Jacques Baud sur la guerre d’Ukraine : « Les Occidentaux sont arrivés dans un cul-de-sac »

Prolégomènes. Je me suis amusé à appeler cet avant-propos par ce mot compliqué qui signifie en réalité « introduction » utilisé, si ma mémoire ne me trahit pas, le philosophe et essayiste Michel Onfray. Jacques Baud est à mon humble avis l’analyste le plus avisé et le plus impartial au sujet du conflit ukrainien et également de tous les conflits dans lesquels l’OTAN et ses membres étatiques se sont engagés la plupart du temps sans mandat des Nations-Unies. Cette posture des Américains consiste à fomenter un conflit dont la finalité est de renverser le régime existant dans un pays donné car il ne correspond pas aux critères américains définissant la démocratie. J’ai écrit sur ce blog en 2015 un papier faisant suite aux évènements de Maïden inspiré d’un article de Paul Craig Roberts ( https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/05/16/le-point-de-vue-geopolitique-de-paul-craig-roberts-pas-rejouissant/ ) qui prévoyait un rapprochement entre la Russie et la Chine. L’analyse était prémonitoire et ce vieux renard de la géopolitique peut constater près de 20 ans après son analyse qu’il avait entièrement raison. Le conflit ukrainien est l’exemple évident d’un conflit par entité étatique interposée. Il s’agit de l’Europe. Ce sont les pays membres de l’UE qui paient et vident leurs arsenaux afin de procurer des armes à l’Ukraine. Les Européens croient être en guerre contre la Russie mais en réalité ils sont des mercenaires esclaves et des payeurs pour le compte des USA. Les américains aident financièrement le régime ukrainien avec des dollars dévalués saisis sur les avoirs russes déposés dans les banques occidentales, une escroquerie digne d’un Al Capone, dollars qui n’auront bientôt aucune valeur en raison de la « dédollarisation » d’une grande partie du commerce international. À ce jour il faut noter que plus de 60 % du commerce international s’effectue par des échanges de devises nationales sans passer par le dollar. L’analyse du conflit ukrainien doit tenir compte de ces paramètres indépendants du conflit lui-même. Et ce conflit a déjà provoqué ces changements et la géo-économie nouvelle s’éloigne du système SWIFT et de la Banque des Règlements Internationaux controlée par les banques américaines pour faire appel au système chinois et à la Chambre de Compensation de Shanghai. Au niveau du classement économique des pays par ordre de parité du pouvoir d’achat dans leur monnaie nationale la Chine a largement dépassé les USA après avoir sorti de la misère 500 millions de personne et favorisé la promotion des classes moyennes. Il faut ajouter dans ces prolégomènes le fait que la Chine forme 15 millions d’ingénieurs de haut niveau et une quarantaine de millions de techniciens hautement qualifiés chaque année alors que les universités américaines et européennes se perdent dans l’idéologie « woke ». Le rapprochement entre la Russie et la Russie tel que l’a prédit le vieux Paul C. Roberts signe le déclin brutal des Etats-Unis et de l’Europe occidentale mais également de la Corée, de l’Australie, du Canada et du Japon qui n’ont pas choisi de se « dédollariser ». Les gigantesques volumes de dollars dévalués circulant dans le monde vont donc trouver refuge aux USA et ils précipiteront la chute de l’économie américaine avec une grave crise financière qui n’affectera que les pays précités. Voilà ce qu’on peut prévoir des conséquences des évènements d’Ukraine. Fin des prolégomènes …

Un an après l’invasion des troupes russes, le chant des armes ne semble pas près de se taire en Ukraine. La Chine est bien entrée dans la danse, soumettant des propositions pour un règlement pacifique de la crise. Mais elles n’ont pas suscité un grand enthousiasme. Et pour cause, comme l’analyse Jacques Baud, aucune des parties impliquées ne souhaite vraiment déposer les armes pour le moment. L’ancien colonel qui a officié pour les renseignements suisses et l’OTAN analyse les dynamiques qui poussent à la poursuite du conflit en Ukraine. Il dénonce aussi la stratégie occidentale de la guerre d’usure : elle semble vouée à l’échec, et les Ukrainiens en paient le prix.

Relativement discrète jusqu’à maintenant dans le conflit en Ukraine, la Chine a soumis des propositions pour mettre un terme à la guerre. Comment analysez-vous ce plan de paix chinois?

Il faut tout d’abord employer les bons termes. Ce n’est pas un plan de paix et les Chinois ne le désignent pas comme tel. Le ministère des Affaires étrangères présente ainsi sur son site une « position de la Chine sur le règlement politique de la crise ukrainienne ».

Tous les médias ont pourtant évoqué le « plan de paix » de la Chine. Quelle est la nuance ?

Les Occidentaux ont désigné les propositions chinoises comme un plan de paix pour mieux les démolir. Or, ce n’est pas un plan, ni même une feuille de route. Ce sont des propositions, douze exactement, qui constituent un cadre conceptuel pour amener un règlement politique au conflit. Ce cadre conceptuel pourrait d’ailleurs être utilisé pour d’autres conflits, comme le montre très clairement la première proposition sur le respect de la souveraineté des pays. Nous pourrions ainsi tout à fait imaginer que ce cadre présenté par les autorités chinoises puisse s’appliquer au conflit entre la Chine et les États-Unis.

Les Chinois anticipent une guerre à Taïwan ?

Tout à fait. Ils ont bien compris que le prochain grand conflit risque d’éclater dans cette région. Il y a donc un élément d’anticipation dans les propositions émises par la Chine pour la crise ukrainienne. Cela se trouve également dans le deuxième point qui invite à abandonner la mentalité de guerre froide. Un autre principe important est l’indivisibilité de la sécurité. Ce principe figure dans l’Acte final d’Helsinki de 1975, qui a constitué la base de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Et le problème, c’est que les Occidentaux l’ont oublié en Ukraine. Selon ce principe, la sécurité d’un État ne peut se faire au détriment de la sécurité des autres. Les Russes ont toujours revendiqué ce principe en dénonçant la progression de l’OTAN en Europe de l’Est et en Ukraine plus particulièrement. Ils évoquent également ce principe à propos des armes nucléaires que les États-Unis voudraient déployer en Europe orientale: Roumanie, Tchéquie ou encore Pologne. Théoriquement, ces missiles antibalistiques seraient destinés à contrer d’éventuels missiles iraniens. Mais leur usage est dual, si bien que ces installations pourraient également permettre de lancer des missiles balistiques. Les Russes y ont toujours vu un risque pour leur sécurité, si bien qu’ils invoquent ce principe de l’indivisibilité de la sécurité reconnu par l’OSCE.

Et donc, les Chinois l’invoquent également.

Nous sommes dans une situation très symétrique avec Taïwan. L’idée des Américains est de sécuriser cette île en la militarisant. Mais cela est perçu par la Chine comme une atteinte non seulement à sa sécurité, mais aussi à sa souveraineté. Rappelons que Taïwan n’est pas un État indépendant. Armer Taïwan, c’est comme armer la Corse. Les Chinois sont donc opposés à ce procédé. Si nous y regardons de plus près, les propositions de la Chine peuvent s’appliquer à l’Ukraine, à Taïwan, mais aussi à de nombreux autres conflits comme la Palestine par exemple. Ce n’est donc pas un plan de paix taillé sur mesure pour l’Ukraine, mais des propositions pour régler politiquement des conflits, dont le conflit ukrainien.

La réaction des Occidentaux aux propositions chinoises a été glaciale. Mais Volodymyr Zelensky a jugé « nécessaire » de « travailler » avec Pékin pour œuvrer à une résolution du conflit. Comment analysez-vous la réaction du président ukrainien ?

Les relations entre l’Ukraine et la Chine n’étaient a priori pas si mauvaises. Du moins, jusqu’en 2021. Les Chinois étaient disposés à investir en Ukraine. Ils avaient d’ailleurs racheté la majeure partie des parts de Motor Sich, l’un des plus grands fabricants de moteurs d’avions et d’hélicoptères au monde qui avait été fondé en 1907 et qui avait littéralement pris son envol durant l’ère soviétique. Mais en mars 2021, le gouvernement ukrainien décidait de nationaliser ce géant de l’aéronautique. Les Chinois ont perdu leur investissement dans l’aventure. Cela a créé des tensions évidemment[1]. Mais cela n’a pas débouché sur une foire d’empoigne entre Pékin et Kiev. Les Chinois sont patients et ont pu maintenir des relations si pas cordiales, du moins courtoises. D’ailleurs, au printemps 2022, quand Volodymyr Zelensky a souhaité entamer des négociations, il a contacté trois pays pour jouer les médiateurs: la Turquie, Israël et la Chine. L’idée que Pékin soit impliquée dans la résolution du conflit n’est donc pas nouvelle, elle flotte dans l’esprit des Ukrainiens depuis un an.

Mais pour le coup, les Occidentaux et les Ukrainiens ne sont visiblement pas sur la même longueur d’onde.

