauvaise foi de cette démarche du Pentagone et pour que mes lecteurs comprennent mon attitude je pense qu’il est intéressant de leur relater ici une expérience vécue. Lorsque j’étais en préparation de thèse de Doctorat d’Etat, je dus collaborer pour mes travaux avec un laboratoire de recherche du service de santé des armées il y a quarante années maintenant. On travaillait déjà dans ce centre situé au sein de l’hôpital militaire de Lyon sur la toxine botulique, les venins de serpent et sur bien d’autres sujets dont des gaz neurotoxiques. Les armes biologiques ont toujours préoccupé les armées du monde entier, elles sont peu coûteuses et faciles à produire massivement. Pourquoi le Pentagone s’insurge subitement contre l’utilisation à des fins séditieuses du CRISPR ? Pour se donner bonne conscience ? J’avoue que je suis partagé entre les larmes et le rire car au final ces mêmes militaires qui sont censés tuer par profession d’autres hommes interdiront la dispersion des moustiques génétiquement modifiés et il y aura toujours 1500 morts par jour en raison de la malaria, un « détail » pour les militaires qui se livrent à des massacres quotidiens au nom de la démocratie !

Source (entre autres) : www.statnews.com/2015/11/12/gene-drive-bioterror-risk/ et http://dx.doi.org/10.7554/eLife.03401.010

Note : le deuxième lien ci-dessus explique de manière très compréhensible le principe expérimental du « gene drive » dont la précision est effectivement hallucinante non pas pour l’homme car le temps d’une génération est très long en comparaison de celui des levures ou des insectes. Je conseille vivement à mes lecteurs anglophones de lire cet excellent article.

Et encore : https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/12/03/edition-de-genes-humains-il-etait-temps-de-statuer/ et https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/02/22/bataille-entre-les-universite-de-berkeley-et-dharvard-pour-la-propriete-du-crispr/

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Pour l’anecdote la société chinoise BGI (Beijing Institute of Genomics) a réussi à produire des cochons miniatures pesant à peine un dizaine de kilos modifiés génétiquement à partir de cellules embryonaires de cochons de race Bama déjà miniatures car pesant entre 30 et 50 kilos en inactivant un des deux gènes codant pour le récepteur de l’hormone de croissance. Il ne s’agit cependant pas d’une anecdote car le cochon est l’animal le plus proche de l’homme physiologiquement en dehors des chimpanzés et élever ces petits cochons en laboratoire est infiniment moins coûteux que de disposer d’un élevage de cochons d’un poids moyen de 100 kilos. D’autres travaux faisant appel au « gene drive » vont permettre de produire des cochons dont les organes ne seront plus reconnus comme étrangers par l’homme et pourront être greffés sans problèmes de rejets d’exogreffes. Les militaires vont-ils aussi contrôler ce volet particulier de la biologie moléculaire moderne ?

Lien : http://english.big.cas.cn/

Paludisme et manipulation génétique : combien faudra-t-il de morts pour qu’une avancée décisive soit autorisée ?

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Le titre de ce billet résume la situation qui prévaut de par le monde quand il s’agit de transgenèse. Les manipulations génétiques ne sont pas du tout en état de grâce du fait de l’opposition systématique et totalement obtuse car sans aucun fondement scientifique de groupes de pression politisés qu’il est inutile de nommer ici. Le principe de base de cette opposition irraisonnée est que les biologistes modifient l’état naturel et qu’ils se comportent donc comme en quelque sorte des sorciers maléfiques. Je pèse mes mots. Cette opposition aux techniques modernes de transgenèse relève du plus pur obscurantisme et l’objet de ce billet est d’en faire encore la démonstration.

Le riz doré dont j’ai écrit à plusieurs reprises des articles constitue un exemple évident de la volonté rétrograde des organisations de protection de la nature qui rêvent d’un retour à l’ère préindustrielle, technologique et scientifique. Si aujourd’hui, compte tenu de l’emprise des groupes de pression écologistes politiques, il fallait homologuer le vaccin contre la variole, celui-ci serait refusé ! C’est exactement ainsi. La variole a tué plus d’êtres humains que n’importe quelles guerres et ce serait tant mieux si cette maladie réapparaissait et faisait à nouveau des ravages car plus personne n’est vacciné puisque cette maladie a été éradiquée de la planète grâce à la vaccination.

Venons-en à l’objet de ce billet qui concerne le paludisme ou malaria, c’est selon, une maladie qui tue chaque année un million de personnes : vous aves bien lu, un million de personnes selon les dernières statistiques de l’OMS, l’un des rares organismes des Nations-Unies qui soit encore crédible. La majorité des morts sont de pauvres gens malnutris, des enfants en bas âge, d’Afrique, du Pakistan ou du Brésil dont on se contrefout dans les salons dorés des ministères et des organisations supra-nationales. C’est tout de même regrettable qu’on ait consacré autant d’argent pour combattre le SIDA qui aurait pu finalement tuer autant de gens (voire plus) que le paludisme. Sauf que le SIDA n’atteint pas seulement les pauvres mais aussi les nantis ! Il y avait donc moralement une urgence à investir des milliards de dollars pour circonscrire cette maladie qui se transmets par les relations sexuelles, ce qui concerne tout le monde et pas seulement les plus démunis de la planète … suivez mon regard.

