Pénurie de lait à venir ? Je n’aurai plus qu’à me laisser mourir

Depuis ma plus tendre enfance je n’ai jamais cessé de boire du lait. Un litre de lait entier contient tout ce qu’il faut (à peu près) de vitamines, de corps gras, de protéines et de sels minéraux pour vivre correctement. Le lait ne doit pas trop être nocif comme certaines langues de vipère le prétendent puisqu’un veau « sous la mère » grandit parfaitement sans carences. Or l’élevage bovin est dans le collimateur des écologistes de salon qui ont tous festoyé et se sont gorgés de whisky à Glasgow ces derniers jours. Et pourquoi donc ? Parce que les pétulances des bêtes à corne sont constituées de méthane et le méthane c’est mauvais pour le climat, donc les bovins sont mauvais pour le climat, donc il faut supprimer l’élevage des vaches laitières.

Pourtant une vache se nourrit d’herbe durant la belle saison et de foin durant les mauvais mois de froidure. Certes les élevages ne sont plus ce qu’ils étaient autrefois, dans mon enfance, mais en revenant aux pratiques ancestrales quoi de plus écologique qu’un élevage d’animaux à corne produisant du lait et accessoirement de la viande. On n’a jamais vu un être humain arriver à survivre en mangeant de l’herbe et pourtant la schizophrénie des écologistes a fait que l’élevage bovin est devenu dangereux pour le climat, donc pour l’homme. Mon organisme n’a jamais cessé de produire de la beta-galactosidase, l’enzyme qui coupe le lactose pour que ce sucre du lait, le lactose, soit assimilé. Et c’est la raison pour laquelle je pourrais vivre en ne buvant que du lait.

Comme il paraît que nous allons au devant de pénuries variées il faut que je songe rapidement à constituer un petit stock de lait entier, longue conservation (UHT) qui n’a que peu été dénaturé pour pouvoir être conservé plus de 6 mois. Comme je bois un litre de lait par jour il y aura quelques petits problèmes de stockage alors je m’en remets à la sagesse populaire en espérant que dès qu’il y aura des signes de famine caractérisés par des linéaires de supermarché indispensables à la survie quotidienne se vider, alors les peuples se soulèveront contre le pouvoir politique qui a trouvé une nouvelle occasion d’imposer ses projets de domination fascisante. Quand le peuple a faim il n’est plus possible de le maîtriser et si un tel événement arrive, ce qui ne saurait tarder, alors le mouvement des Gilets jaunes en France pour quelques centimes d’euros d’augmentation sur le prix du litre d’essence apparaîtra comme une petite promenade de santé … Viva la revolucion !

Évolution populaire de la sémantique scientifique

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Depuis quelques années n’importe qui, attentif aux écrits et discours de la presse influente dite « main-stream », a pu constater qu’il existe une dérive progressive et insidieuse dans les termes utilisés pour qualifier un produit. Je ne prendrai que trois exemples pour illustrer mon propos de ce jour, trois exemples sans lien mais trop significatifs pour ne pas les rappeler ici. Il s’agit du lait de vache, du CO2 et du glyphosate.

J’ai sévi à l’université dans la recherche en biologie durant un peu moins de 38 ans avec une interruption totalement fortuite pour m’intéresser à l’énergie nucléaire durant 3 années au sein d’EDF. C’est la raison pour laquelle quand j’écris un billet relatif à la biologie en général je sais de quoi je parle et il en est de même pour l’énergie nucléaire. Ma solide culture scientifique m’a également permis d’être capable (encore aujourd’hui) de comprendre ce qu’il en est quand je lis un article compliqué relatif, par exemple, au climat.

Prenons d’abord l’exemple du glyphosate car il s’agit d’une molécule que je connais très bien pour avoir travaillé sur un sujet connexe pendant plusieurs années. Le glyphosate, de par sa nature chimique, ne peut pas être cancérigène car il ne peut tout simplement pas interagir directement avec l’ADN pour des raisons électrostatiques : l’ADN est recouvert de charges négatives – c’est un acide comme son nom l’indique – et le glyphosate est également chargé négativement (trois charges négatives) et, comme chacun ne l’ignore pas, deux molécules chargées négativement se repoussent, point barre.

Ce produit, découvert et commercialisé par la firme Monsanto, a été classé « cancérigène probable » par l’organisme onusien IARC il y a quelques années sans que cette vague affirmation ait été étayée par des évidences scientifiques incontestables et la dérive journalistique a transformé ce produit en « cancérigène » non plus probable mais « certain ». Donc il faut en interdir l’utilisation sans aucune autre forme de débat. Les conséquences de cette interdiction sont le cadet des soucis des politiciens qui s’en tiennent aux déclarations véhémentes des associations de préservation de l’environnement toutes puissantes. Pourtant ces conséquences sont immenses en particulier dans le domaine agricole. Mais les politiciens, aveuglés par les argumentations sans fondement scientifique des écologistes, ont décidé qu’à très court terme ce produit serait interdit. Les agriculteurs seront alors contraints d’utiliser d’autres désherbants infiniment plus toxiques et surtout beaucoup plus coûteux. Qu’à cela ne tienne, la politique a ses raisons (surtout anti-scientifiques) que la raison ignore.

