Buvons du lait !

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La grande crise de l’élevage laitier tient au fait que le lait est transformé en divers produits – plus ou moins dénaturés – par de grands groupes industriels sans scrupules qui, afin de réaliser le maximum de profits, exercent une pression constante sur le prix de la matière première de leur activité, c’est-à-dire le lait. Les éleveurs travaillent quasiment à perte. Ils ne réalisent que de maigres profits en revendant les veaux de quelques jours à d’autres éleveurs – on devrait dire des producteurs industriels de viande peu scrupuleux non plus – pour boucler difficilement leurs fins de mois. Des centaines d’exploitations agricoles spécialisées dans l’élevage laitier disparaissent chaque mois, en particulier en France et l’Etat ne fait rien pour juguler ce désastre. Bien au contraire ce même Etat subventionne à perte l’installation de parcs de moulins à vent sous prétexte qu’il faut réduire les émissions de carbone mais surtout parce qu’il existe un lobby puissant qui infléchit les décisions gouvernementales en direction des énergies vertes car il y a de l’argent à gagner, beaucoup d’argent, prélevé sur la facture d’électricité des utilisateurs finaux – surtout les particuliers – et donc « ça ne coûte rien », comme disait l’autre.

Cette situation devient non seulement alarmante mais caricaturale en particulier en Allemagne depuis que le gouvernement fédéral a décidé de mettre un léger coup de frein aux subventions pour les énergies vertes. Après un certain nombre d’initiatives d’associations de protection de l’environnement, comme ILKA (Initiative Landschaftsschutz Kempter Wald and Allgäu e.V.), il devient de plus en plus évident que tous ces moulins à vent installés sur le sol de l’Allemagne à des prix prohibitifs n’ont jamais réduit les émissions de CO2 comme cela était pourtant espéré. La seule conséquence concrète de cet engouement pour les énergies dites vertes a été un doublement du prix de l’électricité. Dans ce pays, si les producteurs de lait étaient subventionnés comme le sont les entreprises installant et opérant des moulins à vent, chaque fermier recevrait pour chaque litre de lait produit 11 euros et trente centimes ! Cette estimation est le résultat de la division de la totalité des subventions consenties pour le développement des énergies vertes par le nombre de litres de lait produits en Allemagne chaque année, ça laisse rêveur …

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Pas difficile d’imaginer dans ces conditions le prix du lait au détail, quelque part aux alentours de 40 euros, car le lait est un produit noble. Les Japonais, dans un tout autre ordre d’idée, sont très jaloux de « leur » riz et ils en paient le prix : trois fois ! Une fois en impôts redistribués par le gouvernement aux agriculteurs, une deuxième et une troisième fois dans le supermarché avec des taxes qui doublent le prix de production, de conditionnement et de transport. Et encore, le Japon fait très peu d’efforts pour installer des moulins à vent car les Japonais – et ils ont raison – sont également très jaloux de la beauté des paysages où chaque arbre et chaque rocher sont des dieux. Jamais un moulin à vent moderne, une horreur esthétique totalement inefficace (cf. l’Allemagne), ne deviendra une divinité dans la philosophie shintoïste.

Inspiré d’un billet du blog de Pierre Gosselin, illustration Hanami 2017 à Tokyo (http://www.rosenight.net/wp-content/uploads/2017/04/img_5010.jpg)