Boire du lait ne peut qu’être bénéfique pour l’intégrité du cerveau …

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C’est en parcourant les « News » des Université Américaines qu’on peut aisément trouver le récit de travaux scientifiques parfois encourageants. Je dois prévenir mes lecteurs que l’article dont je vais brièvement relater le contenu m’a interpellé favorablement. Il s’agit des effets bénéfiques du lait sur le cerveau, or comme je bois depuis des lustres un litre de lait entier chaque matin, autant dire que ma curiosité m’a pris par la main pour écrire ce billet. Comment le lait que je consomme sans modération peut-il être bénéfique pour le cerveau et également pour tout l’organisme ? Il a fallu mettre en œuvre tout l’équipement sophistiqué dont dispose l’école de médecine de l’Université du Kansas à Lawrence, KS capable de mesurer par résonance magnétique nucléaire les teneurs en certains métabolites dans les tissus. L’équipement utilisé est un appareil d’imagerie par résonance magnétique à haut champ capable de mettre en évidence les discrètes modifications du signal de l’atome d’hydrogène dans des molécules biologiques. Il faut que les signaux de l’appareil soient traités de manière à s’affranchir du bruit de fond de l’eau qui contient deux hydrogènes par molécule et dont l’intensité représente près de 99 % de ces signaux. Pour que le signal qu’on veut étudier puisse être détectable il faut utiliser un appareil d’imagerie dont le champ magnétique est d’au moins 3 tesla pour augmenter le rapport signal/bruit. On en déduit ensuite ce que les physico-chimistes appellent un déplacement chimique (chemical shift) du signal d’un atome d’hydrogène donné dans une molécule biologique par son environnement atomique, par exemple un atome de carbone, d’oxygène, d’azote ou de soufre. Chaque métabolite présente donc une signature caractéristique qui n’est parfaitement identifiée que si le champ magnétique appliqué est suffisamment élevé.

Quelle relation entre le lait et ses effets bénéfiques sur le cerveau ? Avec cette technique de spectroscopie in vivo extrêmement puissante une petite équipe de deux médecins, les Docteurs Sullivan et Choi, a montré que sans aucun doute possible, boire au moins trois verres de lait par jour non seulement maintenait la quantité de glutathion dans le cerveau mais avait tendance à l’augmenter. Certains de mes lecteurs risquent de décrocher mais il faut parler un peu du glutathion pour comprendre l’importance de cette découverte pas si fortuite qu’elle n’en a l’air puisque les études relatées ici ont été financées par le Dairy Research Institute, en français l’institut de recherche sur le lait et ses produits dérivés.

Le glutathion est une petite molécule biologique constituée d’un enchainement de trois acides aminés, glutamate, cystéine et glycine. Son rôle dans de nombreuses fonctions métaboliques essentielles est vital à plus d’un titre. L’une des autres missions clés du glutathion est de « chasser » les produits d’oxydation apparaissant dans une cellule vivante et cela en permanence car tout produit susceptible de présenter un pouvoir oxydant doit être éliminé sinon nous ressemblerions rapidement à une vieille voiture avec une carrosserie complètement rouillée. Les processus oxydatifs sont favorisés par de nombreux facteurs aussi bien externes, comme une alimentation déséquilibrée ou simplement une exposition exagérée au soleil mais également par des facteurs internes, stress, inflammations, infections et désordres métaboliques. Les espèces chimiques oxydées sont immédiatement neutralisées par le glutathion qui se trouve alors lui-même oxydé et ensuite régénéré par un mécanisme consommant de l’énergie. La vie de la cellule vivante a un prix et c’est pourquoi les quantités de glutathion sont phénoménalement élevées dans les cellules.

Pourquoi le lait est-il bénéfique à la santé ? C’est une évidence de rappeler qu’un nouveau-né, incapable de digérer un quelconque aliment autre que du lait, survit et grandit avec ce seul apport en nourriture. Le lait contient en effet toutes les vitamines dont on a besoin outre des acides gras, des sucres et des sels minéraux dont le calcium indispensable pour la croissance osseuse. Si on se penche sur la composition en acides aminés du lait, acides aminés provenant des protéines du lait, on s’aperçoit qu’il est particulièrement riche en acide glutamique. Or cet acide est l’un des trois constituants du glutathion, un tripeptide spécialement synthétisé à l’aide d’activités enzymatiques dédiées sans passer par la machinerie de synthèse des protéines, les ribosomes. Il s’agit d’une exception qu’on peut expliquer facilement dans la mesure où la cellule vivante à besoin de quantités massives de glutathion : glutamate-cystéine-glycine :

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Avant cette étude réalisée au Hoglund Brain Imaging Center de l’Université du Kansas, on limitait les bienfaits du lait à l’apport en calcium, en matières grasses et en vitamines mais on ignorait l’effet bénéfique sur les teneurs cérébrales en glutathion. Il apparaît que cet effet pourrait être d’un grand secours pour contrecarrer les mécanismes d’inflammation et donc d’apparition d’espèces chimiques oxydées à la suite des perturbations induites par les maladies neurodégénératives telles que les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson et d’autres démences d’origines encore mal identifiées.

Conclusion, pour vivre vieux, heureux et en bonne santé, buvons du lait et en abondance et puisque les quotas laitiers européens viennent d’être supprimés allons-y gaiement …

Source : University of Kansas News Desk et American Journal of Clinical Nutrition : doi: 10.3945/ajcn.114.096701