Brève. Souvenirs de la mer et de l’air

Il y a quelques jours j’avais énuméré tous les aéroports d’où j’avais embarqué sur un aéronef. J’ai au cours du vol depuis Auckland versTokyo survolé l’archipel du Vanuatu puis de loin les îles Mariannes. A resurgi alors dans mes souvenirs trois aéroports d’où j’ai embarqué sur un avion : Incheon, la nouvelle installation aéroportuaire de Séoul, Palau, une île perdues à l’est des Philippines et enfin Saïpan au nord de l’île de Guam, dans l’archipel des Mariannes. Ces oublis portent donc à 80 cette liste qui ne prétend pas être exceptionnelle. Enfin, j’ai compris que les directives presque disciplinaires qui sont parfois imposées aux passagers ne dépendent que du bon vouloir du commandant de bord qui est le maître absolu à bord, un poste tout aussi important que celui du capitaine d’un bateau au long cours d’autrefois. Finalement un bateau propulsé par le vent ou un avion volant à 38000 pieds génèrent des êtres se considérant supérieurs s’étant arrogé le droit de vie ou de mort sur tous leurs subalternes. Les temps n’ont donc pas changé …

Cette revue d’aéroports a confirmé mon goût pour les îles. Honshu au Japon est une grande île et je n’ai pas compris quelle était l’origine de cette attirance bien que je n’aie jamais été un navigateur chevronné. En dehors d’un petit dériveur avec lequel j’éprouvais beaucoup de plaisir à régater, je n’ai fait qu’un périple dans les Caraïbes avec un vieil américain originaire de Boston qui avait construit lui-même son voilier de 45 pieds, une belle bête de mer, ce qui me permit de découvrir Saint-Kitts et Nevis ou encore Saint-Barthélemy. À une époque où toute l’électronique n’existait pas je suis resté un terrien … Et La Mer qu’on Voit Danser … ne fut en définitive qu’un univers mystérieux et souvent hostile que je n’aurai jamais maîtrisé pleinement.

Et aussi : vu sur la toile ces deux derniers jours :

Combat contre l’idéologie trans 

Patrick Buisson (féminisme)

https://www.tvl.fr/grand-angle-exclusif-patrick-buisson-le-feminisme-l-idiot-utile-du-capitalisme

Virginie Joron & Alexandra Henrion-Caude (Ligne droite)

Todd et l’évolution géopolitique du conflit ukrainien 

Maxime Amblard (Tatiana Ventôse) nucléaire

Laurent Montet (famille Biden)

Revue de presse du 6 avril 2023

Emmanuel Todd : « Le sauvetage de la démocratie passe par un accord à durée limitée entre les électorats RN et Nupes »

Propos recueillis par Etienne Campion, Marianne 6 avril 2023, remis en forme pour ce blog.

Introduction de votre serviteur. Mes lecteurs savent que je suis un lecteur assidu des œuvres d’Emmanuel Todd dont l’un des « pavés », « Origines des systèmes familiaux » m’a passionné. Démographe, ethnologue et historien Todd est probablement le penseur critique le plus clairvoyant que compte la France aujourd’hui. Ses analyses de la situation politico-économique du pays et d’autres « démocraties » dans le monde sont lapidaires et factuelles. Todd n’est pas un politicien, c’est un analyste politique lucide et il serait utile que l’oligarchie au pouvoir en France s’inspire de ses propos pour sauver la France. Mais je n’exprime ici que mon opinion personnelle. Voici donc l’article publié par Marianne.Je l’ai reproduit ici sans autorisation de Marianne mais Natacha Polony ne m’en voudra pas, elle me connait car nous avons eu des échanges de mail il y a quelques semaines.

Selon l’intellectuel, le rapport d’Emmanuel Macron aux Français fait penser à celui d’un enfant excité qui teste les limites avec un adulte et attend de celui-ci qu’il l’arrête. Comment les Français peuvent-ils arrêter Macron ? Emmanuel Todd propose une solution. 

Marianne : Comment avez-vous perçu le mouvement social de contestation à la réforme des retraites ?

Emmanuel Todd : Je suis allé en manifestation. Du mouvement de contestation, j’ai constaté la masse, l’énergie, la jeunesse. Je tiens à dire ce que je pense de la responsabilité des uns et des autres concernant le désordre actuel, tout d’abord. Pour moi – je dis bien pour moi – mais ça sera aux juristes de trancher, il est clair qu’en faisant passer une réforme des retraites en loi de finances rectificative et par l’article 49.3, Emmanuel Macron et Elisabeth Borne sont sortis de la Constitution, du moins de l’esprit de la Constitution. Ce sera au Conseil constitutionnel de le dire. Mais il n’est pas certain que j’accepte l’avis du Conseil constitutionnel, s’il valide Macron-Borne.

J’ai vu les commentaires, le soir, sur BFM TV, LCI et d’autres, où l’on parlait de feux de poubelle. Pour moi, 100 % de la responsabilité de ces feux de poubelle incombe au président de la République française et la question de savoir si ce sont plus les black blocks ou les manifestants qui les ont allumés ne m’intéresse pas.

Marianne : Pourquoi Emmanuel Macron entretiendrait-il ce désordre ?

Ce qui m’étonne le plus, moi, c’est que c’est un désordre qui ne sert à rien. En général, quand on gouverne par le désordre pour faire se lever le parti de l’ordre, c’est qu’on veut consolider un pouvoir fragile, ou bien pour reprendre le pouvoir. Mais Macron avait le pouvoir. La vérité de ce projet de réforme des retraites, en dehors du fait qu’il est injuste et incohérent, c’est qu’il est insignifiant et inutile par rapport aux problèmes réels de la société française. Je pense que Macron est néolibéral archaïque, et donc en grand état de déficit cognitif. Il y en a deux [problèmes réels] : la désindustrialisation et la chute du niveau de vie, liée à l’inflation. La question qui se pose et ce qu’il faut analyser vraiment, c’est la raison de cette mise en désordre de la France par son président, pour rien. Était-ce pour mener à bien un projet néolibéral, appelé « réformateur » ? Ou est-ce que c’est un problème lié à la personnalité de Macron lui-même ?

Marianne : Commençons par l’hypothèse d’une réforme pensée comme juste par Macron. Vous la jugez néolibérale ?

La réalité du monde occidental, qui entre en guerre, c’est que le néolibéralisme, en tant qu’idéologie économiste active transformant la planète, est en train de mourir parce que ses effets ultimes se révèlent. La mortalité augmente aux États-Unis, et donc, logiquement, l’espérance de vie baisse. Les États-Unis ont perdu leur base industrielle, comme l’Angleterre. Le contexte historique général en ce moment, dans le monde américain, est plutôt aux réflexions sur le retour de l’État entrepreneur.

Marianne : Macron avait pourtant engagé un tournant néo-protectionniste avec le Covid…

Non ! Je pense que Macron est néolibéral archaïque, et donc en grand état de déficit cognitif. Quand il parle de protectionnisme, il n’est même pas capable de dire s’il s’agit de protectionnisme national ou européen. Mais si tu ne fixes pas d’échelle, tu ne parles de rien. Quand il parle de réindustrialisation, il n’est pas capable de voir que la réindustrialisation implique deux actions simultanées. D’abord, l’investissement direct de l’État dans l’économie. C’est ça qui serait important actuellement, pas la réforme des retraites. Et puis des mesures de protection des secteurs qu’on refonde, par exemple dans les médicaments, dans la fabrication de tel ou tel bien essentiel à la sécurité informatique, alimentaire et énergétique de la France.Marianne : Les retraites sont menacées, c’est vrai, mais par la désindustrialisation.

C’est d’ailleurs l’une des choses stupéfiantes dans ce débat sur les retraites : les politiques légifèrent – croient-ils – sur des perspectives à long terme d’équilibre. Ils spéculent sur des années de travail qui vont couvrir des décennies pour la plupart des gens, sans se poser la question de ce qui restera, non pas comme argent, comme signes monétaires, mais comme bien réels produits pour servir ces retraites en 2050 ou 2070.

Les retraites sont menacées, c’est vrai, mais par la désindustrialisation. Quel que soit le système comptable, si la France ne produit plus rien le niveau des retraites réelles de tout le monde va baisser. En dehors du fait qu’il a déjà commencé à baisser avec l’inflation.

Marianne : Notre élite économique fait, selon vous, une fois de plus fausse route.

Notre président et les gens autour de lui, une sorte de pseudo-intelligentsia economico-politique, sont hors du monde. À une époque, on savait que pour faire la guerre, il fallait des biens industriels, des ingénieurs, des ouvriers. On redécouvre aujourd’hui à Washington et à Londres que tout ça n’existe plus assez ! Les faucons néoconservateurs croyaient qu’on pouvait faire la guerre à la Russie avec des soldats ukrainiens et à la Chine en prime, grâce au travail d’ouvriers… chinois ! La réalité du néolibéralisme, c’est qu’il a tout détruit au cœur même de son Empire. Le vrai nom du néolibéralisme, c’est « nihilisme économique ». Je me souviens de phrases prophétiques de Margaret Thatcher disant « There is no such thing as society » (« La société, ça n’existe pas »), ou « There is no alternative » (TINA). Ces idioties ne sortent pas du libéralisme britannique, de John Locke ou d’Adam Smith, mais bien plutôt du nihilisme russe du XIXe siècle.

La grandeur de la France, c’est son refus de la rationalité économique, son refus de la réforme.

