Ce film sorti sur les écrans français en 1957 est d’une brûlante actualité nonobstant le fait qu’il traite d’un sujet devenu avec les années presque banal. Il s’agissait de l’accouchement sans douleur, une technique révolutionnaire à l’époque et qui connut ses heures de gloire avant la mise en pratique de l’accouchement sous anesthésie dite péridurale réservée aux femmes parturientes ne désirant pas souffrir. Pourquoi j’ai choisi d’écrire ces quelques lignes que je considère comme je viens de l’écrire « d’une actualité brûlante » ? Tout simplement parce que ce film pourrait être réalisé aujourd’hui par un autre Jean-Paul Le Chanois avec un scénario écrit par un autre René Barjavel et mettant en scène d’autres acteurs que l’on a vu et revu sur les plateaux TV ces derniers mois. Le sujet serait tout autre. Il ne serait pas tourné à Saint-Martin de Vésubie, un admirable village, mais dans une ville comme Marseille par exemple. Le Docteur Laurent n’aurait pas de cravate ou de nœud de papillon mais ce serait un médecin oeuvrant dans un centre hospitalier universitaire et sa raison de vivre serait non pas d’épargner les femmes des douleurs de l’enfantement mais de combattre une maladie qui était encore inconnue il y a quelques mois alors que l’enfantement était déjà une expérience vécue chez nos ancêtres il y a des dizaines de milliers d’années. Il y aurait non pas Nicole Courcel (Francine) comme actrice principale mais par exemple Alexandra Henrion-Caude et non pas Jean Gabin qui se prêtait parfois admirablement à ce genre de rôle mélangeant la douceur, le pragmatisme et le professionnalisme novateur mais un Didier Raoult.

Vous savez où je veux en venir : des plaintes multiples arrivent sur le bureau du Président du Conseil de l’Ordre des Médecins du département des Alpes-Maritimes et le Docteur Laurent est convoqué pour être rappelé à la raison, un conseil constitué de médecins n’ayant visiblement pas approché un malade depuis de nombreuses années. Mais les évènements ne se passent pas comme ils l’entendent. La population du village arrive en renfort pour que cet aréopage de « docteurs » de la loi médicale assistent sous leurs yeux à l’accouchement sans douleur de Francine engrossée par un godelureau ignorant le sens des responsabilités.
Tout rentrera dans l’ordre et l’hydroxytruc … pardon ! l’accouchement sans douleur, sera adopté dans ce village perdu au milieu des montagnes puis dans de nombreuses autres bourgades et grandes villes de France et d’ailleurs. Il semble nécessaire à la médecine que des trublions fassent part de leurs connaissances nouvelles, souvent avec fracas, parfois avec un pragmatisme admirable, pour que de nouvelles approches médicales soient envisageables puis envisagées et enfin adoptées malgré la réticence des ignorants réfractaires au progrès (le film se situait en 1957) mais la situation est bien différente aujourd’hui. Ce sont les médecins plutôt désintéressés dont le seul but est de sauver des vies qui sont vilipendés par leurs collègues du Conseil de l’Ordre ou d’autres organismes orbitant autour des décideurs politiques dont la préoccupation est de réaliser des profits surtout pas en approchant des malades mais en côtoyant d’autres décideurs et des responsables de grandes entreprises dans la main desquels ils se nourrissent sans aucune retenue. Un film à voir ou revoir.
Je voudrais ajouter que l’un des romans qui a le plus marqué mon adolescence est « Ravages » de Barjavel dont l’histoire est une vision apocalyptique du monde et où il est question, selon mes souvenirs, d’une épidémie. J’espère trouver ce roman disponible sur le web pour le relire avec curiosité … Note. J’ai trouvé cette affiche sur le web car après avoir revu ce film soigneusement mémorisé dans l’un de mes précieux disques durs j’ai eu un gros accès de fainéantise pour réaliser une capture d’écran.