La déclaration des droits de l’homme et du citoyens et le principe d’autodétermination

La déclaration des droits de l’homme et du citoyen d’août 1789 par l’Assemblée constituante française a été reprise par la Charte des Nations Unies de 1945. Cette Charte mentionne le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. On devrait plutôt écrire “devrait” car dans de nombreuses circonstances les nations souveraines se sont opposé à ce droit que certaines minorités mettaient en avant pour revendiquer leur indépendance. Cependant, à l’époque, les Nations-Unies ont fait preuve de timidité car plusieurs grandes puissances coloniales s’opposaient à ce droit. Il a fallu attendre la résolution 1514 de l’ONU en 1960 pour reconnaître que le droit des peuples colonisés à accéder à l’indépendance était reconnu sans obligation de la part des Nations-Unies. Ce fut le début de la “décolonisation” des empires coloniaux anglais, français, belges, espagnols et portugais. Le manque de clarté des Nations-Unies au sujet du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes a rapidement eu pour conséquence des conflits locaux et inversement des accessions à l’indépendance contestées par les Etats souverains.

Un peu d’histoire éclairera ce droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. À la suite de disettes répétées les habitants du Comtat Venaissin, propriété du Pape, se révoltèrent à la fin de l’année 1789 et cours de l’année suivante. Il y eut une opposition entre les notables d’Avignon et de Carpentras ainsi que d’autres villes de Comtat. Le Pape intervint mollement car la situation en France était explosive, en pleine révolution, et tous les maires de toutes les communes du Comtat acceptèrent de se réunir pour décider du sort de cette enclave papale, Avignon étant une ville-Etat et le Comtat ses dépendances. Le Comtat comprenait le sud du département actuel de la Drôme et la presque totalité du département du Vaucluse. Le 18 août 1791 tous ces maires se réunirent en l’église de Bédarrides et décidèrent par un vote majoritaire du rattachement du la totalité du Comtat à la France. Il s’agit là de la première concrétisation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Cette décision de Bédarrides fut acceptée par le pape Pie VI le 19 février 1797 par le traité de Tolentino (source Wikipedia). Au cours de la décennie 1960 la France organisa la décolonisation de ses possessions territoriales par le biais non généralisé de consultations populaires. La dernière de ces consultations populaires, conformément au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes fut le référendum organisé en 1974 dans l’archipel des Comores alors “territoire français d’outre-mer” et seule l’île de Mayotte décida de restée rattachée à la France. Quelques mois plus tard la Tanzanie dépose une résolution auprès du Conseil de sécurité de l’ONU pour non respect par la France de l’intégrité territoriale des Comores mais la France, usant de son droit de veto, passera outre cette résolution. Ce n’est qu’en 1994 que les Nations-Unies demandent à nouveau l’abandon de Mayotte au profit des Comores.

Il est donc clair que le jeu des Nations-Unies relatif au droit à l’autodétermination manque de clarté. Et c’est encore le cas aujourd’hui avec la sécession de la Crimée en 2015 à la suite d’une consultation populaire puis des Oblasts ukrainiens de Donetsk et de Lougansk ayant décidé de leur rattachement à la Fédération de Russie. Le récent cas de la Catalogne est significatif du total non respect de ce droit fondamental puisqu’à la suite d’un scrutin populaire favorable à l’indépendance les Catalans furent sévèrement réprimés et des dirigeants politiques sont toujours emprisonnés. Le réel problème réside dans le fait que les Nations-Unies ne respectent pas la Charte fondatrice de cette organisation ni ses principaux Etats membres. Lors de la désintégration de la Yougoslavie l’indépendance du Kosovo acquise par la force de l’OTAN constitue une autre violation de la Charte des Nations-Unies. Un autre cas à problème est celui de l’Ulster pris entre ses obligations de respecter la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne dont cette province fait partie et de son interdépendance avec la République d’Irlande. Une consultation populaire est inenvisageable pour d’autres raisons en particulier religieuses. Toutes ces situations avec leurs particularités économiques, religieuses ou ethniques rendent ce droit à l’autodétermination difficilement applicable de manière systématique dans son principe. À ces mouvements indépendantistes se surajoute la politique hégémonique des grandes puissances. Il est opportun de citer un dernier exemple, celui de Taïwan. Supposons que les habitants de cette île qui fut longtemps japonaise décident d’organiser une consultation populaire au sujet de leur rattachement à la Chine continentale, il est acquis que le résultat serait négatif sans contestation. Pourtant la République populaire de Chine n’accepterait jamais le résultat de ce scrutin bien que ce pays fasse partie du Conseil de Sécurité de l’ONU. En conclusion la vraie question se pose : à quoi sert l’ONU ? Et la réponse est évidente : à rien !

