Maladie d’Alzheimer : un refroidissement du cerveau ?

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La température du corps est contrôlée par l’hypothalamus et des organes tels que le foie, le coeur, les muscles qui produisent de la chaleur pour maintenir cette température à une valeur proche de 37 degrés. Pour parfaire cette régulation et en cas d’urgence, par exemple quand on se trouve dans un environnement froid, l’organisme s’arrange pour « brûler » à perte des graisses qu’il trouve principalement dans le tissu adipeux brun. En effet, contrairement au tissu adipeux blanc devenant souvent pratiquement inutile à l’organisme sinon pour défigurer la silhouette, le tissu adipeux brun présente cette couleur caractéristique car ils est riche en mitochondries. Les mitochondries sont les centrales thermiques de l’organisme et elles sont capables de brûler du glucose, leur carburant habituel, mais aussi des acides gras et bien d’autres déchets cellulaires. Leur rôle est de fournir de l’énergie sous forme d’ATP mais aussi de la chaleur.

Avec l’âge, la température du corps a tendance à diminuer et par exemple la consommation de glucose dans certains tissus, dont le cerveau, diminue également. Dans le cas de la maladie d’Alzheimer (AD) cette hypothermie peut être prononcée malgré le fait qu’il n’existe pas de données précises à ce sujet, et la consommation de glucose au niveau de l’hypothalamus s’effondre. La température du corps varie aussi au cours de la journée et a tendance à diminuer lors des phases de sommeil. Chez les personnes souffrant d’AD ce refroidissement nocturne tout relatif puisqu’il n’est que de un degré voire un peu plus est retardé en comparaison de sujets sains du même âge. Y aurait-il alors une relation de cause à effet (ou l’inverse) entre cette diminution de la température corporelle et l’AD ?

C’est ce qu’a tenté d’élucider une équipe de biologistes de l’Université Laval à Québec dirigée par le Docteur Frederic Calon en utilisant le modèle murin maintenant largement utilisé de la maladie d’Alzheimer, des souris transgéniques exprimant en vieillissant la protéine tau et la protéine beta-amyloïde, marqueurs de cette maladie, et qui, en outre, présentent des déficiences cognitives caractéristiques. Il s’agit de souris homozygotes dites 3xTg-AD. Comment explorer l’effet de la température sur l’évolution de l’AD ? Tout simplement en soumettant les souris à de basses températures et en suivant l’évolution de l’apparition de plaques amyloïdes, de la protéine tau et de divers autres marqueurs comme l’expression d’une protéine appelée UCP1, acronyme de uncoupling protein, encore appelée thermogénine, qui intervient dans la régulation de la fonction particulière des mitochondries à produire de la chaleur au niveau précisément du tissu adipeux.

Quand les mitochondries sont « découplées » elles consomment de l’énergie dans le seul but de produire de la chaleur, un peu comme si une centrale électrique brûlait du charbon sans produire d’électricité. Et ce processus se situe essentiellement dans le tissu adipeux brun. En soumettant les souris au froid l’activité métabolique du tissu adipeux brun est augmentée, certes, mais pas suffisamment pour réguler la température corporelle. Celle-ci diminue de près de 1,5 degrés quand les souris vivent à une température ambiante de 4 degrés pendant 24 heures voire plus, alors que l’expression de l’UCP1 est accélérée. Tout se passe donc comme si l’organisme de ces souris génétiquement modifiées n’arrivait pas à répondre au stress thermique malgré les marqueurs indiquant que pourtant le tissu adipeux brun est parfaitement stimulé pour remplir sa fonction de régulation de la température. De plus l’exposition au froid a également pour résultat d’accélérer la modification de la protéine tau sans pour autant modifier significativement l’évolution de la protéine amyloïde beta. Quant aux fonctions cognitives des souris, il n’est malheureusement pas facile de les quantifier au cours de cette exposition au froid car les souris sont engourdies et ne répondent pas aux sollicitations de l’expérimentateur.

Pour tenter d’élucider ce qui se passe intimement au niveau cellulaire en exposant ces mêmes souris à une température externe de 28 degrés, il y a comme un retour à la normale. Pour les humains et les souris cette température est le point dit de thermoneutralité : l’organisme n’a plus besoin de dépenser d’énergie pour maintenir sa température à 37 degrés et il n’a pas non plus besoin de dépenser de l’énergie pour se refroidir. Chez l’homme la température de thermoneutralité se situe entre 25 et 30 degrés. La thermorégulation est commandée par l’hypothalamus via le système nerveux sympathique et il s’agit d’un processus complexe, les mitochondries du tissu adipeux y jouant un rôle central. Comme les maladies neurodégénératives semblent également être provoquées par un mauvais « nettoyage » des déchets apparus lors de la sénescence et de la mort des cellules, les mitochondries jouent également un rôle loin d’être négligeable dans ce nettoyage en particulier pour satisfaire à la demande en énergie.

