Les premières ondes gravitationnelles détectées

Capture d’écran 2016-02-11 à 17.39.35.png

Cent ans après les équations de la relativité générale écrites par Albert Einstein qui prédisaient l’existence d’ondes gravitationnelles, cette situation particulière est maintenant vérifiée. Selon Einstein, l’espace-temps peut être perturbé par un évènement gravitationnel majeur. Cet évènement cosmique a été provoqué par le flirt très rapproché entre deux trous noirs tournant l’un autour de l’autre pour finalement fusionner et relacher une gigantesque quantité d’énergie sous forme gravitationnelle puisque les trous noirs ne peuvent pas rayonner d’énergie sous forme électromagnétique. Pourtant Einstein lui-même ne croyait pas trop en l’existence des trous noirs, ces objets super-massifs qu’on ne peut pas voir puisqu’ils sont tellement denses et leur champ gravitationnel tellement intense que la lumière ne peut s’en échapper.

Il y a 50 ans des physiciens du CalTech imaginèrent un instrument susceptible de détecter ces ondes mais les complications technologiques firent que le projet faillit être abandonné à de nombreuses reprises. En bref, les ondes gravitationnelles (si elles existent) doivent perturber le cheminement de la lumière dans ce qu’on appelle un interféromètre mais pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de deux tunnels sous vide de 4 kilomètres de long chacun. Pendant longtemps le gros souci fut de maîtriser les vibrations parasites des détecteurs qui doivent être capables de mesurer une variation infinitésimale du trajet que parcourt la lumière et du temps qu’il lui faut pour le parcourir sous l’effet d’une onde gravitationnelle, la modification de l’espace-temps prédite par Einstein. L’unité de mesure de cette variation est le diamètre du noyau d’un atome d’hydrogène !

Capture d’écran 2016-02-11 à 17.38.20.png

Entre 2002 et 2010 les détecteurs interférométriques LIGO, l’un situé dans l’Etat de Washington (Hanford) et l’autre en Louisiane (Livingston), ne mesurèrent rien du tout, ils étaient désespérément « silencieux ». Il fallut améliorer substantiellement les détecteurs d’une complexité difficile à imaginer pour un non spécialiste (comme votre serviteur) pour qu’enfin, le 14 septembre dernier, les deux interféromètres enregistrent le même signal avec un écart de 7 millisecondes. Pourquoi deux détecteurs ? Tout simplement pour éliminer tout signal fortuit. Le vrai signal doit être coïncidant entre les deux appareils LIGO (Laser Interferometer Gravitational-wave Observatory). Le signal détecté en septembre dernier, compte tenu de son amplitude laissa les astrophysiciens du monde entier plutôt sceptiques.

Il fallut plusieurs longs mois pour l’analyser et finalement confirmer que pour la première fois une onde gravitationnelle avait bien été détectée. La probabilité pour que ce signal ne soit pas fortuit est mesurée en « sigmas » : les scientifiques sont certains à 99,9999 % qu’il s’agit bien d’une onde gravitationnelle relatant la fusion de deux trous noirs quelque part dans l’Univers … puisque ces scientifiques pensent que l’évènement gravitationnel aurait eu lieu il y a 1,5 milliard d’années dans l’hypothèse où les ondes gravitationnelles se déplacent à la vitesse de la lumière, une hypothèse qui n’a pas pour le moment été infirmée puisqu’elle est conforme à la théorie de la relativité générale.

Comme il existe des dizaines de milliards de galaxies et probablement autant de trous noirs dans l’Univers, depuis quelques mois les LIGOs détectent de nombreux signaux qui sont toujours en cours d’analyse. Le Scoop d’hier n’en est pas vraiment un puisque cet évènement eut lieu il y a très longtemps mais il s’agit d’un scoop qui démontre l’ingéniosité des scientifiques et confirme le génie d’Einstein …

Source et illustrations : physics.aps.org/articles/v9/17

Note : la déformation du trajet lumineux dans l’interféromètre est exprimée en mètres soit ici mille milliardième de milliardième de mètre (10 à la puissance moins 21).

Un expert, c’est quoi ?

 