Prenons le cas du lait. Je veux parler ici du lait de vache entier stérilisé par le procédé UHT qui préserve les qualités organoleptiques et nutritionnelles du produit originel ainsi que sa teneur en vitamines, en particulier B1, B6 et B12. Mon médecin « référant » à défaut de dire « traitant » m’avait mis en garde il y a des années que boire un litre de lait entier chaque jour allait me précipiter dans la tombe. Certes, l’homme est le seul animal sur la planète Terre capable de boire du lait provenant d’une espèce différente de lui et quand il le peut, c’est-à-dire quand il dispose de l’enzyme clé capable de couper le lactose en deux sucres élémentaires, le glucose et le galactose, boire du lait de vache, de brebis, d’ânesse ou de chamelle, il ne s’en porte que mieux. Le lait était d’abord considéré comme mauvais pour le taux de cholestérol, puis carrément toxique. D’un liquide bénéfique il est devenu un poison : encore une dérive sémantique inexplicable. Au sein de la paranoïa anti-nucléaire omniprésente personne ne mentionne que le lait contient du potassium-40 et qu’il est radioactif, ce serait affoler les populations … pour rien, d’autant plus que le lait maternel est lui aussi radioactif ! Mais depuis quelques années – et ce processus de diabolisation du lait de vache s’accélère – l’élevage bovin est devenu de surcroit mauvais pour le climat. L’élevage, la viande, le lait et les fromages sont devenus des poisons non pas pour notre santé mais pour le climat. La dérive sémantique s’est accélérée !

Le cas du CO2 est encore le plus emblématique de la dérive sémantique dont il a fait l’objet ces dernières années au point d’alimenter aujourd’hui des mouvements sectaires et violents dans tous les pays de l’OCDE à l’exception de la Russie, de la Chine et de la majorité des pays en développement. Le CO2 est la source de nourriture fondamentale et irremplaçable de tous les végétaux et du plancton océanique, ce dernier étant la source majeure de l’oxygène atmosphérique. Sans CO2 il n’y aurait pas de vie sur la Terre et les océans seraient des déserts, tout simplement. Ce gaz est donc synonyme de vie. Depuis la fin des années 1970 des scientifiques à la petite semaine ont ressorti la théorie de l’effet de serre d’Arrhenius qui a pourtant été démentie à plusieurs reprises après sa publication en 1896. Cette théorie jamais vérifiée expérimentalement depuis cette date a permis l’échafaudage de la plus grande imposture scientifique de la fin du XXe siècle reprenant les propos d’Arrhenius qui prétendait qu’un doublement de la teneur atmosphérique en CO2 provoquerait un réchauffement planétaire généralisé de 5 °C. Toutes sortes d’effets secondaires du CO2 ont été imaginés et depuis lors le CO2 est passé d’un gaz essentiel à la vie à un gaz toxique pas seulement pour le climat mais aussi pour nous-mêmes, êtres humains. Nous sommes devenus coupables de produire du CO2 en brûlant des combustibles fossiles, coupables de détruire l’équilibre – paraît-il précaire – de la planète comme s’il n’existait aucune résilience de l’ensemble des systèmes biologiques existants. Voilà une autre dérive sémantique qui défie le bon sens.

Il y aurait tellement d’autres exemples à apporter pour abonder ce phénomène journalistique et malheureusement scientifique de dérive sémantique que j’en suis découragé d’avance. Mes lecteurs en trouveront bien d’autres par eux-mêmes.

Illustration : glyphosate, les trois groupements hydroxyle (OH) sont en fait ionisés en O- et un proton H+ ce qui explique que le glyphosate est fortement électro-négatif.

Néolithique : après le pain le fromage

 

Il y a quelques jours, le 23 août, j’avais laissé sur ce blog un billet relatif aux premiers pains jamais cuits par l’homme, les habitants natufiens du nord-est de la Jordanie actuelle il y a 14000 ans avant l’ère présente. Cette activité, à l’évidence, était un signe d’une sédentarisation progressive des peuplades de chasseurs-cueilleurs, le site de Shubayqa ayant probablement été occupé durant de nombreuses années. Puis la sédentarisation qui est datée aux alentours de 10000 ans avant l’ère présente a favorisé l’apparition de l’élevage bovin et les migrations vers l’Europe occidentale, ce à quoi on assiste aujourd’hui pour d’autres raisons, ont également introduit l’élevage dans cette Europe verdoyante et favorable au maintien d’un élevage qui présentait une alternative sécurisante pour l’alimentation. Ces migrants savaient faire du pain mais il avaient également appris à faire du fromage.

Ce sont des restes de poteries curieusement percées de petits trous ménagés avec des brins de paille avant leur cuisson dont on finit par trouver leur utilité car ils avaient intrigué les archéologues pendant de nombreuses années. Il s’agissait de faisselles, tout simplement ! Peut-être que nos ancêtres avaient aussi découvert que quelques plantes permettaient de coaguler le lait comme par exemple le jus des feuilles d’artichaut bien avant la découverte de la présure qui ne fut découverte qu’à la fin du XIXe siècle. Mais le lait finit par coaguler également par l’action de bactéries ou de champignons microscopiques. Il faut cependant noter que l’utilisation du jus d’artichaut ou encore de feuilles de figuier est toujours d’actualité chez les peuples montagnards du Maroc pour fabriquer du fromage. Pour information destinée aux détracteurs des organismes génétiquement modifiés, l’industrie agro-alimentaire moderne utilise largement de la chymosine produite par une souche d’Aspergillus niger surexprimant cet enzyme qui se trouve originellement dans l’estomac des veaux allaités sous la mère.

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Des fragments de ces faisselles préhistoriques ont été retrouvés en Pologne et datées de 7500 ans avant l’ère présente. Comme l’indique l’illustration ci-dessus il a donc fallu plus de 3000 ans pour que la pratique de l’élevage se répande dans le nord de l’Europe depuis le Levant à la faveur des migrations. Ces recherches archéologiques relatives à l’élevage ont été corroborées par des études génétiques des populations car qui dit élevage et donc production de lait sous-entend qu’une partie du lait était aussi directement utilisée pour l’alimentation avant toute fermentation. Quoi de meilleur que du lait bourru directement sorti du pis d’une vache ? Cela fait partie de l’un de mes souvenirs de petite enfance …

