Lorsque Jennifer Doudna et Emmanuelle Charpentier, toutes deux prix Nobel, ont découvert le CRISPR-cas9 elles savaient que cette technologie aurait des retombées immenses dans le domaine de l’édition de gènes avec des embryons, d’abord d’origine animale, certes, mais la tentation allait s’orienter vers l’édition de gènes à des fins thérapeutiques chez l’homme. Dans le domaine de la modification génétique des plantes de grande culture, l’utilisation de cet outil est également pleine d’avenir. Je ne citerai que deux exemples, la mise au point de plantes résistantes aux virus et de plantes mieux armées contre la sécheresse, et il faudra peut-être une vingtaine d’années pour aboutir à des applications concrètes. L’édition de gènes consiste à introduire un gène d’intérêt dans une séquence précise, un site d’insertion déterminé, de l’ADN nucléaire. Les curieux peuvent lire cet article bien documenté :https://en.wikipedia.org/wiki/Genome_editing . Les premiers essais d’édition de gènes ont été effectués sur des animaux. Le biologiste chinois He Jiankui qui a le premier abouti à une telle prouesse sur des embryons humains a été emprisonné et aux dernières nouvelles il vient d’être libéré avec interdiction de procéder à de nouvelles tentatives d’édition de gènes sur des embryons humains. On peut cependant interpréter cette information comme un paravent pour dissimuler des travaux « non officiels » avec l’assentiment des autorités politiques, allez savoir.
ll existe un preuve récente évidente de la manipulation de l’ARN du SARS-CoV-2 qui a été modifié par insertion d’une séquence codant pour le site de clivage de la furine et cette édition de gène très ponctuelle a probablement été effectuée après avoir converti l’ARN viral en ADN double brin afin d’utiliser les outils existants dont le CRISPR-cas9, plus simple à utiliser que des enzymes de restriction, pour introduire cette petite séquence. Cet ADN modifié a ensuite été converti en ARN avec de l’ARN polymérase produite par génie génétique avec des bases non naturelles comme la pseudo-uridine pour produire l’ARN « vaccinal » mais aussi et surtout en 2019 pour produire le virus lui-même reconstitué par multiplication sur des cultures de cellules compétentes pour le disperser à Wuhan lors des JO militaires. Une telle approche demande quelques mois de travail pour un groupe d’expérimentateurs chevronnés, au pire une année et les dates concordent entre la date de dépôt de brevet de cette séquence artificielle par Moderna et le tout début de l’apparition des premiers cas de premiers malades de syndrome respiratoire aigu chez des athlètes dès l’automne 2019.
Lors du troisième congrès international sur l’édition de gènes qui a eu lieu à Londres en ce début de mois de mars 2023, quelques 200 essais d’édition de gènes réalisés dans le monde chez des sujets humains ont été passés en revue. Il s’agissait dans la majorité des cas de tenter de traiter une maladie grave et de sauver des vies. Tous n’ont pas été couronnés de succès loin de là. Cependant il faut rappeler que Victoria Gray, 37 ans, souffrant de drépanocytose aussi appelée anémie falciforme provoquée par une mutation du gène codant pour l’hémoglobine a été traitée avec succès avec l’outil de Doudna et Charpentier consistant à introduire dans la moelle osseuse ses propres cellules souches modifiées in vitro par introduction du gène normal codant pour l’hémoglobine. Aujourd’hui Victoria est en parfaite santé alors qu’elle a vécu les trente premières années de sa vie comme un véritable cauchemar.
L’outil CRISPR a été amélioré au cours des années récentes au niveau de la spécificité des sites d’insertion de gènes (liens en fin de billet) et c’est le cas d’Alyssa, une adolescente britannique souffrant d’une forme rare de leucémie affectant les lymphocytes T. Tous les traitements tentés ont échoué et les médecins et biologistes du Great Ormond Street Hospital de Londres ont choisi la technique CRISPR en modifiant les cellules précurseurs des lymphocytes T sains d’un donneur de moelle (je passe sur les détails complexes) afin qu’il n’y ait pas de phénomènes de rejet. Ces cellules ainsi modifiées in vitro ont été injectées dans la moelle osseuse d’Alyssa et très rapidement l’état de la patiente s’est amélioré.
D’autres cas ont été évoqués mais le problème majeur qui a concentré l’attention des participants à ce congrès est de deux ordres. Aucune des thérapies géniques utilisant la technique CRISPR n’a été approuvée par les instances politiques et les comités d’éthique. Ces approches sont toujours considérées comme expérimentales et par conséquent elles ne sont accessibles qu’à des personnes disposant de moyens financiers conséquents d’autant plus qu’en définitive il y a peu de succès car il existe encore trop de zones d’ombre en ce qui concerne les sites de réinsertion ouverts par l’outil CRISPR et dont on ne maitrise pas la localisation dans l’ADN nucléaire, ce qui est préoccupant car plutôt qu’une guérison il peut apparaître d’autres troubles d’origine génétique provoqués par l’outil de Doudna et Charpentier. Néanmoins quelques 50 études sont en cours d’évaluation dans le monde pour tenter de traiter certains cancers, des maladies d’origine génétique affectant la vision et même le cas d’une Néo-Zélandaise qui a reçu un traitement dans le but de réduire son taux sanguin de cholestérol en bloquant la synthèse d’une seule protéine appelée PCSK9 (voir le lien). Cette protéine interfère avec la principale protéine constituant les lipoprotéines de faible densité (LDL), le moyen de transport du cholestérol dans le sang dont le taux diminue alors très significativement. À partir d’un seul patient traité on ne peut pas encore en déduire qu’une telle approche serait un succès mondial en regard de la véritable « épidémie de cholestérol » dont l’origine est multifactorielle, en particulier l’abus de sucre dans l’alimentation.
La nouvelle génération de « CRISPR 2.0 » consiste à remplacer une ou plusieurs bases puriques ou pyrimidiques de l’ADN sur un site choisi par une amorce spécifique afin d’introduire une mutation du gène considéré. Il ne faut pas se réjouir prématurément car cette approche en est pour l’instant au stade expérimental. Mais l’avantage de cette approche réside dans le fait que l’ADN n’est coupé que sur un seul point précis, la réparation de cet ADN coupé requérant néanmoins l’intervention d’un enzyme de la cellule dont le fonctionnement n’est pas totalement maîtrisé.
Source : MIT Technology Review. Liens :https://www.technologyreview.com/2019/10/21/102528/the-newest-gene-editor-radically-improves-on-crispr/?utm_source=the_checkup&utm_medium=email&utm_campaign=the_checkup.unpaid.engagement&utm_content=03-10-23