Le fructose : danger, c’est un poison !

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Depuis plusieurs décennies le fructose, très facilement obtenu à partir de sirop sucré provenant de l’amidon de maïs, est utilisé « à toutes les sauces » par les grands groupes de l’industrie alimentaire qui ont clamé que ce sucre était totalement anodin pour la santé. De nombreux travaux émanant d’une multitude de laboratoires de biologie de par le monde indiquent maintenant clairement qu’il n’en est rien. Le fructose, utilisé en grandes quantités dans les sirops enrichis en ce sucre particulier, les HFCS, est toxique pour la santé pour plusieurs raisons que l’on peut expliquer dans le détail. Le fructose est considéré comme la cause majeure des désordres métaboliques tels que l’obésité et le diabète de type 2. De plus ce sucre favorise le développement de pathologies neurologiques et psychiatriques. L’augmentation des désordres métaboliques est liée à la consommation d’HFCS et son augmentation n’a jamais cessé depuis la fin des années 70. Aujourd’hui 15 % des enfants de moins de 15 ans en Chine souffrent de surpoids.

En étudiant la santé physique et cérébrale de rats et de souris, on s’est aperçu que les acides gras dits omega-3 avaient tendance à atténuer les effets délétères du fructose sur le métabolisme général et par exemple les troubles de la mémoire dépendante de l’hippocampe. Le but d’une étude pilotée par une équipe de biologistes de l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) était de mettre en évidence les effets du fructose sur le métabolisme général commandé par l’hypothalamus et les troubles des facultés cognitives relevant de l’hippocampe et également de préciser l’effet « antidote » d’un acide gras omega-3, l’acide docosahexaènoique (DHA) avec des rats obligés de boire de l’eau sucrée avec du fructose correspondant à environ 2 litres de soda par jour pour une personne pesant 60 kg.

La figure ci-dessous illustre la stratégie expérimentale adoptée au cours de cette étude.

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Le fructose perturbe l’expression des gènes, perturbe également certaines interactions entre protéines cellulaires dont celles impliquées directement dans le transport des métabolites essentiels à la survie des cellules et altère la transcription de l’ADN en ARN messager. Outre le fait que le fructose n’est utilisé par les cellules que pour produire des acides gras qui vont aller s’accumuler dans les tissus adipeux, une sorte de cul-de-sac métabolique, ce sucre produit industriellement pour, à l’origine, échapper à la taxe sur le vulgaire sucre de table issu des betteraves ou de la canne à sucre, est complètement toxique pour l’ensemble de l’organisme tout entier y compris le cerveau ! C’est d’ailleurs ce dernier point qui est le plus terrifiant car les gènes perturbés par le fructose sont directement impliqués dans des pathologies comme la schizophrénie, la maladie de Parkinson et des modifications du comportement telles que la dégradation de la vigilance ou de la mémorisation. Enfin, la régénération des neurones est également impactée.

Si les modèles murins utilisés dans cette étude ne peuvent pas être totalement transposés aux humains, celle-ci indique très clairement le danger que représente le fructose non seulement en ce qui concerne l’apparition des désordres métaboliques (obésité, diabète de type 2) mais également en provoquant un vieillissement prématuré du cerveau. À l’évidence les industriels vont continuer à commercialiser leur poison pour des raisons fiscales en se moquant totalement de la santé de centaines de millions de personnes et du coût que représente pour la société les perturbations métaboliques et les maladies neurodégénératives. L’industrie agro-alimentaire dans son ensemble est donc coupable de crime contre l’humanité et cette étude est là pour le prouver. Quand les gouvernements à qui on a confié aveuglément notre santé vont-ils réagir et ne plus se laisser rouler dans la farine par le puissant lobby des producteurs d’additifs alimentaires et de malbouffe ?

Source (en accès libre) et illustration : http://dx.doi.org/10.1016/j.ebiom.2016.04.008

Note. DNA methylome : modification épigénétiques de l’ADN, Transcriptome : ARNs messagers présents après transcription de l’ADN, GWAS : acronyme de genome-wide association studies ou étude globale de la dynamique de l’expression des gènes, DHA acide docosahexaènoique, Fmod et Bgn : gènes codant pour des transporteurs de la matrice extracellulaire. Ces gènes sont impliqués entre autres fonctions dans la régulation de la teneur sanguine en cholestérol et en triglycérides. Les souris dont ces gènes ont été supprimés (knockout) présentent des pathologies cérébrales liées à ces deux composés. HFCS est l’acronyme de High Fructose Corn Sirup, un additif alimentaire qui devrait être interdit d’urgence.

Le tréhalose, une nouvelle thérapeutique universelle ? Peut-être !

 

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Si vous ne connaissez pas le shiitake, rassurez-vous vous allez en entendre parler. Ce champignon très populaire en Chine mais aussi et surtout au Japon dont les vertus médicinales sont connues depuis des temps immémoriaux fait l’objet de toutes les attentions scientifiques depuis quelques mois. On vient d’identifier quels en sont les bienfaits sur la santé. Outre le fait que le shiitake ( Lentinula edodes ) présente la propriété comme beaucoup d’autres champignons de produire de la vitamine D2 lorsqu’il est exposé au soleil il contient – et c’est là sa particularité – un sucre appelé tréhalose. Le tréhalose, pour remettre les esprits en place, est un disaccharide composé de deux molécules de glucose contrairement au saccharose, le vulgaire sucre de table, de canne ou de betterave, qui est composé d’une molécule de glucose et d’une molécule de fructose. Le tréhalose présente l’immense avantage de contrer l’accumulation dans le foie du fructose qui ne va servir ultérieurement et par un processus métabolique fatal qu’à produire des graisses. C’est la raison pour laquelle les sirops de sucre enrichis en fructose et préparés à partir du maïs sont une aberration alimentaire et ils devraient être interdits.