Lors du vieillissement de l’organisme les mitochondries sont particulièrement vulnérables, comme l’a montré l’équipe du Docteur Hayashi (voir le lien sur ce blog), à la disponibilité en glycine qui dépend d’activités enzymatiques présentes dans le cytoplasme et dont l’expression est programmée par le noyau. La chute de cette disponibilité en glycine perturbe la capacité respiratoire des mitochondries au point d’induire des perturbations de l’ensemble de l’état métabolique de la cellule et par voie de conséquence de provoquer dans l’organisme des phénomènes inflammatoires délétères.

Est-ce aussi le cas pour la régulation thermique qui se dégrade au cours du vieillissement et l’apparition de la maladie d’Alzheimer ? Il faudra encore réunir de nombreuses évidences pour comprendre exactement ce qui se passe intimement dans les cellules et leurs mitochondries dont évidemment et en particulier les neurones.

Au cas où, je vais continuer à avaler une dizaine de grammes de glycine chaque jour …

Source : Neurobiology of Aging (2016), doi: 10.1016/j.neurobiolaging.2016.03.024 , article aimablement communiqué par le Docteur Calon qui est ici vivement remercié.

https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/06/08/rester-jeune-tres-simple-gavez-vous-de-glycine-acide-amino-acetique/

La fin de l’escroquerie aux statines ? Peut-être bien, selon Sir Rory Collins …

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J’ai écrit plusieurs billets dans ce blog à propos des statines et il apparaît aujourd’hui que certains des acteurs les plus en vue de la promotion des statines et donc de leurs effets supposés bénéfiques sur l’organisme sont de plus en plus circonspects quant à leurs effets secondaires qui pourraient être révélateurs de perturbations profondes de la mise en place architecturale des membranes cellulaires. Le cholestérol est en effet un constituant très important de ces membranes et toute perturbation de son métabolisme peut entrainer des effets secondaires néfastes. Notre organisme synthétise environ 1 gramme de cholestérol chaque jour pour toute une série de besoins métaboliques et physiologiques et le reste de notre cholestérol est en majeure partie immobilisé dans les membranes cellulaires. Deux fonctions du cholestérol sont essentielles pour le bon fonctionnement de l’organisme : la production de sels biliaires, des détergents dérivés directement d’un précurseur du cholestérol (voir infra), et la synthèse des hormones sexuelles. Comme la médecine se veut une science très exacte, des « règles » ont été définies pour situer le seuil de cholestérol à ne pas dépasser afin d’éviter des problèmes cardio-vasculaires (Wikipedia) :

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Or chaque individu gère son propre métabolisme selon son activité physique, son régime alimentaire et l’environnement dans lequel il évolue. Par voie de conséquence le cholestérol sanguin total se répartit différemment entre le « bon » et le « mauvais » cholestérol selon les personnes et édicter une règle applicable sans discernement à tous est ainsi un non-sens. Pourquoi avoir défini qu’à plus de 240 mg/dL on entrait dans la zone dangereuse, tout simplement pour inciter les médecins à prescrire ces produits appelés statines qui réduisent la synthèse du cholestérol dans le foie. Ces normes ont semble-t-il été décidées par des comités ad hoc sous la pression des grandes firmes pharmaceutiques productrices de statines et c’est très facile à comprendre : il s’agit d’un gigantesque business de plusieurs dizaines de milliards de dollars par an.

Comme les médecins ne veulent pas prendre de risques et les patients veulent être rassurés, la prise de statines est progressivement devenue une norme, or comme n’importe quel médicament, y compris d’ailleurs les plus anodins comme l’aspirine, les statines présentent des effets secondaires nombreux qui n’ont pas fait l’objet d’études détaillées rendues publiques car comme je le mentionnais en début de billet, un effet secondaire pour ce genre de médicament peut être révélateur de graves perturbations du métabolisme pouvant à terme conduire à de véritables pathologies et des dommages irréversibles de l’organisme. Or les fabricants de statines (Merck, Bristol-Myers Squibb mais aussi beaucoup d’autres laboratoires car les statines sont pour la plupart dans le domaine public) n’ont jamais divulgué les centaines de milliers de pages d’essais cliniques qui ont répertorié un nombre invraisemblable d’effets secondaires bien identifiés par ces mêmes laboratoires.

