En Islande il n’y a pas de pétrole mais des volcans et des idées

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Le titre de ce billet est une paraphrase d’un slogan franco-français « on n’a pas de pétrole mais des idées ». Certes l’ex-ministre de l’écologie solidaire et festive, l’inénarrable Nicolas, a interdit toute exploitation de pétrole dans le bassin parisien au grand dam de certaines communes qui percevaient de confortables revenus et je ne me souviens plus quel autre ministre ayant le même genre d’irresponsabilité a interdit la recherche d’hydrocarbures liquides ou gazeux dans le sud et le nord de la France. En France, donc, quand on n’a pas de pétrole et qu’on a des idées pour en extraire celles-ci sont annulées par le gouvernement.

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En Islande, un pays magnifique à ne visiter qu’aux mois de juin et juillet il y a une activité volcanique intense et ce petit pays a fait preuve d’une ingéniosité admirable pour exploiter cette énergie gratuite à la portée de n’importe quel petit forage. L’électricité est entièrement produite par des usines géo-thermiques et elle est d’un prix très abordable pour les consommateurs. Des réseaux sophistiqués d’eau chaude également d’origine volcanique assurent le chauffage domestique pour un prix dérisoire. Mais dans ce pays situé sur le cercle polaire en dehors de l’herbe – les prés sont fauchés toutes les trois semaines entre juin et août – il n’y aurait pas de cultures vivrières sans la créativité d’ingénieurs et de techniciens qui ont encore une fois mis à profit l’énergie géothermique. Quand j’ai visité l’Islande il y a environ 25 ans il y avait perdues au milieu de nulle part des serres où des bananiers poussaient et poussent probablement toujours en toute quiétude. L’Islande était déjà autosuffisante en bananes ! Le chauffage des serres était assuré en pompant de l’eau chaude souterraine et en la réinjectant ensuite et l’éclairage provenait d’usines géothermiques comme celle du « Blue Lagoon » près de Keflavik (illustration).

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La révolution de l’agriculture sous serre, le plus souvent en hydroponie (agriculture hors-sol) est une conséquence des smartphones depuis lesquels l’agriculteur peut surveiller ses serres. Dans chaque serre il y a un ordinateur qui commande tout. Il est relié au service météorologique central et via internet également connecté à un smartphone d’où l’agriculteur peut prendre les décisions qui s’imposent : arroser, contrôler la température, ouvrir des vasistas de ventilation, changer la nature des ingrédients de l’hydroponie, etc … Après la grande crise économique de 2008 qui vit le système financier islandais s’effondrer totalement puis l’éruption volcanique de 2010 qui interdit toute liaison aérienne pendant plusieurs semaine les Islandais se sont ressaisi et ils assurent aujourd’hui plus de 50 % de leur consommation de fruits et légumes localement et la tendance s’accélère aussi bien pour les tomates, les salades, les concombres et autres légumes que pour les plantes aromatiques ou encore les haricots totalement exempts de pesticides, seuls les engrais sont importés. Et tout est possible puisque ce secteur agricole de pointe ne consomme que 0,5 % du total de l’énergie géothermique exploitée dans le pays et l’installation d’éclairage LED a grandement contribué à réduire les factures d’électricité qui pour certains maraîchers sont encore lourdes. Si l’Etat islandais, c’est-à-dire la société d’Etat Landsvirkjun, acceptait de consentir des tarifs préférentiels pour l’électricité aux agriculteurs, ne serait-ce qu’à hauteur de 1 % de la production électrique les cultures sous serre pourraient assurer près de 80 % de la consommation du pays, les protéines provenant de la pêche et de l’élevage ovin. Pour conclure il est impossible d’installer des moulins à vent en Islande car les vents sont beaucoup trop violents, quant aux panneaux solaires autant dire qu’ils ne fonctionneraient que quelques mois par an.

Source et illustrations : Thomson Reuters, 3 décembre 2018, et Blue lagoon : Wikipedia

Quand la géothermie et les voitures électriques se rencontrent ça fait des étincelles !

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Les USA sont de loin les leaders mondiaux de l’énergie géothermique même si cette forme d’énergie (renouvelable) ne représente que 0,3 % de l’électricité produite dans le pays. A l’autre extrémité du classement en la matière, l’Islande produit plus de 30 % de son électricité par géothermie et les Philippines 27 %. Passons sur les autres pays mais il faut signaler que l’Italie n’est pas mal placée avec une installation de 840 MW de puissance nominale. En Californie, au beau milieu de l’Imperial Valley, à l’extrême sud-est de l’Etat, il y a aussi une petite centrale électrique géothermique parmi d’autres à Featherstone, d’une cinquante de mégawatts, qui fonctionne en circuit fermé puisque l’eau chaude fortement chargée en sels provenant des profondeurs est réinjectée après avoir circulé dans un échangeur de chaleur qui produit la vapeur nécessaire pour faire tourner une turbine.

Une société liée à Tesla, le fabricant américain d’automobiles électriques, s’est rendue compte que cette eau très saumâtre et très chaude était riche en lithium. Par un procédé resté secret mais probablement basé sur la technologie de l’osmose inverse utilisée en particulier pour dessaler l’eau de mer, cette société dont le nom ne s’invente pas puisqu’elle s’appelle Simbol, c’est tout un symbole, a depuis 2011 extrait 100 tonnes de lithium en traitant dans une petite unité pilote une petite partie seulement de l’eau chaude utilisée par la centrale électrique et en la réinjectant ensuite sous terre. C’est tout bénéfice pour cette société puisque la loi américaine stipule que si les résidus industriels, en l’occurrence de l’eau, sont réinjectés là d’où ils provenaient, il n’y a pas de pénalités environnementales. C’est d’ailleurs le cas pour la fracturation hydraulique tant que l’eau utilisée est réinjectée dans le sous-sol afin de ne pas être rejetée en surface, ce qui pourrait polluer les nappes phréatiques proches de la surface. L’Imperial Valley est un région d’intense production agricole et toute pollution serait particulièrement mal venue.

Simbol construit une nouvelle usine qui sera capable de produire prochainement 15000 tonnes de lithium par an, de quoi fournir à Tesla assez de ce métal pour fabriquer des batteries pour les automobiles équivalant à 30 gigaWh chaque année également. On est d’ors et déjà dans un autre ordre de grandeur industriel. Simbol s’intéresse aussi à d’autres métaux contenus dans cette saumure chaude comme par exemple le manganèse, le potassium et le zinc. Il ne s’agit probablement pas d’une exception mais ce genre de projet industriel ferait frétiller de bonheur le ministre français du redressement français (qui tarde à venir) ainsi que l’écologiste (ancien faucheur d’OGM) qui se bat contre la pollution. Il ferait bien, au lieu de perdre son temps avec les poussières de l’atmosphère parisien, de s’intéresser à ce type de projet puisque pour atteindre le fameux 20-20-20 environnemental il faudrait convertir à l’électricité quelques 600000 voitures par an jusqu’en 2025. Mais pour le moment, la devise gouvernementale est « Ne touches pas à mon sous-sol ». Ca laisse rêveur …

Source : New-York Times, photo Wikipedia : Imperial Valley avec la Salton Sea.