Deux enfants de putes !

Depuis que j’ai laissé sur ce blog un article intitulé “Fils de pute …” en octobre 2016 je me sens libre de relater mes impressions sur la géopolitique actuellehttps://jacqueshenry.wordpress.com/2016/10/03/fils-de-pute/ en des termes crus. En ce début d’année qui n’augure vraiment rien de bon je voudrais établir un parallèle entre le prix Nobel de la paix Obama et le couple d’enfants de pute que sont Merkel et Hollande. Consécutivement Merkel et Hollande ont déclaré qu’ils n’avaient jamais soutenu les accords ni de Minsk-1 ni de Minsk-2 dont ils étaient garants avec le président russe et le Conseil de sécurité des Nations-Unies. La raison de leur mépris pour ces accords était claire : laisser à l’Ukraine le temps de s’armer et de s’organiser pour parer à l’évidence d’une invasion de la Russie dont le but était défendre, protéger et libérer les populations civiles russophones de l’est et du sud de l’Ukraine soumises à des bombardements incessants et des séries de décisions vexatoires mises en place par le gouvernement de Kiev depuis le coup d’Etat de Maïdan fomenté par la CIA et Victoria Nulland. Les estimations font état de 15000 à 30000 morts civils dans le Donbass depuis les évènements de Maïdan. Le choix de la population de la péninsule de Crimée d’être rattachée à la Fédération de Russie à la suite d’un référendum démocratique a conforté le gouvernement ukrainien à intensifier ses efforts de fortification du “front” défini comme la frontière ethnique entre les ukrainophones et les russophones.

Le Président de la Fédération de Russie espérait que ces accords de Minsk éviteraient un conflit qui, à ses yeux, allait devenir inévitable si la situation des populations du Donbass continuait à empirer. Merkel et Hollande trainèrent les pieds pour faire respecter par Kiev ces accords de Minsk comme ils l’ont déclaré tout récemment. Ces deux fauteurs de guerre, sous les ordres de Washington et de son bras armé l’OTAN, sont donc restés lamentablement inactifs. Ce sont eux les responsables du conflit actuel qui se terminera sans aucun doute par une destruction de l’Ukraine et sa partition en diverses entités comprenant la partie très majoritairement russophone du Donbass jusqu’à Odessa, une rétrocession des territoires anciennement parties intégrantes de la Hongrie à la fin de la première guerre mondiale, de des territoires la Pologne à la suite du redécoupage des frontières à l’époque de Staline et de la Roumanie dépossédée de la Moldavie devenue une république soviétique à l’issue de la seconde guerre mondiale également selon la volonté de Staline. Ces trois pays ont affirmé leurs revendications territoriales car les frontières actuelles sont pour le moins artificielles.

Durant l’occupation allemande la grande moitié sud-ouest de l’Ukraine fut nazifiée et il en reste aujourd’hui un noyau dur de nationalistes qui ne cachent pas leur sympathie pour l’ancien régime nazi, les bandéristes du nom de leur chef et inspirateur Stepan Bandera, l’un des pires criminels de guerre du vingtième siècle, dont l’idéologie criminelle a été reprise par les bataillons Azov par exemple qui se sont fait un plaisir de massacrer de sang froid les civils innocents du Donbass.