En lisant deux articles scientifiques parus dans la presse spécialisée, je me suis rendu à l’évidence que le shiitake était riche en tréhalose mais que les levures de bière avec lesquelles je me traite depuis plusieurs années étaient également très riches en ce disaccharide ignoré du grand public pour plus très longtemps. D’abord il y a eu cet article paru dans The Journal of Biological Chemistry en 2006 (voir le DOI) qui montrait clairement que le tréhalose a le pouvoir de détoxifier les cellules dans la mesure où il facilite le recyclage des sous-produits toxiques apparus lors de la mort de ces cellules. Cette propriété, certes observée avec des cellules en culture, constitue un espoir dans le traitement ou la prévention de maladie dégénératives comme les maladies d’Alzheimer ou de Parkinson mais également, comme l’a montré le deuxième article paru récemment dans Science Signaling (voir le DOI) dans la « détoxification » du foie.

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Avec l’alimentation « moderne » et industrielle à laquelle nous ne pouvons plus échapper, notre foie est soumis à rude épreuve. Le foie doit traiter rapidement tous les additifs alimentaires qui sont devenus une norme permettant aux grandes surfaces de pouvoir offrir des mets attrayants aux consommateurs sans que ces derniers soient indisposés et que de surcroit ces préparations présentent des qualités gustatives indéniables sinon personne ne les consommerait, suivez mon regard : il s’agit de préparations surchargées en fructose, en sel et en acides gras partiellement hydrogénés, un cocktail particulièrement toxique. Le foie finit par ne plus pouvoir gérer la situation et il devient « obèse » avant même que la personne ne s’en rende compte. C’est le symptôme du « foie gras » ou en termes médicaux une stéatose. Ce n’est pas une pathologie à prendre à la légère car elle conduit à de graves troubles, dont le diabète de type 2 et une perturbation profonde du métabolisme du cholestérol, pouvant être mortels.

Ce qui se passe avec le foie est presque exemplaire. Cet organe, soumis en permanence à toutes sortes de stress, a la faculté de se régénérer rapidement et c’est sa contribution essentielle à la survie d’un individu. Avec des souris modèles génétiquement modifiées pour développer une stéatose, l’ingestion d’assez fortes quantités de tréhalose a permis de détoxifier rapidement leur foie en réalisant en quelque sorte un retour à la normale en deux à trois semaines. Le tréhalose a freiné l’entrée du glucose et du fructose disponibles. Le glucose est normalement utilisé comme source d’énergie par les cellules hépatiques, mais pas seulement car le foie (comme les muscles) a aussi pour mission de stocker ce glucose sous forme d’un polymère qu’on appelle le glycogène, la grande découverte de Claude Bernard pour la petite histoire. Bref, le tréhalose ralentit l’entrée du glucose dans les cellules hépatiques et accélère par voie de conséquence la mort de celles de ces cellules qui sont déjà mal en point. Et pour les cellules encore en bonne santé, ces dernière sont obligées de puiser dans leurs réserves énergétiques pour continuer à vivre. Elles brûlent leur « carburant fossile », en d’autres termes les graisses qu’elles ont accumulé. Le résultat de ce processus est un nettoyage spectaculaire du foie et une restauration de toutes ses fonctions.

Se goinfrer de tréhalose n’est pas vraiment la solution car nous disposons dans notre intestin de bactéries qui coupent la molécule de tréhalose en deux glucoses. Comment alors pouvoir bénéficier de l’effet mirifique de ce disaccharide qui semble magique ? Les recherches futures déboucheront peut-être sur une molécule qui mime le tréhalose en bloquant en partie l’entrée du glucose dans les hépatocytes mais à l’évidence sans provoquer la mort de cet organe essentiel ni des autres cellules d’autres organes comme le cerveau. Pour l’instant mangez des shiitake sous toutes les formes ne nuira pas à votre santé, administrez-vous des levures fraiches tous les jours comme je le fais moi-même, un traitement qui revient à 10 centimes d’euros par jour, ce n’est pas mal non plus, et enfin abstenez vous de consommer des plats cuisinés industriels, y compris des confiseries, qui contiennent des huiles végétales hydrogénées et des quantités astronomiques de fructose, des ingrédients qui accélèrent la sénescence des cellules et non pas seulement celles du foie mais également de tout l’organisme, y compris les neurones …

JBC DOI : 10.1074/jbc.M609532200 , Science Signaling : 10.1126/scisignal.aac5472

La fin prochaine de la malbouffe industrielle ?