Or pour digérer le lait confortablement il faut que notre intestin grêle soit capable de sécréter l’enzyme, la lactase, qui scinde le lactose en ses deux constituants, le glucose et le galactose. Il s’agit d’un enzyme dit inductible qui n’est synthétisé qu’en présence du lactose du lait. La propriété d’induction de la synthèse de cet enzyme disparaît le plus souvent irréversiblement après le sevrage de l’enfant. Les études archéologiques ont montré que de nombreuses poteries datant du néolithique, dont ces faisselles mentionnées plus haut, contenaient des traces d’acides gras typiques du lait. Les populations qui prospérèrent en Europe du Nord le purent qu’à la faveur de l’apparition d’une mutation du promoteur, il s’agit d’un fragment d’ADN, du gène codant pour la lactase 13910 bases avant le gène de ce dernier enzyme, mutation appelée -13910*T. Il a suffi de la présence de cette mutation sur un seul allèle du gène de la lactase pour que les peuples puissent se nourrir de lait sans l’inconfort provoqué par l’absence de lactase. Cette seule mutation a également favorisé le peuplement des régions du nord de l’Europe, en particulier de la Scandinavie, car le lait contient de la vitamine D qui ne peut être synthétisée par l’organisme à partir d’ergostérol qu’en présence de suffisamment de rayons solaires.

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La carte ci-dessus est intéressante sur plusieurs points. Outre la Scandinavie et le nord de l’Europe on retrouve la plus forte fréquence de l’allèle de la lactase muté dans le nord-ouest de l’Afrique correspond à l’élevage traditionnel des chèvres, dans la péninsule arabique correspond à l’élevage des dromadaires dont le lait était et est toujours utilisé directement par les Bédouins et enfin dans la partie pakistanaise du sous-continent indien pratiquant l’élevage bovin traditionnellement. C’est dans les îles britanniques et en Scandinavie que l’on retrouve aujourd’hui la plus grande proportion de porteurs de la mutation -13910*T, des pays où la consommation de lait non fermenté et de fromages à pâte cuite contenant toujours du lactose sont les plus répandus. Dans des pays comme la Turquie cet allèle a presque disparu car les désagréments de la digestion du lait en l’absence de lactase ont été contournés avec l’usage du lait fermenté à l’aide de bactéries comme les yaourts ou le kéfir, bactéries qui réduisent pratiquement à néant la teneur en lactose dans le produit final. Que mes lecteurs se rassurent je suis encore en bonne santé bien que je boive chaque jour un litre de lait de vache entier.

Sources et illustrations : Nature et Human Heredity, doi : 10.1159/000360136

Buvons du lait ! C’est excellent pour la santé.

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Dans la série des modes alimentaires toutes aussi extravagantes les unes que les autres le lait semble être une horreur néfaste chez les adeptes du style de vie « naturel ». Il est tout simplement banni car il est malsain pour la santé dès l’instant où l’enfant a quitté la mamelle maternelle. Les adeptes de la diététique « tendance » proscrivent toute nourriture industrielle, bannissent les sucres raffinés, réduisent l’usage de l’alcool et prônent les légumes et les fruits ainsi que les céréales dites complètes riches en fibres. Beaucoup de ces mystiques d’un nouveau genre vont jusqu’à s’abstenir de tout aliment contenant du gluten, des produits lactés, des ingrédients provenant du soja et même du sodium : plus de sel marin mais du chlorure de potassium, vraiment n’importe quoi ! À propos du soja, suivez mon regard, étant donné que 95 % des graines de soja dans le monde proviennent de plantes génétiquement modifiées alors le soja sous toutes ses formes doit être tout simplement proscrit, je pense en particulier à la mayonnaise industrielle qui contient fatalement de la lécithine de soja pour remplacer le jaune d’oeuf …

Bref, il faut manger des produits frais, viande et légumes, à peine cuits et au mieux il est préférable d’être exclusivement végétalien, c’est bénéfique pour la santé ! On n’a pas encore vu d’êtres humains devenir des ruminants et capables de brouter de l’herbe … La nutrition est basée sur la science et non pas sur l’opinion répandue dans les médias par des sortes de gourous fondant leur notoriété sur de la fausse science.

Mais revenons au lait. Dans les pays où la consommation de lait et de produits lactés a toujours été élevée comme en Europe, les cas d’intolérance au lactose sont relativement rares puisque à peine 5 % de la population souffre réellement de l’incapacité à prendre en charge le lactose. Le lactose est un disaccharide constitué d’une molécule de galactose et d’une molécule de glucose et il est coupé en ses constituants à l’aide d’un enzyme appelé bêta-galactosidase dont la synthèse est normalement induite par la consommation de lait et excrété par l’épithélium intestinal. Le lactose peut représenter jusqu’à 8 % de la matière sèche totale du lait et il est facile de comprendre pour cette raison que l’intolérance au lactose soit désagréable. Depuis des temps immémoriaux l’homme s’est rendu compte que le lait fermenté comme le kéfir était beaucoup mieux toléré que le lait cru (ou cuit) car les ferments lactiques, des bactéries et non pas des levures, se nourrissent préférentiellement de lactose et c’est le cas également des yaourts.

La plupart des Européens et des Nord-américains descendants des Européens tolèrent le lait et c’est un avantage car le lait contient une panoplie très riche en nutriments, vitamines et sels minéraux, un nourrisson ne grandit-il pas avec exclusivement du lait comme aliment ? Si certains pseudo-spécialistes de la nutrition prétendent que les êtres humains ne sont pas adaptés pour digérer le lait c’est tout simplement faux ! Il suffit de constater les effets bénéfiques du lait quand dans des pays où la consommation de lait ne fait pas partie des traditions comme la Chine ou encore le Japon le nombre de personnes souffrant de problèmes squelettiques est considérablement plus élevé que dans les pays européens en raison de la pauvreté de l’apport en calcium des aliments non lactés en dépit de leur teneur en calcium élevée car ce calcium présent dans le lait est plus facilement assimilable et aucun autre aliment ne peut sur ce point remplacer le lait et les produits lactés.

