Article de Donna Laframboise paru sur son site nofrakkingconsensus.com
Les journalistes ont passé des années à qualifier à tort le président du GIEC de prix Nobel et de «meilleur climatologue du monde».
Rajendra Pachauri est décédé à l’âge de 79 ans. Que sa famille trouve du réconfort en cette période de chagrin. C’était un père et un mari avec qui aucune autre conversation n’est désormais possible.
Parce que Pachauri était également une personnalité publique, son décès est discuté par les médias du monde entier. Certains rapports font mieux que d’autres de contextualiser sa vie et son héritage.
En tant qu’auteur d’un exposé du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC/IPCC), l’organisation que Pachauri a dirigée entre 2002 et 2015, j’ai examiné de près sa carrière. Il est la figure centrale d’un autre livre que j’ai écrit, « Into the Dustbin: Rajendra Pachauri, the Climate Report & Nobel Peace Prize ». Il montre comment, sur une période de trois ans, mes premières inquiétudes au sujet du leadership de Pachauri se sont transformées en une incrédulité choquée.
Les dirigeants donnent le ton et l’exemple. Si un leader est plongé dans des conflits d’intérêts, s’il induit en erreur et se trompe perpétuellement, la réputation de toute l’organisation est torpillée.
Plus j’en apprenais sur cet homme, moins je prenais le GIEC au sérieux. Si le changement climatique était en fait une menace pour l’existence humaine, une organisation aussi importante n’aurait jamais été laissée entre les mains d’un individu aussi imparfait.
Au fil des ans, de nombreux journalistes ont écrit beaucoup de fausses choses sur Pachauri. Il s’agit d’un cas d’école de fausses nouvelles, de la façon dont les médias ne se soucient pas de la vérification des faits la plus rudimentaire si elle est d’accord avec vous. Sympathisant avec l’activisme climatique de Pachauri, les journalistes n’ont pas contesté ses proclamations manifestement fausses selon lesquelles le GIEC s’est appuyé uniquement sur la littérature évaluée par les pairs lors de la rédaction de ses rapports.
Pachauri a échappé à ce mensonge particulier pendant des années. Il n’a cessé de le dire qu’après avoir examiné, avec l’aide de 43 volontaires de 12 pays, les 18 531 références du rapport 2007 du GIEC.
Nous avons déterminé que 5 587 de ces références ne concernaient pas de la littérature évaluée par des pairs (comités de lecture), mais des communiqués de presse, des articles de journaux et de magazines, des documents de discussion, des documents de travail et des documents publiés par des militants verts.
Mais les médias grand public étaient uniquement intéressés à améliorer la stature de Pachauri, à le faire paraître plus impressionnant qu’il ne l’était réellement. En ce qui concerne Pachauri, la plupart des journalistes ont choisi d’induire le public en erreur. Encore et encore. À ce jour, ces fausses nouvelles imprègnent Internet. Voici donc deux faits rapides:
1. Rajendra Pachauri n’a jamais été climatologue. Sa formation universitaire était en économie et en ingénierie. Cela signifie qu’il n’a jamais été le «meilleur climatologue du monde», même si Science, la BBC et le New York Times l’affirment.
2. Rajendra Pachauri n’a jamais été lauréat du prix Nobel. Le GIEC – en tant qu’organisation – a remporté la moitié du prix Nobel de la paix 2007. Pachauri n’était que la figure de proue qui a accepté ce prix lors de la cérémonie Nobel. Lorsque le Premier ministre de gauche norvégien a publié un communiqué de presse qualifiant à tort Pachauri de «lauréat du prix Nobel», les médias n’ont à nouveau pas vérifié les faits. Au lieu de cela, il a promulgué de fausses nouvelles. Sans cesse.
Il vaut la peine de se demander pourquoi, pendant toutes ces années, aucune académie des sciences n’a pris la peine de remettre les pendules à l’heure sur aucun de ces sujets. Beaucoup de responsables scientifiques le savaient. Ils ont choisi de se taire.
Pachauri disait parfois des choses dignes de respect. Voici moi, reconnaissant cela il y a cinq ans : dans une interview accordée en 2007 à Pachauri, en sa qualité de président du GIEC, il a été demandé s’il serait préférable, d’un point de vue environnemental, qu’une nation soit dirigée par un Politburo qui impose sa volonté à un pays, comme c’est le cas en Chine. Le sous-texte de la question était : la démocratie est-elle une menace pour l’environnement? À son crédit durable, Pachauri a fermement fermé cette argumentation quand il a répondu: « Eh bien, je dirais que toute démocratie est 10 fois meilleure que ce que vous avez en Chine. »
Illustration : Une de Libération