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La FDA américaine a finalement admis que les « trans-fat » ou acides gras « trans » apparaissant lors de l’hydrogénation des graisses végétales pour fabriquer par exemple de la margarine qui ne rancit pas sont mauvaises pour la santé. Dans trois ans ces produits industriels contre nature seront définitivement interdits, du moins sur le territoire américain. L’Europe traine encore les pieds car les écologistes dont le rôle devrait pourtant être de se pencher sur ce grave problème s’occupent plus de politique et d’autres sornettes que de la santé des consommateurs. L’EFSA (European Food Safety Authority) publie des documents, certes, mais il semble que la santé des consommateurs ne soit pas sa préoccupation première. Ce sont les OGMs et l’étiquetage des denrées alimentaires qui préoccupe ces fonctionnaires qui au final ne servent pas à grand-chose. On est d’ailleurs étonné de l’inertie de cette administration comprenant une multitude de comités et de « task-forces » dédiées à des problèmes secondaires alors que les vrais sujets sont mis de côté. Et ce n’est pas un hasard car comme la plupart des institutions européennes l’EFSA est soumise au lobbying incessant des géants du secteur agroalimentaire. Aller obliger par une directive administrative un producteur industriel de beurre de cacahuète à ne plus commercialiser que le produit non hydrogéné, il répondra que c’est impossible car en 48 heures son produit sentira tellement mauvais qu’il sera devenu immangeable et il rétorquera au législateur que c’est pour cette raison que le beurre de cacahuète est hydrogéné, peu importe la santé du consommateur.

L’industrie agro-alimentaire entre les mains de gigantesques multinationales a fait en sorte que le consommateur soit satisfait par un produit quel qu’il soit comme les doughnuts par exemple. Si cette pâtisserie était fabriquée avec des graisses non hydrogénées, beurre ou graisses animales, il faudrait la vendre le jour de sa fabrication or c’est tout simplement impossible ! Des milliers d’aliments industriels préparés avec des acides gras « trans » peuvent séjourner plusieurs jours sur les linéaires des supermarchés et effectuer un retour en arrière pour préserver la santé des consommateurs semble irréaliste tant les habitudes des industriels mais aussi des consommateurs ont rendu ces produits irremplaçables … et il y en a des milliers !

Et il n’y a pas que les acides gras trans, le cas du sirop de maïs enrichi en fructose est presque caricatural car ce produit est infiniment moins coûteux que le sucre de betterave ou de canne et à l’abri de la fluctuation des cours de ces deux cultures car le maïs est la première céréale en volume produite dans le monde. La production industrielle à grande échelle de sirop de maïs consiste à effectuer des traitements enzymatiques du sucre après hydrolyse acide de l’amidon et il existe deux qualités de sirop, le grade 42 et le grade 55 correspondant aux pourcentages de fructose effectivement présent dans le mélange. Les raisons justifiant cette production industrielle contre nature sont de deux ordres : manipuler un sucre liquide plutôt que cristallisé est plus simple industriellement et le pouvoir sucrant du mélange est 1,5 fois plus élevé que celui du sucre de canne ou de betterave. Or comme pour les acides gras trans qui sont l’une des causes premières d’inflammations en particulier des artères, le fructose est un puissant perturbateur de la régulation de la glycémie, d’une part, et du métabolisme des graisses d’autre part car le fructose ne peut être avantageusement métabolisé que pour la synthèse d’acides gras.

On est devant un cocktail mortel quand une préparation industrielle contient ces deux vrais poisons que constituent les acides gras « trans » et le sirop de maïs pour la plus grande satisfaction des papilles gustatives mais pas du tout pour la santé de l’organisme. L’émergence industrielle des huiles hydrogénées fut favorisée par une campagne publicitaire à la limite de l’honnêteté qui prétendait que les acides gras insaturés étaient nocifs pour les artères, or l’effet des acides gras trans est exactement le contraire de celui dont on incriminait les acides gras insaturés : augmentation des triglycérides et du « mauvais » cholestérol dans le sang ! Il aura fallu exactement 12 ans pour que la FDA et l’EFSA lancent une alerte qui ne sera effectivement respectée qu’en 2018. Combien de personnes sont mortes d’accidents coronariens depuis la fin des années 50 et l’apparition des premières margarines, substituts bon marché du beurre ? C’est une bonne question à laquelle personne n’osera répondre.

Ce que l’on peut dire de cette histoire est que la science louvoie et oscille entre ce qui semble être deux extrêmes : tout est bon ou tout est mauvais. La science bio-médicale n’est pas une discipline figée mais elle évolue avec la sophistication des moyens modernes d’investigation. La nutrition est devenue une discipline scientifique à part entière et il est donc nécessaire de faire évoluer les (mauvaises) habitudes prises par le consommateur sous l’impulsion implacable du marketing organisé par les industriels de la malbouffe. Le corps médical insiste sur le fait que pour préserver sa santé il faut varier la nourriture et se nourrir modérément mais aussi et surtout revenir à une nourriture plus saine qu’on prépare à la maison avec des ingrédients traditionnels. Bon appétit !

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Note : depuis le début des années 2000 la consommation de sirop de maïs a légèrement diminué aux USA et celle de sucre de table (betterave ou canne) augmenté. Pour ce qui concerne les sirops de maïs (HFCS) cette diminution n’est pas un effet direct des régulations de la FDA mais une utilisation du maïs pour produire de l’éthanol qui est incorporé à raison de 10 % dans de nombreux véhicules automobiles selon les régulations mises en place :

Source : Science News

Le fructose de la junk-food (malbouffe) responsable de l’obésité !