Peut-être qu’étant adultes nous n’avons plus besoin de lait mais il faut reconnaître que les atouts du lait pour la santé sont irremplaçables … et cette fois on peut en abuser. Comme le préconisait en 1954 Pierre Mandès-France il serait tout à fait judicieux de réintroduire le lait dans les écoles plutôt que d’encourager les enfants à s’intoxiquer avec des sodas ultra-riches en sucres qui en font de futurs diabétiques obèses …

Sources : diverses

Crise du lait : les vaches c’est bientôt terminé !

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Dans la rubrique « renouvelable » (sustainability en anglais, voir le lien) il y a de quoi s’étonner. Les recherches s’activent pour s’affranchir des vaches laitières pour produire, cela va de soi, du lait. Les bêtes à corne ça pollue, ça dégage du méthane – un vilain gaz à effet de serre – et c’est fauteur de crises, il n’y a qu’à observer ce qui se passe en France en ce moment, encore que l’essentiel de la « crise du lait » a été provoquée par les sanctions stupides décrétées par la Maison-Blanche contre la Russie que les toutous européens ont appliqué à la lettre.

La crise climatique exploitée à toutes les sauces a donc eu des retombées inattendues dans le domaine laitier. La société de biotech californienne Perfect Day, basée à Berkeley, a réussi la prouesse de produire du lait totalement artificiel à l’aide de levures génétiquement modifiées pour littéralement vomir dans leur milieu de culture les principales protéines du lait de vache. À ce jus blanc il suffit ensuite de rajouter quelques vitamines, quelques corps gras végétaux, un peu de sucre et le tour est joué !

Les arguments de Perfect Day sont sans appel. La consommation d’eau pour produire un litre de ce lait artificiel est diminuée de 98 %, il faut 91 % de surface de terrain arable (ou broutable) en moins pour cette production et les émissions de « gaz à effet de serre » sont réduites de 84 %. En comparant ce lait de levure, si on peut appeler ce produit ainsi, avec l’ersatz de lait fabriqué avec des amandes, il faut pas moins de 5 litres d’eau pour produire UNE amande. Pour ma part je suis un grand consommateur de lait entier de pure vache et je réserverais le lait d’amande pour me relaxer dans une baignoire pleine de ce jus blanc relativement coûteux. Le souci est que je n’ai pas de baignoire chez moi … Pour en terminer avec les amandes, la culture des amandiers en Californie utilise 10 % de toute l’eau que cet Etat consomme.

Mais revenons au lait produit avec des levures. Il ne contient pas de lactose et se trouve de surcroit être parfaitement adapté pour les nourrissons et c’est tout bénéfice pour la planète. Et enfin, cerise sur le gâteau ce lait « animal-free » (illustration Perfect Day) ne contient pas de résidus de pesticides, d’antibiotiques ou d’hormones puisque sa production est assurée dans des fermenteurs parfaitement sous contrôle.

Source : fastcoexist.com

Pesticides, lait, cigarette et Parkinson

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En 1962 l’activiste écologiste Rachel Carson accusa l’heptachlore de menacer la planète dans son livre Le Printemps Silencieux. Elle prétendait dans cet ouvrage que cet insecticide persistait durant des années dans les sols et l’eau et se retrouvait dans les aliments. Ces affirmations sont dénuées de preuves puisque la demi-vie de ce produit dans l’eau est de 25 jours, dans l’air de 27 jours et dans les sols de 80 jours environ. L’argument de Rachel Carson était que ce produit persistait donc dans les sols trop longtemps à son goût et qu’il devait se retrouver d’une manière ou d’une autre dans notre organisme. Par ailleurs d’autres études montrèrent que ce produit était toxique pour les neurones des rats en particulier ceux de la substantia nigra du cerveau. Bref, à la suite de la parution de ce livre qui fit grand bruit, l’usage de cet insecticide fut progressivement réglementé et n’est aujourd’hui utilisé que pour exterminer les fourmis rouges car elles présentent un degré de dangerosité avéré en injectant à l’aide d’un dard un alcaloïde irritant appelé solenopsine. Comme l’un des résidus du métabolisme de l’heptachlore par les bactéries du sol est l’heptachlore époxyde, la présence de ce produit fut détectée dans le lait au début des années 80 dans l’archipel d’Hawaii, parfois à des niveaux inacceptables car l’heptachlore était abondamment utilisé dans les champs d’ananas.

Une récente étude parue dans la Revue Neurology vient un tant soit peu bousculer les idées reçues en ce qui concerne ce pesticide. Cette étude a concerné plus de 8000 Japonais-Américains durant plus de 30 ans. Au début de l’étude au milieu des années 80, leur âge moyen était de 54 ans, ils furent autopsiés après leur mort et des échantillons de 449 cerveaux conservés. Les habitudes alimentaires et d’autres informations concernant chaque sujet furent également sauvegardées dans le cadre d’une étude sur le vieillissement en partenariat entre les Universités d’Honolulu et de Chiga, à Otsu au Japon (HAAS pour Honolulu-Asia Aging Study). L’un des aspects de l’étude concernait l’abondance des neurones de la substantia nigra, une région du cerveau préférentiellement atteinte lorsque la maladie de Parkinson se développe. Or comme il faut parfois plusieurs dizaines d’années pour que les symptômes de cette maladie apparaissent, cette étude présentait donc un grand intérêt pour la compréhension de l’éventuel effet de l’heptachlore qui se retrouvait dans le lait sur les sujets étudiés qui furent exposés à cet insecticide avant que son usage ne soit restreint.

