Retour sur la grippe asiatique de 1957-1959

En 1957 dans ma campagne natale l’année fut marquée par l’arrivée du premier tracteur de facture américaine. Il était muni d’une grosse poulie latérale qui permit de remplacer la machine à vapeur servant à actionner la grosse batteuse qui allait de ferme en ferme pour traiter le blé. Les « évènements » d’Algérie constituaient le gros morceau des actualités à la radio puis ce fut le 4 octobre où nous écoutions tous l’étrange bip-bip venu de l’espace et bien que mes connaissances de l’espace étaient limitées à l’observation du ciel la nuit la comète de Arend-Roland que je pus observer au printemps de cette année-là me paraissait être liée à ces signaux provenant de l’espace. Personne ne savait que nous allions vivre un hiver difficile non pas en raison du froid, ce n’était plus qu’un mauvais souvenir de l’année précédente, mais avec l’arrivée d’une mauvaise grippe. Naturellement, où que l’on vive, à la ville ou à la campagne, nous n’étions pas préparés. Il n’existait que très peu d’antibiotiques à cette époque, de la pénicilline, quelques sulfamides et un tout nouveau produit, la streptomycine, qui n’était pas encore disponible. Une grippe se soignait donc avec les remèdes traditionnels que nos aïeuls avaient utilisé pendant des générations : des inhalations, des cataplasmes avec des graines de moutarde sur le torse, des soupes d’oignons et si la fièvre ne diminuait pas alors mes parents se résignaient à téléphoner au vieux docteur de famille qui de toutes les façons était impuissant devant un mal qu’il ne savait pas soigner. Il ne disposait que d’aspirine pour combattre la fièvre. Cette hiver-là un jeune poulain d’une des fermes du hameau mourut du tétanos et cet événement fit passer la grippe au second plan. L’animal fut enterré dans un grand trou et la carcasse fut transportée par les paysans avec des précautions particulières comme par exemple des grands gants de cuir aux mains et des tabliers de cuir ressemblant à ceux du forgeron maréchal-ferrant du village. Puis ils recouvrirent le corps du poulain avec de la chaux vive et rebouchèrent le trou. Enfin une petite clôture isola le petit tertre du reste du pré.

La grippe ne fit pas trop de ravages dans ce coin de campagne paisible, en dehors de quelques vieux dont on disait qu’ils étaient déjà tellement malades « qu’ils ne passeraient pas l’hiver », mais j’appris de nombreuses années plus tard, je veux dire récemment, en me plongeant dans un article paru en 2015 dans The Journal of Infectious Diseases que cette grippe provoqua la mort de 39800 personnes en France. Ce nombre répertorie tous les décès liés à des problèmes respiratoires au cours de la période 1957-1959 pour une population de 44,3 millions d’habitants. En Italie cette même grippe provoqua la mort de 27700 personnes pour une population de 49,2 millions d’habitants, en Espagne ce fut une hécatombe avec 94000 morts pour une population de 29,5 millions d’habitants, et enfin en Suède 8000 morts pour une population de 7,4 millions d’habitants. Il faut ajouter à cette série les USA avec 61500 pour une population de 170 millions de personnes et le Japon avec 89000 morts pour une population de 91 millions d’habitants.

Naturellement cette grippe à virus Influenza A ultérieurement identifié de type H2N2 ne fut pas traitée de la même manière que la récente grippe à SARS-Covid-19. Il n’y eut ni confinement de la population, ni port de masques ni tests de détection par PCR (cette technique n’existait pas et on ne connaissait rien ni des ARNs ni de l’ADN), bref, l’épidémie suivit son cours normal et il y eu deux vagues successives d’ampleurs variables selon les pays. Comme j’aime bien les règles de trois, ça a le mérite de clarifier les idées, je me suis donc amusé à calculer quelle serait aujourd’hui la mortalité d’une telle grippe avec les populations actuelles et les moyens sanitaires et hospitaliers de l’époque sans confinement, sans tests, sans pistage des cas positifs et avec peu d’antibiotiques pour traiter les infections pulmonaires bactériennes. Le résultat est le suivant :