Ceci étant écrit l’objectif présent du Président de la Fédération de Russie est d’affaiblir le potentiel humain de l’armée ukrainienne et de détruire systématiquement les équipements militaires qui ont été fournis par l’Occident pour alimenter ce conflit dans le but d’affaiblir la Russie. On assiste aujourd’hui à une aide militaire massive de la Chine, de l’Iran et même de la Corée du Nord apportée à la Russie pour renforcer son potentiel destructeur afin de mettre un terme à ce conflit. La guerre d’usure mise en place par Moscou avec l’appui des Républiques du Donbass consiste à réduire le potentiel humain de l’armée ukrainienne. On parle de près de 1000 combattants mis hors d’état chaque jour tués et blessés, près des “chaudrons” fortifiés situés à l’ouest de Donetsk, dans les localités d’Artemiosk et Soledar. Le nombre de combattants qui seront pris au piège dans ces chaudrons dont l’encerclement est en bonne voie est estimé à plus de 70000 ! Lorsque ces “citadelles” fortifiées imbriquées dans le paysage urbain seront tombées alors les bombardements qui ont débuté en 2015 sur la ville de Donetsk cesseront et les civils pourront reprendre une vie normale.

Depuis que j’ai laissé sur ce blog un article intitulé “Fils de pute …” en octobre 2016 je me sens libre de relater mes impressions sur la géopolitique actuellehttps://jacqueshenry.wordpress.com/2016/10/03/fils-de-pute/ en des termes crus. En ce début d’année qui n’augure vraiment rien de bon je voudrais établir un parallèle entre le prix Nobel de la paix Obama et le couple d’enfants de pute que sont Merkel et Hollande. Consécutivement Merkel et Hollande ont déclaré qu’ils n’avaient jamais soutenu les accords ni de Minsk-1 ni de Minsk-2 dont ils étaient garants avec le président russe et le Conseil de sécurité des Nations-Unies. La raison de leur mépris pour ces accords était claire : laisser à l’Ukraine le temps de s’armer et de s’organiser pour parer à l’évidence d’une invasion de la Russie dont le but était défendre, protéger et libérer les populations civiles russophones de l’est et du sud de l’Ukraine soumises à des bombardements incessants et des séries de décisions vexatoires mises en place par le gouvernement de Kiev depuis le coup d’Etat de Maïdan fomenté par la CIA et Victoria Nulland. Les estimations font état de 15000 à 30000 morts civils dans le Donbass depuis les évènements de Maïdan. Le choix de la population de la péninsule de Crimée d’être rattachée à la Fédération de Russie à la suite d’un référendum démocratique a conforté le gouvernement ukrainien à intensifier ses efforts de fortification du “front” défini comme la frontière ethnique entre les ukrainophones et les russophones.

Le Président de la Fédération de Russie espérait que ces accords de Minsk éviteraient un conflit qui, à ses yeux, allait devenir inévitable si la situation des populations du Donbass continuait à empirer. Merkel et Hollande trainèrent les pieds pour faire respecter par Kiev ces accords de Minsk comme ils l’ont déclaré tout récemment. Ces deux fauteurs de guerre, sous les ordres de Washington et de son bras armé l’OTAN, sont donc restés lamentablement inactifs. Ce sont eux les responsables du conflit actuel qui se terminera sans aucun doute par une destruction de l’Ukraine et sa partition en diverses entités comprenant la partie très majoritairement russophone du Donbass jusqu’à Odessa, une rétrocession des territoires anciennement parties intégrantes de la Hongrie à la fin de la première guerre mondiale, de des territoires la Pologne à la suite du redécoupage des frontières à l’époque de Staline et de la Roumanie dépossédée de la Moldavie devenue une république soviétique à l’issue de la seconde guerre mondiale également selon la volonté de Staline. Ces trois pays ont affirmé leurs revendications territoriales car les frontières actuelles sont pour le moins artificielles.