On sait par exemple que la cigarette diminue de 50 % les risques d’apparition de la maladie de Parkinson et que l’exposition à certains pesticides comme la roténone ou le paraquat double ce risque. Or comme la plupart des sujets étudiés consommaient du lait alors contaminé avec de l’heptachlore, l’étude montra que la présence du résidu heptachlore époxyde dans le cerveau était corrélé avec la dégénérescence des neurones de la substantia nigra, jusqu’à une chute de près de 40 % de la densité neuronales, autant chez les sujets buveurs de lait ayant souffert de la maladie de Parkinson que chez ceux qui en furent indemnes et également buveurs de lait, plus de deux verres par jour. Là où l’étude révéla une surprise c’est que chez les buveurs de lait également fumeurs il ne fut pas possible de trouver des taux comparables d’heptachlore époxyde dans leurs cerveaux avec par ailleurs une incidence de la maladie de Parkinson significativement plus faible chez ces même sujets.

Même si cette étude épidémiologique qui concerna donc plus de 8000 personnes depuis 1980 et pour la plupart décédés aujourd’hui n’apporte pas de preuves formelles de ces interactions pesticide-cigarette, il apparaît cependant que de telles études sont irremplaçables pour préciser les mécanismes d’apparition de la maladie de Parkinson. L’effet « bénéfique » de la fumée de cigarette reste encore à expliquer.

Note : il est intéressant de rappeler que le paraquat et la roténone sont deux substances interférant avec la chaine respiratoire mitochondriale. L’un des mécanismes suspectés être à l’origine de la maladie de Parkinson est l’apparition de ce qu’on appelle des radicaux libres issus de phénomènes d’oxydation déréglés, pour faire bref. Or l’intégrité fonctionnelle des mitochondries joue un rôle essentiel dans la protection cellulaire contre les peroxydes et autres radicaux libres car l’un des rôles majeurs des mitochondries est de fournir à la cellule les armes de destruction des peroxydes et des radicaux libres issus de ces derniers. Quand on analyse un ensemble d’informations scientifiques et médicales on arrive à déceler une tendance, certes infime, mais néanmoins une direction vers laquelle je me suis orienté en m’administrant chaque jour une cuillère à soupe (environ dix grammes) de glycine que je commande à la pharmacie locale (qu’elle vend à un prix exorbitant) pour maintenir la machinerie énergétique des cellules constituant mon corps vieillissant dans un relatif état de fonctionnement satisfaisant pour préserver mon état de santé, et naturellement je continue à fumer, allez savoir …

Source : Neurology, DOI : 10.1212/WNL.0000000000002254

https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/06/08/rester-jeune-tres-simple-gavez-vous-de-glycine-acide-amino-acetique/

Boire du lait ne peut qu’être bénéfique pour l’intégrité du cerveau …

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C’est en parcourant les « News » des Université Américaines qu’on peut aisément trouver le récit de travaux scientifiques parfois encourageants. Je dois prévenir mes lecteurs que l’article dont je vais brièvement relater le contenu m’a interpellé favorablement. Il s’agit des effets bénéfiques du lait sur le cerveau, or comme je bois depuis des lustres un litre de lait entier chaque matin, autant dire que ma curiosité m’a pris par la main pour écrire ce billet. Comment le lait que je consomme sans modération peut-il être bénéfique pour le cerveau et également pour tout l’organisme ? Il a fallu mettre en œuvre tout l’équipement sophistiqué dont dispose l’école de médecine de l’Université du Kansas à Lawrence, KS capable de mesurer par résonance magnétique nucléaire les teneurs en certains métabolites dans les tissus. L’équipement utilisé est un appareil d’imagerie par résonance magnétique à haut champ capable de mettre en évidence les discrètes modifications du signal de l’atome d’hydrogène dans des molécules biologiques. Il faut que les signaux de l’appareil soient traités de manière à s’affranchir du bruit de fond de l’eau qui contient deux hydrogènes par molécule et dont l’intensité représente près de 99 % de ces signaux. Pour que le signal qu’on veut étudier puisse être détectable il faut utiliser un appareil d’imagerie dont le champ magnétique est d’au moins 3 tesla pour augmenter le rapport signal/bruit. On en déduit ensuite ce que les physico-chimistes appellent un déplacement chimique (chemical shift) du signal d’un atome d’hydrogène donné dans une molécule biologique par son environnement atomique, par exemple un atome de carbone, d’oxygène, d’azote ou de soufre. Chaque métabolite présente donc une signature caractéristique qui n’est parfaitement identifiée que si le champ magnétique appliqué est suffisamment élevé.

Quelle relation entre le lait et ses effets bénéfiques sur le cerveau ? Avec cette technique de spectroscopie in vivo extrêmement puissante une petite équipe de deux médecins, les Docteurs Sullivan et Choi, a montré que sans aucun doute possible, boire au moins trois verres de lait par jour non seulement maintenait la quantité de glutathion dans le cerveau mais avait tendance à l’augmenter. Certains de mes lecteurs risquent de décrocher mais il faut parler un peu du glutathion pour comprendre l’importance de cette découverte pas si fortuite qu’elle n’en a l’air puisque les études relatées ici ont été financées par le Dairy Research Institute, en français l’institut de recherche sur le lait et ses produits dérivés.

Le glutathion est une petite molécule biologique constituée d’un enchainement de trois acides aminés, glutamate, cystéine et glycine. Son rôle dans de nombreuses fonctions métaboliques essentielles est vital à plus d’un titre. L’une des autres missions clés du glutathion est de « chasser » les produits d’oxydation apparaissant dans une cellule vivante et cela en permanence car tout produit susceptible de présenter un pouvoir oxydant doit être éliminé sinon nous ressemblerions rapidement à une vieille voiture avec une carrosserie complètement rouillée. Les processus oxydatifs sont favorisés par de nombreux facteurs aussi bien externes, comme une alimentation déséquilibrée ou simplement une exposition exagérée au soleil mais également par des facteurs internes, stress, inflammations, infections et désordres métaboliques. Les espèces chimiques oxydées sont immédiatement neutralisées par le glutathion qui se trouve alors lui-même oxydé et ensuite régénéré par un mécanisme consommant de l’énergie. La vie de la cellule vivante a un prix et c’est pourquoi les quantités de glutathion sont phénoménalement élevées dans les cellules.