Cette réforme des retraites à contretemps est guidée par un phénomène d’inertie, au nom d’une idéologie qui est en train de mourir. Le discours néolibéral est un discours de la rationalité économique, un discours de la rationalité des marchés qui va permettre de produire, en théorie, plus d’efficacité. Je vais vous dire l’état de mes recherches sur le nihilisme néolibéral : cette passion de détruire les cadres de sécurité établis au cours des siècles par les religions, les États et les partis de gauche. Le nihilisme néolibéral détruit la fécondité du monde avancé, la possibilité même d’un futur. Et vous allez être fier de cette France dont les néolibéraux rient.

Marianne : Vous faites partie de ceux qui voient dans les indices de fécondité l’avenir de l’Occident…

La vérité historique fondamentale actuelle, c’est que la rationalité individualiste pure détruit la capacité des populations à se reproduire et des sociétés à survivre. Pour faire des enfants, particulièrement dans les classes moyennes qui veulent pour eux des études longues, il faut l’aide de la collectivité, il faut se projeter dans un avenir qui ne peut apparaître suffisamment sûr que grâce à l’État. Il faut donc sortir de la rationalité économique à court terme. Sans oublier que décider d’avoir un enfant, ce n’est être ni rationnel, ni parfois même raisonnable, mais vivant. Je sais qu’il y a des gens qui s’inquiètent de l’augmentation de la population mondiale, mais moi, je suis inquiet de la sous-fécondité de toutes les régions « avancées ». Même les États-Unis, même l’Angleterre, sont tombés à 1,6 enfant par femme. L’Allemagne est à 1,5, le Japon est à 1,3. La Corée, chouchou des majorettes intellectuelles du succès économique, le pays de Samsung et d’une globalisation économique assumée est à 0,8. … Le plus efficace économiquement est le plus suicidaire.

C’est là que la France redevient vraiment intéressante. Elle a deux caractéristiques. C’est d’abord le pays qui fait le moins bien ses « réformes », qui refuse le plus le discours de la rationalité économique. Dont l’État n’est jamais dégrossi comme le rêvent les idéologues du marché. Mais c’est aussi le seul pays avancé qui garde une fécondité de 1,8. C’est le pays qui, en ne voulant pas toutes ces réformes, a refusé la destruction de certaines des structures de protection des individus et des familles qui permettent aux gens de se projeter dans le futur et d’avoir des enfants. Une retraite jeune ce sont aussi des grands-pères et des grands-mères utilisables pour des gardes d’enfants ! Désolé d’apparaître en être humain plutôt qu’en économiste ! La grandeur de la France, c’est son refus de la rationalité économique, son refus de la réforme. Ce qui fait de la France un pays génial, c’est son irrationalité économique.

On saura si Macron a réussi s’il arrive à faire baisser la natalité française au niveau anglo-américain, au-delà de son cas personnel de non-reproduction.

Marianne : Comment ce dernier peut-il alors imposer une telle réforme si c’est contre l’intérêt du pays ?

Pourquoi un président de la République en si grand état de déficit cognitif peut-il imposer cette réforme injuste, inutile et incohérente par un coup de force institutionnel ou même un coup d’État ? Parce qu’il agit dans un système sociopolitique détraqué que je qualifierais même de pathologique. Il y avait une organisation de la République qui reposait sur une opposition de la droite et de la gauche, permise par un mode de scrutin adapté : le scrutin uninominal majoritaire à deux tours. Il faisait qu’au premier tour on choisissait son parti de droite préféré, son parti de gauche préféré. Au deuxième tour, les deux camps se regroupaient et on avait une très belle élection.

Pourquoi un président de la République en si grand état de déficit cognitif peut-il imposer cette réforme injuste, inutile et incohérente par un coup de force institutionnel ou même un coup d’État ?

Tout a été dévasté par la nouvelle stratification éducative de la France. La montée de l’éducation supérieure a produit une première division en deux de la société entre les gens qui ont fait des études et ceux qui n’en ont pas fait. C’est le modèle qui s’impose partout dans le monde développé. Mais il y a une autre dimension qui, il faut l’avouer, n’a pas grand-chose à voir : le vieillissement de la population et l’apparition d’une masse électorale âgée, qui établissent un troisième pôle, les vieux, dont je suis. Cette société stratifiée et vieillie a accouché de trois pôles politiques qui structurent le système. Je simplifie jusqu’à la caricature : 1) les éduqués supérieurs mal payés, plutôt jeunes ou actifs, se sont dirigés vers Mélenchon ou la Nupes ; 2) les moins éduqués mal payés, plutôt jeunes et actifs, vers le RN ; 3) les vieux, derrière Macron.

Marianne : Ils sont les seuls à soutenir la réforme des retraites, d’ailleurs…

Ce système est dysfonctionnel, « détraqué », à cause de l’opposition viscérale entre les électorats contestataires de gauche et de droite, Nupes et RN. Ces deux électorats ont en commun leur niveau de vie, leur structure d’âge, mais sont séparés par l’éducation et par la question de la nation et de l’immigration. Cette fracture conduit à une incapacité des uns et des autres à se considérer comme mutuellement légitimes. Leur opposition permet à Macron et aux vieux de régner. Les retraités peuvent donc imposer une réforme des retraites qui ne les touche pas.

Le problème, c’est qu’une démocratie ne peut fonctionner que si les gens opposés se considèrent comme certes différents, mais mutuellement légitimes.

Marianne : La France vire-t-elle à la gérontocratie ?

On a enfermé les jeunes pour sauver les gens de ma génération. Comment la démocratie est-elle possible avec un corps électoral qui vieillit sans cesse ? Mais dénoncer un système gérontocratique ne suffit pas, d’un point de vue anthropologique en tout cas. Ce qu’il faut dénoncer, c’est une société qui ne peut survivre. Une société humaine ne peut pas se projeter dans l’avenir si on part du principe que les ressources doivent remonter vers les vieux plutôt que descendre vers les jeunes.

La question institutionnelle fondamentale, ce n’est pas tant le pouvoir disproportionné du président dans la conception de la Ve République, mais un système électoral inadapté dans un contexte où les deux forces d’opposition refusent d’exister l’une pour l’autre. Il y a deux solutions : la première est le passage au mode de scrutin proportionnel. Mais cela ne se produira pas car la gérontocratie en place a trop intérêt à ce que le système dysfonctionne. L’autre solution, c’est de trouver une voie politique qui permette le sauvetage de la démocratie : je propose un contrat à durée limitée réconciliant les électorats du Rassemblement national et de la Nupes pour établir le scrutin proportionnel.

Marianne : Mais comment les réconcilier ?

Je considère vraiment que ce qui se passe est inquiétant. J’ai un peu de mal à imaginer que cela ne se termine pas mal. Il y a un élément d’urgence, et la simple menace de désistement implicite ou explicite entre les deux forces d’opposition calmerait beaucoup le jeu. Il ferait tomber le sentiment d’impunité de la bureaucratie qui nous gouverne.

Le problème fondamental n’est pas un problème entre appareils. Le problème fondamental est un problème de rejet pluriel. 1) L’électorat du Rassemblement national est installé dans son rejet de l’immigration, un concept qui mélange l’immigration réelle qui passe aujourd’hui la frontière et la descendance de l’immigration ancienne, les gosses d’origine maghrébine qui sont maintenant une fraction substantielle de la population française. 2) L’électorat de LFI et de la Nupes croit seulement exprimer un refus du racisme du RN mais il exprime aussi, à l’insu de son plein gré, un rejet culturel de l’électorat du RN. Il vit un désir à la Bourdieu de distinction. Simplifions, soyons brutal, il s’agit de sauver la République : il y a d’un côté une xénophobie ethnique et de l’autre une xénophobie sociale.

La gérontocratie en place a trop intérêt à ce que le système dysfonctionne.

J’ai un peu de mal à imaginer que le sauvetage à court terme de la démocratie par l’établissement de la proportionnelle, via un accord à durée limitée entre Nupes et RN, puisse se passer d’un minimum de négociation sur la question du rapport à l’étranger. La seule négociation possible, la seule chose raisonnable d’ailleurs du point de vue de l’avenir du pays, c’est que les électeurs de la Nupes admettent que le contrôle des frontières est absolument légitime et que les gens du Rassemblement national admettent que les gens d’origine maghrébine en France sont des Français comme les autres. Sur cette base, à la fois très précise et qui admet du flou, on peut s’entendre.

Marianne : Le contexte actuel reproduit-il celui de l’époque des Gilets jaunes ?

« La police tape pour Macron, mais vote pour Le Pen », disais-je en 2018 au moment des Gilets jaunes… Je m’inquiétais de la possibilité d’une collusion entre les forces de ce que j’appelais à l’époque l’aristocratie stato-financière et l’autoritarisme implicitement associé à la notion d’extrême droite. J’avançais le concept de macrolepénisme. Le Rassemblement national aujourd’hui est confronté à une ambivalence qu’il doit lever. Le contexte actuel reproduit le contexte de l’époque des Gilets jaunes, en effet : d’un côté le Rassemblement national passe des motions de censure contre la politique gouvernementale sur les retraites (et je trouve tout à fait immoral que LFI refuse de voter les motions du Rassemblement national sur ces questions), mais, d’un autre côté, c’est, comme d’habitude, la police qui cogne sur les manifestants, qui est utilisée par Macron, qui continue de voter à plus de 50 % pour le Rassemblement national ! J’ajoute que le choix par Marine Le Pen de l’opposition à la grève des éboueurs n’est pas de bon augure.