La logique des Occidentaux est simple: vous êtes avec nous ou contre nous. La Chine tombe de ce fait dans le camp ennemi. Pourtant, la réflexion des Ukrainiens n’est pas saugrenue. Ils ont compris que les États-Unis avaient essayé tous les moyens dont ils disposaient pour mettre la Russie sous pression. Et ça ne fonctionne pas. La Chine pourrait en revanche avoir une oreille plus attentive auprès de Moscou. Ce n’est pas pour rien que les trois pays choisis comme médiateurs par l’Ukraine sont des pays qui n’entretiennent pas de mauvaises relations avec la Russie. Israël et la Turquie sont même des pays qui ont des liens étroits avec les Occidentaux et qui sont en quelque sorte à cheval entre les deux mondes. L’Ukraine pense donc certainement que la Chine, grâce à ses liens avec la Russie, pourrait être un interlocuteur pertinent pour forcer la Russie à négocier. La même réflexion ne pourrait pas s’appliquer à la Suisse par exemple. Elle a traditionnellement joué les médiateurs dans de nombreux conflits. Mais elle n’a plus la crédibilité nécessaire aujourd’hui pour entamer un dialogue avec Moscou, car elle a abandonné sa neutralité historique au profit d’un alignement avec les Occidentaux.

Si le président ukrainien s’est dit ouvert aux propositions chinoises, les États-Unis et l’Union européenne les ont immédiatement expédiées à la corbeille. Pourquoi ?

La Chine a une histoire de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays avec lesquels elle coopère. Par conséquent, la Chine comme médiateur, c’est un choix assez logique. Mais les Occidentaux voient les choses de manière différente. En mars 2022 déjà, ils avaient ordonné aux Ukrainiens d’abandonner tout de suite l’idée de négocier avec les Chinois.

La stratégie occidentale consiste à isoler les adversaires sur la scène internationale pour ensuite imposer des conditions qui leur permettraient de revenir dans le concert des nations. C’est évidemment très clair avec la Russie aujourd’hui. Et, si la crise ukrainienne l’a un peu effacé depuis, c’était également très clair à l’égard de la Chine durant la crise covid. Sous la mandature de Donald Trump en effet, toute une série de mesures a été adoptée pour essayer de rendre la Chine responsable de la crise sanitaire et l’isoler sur la scène internationale.

Oui, Donald Trump ne parlait pas du covid-19, mais du « virus chinois ».

Certains politiciens américains ont même proposé de traduire la Chine devant une cour internationale pour réclamer des dommages et intérêts. Il y a en fait une espèce de haine à peine dissimulée pour tout ce qui n’est pas occidental et qui pourrait supplanter la primauté de l’Occident dans le monde. La Chine reste donc une cible de choix pour les Américains. Lui donner un rôle de médiateur dans le conflit ukrainien, ce serait la crédibiliser sur la scène internationale. Et ça, les Occidentaux n’en veulent pas. En revanche, ils essaient de convaincre Pékin de manière assez infantile d’appliquer aux Russes les sanctions qu’eux-mêmes ont décidées. Alors qu’ils appliquent déjà des sanctions à la Chine! Ce sont littéralement des procédés de parrains mafieux: on vous met des sanctions, et si vous ne faites pas ce qu’on vous dit, on vous met de nouvelles sanctions; et maintenant, vous allez appliquer des sanctions à d’autres sans quoi on vous en ajoutera des plus sévères encore. Les Occidentaux sont dans cette dynamique. Les Chinois n’ont quant à eux pas beaucoup d’états d’âme sur la question ukrainienne. Ils n’ont pas d’animosité à l’encontre de ce pays. Et ils n’en ont évidemment pas à l’égard de la Russie. Ce qui facilite un éventuel rôle de médiation.

Sans passer par la Chine, les Occidentaux espèrent-ils tout de même trouver une issue politique à la crise ukrainienne ? Ou bien comptent-ils poursuivre la guerre encore longtemps ?

J’ai une réponse rationnelle à votre question. Mais celle des Occidentaux ne l’est pas du tout. Dans une interview accordée fin novembre 2022, l’ambassadeur de Suisse à Kiev – par ailleurs un ami – expliquait que l’Ukraine était en train de gagner la guerre et que la Russie était dans une mauvaise posture. Selon son raisonnement, il ne fallait surtout pas négocier avec les Russes qui étaient demandeurs, car à bout de souffle. Il fallait au contraire soutenir l’Ukraine pour qu’elle regagne du terrain et pour qu’elle se trouve en meilleure posture lorsque les négociations arriveraient. J’ai écrit un article pour expliquer combien cette vision est factuellement et moralement erronée. Factuellement erronée, car la Russie n’est pas en mauvaise posture et n’est pas demanderesse de négociations. Cette posture est aussi moralement erronée, car si l’on compare cette guerre à un match de foot, nous sommes dans les prolongations et nous essayons de marquer les deux goals qui nous assureront la victoire. Quel qu’en soit le prix. Or, c’est l’Ukraine qui paie. Tous les experts, et même des politiciens occidentaux dont le secrétaire d’État Antony Blinken, constatent que l’Ukraine ne parviendra par à récupérer tous les territoires occupés par la Russie. Penser que les Ukrainiens vont significativement améliorer leur posture avant les négociations, cela reste un vœu pieux.

Quel est l’objectif de poursuivre la guerre alors ? 

Rendre la vie suffisamment difficile aux Russes pour qu’ils en aient assez et acceptent de négocier selon les termes du camp adverse. Problème : ceux qui paient le prix d’une telle politique sont les soldats ukrainiens qui sont dans un rapport de 1 contre 10 avec l’armée russe. On joue donc avec la vie des Ukrainiens de manière assez peu éthique.

C’est une guerre d’usure qui se déroule maintenant en Ukraine ?

C’est le cas depuis l’été 2022, quand l’objectif annoncé par Vladimir Poutine de démilitariser l’Ukraine a factuellement été atteint. La plus grande partie des capacités militaires de l’Ukraine a en effet été détruite à ce moment-là, ce qui a poussé Kiev à réclamer des aides et des armes plus importantes.

Et qu’est-ce qui a poussé les Occidentaux à s’engager sur cette voie ?

Les Occidentaux cherchaient à faire traîner le conflit, présupposant que l’armée russe perdait plus d’hommes que l’armée ukrainienne. Par conséquent, la population russe allait être plus vite lassée par cette guerre. Mais la réalité est totalement différente. L’Ukraine perd bien plus d’hommes que la Russie où le soutien à Vladimir Poutine se stabilise autour de 82% d’opinions favorables.

Pourquoi la stratégie occidentale a-t-elle échoué ?

Après avoir atteint leurs objectifs de démilitarisation et lorsque les livraisons d’armes à l’Ukraine ont commencé à augmenter, les Russes ont compris qu’ils étaient devant une baignoire que l’on vide en laissant le robinet ouvert. À partir de ce moment-là, ils n’ont plus lancé de grandes opérations. Les Russes ont consolidé leurs positions et ont répliqué aux attaques de l’armée ukrainienne, la détruisant petit à petit. Le message de la Russie apparait très clairement : si vous utilisez une arme qui a 30 km de portée, on avancera de 30 km pour la détruire ; si vous utilisez des missiles de 300 km, on avancera de 300 km. Et ainsi de suite. Le retrait russe de Kharkov et de Kherson est assez symptomatique de la stratégie russe et des déboires de l’armée ukrainienne. Dans une carte analysant la densité des troupes russes un mois avant ce retrait, j’expliquais dans mon livre[2] que la Russie avait peu d’effectifs dans ces zones et n’avait manifestement pas l’intention de s’y battre. Quand les Ukrainiens ont fait mine d’attaquer, les Russes ont simplement retiré leurs troupes avec l’idée que le territoire peut se reconquérir tandis que les vies perdues ne se récupèrent pas. Du côté ukrainien, la logique est inverse. Ils sacrifient leur vie pour du territoire. Comme on le faisait d’ailleurs dans le nord de la France lors de la Première Guerre mondiale. L’armée ukrainienne arrive ainsi au bout de ses capacités humaines.

Ce facteur démographique est crucial, les États-Unis ne peuvent pas l’ignorer. Pourquoi poursuivre cette guerre d’usure en promettant de nouvelles livraisons d’armes comme Joe Biden l’a fait lorsqu’il était en visite à Kiev ?

Soyons très clairs : tous ceux qui soutiennent l’Ukraine aujourd’hui n’ont strictement aucune considération pour ce pays. Ils se fichent de ce qui s’y passe et des pertes qu’il peut y avoir. Le but de cette opération est de nuire voire de détruire la Russie, quel qu’en soit le prix qu’ils se gardent bien de payer eux-mêmes, mais qu’ils font payer aux Ukrainiens.

On parle tout de même beaucoup des « efforts » occidentaux, avec des livraisons d’armes toujours plus importantes…

Certes, nous livrons des armes. Mais beaucoup sont des armes obsolètes, voire des armes de rebut. Par exemple, certains missiles britanniques antichars livrés à l’armée ukrainienne étaient périmés, donc dangereux à utiliser pour les Ukrainiens eux-mêmes. Regardez également ce qui se passe avec les fameux chars Leopard. Les  Espagnols en avaient promis, mais ils n’ont pas trouvé suffisamment de ces vieux chars en bon état et ont envoyé leur deuxième garniture. Idem pour l’Allemagne qui avait annoncé qu’elle forgerait une alliance pour fournir un bataillon de Leopard 2A6 modernes et un bataillon de Leopard 2A4, plus anciens. Cela représentait une soixantaine de chars en tout. Finalement, Berlin n’a pu prélever que 14 Leopard 2A6. D’autres pays européens se sont engagés à fournir les modèles plus anciens, mais ils ne sont plus utilisés par l’armée allemande, si bien qu’il manque même des pièces de rechange. Autrement dit, ces Leopard 2A4 qui seront envoyés en Ukraine seront à usage unique. Je rappelle en outre que les Ukrainiens disposaient d’environ 2000 chars jusqu’à l’été dernier. Tout le monde s’escrime à présent pour une cinquantaine d’engins. Quand on met ces informations en perspective, on ne voit pas comment ces quelques chars pourraient changer la donne. Tout cela montre que derrière leurs beaux discours, les Occidentaux n’ont aucune considération pour les Ukrainiens, c’est de l’habillage.