Pourquoi le lait est-il bénéfique à la santé ? C’est une évidence de rappeler qu’un nouveau-né, incapable de digérer un quelconque aliment autre que du lait, survit et grandit avec ce seul apport en nourriture. Le lait contient en effet toutes les vitamines dont on a besoin outre des acides gras, des sucres et des sels minéraux dont le calcium indispensable pour la croissance osseuse. Si on se penche sur la composition en acides aminés du lait, acides aminés provenant des protéines du lait, on s’aperçoit qu’il est particulièrement riche en acide glutamique. Or cet acide est l’un des trois constituants du glutathion, un tripeptide spécialement synthétisé à l’aide d’activités enzymatiques dédiées sans passer par la machinerie de synthèse des protéines, les ribosomes. Il s’agit d’une exception qu’on peut expliquer facilement dans la mesure où la cellule vivante à besoin de quantités massives de glutathion : glutamate-cystéine-glycine :

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Avant cette étude réalisée au Hoglund Brain Imaging Center de l’Université du Kansas, on limitait les bienfaits du lait à l’apport en calcium, en matières grasses et en vitamines mais on ignorait l’effet bénéfique sur les teneurs cérébrales en glutathion. Il apparaît que cet effet pourrait être d’un grand secours pour contrecarrer les mécanismes d’inflammation et donc d’apparition d’espèces chimiques oxydées à la suite des perturbations induites par les maladies neurodégénératives telles que les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson et d’autres démences d’origines encore mal identifiées.

Conclusion, pour vivre vieux, heureux et en bonne santé, buvons du lait et en abondance et puisque les quotas laitiers européens viennent d’être supprimés allons-y gaiement …

Source : University of Kansas News Desk et American Journal of Clinical Nutrition : doi: 10.3945/ajcn.114.096701

Le lait néfaste pour la santé ? Non mais sans blague !

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Une étude complètement pipeau parue dans le British Medical Journal, une revue scientifique pourtant au dessus de tout soupçon, indique que consommer trop de lait n’est pas si bon que ça pour la santé. C’est le galactose qui est en cause ! Du grand n’importe quoi car le galactose, un des deux composants du lactose avec le glucose, est rapidement pris en charge par l’organisme qui n’en a pas grand chose à faire et le transforme en glucose presque instantanément selon un schéma métabolique mis en évidence par Luis Federico Leloir, le troisième prix Nobel argentin bien que né en France presque par erreur en 1906.

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Cet article torchon du BMJ me donne donc l’occasion de rappeler ce que Leloir a établi à propos de l’intolérance au lactose avec les moyens de l’époque en élucidant pas à pas comment n’importe quel sucre est pris en charge dans l’organisme. Les travaux de Leloir constituent toujours une partie de l’immense travail réalisé par ces pionniers de la biologie sans lesquels on serait toujours dans le brouillard le plus total.

Et aujourd’hui, on réalise des études statistiques avec des ordinateurs ultra-rapides sur des dizaines de milliers de personnes, plus les échantillons sont grands, plus l’étude est crédible, pour arriver à des conclusions hautement contestables qui finalement, quand on les analyse, ce que j’ai fait soigneusement, n’ont aucune signification.

Je suspecte une intention politique à cette étude parue dans le BMJ dont voici le lien en accès libre : http://www.bmj.com/content/349/bmj.g6015 . En effet les vaches laitières dégagent du méthane et ce gaz est un très vilain gaz à « effet de serre », suivez mon regard.

Encore une étude statistique sans valeur aucune qui a pourtant fait la une de la presse de caniveau ! Bonne lecture …

Illustration : Leloir célébrant son prix Nobel avec ses collaborateurs.

Les bienfaits des produits laitiers revisités

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On sait que le lait et les dérivés du lait, yaourts ou fromages, crème et beurre, constituent un apport en calcium et en d’autres minéraux précieux pour la santé. Mais les produits laitiers ont aussi une mauvaise réputation car il faut, au moins pour le lait, être capable de digérer le lactose, le principal sucre présent dans le lait, et puis toutes sortes de rumeurs font régulièrement la une des journaux populaires relatant les dangers du lait pour la santé. C’est la raison pour laquelle on trouve de moins en moins facilement du lait entier dans les linéaires des super-marchés. Par contre les ersatz de lait à base de soja et de bien d’autres végétaux pullulent, renforcés en vitamines, organiques, sans pesticides, sans lactose, écrémés, allégés, reconstitués, sans OGMs, formule croissance, … Quant aux yaourts et autres préparations fermentées ou non à base de lait, c’est carrément un florilège. Il y en a vraiment de toutes les couleurs et pour tous les goûts. C’est facile à comprendre puisque le lait entier UHT, celui qu’on trouve le plus facilement, n’apporte pas beaucoup de valeur ajoutée. Mais restons dans le basique en se concentrant seulement sur 8 produits : lait, yaourt, fromage, fromage blanc, crème et beurre, lait semi-écrémé et yaourts allégés c’est-à-dire fabriqués avec du lait semi-écrémé. Définissons une portion de produits lactés ainsi : un quart de litre de lait (entier ou semi-écrémé) ou 175 g de yaourt ou 50 g de fromage ou encore 250 ml de fromage blanc. Prenons enfin un échantillon de personnes, hommes et femmes, en bonne santé et incluant dans leur régime alimentaire des produits lactés variés pour étudier quels sont les effets de ces derniers sur la santé en général.