Le Rassemblement national ne peut pas rester dans cette ambiguïté : il suffirait d’un petit mot de modération de Marine Le Pen pour que le comportement de la police change. Ce que je dis est grave : en mode démocratique normal, une police doit obéir au ministre de l’Intérieur. Mais je ne vois pas pourquoi une police appliquerait aveuglément les consignes de violence d’un président qui est sorti de la Constitution. Nous avons besoin d’une réflexion approfondie des juristes. Il s’agit de protéger les institutions dans un contexte extrêmement bizarre. Le conflit entre jeunes manifestants et jeunes policiers nous ramène d’ailleurs à la question du rejet mutuel Nupes/RN. L’hostilité qu’encourage le gouvernement entre la police et les jeunes manifestants est une menace pour l’équilibre du pays. On ne peut pas vivre dans un pays avec deux jeunesses qui se tapent dessus. Il y a dans le style policier violent Macron-Borne-Darmanin quelque chose de pensé et de pervers.

Marianne : Vous dites que la première raison de l’obstination du gouvernement pourrait venir de l’esprit de Macron directement…

J’ai parlé de système électoral, j’ai parlé de néolibéralisme. J’ai parlé du déficit cognitif néolibéral de Macron. Une autre chose doit être évoquée, non systémique, accidentelle, dont je n’aime pas parler mais dont on doit parler : une autre raison de la préférence de Macron pour le désordre et la violence est sans doute un problème de personnalité, un problème psychologique grave. Son rapport au réel n’est pas clair. On lui reproche de mépriser les gens ordinaires. Je le soupçonne de haïr les gens normaux. Son rapport à son enfance n’est pas clair. Parfois, il me fait penser à ces enfants excités qui cherchent la limite, qui attendent d’un adulte qu’il les arrête. Ce qui serait bien, ce serait que le peuple français devienne adulte et arrête l’enfant Macron.

Il me fait penser à ces enfants excités qui cherchent la limite, qui attendent d’un adulte qu’il les arrête

Débat des lecteurs

La situation est extrêmement dangereuse parce que nous avons peut-être un président hors contrôle dans un système sociopolitique qui est devenu pathologique. Au-delà de toutes les théories, sophistiquées ou non, j’en appelle à tous les gens pacifiques, moraux et raisonnables, quel que soit leur niveau éducatif, leur richesse, leur âge, à tous les députés quel que soit leur parti, Renaissance compris, j’en appelle au Medef, aux pauvres, aux inspecteurs des finances, aux vieillards et aux oligarques de bonne volonté, pour qu’ils se donnent la main et remettent ce président sous contrôle. La France vaut mieux que ce bordel.

«La Troisième Guerre mondiale a commencé»

Emmanuel Todd

10/01/2023 Emmanuel Todd avec Fabien Clairefond du Figaro Vox

Penseur scandaleux pour les uns, intellectuel visionnaire pour les autres, «rebelle destroy» selon ses propres termes, Emmanuel Todd ne laisse pas indifférent. L’auteur de La Chute finale, qui prédisait dès 1976 l’effondrement de l’Union soviétique, était resté discret en France sur la question de la guerre en Ukraine

L’anthropologue réservait jusqu’ici la plupart de ses interventions sur le sujet au public japonais, publiant même dans l’Archipel un essai au titre provocateur: La Troisième Guerre mondiale a déjà commencé. Pour Le Figaro, il détaille sa thèse iconoclaste. Il y rappelle que si l’Ukraine résiste militairement, la Russie n’a pas été écrasée économiquement. Une double surprise qui rend, selon lui, incertaine l’issue du conflit.

Emmanuel Todd est anthropologue, historien, essayiste, prospectiviste, auteur de nombreux ouvrages. 

Plusieurs d’entre eux, comme «La Chute finale», «L’Illusion économique» ou «Après l’empire», sont devenus des classiques des sciences sociales. 

Son dernier ouvrage, «La Troisième Guerre mondiale a commencé», est paru en 2022 au Japon et s’est écoulé à 100.000 exemplaires.

Pourquoi publier un livre sur la guerre en Ukraine au Japon et pas en France?

 Les Japonais sont tout aussi antirusses que les Européens. Mais ils sont géographiquement éloignés du conflit, il n’y a donc pas un véritable sentiment d’urgence, ils n’ont pas notre rapport émotionnel à l’Ukraine. Et là-bas, je n’ai pas du tout le même statut. Ici, j’ai la réputation absurde d’être un «rebelle destroy», alors qu’au Japon je suis un anthropologue, un historien et un géopoliticien respecté, qui s’exprime dans tous les grands journaux et revues, et dont tous les livres sont publiés. Je peux m’exprimer là-bas dans une ambiance sereine, ce que j’ai d’abord fait dans des revues, puis en publiant ce livre, qui est un recueil d’entretiens. Cet ouvrage s’appelle La Troisième Guerre mondiale a déjà commencé, avec 100.000 exemplaires vendus aujourd’hui.

La Troisième Guerre mondiale : pourquoi ce titre?

Parce que c’est la réalité, la Troisième Guerre mondiale a commencé. Il est vrai qu’elle a commencé «petitement» et avec deux surprises. On est parti dans cette guerre avec l’idée que l’armée de la Russie était très puissante et que son économie était très faible. On pensait que l’Ukraine allait se faire écraser militairement et que la Russie se ferait écraser économiquement par l’Occident. Or il s’est passé l’inverse. L’Ukraine n’a pas été écrasée militairement même si elle a perdu à cette date 16% de son territoire ; la Russie n’a pas été écrasée économiquement. Au moment où je vous parle, le rouble a pris 8% par rapport au dollar et 18% par rapport à l’euro depuis la veille de l’entrée en guerre.

Il y a donc eu une sorte de quiproquo. Mais il est évident que le conflit, en passant d’une guerre territoriale limitée à un affrontement économique global, entre l’ensemble de l’Occident d’une part et la Russie adossée à la Chine d’autre part, est devenu une guerre mondiale. Même si les violences militaires sont faibles par rapport à celles des guerres mondiales précédentes.

N’exagérez-vous pas? L’Occident n’est pas directement engagé militairement…

Nous fournissons des armes quand même. Nous tuons des Russes, même si nous ne nous exposons pas nous-mêmes. Mais il reste vrai que nous, Européens, sommes surtout engagés économiquement. Nous sentons d’ailleurs venir notre véritable entrée en guerre par l’inflation et les pénuries.

Poutine a fait une grosse erreur au début, qui présente un immense intérêt socio-historique. Ceux qui travaillaient sur l’Ukraine à la veille de la guerre considéraient ce pays, non comme une démocratie naissante, mais comme une société en décomposition et un «failed state» en devenir. On se demandait si l’Ukraine avait perdu 10 millions ou 15 millions d’habitants depuis son indépendance. On ne peut trancher parce que l’Ukraine ne fait plus de recensement depuis 2001, signe classique d’une société qui a peur de la réalité. Je pense que le calcul du Kremlin a été que cette société en décomposition s’effondrerait au premier choc, voire même dirait «bienvenue maman» à la sainte Russie. Mais ce que l’on a découvert, à l’opposé, c’est qu’une société en décomposition, si elle est alimentée par des ressources financières et militaires extérieures, peut trouver dans la guerre un type nouveau d’équilibre, et même un horizon, une espérance. Les Russes ne pouvaient pas le prévoir. Personne ne le pouvait.

Mais est-ce que les Russes n’ont pas sous-estimé, malgré l’État de décomposition réelle de la société, la force du sentiment national ukrainien, voire la force du sentiment européen de soutien envers l’Ukraine? Et vous-même ne le sous-estimez-vous pas?

Je ne sais pas. Je travaille là-dessus, mais en chercheur, c’est-à-dire en admettant qu’il y a des choses que l’on ne sait pas. Et pour moi, bizarrement, l’une des champs sur lesquels j’ai trop peu d’informations pour trancher, c’est l’Ukraine. Je pourrais vous dire, sur la foi de données anciennes, que le système familial de la petite Russie était nucléaire, plus individualiste que le système Grand Russe, qui était davantage communautaire, collectiviste. Ça, je peux vous le dire, mais ce qu’est devenue l’Ukraine, avec des mouvements de population massifs, une auto-sélection de certains types sociaux par le maintien sur place ou par l’émigration avant et pendant la guerre, je ne peux pas vous en parler, on ne sait pas pour l’instant.

L’un des paradoxes que j’affronte, c’est que la Russie elle ne me pose pas de problème de compréhension. C’est là-dessus que je suis le plus en décalage par rapport à mon environnement occidental. Je comprends l’émotion de tous, il m’est pénible de parler en historien froid. Mais quand on pense à Jules César enfermant Vercingétorix dans Alésia, puis l’emmenant à Rome pour célébrer son triomphe, on ne se demande pas si les Romains étaient méchants, ou déficients par les valeurs. Aujourd’hui, dans l’émotion, en phase avec mon propre pays, je vois bien l’entrée de l’armée russe en territoire ukrainien, les bombardements et les morts, la destruction des infrastructures énergétiques, les Ukrainiens crevant de froid tout l’hiver. Mais pour moi, le comportement de Poutine et des Russes est lisible autrement et je vais vous dire comment.

Pour commencer, j’avoue avoir été cueilli à froid par le début de la guerre, je n’y croyais pas. Je partage aujourd’hui l’analyse du géopoliticien «réaliste» américain John Mearsheimer. Ce dernier faisait le constat suivant: Il nous disait que l’Ukraine, dont l’armée avait été prise en main par des militaires de l’Otan (américains, britanniques et polonais) depuis au moins 2014, était donc de facto membre de l’Otan, et que les Russes avaient annoncé qu’ils ne toléreraient jamais une Ukraine membre de l’Otan. Ces Russes font donc, (ainsi que Poutine nous l’a dit la veille de l’attaque) une guerre de leur point de vue défensive et préventive. Mearsheimer ajoutait que nous n’aurions aucune raison de nous réjouir d’éventuelles difficultés des Russes parce que, comme il s’agit pour eux d’une question existentielle, plus ça serait dur, plus ils frapperaient fort. L’analyse semble se vérifier. J’ajouterais un complément et une critique à l’analyse de Mearsheimer.