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Une brève communication de l’American College of Neuropsychopharmacology vient de jeter un gros pavé dans la mare bien glauque de l’industrie agro-alimentaire malgré le fait que l’étude réalisée à l’Université de Californie du Sud ne portait que sur 24 personnes, femmes et hommes âgés de 16 à 25 ans. On a fait boire à ces volontaires un grand verre d’eau sucrée mais pas sucrée n’importe comment : soit avec du glucose soit avec du fructose. Puis on leur a montré des images de mets appétissants tout en suivant l’activité de leur cerveau par imagerie fonctionnelle en résonance magnétique. Le résultat est tombé presque comme un couperet : le glucose provoque une sensation de satiété alors qu’il n’en est pas de même pour le fructose. Cette sensation a été suivie par imagerie au niveau du noyau accumbens, une partie essentielle du circuit cérébral de la récompense. Non seulement le fructose diminue le taux de circulation de la leptine, l’hormone de la satiété, mais il accroit la réponse du cerveau au désir de se nourrir tel que l’imagerie fonctionnelle a pu le montrer avec l’activation de ce noyau accumbens ce qui n’est pas le cas pour le glucose.

Le glucose est la première source d’énergie du cerveau et si l’organisme n’a pas le temps de prendre en charge le fructose ajouté à de nombreux aliments sous forme de sirop de maïs enrichi en ce sucre, car son pouvoir sucrant est supérieur à celui du glucose, alors il atteint le cerveau. En effet, le processus de métabolisation du fructose n’est pas immédiat et son ingestion massive et artificielle va perturber la réponse du cerveau et l’envie de se nourrir devient alors compulsive et incontrôlable. Depuis l’introduction de cet « additif » alimentaire peu coûteux, moins taxé que le sucre de betterave ou de canne et qui fait la joie des sociétés impliquées dans la production d’aliments industriels en tous genres, depuis les plats pré-cuisinés jusqu’à toutes sortes de pâtisseries qu’il est inutile d’énumérer ici à nouveau a tout simplement résulté en une véritable épidémie de surpoids et d’obésité. Ces industriels de l’alimentation, de la « junk-food » ou de la confiserie industrielle sont des criminels qui sont entièrement responsables de ces fléaux que constituent le surpoids et l’obésité avec leurs cortèges de pathologies associées.

Les résultats de cette étude corroborent ceux obtenus avec des rats à qui on injectait directement au niveau du cerveau du fructose et dont on observait ensuite le comportement alimentaire. Outre son effet sur le noyau accumbens le glucose réduit l’activité de l’hypothalamus alors que ce n’est pas le cas du fructose. Tous ces éléments concourent à désigner le fructose comme le principal responsable de l’obésité, phénomène préoccupant dans de nombreux pays de l’OCDE et par voie de conséquent à désigner les industriels de l’alimentation comme coupables d’intoxiquer des centaines de millions de personnes. Il est inutile de chercher plus avant d’autres causes à l’obésité et au surpoids comme par exemple une flore intestinale modifiée ou une origine génétique, ce ne sera qu’une perte de temps …

Source : acpn.org, illustration : nucleus accumbens (Wikipedia)

Fructose ? Il vaut mieux s’abstenir

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Comme je l’expliquais dans un précédent billet sur le diabète de type II, l’insuline agit à plusieurs niveaux dans l’organisme (voir lien en fin de billet). D’abord dans le foie et les muscles en activant la production de glycogène à partir du glucose pour constituer une réserve d’énergie disponible plus tard pour un effort musculaire, par exemple, ou encore une demande d’énergie du cerveau qui se nourrit presque exclusivement de glucose. L’autre rôle de l’insuline est de réguler une autre méthode cellulaire de stockage de l’énergie en fabricant des acides gras à partir du glucose en dégradant la molécule de glucose, processus qui est universellement utilisé par les cellules car il produit de l’énergie, puis en utilisant le résidu ultime de cette voie d’oxydation, le pyruvate, pour produire des acides gras. Les acides gras ont l’avantage de stocker beaucoup plus d’énergie que le glucose dans le même volume. A côté de l’insuline, une autre hormone peptidique appelée leptine et sécrétée par les tissus adipeux n’a pas de fonction directe sur le métabolisme cellulaire comme l’insuline, encore que l’insuline agit à l’aide de signaux secondaires dans la cellule, mais envoie un signal au cerveau (hypothalamus et hippocampe) pour lui dire que « c’est bon, j’ai assez mangé, je suis rassasié ».

L’obésité, la maladie dévastatrice de ces dernières décennies est un syndrome tellement complexe que les scientifiques sont partagés quant à ses causes primaires. Certes l’insuline et la leptine y jouent un rôle central mais celui-ci est encore controversé. Il en est de même du diabète de type II très souvent lié à l’obésité. Or ces deux pathologies sont liées et l’une des hypothèses est que l’insuline contribuerait au développement de l’obésité en rendant le cerveau insensible à la leptine. Mais la situation dévastatrice, selon cette hypothèse, s’auto-entretient puisque l’insuline signale au tissu adipeux de transformer le surplus de glucose en acides gras et comme le taux de leptine dans le sang dépend directement de la masse du tissu adipeux, alors le cycle infernal se met à fonctionner avec à la clé obésité et diabète et des taux d’insuline extravagants puisque, comme un fait exprès, le foie ne répond plus aux signaux de l’insuline.

Déjà en 2002 des biologistes ont tiré la sonnette d’alarme en incriminant le fructose (voir infra) car ce sucre n’induit pas la sécrétion d’insuline dans le pancréas or la production de leptine dépend étroitement du taux d’insuline sanguin pour la régulation de l’homéostase énergétique de l’organisme, par conséquent le fructose abaisse également ce taux de leptine. Comme pour en rajouter une couche, le fructose est immédiatement pris en charge dans le foie pour produire du pyruvate, le précurseur des acides gras, d’où les conséquences visibles à l’oeil nu que sont le surpoids et l’obésité, mais pire encore le diabète de type II.