Bref, les écologistes vont être maintenant pris à leur propre piège. Refuser la culture du riz doré est criminel, refuser bientôt la dispersion d’un moustique génétiquement modifié pour ne plus pouvoir transmettre le paludisme fera carrément désordre ou plutôt non, ce sera une attitude conforme aux idéaux de ces organisations malthusiennes : éliminer les pauvres de la planète et juguler par tous les moyens l’accroissement de la population en reniant tout progrès technologique contraire aux desseins de la nature. La question est donc la suivante : dans quelle mesure sera-t-il possible d’autoriser la dispersion de moustiques génétiquement modifiés équipés d’armes biologiques les interdisant de répandre la malaria ? Combien de dizaines de millions de morts supplémentaires faudra-t-il pour que soit enfin autorisée la dispersion de ces moustiques qui viennent d’être mis au point dans les laboratoires de biologie cellulaire de l’Université de Californie ?

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C’est en utilisant l’outil révolutionnaire appelé CRISPR dont j’ai déjà mentionné dans ce blog l’aspect révolutionnaire, qu’une équipe de biologistes en tandem entre les Universités de Californie de San Diego et d’Irvine est arrivée à créer un moustique qui détruit les ookinetes, ces larves spéciales du Plasmodium falciparum qui se trouvent dans les glandes salivaires du moustique qui transmet la malaria. Il fallait en effet trouver un stratagème pour incorporer deux gènes dans les chromosomes du moustique dont l’expression soit stimulée quand les femelles piquent quelqu’un pour s’abreuver de sang afin de permettre la maturation des œufs, un processus qui en réalité n’a rien à voir avec la transmission du parasite, le plasmodium, car en définitive le moustique s’en passerait très bien. C’est en effet l’homme qui est le réservoir naturel du parasite mais celui-ci ne peut être transmis d’homme à homme que par l’intermédiaire du moustique, l’anophèle. Une sorte ce cercle vicieux sophistiqué comme l’indique l’illustration ci-dessus.

La stratégie a consisté à introduire une série de gènes en pratiquant de la très haute couture moléculaire au niveau de l’ADN, c’est-à-dire de manière ciblée, des gènes, deux pour être plus précis, l’un (m1C3) codant pour un anticorps dirigé contre une protéine de l’enveloppe de l’ookinète et l’autre (M2A10) dirigé contre une protéine du sporozoïte. Ces deux gènes ont été inclus dans un véhicule d’ADN circulaire contenant également le gène codant pour l’enzyme Cas9 associé au CRISPR et une partie codant pour l’ARN (gRNA) qui dirige le CRISPR vers un site spécifique de coupure pour que cet assemblage soit intégré dans un des chromosomes du moustique et non pas au hasard. Le site d’insertion a en effet été choisi de telle manière qu’on puisse reconnaître quel moustique a bien intégré ces informations. Il s’agissait d’un enzyme impliqué dans la pigmentation des yeux de la bête adulte. Les manipulations ont été réalisées par micro-injection dans des œufs de l’anophèle An. stephensi, une espèce qui contribue à répandre la malaria dans les zones urbaines de l’Inde en particulier mais sévit aussi depuis l’Egypte jusqu’à la Chine.

Après 4 générations il s’est avéré que 99,5 % de la descendance, mâle et femelle, avait acquis ces caractères de manière stable et non mendélienne c’est-à-dire que ces gènes étaient devenus, pour faire bref, constitutifs. Les curieux peuvent lire l’article des PNAS en accès libre mais voici le diagramme résumant la « manipulation » par CRISPR interposé :

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Qu’attendre de cette avancée dans la lutte contre la malaria, pour l’instant peu de choses sinon que cette approche ne pourra être validée qu’en milieu réel. Les auteurs de l’article concluent qu’il faudra une combinaison de techniques pour espérer non pas éradiquer la malaria de la planète mais en réduire l’incidence. Ce ne sera que la conjugaison de l’approche prophylactique, des médicaments, des vaccins, des insecticides et de cette technologie alternative de modification génétique du vecteur qui pourra être couronnée de succès. La route à parcourir reste encore longue, des millions de victimes, mais y a-t-il une réelle motivation des Occidentaux dans cette lutte sinon celle des scientifiques ? Parce qu’après tout ces victimes de la malaria, ce sont des pauvres dans des pays pauvres et les pauvres, tout le monde s’en fout …

http://www.pnas.org/cgi/doi/10.1073/pnas.1521077112