Lesquels?

Pour le complément: lorsqu’il dit que l’Ukraine était de facto membre de l’Otan, il ne va pas assez loin. L’Allemagne et la France étaient, elles, devenues des partenaires mineurs dans l’Otan et n’étaient pas au courant de ce qui se tramait en Ukraine sur le plan militaire. On a critiqué la naïveté française et allemande parce que nos gouvernements ne croyaient pas en la possibilité d’une invasion russe. Certes, mais parce qu’ils ne savaient pas qu’Américains, Britanniques et Polonais pouvaient permettre à l’Ukraine d’être en mesure de mener une guerre élargie. L’axe fondamental de l’Otan maintenant, c’est Washington-Londres-Varsovie-Kiev.

Maintenant la critique: Mearsheimer, en bon Américain, surestime son pays. Il considère que, si pour les Russes la guerre d’Ukraine est existentielle, pour les Américains elle n’est au fond qu’un «jeu» de puissance parmi d’autres. Après le Vietnam, l’Irak et l’Afghanistan, une débâcle de plus ou de moins…. Quelle importance? L’axiome de base de la géopolitique américaine, c’est: «On peut faire tout ce qu’on veut parce qu’on est à l’abri, au loin, entre deux océans, il ne nous arrivera jamais rien». Rien ne serait existentiel pour l’Amérique. Insuffisance d’analyse qui conduit aujourd’hui Biden à une fuite en avant. L’Amérique est fragile. La résistance de l’économie russe pousse le système impérial américain vers le précipice. Personne n’avait prévu que l’économie russe tiendrait face à la «puissance économique» de l’Otan. Je crois que les Russes eux-mêmes ne l’avaient pas anticipé.

Si l’économie russe résistait indéfiniment aux sanctions et parvenait à épuiser l’économie européenne, tandis qu’elle-même subsisterait, adossée à la Chine, les contrôles monétaire et financier américains du monde s’effondreraient, et avec eux la possibilité pour les États-Unis de financer pour rien leur énorme déficit commercial. Cette guerre est donc devenue existentielle pour les États-Unis. Pas plus que la Russie, ils ne peuvent se retirer du conflit, ils ne peuvent lâcher. C’est pour ça que nous sommes désormais dans une guerre sans fin, dans un affrontement dont l’issue doit être l’effondrement de l’un ou de l’autre. Chinois, Indiens et Saoudiens, entre autres, jubilent.

Mais l’armée russe semble tout de même dans une très mauvaise posture. Certains vont jusqu’à prédire l’effondrement du régime, vous n’y croyez pas?

Non, au début il semble y avoir eu, en Russie, une hésitation, le sentiment d’avoir été abusé, de ne pas avoir été prévenu. Mais là, les Russes sont installés dans la guerre, et Poutine bénéficie de quelque chose dont on n’a pas idée, c’est que les années 2000, les années Poutine, ont été pour les Russes les années du retour à l’équilibre, du retour à une vie normale. Je pense que Macron représentera à l’opposé pour les Français la découverte d’un monde imprévisible et dangereux, des retrouvailles avec la peur. Les années 90 ont été pour la Russie une période de souffrance inouïe. Les années 2000 ont été un retour à la normale, et pas seulement en termes de niveau de vie: on a vu les taux de suicide et d’homicide s’effondrer, et surtout, mon indicateur fétiche, le taux de mortalité infantile, plonger et même passer au-dessous du taux américain.

Dans l’esprit des Russes, Poutine incarne (au sens fort, christique), cette stabilité. Et, fondamentalement, les Russes ordinaires estiment, comme leur président, faire une guerre défensive. Ils ont conscience d’avoir fait des erreurs au début, mais leur bonne préparation économique a augmenté leur confiance, non pas face à l’Ukraine (la résistance des Ukrainiens est pour eux interprétable, ils sont courageux comme des Russes, jamais des Occidentaux ne se battraient si bien!), mais face à ce qu’ils appellent «l’Occident collectif», ou bien «les États-Unis et leurs vassaux». La véritable priorité du régime russe, ce n’est pas la victoire militaire sur le terrain, c’est de ne pas perdre la stabilité sociale acquise dans les 20 dernières années.

Ils font donc cette guerre «à l’économie», surtout une économie d’hommes. Parce que la Russie garde son problème démographique, avec une fécondité de 1,5, enfant par femme. Dans cinq ans ils vont avoir des classes d’âge creuses. À mon avis, ils doivent gagner la guerre en 5 ans, ou la perdre. Une durée normale pour une guerre mondiale. Ils font donc cette guerre à l’économie, en reconstruisant une économie de guerre partielle, mais en voulant préserver les hommes. C’est le sens du repli de Kherson , après ceux des régions de Kharkiv, et de Kiev. Nous comptons les kilomètres carrés repris par les Ukrainiens, mais les Russes eux attendent la chute des économies européennes. Nous sommes leur front principal. Je peux évidemment me tromper mais je vis avec la notion que le comportement des Russes est lisible, parce que rationnel et dur. Les inconnues sont ailleurs.

Vous expliquez que les Russes perçoivent ce conflit comme «une guerre défensive», mais personne n’a tenté d’envahir la Russie, et aujourd’hui, du fait de la guerre, l’Otan n’a jamais eu autant d’influence à l’Est avec les pays Baltes qui veulent l’intégrer.

Pour vous répondre, je vous propose un exercice psycho-géographique, qui peut se faire par un mouvement de zoom arrière. Si on regarde la carte d’Ukraine, on voit l’entrée des troupes russes par le Nord, l’Est, le Sud… Et là, effectivement, on a la vision d’une invasion russe, il n’y a pas d’autre mot. Mais si on fait un immense zoom arrière, vers une perception du monde, mettons jusqu’à Washington, on voit que les canons et missiles de l’Otan convergent de très loin vers le champ de bataille, mouvement d’armes qui avait commencé avant la guerre. Bakhmout est à 8400 kilomètres de Washington mais à 130 kilomètres de la frontière russe. Une simple lecture de la carte du monde permet je pense, d’envisager l’hypothèse que «Oui, du point de vue russe, cela doit être une guerre défensive.»

Selon vous, l’entrée en guerre des Russes s’explique aussi par le relatif déclin des États-Unis…

Dans “Après l’empire”, publié en 2002, j’évoquais le déclin de longue période des États-Unis et le retour de la puissance russe. Depuis 2002, l’Amérique enchaîne échecs et replis. Les États-Unis ont envahi l’Irak, mais en sont repartis laissant l’Iran acteur majeur du Moyen-Orient. Ils ont fui l’Afghanistan. La satellisation de l’Ukraine par l’Europe et par les États-Unis n’a pas représenté un surcroît de dynamisme occidental mais l’épuisement d’une vague lancée vers 1990, relayée par le ressentiment antirusse des Polonais et des Baltes. Or c’est dans ce contexte de reflux américain que les Russes ont pris la décision de mettre au pas l’Ukraine, parce qu’ils avaient le sentiment d’avoir enfin les moyens techniques de le faire.

Je sors de la lecture d’un ouvrage de S. Jaishankar, ministre des Affaires étrangères de l’Inde (The India Way), publié juste avant la guerre, qui voit la faiblesse américaine , qui sait que l’affrontement entre la Chine et les États-Unis ne fera pas de vainqueur mais va donner de l’espace à un pays comme l’Inde, et à bien d’autres. J’ajoute: mais pas aux Européens. Partout on voit l’affaiblissement des États-Unis, mais pas en Europe et au Japon parce que l’un des effets de la rétraction du système impérial est que les États-Unis renforcent leur emprise sur leurs protectorats initiaux.

Si on lit Brzeziński (Le Grand Échiquier), on voit que l’empire américain s’est constitué à la fin de la deuxième Guerre mondiale par la conquête de l’Allemagne et du Japon, qui sont toujours aujourd’hui des protectorats. À mesure que le système américain se rétracte, il pèse de plus en plus lourdement sur les élites locales des protectorats (et j’inclus ici l’ensemble de l’Europe). Les premiers à perdre toute autonomie nationale, seront (ou sont déjà) les Anglais et les Australiens. Internet a produit dans l’anglosphère une interaction humaine avec les États-Unis d’une telle intensité que leurs élites universitaires, médiatiques et artistiques sont pour ainsi dire annexées. Sur le continent européen nous sommes un peu protégés par nos langues nationales, mais la chute de notre autonomie est considérable, et rapide. Souvenons-nous de la guerre d’Irak, lorsque Chirac, Schröder et Poutine faisaient des conférences de presse communes contre la guerre

Beaucoup d’observateurs soulignent que la Russie a le PIB de l’Espagne, ne surestimez-vous pas sa puissance économique et sa capacité de résistance?