En 2005, nouveau coup de semonce ( http://www.nutritionandmetabolism.com/content/2/1/5 ) mais sans grands résultats au niveau de l’utilisation du fructose dans tellement de préparations alimentaires industrielles qu’il est devenu presque impossible d’y échapper. Juste un bref aperçu parmi les milliers de préparations culinaires contenant du fructose ou du sirop de maïs enrichi en fructose : sodas, ketchup, sauces de salade, mayonnaise, jus de fruits, pain, céréales du petit déjeuner, hamburgers, chips, barres de protéines, confiseries, pâtisseries, glaces et sorbets, … et même cigarettes !

( http://www.care2.com/greenliving/high-fructose-corn-syrup-that-sweet-sweet-bully.html# )

Juste un mot au sujet du fructose. C’est l’un des constituants avec le glucose du sucre de canne ou de betterave. Pourquoi plus de 250000 tonnes de fructose sont produits chaque année aux USA à partir de sirop de maïs, tout simplement parce que son pouvoir sucrant est 1,7 fois plus élevé que le sucre de table. Mais le fructose est aussi un édulcorant du goût et c’est la raison pour laquelle il est ajouté aux hamburgers ! La consommation de fructose a augmenté de 1000 % entre 1970 et 1990, entre 1909 et 1997, la consommation de sucres (en tous genres) a augmenté de 86 %. Plus spécifiquement, les sucres issus du sirop de maïs contenant jusqu’à 90 % de fructose représentent plus de 20 % du total des carbohydrates consommés chaque jour, soit une augmentation depuis 1970 de 2100 % !!! Une seule canette d’une boisson genre coca-cola représente en sucres (surtout du fructose) ce qui est préconisé par le corps médical par jour (au plus 85 grammes) !

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Toutes les études sur l’animal convergent pour affirmer que l’abus de fructose conduit à un déséquilibre de l’homéostase énergétique en dérégulant la synthèse du glycogène (diabète) et en forçant la synthèse d’acides gras (prise de poids) car le fructose agit sur l’une des étapes clés de la régulation du métabolisme du glucose, nommément la phosphofructokinase, un enzyme contrôlant l’ensemble de la glycolyse puisque son action est irréversible ( http://en.wikipedia.org/wiki/Glycolytic_pathway ) et surcharger le foie en fructose qui est pris en charge par un autre enzyme, une kinase, perturbe la glycolyse en ce sens que le fructose, phosphorylé en position 1, contourne l’étape régulatrice constituée par la phosphofructokinase. Dès lors non seulement le foie ne remplit plus sa fonction de stockage d’énergie sous forme de glycogène, mais de plus glucose et fructose ne servent plus qu’à synthétiser des tryglycérides.

Pourtant, personne ne semble s’étonner de cette situation catastrophique et les grandes firmes, essentiellement nord-américaines, de l’agroalimentaire continuent à inonder le marché des plats cuisinés et des boissons avec du fructose. Il est vrai que s’attaquer au lobby hyper-puissant des producteurs de maïs et des transformateurs, aux USA la Corn Refiners Association comme par hasard basée à Washington qui comprend parmi ses membres Cargill, Archer, Tate&Lyle ou encore Roquette, relève du défi. Chaque fois qu’une publication scientifique sérieuse révèle la nocivité du fructose sur la santé, cette association occupe immédiatement le devant de la scène pour défendre ses intérêts (des dizaines de milliards de dollars chaque année) quitte à poursuivre devant la justice d’honnêtes biologistes. Car pour cette association le sirop de maïs est un produit naturel, sauf que notre organisme n’est pas équipé pour le prendre en charge sans dommages sérieux pour la santé. Et comme pour boucler le pouvoir abusif de cette association, le Congrès américain a fait passer des lois qui protègent les producteurs de maïs américains en taxant le sucre issu d’autres cultures comme la betterave ou la canne. 

https://jacqueshenry.wordpress.com/2013/12/27/diabete-de-type-ii-une-lueur-despoir/

