Politique fiction. Les Européens ont creusé leur tombe

J’ai toujours été fasciné par la justesse des analyses de Paul Craig Roberts et j’ai retrouvé sur mon blog la traduction par mes soins de ses articles parus après les évènements de Maïdan. Il faut les relire aujourd’hui dans le contexte géopolitique actuel pour mieux comprendre que les pays européens ont décidé précisément le contraire : refuser de comprendre ce qui les attend au terme du conflit ukrainien (liens en fin de billet). Les Européens ont creusé leur tombe en obéissant aux ordres de Washington et la preuve la plus évidente de ce renoncement à leur souveraineté est la totale absence de réaction tant de l’Allemagne que de la France devant le sabotage délibéré des gazoducs Nord-Stream par les Américains avec une aide anecdotique de la Norvège qui avait néanmoins un intérêt à profiter de l’augmentation des cours du gaz pour réaliser quelques profits supplémentaires avec celui qu’elle extrait et vend.

Le rapprochement sino-russe est maintenant acté, rapprochement catalysé par l’attitude hégémonique agressive des Etats-Unis. Les évènements d’Ukraine ont révélé ce rapprochement et il est maintenant tout à fait clair que les USA ne pourront pas agir contre la Chine, soutenue maintenant par la Russie qui dispose du plus grand arsenal nucléaire et de vecteurs supersoniques imparables. La donne a changé et les Européens n’ont toujours pas réalisé que leur simple survie ne dépend plus des Américains mais d’eux-mêmes. Avant le sabotage des gazoducs et la prise de Marioupol par les forces armées du Donbass appuyées par l’armée russe il était encore temps pour les Européens de décider de leur propre chef des négociations de paix. L’opportunité n’a pas été saisie et les Européens ont préféré continuer à creuser leur tombe.

La Russie sortira victorieuse de ce conflit, elle ne peut pas se permettre le contraire car il s’agit de son existence. L’Europe sera la première victime et n’aura plus qu’à mourir lentement, sa tombe est déjà creusée ! Il n’est pas certain que la Russie aille jusqu’à Odessa en rejoignant ainsi la Transnistrie mais les négociations de paix seront douloureuses aussi pour l’Ukraine. Ce pays a déjà perdu plus de 12 millions d’habitants, il perdra aussi de nombreux territoires revendiqués par la Pologne, la Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie et incluant naturellement les trois Républiques du Donbass russophone qui ont demandé leur rattachement à la Fédération de Russie. La Moldavie pourrait également être perdante dans ces négociations puisque la Roumanie revendiquera jusqu’à une partie de la Bessarabie. Quant au problème de la Transnistrie et de la Moldavie il y aura beaucoup de problèmes déroutants à résoudre. Les diplomates auront fort à faire car la situation est très complexe ethniquement, linguistiquement et religieusement parlant.

Un préalable absolu devra être le respect du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes qui est inscrit dans la Charte des Nations-Unies, droit qui n’a pas été respecté à la suite des consultations populaires de Crimée et des Oblasts du Donbass. Il est possible d’ailleurs que les Etats-Unis ne soient pas invités à ces négociations puisqu’elles ne concerneront que les pays riverains de l’actuelle Ukraine.

Les conséquences de la fin du conflit ukrainien auront sans aucun doute des conséquences internationales que je ne vais que mentionner, selon mon point de vue qui est naturellement fictif ci-après : dissolution de l’OTAN, disparition de l’hégémonie du dollar, retour à un système monétaire international adossé sur l’or et non sur la dette américaine qui pénalise tous les pays du monde, possible démilitarisation de l’Europe avec des accords solides de non-agression avec la Chine et la Russie, repliement des Etats-Unis qui pourront enfin s’occuper de leurs affaires intérieures déliquescentes, démilitarisation de ce qui restera de l’Ukraine, révision du statut de l’Organisation des Nations-Unies, et peut-être finalement une décision unanime de tous les pays nucléarisés de détruire définitivement leurs arsenaux nucléaires. J’ai encore le droit de rêver et d’exprimer mon opinion … 

https://jacqueshenry.wordpress.com/2015/05/16/le-point-de-vue-geopolitique-de-paul-craig-roberts-pas-rejouissant/ et https://jacqueshenry.wordpress.com/2018/03/30/billet-dhumeur-geopolitique-le-poker-menteur-des-3-grands/