France : 60200, Italie : 39900, Espagne : 151000, Suède : 11135, USA : 119400 et Japon : 123300. Comparons ce chiffrage virtuel avec les dernières données de la Johns Hopkins University. France : 30177, Italie : 35058, Espagne : 28422, Suède : 5639, USA : 143800, Japon : 985. Comment expliquer ces différences ? Il y a d’abord deux pays à écarter de ces comparaisons, d’une part l’Espagne alors sous la coupe de la dictature franquiste était un pays pauvre, avec peu d’infrastructures hospitalières, une industrie balbutiante et un degré de développement qui classerait aujourd’hui ce pays parmi ceux du « tiers-monde ». Le Japon sortait d’une guerre longue et meurtrière et son industrie et son commerce commençaient à peine à voir le bout du tunnel de la reconstruction. Le conflit coréen allait quelques années plus tard stimuler l’industrie japonaise mais le pays était encore en ruine. Pour les autres pays listés ici on ne peut que constater que la grippe coronavirale dont nous sortons à peine a été beaucoup moins meurtrière que la grippe asiatique, toutes choses égales par ailleurs comme ce fut l’hypothèse dans ce calcul. Pour les USA l’état de santé global de la population s’est dégradée au cours des 40 dernières années avec une épidémie alarmante de surpoids combinée au diabète. La dégradation de cet état sanitaire est bien montrée par une autre statistique qui montre une augmentation de la mortalité infantile et une diminution de l’espérance de vie. Ces données statistiques ont conduit Emmanuel Todd a écrire un livre intitulé « Après l’Empire » en 2001 prédisant la chute des USA. Enfin le Japon fait figure d’ovni avec une population de 126 millions d’habitants et 28 % de la population ayant plus de 65 ans. Le tissu hospitalier ainsi que la médecine de ville y sont très denses et la très grande majorité des Japonais ont accès à une protection de santé d’excellente qualité financée par les entreprises pour leurs employés. Les habitudes sociales ont fait le reste pour que le Japon ne comptabilise que 985 morts : port du masque dès que l’on présente des symptômes de rhume ou de grippe (les enfants apprennent cela à l’école), on ne se sert jamais le main, on se salue, et on ne s’embrasse jamais sur les joues …

Source des données statistiques : Journal of Infectious Diseases, 2016, vol. 213, pp. 738-745

Nouvelles des Îles Canaries et d’ailleurs …

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Nous sommes « confinés » dans l’archipel depuis bientôt trois semaines, coronavirus oblige. L’archipel, haut lieu touristique, est totalement isolé du monde extérieur. Seulement quelques vols par jour depuis la péninsule ibérique sont assurés ainsi que les vols inter-îles. Il n’y a plus aucun touriste, plus aucun bateau de croisière, tous les hôtels sont fermés, tous les commerces de détail non essentiels ont baissé le rideau, peut-être définitivement, tous les restaurants, tous les bars à filles (que je ne fréquente pas), tous les centres commerciaux sont fermés. Les rues de Santa Cruz à Tenerife sont désertes. Dans la population canarienne locale, environ 2,4 millions d’habitants répartis dans 7 îles de tailles variées dont la superficie globale représente à peine un tout petit département français, 7500 km2, le coronavirus a contaminé un peu moins de 1000 personnes pour un nombre de décès inférieur à 100, essentiellement des « vieux » cacochymes.

Depuis 10 jours il n’y a plus aucun nouveau cas de contamination ni nouveau décès et la province envisagerait de lever le confinement dans les prochains jours. Cependant l’archipel restera isolé durant plusieurs semaines. Alors que le tourisme (18 millions de visiteurs par an) représente près de 60 % du PIB de l’archipel, l’effondrement total de cette ressource va créer à n’en pas douter un instant une très grave crise économique, humanitaire et sociale par voie de conséquence.