La guerre devient un test de l’économie politique, elle est le grand révélateur. Le PIB de la Russie et de la Biélorussie représente 3,3% du PIB occidental (États-Unis, anglosphère, Europe, Japon, Corée du Sud), pratiquement rien. On peut se demander comment ce PIB insignifiant peut faire face et continuer à produire des missiles. La raison en est que le PIB est une mesure fictive de la production. Si on retire du PIB américain la moitié de ses dépenses de santé surfacturées, puis la «richesse produite» par l’activité de ses avocats, par les prisons les mieux remplies du monde, puis par toute une économie de services mal définis incluant la «production» de ses 15 à 20.000 économistes au salaire moyen de 120 000 dollars, on se rend compte qu’une part importante de ce PIB est de la vapeur d’eau. La guerre nous ramène à l’économie réelle, elle permet de comprendre ce qu’est la véritable richesse des nations, la capacité de production, et donc la capacité de guerre. Si on revient à des variables matérielles, on voit l’économie russe. En 2014, nous mettons en place les premières sanctions importantes contre la Russie, mais elle augmente alors sa production de blé, qui passe de 40 à 90 millions de tonnes en 2020. Alors que, grâce au néo-libéralisme, la production américaine de blé, entre 1980 et 2020, est passée de 80 à 40 millions de tonnes. La Russie est aussi devenue le premier exportateur de centrales nucléaires. En 2007, les Américains expliquaient que leur adversaire stratégique était dans un tel état de déliquescence nucléaire que bientôt les États-Unis auraient une capacité de première frappe sur une Russie qui ne pourrait répondre. Aujourd’hui, les Russes sont en supériorité nucléaire avec leurs missiles hypersoniques.

La Russie a donc une véritable capacité d’adaptation. Quand on veut se moquer des économies centralisées, on souligne leur rigidité, et quand on fait l’apologie du capitalisme, on vante sa flexibilité. On a raison. Pour qu’une économie soit flexible, il faut bien sûr le marché, des mécanismes financiers et monétaires. Mais il faut d’abord une population active qui sache faire des choses. Les États-Unis sont maintenant plus de deux fois plus peuplés que la Russie (2,2 fois dans les tranches d’âges étudiantes). Reste qu’avec des proportions par cohortes comparables de jeunes faisant des études supérieures, aux États-Unis, 7% font des études d’ingénieur, alors qu’en Russie c’est 25%. Ce qui veut dire qu’avec 2,2 fois moins de personnes qui étudient, les Russes forment 30% de plus d’ingénieurs. Les États-Unis bouchent le trou avec des étudiants étrangers, mais qui sont principalement Indiens et plus encore Chinois. Cette ressource de substitution n’est pas sûre et diminue déjà. C’est le dilemme fondamental de l’économie américaine: elle ne peut faire face à la concurrence chinoise qu’en important de la main-d’œuvre qualifiée chinoise. Je propose ici le concept d’équilibrisme économique. L’économie russe, quant à elle, a accepté les règles de fonctionnement du marché (c’est même une obsession de Poutine de les préserver), mais avec un très grand rôle de l’État, mais elle tient aussi sa flexibilité des formations d’ingénieurs qui permettent les adaptations, industrielles et militaires.

Beaucoup d’observateurs pensent, au contraire, que Vladimir Poutine a profité de la rente des matières premières sans avoir su développer son économie…

Si c’était le cas, cette guerre n’aurait pas eu lieu. L’une des choses marquantes dans ce conflit, et qui le rend si incertain, c’est qu’il pose (comme toute guerre moderne), la question de l’équilibre entre technologies avancées et production de masse. Il ne fait aucun doute que les États-Unis disposent de certaines des technologies militaires les plus avancées, et qui ont parfois été décisives pour les succès militaires ukrainiens. Mais quand on entre dans la durée, dans une guerre d’attrition, pas seulement du côté des ressources humaines mais aussi matérielles, la capacité à continuer dépend de l’industrie de production d’armes moins haut de gamme. Et nous retrouvons, revenant par la fenêtre, la question de la globalisation et le problème fondamental des Occidentaux: nous avons délocalisé une telle proportion de nos activités industrielles que nous ne savons pas si notre production de guerre peut suivre. Le problème est admis. CNN, le New York Times et le Pentagone se demandent si l’Amérique arrivera à relancer les chaînes de production de tel ou tel type de missile. Mais on ne sait pas non plus si les Russes sont capables de suivre le rythme d’un tel conflit. L’issue et la solution de la guerre dépendront de la capacité des deux systèmes à produire des armements.

Selon vous cette guerre est non seulement militaire et économique, mais aussi idéologique et culturelle…

Je m’exprime ici surtout en tant qu’anthropologue. Il y a eu en Russie des structures familiales plus denses, communautaires, dont certaines valeurs ont survécu. Il y a un sentiment patriotique russe qui est quelque chose dont on n’a pas idée ici, nourri par le subconscient d’une nation famille. La Russie avait une organisation familiale patrilinéaire, c’est-à-dire dans laquelle les hommes sont centraux et elle ne peut adhérer à toutes les innovations occidentales néoféministes, LGBT, transgenres… Quand nous voyons la Douma russe voter une législation encore plus répressive sur «la propagande LGBT», nous nous sentons supérieurs. Je peux ressentir ça en tant qu’Occidental ordinaire. Mais d’un point de vue géopolitique, si nous pensons en termes de soft-power, c’est une erreur. Sur 75% de la planète, l’organisation de parenté était patrilinéaire et l’on peut y sentir une forte compréhension des attitudes russes. Pour le non-Occident collectif , la Russie affirme un conservatisme moral rassurant. L’Amérique latine cependant est ici du côté occidental.

Quand on fait de la géopolitique, on s’intéresse à de multiples domaines: les rapports de force énergétiques, militaires, la production d’armes (qui renvoie aux rapports de force industriels). Mais il y a aussi le rapport de force idéologique et culturel, ce que les Américains appellent le «soft power». L’URSS avait une certaine forme de soft power, le communisme, qui influençait une partie de l’Italie, les Chinois, les Vietnamiens, les Serbes, les ouvriers français… Mais le communisme faisait au fond horreur à l’ensemble du monde musulman par son athéisme et n’inspirait rien de particulier à l’Inde, hors du Bengale-Occidental et du Kerala. Or, aujourd’hui, la Russie telle qu’elle s’est repositionnée comme archétype de la grande puissance, non seulement anticolonialiste, mais aussi patrilinéaire et conservatrice des mœurs traditionnelles, peut séduire beaucoup plus loin. Les Américains se sentent aujourd’hui trahis par l’Arabie saoudite qui refuse d’augmenter sa production de pétrole, malgré la crise énergétique due à la guerre, et prend de fait le parti des Russes: pour une part, bien sûr, par intérêt pétrolier. Mais il est évident que la Russie de Poutine, devenu moralement conservatrice, est devenue sympathique aux Saoudiens dont je suis sûr qu’ils ont un peu de mal avec les débats américains sur l’accès des femmes transgenres (définies comme mâles à la conception) aux toilettes pour dames.

Les journaux occidentaux sont tragiquement amusants, ils ne cessent de dire: «La Russie est isolée, la Russie est isolée». Mais quand on regarde les votes des Nations unies, on constate que 75% du monde ne suit pas l’Occident, qui paraît alors tout petit. Si l’on est anthropologue, on peut expliquer la carte, d’une part des pays classés comme ayant un bon niveau de démocratie par The Economist (à savoir l’anglosphère, l’Europe…) , d’autre part des pays autoritaires, qui s’étalent de l’Afrique jusqu’à la Chine en traversant le monde arabe et la Russie. Pour un anthropologue, c’est une carte banale. Sur la périphérie «occidentale» on trouve les pays de structure familiale nucléaire avec des systèmes de parenté bilatéraux, c’est-à-dire où les parentés masculines et féminines sont équivalentes dans la définition du statut social de l’enfant. Et au centre, avec le gros de la masse afro-euro-asiatique, on trouve les organisations familiales communautaires et patrilinéaires. On voit alors que ce conflit, décrit par nos médias comme un conflit de valeurs politiques, est à un niveau plus profond un conflit de valeurs anthropologiques. C’est cette inconscience et cette profondeur qui rendent la confrontation dangereuse. Source : blogs de Mediapart

Note de votre serviteur. Au Japon on trouve tous les ouvrages d’Emmanuel Todd en français et une grande partie d’entre eux traduits en japonais. Cet anthropologue dont j’ai lu beaucoup d’oeuvres dont en particulier “Origine des Systèmes Familiaux”, une étude absolument incontournable, que l’ai même lu deux fois car la première lecture ne permet pas de saisir dans leur profondeur certains arguments, est probablement, du moins selon moi, le plus grand anthropologue français présent. Todd est dénigré par les intellectuels progressistes car ses idées et ses analyses ne correspondent pas à leur idéologie globaliste. Et puisque j’ai utilisé ce néologisme j’ai l’occasion d’exposer mon opinion au sujet du globalisme. Cette idéologie n’est pas adaptée à la nature humaine qui est au contraire fondamentalement individualiste. Le globalisme a conduit au marxisme-léninisme tel que l’a enduré le peuple russe pendant 70 ans. La nature profonde de l’Homo sapiens sapiens n’a pas fondamentalement évolué depuis 100000 ans, il réagit souvent avec son cerveau “reptilien” et se recroqueville dans une cellule familiale aujourd’hui restreinte dans le monde moderne alors que la vraie structure ancestrale de la cellule familiale avait pris la forme de cellules étendues englobant plusieurs générations comme cela a été très bien décrit dans l’ouvrage de Todd que j’ai cité plus haut.

USA : la nouvelle « Chute Finale » ?