C’est ce genre d’étude qui a été réalisée sur 233 participants (105 hommes et 128 femmes), tous résidant dans la ville de Québec ou sa périphérie, de trente ans d’âge moyen et tous en bonne santé. Ils ont été scrupuleusement suivis pendant trois années afin d’établir des corrélations entre la quantité de produits lactés qu’ils consommaient chaque jour et leur état métabolique général. L’étude dirigée par le Docteur Iwona Rudkowska de l’Université Laval a montré que, contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’ « abus » de lait ou de produits dérivés du lait était plutôt bénéfique et pas seulement pour la solidité des os ! Si l’on revient à la définition d’une « portion » de produit lacté (lait ou dérivé) comme défini auparavant, il a pu être établi une relation statistiquement valable entre le nombre de « portions » quotidiennes et l’évolution de certains paramètres biologiques. Parmi ceux qui ont été suivis, citons les pressions artérielles systolique et diastolique (SBP et DBP dans la figure ci-dessous), la glycémie à jeun (FPG), l’insuline sanguine, les triglycérides (TG), le cholestérol total (Total-C), le cholestérol HDL (HDL-C) et le cholestérol LDL (LDL-C) le rapport cholestérol total sur cholestérol HDL (TC:HDL-C), la protéine C-réactive (CRP), l’interleukine-6 (IN-6) et enfin le facteur de nécrose tumorale alpha (TNF-a). HF et LF signifient respectivement lait entier et lait écrémé ou produit laitier allégé.

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Comme on ne s’y attendait pas du tout, la consommation de lait et de produits dérivés du lait entraine une baisse de la tension et de la glycémie à jeun aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Le taux d’insuline circulante est significativement augmenté ainsi que la CRP. Dans le cas de la CRP, marqueur d’un symptôme inflammatoire, cette augmentation n’a pas pu être statistiquement corrélée ni à l’interleukine ni au TNF qui sont également considérés comme des marqueurs de symptômes inflammatoires. D’autres études de ce genre n’ont pas pu permettre de conclure quant à la signification de cette augmentation de la CRP qui pourrait provenir tout simplement d’un effet indirect de la flore intestinale. Cette éventualité n’a pas été abordée dans l’étude.

Cependant, dans tous les cas, la présence parmi les acides gras circulant dans le sang d’acide trans-palmitoléique, un acide gras présent naturellement dans le lait, est un bon marqueur de la consommation de lait ou de produits lactés car cet acide gras est spécifique du lait. Le taux de cet acide gras était toujours corrélé à la diminution de la pression artérielle comme le montre la figure ci-dessous tirée de l’article paru dans Applied Physiology, Nutrition and Metabolism ( DOI: 10.1139/apnm-2014-0154 ) en libre accès :

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Finalement boire du lait entier, manger des fromages blancs arrosés de crème et des yaourts nature riches en matières grasses, ce n’est pas aussi mauvais pour la santé qu’on a pourtant tendance à le croire.

Source : Université Laval

Organique (« bio ») ou conventionnel ?

 

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Les produits dits organiques coûtent en général beaucoup plus cher que leurs équivalents conventionnels mais la dépense supplémentaire est-elle vraiment justifiée ? Je sais que certains de mes lecteurs ne vont pas aimer mes arguments, pourtant il n’y a aucune différence entre organique et conventionnel ! Si la différence de prix est évidente, il est difficile de faire la différence dans la qualité en termes de contamination ou de valeur nutritionnelle. Le lait organique, la viande ou la laitue organiques sont-ils meilleurs ? Pas vraiment … Les laitues organiques peuvent être contaminées avec des E.coli comme leurs contreparties conventionnelles, les œufs, dans les deux cas peuvent aussi contenir des salmonelles et des hormones peuvent se retrouver dans le lait. Examinons donc 5 catégories de produits, le lait, les légumes, la viande, les œufs et le poisson. La principale différence que l’on pourrait attendre entre les deux sortes de lait est la teneur en acides gras omega-3. Le lait organique est légèrement plus riche en ces acides gras en raison du régime alimentaire des vaches mais la différence est tellement minime que payer un litre de lait trois fois plus cher n’est pas justifié. Pour information il y a autant d’omega-3 dans 100 grammes de saumon que dans 5 litres de lait, organique ou pas. Quant aux antibiotiques et aux hormones, parlons-en tout de même malgré le fait que l’usage des hormones est interdit dans la plupart des pays d’Europe mais pas les antibiotiques, l’étude ayant été réalisée aux USA. Chaque camion de lait est contrôlé et si des antibiotiques son décelés le chargement est détruit. Aux USA environ un chargement sur 6000 subit ce triste sort. L’usage des antibiotiques en cas de maladie entraine une carence légale durant laquelle le lait est détruit. Pour les hormones, la majorité du cheptel bovin américain est traité avec des injections d’hormone de croissance bovine produite par génie génétique. Il s’agit d’une protéine qui, si elle se retrouve dans le lait, est digérée comme toutes les autres protéines, son activité est détruite par la pasteurisation et n’a de toutes les façons aucun effet sur l’organisme humain. Pour les pesticides présents dans le lait, même chose, aucune différence n’a jamais pu être notée formellement entre le lait organique et le lait conventionnel.

Toujours à propos du lait, certains activistes écologistes ont avancé le fait que les vaches traitées avec de l’hormone de croissance produisaient plus d’Insulin like Growth Factor type I (IGF-I) supposé favoriser l’apparition de certains cancers. Il est opportun de signaler que les tourteaux de soja favorisent par un mécanisme encore inconnu la surproduction d’IGF. Dans le doute le lait bio ou le lait conventionnel c’est du pareil au même.

