Le trouble de l’identité sexuelle, pardon, du genre, c’est simple, c’est une manifestation du mécontentement de son propre sexe. Une fille aurait aimé être un garçon parce qu’elle est attirée par les filles, un garçon aurait préféré être une fille parce qu’il est attiré par les hommes mais c’est la nature qui choisit et non l’état civil qui n’est qu’une constatation lapidaire du sexe de l’enfant. Il y a des pays où il vaut mieux être un homme et user des prérogatives socio-culturelles procurées par ce simple fait. Au Pakistan, une femme enceinte des œuvres de l’homme qu’elle aimait a été lapidée à mort par les membres de sa famille qui lui destinaient un autre homme comme époux. En Inde deux jeunes filles ont été violées puis pendues par leurs violeurs car le viol est probablement une offense non pas pour l’homme mais pour la femme qui a subi cet outrage. Au moins dans ces deux pays et malheureusement dans bien d’autres les choses sont claires, il vaut mieux être né avec un paire de couilles et ne pas contester le fait qu’on est un homme. L’homme est supérieur à la femme dans ces pays, ce sont les lois, les religions et les traditions qui le veulent et l’homosexualité est un délit passible de la peine de mort.
Mais la théorie du genre s’appuie-t-elle sur des faits réels scientifiquement avérés ou est-elle seulement le résultat d’une idéologie égalitariste fumeuse, c’est ce qu’a tenté d’éclaircir une équipe de médecins des Universités d’Amsterdam et de Liège n’ayant strictement aucun a priori ni sur cette théorie lors de l’initiation leur étude ni sur les résultats qu’ils allaient obtenir. Toute leur recherche reposait sur le fait que le trouble dit de dysphorie du genre mentionné ci-dessus, il faut appeler les choses par leur nom, pouvait révéler quelques indications précieuses sur la perception du genre par les petites filles et les petits garçons avant la puberté puis lors de la puberté, période durant laquelle l’organisme, tant des filles que des garçons, subit un changement hormonal profond conformément au sexe, et il n’y a alors pas de théorie du genre qui tienne, il s’agit de physiologie pure et dure. L’étude s’est focalisée sur la réponse des garçons et des filles à l’androstadienone. J’ai déjà parlé de ce produit de dégradation de la testostérone dans un billet de ce blog à propos de l’odorat (voir le lien) le nez reconnaissant cette molécule excrétée par les glandes sudoripares des aisselles et se retrouvant aussi dans le sperme, l’urine et à un moindre degré dans la sueur et envoyant ensuite des signaux au cerveau. De nombreux travaux ont montré que la femme était sensible à l’androstadienone en subissant en quelque sorte une réponse physiologique influant sur ses états mentaux et hormonaux selon la phase de son cycle menstruel. Bref, il n’y a qu’un petit saut à franchir pour considérer que cette molécule est une phéromone sexuelle détectée par le nez mais qu’en est-il chez des pré-ados et des ados qui souffrent de dysphorie du genre ou en termes plus compréhensibles de trouble de l’identité sexuelle ? Il est utile de rappeler que l’androstadienone est produite par les testicules, la production de testostérone par les ovaires étant très faible. Au cours de la puberté les garçons s’immunisent en quelque sorte et leur cerveau, plus précisément l’hypothalamus, ne réagit plus du tout à l’androstadienone, ce qui n’est pas le cas chez les filles. Fort de ces constatations l’équipe dirigée par le Docteur Sarah Burke a donc entrepris une étude par imagerie fonctionnelle en résonance magnétique nucléaire (fMRI) chez quatre lots de pré-adolescents et d’adolescents, filles et garçons, les uns normaux et les autres diagnostiqués comme souffrant de dysphorie du genre. Pas facile de trouver 36 enfants pré-pubères et 38 adolescents diagnostiqués comme souffrant de dysphorie du genre puisque moins d’un enfant sur 2000 est considéré comme souffrant de ce syndrome dont il était évidemment intéressant d’élucider la cause mais au Centre de Dysphorie du Genre de l’Université d’Amsterdam ce fut chose facile.