Durant l’occupation allemande la grande moitié sud-ouest de l’Ukraine fut nazifiée et il en reste aujourd’hui un noyau dur de nationalistes qui ne cachent pas leur sympathie pour l’ancien régime nazi, les bandéristes du nom de leur chef et inspirateur Stepan Bandera, l’un des pires criminels de guerre du vingtième siècle, dont l’idéologie criminelle a été reprise par les bataillons Azov par exemple qui se sont fait un plaisir de massacrer de sang froid les civils innocents du Donbass.

Ceci étant écrit l’objectif présent du Président de la Fédération de Russie est d’affaiblir le potentiel humain de l’armée ukrainienne et de détruire systématiquement les équipements militaires qui ont été fournis par l’Occident pour alimenter ce conflit dans le but d’affaiblir la Russie. On assiste aujourd’hui à une aide militaire massive de la Chine, de l’Iran et même de la Corée du Nord apportée à la Russie pour renforcer son potentiel destructeur afin de mettre un terme à ce conflit. La guerre d’usure mise en place par Moscou avec l’appui des Républiques du Donbass consiste à réduire le potentiel humain de l’armée ukrainienne. On parle de près de 1000 combattants mis hors d’état chaque jour tués et blessés, près des “chaudrons” fortifiés situés à l’ouest de Donetsk, dans les localités d’Artemiosk et Soledar. Le nombre de combattants qui seront pris au piège dans ces chaudrons dont l’encerclement est en bonne voie est estimé à plus de 70000 ! Lorsque ces “citadelles” fortifiées imbriquées dans le paysage urbain seront tombées alors les bombardements qui ont débuté en 2015 sur la ville de Donetsk cesseront et les civils pourront reprendre une vie normale.

Et si l’ONU demandait à la France de restituer Mayotte à la République des Comores

En ces temps troublés qui par la force des choses trouveront une solution diplomatique il reste un litige entre l’Assemblée générale des Nations Unies et la France qui n’a jamais été clairement épuré si on peut dire les choses ainsi. La France, un pays qui vit un déclin sociétal, industriel et économique accéléré, qui n’est plus que la dixième puissance économique mondiale, et encore je suis optimiste, gonfle son jabot, tel un coq, en provoquant des navires turcs dans une zone qui n’a rien à voir avec l’espace maritime de son pays, masque de ce fait la vacuité affligeante de sa politique étrangère. On pourrait écrire des dizaines de pages au sujet la lente descente aux enfers de la France. À commencer par les gesticulations du Président français au sujet de l’avenir de l’Europe qui ne vont certainement pas plaire aux Américains. Supposons donc que l’Assemblée Générale des Nations Unies décide de rouvrir le dossier relatif à Mayotte, dossier qui a été enterré à la demande justement de la France, membre du Conseil de Sécurité et disposant donc d’un droit de veto, alors la réouverture d’un tel dossier ferait grand bruit et pourrait avoir des répercussions géopolitiques inattendues.

Je suis allé plusieurs fois à Mayotte pour acheter des fleurs d’ylang-ylang à Combani il y a 20 ans, et cet ensemble de deux îles n’était pas encore un département français. La vie y était paisible, la présence militaire française était discrète, les Mahorais étaient jaloux de leur appartenance à la République française. Aujourd’hui Mayotte, devenue département français, faisant donc partie de l’Union européenne, est la porte d’entrée que choisissent les Comoriens pour arriver en Europe, mais l’Europe c’est loin et c’est là le problème. Plus de la moitié de la population, estimée à 700000 habitants, sur un territoire à peine plus grand qu’un petit département de la France métropolitaine, est d’origine immigrée en provenance des îles de la République des Comores, ancien protectorat français. Quelques rappels historiques permettront de situer le problème de Mayotte. En 1974, sous l’influence des mouvements indépendantistes mahorais (les habitants de Mayotte) vis-à-vis des autres îles des Comores, la France organise un référendum et Mayotte vote pour son maintien au sein de la République française. En dépit du fait que la Charte des Nations-Unies reconnaît le droit des peuples à disposer de leur destin par des voies légales, comprenez une requête déposée auprès de l’ONU, cet organisme n’a jamais reconnu la validité du scrutin du référendum organisé par la France. L’affaire en est restée là.