J’ai croisé ce matin un « sdf » qui n’avait plus la force de tendre la main pour demander l’aumône. Il sera peut-être mort demain dans le recoin d’où il ne bouge plus depuis plusieurs jours. De plus il tousse et je n’ai pas osé m’approcher de lui. C’est terrible !

Les autres postes contribuant au PIB canarien sont les primeurs, les fleurs, les bananes et … les dépenses des nombreux retraités européens qui ont (comme votre serviteur) choisi cet endroit pour terminer leur vie dans des conditions climatiques particulièrement favorables.

Plus le confinement des individus et de la presque totalité de l’activité commerciale continuera ici plus la crise subséquente sera profonde. Alors ce ne seront pas quelque cent morts qui seront à déplorer mais beaucoup plus, peut-être tout simplement de faim … Ce qui va s’abattre dans l’archipel sera d’une ampleur pourtant inférieure à celle qui attend les 4 pays de l’Europe continentale les plus touchés par l’épidémie, l’Italie, l’Espagne péninsulaire, la France, la Grande-Bretagne et la Belgique, pour faire court. Ces pays vont aussi connaître une très grave crise économique. Celle-ci induira, et c’est inévitable, un changement de paradigme et peut-être une dislocation de l’Union européenne que pour ma part je souhaite sans le dire à haute voix. Les mois prochains vont être tout à fait captivants.

J’ose imaginer parfois qu’en France l’armée prendra le pouvoir quand des émeutes sanglantes surgiront dans les banlieues et les quartier qualifiés pudiquement de « no-go zones » pour reprendre un terme anglo-saxon qui masque le malaise croissant que jamais aucun gouvernement n’a su résoudre intelligemment alors qu’il en coûte un « pognon de dingue » à l’Etat français, mais pas seulement à la France si on considère l’Europe. Cette situation critique de zones péri-urbaines « interdites » existe aussi en Suède, au Danemark, en Italie ou encore en Belgique.

Petite lueur d’espoir au moins pour la province espagnole des Canaries, le nombre de nouveaux cas est quasiment nul et le nombre de morts (dont on ignore le pedigree médical) provoqué par le virus est à peine supérieur à 60. Alors cette province espagnole sera probablement la première à rendre aux habitants leur liberté de mouvements. Je croise les doigts …

Monsieur le Professeur Raoult persévérez !

Le 26 février dernier, quand j’ai découvert un peu par hasard un article scientifique issu d’une équipe de virologues chinois qui avaient constaté que la chloroquine, une molécule parmi des dizaines de milliers d’autres molécules passées en revue pour détecter une interférence avec le coronavirus millésime 2019, avait un effet inhibiteur sur la multiplication de ce virus in vitro, je me suis permis d’écrire un bref billet sur ce blog (lien) pour faire part de mes doutes, familier de cette molécule puisque je souffre de malaria depuis maintenant 22 ans et dont j’ignorais les effets anti-viraux. Mais si les Chinois avaient fait un « hit » il y avait quelque chose à creuser sur les plans strictement scientifique et clinique. Devant l’urgence en raison de la propagation très rapide de ce virus en comparaison des virus type Influenza de grippe saisonnière classique le Professeur Didier Raoult a procédé à des essais cliniques sur des patients révélés positifs dans son service de maladie infectieuses à Marseille par diagnostic PCR. Il y avait urgence et les premiers résultats ont été entièrement positifs : réduction très significative de la charge virale en quelques jours.