Lorsque Emmanuel Todd publia en 1976 son premier ouvrage « La Chute Finale », un essai de prospective relatif à la chute du bloc soviétique, il s’appuya sur les données démographiques dont il disposait à l’époque. Ces données faisaient état d’une hausse de la mortalité infantile et d’une décroissance de l’espérance de vie. En 2002 Todd réitéra en se penchant cette fois sur un éventail de données socio-économiques et politiques au sujet des USA dont il prédit la chute dans son essai « Après l’Empire ». En cette année-là les Etats-Unis étaient considérés comme le pays disposant du meilleur système de santé dans le monde. La mortalité infantile était négligeable et l’espérance de vie avait atteint un sommet. En 20 ans seulement la situation s’est considérablement dégradée sur le plan sanitaire et si Todd reprenait les données démographiques disponibles aujourd’hui il pourrait écrire un nouvel essai au sujet des USA reprenant l’argumentation qu’il utilisa dans « La Chute Finale ». En effet, une longue étude publiée par le National Bureau of Economic Research situé à Cambridge, Massachusetts, présente en détail la situation démographique actuelle des Etats-Unis ( http://www.nber.org/papers/w29203 ) qui fait l’objet de brefs commentaires dans le présent billet sur ce blog.

Cette étude s’est limitée à la période 1990-2018. Tous les aspects démographiques y sont abordés dont en particulier les différences ethniques entre « blancs » et « afro-américains » et l’étude mentionne toujours une comparaison avec un panier de pays européens comprenant le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Norvège et l’Espagne. Les résultats de cette étude réalisée en collaboration avec les pays européens cités ici fait ressortir un aspect démographique des Etats-Unis qui doit certainement interpeller Emmanuel Todd. L’étude a été réalisée avant la pandémie de SARS-CoV-2 il ne serait pas fortuit d’en déduire que le système de santé américain soit responsable des 705000 décès enregistrés dans ce pays depuis le début de la pandémie coronavirale ( source : https://www.worldometers.info/coronavirus/ ).

Le premier fait est une très importante diminution de la mortalité de la population afro-américaine au cours de cette période : l’écart de l’espérance de vie entre « noirs » et blancs est passée de 7,6 à 3,6 années tandis que l’espérance de vie globale des « blancs » a diminué. Cette dernière, sensiblement égale à celle des Européens en 1990, a diminué de manière constante. En premier lieu l’évolution de la mortalité infantile (0-4 ans) est un excellent indicateur de la qualité du système de santé. Le graphique ci-dessous montre la mortalité infantile pour la population afro-américaine et ce taux de mortalité est lié à l’indice de pauvreté (poverty ranking). Cet indice est calculé à partir d’un ensemble de données statistiques comprenant les salaires, l’état des possessions immobilières, le nombre de véhicules automobiles possédés, le nombre zéro étant attribué aux couches de la population les plus aisées. Cet indice complexe est adossé sur les données des recensements réalisées périodiquement dans chaque pays en particulier par les organismes d’études statistiques et démographiques. On peut constater que la mortalité infantile a très nettement diminué dans la population afro-américaine mais également que cette même mortalité a progressé dans la population blanche y compris chez les populations les plus aisées. Ceci est un indicateur de la dégradation constante du système sanitaire américain dont sont également victimes les populations aisées.

Pour la population adulte (20-64 ans) la situation est encore plus marquée. D’abord on meurt toujours plus quand on est « plus pauvre statistiquement parlant ». L’écart entre noirs et blancs aux USA s’est réduit au cours de la période d’étude et à l’évidence la population blanche américaine a significativement décroché par rapport à l’Europe, en quelque sorte encore une confirmation de la dégradation sanitaire américaine.

L’étude s’est enfin intéressée aux causes de la réduction de l’espérance de vie aux Etats-Unis et l’examen de celles-ci est tout à fait révélateur non seulement de la dégradation du système de santé américain mais aussi et surtout de la dégradation sociétale de ce pays. L’évaluation en pourcentage des contributions à la diminution de l’espérance de vie entre « noirs » et « blancs » américains montre sans ambiguïté la contribution des suicides (death of despair), des homicides et du HIV alors que les maladies cardiovasculaires ont sensiblement le même « poids » dans cette évaluation. On peut enfin remarquer que l’incidence des maladies respiratoires, qui représentent 5 % dans cette contribution ont été confirmées lors de l’épidémie du SARS-CoV-2 avec un beaucoup plus grand nombre de morts dans la population afro-américaine.

Cette étude mérite d’être lue en détail car elle montre sans appel que les Etats-Unis sont depuis maintenant 20 ans entrés dans un déclin inexorable et les statistiques démographiques en sont le premier indicateur avec la diminution de l’espérance de vie et l’augmentation de la mortalité infantile : l’objet d’une nouvelle « Chute Finale » pour Emmanuel Todd et concernant cette fois les USA ?

18 mars 2021, la fin du régime fascistoïde de Macron ?

Le néologisme « fascistoïde » n’est pas de mon cru, il a été écrit dans son essai « La lutte des classes en France au XXIe siècle » par Emmanuel Todd, l’un des plus grands intellectuels français de ce début de siècle. Et la dérive actuelle du Président français est très claire quand il dit : « j’ai décidé… », il outrepasse ses droits constitutionnels. Le Chef de l’Etat français n’a pas pour devoir de décider en son nom y compris en s’entourant de toutes les commissions et comités variées dont la seule existence est de diluer toute responsabilité et de rendre le chef de l’Etat totalement innocent, j’allais écrire irresponsable. Les décisions doivent être proposées par le gouvernement à la demande, éventuellement, du chef de l’Etat et approuvées par l’Assemblée des députés et du Sénat. Aujourd’hui l’Assemblée n’est plus qu’un petit groupe de députés qui votent favorablement à tout projet de loi que le gouvernement croupion lui propose. L’opposition est absente, l’Assemblée nationale est devenue l’ombre d’elle-même et pour le Sénat c’est le coma dépassé.

Je ne suis pas du tout doué pour la politique-fiction mais si le titre de ce billet mentionne un 18 mars c’est seulement en mémoire du jour, il y a 150 ans, où commença le mouvement de révolte populaire appellé « La Commune ». Il y a beaucoup de similitudes entre la France d’aujourd’hui et celle du début de l’année 1871. La France était en guerre contre les Prussiens et Paris était assiégé par les soldats prussiens, aujourd’hui, selon le « guide » Macron, le pays est en guerre contre le coronavirus. En 1871 les finances de la France étaient au bord du gouffre, il faudra payer 5 milliards de francs-or à la Prusse et céder l’Alsace et la Lorraine au Keyser. Aujourd’hui la France cède ses bijoux de famille comme par exemple Alstom-énergie vendue aux Américains avec l’accord de Macron alors Ministre des finances, un acte de haute trahison, et bien d’autres entreprises de caractère stratégique ont suivi depuis. En 1871 la misère s’est abattue sur le peuple tout entier depuis Paris qui survivait en mangeant des rats et cette misère s’était répandue jusqu’aux confins de la France profonde, aujourd’hui les étudiants tentent de trouver quelque nourriture auprès d’oganisations caritatives et il y a des enfants de 12 ans et même plus jeunes qui vont à la soupe populaire car ils ont le ventre creux. En 1870 et 1871 la crise économique et l’effort de guerre avaient ruiné des centaines de milliers de petites entreprises et les épargnants avaient été mis à contribution, aujourd’hui l’épidémie de coronavirus, un épiphénomène en terme de gravité et de mortalité, a ruiné des centaines de milliers de petits entrepreneurs.

Lorsque les Parisiens ont trouvé que la situation n’était plus tenable ils ont pris possession de la redoute de la butte Montmartre et des canons du fort de Belleville. Le « fascistoïde » Adolphe Thiers ordonne à la troupe de repousser les émeutiers mais celle-ci gardera l’arme au pied ou la crosse en l’air et, aussi traumatisée que la population par le long siège de Paris, ne réagira pas. Il faudra attendre que les Versaillais s’organisent pour mettre fin dans le sang à cette insurrection qui dérangeait les hautes sphères du pouvoir.

Le 18 mars 2021 que fera la police si la population française, pas seulement à Paris à la différence de la Commune mais dans tout le pays, s’insurge contre le pouvoir politico-financier fascistoïde parisien ? Il y eut dans de nombreuses villes de France des copies peu actives de la Commune de Paris vite matées par les Préfets. Si en mars 2021 la police et la gendarmerie et le cas échéant la troupe fraternisent avec le peuple car tous ces hommes et femmes font partie du peuple et ont souffert, comme le peuple français, de la gestion calamiteuse de l’épidémie coronavirale alors le gouvernement, le chef de l’Etat et toute sa cour devront fuir, non pas à Varennes ni à Versailles, comme ce fut le cas respectivement pour Louis XVI puis Thiers, mais beaucoup plus loin. Ils seront rattrapés et jugés pour leurs trahisons et leur nuisance. Conformément à la Constitution le pouvoir sera confié au Président du Sénat qui n’est pas connu pour alimenter une sympathie délirante pour Macron et il organisera des élections puis l’Etat reprendra son fonctionnement sur des bases saines. L’histoire, dans 50 ans, ne retiendra de Macron que l’image d’un usurpateur incompétent qui a cru se prendre pour un tyran, un « guide » du peuple, en réalité un fascist(oïd)e …

Corollaire au billet précédent à propos de l’article du Professeur Thorsten Polleit : le cas de la Chine.