Passons maintenant à la Crimée. À la suite des événements dits de Maidan le Parlement de la région autonome de Crimée, statut d’autonomie datant de 1991, organise un référendum auprès de la population en 2014. Le résultat était prévisible car la population de cette péninsule est largement russophone et de plus la Russie dispose de l’immense base militaire et navale de Sebastopol qui ne faisait pas partie de l’Ukraine ni de la région autonome de Crimée. La population de la Crimée vote massivement pour le rattachement à la Russie, comme Mayotte l’avait fait en 1974, quarante ans plus tôt. La communauté internationale n’a jamais reconnu la validité de ce référendum. Parce qu’aucune demande n’avait été déposée auprès des Nations-Unies ? Non bien sûr car les USA, instigateurs des évènements de Maidan, et les Européens, considérant que c’était un coup monté par la Russie exigèrent de l’Ukraine qu’elle ne reconnaisse pas ce référendum. La situation n’a pas évolué depuis et les sanctions décrétées par les USA et l’Europe à l’encontre de la Russie sont toujours appliquées.

Il y a donc clairement deux poids et deux mesures. La France n’aurait jamais dû « s’approprier » Mayotte et la Russie n’aurait jamais dû « annexer » la Crimée. Les Nations-Unies ont fermé les yeux sur le cas de Mayotte. En toute logique la communauté internationale devrait aussi fermer les yeux sur le cas de la Crimée, les sanctions iniques dont est victime la Russie devraient être levées car pourquoi pas aussi des sanctions contre la France qui a « annexé » Mayotte à l’issue d’un référendum jamais approuvé par l’ONU ! Puisque la France n’a plus aucun pouvoir géopolitique, l’Europe étant gouvernée par les Etats-Unis et l’OTAN, les deux dossiers épineux de Mayotte et de la Crimée devraient être déposés sur le bureau de l’Assemblée générale des Nations-Unies, Assemblée qui devrait selon toute logique et en vertu de la Charte de cet organisme statuer sur les cas de Mayotte et de la Crimée indépendamment du Conseil de sécurité. Mais j’ai du rêver les yeux ouverts en écrivant ce billet …

Pour info ce documentaire réalisé il y a quelques jours à Mayotte qui a en partie motivé ce billet : https://www.youtube.com/watch?v=TmfiRT-vFE8&ab_channel=RTFrance

La « soviétisation » des médias occidentaux, cui bono ? Les USA …

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Voici la traduction aussi fidèle que possible d’un article de Patrick Armstrong paru sur le site Strategic Culture le 8 janvier 2019. Patrick Armstrong fut entre 1984 et 2008 analyste auprès du Département de la Défense nationale canadien et conseiller à l’Ambassade du Canada à Moscou. Il est un des meilleurs spécialistes occidentaux de l’ex-URSS et de la Russie.

Les principaux personnages des Pickwick Papers de Charles Dickens se rendent dans le comté fictif d’Eatanswill comme observateurs lors d’une élection que se disputent les candidats du Parti bleu et du Parti buff. La ville est passionnément divisée sur tous les sujets possible entre les deux candidats. Chaque parti a son propre journal : la Gazette d’Eatanswill est bleue et entièrement consacrée à l’éloge des Bleus et au dénigrement des Buffs qui sont perfides et méchants. L’Indépendant d’Eatanswill est tout aussi passionné. Aucun pro-Buff ne supporte de lire la Gazette calomnieuse et aucun pro-Bleu n’osera lire cet imprimé vil et faux qu’est l’Indépendant. Comme c’est toujours le cas avec Dickens tout est exagéré mais précis. Les journaux étaient outrancièrement partisans avant que le « journalisme » ne fut inventé. Puis advinrent les écoles de journalisme, l’éthique journalistique et l’objectivité journalistique : le « real-journalism » comme jes journalistes l’appellent. Le « Journalisme » est devenu une profession de diplômés. Il n’accepte plus les amateurs, les dilettantes ou les romanciers en herbe ni les magnats comme Lord Copper qui savait ce qu’il voulait et payait pour que ce soit imprimé.