Le Professeur Michel de Lorgeril, spécialiste de la « santé des artères » relate dans son blog l’incroyable revirement d’opinion du très respectable Sir Rory Collins, Lord du Royaume-Uni ennobli par la volonté de Sa Gracieuse et Royale Majesté Elizabeth « The Second » pour bons et loyaux services rendus à la cause de la santé publique du Royaume (voir le lien) . Difficile il y a encore quelque semaines d’imaginer que cet éminent personnage sévissant à l’Université d’Oxford qui fut pendant des années un adepte inconditionnel de l’administration sans limite de statines pour le bien-être des artères de ses co-sujets (de Sa Majesté) découvre comme ça, par hasard, d’un seul coup, peut-être après un mauvais rêve, qu’en réalité les statines sont carrément plus dangereuses que bénéfiques. Cet illustrissime personnage a avoué devant la presse (plus ou moins de caniveau) britannique qu’ON (les laboratoires pharmaceutiques dont il était conseiller scientifique) lui avait caché les effets secondaires néfastes des statines … pendant près de trente ans !

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À ce point de mon récit la question de savoir qui se moque de qui se pose frontalement parce que Sir Rory Collins avait naturellement accès à toutes les données ultra-secrètes des laboratoires pharmaceutiques (Merck en particulier) qu’il conseillait. Il a donc menti effrontément pour que ses « clients » réalisent le maximum de profits au détriment de la santé de dizaines de millions de personnes.

Répertorier les plaintes des patients autoritairement sous traitement avec des statines sans justification impérieuse serait un immense travail. On ne compte pas les personnes se plaignant de souffrir de douleurs musculaires débilitantes, de cataractes, de diabète aggravé par la prise de ces médicaments, de fatigue générale ou encore de pertes de mémoire … ça fait beaucoup ! L’Éditrice en chef du très respecté British Medical Journal (BMJ), Fiona Godlee, n’a pas hésité à déclarer : « C’est un réel problème. Nous avions considéré que tous les détails des effets secondaires possibles avaient été pris en compte avant les nouvelles directives qui ont rendu éligibles à ces drogues des milliers de personnes supplémentaires ». Elle a envoyé un courrier à tous les superviseurs des essais cliniques les plus importants en les priant de bien vouloir rendre publics les moindres détails de ces travaux afin qu’ils soient disponibles pour des analyses indépendantes des laboratoires pharmaceutiques.

Il ne faut pas rêver ! Si Sir Rory Collins a menti pendant des années ce n’est pas cet appel de l’Éditrice du BMJ qui changera la règle de la frauduleuse omerta courante dans ce milieu très spécial qu’est l’industrie pharmaceutique : le profit et les dividendes versés aux actionnaires sont plus précieux que la santé des patients, il ne faut pas avoir peur de le dire haut et fort. Le Docteur Michel de Lorgeril le répète : « Sur la base des données scientifiques (partiellement censurées) disponibles les statines sont très certainement aussi inefficaces qu’elles sont toxiques … et toxiques de façons multiples ».

Les statines bloquent le fonctionnement d’une activité enzymatique essentielle pour un grand nombre de voies métaboliques issues du farnesyl-pyrophosphate. Il s’agit de l’HMG-CoA réductase. Le farnesyl-PP est un précurseur du cholestérol, certes, mais aussi du noyau hématinique de l’hémoglobine, des ubiquinones, des stérols eux-mêmes précurseurs des sels biliaires, des hormones sexuelles et de certains autres métabolites importants pour assurer la fonctionnalité d’activités enzymatiques ou signalétiques variées. On comprend donc aisément que toucher à cette voie de biosynthèse est une aberration très grave qui aboutit inévitablement à des effets secondaires que se sont bien gardé de divulguer les laboratoires pharmaceutiques. N’importe quel étudiant de première année de médecine comprendra aisément que les statines sont des produits sont dangereux !

Source : inspiré d’un billet du blog du Dr De Lorgeril :

http://michel.delorgeril.info/ et http://www.express.co.uk/news/uk/558249/statins-expert-heart-drug-rory-collins , illustration Rory Collins

Revoir aussi :

https://jacqueshenry.wordpress.com/2013/10/24/preuve-indirecte-de-leffet-pervers-des-statines/

https://jacqueshenry.wordpress.com/2013/10/03/encore-les-statines/

https://jacqueshenry.wordpress.com/2013/09/26/statines-et-fonctions-cognitives/

https://jacqueshenry.wordpress.com/2013/05/11/statines-vers-le-plus-grand-scandale-sanitaire-mondial/