Le ministre des Affaires étrangères et l’ancien Premier ministre israélien ont expliqué qu’au printemps 2022, Kiev était prêt à négocier, mais que les États-Unis s’y étaient opposés. Aujourd’hui, la situation sur le terrain pourrait-elle amener Washington à accepter des négociations ?

Nous sommes dans une situation quelque peu ambiguë. Les Américains constatent qu’ils ne vont pas s’en sortir sur le terrain. Par ailleurs, la France, l’Allemagne et l’Italie auraient dit à Zelensky qu’il faudrait des succès sur le champ de bataille, sans quoi l’Europe ne pourrait plus le soutenir. On s’aperçoit que le narratif tenu jusqu’à maintenant était faux, qu’on a menti sur ce conflit et que la situation, depuis le début, est à l’avantage de la Russie. Maintenant, le grand défi des Occidentaux consiste à pouvoir changer une défaite en victoire. Certains disent qu’il va falloir négocier, car rien ne pourra être obtenu sur le terrain. D’autres soutiennent au contraire qu’il faut tout de même continuer le conflit pour être en meilleure position avant de négocier.

C’est aussi la position de Volodymyr Zelensky qui continue à réclamer plus d’armes ?

Fin février 2022, fin mars 2022 et août 2022 : à trois reprises, le président ukrainien a tenté de négocier, mais ces trois phases ont été court-circuitées par les Occidentaux. Il faut se rendre compte que l’Ukraine est devenue totalement dépendante de l’aide occidentale. Si demain, cette aide s’arrête, tout s’effondre. D’une certaine manière, les Occidentaux ont pris Volodymyr Zelensky en otage. Si bien que l’Ukraine est à présent engagée dans une course à l’échalote. Il lui faut une victoire pour prouver qu’il faut continuer à la soutenir.

On comprend les dynamiques qui poussent Washington et Kiev à poursuivre le conflit. Et du côté russe ? Réagissant aux propositions chinoises, le Kremlin a déclaré que les conditions nécessaires à une solution pacifique n’étaient pas réunies « pour l’instant ».

Pour l’heure, les Russes n’ont aucune motivation à venir s’asseoir à la table des négociations. En effet, les Occidentaux ont montré qu’ils ne voulaient pas l’arrêt du conflit, ils l’alimentent en permanence en livrant des armes à Kiev. Par ailleurs, fin 2022, Angela Merkel, François Hollande, l’ancien président ukrainien Petro Porochenko et l’actuel président Volodymyr Zelensky ont reconnu que les accords de Minsk signés avec la Russie pour mettre fin à la guerre du Donbass avaient été conclus dans l’unique but de gagner du temps pour permettre le réarmement de l’Ukraine. Par conséquent, les Russes sont beaucoup moins disposés à négocier aujourd’hui si l’objectif est à nouveau de gagner du temps pour réarmer l’Ukraine. Les Russes sont d’autant moins enclins à négocier qu’ils continuent à détruire l’armée ukrainienne, surtout son potentiel humain. Ayant l’avantage sur le terrain et n’ayant aucune confiance dans la parole des Occidentaux, la Russie ne voit pas l’intérêt de négocier maintenant.

Finalement, aucune des parties impliquées ne veut la fin de la guerre ?

Nous sommes effectivement dans une spirale qui conduit à la poursuite du conflit. Les Occidentaux ne veulent pas perdre la face. L’Ukraine ne veut pas abandonner le combat trop facilement pour maintenir son image et le soutien occidental. Quant à la Russie, si on veut l’amener à la table des négociations, il faudra lui présenter des garanties bien plus élevées que ce qu’on aurait pu lui soumettre au printemps 2022.

Il aurait fallu ne pas bloquer les précédentes tentatives de médiation plutôt que de s’engager dans cette guerre d’usure ?

Rappelons que le 25 février, soit 24h après le début de l’opération russe, Volodymyr Zelensky avait lancé un premier appel à négocier. Tout était possible à ce moment-là. Les Russes aussi étaient prêts à discuter. Leur objectif n’était pas du tout une conquête territoriale, c’était d’une certaine manière un objectif fonctionnel : non seulement protéger la population du Donbass, mais aussi négocier la neutralisation de l’Ukraine ; la Russie était ainsi déjà montée d’un cran après l’échec des accords de Minsk. Un cran qui n’était pas insurmontable pour les Ukrainiens. La neutralisation de l’Ukraine faisait en effet partie des propositions que Volodymyr Zelensky était prêt à discuter en mars 2022. Mais ces tentatives de médiation ayant avorté, les Russes vont en demander plus à présent.

Mauvais calcul des Occidentaux, donc ?

Ils avaient annoncé en mars que l’Ukraine avait pratiquement gagné la guerre. On s’aperçoit que ce n’est pas trop le cas, qu’on a tiré des plans sur la comète et surtout, qu’on a construit une stratégie sur du vent. Les Occidentaux ont construit une stratégie sur une situation telle qu’il la souhaitaient plutôt que ce qu’elle était réellement. Ils sont aujourd’hui enfermés dans leur propre narratif, mais ils sont arrivés dans un cul-de-sac. Quand on voit le dernier paquet de sanctions de l’UE, où on finit par interdire l’exportation de cuvettes de w.c., on comprend que les Européens sont au bout du rouleau et n’ont plus aucun moyen de pression sur la Russie.

Pour éviter une défaite, les États-Unis pourraient-ils s’engager davantage dans le conflit ?

Ce n’est pas impossible et je ne suis pas dans la tête des décideurs américains. Mais vous avez tout de même un rapport de la Rand Corporation paru il y a quelques semaines, qui préconise d’éviter de s’engager dans une guerre longue et recommande au gouvernement américain de trouver tous les moyens possibles de négocier. Plus vous vous impliquez dans un conflit, plus vous avez des chances de vous plantez si votre adversaire à une meilleure capacité. C’est le cas de la Russie. Obama disait déjà qu’il ne fallait pas s’attaquer à la Russie, car elle avait cette capacité d’escalation dominance, de dominance de l’escalade : la Russie peut monter les crans d’un conflit presque à l’infini, alors que les Occidentaux ne le peuvent pas. Ce pays a perdu 25 millions d’hommes entre 1941 et 1945. Les Russes ne veulent pas que cela se répète et ils ont manifestement assuré leurs arrières. D’un côté, les Occidentaux sont en train de griller leurs propres capacités militaires pour soutenir Kiev et ils ont déjà dépensé 150 milliards de dollars en un an. C’est deux fois le budget de la Défense de la Russie. De l’autre côté, les Russes n’ont pas encore entamé tout leur potentiel militaire. Et leur économie continue de tourner alors que celle des pays européens est exsangue. On s’aperçoit en Europe qu’à vouloir attiser ce conflit, on se met nous-mêmes dans une situation de plus en plus défavorable. Source: Investig’Action

Bonjour, M. Carlson !

J’ai appris hier que Fox News avait décidé de ne plus travailler avec vous. C’est très triste, mais je suppose que cela devait finir par arriver, car vous avez toujours dit la vérité sur ce que vous avez vu et ce que vous avez pensé. Il se trouve que ce n’est plus à la mode aujourd’hui.

L’Amérique a toujours été un pays libre, mais elle est malheureusement en train de sombrer dans l’obscurité. C’est également le cas de l’Ukraine, qui a été pillée par des oligarques en peu de temps et qui est devenue un pays déchiré par la guerre et la dictature. Cela peut-il arriver aux États-Unis ? Je pense que c’est déjà le cas. Les États-Unis se sont toujours targués d’avoir la liberté de choix, la liberté d’expression, mais qu’en est-il aujourd’hui ? Les hommes politiques font tout pour s’accrocher au pouvoir et devenir miraculeusement des leaders mondiaux en fournissant des armes à l’Ukraine et en soutenant la guerre. Mais cela profite-t-il aux Américains ? Ils vivent de plus en plus mal pendant que ceux qui ont commencé tout cela profitent de la souffrance et de la mort des autres. Et la chose la plus facile à faire est de tout mettre sur le dos de Poutine. Cela ressemble au gouvernement ukrainien qui, depuis 9 ans, commande des armes européennes et américaines pour tuer des civils et raser les villes du Donbass. Mais admettre qu’il est responsable de la mort des habitants du Donbass est effrayant, il est plus facile de dire que nous nous bombardons nous-mêmes. Ainsi, aux États-Unis, tous les problèmes ne sont pas dus à Poutine, mais à des politiciens avides de profits.

J’espère vraiment que les États-Unis se réveilleront et que les gens comprendront que la guerre n’est peut-être pas seulement en Ukraine ou en Europe. Elle peut venir à vous. On ne peut pas faire confiance à ceux qui trompent leurs citoyens et à un président d’un grand pays qui ne se reconnaît pas dans le miroir et qui parle à des fantômes. Je sais que vous, M. Carlson, ainsi que beaucoup de mes amis aux États-Unis, dites la vérité, parce que vous comprenez que le monde ne pourra pas survivre à la troisième guerre mondiale. Il n’est pas nécessaire d’aimer la Russie pour dire la vérité. Je vous souhaite, M. Carlson, une bonne continuation. Vous êtes authentique, c’est pourquoi vous êtes si redouté. Un jour, j’écrirai sûrement un roman sur vous et je parlerai des gens qui ne prêtent pas attention aux attaques et qui ont des problèmes personnels, continuez à dire la vérité. Qu’est-ce que la liberté ? La liberté, c’est quand une personne dit la vérité.