On considère que les adultes souffrant de dysphorie du genre ont un cerveau qui a été mal programmé pour des raisons inconnues à accepter leur sexe, mâle ou femelle peu importe, tel qu’il est réellement et physiologiquement. Il existe des approches thérapeutiques tendant à redresser la réponse de l’hypothalamus à l’aide de traitements hormonaux pas toujours couronnés de succès pour traiter la dysphorie du genre mais il était intéressant de connaître ce qui évoluait dans le cerveau entre la pré-puberté et l’adolescence en comparant ces enfants et ces adolescents, diagnostiqués souffrant de dysphorie du genre, par rapport à des enfants et adolescents ne présentant pas ce type de trouble. Au total 153 enfants et adolescents répartis en 8 lots furent étudiés après avoir vérifié à l’aide de tests simples si leur capacité olfactive était intacte afin d’être certain que la stimulation par l’androstadienone serait effective. Pour être certain que de jeunes enfants souffraient bien de dysphorie du genre ils étaient soumis à un questionnaire très simple du genre s’ils étaient amoureux de quelqu’un de leur âge et si oui si c’était un garçon ou une fille, l’entourage familial ou scolaire permettant de vérifier l’orientation sexuelle (pardon, de genre) comportementale de ces jeunes enfants.
Chez les sujets servant de contrôles un premier résultat montra que déjà avant la puberté, la stimulation de l’hypothalamus par l’androstadienone est significativement différente entre filles et garçons en ce sens que la réponse au cours de stimulations successives répétées qui durent une seconde augmente chez les filles alors qu’elle reste constante ou a tendance à diminuer chez les garçons. Chez les sujets du même âge, garçons ou filles diagnostiqués « dysphoriques » (je viens d’inventer cet adjectif), aucune différence dans cette réponse n’a pu être observée. Quand la même investigation a été conduite avec des adolescents pubères, garçons ou filles, l’hypothalamus des filles « normales » était nettement plus stimulé que celui des filles diagnostiquées dysphoriques qui ne montraient qu’une stimulation comparable à celle des garçons témoins pubères. Dans le cas des garçons pubères, le résultat s’est révélé encore plus frappant car les « dysphoriques » réagissaient à l’androstadienone presque exactement comme les filles pubères « normales ». Les résultats de cette étude illustrés par la figure ci-dessous ( DOI: 10.3389/fendo.2014.00060) indiquent que les différences sont bien identifiées chez les enfants normaux pré-pubères ou pubères alors que cette différence s’estompe chez les filles pubères présentant une dysphorie du genre, comme si la différenciation neuronale liée au sexe avait été atypique. Par contre chez les garçons, si la réponse de l’hypothalamus est peu différente qu’ils soient normaux ou « dysphoriques » avant la puberté, cette réponse devient sensiblement identique à celle des filles normales à la fin de la puberté. Ce résultat indique également une différenciation neuronale atypique.
De là à dire que l’homosexualité n’est qu’une affaire de neurones, il n’y a qu’un pas facile à franchir. Les auteurs parlent pudiquement d’androphilie et de gynéphilie compte tenu du fait que seulement 15 % des jeunes filles diagnostiquées avec une dysphorie du genre montreront un comportement sexuel « anormal » à l’âge adulte alors que ce pourcentage est plus élevé chez les hommes. La raison pour laquelle la différenciation neuronale orientée par les hormones sexuelles lors de la maturation du cerveau peut être altérée n’est pas connue, la puberté faisant seulement ressortir cette altération sans ambiguité.

Dans cette figure, les diagrammes représentent des comparaisons pondérées des stimulations hypothalamiques pour les groupes d’enfants et d’adolescents étudiés. Cette représentation peut prêter à confusion car elle doit se conformer à un code international de quantification des réponses observées par fMRI permettant d’estimer le contraste de la réponse par imagerie fonctionnelle. Les curieux peuvent toujours aller sur le lien (DOI) mentionné plus haut pour se convaincre de la validité de l’étude.
En conclusion, pour ce qui est du comportement sexuel (pardon, vis-à-vis du genre), tout est affaire de neurones et Sigmund Freud aurait sauté de joie en lisant cet article qui pêche peut-être par le nombre limité de sujets étudiés mais qui présente un élément nouveau d’explication incontestable du comportement sexuel en regard du « genre », garçon ou fille, homme ou femme. Après tout l’homosexualité n’est peut-être qu’une histoire de neurones … mais il ne faut pas le dire, ça fait mauvais genre. Et pour enrichir son vocabulaire, ce diagramme trouvé sur Wikipedia :

Lien : https://jacqueshenry.wordpress.com/2014/05/04/quel-que-soit-notre-genre-nous-sommes-a-la-merci-de-notre-nez/