Mais en dépit de cette prétention d’objectivité et d’éthique de la profession il y avait toujours des Lord Copper comme il y en avait à Eatanswill. D’autres Lord Copper sont arrivé puis partis, des grands empires de presse ont apparu puis disparurent et il y avait une grande variété de propriétaires de presse et de médias. Et les lecteurs qui étaient ni Bleu ni Buff pouvaient facilement se forger une opinion sur ce qui se passait réellement.

À l’époque de l’Union Soviétique la presse était sous contrôle, il n’y avait pas de presse libre, il y avait un seul propriétaire. Les tendances variaient légèrement entre le journal de l’armée, le journal du Parti, le journal du gouvernement et le journal pour la population qui était consacré à la littérature et au sport et ils disaient tous la même chose à propos des sujets importants. Les deux principaux journaux étaient la Pravda (« la vérité ») et les Izvestiya (« les nouvelles »). Cette situation a rapidement conduit à ce trait d’humour : « pas de vérité dans la Pravda et pas de nouvelles dans les Izvestiya ». Toutes les informations étaient assez grossières, il y avait beaucoup de gros capitalistes avec des chapeaux haut-de-forme et des sacs de pièces d’or dans chaque main. Les vêtements de l’Oncle Sam étaient dégoulinants de bombes et la devise était : « pas de problèmes ici, des problèmes là-bas ». La propagande n’était pas vraiment couronnée de succès et la plupart des lecteurs de ces deux journaux en étaient arrivés à penser que les médias soviétiques mentaient à la fois au sujet de l’URSS et au sujet de l’Occident.

Mais les temps ont changé. Alors qu’il y a encore 30 ans 50 sociétés contrôlaient 90 % des médias américains, aujourd’hui ce ne sont plus que 6 sociétés qui contrôlent les médias papier, électronique et télévisuel américains. Il en résulte que sur de nombreux sujets d’actualité il y a une totale uniformité d’analyse. Quel média occidental a affirmé que les dix points suivants sont exacts ?

1. Le peuple de Crimée est plutôt heureux de faire partie de la Russie.

2. Les USA et leurs alliés ont fourni d’énormes quantités d’armes aux djihadistes.

3. Les élections en Russie sont le reflet des sondages d’opinion.

4. Il y a un nombre effrayant de nazis bien armés en Ukraine.

5. Assad est très populaire en Syrie.

6. Les USA et leurs alliés ont détruit Raqqa.

7. La version officielle de l’affaire Skripal est dénuée de signification.

8. la situation en Ukraine est bien pire qu’avant Maidan.

9. La Russie, en réalité, avait déjà des milliers de militaires en Crimée avant Maidan.

10. Il existe un documentaire au sujet de Browder dont il a censuré la divulgation (voir le lien en fin de billet).

Je n’ai cité que ces dix points mais en cherchant un peu il en existe de dizaines d’autres. Parfois un entrefilet en sixième page sauve l’objectivité des journalistes mais la majorité de l’opinion occidentale répond qu’il ne croit pas à cette objectivité. Les sujets d’actualité sont couverts d’une seule voix par les médias occidentaux. Sans cesse un scandale révèle que des « journalistes » sont généreusement remerciés pour écrire des histoires qui conviennent. Mais après des révélations, ces derniers avouent leur partialité ou prétendent que leur histoire révélait des faits qui ne s’étaient jamais produit et le navire médiatique continue à voguer calmement en passant parfois par dessus bord des passagers. La couverture de certains sujets est presque fausse à 100 %. Et là la Russie, Poutine, la Syrie et l’Ukraine se distinguent avec une grande partie de la couverture médiatique de la Chine et de la Russie. Beaucoup d’informations concernant Israël ne sont pas autorisées. L’histoire de la collusion de la Russie dans les élections américaines est admise comme fictive mais en privé seulement par un organe de presse qui couvre ce sujet en permanence. Tout ce qui concerne Donald Trump est tellement aromatisé que c’est devenu immangeable. Les médias américains répètent sans cesse qu’il faut rester vigilants « contre la guerre de désinformation en Russie » et chaque jour on s’approche du mono-média « One correct opinion » et ceci pour les meilleures motivations possibles. Les médias occidentaux ont plutôt acquis un parfum soviétique.