Lire aussi l’article de Yannick Colleu paru sur le site Réseau International :https://reseauinternational.net/en-route-vers-un-nouvel-ordre-monetaire/ et voir ce documentaire : https://www.youtube.com/watch?v=zsYQovhPugs&ab_channel=MoneyRadar

Que se passe-t-il en Turquie ? Et que va-t-il se passer dans le monde ?

Depuis plusieurs années la Turquie, membre très important de l ‘OTAN, la plus importante armée et une population supérieure à celle de l’Allemagne, subit des attaques de la part du bras séculier de l’Oncle Sam, si on peut dire les choses ainsi, c’est-à-dire Wall Street et la City. La lire turque est attaquée sur les marchés car, ne voulant pas sanctionner directement le pays, les Etats-Unis n’ont trouvé que ce moyen de coquins pour signifier à la Turquie qu’elle est trop rebelle et n’est pas le bon élève de Washington. De nombreux pays ont payé très cher de ne pas faire « ami-ami » avec les Américains … Après avoir acheté à la Russie des systèmes de défense anti-missile S400 et adopté une position ambigüe dans la guerre civile syrienne, les Américains ont même osé tenter un coup d’Etat à partir de l’immence installation aérienne américaine d’Incirlik située sur le sol turc. La Turquie est un partenaire militaire des Etats-Unis au sein de l’OTAN depuis 1952 … Ce coup d’Etat avorté (juillet 2016), organisé par des militaires turcs proches des forces de l’OTAN, donc américaines, et avec l’appui de la CIA, fut déjoué in extremis car les services de renseignement turcs ont été avertis par leurs homologues russes. Le chef de l’Etat turc est immensément reconnaissant à l’égard de son homologue russe pour lui avoir sauvé la vie.

Dans ce contexte la suite des évènements en particulier en Ukraine n’a fait que rapprocher la Turquie de la Russie. La demande d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’organisation atlantique a eu pour conséquence un très évident énervement d’Erdogan car ces deux pays abritent des opposants turcs tandis que les Etats-Unis protègent Fethullah Gülen, l’ennemi juré du chef de l’Etat turc. Wall Street a donc organisé sur les marché une attaque en règle de la lire turque. Entre 2016 et aujourd’hui la lire turque a perdu 600 % de sa valeur par rapport à l’euro et au dollar. Au cours de l’année 2022, le rythme de l’inflation en Turquie était de 84 %. Dans ces conditions les Turcs, pour tenter de préserver un tant soit peu d’épargne, avaient pris l’habitude d’acheter des euros ou des dollars auprès des banques de détail turques. Déçu par les tergiversations de l’Union européenne pour l’adhésion de la Turquie à la zone euro, les banques turques n’avaient plus que des dollars à proposer à leurs clients qui voulaient se constituer un petit portefeuille de devises « solides ». Cependant il est nécessaire à ce point du récit de mentionner que les salaires, y compris du moindre ouvrier agricole, sont indexés sur l’inflation et dans leur vie quotidienne les Turcs ne se sentent pas concernés par la situation financière du pays. L’économie turque est florissante et ce d’autant plus que la lire turque est fortement dévaluée par rapport aux autres devises.