Je n’ai jamais été expert en quoi que ce soit, ni dans ma discipline de recherche, l’enzymologie, ni dans aucun autre domaine. Il y a des experts en bridge, en béton armé, en tir à l’arc, des multitudes d’experts auprès des tribunaux afin de déterminer si l’arme du crime est bien celle qu’a utilisé l’assassin, il y a des experts en économie qu’on a nobélisé mais qui ne savent toujours rien de leur science parce que l’économie n’est pas une science, il y a des experts en conduite automobile, les champions de formule 1 par exemple, mais il y a aussi des experts en charcuterie, en statistiques … là la notion d’expertise devient un peu floue. Mais quand il s’agit d’experts en climatologie (mes lecteurs vont penser que je fais une obsession car ils doivent se lasser de mes diatribes répétitives à ce sujet et à longueur de billets) alors là je pouffe, comme aurait dit le très regretté Desproges, parce que tout simplement la climatologie est une science du passé et non du futur. J’ai lu aujourd’hui que le nombre de dépressions dans l’Atlantique cette année avait été une misère alors que les experts en climat avaient prédit exactement le contraire ! J’ai lu aussi qu’aux USA la température dans la San Joachim Valley (Californie) frôlait dangereusement les zéros degrés en ce moment même, du jamais vu depuis plus de cinquante ans, mettant en péril les vergers d’amandiers et d’agrumes. Les experts diront que c’est une conséquence de l’évolution fatidique du climat vers des années plus chaudes, voire torrides. En même temps l’ensemble de l’Europe se trouve sous l’influence d’un anticyclone puissant qui favorise des descentes d’air polaire jusqu’au sud de l’Espagne, c’est aussi une conséquence du dérèglement climatique. Certes, il y a eu le super typhon dévastateur sur les Philippines il y a quelques semaines pour prouver que les experts (de l’IPCC) ont naturellement raison et qu’on n’a pas d’autre choix que de les croire sur parole : puisqu’il y a eu ce typhon dévastateur, c’est parce que le climat se réchauffe, point à la ligne. Pour être capable de formuler une telle affirmation, il faut à n’en pas douter être un expert.

J’oubliais les experts en assurance, ceux qui viennent constater les dégâts des eaux chez vous ou encore les experts qui sont censés constater les dommages de votre automobile après un accident afin que l’assureur perde le minimum d’argent, cela va sans dire. Ces « experts » professionnels sont payés pour vous faire avaler toutes sortes de couleuvres parce que vous n’y connaissez rien aux lois fondamentales de la physique et que vous ignorez tout de vos droits vis-à-vis de l’expertise de votre carrossier qui réparera votre voiture. Il en est exactement de même des experts de l’IPCC, autrement dit le GIEC, mandatés par les Nations-Unies, c’est tout de même un comble de l’ironie, pour vous terroriser à propos d’une évolution totalement hypothétique du climat qui devrait, si les habitudes de consommation restaient inchangées, faire que nous serions tous grillés comme des toasts à plus ou moins brève échéance (dixit Madame Lagarde, qui entre parenthèses n’y connait strictement rien au climat) et que, donc, nous devons nous serrer la ceinture, payer pour exploiter des énergies alternatives, payer très cher, car les « experts » en ont décidé ainsi. Existe-t-il des experts en bêtise ? Certainement pas, car comme le rappelait Einstein, si vous voulez vous faire une bonne idée de l’infini, il n’y a qu’à observer la bêtise humaine ! Et avec « les experts » en tous genres on en est arrivé à un tel point qu’on appréhende vraiment une belle notion de l’infini !

Les compléments vitaminiques ? encore une imposture !

 