Dans la rubrique malbouffe : fructose et Chicken-Nuggets

Dans la rubrique malbouffe, on n’est jamais en manque d’informations d’autant plus que les problèmes sociétaux provenant de l’épidémie d’obésité amplifient la prise de conscience des décideurs comme par exemple l’Agence Européenne de la Sécurité Alimentaire (EFSA), un organisme typiquement indépendant qui décide de ce qui est bon ou mauvais pour la santé des citoyens européens sur lesquels elle veille comme une poule veille sur ses poussins. Las ! Les méchants lobbyistes des grosses firmes de l’agro-alimentaire sont là, dans les couloirs et les petites salles de réunion des institutions européennes de Bruxelles, pour rappeler à l’EFSA qu’il ne faut pas trop en faire en usant du chantage à l’emploi, l’argument massue pour convaincre ces bureaucrates que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes de la santé. C’est grâce à l’EFSA qu’on peut se rassurer en lisant les étiquetages des denrées alimentaires d’origine industrielle les indications du genre « meilleur avant … voir la date sur le fond de la barquette » qui obligent les grandes et petites surfaces à jeter jusqu’à 40 % des produits alimentaires encore parfaitement comestibles et sans danger pour la santé. Bref, tout est organisé entre les industriels de la malbouffe et les bureaucrates de Bruxelles pour que le chaland soit rassuré et continue à s’intoxiquer les yeux fermés et en toute confiance. Le cas du fructose est typique de cet état de choses. Le fructose est un agent sucrant plus puissant que le sucre de table, lui-même composé d’une molécule de glucose liée à une molécule de fructose. Le fructose est produit industriellement à partir du jus sucré obtenu par hydrolyse de l’amidon de maïs, on appelle ça le sirop de maïs, le sale truc dont on recouvre les pâtisseries à grands coups de pinceaux pour qu’elles se conservent plus longtemps sans se dessécher. Et pour faire mieux encore, on rajoute du fructose purifié à ce sirop pour qu’il soit encore plus sucrant. Là où les choses se compliquent un peu (beaucoup) c’est que les diabétiques sont contents parce que le fructose n’a que peu d’effets sur la glycémie sanguine et sur le taux d’insuline. Mais c’est un leurre métabolique car ce fructose est péniblement dégradé pour une petite partie dans le foie pour aboutir à la production d’acides gras et en grande partie rejeté dans les selles et l’urine. C’est sur la base de cette observation incomplète que les grands groupes industriels de l’agro-alimentaire ont mis le fructose en avant pour une utilisation quasi généralisée dans une multitude de produits alimentaires. C’était ignorer que pour supporter des quantités artificiellement massives de fructose, il faut être en bonne santé, c’est-à-dire ni diabétique, ni obèse, ni sujet à des problèmes d’artères ou de cœur. Dans le cas contraire, en particulier pour les diabétiques, c’est une catastrophe car le fructose est alors beaucoup plus rapidement transformé en graisses dans le foie, aggravant la prise de poids et les problèmes coronariens pour ne citer que ceux-là. L’EFSA a donc autorisé l’enrichissement en fructose d’une multitude de produits industriels de manière criminelle, oui ! Ces bureaucrates de Bruxelles à la solde des grands groupes industriels sont des criminels qui ont pris des décisions basées sur des résultats scientifiques biaisés pourtant régulièrement remis en cause par de nombreux nutritionnistes et équipes de biologistes sans pour autant revoir leur copie favorable aux industriels … (Illustration : The Guardian)

Fructose Lustig

 

Venons-en au produit phare des fast-food, le « Chicken-Nugget », littéralement la pépite de poulet ! J’ai rencontré un jour un chercheur d’or dans l’out-back australien qui avait trouvé avec un vieux détecteur de métaux des surplus de l’armée une pépite d’or grosse comme mon pouce et qui avait payé une tournée de Four X Heavy à tous les consommateurs du bar du petit hôtel où je me trouvais ce jour-là. Je précise à mes lecteurs que la Four X Heavy est un genre de bière type Guinness revue et corrigée à la mode australienne et réservée exclusivement aux buveurs de bière avertis. Mais revenons aux « Chicken-Nuggets » si prisés des enfants et des adultes après les avoir enduit d’une sauce totalement industrielle dont je tairai les ingrédients car ce n’est pas l’objet de ce présent billet. Le Docteur Richard deShazo de l’Université du Mississippi a voulu en avoir le cœur net et a examiné en détail ces petits bouts garantis pur poulet « élevé au grand air et nourri exclusivement avec des produits bio », mais c’est bien sûr, plus la publicité est mensongère, plus les ventes augmentent. Ce professeur de médecine pédiatrique a autopsié des Chicken-Nuggets et mis des coupes de ces bouts de poulets sous son microscope et il a été plutôt horrifié (voir la photo, source Université du Mississippi) de constater qu’on trouve de tout et pas que de la viande, du muscle si on veut. Comment sont fabriqués (industriellement) les Chicken-Nuggets, telle est la question. Les poulets sont traités industriellement. Les parties du poulet qui ne nécessitent pas de valorisation, les cuisses, les ailes et les filets de « blanc » sont séparés du reste du poulet, traités avec des conservateurs, ensachés sous vide, congelés et expédiés aux grossistes. La carcasse est alors soumise à des traitements chimiques et enzymatiques pour qu’il ne reste en bout de chaine que des os d’un côté et un magma informe d’un autre côté qui va servir à préparer ces bouts de viande pompeusement appelés pépites. Ce magma contenant des bouts d’os, des résidus d’intestin, de viscères et de peau, mais dont la teneur en protéines musculaires n’atteint que rarement 40 % est retraité à l’aide d’adjuvants, du sel, du fructose (vous avez bien lu, ce n’est pas une faute de copié-collé) et du glutamate (mono-sodium-glutamate ou MSG) pour amplifier le goût et d’autres enzymes pour en faire un semblant de morceau de viande de poulet dont l’aspect sera soigneusement dissimulé à l’aide d’un enrobage de composition ultra-secrète pudiquement appelé panure en français pour être frit sans trop retenir d’huile afin de préserver la santé des consommateurs. Et le tour est joué. Il faut ajouter que le résidu de carcasse impropre à la consommation est mélangé aux plumes et transformé en granulés pour nourrir les poissons et les crevettes d’élevage.

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Comme aurait dit Lavoisier, rien ne se perd, tout se transforme. Pourquoi on appelle ces infâmes trucs dont les enfants raffolent des pépites, tout simplement parce qu’on réalise des profits mirobolants, sans aller perdre son temps avec un détecteur de métaux, avec de la merde qui contient au final dans votre barquette en carton, restez assis, 56 % de graisses, 25 % de sucres et 19 % de protéines, c’est une moyenne mais ça fait tout de même peur.

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Conclusion : Bon appétit …   

Oui l’obésité est contagieuse !