Faina Savenkova. Traduction par Christelle Néant pour Donbass-Insider

Commentaire de votre serviteur. Je sais très bien qu’on va me taxer de pro-Poutine mais ce conflit ukrainien est en réalité une guerre civile provoquée par les Etats-Unis soutenant un régime politique tout simplement exécrable, corrompu, nazi, raciste, génocidaire, qui rappelle les années les plus sombres du milieu du vingtième siècle. La question que l’on peut se poser, indépendamment de tout jugement, et la suivante : les Américains ne sont-ils pas depuis la défaite de l’Allemagne hitlérienne des sympathisants du nazisme en ayant protégé des milliers de dignitaires allemands « exfiltrés » quelques jours avant la fin du conflit ? Le fameux procès de Nuremberg mit en scène des personnalités secondaires, les plus dignes de servir les USA n’ont jamais été accusés des pires crimes commis contre l’humanité par le régime hitlérien. Il se passe aujourd’hui et depuis 2014 avec les encouragements de Victoria Nuland et le soutien financier massif de la Maison-Blanche des exactions immondes perpétrées par un régime ukrainien arborant des insignes nazis. Et cette situation n’a pas l’air de déranger l’intelligentzia américaine « bon chic-bon genre » qui soutient de facto ce régime corrompu. Plus de 30 % des riches terres arables ukrainiennes appartiennent à des fonds américains, est-ce là la motivation de l’administration américaine ? Défendre les intérêts financiers américains dans le plus pur mépris de la population ! Si tel est le cas les USA ont vraiment atteint un stade de décadence morale inquiétant car ils sont prêts à toutes sortes d’excès dans le même registre de la négation de la nature humaine … J’attends avec une certaine impatience la défaite des ukro-nazis et des forces des pays de l’OTAN, cela constituera une grande satisfaction pour votre serviteur ouvrant le monde entier à une ère nouvelle pour la liberté et la vraie démocratie dans tous les pays du monde.

Note. Faina Savenkova est une jeune ukrainienne russophone vivant dans le Donbass. Elle a écrit au Président Biden ainsi qu’au président français pour leur demander de ne plus livrer d’armes aux ukronazis qui utilisent ces armes pour massacrer sans discernement les civils qui ont la malchance de parler le russe et d’être des chrétiens orthodoxes considérés comme des sous-hommes par les pratiquants de la religion uniate ukrainophones. Cette jeune fille n’a connu que la guerre et les persécutions …

Brève. Noam Chomsky et la situation géopolitique actuelle

À 94 ans Noam Chomsky a accordé il y a quelques jours un entretien à SXSW, une organisation non partisane impliquée dans la promotion de films indépendants des grandes « major » du cinéma américain, organisatrice de festivals de musique aux Etats-Unis et en Europe. SXSW a également créé une chaine de télévision indépendante des partis politiques traditionnels américains et c’est dans ce cadre que sont invités des personnalités qui s’expriment en leur nom hors du cadre des idéologies dominantes. C’est le cas de cette entrevue avec Chomsky. Ce professeur de linguistique, auteur d’une centaine d’ouvrages couvrant les sciences cognitives, la politique, l’histoire et la philosophie ainsi que l’économie s’exprime au sujet de l’environnement et de la possible dérive dans laquelle pourrait être entrainés les pays occidentaux en raison des évènements d’Ukraine qui focalisent l’attention des décideurs politiques de ce groupe de pays dirigés par l’idéologie impérialiste américaine.

Chomsky rejoint par ses analyses du « club » indépendant des « Atomic Scientists » qui publie un bulletin abordant divers thèmes en particulier les risques nucléaires, le changement du climat, les technologies disruptives et la biosécurité. En ce qui concerne particulièrement les risques nucléaires Chomsky considère que l’Occident est au bord de la ruine si ses prises de position belliqueuses à l’encontre de la Russie ne sont pas tempérées le plus rapidement possible. La Russie ne le souhaite pas dans la mesure où son « opération spéciale » en Ukraine n’avait comme seul but la protection humanitaire du peuple de souche russe et russophone de l’est de l’Ukraine persécuté par le pouvoir néo-nazi de Kiev depuis 2014 avec le soutien des Etats-Unis.

Depuis l’intervention illégale de l’OTAN en Yougoslavie la Russie avec comme résultat un démantèlement de cette fédération, certes artificielle, mais ayant montré que des ethnies différentes de par leur langue, leur culture et leurs pratiques religieuses pouvaient vivre en harmonie si le pouvoir politique central faisait preuve d’une certaine autorité, ce qui fut le cas avec Tito, sa disparition réveilla le monstre hégémonique des Américains dont les exactions dans l’ex-Yougoslavie ont conduit à la création de petits Etats, beaucoup d’entre eux teintés de pratiques mafieuses et dont la couleur politique est non conforme à la philosophie politique européenne. C’est le cas notamment de la Croatie et du Kosovo. Pour le Kremlin la Serbie est un pays frère et le bombardement pendant plus de deux mois de Belgrade est toujours très vif dans la mémoire des Russes et les autorités russes ne le pardonneront jamais à l’OTAN, c’est-à-dire les USA.

Le voyage du président français à Pékin devrait aboutir à une prise de position pacifiste de la France. Personnellement je suis convaincu que la seul issue sur l’échiquier politique mondial est de proposer des négociations de paix pour régler le problème ukrainien. Dans cette hypothèse la France redorerait son image internationale et également au niveau domestique en redevenant un acteur clé dans la stabilité internationale, rôle que ce pays a joué par le passé. Malheureusement le président français a trop vendu son âme et son pays aux intérêts américains et il s’apprête à renforcer l’emprise des multinationales américaines sur la France en vendant tout le régime des retraites à BlackRock, c’est le but réel de cette réforme du régime des retraites car le recul de l’âge de départ n’est qu’une façade qui dissimule la vraie finalité de cette réforme.

Si le président français revient de Chine, c’est peut-être déjà le cas je n’en sais rien, les mains vides alors le conflit nucléaire que craint Chomsky pourrait devenir une réalité fatale pour l’humanité toute entière. En tant que puissance nucléaire la France a le devoir de tenir un rôle prépondérant dans le monde mais avec un tel président totalement asservi à la Maison-Blanche il n’y plus rien à espérer et inexorablement mon pays natal sera déconsidéré par le monde entier … Lien : https://youtu.be/dUOvpIOAmYk

Interactions

Introduction de votre serviteur. Régis Chamagne, auteur de l’article ci-dessous, est un ancien pilote de l’armée de l’air française et il exprime ses opinions dans des ouvrages (que je n’ai pas lu) qui peuvent se rassembler dans sa devise : « Si le peuple français sait faire preuve de suffisamment de lucidité, de courage et d’amour, alors les jours heureux reviendront ». J’ai trouvé sur le WEB son dernier article « Interactions » que je me suis permis de reproduire ici sans son autorisation car je partage entièrement son opinion. Je ferai juste une remarque : les républiques auto-proclamées du Donbass n’ont pas suivi le protocole qui aurait pu être de déposer une demande auprès des Nations-Unies afin d’officialiser l’appel à l’aide qu’elles avaient formulé auprès de Moscou après huit années de bombardements incessants ayant provoqué la mort de plus de 15000 civils. En quelque sorte les Républiques séparatistes auraient demandé officiellement au Président russe de jouer les Kouchner pour elles. À mon humble avis l’intervention spéciale de la Russie aurait eu lieu car les Américains et les Anglais auraient opposé leur veto … 

Rappelons que la guerre qui se déroule en Ukraine n’est que la partie émergée d’un iceberg beaucoup plus profond : le changement de paradigme géopolitique qui oppose « l’Occident collectif » au reste du monde. C’est en cela que les responsables américains ont admis récemment qu’il s’agissait pour eux d’une question existentielle.

Des questions existentielles

Les observateurs non lobotomisés ont compris dès le début de l’opération militaire spéciale qu’il s’agissait d’une question de survie pour la Russie. L’intégration de fait de l’armée ukrainienne à l’OTAN depuis au moins 2014, favorisée par la duperie des accords de Minsk, et la préparation d’une offensive otano-ukrainienne dans le Donbass posaient une menace directe pour le territoire russe. Le déclenchement des hostilités par la Russie était donc bien une manœuvre de défense face à l’offensive larvée de l’OTAN qui allait se traduire par une offensive bien réelle.

Les Américains et leurs larbins européistes pensaient au départ que les sanctions économiques allaient couler l’économie russe et que l’armée ukrainienne, armée et dirigée par l’OTAN, allait repousser l’armée russe. Mais voilà ! La Russie est autonome sur le plan alimentaire, sur le plan énergétique et pratiquement autonome sur le plan industriel, grâce en particulier à la Chine qui lui fournit certains composants électroniques dont elle a besoin. Quant à la défense, le complexe militaro-industriel russe produit des matériels à moindre coût, en grand nombre et efficaces tandis que celui de l’Occident collectif produit des matériels très chers, en nombre restreint et moyennement efficaces. De surcroît, sur les directives de l’État, l’industrie russe a pu passer rapidement à une production H-24, avec un travail en 3-8, tandis que les industries privées américaines en sont incapables, pour la simple raison que leur fonctionnement est conditionné par le profit plutôt que par les intérêts supérieurs de leur nation.