La grande majorité des structures familiales de la Chine telles qu’étudiées par Emmanuel Todd dans son sublime ouvrage « L’origine des systèmes familiaux » sont de type communautaire patrilocal (CP dans la terminaison de Todd), une grande communauté familiale réunissant le père et ses fils mariés (ou non), l’ensemble étant sous l’autorité du père. Ce type de structure familiale peut comprendre plusieurs générations sous le même toit. Elle a favorisé l’émergence de systèmes politiques autoritaires tels que le communisme, mais bien avant le communisme la Chine était dirigée par un empereur secondé par une administration tentaculaire contrôlant étroitement l’ensemble de la population. Pourquoi mentionner la Chine dans ce débat relatif à l’émergence d’un néo-marxisme dans les pays occidentaux, tout simplement parce que la Chine s’est orientée vers un système politique atypique réunissant un communisme autoritaire à l’image de la famille communautaire à la tête de laquelle se trouve le « patriarche » détenteur de l’autorité – pour la nation chinoise le parti communiste avec à sa tête son premier secrétaire – et un capitalisme autorisant paradoxalement l’apparition de grandes fortunes restant étroitement surveillées par l’appareil du parti. En 30 ans la Chine a réussi à sortir de la pauvreté plus de 300 millions de personnes, une prouesse inégalée dans le monde, et a promu l’apparition d’une classe moyenne aisée disposant d’un pouvoir d’achat presque équivalent à celui de la petite bourgeoisie des pays occidentaux avec cependant un immense réservoir de main d’oeuvre qualifiée très mal payée en regard des salaires moyens des ouvriers des pays de l’Europe occidentale. Il serait plus proche de la réalité de comparer les ouvriers chinois à ceux de pays comme la Bulgarie ou la Roumanie.

Ce système politique et économique est unique au monde et les résultats sont satisfaisants … sauf pour les pays occidentaux qui sont prisonniers de leurs contradictions idéologiques comme l’article de Polleit l’a clairement souligné. Si les Etats-Unis mais également un certain nombre de pays européens organisent un dénigrement systématique du système politique chinois c’est parce qu’ils en sont arrivé au constat que le système politique dirigiste des pays occidentaux ne peut pas fonctionner pour une simple raison : il faut être Chinois pour vivre harmonieusement dans un tel système, en d’autres termes il faut posséder cette mentalité ancestrale de l’acceptation d’une autorité. Comme Todd l’a souvent souligné dans ses ouvrages cette mentalité ne disparaît pas alors qu’aujourd’hui les structures familiales chinoises contemporaines ressemblent beaucoup plus à la famille nucléaire – le couple et les enfants (le plus souvent pas d’enfant du tout) – comme dans n’importe quel pays européen.

Il n’est donc pas surprenant compte tenu de ces observations que la Chine ait réussi cette alliance pouvant paraître contre nature d’un régime communiste autoritaire et d’un capitalisme presque débridé. Alain Peyrefitte l’avait bien compris dès 1971 alors que la Chine s’enfonçait dans sa révolution culturelle en écrivant dans un contexte pourtant différent dans son fameux essai « Quand la Chine d’éveillera … » que lorsque ce pays disposera des technologies modernes il finira par dominer le monde. C’est précisément ce qui se passe aujourd’hui et c’est la raison pour laquelle la Maison-blanche est si nerveuse. Les dirigeants américains comme européens devraient plutôt comprendre que leur système capitaliste néo-marxiste ne peut pas fonctionner. Et c’est déjà trop tard … Suite de cette réflexion dans un prochain billet.

 

Le rêve américain … une illusion

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La démocratie américaine veut imposer au monde entier sa conception de l’organisation politique … Il y a beaucoup à redire, c’est presque grotesque.

Parmi les nations dites occidentales, les Etats-Unis se distinguent en effet par leurs nombreux records  :

La plus grande inégalité de revenu …

Le plus important taux de pauvreté …

Le plus grand nombre d’enfant pauvres …

Le pire style de vie pour les enfants …

La plus faible mobilité sociale …

Le plus de gens sans protection sociale …

Le plus haut taux de mortalité infantile …

Le plus grand nombre d’obèses …

Le plus important usage d’anti-dépresseurs …

La plus faible espérance de vie à la naissance …

Les plus fortes émissions de carbone …

La pire inégalité des genres …

Les plus importantes dépenses militaires …

Le plus de ventes d’armes …

La plus grande population carcérale …

Le plus grand nombre de meurtres …

Let’s make America Great Again ? Ce pays est foutu !

Quand Emmanuel Todd a écrit son essai intitulé « Après l’empire, essai sur la décomposition du système américain » en 2002 il ne pouvait pas si bien le décrire. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale les USA ont construit leur hégémonie de façade sur la suprématie du pétro-dollar, un concept confondant le prix du pétrole et la valeur du dollar, monnaie considérée comme référence sur les marchés financiers mondiaux à la suite des accords de Bretton Woods imposés au monde occidental dans son ensemble par le vainqueur auto-proclamé de la seconde guerre mondiale. Cet état de fait accepté avec une certaine réticence par de nombreux pays européens alors confrontés à la situation de la « guerre froide » fut finalement entériné que ce soit en Europe mais aussi au Japon, en Corée, en Thaïlande ou encore en Indonésie et en Afrique du Sud sous la menace à peine dissimulée de la Maison-Blanche et ne parlons même pas des pays européens qui furent mis sous tutelle dès la fin du conflit mondial par les USA à l’ouest et par l’URSS à l’est. Il s’agissait des tractations ignominieuses entre Roosevelt et Staline, ceux qui ont la mémoire un peu moins courte que la moyenne s’en souviennent. Bref, les objectifs impérialistes du « Deep State » américain furent confortés par des coups tordus à répétition, depuis Cuba jusqu’au Golfe du Tonkin, les armes de destruction massive irakiennes, les gaz de Assad, les crimes de Kadhafi et maintenant le « virus chinois ». L’impérialisme américain, alimenté par le messianisme des Evangélistes, n’est qu’une caisse de résonance creuse qui a appauvri tout un peuple et en fin analyste de la démographie Emmanuel Todd l’a clairement montré dans son essai prémonitoire en se basant sur l’augmentation de la mortalité infantile et la baisse de l’espérance de vie aux Etats-Unis. On y est ! La plus importante conséquence de cette crise sanitaire « coronavirale » sera la chute de l’hégémonie américaine … et je le souhaite, faisant fi de toutes les accusations d’anti-américanisme primaire que certains des lecteurs de mon blog résolument contrarien m’affligent. J’ai au moins le courage de mes opinions (que je ne partage qu’avec moi-même comme avait coutume de le répéter Pierre Desproges). Je ne plaisante pas.

Réflexions sur une pensée d’André Malraux

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De mémoire, je cite Malraux : « Le XXIe siècle sera religieux ou ne sera pas ». Pendant longtemps je me suis demandé ce que voulait conceptualiser par cette pensée le dandy des arts premiers, habitué des discours glorieux et dont je n’avais, je l’avoue aujourd’hui, pas une opinion très débordante d’enthousiasme à l’époque car il me manquait des éléments de jugement. J’étais en effet encore un jeune étudiant trop préoccupé par mes études pour émettre une opinion adossée sur des arguments équilibrés et documentés. Et pourtant par cette pensée Malraux fut un véritable visionnaire d’une situation qui se réalise sous nos yeux aujourd’hui.

Je mets en garde mes lecteurs car ce billet est le fruit de réflexions qui rassemblent des mois sinon des années d’informations disparates que l’on ne trouve pas toujours exposées en clair dans les flux informatifs dits main-stream car elles sont dérangeantes. Je suis totalement athée et je ne nourris aucune aversion pour quelque religion que ce soit, ce n’est pas mon problème. D’autre part je n’ai strictement aucune sympathie pour un mouvement politique quel qu’il soit. Pour moi le monde politique est corrompu et il fuit les problèmes qu’il constate pourtant chaque jour afin de préserver ses privilèges qu’il s’est attribué à lui-même au fil des années passées. Qu’à l’issue de la lecture de ce billet mes lecteurs se rassurent il ne s’agit que d’un constat de la situation dans laquelle le pouvoir politique français est plongé mais aussi de bien d’autres pays européens et l’issue de cette situation sera explosive.

Les attentats du 11 septembre 2001 ont révélé, au début de ce nouveau siècle dont parlait Malraux, la nouvelle guerre de religion rappelant en de nombreux aspect celles qui ravagèrent de nombreux pays européens et qui renaît maintenant, les guerres de religion. Les guerres de religion européennes concernèrent le continent de l’Europe à la suite de l’émergence du réformisme symbolisé dans les esprits par Martin Luther et Jean Calvin. La Réforme prônait schématiquement un retour au fondamentalisme chrétien des premiers siècles du christianisme. Le vingtième siècle, traversé par de nombreux troubles, fut marqué par l’émergence du communisme. Alors que les pays européens se « déchristianisaient » progressivement un noyau dur d’évangélistes nord-américains répandait le messianisme, une idéologie commune aux trois grandes religions monothéistes, chrétienne, musulmane et judaïque, dont le fondement est le retour du Messie, idéologie qui n’a cessé de progresser envahissant même l’Europe. Je passerai sur le créationisme que défendent les évangélistes, une monstruosité pour un scientifique, c’est dire à quel point les évangélistes se situent totalement en dehors de la réalité contemporaine, mais c’est une autre histoire …

Ce processus de vide spirituel s’est exacerbé avec la chute de l’URSS dans la recherche d’une nouvelle religion puisque le communisme avait bien prouvé que l’esprit humain a besoin de surnaturel pour son équilibre. Vladimir Poutine l’a bien compris en redorant l’image de la religion orthodoxe. Après le 11 septembre 2001, si les interventions guerrières des Etats-Unis au Moyen-Orient peuvent sembler avoir attisé les haines religieuses entre l’Occident et le monde musulman, il faut néanmoins prendre en considération le fait que les musulmans se cherchent aussi dans une redéfinition plus fondamentaliste de leur religion. C’est ainsi que le wahhabisme avec sa branche prosélyte violente, « export » dirons-nous, le salafisme, est monté en puissance. Il s’agit de la « Réforme » de la religion musulmane comme il y eut la réforme de la religion chrétienne en son temps, un retour aux textes fondateurs dictés par le Créateur voire par l’ange Gabriel, c’est selon.