Ainsi donc, dans un pays (le Canada mais aussi la plupart des pays occidentaux, au sens large l’Europe et l’Amérique du Nord) où l’initiative d’intégrité utilise nos impôts pour nous assurer que nous n’ayons plus jamais de pensées imprécises ou que nous n’ayons plus de pensées répréhensibles (dans l’affaire Skripal les révélations apparaissaient presque à chaque minute) nous devons totalement nous fier à « Free Media TM« . Tout dépend de ce qui vous intéresse. S’il s’agit de sports ces médias mentionnent les athlètes russes drogués à la différence des braves asthmatiques occidentaux ou des corps préparés pour la plage, pas des toxicomanes russes bien sûr mais uniquement des Américains en bonne santé, le signaler semble assez raisonnable comme de signaler dans la page météo qu’il y a eu une explosion de gaz en Sibérie ou encore dans la page spectacles les critiques de films mais surtout pas ceux de ces méchants russes. La presse occidentale est devenue une fusion étrange de l’Eatansville Gazette et de l’Indépendant d’Eatanswill : les Bleus et les Buffs sont des bons et les autres, surtout les Russes, sont des mauvais !

Donc comme on dit en Russie Что делать ? Que faire ? Eh bien je suggère que nous tirions un enseignement de l’Union soviétique : les citoyens de l’URSS étaient beaucoup plus sceptiques au sujet de leurs médias que ne le sont mes voisins, mes amis, les membres de ma famille aujourd’hui à propos des médias occidentaux. Je formule donc trois suggestions.

1. Il faut lire entre les lignes et c’est un art difficile qui demande beaucoup d’apprentissage et de pratique. Les dissidents peuvent envoyer des indices de l’intérieur du Ministère de la Vérité (Minitrue dans le roman de George Orwell). Par exemple il est difficile d’imaginer que quelqu’un puisse dire sérieusement « comment la Russie de Poutine a changé l’humour en arme offensive ». Ce truc a probablement été écrit pour se moquer de la panique des « officiels russes ». J’ai déjà spéculé sur le fait que les rapports de renseignements sur l’ingérence de la Russie étaient truqués.

2. Tentez de déceler ce que l’on ne vous dit pas. Souvenez-vous qu’il y a 2 ans Alep était une énorme histoire alors que plus personne n’en parle aujourd’hui. On devrait se demander pourquoi il n’y a plus aucunes informations au sujet d’Alep. Ah ! Il y a celle-ci ( https://www.youtube.com/watch?v=TZqQO1_HUc4 ). Houps, c’est une source russe, ce n’est pas du vrai journalisme ! En voici une sur Euronews : https://www.youtube.com/watch?v=Ey8DgEcEPws . Visiblement aucune de ces deux vidéos ne coïncide avec la destruction du dernier hôpital d’Alep ni avec l’affirmation de la brutalité d’Assad il y a 2 ans :

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(capture d’écran d’un titre de The Sun du 9 décembre 2016)

Voilà pourquoi la ville d’Alep n’est plus d’actualité dans les médias occidentaux. Il faut toujours se demander pourquoi un « grand évènement » disparaît soudainement : c’est une preuve très solide qu’il s’agissait d’un mensonge ou d’un non-sens.