Rappelons à cet égard que la défense est à la nation ce que les défenses immunitaires sont au corps humain. Privatiser l’industrie de défense revient à s’en remettre à des vaccins pour préserver sa santé. Avoir une industrie de défense nationale revient à renforcer ses propres défenses immunitaires par une bonne hygiène de vie. Toute analogie avec des événements récents est évidemment purement fortuite.

Du côté américain (avec ses larbins…), le centre de gravité du système est le dollar. Le rôle de l’armée américaine est d’imposer le dollar comme monnaie d’échange mondiale, ce qui a permis jusqu’à présent aux États-Unis de rançonner la planète entière (ou presque) avec leur monnaie de singe. « Si vous n’êtes pas avec nous, vous êtes contre nous. » avait dit Debeliou Bush en son temps ; on ne peut être plus clair. L’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la Syrie… Une défaite militaire de l’Occident collectif en Ukraine signifierait donc, à terme, pour les États-Unis, la fin de l’hégémonie du dollar, cœur de leur système de domination et par voie de conséquence l’effondrement de leur système. Il s’agit donc bien d’une question existentielle pour les États-Unis, au regard du monde qu’ils prétendaient dominer.

Des signaux faibles qui deviennent de plus en plus forts indiquent un mouvement de fond dans le monde.

Un mouvement de fond

Pour le moment, les pays « non alignés » ; pour faire court, l’Afrique, l’Amérique latine, l’Asie du sud-est et le Moyen-Orient, se cantonnent à une posture de neutralité « gentille » (on ne sait jamais avec ces Américains). Condamner l’invasion russe ? Non, pas vraiment ! Envoyer des armes à l’Ukraine ? Non merci ! Ce sont là des signaux faibles, « gentils ».

En parallèle des choses se produisent qui auraient été inimaginables il y a dix ans : les échanges en monnaies hors dollar se multiplient dans des accords commerciaux tels que ceux entre la Chine et l’Arabie Saoudite, les armées occidentales se font virer de leurs anciennes colonies (voir la France au Mali, en RCA ou au Burkina Faso par exemple) au profit de la Russie ou de la Chine. Tout cela relève d’un mouvement de fond qui rejette le colonialisme et le néocolonialisme occidental. Si cela se fait aujourd’hui, c’est que c’est possible, tout simplement. Cela signifie que la réalité géopolitique est telle qu’elle permet de remettre en cause des symboles ancrés dans l’histoire depuis longtemps. Et ça, c’est énorme. Il s’agit d’un basculement des consciences.

L’offensive décisive

Certains indicateurs laissent entrevoir une offensive russe stratégique en Ukraine à faible échéance. C’est la panique à Washington, à tel point qu’ils ont pu proposer à la Russie une sortie de crise ridicule dans une posture du faible au fort, se croyant encore les plus forts.

La défaite militaire de l’OTAN se profile donc, et avec elle, la fin de l’hégémonie américaine sur le monde.

Je ne présage pas de la forme qu’aura cette offensive mais j’imagine une opération qui emploiera l’aviation en tant qu’outil stratégique (jusqu’à présent les Russes ont employé l’aviation dans un rôle tactique) coordonnée avec une manœuvre de guerre électronique adaptée. La nomination du général Sourovikine à la tête de la manœuvre aérienne laisse présager ce genre d’emploi. Il y aura probablement aussi des manœuvres de déception, tant l’armée ukrainienne est faible et désorganisée, afin d’agir là où elle ne l’attend pas, nonobstant les moyens de reconnaissance stratégiques de l’OTAN. En gros, amasser des forces à un endroit pour concentrer les armées otano-ukro-nazies et foncer dans un trou avec des moyens plus légers soutenus par l’aviation et l’artillerie. Tout cela ne sont que conjectures tactiques, mais la supériorité russe sur le terrain lui offre un tel éventail de possibilités que tout est imaginable. En tous cas, je pense que nous allons être surpris par la forme que prendra cette offensive décisive.

Les interactions

Quand tous les regards seront focalisés sur l’offensive russe en Ukraine, il faudra regarder ailleurs. À quelle vitesse les signaux faibles vont-ils se transformer en réalité géopolitique ? Quelles seront les interactions entre la réalité de la situation militaire en Ukraine (partie émergée de l’iceberg) et les basculements vers le monde nouveau (partie immergée de l’iceberg) ?

Il faudra regarder dans au moins deux directions, mais il y en a sûrement d’autres : les demandes d’adhésion aux BRICS et la nature des échanges monétaires envers les pays « non alignée » et le monde nouveau qui se construit.

Les BRIC étaient au départ un acronyme anglais (les anglais-américains adorent les acronymes) d’un journaliste économiste anglais qui avait regroupé les pays en forte croissance économique. Cet acronyme est devenu une réalité géopolitique en juin 2009, à Ekaterinbourg, quand la Russie a organisé le premier rassemblement de ces pays. Cela dit, il y a d’autres instituons hors champ occidental telles que l’OCS ou l’ASEAN, mais elles sont régionales, tandis que les BICS, d’un format plus souple et plus ouvert à l’extérieur, ouvrent la possibilité d’un rassemblement plus large. C’est peut-être là l’embryon d’une future organisation internationale qui remplacera l’ONU à terme.

Plus important, il faudra surveiller les échanges économiques et monétaires entre les pays hors Occident collectif. Dans quelles monnaies ? À quel rythme et avec quelle intensité ? C’est là que se joue le changement de paradigme géopolitique. C’est véritablement cela qu’il faudra surveiller quand l’offensive militaire russe se déclenchera.

Et la France dans tout cela ? Quand la France redeviendra la France éternelle, fidèle à sa grande et longue histoire, celle du général de Gaulle, dépouillée des traîtres qui l’ont administré depuis des décennies, elle prendra naturellement la place qui lui revient, celle que les peuples du monde entier lui offre : une voix ! La voix de la liberté, la voix du respect des peuples à disposer d’eux-mêmes, la voix de la fraternité.

Régis Chamagne, article paru ce 8 février 2023 sur son site regischamagne.fr

2023, année de tous les dangers … ou de tous les espoirs

À l’approche de cette fin d’année dont il restera le conflit ukrainien, l’abcès inoculé par les USA qui a finalement explosé, effaçant toutes les erreurs des Occidentaux en désignant un coupable, le locataire du Kremlin, ces pays occidentaux s’acheminent vers une récession suicidaire, sauf naturellement l’instigateur de ces troubles, les USA. Il ne faut pas se leurrer les Américains veulent, depuis la chute du mur de Berlin, mettre la main sur les immenses réserves du sous-sol de la Russie. Les implantations progressives des installations militaires cernant l’immense territoire russe dites bases de l’OTAN mais en réalité des bases américaines prouvent bien quel est le grand dessein des Etats-Unis, détruire la Russie et en prendre le contrôle.

Le système économique américain repose sur le dollar US, devenu rapidement « pétro-dollar » à la suite de l’accord entre Roosevelt et le Roi d’Arabie Abdul Saud (https://history.state.gov/historicaldocuments/frus1945v08/d2 ) qui stipulait qu’une protection militaire de la famille royale saoudienne serait garantie par les Etats-Unis avec en contrepartie un approvisionnement en pétrole assuré pour ce pays protecteur. L’Aramco fut créée en 1944 sous son nom actuel alors que cette compagnie s’appelait initialement California-Arabian Standard Oil car dès le milieu des années 1930 les Américains projetaient de sécuriser leurs approvisionnements en pétrole. Le pétro-dollar était né. La décorrélation entre l’or et le dollar servit d’amplificateur de la domination du dollar sur l’économie mondiale car au sortir de la deuxième guerre mondiale les USA étaient la première puissance économique incontestée et comme le disait La Fontaine : « La raison du plus fort est toujours la meilleure ». La mise en place du système de compensation international SWIFT par les Américains qui avait suivi la création de la Banque Mondiale puis du Fond Monétaire International constituent encore aujourd’hui l’arme absolue pour maintenir la domination du dollar dans tous les échanges internationaux. Comparé à cette devise l’euro fait pâle figure d’autant plus que le pouvoir politique américain ne veut pas entendre parler d’une autre monnaie forte qui entrerait en concurrence avec la sienne.

Tous les évènements qui se sont succédé depuis l’abandon des accords de Bretton Wodds de juillet 1944 par Nixon le 15 août 1971 le prouvent. La convertibilité du dollar en or a été abolie et les raisons de cette décision étaient multiples et principalement un taux de chômage de plus de 6 % jamais atteint depuis la fin de la guerre, une inflation de 5,8 %, un déficit commercial croissant, une dette également inquiétante ayant conduit la réserve fédérale américaine à augmenter le volume de dollars en circulation. La dette américaine s’expliquait par le conflit vietnamien et le chômage et l’inflation par une dépendance de plus en plus marquée de l’économie américaine aux économies émergeantes en particulier l’Europe occidentale et le Japon.