pills-vitamins-money

Il faut remonter aux années trente pour comprendre la genèse de cette vogue injustifiée et jamais confirmée de l’utilité des compléments vitaminiques pour la santé. Toute cette histoire est partie d’une lubie d’un prix Nobel de chimie qui démontra en 1931, à l’âge de 30 ans, que les liaisons chimiques n’étaient ni purement ioniques ni purement covalentes, mais entre les deux, un concept, l’électronégativité, qui fut confirmé plus tard et qu’Albert Einstein trouvait « trop compliqué pour lui » selon ses propres termes. Il s’agit de Linus Pauling. En 1949, après avoir collaboré avec l’armée américaine pour mettre au point des substituts du sang, Pauling avait orienté ses recherches vers les protéines et en particulier l’hémoglobine. Il publia en 1951 un fameux article sur la structure des protéines, transposant en quelque sorte ses travaux sur les liaisons chimiques à des structures complexes comme les protéines. Pauling fut récompensé pour ces travaux novateurs par le prix Nobel de Chimie en 1953. C’est en grande partie ces travaux de Pauling qui inspirèrent quelques années plus tard Crick et Watson quand ils élucidèrent la structure en double hélice de l’ADN, l’assemblage chimique retrouvé dans les protéines et appelé par Pauling hélice alpha. Tout découlait en fait des tous premiers travaux de Pauling sur l’électro-négativité et sa contre-partie l’électro-positivité permettant in fine ces assemblages en structures spatiales des chaines d’aminoacides dans les protéines ou des quatre bases de l’ADN reliées entre elles par des sucres et des phosphates. Comme beaucoup de prix Nobel, Pauling milita contre la guerre du Viet-Nam, contre la bombe atomique et tellement véhémentement que la Norvège lui décerna le prix Nobel de la Paix en 1962 ! Après, c’est le trou noir, une sorte de fuite en avant basée sur des idées erronées qui n’avaient plus rien à voir avec la science pure et dure dans laquelle il s’était illustré pourtant brillamment, Pauling fut en effet considéré comme l’un des plus grands scientifiques du XXe siècle. En 1966, à l’âge de 65 ans Pauling déclara sans aucunes preuves scientifiques à l’appui qu’en ingérant trois grammes de vitamine C par jour, il pourrait vivre sans encombre encore au moins 25 ans, probablement plus ! C’était un double prix Nobel qui déclarait ça haut et fort et tout le monde le crut, à commencer par les médias comme le Time Magazine. Pauling en rajouta une couche en publiant en 1970 un article sur les effets bénéfiques de la vitamine C sur le traitement du rhume, déclarant qu’en prenant jusqu’à trois grammes de vitamine C par jour quand on avait attrapé un vulgaire rhume, cette maladie serait vite éradiquée de la planète, rien que ça ! Mais c’était un prix Nobel et tout le monde l’a cru, surtout les laboratoires pharmaceutiques qui se sont frotté les mains, suivez mon regard … Pourtant, dès le début des années 40, des médecins avaient déjà conclu que la vitamine C ne présentait aucun effet bénéfique sur le traitement des rhumes et de la grippe. Comment Pauling put ressortir trente années plus tard une telle ineptie, mystère ! Toujours est-il que les ventes de vitamine C explosèrent littéralement tant aux USA qu’en Europe ou au Japon pour le plus grand bonheur des fabricants. Pauling, jouant sur son aura de prix Nobel déclara même que la vitamine C associée à d’autres compléments vitaminiques tels que les vitamines A et E avec du sélénium et le beta-carotène pouvaient repousser l’espérance de vie jusqu’à 125 ans et soigner toutes les maladies sans exception. Malgré le fait que Pauling était membre de l’Académie des Sciences américaine, il proposa un manuscrit sur les effets bénéfiques de ce type de traitement qui fut refusé, une exception rarissime qui ne mit pourtant pas fin aux délires de cet homme vieillissant appuyé par les médias, en particulier Time Magazine et naturellement des laboratoires pharmaceutiques comme Hoffman-Laroche. Malgré les démentis nombreux de la communauté médicale le mouvement était lancé et il perdure encore aujourd’hui car les suppléments vitaminiques assortis d’anti-oxydants et d’oligo-éléments font la fortune des laboratoires pharmaceutiques (25 milliards de dollars de chiffre d’affaire annuel) alors qu’un nombre incalculable d’études n’a jamais prouvé leur effet bénéfique ni sur la santé en général ni sur leur pouvoir curatif quel qu’il soit. Qui plus est, de nombreuses méta-études portant sur des centaines de milliers de personnes ont tendance à prouver exactement le contraire. Juste quelques exemples significatifs : en 1994, le National Cancer Institute (USA) en collaboration avec le Ministère de la Santé finlandais réalisa une étude sur 29000 finnois de plus de 50 ans ayant fumé une grande partie de leur vie et étant pour beaucoup encore des fumeurs, comme votre serviteur qui écrit ces lignes. Ce groupe fut choisi car il présente des risques élevés de cancer et de problèmes cardiaques. Une partie de ce groupe étudié reçut de la vitamine E et du beta-carotène (anti-oxydants supposés bénéfiques contre le cancer et les maladies cardio-vasculaires) en supplément par rapport au groupe de contrôle qui reçut un placebo. Les résultats, contre toute attente furent exactement à l’inverse de ce qu’on attendait, ces deux suppléments vitaminiques favorisaient significativement l’apparition tant de cancers que de troubles cardiovasculaires ! Une étude similaire fut conduite sur 18000 personnes à Seattle qui avaient été en contact avec de l’amiante au cours de leur vie professionnelle, même résultat troublant, l’administration de vitamine E et de beta-carotène accélérait l’apparition du cancer redoutable de la plèvre. Même genre d’études au Danemark en 2004 sur 170000 personnes pour les cancers de l’intestin, même résultats, la mortalité était plutôt augmentée ! Inutile de citer toutes les études et méta-études réalisées, juste une dernière pour la route : en 2011 une équipe de l’Université du Minnesota évalua les effets des suppléments vitaminiques associés à des oligoéléments sur 39000 femmes âgées prenant ou non quotidiennement le cocktail de jouvence préconisé initialement par Linus Pauling (multi-vitamines, magnésium, zinc, cuivre et fer) et encore une fois sans suppléments vitaminiques ces femmes âgées vivaient significativement plus longtemps que celles qui s’astreignaient pour une raison inexpliquée à ces suppléments quotidiennement. Comme quoi il faut être méfiant, surtout quand derrière ces croyances populaires initiées pourtant par un prix Nobel prestigieux et surtout reprises par les médias afin, en quelque sorte de les valider pour la plus grande satisfaction des laboratoires pharmaceutiques, il y a de réels effets pervers nuisibles à la santé ! Et ce genre d’idée fausse perdure puisque le grand public est toujours convaincu que la vitamine C est bénéfique quand on a un rhume ou une grippe. Si Einstein avouait ne pas comprendre l’électro-négativité de Pauling, il avait aussi déclaré que si on veut se faire une idée précise de l’infini, il suffit d’observer la bêtise humaine …

Source et crédit photo : Businessinsider