Chronique cinématographique : « La Loi »

C’est en mettant un peu d’ordre dans mes disques durs que j’ai découvert un film jamais encore vu, un pur chef d’oeuvre, La Loi. C’est un film franco-italien réalisé par Jules Dassin paru sur les écrans en 1958. Inspiré d’un roman de Roger Vailland le scénario et les dialogues ont été écrits par Jules Dassin et Françoise Giroud. Un petit mot au sujet de Françoise Giroud, journaliste et écrivain était elle-même la fille d’un journaliste turc. Le début de sa carrière d’écrivain et de journaliste est marqué par ses apparitions dans quelques films et surtout des scénarios et des postes d’assistante-réalisatrice. Jules Dassin, d’origine grecque, a eu une carrière de cinéaste mouvementée, débutée à Hollywood il devra venir en Grande-Bretagne puis en Grèce et enfin en France pour échapper à la « chasse aux sorcières » en raison de ses opinions politiques puis à la dictature des colonels. Il rencontra l’actrice grecque Melina Mercouri qu’il épousera lors du tournage de « Jamais le Dimanche », film sorti sur les écrans en 1960 et qui éclipsa totalement par son immense succès « La loi », film sorti deux ans plus tôt.

« La loi » est un jeu traditionnel assez bizarre pratiqué dans les bars un peu clandestins au cours duquel le maître du jeu impose sa loi. Le film lui-même relate une histoire imaginée par Vailland qui se situe dans le petit village de pêcheurs de Porto Manacorea. Je ne me lancerai pas dans un récit de cette histoire mais brièvement les événements qui se déroulent illustrent la vraie vie où il y a des dominants et des dominés, les premiers imposant leur loi aux seconds. Parmi les dominants pas toujours reluisants on trouve Pierre Brasseur (Don César), un vieux hobereau ruiné vivant reclus dans un capharnaüm encombré de statues d’origine grecque. Il est servi par un équipe de belles servantes dont Gina Lollobrigida (Mariette) que tous les mâles du village convoitent. Le pouvoir est également partagé par un juge éclipsé par la beauté et la prestance de son épouse incarnée par Melina Mercouri, l’inspecteur de police et le caïd collaborateur de la police Yves Montand (Brigante). Arrive un ingénieur agronome chargé d’étudier l’assèchement des marais environnants incarné par Marcello Mastroianni qui va apprendre le jeu de la loi dans la taverne mais également dans la vraie vie.

L’histoire est une peinture réaliste de la vie dans un petit village où tous les habitants sont à l’affut des moindres faits et gestes de chacun, histoires d’amour et histoires d’argent. Et la loi du plus fort ne triomphe pas toujours … À voir ou revoir absolument !

Illustration : capture d’écran, la scène au cours de laquelle Mariette se laisse séduire par Brigante dans le but de le « marquer » au visage avec son propre couteau que lui a volé l’un des adolescents désoeuvrés du village qu’elle contrôle, elle-même acteur du jeu de la loi.

Petite illustration vécue de l’insignifiance cérébrale du citoyen moyen

Mardi matin j’ai décidé de me faire plaisir, émergeant d’un problème de santé en apparence bénin qui aurait pu très mal se terminer, et je suis allé dans le magasin près de mon domicile où sont vendus les produits de la meilleure pâtisserie de l’île située à 100 kilomètres de Santa Cruz sur la côte nord. Je connais cet endroit depuis longtemps et j’ai appris également que le patron de cet établissement a appris la pâtisserie en France, un peu de fierté nationale ne fait pas de mal. J’entre dans ce magasin sans masque (j’en avais un dans la poche de ma chemise) et je me fais immédiatement tancer par la jeune vendeuse. J’étais le seul client. La réaction presque agressive de cette jeune personne m’a amusé.

  • Mais je ne souffre ni de la grippe ni d’un rhume, donc porter un masque ne sert à rien.

  • Ah mais monsieur, c’est le gouvernement qui l’a dit et on l’a vu à la télévision. Mettez votre masque.

  • Et vous, pourquoi portez-vous un masque ? Vous n’êtes pas malade, alors ça ne sert à rien.

  • Ah ! Mais c’est la loi.

Le mot était prononcé : La LOI. Certes les autorités politiques à la tête de leur pays ont pour devoir de protéger les citoyens et la santé fait partie du panel entrant dans leurs devoirs de protection. Mais comme n’a pas voulu le comprendre cette jeune fille dont j’ai admiré rétrospectivement la docilité il y a des décisions gouvernementales prises sans aucune justification scientifique. Le port du masque comme d’un préservatif quand on envisage d’avoir une relation sexuelle avec une personne dont on ignore l’état de santé peut se justifier, un masque est ainsi considéré comme une protection au même titre que le préservatif. Mais porter un masque sans présenter le moindre symptôme grippal est totalement injustifié.

Cette attitude autoritaire des gouvernements au moins occidentaux rappelle la peur du HIV, maladie virale pour laquelle il n’existe toujours pas de vaccin et qui fit on ne sait même pas combien de millions de morts : si les vraies statistiques étaient rendues publiques elles feraient très peur. Malgré la mortalité toujours inférieure à celle de la grippe asiatique de la fin des années 1950 les politiciens ont ressorti avec cette grippe coronavirale les vieux démons de la promotion de la peur. Et il faut bien prendre soin d’alimenter cette peur. Dès qu’un nouveau cas est signalé on confine à nouveau des dizaines de milliers de personnes. Au nom de la loi il faut que le monde politique domine les citoyens au prix d’une atteinte aux libertés individuelles, une problématique qui n’a pas effleuré cette jeune fille, mais surtout d’une destruction de la démocratie ouvrant la perspective d’un « monde d’après » (après le virus) encore plus vert et encore plus totalitaire, deux orientations politiques qui désormais vont de pair …