Cette énumération des paramètres économiques qui provoqua la décision prise par Nixon ne vous rappelle-t-elle pas la situation actuelle qui prévaut aux Etats-Unis ? Cette fois-ci les mêmes causes ne produiront pas les mêmes effets puisque le dollar a perdu 82 % de sa valeur par rapport à l’or en raison du découplage entre ces deux « monnaies ». L’once d’or valait 23,8 dollars en 1970, aujourd’hui, au plus haut l’once d’or valait 1939 dollars, le « plus haut » récent ayant été atteint en août 2020 alors que l’imminence du conflit ukrainien se concrétisait (https://tradingeconomics.com/commodity/gold ). Il faut remarquer que cette chute de 82 % ne tient pas compte du réajustement de la valeur réelle du dollar entre 1971 et 2020. Ces chiffres sont loin de refléter la réalité car la manipulation du cours de l’or par notamment les banques américaines et londoniennes est un secret de polichinelle.

Toutes ces lignes pour expliquer finalement que la situation politique, sociale et financière des Etats-Unis est, quelle que soit la direction vers laquelle se tournent les regards des analystes, totalement délabrée. Et cette situation s’est aggravée à la suite des évènements d’Ukraine en raison des sanctions prises par les Etats-Unis et l’Europe à l’encontre de la Russie qui ont réduit à néant la confiance que tous les autres pays accordaient au dollar. Quelle issue s’offre aux Etats-Unis ? Aucune sinon assister à l’effondrement du véritable système de Ponzi qu’est en réalité le dollar US. Il reste malheureusement l’autre solution, celle du « plus fort » de La Fontaine, la guerre. Les stratèges américains sont conscients que cette option isolerait les Etats-Unis du reste du monde qui ne seraient soutenus du bout des doigts que par l’Union européenne. Or ce conglomérat informe de pays disparates commence à se poser de sérieuses questions quant à la politique de Washington, empêtré dans une crise énergétique sans précédent qui va rapidement détruire ce qui reste encore d’industries et d’activités commerciales en Europe. La Russie, la Chine, l’Inde, le Brésil et comble d’ironie l’Arabie saoudite, suivie par le Brésil, l’Iran et encore l’Algérie ont compris qu’une alliance anti-américaine, en cas de conflit ouvert entre les USA et la Russie était l’occasion de briser définitivement la suprématie du dollar.

Comme je le soulignais dans un précédent billet le conflit actuel en Ukraine ne dégénérera pas en conflit nucléaire car ce serait alors l’anéantissement de l’humanité, la moindre « petite bombe » nucléaire dite tactique ayant une puissance destructrice au moins10 fois supérieure à celle d’Hiroshima ! Si les Américains suivis par les Anglais et inévitablement les Européens entraient en conflit direct avec la Russie pour défendre un régime nazi, corrompu et criminel tel qu’est réellement l’Ukraine de Zelinsky la perte de confiance de tous les pays cités plus haut serait définitive. Un monde nouveau apparaîtra alors et les Etats-Unis se replieront définitivement sur eux-mêmes en proie à des troubles sociaux, voire une guerre civile dévastatrice, qui accélérera sa descente aux enfers. Tous les empires finissent ainsi, l’empire américain et son vassal l’Union européenne sont donc au bord de leur disparition …

Géopolitique : les jours de l’Europe sont-ils comptés ?

Plus je lis d’articles de politique ou regarde des reportages teintés de parti-pris, plus je finis par être convaincu que l’Allemagne n’est qu’une colonie asservie par les Etats-Unis. Certes les entreprises allemandes sont comblées en vendant leurs mercedes, audi et autres porsche par pleins bateaux sur le marché américain mais ils ont en contre-partie accepté qu’un arsenal nucléaire américain soit installé sur leur sol. Les Allemands ont levé le voile quand l’ex-chancelière a affirmé qu’elle n’avait pas soutenu les accords de Minsk pour que l’Ukraine se prépare à la guerre inévitable, à ses yeux mais surtout aux yeux de l’organisation militaire américaine qui domine l’Europe. Merkel savait-elle aussi que le gazoduc Nord-Stream-2 ne serait jamais fonctionnel ? La réponse est certainement positive, auquel cas l’ex-chancelière est une traitre à l’Etat allemand et à toutes les entreprises allemande, néerlandaise, française et russe qui ont cofinancé le projet. Sauf qu’elle a agi selon le bon vouloir de Washington ! Dans ces conditions ce n’est pas à la Russie qu’il faudrait faire le moindre reproche mais à l’Allemagne si les Européens doivent acheter leur gaz aux USA quatre à cinq fois plus cher que ce que propose la Russie à la Chine par gazoduc ou même liquéfié. Je ne mentionnerai même pas le double jeu théâtral du président français dont la crédibilité sur le plan international est proche de zéro. Quand il a invité Poutine à Brégançon c’était une mise en scène honteuse …

Asservis par la Maison-Blanche et son bras armé l’OTAN, les membres de l’Union européenne n’ont plus aucun pouvoir et agissent en fonction des désirs des néo-conservateurs américains. Pour la France il suffit de constater le désir du Président français de supprimer le corps diplomatique du pays et dans son petit cerveau d’adolescent pervers narcissique retardé cette décision lui paraît normale car la politique étrangère française suit celle du secrétaire d’Etat américain relayée par le secrétaire général de l’OTAN. Pour Washington l’Europe n’est qu’un champ de bataille au même titre que l’Afghanistan ou l’Irak afin de favoriser le fonctionnement du secteur de l’industrie américaine de l’armement. Pour les USA il n’y a pas de problème puisque la dette stratosphérique de l’Etat américain est payée par tous les autres pays sous forme de T-bonds, des bouts de papier sans valeur. J’aimerais connaître l’opinion des dirigeants des banques centrales chinoise et japonaise à ce sujet. La Chine a trouvé la parade car elle finance ses investissements en Afrique, par exemple, avec des T-bonds US. C’est un moyen élégant de s’en débarrasser à bon compte.

Pourquoi alors les américains sont-ils toujours aussi belliqueux ? Tout simplement parce que l’ »American Way of Life » n’est qu’un très lointain souvenir qui ne séduit plus personne et parce que les Américains sont des impérialistes viscéraux. Demandez à des habitants de n’importe quel pays d’Afrique ce qu’ils pensent de cet « American Way of Life » : le racisme anti-afro-américain qui sévit toujours aux USA ne s’est jamais bien vendu en Afrique, le racisme anti-latino non plus comme en Amérique du Sud. Alors seule la force reste persuasive. Et l’attitude américaine peut se résumer ainsi : « si vous ne faites pas comme nous le voulons alors vous êtes un ennemi de l’Amérique ». C’est un raisonnement puéril de nos jours car nous ne sommes plus au dix-huitième siècle au cours duquel n’importe quel différend entre familles royales européennes se réglait par les armes. Il est intéressant de rappeler la guerre de succession d’Espagne conclue après 14 années de conflit par le traité d’Utrecht qui peut être qualifiée de première guerre mondiale puisqu’elle vit le conflit européen s’étendre jusqu’aux Antilles et jusqu’à la Turquie. Ce conflit majeur trop oublié aujourd’hui posa les fondations de l’Europe d’aujourd’hui. Il faut néanmoins noter que ni la Russie ni les Etats-Unis n’y participèrent d’autant plus que les Etats-Unis n’existaient pas en tant que nation à cette époque et que la Russie, à la même époque, était en guerre contre la Suède pour avoir accès à la Mer Baltique. Ni Pierre le Grand ni le roi de Suède n’étaient concernés par la succession au trône d’Espagne.

Les conflits entre familles royales d’antan se sont transformés en conflits entre puissances économiques et ce sont toujours les mêmes, les peuples, qui paient la facture, avec leurs impôts et du fait des destructions immobilières. Les stratèges s’en moquent. À l’issue de la guerre de succession d’Espagne la France était exsangue et le peuple dans la misère et malgré ce petit détail Louis XIV est toujours considéré comme le monarque français le plus remarquable. Lequel des chefs d’Etat actuels restera dans l’Histoire ? Si l’humanité survit par petits groupes à un conflit nucléaire généralisé comment ce début de siècle sera-t-il analysé et jugé ? Il est indéniable que l’Europe occidentale telle qu’elle est aujourd’hui aura disparu et un grand nombre de villes européennes auront été détruites, de même que les grandes villes américaines qui auront subi exactement le même sort. L’apocalypse climatique dont on nous serine l’arrivée prochaine aura été éclipsé dans les quelques mémoires qui resteront dans 20 ou 30 ans.

En ces temps de fêtes de fin d’année dont je me moque personnellement il reste cependant un minuscule espoir au moins pour les classes laborieuses qui sont déjà les premières à souffrir de la situation géopolitique actuelle, les décideurs politiques n’ont pas encore atteint le degré de paranoïa d’un Docteur Strangelove (Stanley Kubrick, 1964) paru peu de temps après la crise de Cuba en 1962 car à moins d’être devenus réellement fous ils savent qu’un conflit nucléarise signe la disparition de 99,9 % de l’humanité. Conformément à l’atmosphère festif de fin d’année je reste donc optimiste mais il est certain que l’Europe telle qu’elle est devenue à ce jour ne sera plus jamais la même lorsque le conflit ukrainien sera achevé.

Et maintenant, l’ère du dirigisme

Ce billet est un copié-collé d’un article paru dans les pages du Temps (Genève) sous la plume de Stéphane Garelli, professeur émérite, IMD et Université de Lausanne, publié vendredi 23 mars 2018 à 18:27

Le monde entre dans une nouvelle ère où les empires économiques et les blocs régionaux reprennent le dessus et où le politique l’emporte sur les marchés. Une deuxième période «Trente Glorieuses» s’achève. Depuis la chute du mur de Berlin, le monde a connu pendant trente ans une ouverture des marchés sans précédent. La globalisation était là. Aujourd’hui, une nouvelle ère s’ouvre, celle du dirigisme économique. Les signes avant-coureurs sont de plus en plus clairs.