Pourtant il se passe quelque chose d’étrange en Turquie et j’avoue ne pas arriver à analyser de manière satisfaisante les derniers évènements. Il y a quelques jours un court article de Tyler Durden (ZeroHedge) mentionnait une information pour le moins surprenante dont personne, aucun analyste financier, aucun média occidental, ne reprit. Les banques de détail turques ne proposent plus de dollars à leurs clients sous prétexte qu’elles n’en ont plus. Nul ne sait précisément si la situation est réellement une pénurie de dollars sur les marchés ou s’il y a une autre raison dissimulée au moins par la banque centrale turque, toujours est-il que les banques de détail d’Istanbul et d’Ankara ont proposé à leurs clients des renminbi convertibles en lieu et place des dollars US. Depuis plusieurs jours je réfléchis pour trouver une explication rationnelle à cette information. Mais je ne suis pas du tout un spécialiste de la finance surtout quand il faut tenir compte des agissement glauques de Wall Street et de la City, dans le cas présent aux ordres de Washington.

Il y a tout de même un point important à souligner : cette proposition des banques de détail turques n’est pas surprenante dans la mesure où la Chine et maintenant une multitude d’autres pays mettent en place un panier de devises (dominée par le renminbi convertible) pour faciliter les échanges internationaux dans la « zone Brics étendue » afin de s’affranchir de la tutelle du dollar US. La mise en place de cette alternative au dollar tombe à point nommé car elle est très facilitée par la perte de confiance unanime envers le dollar depuis les sanctions financières totalement illégales décrétées par les Etats-Unis et l’Europe à l’encontre de la Russie. Tous ces pays qui veulent rejoindre le club des Brics dont la liste s’amplifie sans cesse, depuis l’Argentine et le Brésil, l’Iran, l’Inde, l’Indonésie, l’Algérie et tout récemment les Philippines, ont perdu toute confiance dans le billet vert, se sentant menacés par les lois d’extraterritorialité américaines pouvant pénaliser tout Etat ou toute entreprise « ennemis » des USA qui commerce en dollars.

Une autre explication peut être trouvée dans cette information qui je le répète n’a pas été mentionnée par les grands « merdias » occidentaux pourrait aussi révéler la rareté du dollar sur les marchés. Les indices boursiers bondissent de records en records et cette performance n’est peut-être qu’une façade qui dissimule ce que personne ne veut éventer ou reconnaître, précisément un dollar de plus en plus rare ayant pour conséquence un très faible volume des transactions boursières et par conséquent de forts mouvements de hausse quand de rares acheteurs se présentent. Si tel est le cas, et j’avoue que je me trouve dépourvu d’arguments, cette défiance vis-à-vis du dollar US est un très mauvais signe avant coureur de ce qui pourrait advenir dans les prochains mois : une chute brutale du dollar en raison de cette perte de confiance. Les conséquences pour un béotien comme votre serviteur sont difficiles à décrire. Un très grand nombre de pays détenteurs de T-bonds US vont devoir faire face à de graves difficultés comme la Chine et le Japon. Par exemple, l’or va mécaniquement atteindre, toujours libellé en dollar ce qui ne signifiera plus rien, des sommets et tout le système financier international va enfin se retrouver dans une situation « normale ». Les quatre principaux pays détenteurs et acheteurs d’or : Chine, Russie … et Turquie ! pourront alors mettre en place un système financier alternatif dans lequel le dollar US ne jouera plus aucun rôle. Selon certaines sources d’informations les réserves en or de la banque centrale chinoise sont au moins quatre fois plus importantes que celles de la FED. Et toutes ces information « à bas bruit », des signaux faibles, doivent être pris en considération pour tenter de comprendre ce qui se passe en ce moment afin d’imaginer quelle va être l’évolution de la situation dans les prochains mois. Les évènements d’Ukraine, il faut donc le reconnaître, auront au moins une conséquence salutaire et bénéfique pour le monde entier : l’impérialisme américain va disparaître dans les oubliettes sordides et puantes de l’histoire … Et la Terre continuera de tourner (plus librement !).

Guerre européenne généralisée imminente ?