Hier, l’AMA a décrété que l’obésité était une maladie mais n’a rien statué à propos de sa contagiosité. Pourtant ces doctes représentants du monde médical américain avaient dans leurs dossiers, outre les documents des grandes firmes pharmaceutiques prêtes à mettre sur le marché de nouvelles substances anorexigènes, glucophagiques ou hypocholestérolémiantes, tant qu’à faire on peut inventer des mots de toute pièce pour refléter la créativité des chimistes devant « l’épidémie » déclarée d’obésité car il y a des dizaines de milliards de dollars à engranger promptement, des publications scientifiques relatives aux effets de la malbouffe sur l’occurrence de l’obésité, et il y en a des milliers dont les résultats crèvent les yeux. Bref, tout ça pour signaler tout de même un oubli fâcheux de ces pontes au service de l’industrie pharmaceutique et du puissant lobby des producteurs de maïs.

Une équipe de biologistes du Wake Forest Baptist Medical Center à Winston Salem en Caroline du Nord a voulu en avoir le cœur net à propos du fructose, l’un des additifs alimentaires les plus utilisés aux … USA, justement le pays où l’obésité constitue un grave problème économique et sociétal. Le fructose est le principal constituant du sirop de maïs, ce jus sucré dont on tartine les pâtisseries, qu’on ajoute dans des sauces variées comme le ketchup (oui, c’est vrai) ou la mayonnaise industrielle, les hamburgers (mais c’est vrai aussi), les barres chocolatées, les yaourts, les soupes prêtes à l’emploi et aussi les céréales qu’on déguste dans du lait ou un yaourt au petit déjeuner sans oublier les boissons gazeuses pétillantes au nom bien connu. Je signale à mes lecteurs que tout ce que je viens d’énumérer est proscrit par décision personnelle de mon alimentation quotidienne. Cette équipe de biologistes a fait une expérience très concluante sur des singes, un groupe de singes avait une alimentation normale et un autre groupe une alimentation enrichie en fructose. Les singes avaient été choisis de telle manière qu’ils aient le même âge, la même corpulence et des poids sensiblement identiques afin de procéder à des comparaisons respectant les critères de l’honnêteté élémentaire. Le premier groupe de singes pouvait manger toute la nourriture qu’il voulait, comme le second et leur état de santé fut suivi pendant 7 ans. La seule différence entre les deux groupes résidait dans le seul fait que les carbohydrates du groupe témoin étaient remplacés par du fructose à concurrence de 24 % pour l’autre groupe, le régime alimentaire du groupe témoin ne contenant que 0,5 % du total des sucres en fructose. Toute une série de marqueurs et de paramètres sanguins furent contrôlés durant l’étude ainsi que des biopsies et des analyses des selles. L’étude montra que la flore bactérienne intestinale n’était pas notoirement modifiée mais qu’un nombre significatif de singes alimenté avec un régime enrichi en fructose souffrait de pancréatite bactérienne (endotoxémie), comme si les bactéries pouvaient remonter jusqu’au foie plus facilement que pour le groupe témoin. Associée à ces pancréatites, les chercheurs ont aussi noté des stéatoses ou accumulations de graisses dans le tissu hépatique, une pléthore mésentérique accrue et une forte occurrence de diabète de type 2. On a donc mis le doigt sur l’un des facteurs de l’apparition de l’obésité et de ses conséquences. Certes il y a du fructose dans le miel, les fruits et certains légumes comme les tomates et bien sûr dans le sucre de table, mais enrichir volontairement en fructose un sirop devenu au fil des années l’additif alimentaire le plus important en volume seulement pour augmenter son pouvoir sucrant est une hérésie qui a apparemment échappé aux sages de l’AMA.

Donc, le sirop de maïs enrichi en fructose transmet l’obésité, comme les puces transmettaient la peste. En poursuivant ce sophisme on peut donc dire que l’obésité est une maladie contagieuse (et ça s’attrape surtout dans les temples de la malbouffe que je ne nommerai pas).

Source : American Journal of Clinical Nutrition

L’épidémie d’obésité. Tentative d’explication

L’obésité, la maladie de ce nouveau siècle qui a commencé bien avant le premier janvier 2000 coûte au système de protection social américain la bagatelle de 120 milliards d’euros par an. Il n’y a pas de données précises pour le coût de l’obésité en France puisqu’il ne s’agit pas encore d’un mal national comme cela le devient en Espagne. L’ »épidémie » d’obésité est alarmante également en Grande-Bretagne et au Moyen-Orient. La recherche médicale est donc très active dans ce domaine pour les raisons financières évoquées plus haut.

Il y a deux explications à l’obésité : trop manger et un dérèglement hormonal. Trop manger peut provenir d’un mauvais signal du cerveau qui ne détecte pas ou mal la sensation de satiété, de faim ou d’appétit et dans ce cas on mange trop mais pourquoi le tissu adipeux, un des rares tissus du corps humain a posséder la faculté de grossir, met en réserve des graisses, deux questions apparemment liées mais qui en fait ne le sont pas. On a cru au début des années 60 avec la découverte de l’insuline que l’on pourrait expliquer aisément l’apparition de l’obésité chez un individu quelconque puisque l’insuline, outre le fait qu’elle régule le métabolisme du sucre, régule également le processus d’accumulation des graisses dans les cellules adipeuses. Le taux d’insuline sanguin croit quand on ingère des sucres sous quelque forme que ce soit et l’énergie en surplus que représentent ces sucres est alors stockée sous forme de graisses si la réserve de glycogène a atteint son maximum. C’est un peu compliqué mais le foie stocke le glucose sous forme d’un polymère, le glycogène, pour une utilisation ultérieure et la partition entre sucres sous forme de glycogène et graisses stockées dans les adipocytes est commandée par l’insuline. Je rappèle à mes lecteurs assidus que les graisses sont en grande partie synthétisées à partir de sucres et les graisses ingérées dans notre nourriture sont pour la plupart brûlées pour produire de l’énergie sous forme de sucre. C’est paradoxal mais c’est ainsi pour de simples raisons de régulation métabolique.