Quand le président Trump a annoncé des mesures de protection sur l’acier et l’aluminium américains, les optimistes – il y en a et il en faut – ont voulu minimiser son action. Tous les présidents américains depuis Jimmy Carter ont adopté à un moment ou un autre des mesures protectionnistes, et l’économie mondiale a survécu.

Peu d’impact

Effectivement, les barrières tarifaires de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium auront relativement peu d’impact. Elles affecteront tout au plus 2% des importations américaines et 0,2% du produit intérieur brut (PIB), et de nombreux pays seront exclus. Mais ce qui a changé, c’est la logique qui justifie cette politique.

Auparavant, les présidents américains voulaient défendre l’emploi. Cette fois-ci, le président Trump fait recours à la section 232 de la loi sur l’expansion commerciale de 1962 qui dénonce une atteinte à la sécurité nationale. C’est le même motif qui l’a poussé récemment à bloquer le rachat de Qualcomm par Broadcom. En plaçant le débat sur une dimension politique, le président crée une belle pagaille: «America First».

«China First»

Car la Chine fait pareil. Malgré les déclarations du président Xi Jinping à Davos, la politique économique chinoise reste protectionniste et le marché intérieur difficile d’accès aux entreprises étrangères. Les grandes sociétés technologiques américaines le savent. Elles doivent, par exemple, composer avec les restrictions imposées sur la liberté d’expression sur Internet ou sur l’emplacement des serveurs de données personnelles. La priorité économique est de développer des entreprises purement chinoises: «China First».

La Russie emboîte le pas. Le président Poutine, lui aussi réélu presque à vie, continue de se détourner de l’Europe. Son modèle est le président chinois, pas Angela Merkel ni Emmanuel Macron. Les mesures de rétorsion politiques et économiques sont passées par là. Les relations commerciales avec l’Europe n’apportent pour lui que des problèmes. Qu’importe ce que pensent les autres: «Russia First».


Et même les Britanniques s’y mettent. Le Brexit est perçu par les entreprises comme une attaque contre l’ouverture des marchés et la libre circulation des biens et des personnes: un retour en arrière évalué à une surcharge de coût de 65 milliards d’euros. Pour certains, la perfide Albion a ressurgi: «Britain forever».

L’Europe isolée

Tout cela laisse l’Europe bien isolée. Mais pourquoi sommes-nous si attachés à ce concept de monde ouvert et global ? André Malraux estimait que la pensée européenne – la Grèce, le christianisme, la Révolution française, voire le marxisme – a posé le principe de valeurs universelles. La Déclaration des droits de l’homme est «universelle» et ne s’adresse pas qu’aux Français. Au contraire, la pensée chinoise, aussi admirable soit-elle, est une pensée pour la Chine et pour les Chinois.

Cet universalisme a structuré notre monde, politiquement avec les Nations unies, économiquement avec les Accords de Bretton Woods, qui ont créé le FMI, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce. Cette approche globale touche à sa fin. On pouvait s’attendre à ce que la Chine et la Russie n’y adhèrent pas entièrement. Mais quand les Etats-Unis et le Royaume-Uni abandonnent le multilatéralisme, cela fait trop.

Le monde entre donc dans une nouvelle ère où le dirigisme économique prévaut et où le politique l’emporte sur les marchés. Avec la multiplication de leaders forts, les empires économiques et les blocs régionaux reprennent le dessus. Pour les entreprises, le monde va devenir beaucoup plus compliqué. Les règles du jeu vont changer et l’OMC va être marginalisé. L’Europe affaiblie et sa pensée universelle marginalisée risquent de devenir un anachronisme. Ce ne sont pas de bonnes nouvelles.

L’avenir des voitures électriques (partie 3 : le nickel)

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Le nickel est un composant important des batteries Li-ion puisque la cathode de la batterie contient plus de 70 % de nickel. Il existe dans le monde plusieurs gisements importants de nickel mais le plus grands en terme de réserves est celui de Norilsk. Le minerai, une chalcopyrite, est riche en cuivre, nickel, cobalt, palladium et platine et provient de l’éruption volcanique cataclysmique qui eut lieu il y a 250 millions d’années au nord de la Sibérie centrale. La société Norilsk, en réalité Nornickel car Norilsk est le nom de la ville de près de 150000 habitants située au delà du cercle polaire à l’est de la péninsule de Taymir, est le leader mondial de la production de nickel. Il s’agit du gisement le plus important de nickel et la société Norilsk va donc influer sur le prix mondial du nickel mais aussi du cobalt dans les prochaines années avec le développement tant des batteries pour voitures électriques que pour les installations de stockage des énergies intermittentes d’origines éolienne et solaire. Les enjeux sont tellement immenses que deux milliardaires russes, devenus milliardaires en reprenant les « combinats indutriels » de l’ère soviétique et en les développant judicieusement (sans entrer dans les détails) contrôlent de facto ce marché. L’actionnaire majoritaire de Nornickel est un dénommé Oleg Deripaska mais le principal actionnaire de United Co. Rusal, le géant de l’aluminium russe, Vladimir Potanin désire se faire une place dans ce marché particulièrement prometteur. Le Président Vladimir Poutine, conscient de l’enjeu économique immense des activités de Norilsk, a placé une troisième oligarque dans la bataille de prise de contrôle de Nornickel en facilitant l’achat d’un peu plus de 6 % des actions de Norilsk par la holding de Roman Abramovich. La manoeuvre parait claire et en réalité c’est le Kremlin qui a pris le contrôle de la bataille engagée entre Deripaska et Potanin car ni l’un ni l’autre ne pourront dominer Norilsk :

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Il n’est pas nécessaire de remarquer que la Russie joue déjà un rôle central dans le marché des matières premières et ce rôle ne pourra que s’amplifier dans le cadre de la révolution énergétique qui se met en place dans les pays de l’OCDE. Inutile d’épiloguer pour comprendre le véritable agenda géostratégique et impérialiste des USA qui aimeraient bien mettre la main sur ces ressources russes.

Source et illustration : Bloomberg

La CIA et le changement du climat : un peu d’histoire pour se « rafraîchir » les idées

C’est un document daté d’août 1974 émanant de la CIA, disponible auprès de la Library of Congress à Washington sous forme de photocopie, énumérant les risques qu’encourrait l’humanité en cas de refroidissement du climat. La CIA s’intéressa à ce sujet car à la fin du premier optimum climatique du XXe siècle, vers la fin des années 1950, il y eut un cycle solaire anormalement faible (cycle #20, mais beaucoup plus robuste que celui qui se termine actuellement, #24) et qui contribua à imprimer dans nos mémoires le fameux hiver 1962 durant lequel toute l’Europe grelotta. L’hiver 1955-1956, particulièrement froid, coïncida avec la fin du cycle solaire #19. La CIA, dont l’une des missions est de prévoir les effets de l’évolution du climat sur la géopolitique, constata qu’à la fin du premier optimum moderne (1930-1950, il n’y a pas d’accord sur ces dates en raison des décalages entre observations météorologiques et activité solaire) il y eut une période d’instabilité qui poussa les limiers de cet organisme à analyser les possibles conséquences d’un refroidissement du climat. Les prévisionnistes d’alors penchaient en effet vers un refroidissement du climat. La magazine National Geographic eut vent de cette étude et publia d’ailleurs un article à ce sujet en novembre 1976 ( http://www.sealevel.info/NatGeo_1976-11_whats_happening_to_our_climate/ ).

Dans ce rapport il y a d’abord une revue des évènements liés au changement du climat et je les cite pour information.

Birmanie (1973) sécheresse et pas de riz disponible à l’exportation

Corée du Nord (mars 1973) importation record de céréales en raison des faibles récoltes de 1972

Costa Rica et Honduras (1973) pires sécheresses depuis 50 ans

USA (1973) inondations du siècle dans la région des Grands Lacs

Japon (1973) vague de froid exceptionnelle endommageant sérieusement les récoltes de riz

Pakistan (mars 1973) importation de céréales des USA en raison des faibles récoltes de grains

Pakistan (août 1973) pires inondations depuis 20 ans

Vietnam du Nord (septembre 1973) d’importantes inondations détruisent les récoltes

Philippines (mars 1974) manque de riz de grande envergure

Equateur (Avril 1974) manque de riz entrainant une crise politique

URSS (juin 1974) mauvais temps et maigres récoltes de céréales attendues

Chine (juin 1974) sécheresses et inondations

Inde (juin 1974) retard de la mousson

USA (juillet 1974) alternance de sécheresse et de fortes pluie endommageant les grandes cultures.

De nombreux pays dont la Chine, l’URSS et le Japon se sont alors (on était en 1974) munis de nouveaux services de prévisions météorologiques considérant que le facteur climatique devait être sérieusement pris en compte. L’un des facteurs alarmants était les stocks mondiaux de céréales qui sont passés entre 1969 et 1972 de 600 millions de tonnes à moins de 100 millions de tonnes en raison de divers évènements climatiques. À l’époque 100 millions de tonnes représentaient moins d’un mois de consommation mondiale. Pour la CIA climat et disponibilité en nourriture sont à l’évidence intimement liés avec les conséquences géopolitiques attendues et par conséquent surveillées de près.