Pour les légumes c’est sensiblement la même histoire. Aucune étude scientifique digne de ce nom n’indique que les légumes dits « bio » ou « organiques » sont meilleurs pour la santé. Ce serait plutôt le contraire puisque l’usage raisonné de pesticides tendrait à diminuer l’occurrence de bactéries indésirables. La recherche de résidus de pesticides n’a pas pu permettre de conclure pour l’une ou l’autre des filières puisque près d’un tiers des légumes et fruits dits organiques sont « contaminés » avec des pesticides sans que la santé humaine soit pour autant compromise. Les produits maraîchers et fruitiers sont plus riches en résidus de pesticides, à concurrence de 60 % selon les études, mais les niveaux de résidus n’ont rien d’alarmant pour la santé. Cependant les organophosphorés pourraient poser problème, et le conditionnel est de mise puisqu’aucune étude n’a jamais pu démontrer clairement que sur le long terme les organophosphorés étaient délétères pour le cerveau. L’EPA américaine (Environmental Protection Agency) prévoit une étude détaillée qui devrait aboutir à la fin de l’année 2017 pour cette présence spécifique de résidus d’organophosphorés. Bref, rien de concluant pour le moment.

Si on s’intéresse aux qualités nutritives de la viande « organique » la situation est encore moins évidente. Le fait que les tenants de la viande bio revendiquent une plus importante teneur en omega-3 tient plutôt du mensonge car leur argument n’est basé que sur une teneur relative par rapport à la quantité totale de graisses. Or la viande bio ou organique est sensiblement moins grasse que la viande obtenue à partir d’élevages conventionnels. Il s’agit pour ce cas précis d’un détournement démagogique de résultats d’analyse obtenus selon des pratiques de laboratoire parfaitement codifiées afin d’alimenter une idéologie tendancieuse dont la finalité est de faire croire au consommateur que la viande dite bio est plus saine. L’explication est pourtant évidente car l’organisme requiert un certain pourcentage d’acides gras insaturés en position omega-3, je passe sur les détails, et les animaux élevés selon des critères organiques plus ou moins bien définis accumulent moins de graisses saturées et le taux d’omega-3 est mécaniquement augmenté. Reste les traces de pesticides dans la viande : aucune étude approfondie n’a jamais prouvé que les viandes organiques étaient exemptes de pesticides comme le clament les écologistes. Quelles que soient les conditions d’élevage, la situation est strictement identique. Pour les bactéries pathogènes, même cas de figure non significatif. Les viandes organiques, en particulier la viande de poulet est plus fréquemment contaminé par le Campylobacter mais sans que le seuil soit alarmant. En revanche certains viandes provenant d’élevages conventionnels peuvent être contaminées par des bactéries résistantes aux antibiotiques classiques. Les analyses effectuées sur la demande de la FDA n’ont jamais été concluantes ni dans un sens ni dans l’autre.

Les œufs. On entre dans un domaine hautement polémique fort intéressant et significatif de la collusion entre l’industrie agro-alimentaire et les régulateurs. Les œufs ont été accusés de véhiculer toutes sortes de bactéries dont la plus connue est la Salmonelle. Or un œuf fraichement pondu est essentiellement stérile et ce n’est que son conditionnement qui peut introduire des germes indésirables dont les Salmonelles de triste réputation. Cette simple observation a conduit au bannissement pur et simple de la préparation de sauce mayonnaise tant dans le secteur de la restauration commerciale que chez les particuliers qui par voie de conséquence se méfient des œufs après avoir été endoctrinés par des campagnes publicitaires tapageuses au sujet des risques sanitaires des mayonnaises. Il est d’abord intéressant de noter qu’une étude réalisée par l’Université de Stanford n’a pas pu montrer que les œufs organiques étaient moins contaminés par des bactéries que les œufs d’origine conventionnelle. De plus la présence de Salmonelles a très clairement été prouvée comme résultant d’une mauvaise conservation des œufs, en particulier soumis à des changements de température propice à des échanges variés au travers de la coquille de l’oeuf qui est poreuse. La peur a fait le reste et le lobby des producteurs de soja s’est emparé du problème en imposant l’utilisation de la lécithine de soja comme succédanée au jaune d’oeuf pour la mise en œuvre de la mayonnaise. Par voie de conséquence la mayonnaise est l’un des produits de l’industrie agro-alimentaire parmi les plus frelatés en termes d’additifs, d’antioxydants, de colorants et d’exhausteurs de goût, un cocktail que l’auteur de ces lignes est totalement incapable de prendre en charge sur le plan digestif. Les œufs, organiques ou non sont à 99,99 % exempts de salmonelles si leur conservation est correctement conduite.

Pour finir en parlant des poissons, il y a les poissons de rivière, de moins en moins parce qu’il y a surpêche et aussi pollution, les poissons océaniques qui ne peuvent en aucun cas être considérés comme « organiques » et enfin les poissons d’élevage, qu’il s’agisse des poissons d’eau douce comme les truites ou les espèces marines qui constituent d’ors et déjà plus de 60 % de tous les poissons consommés dans les pays de l’OCDE. A priori la loi interdit l’usage d’hormones et d’antibiotiques avec les poissons d’élevage mais la situation est pour le moins ténébreuse pour ne pas dire franchement opaque. La densité en terme de population des élevages de truites, de saumon, de rougets et autres dorades rend quasiment obligatoire l’usage sur-abondant d’antibiotiques et de fongicides. De plus la nourriture est un excellent véhicule inavoué pour introduire ces produits. Aucune étude sérieuse n’a pu montrer clairement, encore une fois, que les éleveurs respectaient les régulations à la lettre mais en tout état de cause, il n’existe pas de poissons d’élevages pouvant être approuvés « organiques » ou « bio », c’est tout simplement une vue de l’esprit. Il n’existe plus sur les étalages des poissonniers de saumons de rivière, et depuis longtemps : qui oserait acheter un kilo de saumon garanti de rivière d’Ecosse pour 500 euros ?

En conclusion, manger industriel, intensif, conventionnel, ou bio et organique n’est qu’une question de disponibilité financière sans aucun fondement sanitaire, chimique ou biochimique. Les consommateurs convertis au « bio » sont des alouettes piégées par le miroir mensonger d’exploitants agricoles et de distributeurs avides de profits faciles.

Source : Washington Post