Je ne suis pas du tout astrophysicien mais j’ai compris comment ces spécialistes ont découvert que l’Univers était en expansion et que la vitesse de cette expansion était proportionnelle à l’éloignement des objets lumineux observés. La constante de Hubble s’exprime en 1/seconde puisque, multipliée par la distance à laquelle se trouve une galaxie de la Terre, mais aussi de tout autre point dans l’espace, elle donne cette vitesse d’éloignement en km/s. Les astrophysiciens n’utilisent pas le km comme unité de distance mais le méga-parsec (Mpc). Une galaxie distante de 1 Mpc se trouve éloignée de 30 milliards de milliards de km. Pour avoir les idées claires au sujet de ces distances celle que parcourt un photon lumineux en une année – l’année-lumière – n’est « que » de 9460 milliards de km ! En d’autres termes un Mpc est égal à 3,2 millions d’années-lumière. Ça a l’air de faire beaucoup mais compte tenu de la dimension de l’Univers c’est rien du tout puisque plus les instruments d’observation sont sophistiqués et sensibles plus les confins de l’Univers sont repoussés. Néanmoins il est très difficile pour l’esprit humain de se faire une idée compréhensible de ces distances énormes. Si la constante de Hubble-Lemaître est égale à 70 cela signifie que l’Univers est en expansion à une vitesse de 70 km par seconde et par Megaparsec, en d’autres termes encore, une galaxie se trouvant éloignée de nous de 1 Mpc, soit 3,2 millions d’années-lumière s’éloignera avec une vitesse de 70 km/seconde … Et une galaxie éloignée de 3,2 milliards d’années-lumière de 70000 km/seconde ? Qui a la réponse à cette question ?
Les astrophysiciens, afin d’expliquer cette expansion inexplicable de l’Univers puisque théoriquement, selon la loi de la gravité, c’est-à-dire l’espace-temps, cet espace-temps n’a aucune raison de « gonfler » et de provoquer cette fuite apparente de tous les objets, alors les astrophysiciens ont inventé la possibilité de l’existance d’une matière noire pour tenter de comprendre pourquoi certaines observations n’étaient pas conformes à la théorie de la relativité générale, en particulier en observant et en analysant les lentilles gravitationnelles (illustration : amas de galaxies Abell370, NASA). Il s’agit de la déviation des rayons lumineux provenant d’un ou plusieurs objets distants par une concentration de matière plus proche sous forme d’amas de galaxies. Les photons ne sont pas déviés par le champ gravitationnel de l’amas mais c’est l’espace-temps qui est déformé par ce champ et les photons (qui n’ont pas de masse) suivent cette déformation. Les lentilles gravitationnelles ont été prédites par Einstein en 1915 et font toujours l’objet de controverses relatives à la masse « manquante » des amas de galaxies les provoquant. Et par définition il est difficile d’observer cette matière noire puisqu’elle est invisible. Si la matière noire n’existe pas alors pour expliquer l’inexplicable des lentilles gravitationnelles avec la théorie de la relativité générale il y a une erreur dans les équations d’Einstein.
En effet, les astrophysiciens ont calculé quelle devait être la masse de l’amas Abell370 pour provoquer les images déformées des objets lumineux – également des galaxies – se trouvant loin derrière cet amas. Ils en ont conclu que la masse totale de tous les objets constituant cet amas en se limitant à leur lumière émise n’était pas suffisante pour expliquer l’ampleur de l’effet de la lentille gravitationnelle. C’est ainsi qu’apparut le concept de matière noire. Selon des calculs auxquels je ne comprends strictement rien la matière noire entrerait pour plus des deux tiers de toute la masse de l’univers …
Ça se complique encore car l’expansion de l’univers ne peut pas être bien comprise si on n’introduit pas un autre concept, celui de l’énergie noire, pour expliquer pourquoi l’Univers est en expansion et de plus en plus en expansion en ce qui concerne les objets observables les plus éloignés : plus ils sont éloignés plus ils s’éloignent rapidement, donc quelque chose repousse tous ces objets – plus précisément des galaxies – et fait en sorte qu’ils semblent s’éloigner les uns des autres du point de vue du Terrien qui se trouve lui-même dans une une galaxie quelconque quelque part dans l’Univers. Après que Hubble et Lemaître, un curé belge, eurent découvert l’expansion de l’Univers, apparut la théorie du « Big-Bang », l’origine de l’Univers. Il s’agit d’une théorie basée sur le bruit de fond cosmologique (illustration) dans une plage de longueur d’onde comprise entre 5 et 6 centimètres moins un (1/cm) une sorte de réminiscence du Big-Bang. L’observation de ce bruit de fond s’explique par une singularité mathématique qui débouche sur la théorie du Big-Bang. Or la théorie est en désaccord avec la relativité générale et d’ailleurs Einstein n’y croyait pas !
La lourde tache des astrophysiciens sera donc d’expliquer quelles sont les véritables natures de la matière noire et de l’énergie noire et s’ils ne trouvent pas d’explication ils devront revoir leur copie, c’est-à-dire apporter une correction à la théorie de la relativité générale. J’avoue humblement que je n’y comprends pas grand chose mais une question m’a toujours hanté puisqu’elle est restée sans réponse. J’ai participé il y a une trentaine d’années en tant qu’orateur invité à un petit séminaire scientifique pluri-disciplinaire organisé par la ville de Lyon qui eut lieu dans les salons VIP de l’aéroport nouvellement construit de Lyon-St-Exupery. Un astrophysicien fit une brève communication sur l’expansion de l’Univers. Je ne suis pas arrivé à me souvenir quel avait été l’objet de mon intervention orale de 10 minutes. Lors du petit cocktail qui suivit cette réunion inter-scientifique conviviale j’eus une brève discussion avec cet astrophysicien et je lui posais la question embarrassante suivante : où se trouvent aujourd’hui les objets lumineux dont les photons émis ont parcouru 13 milliards d’années-lumière pour parvenir jusqu’à nous ? Par définition ces objets se trouvaient là où on les observe aujourd’hui il y a déjà 13 milliards d’années. Puisque l’Univers est en expansion alors où ont-ils disparu ? Se trouvent-ils aujourd’hui à 26 milliards d’années-lumière de nous ou moins loin ? Auquel cas on ne peut pas les observer puisqu’ils sont trop éloignés. Certains objets s’éloignent en effet les uns des autres à des vitesses pouvant atteindre 7000 km/seconde dans toutes les directions. Cet astrophysicien n’a pas trouvé d’argument pour me répondre. Croyait-il vraiment à toutes ces théories de plus en plus compliquées pour donner une explication à toutes ces observations qui sont toujours inexplicables 30 ans plus tard ? Je m’interroge toujours sur la vraie raison qui a obligé cet astrophysicien à ne pas répondre à ma question. Il est parfaitement compréhensible que ce scientifique ait éprouvé quelque malaise. En effet, si l’objet dont la lumière émise a voyagé pendant 13 milliards d’années-lumière était là où on l’oberve aujourd’hui, alors quand eut lieu le Big-Bang puisque l’âge de l’Univers est considéré comme étant précisément 13 milliards d’années ? Encore une question sans réponse.
Inspiré d’un article paru sur le Guardian, illustrations : fond cosmologique diffus et amas de galaxies Abell370 dans la constellation de la Baleine.