De même que les guerres de religion furent violentes, les nouvelles guerres de religion issues de l’émergence du wahhabisme sont violentes et le prosélytisme est déjà violent et le sera plus encore à l’avenir. Le XXIe siècle sera donc bien religieux comme l’a prédit Malraux mais il sera violent. On ne peut que constater la mise en place des futurs conflits religieux qui ne manqueront pas d’ensanglanter le berceau européen de la religion chrétienne. Dans tous ces pays européens, depuis la Suède jusqu’à la Belgique et l’Espagne sans oublier la France et la Grande-Bretagne, se mettent en place, en particulier dans les grandes villes, des noyaux durs de musulmans salafistes financés avec des pétrodollars moyen-orientaux. Le christianisme zombie dont parlait Emmanuel Todd dans son ouvrage « Qui est Charlie » n’attend qu’une occasion pour se réveiller et contrer la progression du prosélytisme musulman.

Le XXIe siècle sera donc bien religieux mais sanglant à n’en plus douter. Les politiciens sont désemparés car ils savent qu’une nouvelle guerre de religion ne pourra pas être maîtrisée et, de plus, qu’elle sera nécessairement meurtrière. Enfin, de leur côté, les Evangélistes américains ont exigé une prise de position extrême du gouvernement américain en la personne du Président pour accorder son quitus à Israël pour littéralement atomiser la Cisjordanie dans un apartheid qui ne veut pas dire son nom tout en maintenant un véritable camp de concentration dans la bande de Gaza.

Pour revenir à la France en particulier il faut tout de même constater que l’Etat est terrorisé par une éventuelle explosion de violence. Il sont, comme d’ailleurs en Suède, terrorisés à l’idée d’être traités de racistes, d’anti-musulmans, de fascistes et de je sais plus quels autres noms d’oiseaux s’ils réagissent à la situation totalement dégradée de certains quartiers urbains et sub-urbains. La dite politique de la ville instituée par Sarkozy n’a fait que cacher sous le tapis le problème à coups de milliards d’euros. Et ce sont tous les Français qui paient pour la paix dans les banlieues. Ça ne pourra que très mal se terminer …

Lien. https://www.lesoir.be/art/1136269/article/soirmag/soirmag-histoire/2016-02-29/xxie-siecle-sera-religieux-ou-ne-sera-pas

Le déclin de l’Empire américain ?

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Dans un de ses ouvrages publié en 2002 intitulé « Après l’Empire », Emmanuel Todd prédisait un effondrement de l’Empire américain en se référant à des données démographiques. J’ai lu beaucoup d’ouvrages de Todd mais pas celui mentionné ici et je ne me sens pas capable de le commenter. Dans le sens des thèses de Todd c’est une statistique publiée par le National Center for Health Statistics (NCHS) américain qui m’a remis en mémoire son ouvrage : la fertilité aux USA s’est considérablement effondrée ces dernières années pour se situer à un niveau dangereusement bas qui n’assure plus du tout le renouvellement des générations. Il est coutumier d’exprimer le taux de fertilité en nombre de naissances pour 1000 femmes en âge de procréer, c’est-à-dire âgées de 15 à 44 ans. Je ne suis démographe mais une arithmétique simple indique que si 1000 femmes en âge de procréer ont 2100 enfants le renouvellement de la génération est assuré. En effet, à la fin d’une génération il ne reste plus que 2100 – 1000 personnes, soit 1100, les 100 personnes supplémentaires couvrant les aléas statistiques. En moyenne le graphique indique que la fertilité américaine globale est de 59,1 enfants pour 1000 femmes.

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La chute de fertilité est spectaculaire dans la tranche d’âge 15-19 ans depuis les années 1990. Cette tendance est intimement liée aux incertitudes économiques. Les adolescents ne veulent plus avoir d’enfants parce qu’elles ont pris conscience, la plupart vivant encore dans le foyer parental, que le fait de procréer est devenu financièrement insurmontable. élever un enfant coûte 15000 dollars par an, c’est le Département de l’Agriculture qui l’affirme. Il faut ajouter à cette charge les emprunts pour faire des études supérieures, le coût des cartes de crédit, les prêts pour acheter une automobile. Tous ces facteurs dissuadent les jeunes Américains de créer un foyer. Si l’économie américaine était aussi florissante selon les affirmations aussi bien du Président que de nombreux médias cette situation ne serait pas à déplorer tant elle est précisément déplorable. Tous les jeunes américains nés depuis l’année 2000 seront une génération perdue … C’est ce que prévoyait Emmanuel Todd et les fait commencent à lui donner raison.

Source : ZeroHedge

Un coup de chapeau à Emmanuel Todd

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La première interview d’Aude Lancelin après avoir été limogée de l’Obs a été d’accueillir Emmanuel Todd sur le plateau de sa chaine de télévision Le Media et j’ai « récolté » dans le cours de cet interview quelques pépites qui préfiguraient ce qui devait arriver, la révolte des Gilets jaunes, sans qu’Emmanuel Todd en ait – le 19 février 2018 – eu vraiment conscience. Il faut dire pour comprendre la signification de ce billet, je dirai à la gloire d’Emmanuel Todd, que celui-ci a osé prévoir la chute du bloc soviétique en 1976 alors qu’il était jeune doctorant à l’Université de Cambridge. Son ouvrage lui valut d’acerbes critiques mais suscita aussi la curiosité en particulier de la CIA. Je me trouvais à l’époque en Californie, à UCLA, et mon patron de recherche m’avait déclaré que jamais les Etats-Unis n’abandonneraient Berlin et que cet affrontement entre ce que l’on appelait alors les « deux blocs » était somme tout salutaire pour la paix mondiale.

Bref, Todd eut un trait de génie et il a ensuite prévu les « printemps arabes » en raison de l’alphabétisation croissante des populations de ces pays comme la Tunisie ou l’Egypte et il a continué dans cette veine de visionnaire en prédisant la chute de l’Empire américain dont on ne peut que constater la déliquescence tant au niveau de la situation de l’emploi (90 millions de personnes en âge de travailler et survivant avec quelques petits « boulots » payés à l’heure le plus souvent au « black ») ou l’augmentation de la criminalité et du nombre de décès par overdose d’héroïne ou de fentanyl (20000 morts chaque année) et ces stastistiques pour un essayiste qui a travaillé durant de nombreuses années dans le meilleur centre mondial d’études démographiques (l’INED) ne trompent pas.

Pour Todd la démocratie c’est voter pour la mise en place d’un gouvernement attentif aux souhaits des citoyens. Or à l’évidence ce n’était pas le cas pour lui en février 2018. Todd ajoutait avec ironie que si voter c’est mettre en place des politiques attentifs aux besoins des citoyens, alors la Russie est un pays plus démocratique que l’Europe ! Quand Aude Lancelin l’a « branché » sur les classes supérieures dirigeantes Todd a réagi en déclarant (je cite) qu’il fallait qu’il y ait un vrai débat avec les forces contestataires au sujet de l’origine du mal économique et social français. Pour Todd Macron ne comprend pas la situation économique dans laquelle se trouve la France de par son appartenance à la zone euro. C’était en février 2018 et Todd pressentait sans en avoir réellement conscience que le malaise social allait se manifester dans la rue et les ronds-points.

À propos de ronds-points il faut rappeler que le moindre de ces monuments routiers coûte au bas mot au moins 1 million d’euros s’il n’est pas décoré par un structure métallique repoussante qui alors augmente significativement son coût mais a rempli les poches d’un pseudo-artiste ami du maire ou du conseiller général du coin. C’est l’Europe festive, solidaire et résolument attachée à la sécurité routière. Mais aujourd’hui les ronds-points servent de lieux de rassemblement contestataire car les automobilistes en ont assez de servir de vache-à-lait pour le gouvernement. Ici dans l’archipel des Canaries il y a aussi des ronds-points, Europe oblige ! Et ce que Todd a souligné est un fait indéniable. Les États « cigales », France, Italie, Espagne, Portugal et Grèce, aux yeux de l’Allemagne et des Pays-Bas, ne respectent pas les engagements du traité de Lisbonne. Mais ces pays sont prisonniers des règles de Bruxelles et de la banque centrale européenne. Alors, selon ces directives, il faut encore plus imposer le peuple, la majorité, pour réduire les déficits et se conformer aux règles des traités qui ont été signés par des représentants que ce même peuple a élu.

Il n’est pas difficile de comprendre qu’il y a comme une odeur de guerre civile qui se profile en France, mouvement qui pourrait bien faire tache d’huile dans les pays catégorisés « cigales » par l’Allemagne mais aussi en Belgique qui est également un pays dont la pression fiscale est insupportable pour les habitants. Aux dernières nouvelles l’économie allemande s’effondre pour diverses raisons. L’ami américain a imposé aux Allemands les sanctions à l’encontre de la Russie puis de l’Iran. Un désastre pour l’économie allemande. De plus la politique énergétique qu’a choisi l’Allemagne va la conduire au désastre, c’est très clair. Alors les petits retraités allemands qui paient l’énergie électrique deux fois plus cher qu’en France, par exemple, pourraient bien se rebeller aussi … Comme a coûtume de le dire H16 en conclusion de ses billets relatifs à la France « ce pays est foutu », il devrait aussi élargir sa vision à l’Europe et comme l’a aussi prédit Emmanuel Todd « l’Europe est foutue » …

https://www.youtube.com/watch?v=nWsqj6PVIUA