Ces résultats ont été contestés par des biologistes envieux ou jaloux, des politiciens voulant défendre avant tout les intérêts du lobby pharmaceutique, et des praticiens hospitaliers qui ne jouissent pas de l’aura de ce spécialiste anticonformiste et anti-système de réputation mondiale. Ces « professeurs » oeuvrant dans des hôpitaux prestigieux de Paris, assis au sommet de leur tour d’ivoire, souvent grassement rémunérés pour conseiller le gouvernement et faisant partie de toute une cohorte de comités théodule en tous genres ont levé les bras au ciel. Les premiers essais de Raoult n’étaient pas conformes à la déontologie des essais cliniques ! Peut-on un seul instant imaginer que lors de ces essais cliniques portant sur quelques dizaines de personnes testées positives par PCR Raoult ait osé donner un placebo à un nombre identique de personnes également testées positives et les laisser pour constater l’aggravation irréversible des symptômes se concluant par un décès ? Cette querelle de chapelle – Paris contre Marseille pour faire court – est tout à fait consternante !

Le gouvernement français, notoirement plongé dans les conflits d’intérêts et les magouilles en tous genres, il suffit de rappeler ici l’affaire Alstom-Energie dans laquelle Macron a trempé, ce gouvernement, donc, a complètement falsifié par la voix de son ministre de la santé les préconisations très précises de Raoult d’utilisation de la chloroquine : à n’utiliser qu’au tout début de l’infection quand celle-ci a été détectée par PCR en association avec de l’azithromycine. Quand les poumons sont pris ce traitement est inutile. Pourquoi le propre nouveau ministre de la santé a ignoré sciemment les préconisations de Raoult ? Pour faire plonger ce dernier ! La chloroquine ça coûte des cacahuètes et ça ne rapportera rien aux labos pharmaceutiques, c’est une vieille molécule tout simplement !

Il y a un gros problème en France, c’est l’incompétence totale du gouvernement et de tous ses parasites tous aussi incompétents les uns que les autres qui mangent au même râtelier dans le mépris le plus total de la santé du peuple français : 12000 lits hospitaliers supprimés en dix ans, des maternités fermées de partout parce qu’elles n’étaient pas « rentables », des hôpitaux en faillite financière, etc … C’est la totale incurie des gouvernants qui a créé de toute pièce cette catastrophe comme en Italie et en Espagne, pays où les mêmes politiques de restrictions budgétaires ont été mises en œuvre. On accuse les directives européennes : elles sont une fausse excuse.

Revenons à Didier Raoult un instant. Ce mec est un spécialiste de haut vol au sujet des maladies infectieuses. Il n’est pas assez fou pour prendre le risque qu’il a choisi de suivre au sujet de la chloroquine ou plutôt de son dérivé hydroxylé moins toxique que la molécule parente. Ou bien il se plante totalement et c’en est fini de sa carrière – ce dont je doute – ou bien ce seront le ministre de la santé, le premier ministre et d’autres parasites du pouvoir qui devront rendre des comptes aux citoyens dont ils ont la charge. Même le président Macron aura des comptes à rendre !

Cette affaire de coronavirus qui me fait vraiment penser à l’autre canular qu’est le réchauffement climatique – depuis plus de 20 ans il n’y a plus de réchauffement du tout – va révéler une chose très précieuse : le monde politico-financier nous prend pour des idiots depuis des années et nous sommes tellement intoxiqués par la propagande organisée par ce dernier que nous croyons à tout et n’importe quoi. Juste une information pour relativiser l’importance de cette grippe à coronavirus millésime 2019 : depuis l’interdiction de l’eau de Javel pour désinfecter les hôpitaux, un produit très bon marché (comme la chloroquine) il y a en France 24000 morts par an provoqués par les suites de maladies nosocomiales que l’on contracte dans les hôpitaux dues à des bactéries résistantes à tous les antibiotiques connus mais pas à l’eau de Javel qui tue à 99,9 % tous les virus, toutes les bactéries et tous les champignons, c’est ça le progrès ! … À méditer.

https://jacqueshenry.wordpress.com/2020/02/26/breve-dactualite-coronavirus-et-chloroquine-fakenews/