Il n’existait pas à l’époque une multitude de satellites scrutant en permanence la Terre et le Soleil mais le rapport de la CIA est pourtant explicite, je cite littéralement :

« Depuis la fin des années 1960 un certain nombre de publications scientifiques dans les domaines du climat, de la météorologie et de la géologie ont montré que :

(1)un changement du climat est en cours,

(2)ce changement du climat pourrait créer des problèmes agricoles mondiaux« .

Au début des années 1970 les couvertures de neige et de glace ont augmenté dans le monde de 10 à 15 % (ce n’est pas moi qui l’affirme c’est écrit dans ce rapport à la page 7). Au nord du Québec et au Groenland des températures en dessous de la moyenne ont été observées, un phénomène jamais vu depuis un siècle (je cite encore ce rapport). La région de Moscou a souffert de sécheresses d’une intensité jamais vue depuis 300 ans. Il en a été de même en Australie, en Amérique Centrale, en Chine, en Asie du Sud-Est et en Afrique sub-saharienne. Selon les auteurs de ce rapport se référant à des études archéologiques les aléas climatiques ont provoqué la disparition de civilisations comme les civilisations de l’Indus, des Hittites, des Mycéniens et de l’Empire du Mali, toujours en raison d’un refroidissement du climat, modifiant la circulation atmosphérique et provoquant des sécheresses à répétition.

Vient alors dans ce document un résumé en trois points de la compréhension de la climatologie qu’il est opportun de citer :

1. le principe que la nature ne supporte pas une distribution hétérogène de l’énergie

2. l’énergie en provenance du Soleil est modulée par les variation de l’orbite de la Terre, des variations de son axe de rotation, des composants de l’atmosphère (poussières, nuages, etc) et des fluctuations mêmes de l’activité solaire.

3. l’atmosphère terrestre n’absorbe qu’une infime partie de l’énergie solaire.

L’atmosphère est un puits pour l’énergie radiative à toutes les latitudes alors que la Terre est une source de chaleur à l’exception des régions polaires. Afin d’éviter que la surface de la Terre ne se réchauffe et que l’atmosphère ne se refroidisse la chaleur provenant du Soleil est donc dissipée vers l’atmosphère et cet échange est principalement favorisé par la vapeur d’eau présente dans l’atmosphère (je cite toujours ce rapport, voir d’ailleurs un dernier billet de ce blog relatif à la magie de l’eau).

À l’époque où ce document a été écrit il existait trois écoles de climatologie, en Grande-Bretagne (Université d’East-Anglia, Professeur HH Lamb), aux USA (Université de Princeton, Docteur Smagorinsky) et en URSS dans le laboratoire du Professeur M.I. Budyko à Leningrad. Les Anglais professaient qu’il fallait étudier les variations climatiques du passé pour expliquer le présent et éventuellement le futur. L’école américaine prônait une meilleure compréhension de la circulation atmosphérique pour envisager des prévisions et l’école russe penchait plutôt pour une étude détaillée de la distribution globale de la chaleur sur la Terre et dans l’atmosphère. Les idées de Budyko qui à l’époque (1955) de la publication de ses premiers travaux alimentèrent une controverse dans le monde de la climatologie prirent finalement le dessus. Budyko considérait que l’ensemble des mouvements atmosphériques étaient inhomogènes et ne pouvaient pas être prédits par une approche mathématique ni simple ni complexe. On parla plus tard de théories du chaos et de fractales pour les mathématiciens.

Vint alors l’école du climat de l’Université du Wisconsin qui avait étudié en détail les variations des températures et des précipitations en Islande. À l’époque (donc à la fin des années 1960) tous les indicateurs étaient en faveur d’un refroidissement du climat. La période faste des années 1930 à 1950 qui avait permis de nourrir une population mondiale qui avait doublé, l’industrie favorisant cette révolution verte, n’allait devenir qu’un lointain mais cuisant souvenir ! L’ « école climatique » du Wisconsin se posait la question reprise dans ce document de la CIA de savoir si un retour du climat vers les conditions qui prévalaient au XIXe siècle (petit âge glaciaire) pouvait être concrètement envisagé. La réponse était déjà non car la population mondiale souffrirait presque immédiatement de famine ! Alors qu’à l’époque la population mondiale n’était « que » de 4,5 milliards – elle atteint aujourd’hui en 2017 près du double …

En étudiant le passé – 14 situations durant 1600 ans – l’école du Wisconsin remarqua qu’il fallait au moins 60 ans aux populations pour s’adapter à un changement du climat et parfois plus de 180 ans pour atteindre une stabilisation durable de ces populations. La malnutrition, les famines, les épidémies et les guerres constituèrent des facteurs de « stabilisation » comme l’évoquaient ces spécialistes de l’Université de Madison. L’émigration massive des Irlandais au cours du « petit âge glaciaire » en est un exemple emblématique : à chaque personne mourant de famine en Irlande dix autres mouraient de maladies principalement favorisées par la malnutrition !

Le rapport en arrive au constat qu’en l’état des connaissances (en 1974) il est impossible de se livrer à un quelconque pronostic sur l’évolution future du climat. Au printemps 1974 se tint à San Diego une réunion organisée par l’Office de Recherche et Développement (ORD) mandaté par la CIA pour accélérer les travaux relatifs aux prévisions climatiques. Il résulta de ce groupe de travail de très haut niveau réunissant les meilleurs climatologues du monde que le climat allait changer et que l’on ne reviendrait pas dans les conditions favorables des années 1930-1950 et qu’aucune prévision au delà de 5 ans pouvait être prise au sérieux. Devant les mises en garde de la CIA, entre autres organismes fédéraux, les USA accélérèrent les travaux de recherche sur l’évolution du climat.

La situation a bien évolué depuis, en particulier sous l’impulsion de la CIA mais quelle confiance adopter, aujourd’hui encore, aux prévisions des climatologues contemporains qui disposent pourtant de moyens techniques des millions de fois plus puissants qu’il y seulement 40 ans ? Il y eut depuis ce rapport 4 cycles solaires dont trois puissants de par leur intensité ( les cycles #21, 22 et 23, constituant le deuxième optimum solaire moderne) qui ont démenti les prévisions alarmistes de l’école du Wisconsin mais le dernier cycle, le 24e de la nomenclature est particulièrement faible et peut-être bien que ces prévisions n’avait que quarante ans d’avance … Qu’est-ce que c’est que quatre décennies à l’échelle géologique et les savants n’ont-ils pas aussi droit à l’erreur ? Toujours est-il que les variations du climat font bien entendu partie des préoccupations de la CIA et il serait intéressant de connaître l’opinion, en cette fin d’année 2017, de cet organisme à propos du « réchauffement » ou mieux encore, ce qu’ils pensent des alertes récentes de nombreux spécialistes relatives au refroidissement généralisé du climat (voir un prochain billet à ce sujet) …

Traduction libre et partielle du document de l’Office de Recherche et Développement de la CIA en accès libre auprès de la Librairie du Congrès à Washington sur simple demande.

Illustration : récents cycles solaires, source NASA

La fièvre jaune frappe de plein fouet le Brésil

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Après l’épidémie de Zika c’est maintenant la fièvre jaune qui fait des ravages au Brésil et prises de court les autorités sanitaires du pays se sont heurté à une rupture de stock de vaccin. L’Organisation Mondiale de la Santé (WHO), devant cette situation alarmante, préconise une seule injection de seulement 1/5e de la dose normale conseillée jusqu’à maintenant. Il semblerait que ce soit suffisant pour protéger les individus contre cette fièvre dévastatrice qui attaque les reins et le foie. Jamais pareille épidémie n’avait été observée depuis 1920 y compris dans des zones urbanisées comme Rio, Bahia ou encore Sao Paulo. Le fait que des singes soient morts dans ces villes, le singe étant souvent un animal de compagnie, fait craindre le pire car c’est maintenant le moustique Aedes egypti qui a été déterminé comme étant le vecteur principal et non plus des moustiques de la jungle comme cela était le cas. Quand des singes meurent c’est un signal de la présence du virus tant dans les villes que dans la campagne.

Les statistiques plus ou moins précises indiquent que moins de 50 % de la population du Brésil est vaccinée contre la fièvre jaune ce qui rend cette épidémie d’autant plus inquiétante. Dans le seul Etat du Minas Gerais (21 millions d’habitants) personne ou presque ne possède de carnet de vaccination et il faudrait en toute sécurité revacciner la plupart des personnes or la pénurie de vaccin aggrave la situation. Seulement 2,8 millions d’individus ont été vaccinés depuis l’apparition des premiers cas de fièvre. Il va sans dire que compte tenu des conditions hospitalières existantes une personne atteinte de fièvre jaune et nécessitant alors une dialyse rénale bi-hebdomadaire est d’ors et déja condamnée à mort.

Que conclure de ces informations alarmantes ? Tout simplement que les pays occidentaux qui disposent des facilités pour produire rapidement le vaccin s’en moquent totalement. les Brésiliens sont des gens pauvres, à quoi bon se soucier de leur santé alors que produire le vaccin contre la fièvre jaune ne rapporte pas d’argent aux multinationales de la pharmacie et alors que ces même pays occidentaux dépensent des centaines de milliards de dollard en armements pour détruire des pays qui ne l’ont jamais demandé. Il y a bien un problème moral planétaire et les Nations-Unies – dont dépend le WHO – sont tout simplement incapables de maintenir la paix ni de se soucier de la santé dans le monde. Normal, cet organisme est aux ordres des USA, le plus grand fauteur de troubles depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Tout simplement écoeurant …

Source : STAT. Illustration : malade souffrant de la fièvre jaune et nécessitant une dialyse rénale.