Enfin, une autre hypothèse plus simpliste est un dérèglement de la balance calorique auto-induite. Je m’explique pour mes lecteurs en surpoids qui refuseraient de comprendre. Quand on est en surpoids, on dépense plus d’énergie pour se déplacer, pour respirer, pour lacer ses chaussures, que sais-je encore. Essayez de vous déplacer pendant une journée entière avec un pack de 9 litres d’eau minérale dans chaque main, vous aurez vite faim ! Cette dépense d’énergie conduit donc à la sensation de faim et on mange plus qu’il ne faudrait, d’où cette conclusion (simpliste mais bien réelle) qui prétend que le surpoids induit automatiquement l’apparition de l’obésité.

En réalité, toutes les études réalisées sur les régimes à faibles calories, peu de sucres, ou peu de graisses – ou plutôt peu de sucres et des bonnes graisses comme l’huile d’olive vierge – et la combinaison d’exercices physiques ne sont pas concluantes en elles-mêmes probablement parce que l’apparition de l’obésité est multifactorielle et ses conséquences les plus connues, le diabète de type II et les maladies cardiovasculaires n’en sont qu’une manifestation secondaire. Parmi les facteurs strictement nutritionnels qui peuvent être évoqués il y a l’abus de sucres et en particulier de fructose, l’abus de graisses hydrogénées ou partiellement hydrogénées, deux constituants entrant communément dans la composition des plats industriels, des confiseries et de diverses boissons pétillantes ou non que je ne nommerai pas ici. Les facteurs psychologiques jouent également un rôle, le mal-être ou la dépression, le stress peuvent conduire à être rattrapés par un abus de nourriture, souvent de mauvaise qualité et contenant les ingrédients cités plus haut. Enfin, la sédentarisation et le manque d’exercice physique sont des facteurs favorisant la prise de poids. Mais pour chaque individu le tableau est différent et en dehors d’une prédisposition avérée, familiale ou hormonale (thyroïde notamment), le surpoids et l’obésité sont le résultat de plusieurs facteurs défavorables qui, combinés, aboutissent à cette pathologie. J’ai parlé de cette étude faite à Cuba il y a quelques jours sur mon blog, trop manger est une des premières causes d’apparition du surpoids, mais manger mieux est une des premières précautions à prendre.

Bon appétit.

 

Source : British Medical Journal 

 

La malbouffe est cernée par l’IRM !

 

 

J’avais dans un précédent billet de mon blog signalé l’usage délétère des sirops de maïs enrichis en fructose dans de nombreuses préparations industrielles du genre pâtisseries, pizzas surgelées, glaces et autres barres chocolatées ou des œufs Kinder pour le pas les nommer. Pourquoi du sirop de maïs enrichi en fructose ? Tout simplement pour inhiber la sensation de satiété, tout en favorisant celle opposée d’appétit et de faim. On ne savait pas trop comment fonctionne ce sirop mais des chercheurs de la Yale University School of Medicine viennet d’apporter quelques éclaircissements en procédant à des études par résonance magnétique fonctionnelle sur le cerveau et en particulier sur l’hypothalamus, là où tout se passe !

Ils ont fait boire de l’eau glucosée ou de l’eau « fructosée » à des volontaires sains et se sont aperçu par IRM fonctionnelle que le glucose inhibait sensiblement et significativement la circulation sanguine au niveau de l’hypothalamus (ainsi que de l’insula et du striatum) induisant alors la sensation de satiété en comparaison de l’effet observé avec le fructose qui ne conduisait pas à cette inhibition, d’où l’envie de continuer à manger n’importe quoi …

Or, et c’est là le côté paradoxal du business agroalimentaire, les soit-disant coupe-faim comme les barres chocolatées contiennent des quantités extravagantes de fructose (et d’autres poisons comme des acides gras hydrogénés ou partiellement hydrogénés) et se vendent beaucoup mieux puisque le consommateur ne ressent pas immédiatement cette sensation de satiété qu’il recherchait pourtant initialement. On nage donc dans le paradoxe et l’horreur puisque l’utilisation à des fins mercantiles du fructose conduit à l’obésité de manière imparable. L’obésité est devenue la première cause de morbidité aux USA, facile à comprendre puisque ce sont justement les grandes compagnies agro-alimentaires américaines qui sont les premiers producteurs de fructose. Mais il est peu probable que ces résultats obtenus de manière élégante leur donne mauvaise conscience.

Juste pour illustrer mon propos, lors de mon dernier voyage en avion entre Madrid et Tenerife, ma voisine, à la forte corpulence pour ne pas dire pathologiquement obèse, a acheté deux paquets de Twix qu’elle a engouffré avec une rapidité surprenante. Quand l’hôtesse est repassée avec son petit chariot, elle en a racheté deux autres paquets, de quoi personnellement me rendre durablement malade. Voilà une autre illustration des résultats obtenus par imagerie fonctionnelle.

 

Source : JAMA