Le monde politique occidental vient de franchir une nouvelle étape dans le conflit ukrainien. Les médias de grand chemin attisent les braises de la folie guerrière, médias eux-mêmes subissant la pression des puissances financières qui ont tout à gagner au cours et à l’issue d’une généralisation du conflit actuel limité aux oblasts du Donbass dont les habitants sont majoritairement russophones de religion chrétienne orthodoxe. L’historienne Annie Lacroix-Riz a parfaitement retracé au cours de l’histoire récente la genèse de la situation actuelle en présentant son exposé à un site télévisuel suisse : https://www.youtube.com/watch?v=slfmANDzWO4 . Emmanuel Todd et Henri Guaino ont de leur côté exposé leurs opinions respectives au sujet de ce conflit https://www.youtube.com/watch?v=RpLxmp9_skM . Selon ces trois personnalités le retour à la raison est souhaitable car dans le cas contraire, de nombreux pays seront tout simplement rayés de la carte, en particulier ceux que la Russie considère comme inamicaux. Les Etats-Unis sont en guerre par proxys interposés contre la Russie via l’OTAN qui contrôle tous les pays de la région. La haine du Russe ressemble étrangement à celle que manifestait Hitler, les Slaves étant pour lui des sous-hommes qu’il fallait exterminer. Les Européens seraient-ils aujourd’hui dans leur globalité des nazis qui soutiennent les yeux fermés des dirigeants ukrainiens corrompus, fanatiques sympathisants nazis ? On assiste à un retournement de l’histoire quelques 77 ans après la fin de la seconde guerre mondiale qui se termina en Europe par une défaite de l’Allemagne ruinée par l’armée soviétique.

Les deux ténors de l’action humanitaire français que sont Kouchner et BHL sont resté silencieux depuis la fin 2014 alors que les Ukrainiens, noyautés par des milices bandéristes ouvertement nazies, n’ont cessé de bombarder les populations civiles russophones du Donbass, jour et nuit, pour un triste bilan de 15000 morts innocents. Kouchner prônait une intervention armée sous le prétexte qu’il fallait sauver des peuples menacés par une puissance étrangère. L’analyse de la situation ukrainienne avant l’intervention de la Russie n’entrait donc pas dans le cadre de l’idéologie développée par Kouchner et BHL. D’ailleurs ils s’en lavent les mains. Ce sont les Russes qui ont décidé d’intervenir mais il faut souligner, ce que les Occidentaux ont trop tendance à oublier, que l’intervention russe dite opération spéciale fut décidée à la demande des républiques auto-proclamées de Donetsk et de Lugansk. Aujourd’hui les soi-disantes démocraties d’Europe ont choisi de dépouiller leurs armées d’une partie de leurs équipements au profit du régime de Kiev. Ça s’appelle entrer en guerre contre non seulement la Russie mais également contre les peuples russophones du Donbass qui combattent tous les jours au côté de l’armée russe.

On peut rire des risques d’aggravation du conflit actuel par l’utilisation de ce que les Etats-Majors occidentaux appellent des armes nucléaires tactiques. Sont-ils conscients de la puissance destructrice de telles armes, apparemment non. Chacune de ces armes tactiques équivaut à celle larguée sur la ville d’Hiroshima qui tua instantanément 100000 personnes … non, ce sont simplement de “petites” armes tactiques, elles nettoient une surface équivalente à Paris intra muros et transforme cette surface en “no man’s land”. Il ne reste plus qu’à souhaiter un rapide retour à la raison des Européens car ce sont eux qui seront détruits les premiers pour leur lâcheté et leurs mensonges et encore une fois les peuples seront coupables de folie guerrière car ils n’ont pas exigé de leurs dirigeants de solliciter leur avis car ils n’ont pas du tout envie de se battre et mourir pour une cause qui ne les concerne pas. La civilisation occidentale est bel et bien décadente, c’est la conclusion de ce court billet.