3. La plupart du temps, après avoir vu, entendu ou lu une information dites-vous que la vérité c’est probablement le contraire, en particulier quand tous les médias dispensent la même information. C’est toujours bon de vous poser la question : cui bono ? Qui va profiter du fait que vous allez croire à une fausse information ? Il est déprimant de constater le succès d’un bon gros mensonge universellement repris par tous les médias. Milosevic, incroyablement diabolisé, a finalement été reconnu comme innocent, de même que Qaddafi n’a jamais bombardé son propre peuple, et les mêmes sortes de mensonges se répandent pour les ennemis du moment comme Assad. Croyez toujours l’opposé à moins d’avoir de très bonnes raisons.

Durant la Guerre Froide on croyait que les systèmes occidental et soviétique convergeaient et qu’ils se rencontreraient au centre, pour ainsi dire. Peut-être qu’ils se sont rencontrés mais ils se sont surtout croisés. Ainsi les médias occidentaux, jadis raisonnablement libres et multiples ressemblent maintenant aux médias soviétiques contrôlés et uniformisés et nous, Occidentaux, nous devons utiliser les méthodes des citoyens soviétiques d’alors pour comprendre le monde. Souvenez-vous toujours que les dirigeants soviétiques affirmaient que leurs médias étaient libres, libres de « fake-news qui plus est !

Commentaire de ma part et que j’assume totalement . Je regarde les titres du Figaro, du Monde, du Guardian, du Telegraph, du Temps, de la Libre Belgique ou encore des Echos chaque jour et je tente de retrouver le contenu de ces titres sur des sites alternatifs comme WolfStreet, ZeroHedge, MishTalk, le Réseau Voltaire que l’on m’a reproché de consulter (et c’est significatif de l’intoxication omniprésente par les médias en Europe) et RT.News en anglais ou RT.France. Enfin je regarde Mediapart et Lemedia et bien d’autres blogs. Au final j’arrive à me faire une idée et discerner ce qui est vrai de ce qui est faux. L’exposé de Patrick Armstrong est édifiant et il fait apparaître le totalitarisme orchestré par les USA pour prendre possession de l’Europe, le gros morceau, et de tous les autres états qui sont déclarés par Washington des menaces pour la sécurité intérieure américaine, c’est facile comme prétexte. Usant de son extraterritorialité juridique – contraire à la Charte des Nations-Unies – en prétextant que le dollar en circulation dans le monde entier est la monnaie des USA, Washington asservit le plus de pays possible pour s’opposer en premier lieu à la Russie, à l’Iran et à la Chine. Il faut rester lucide et comprendre et oser le dire ce sont les évangélico-sionistes ( excusez le pléonasme) qui dirigent la politique américaine. C’est en réalisant des recoupements d’informations que j’en suis arrivé à cette conclusion. Les démocraties sont en danger et il est urgent de réagir. Souvenons-nous de l’affaire Pierucci qui a abouti à la vente d’Alstom-énergie aux Américains, transaction ignominieuse chapeautée par Macron. Sous un faux prétexte – une fake-news, la justice américaine extraterritorialisée a fait plonger le cours de l’action d’Alstom en se basant sur de fausses informations soigneusement concoctées par la justice américaine. Les Français ont ensuite élu le traître à la nation, qui a cautionné cette honteuse transaction, à la tête de l’Etat !

https://en.wikipedia.org/wiki/Bill_Browder

Billet d’humeur politique : la Crimée vs Mayotte

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Il y a quelques jours des navires de l’armée ukrainienne ont pénétré dans la mer d’Azov et ont été arraisonnés par la marine russe. Un certain nombre de marins ukrainiens ont été mis sous les verrous. La Russie a revendiqué une violation des eaux territoriales de la Crimée, donc de la Russie. L’affaire a terriblement préoccupé les chancelleries occidentales dans la mesure où, dans la foulée le Président ukrainien, marionnette notoirement fasciste mise en place par les USA à la suite des évènements de la Place Maiden, a immédiatement déclaré la loi martiale et un couvre-feu dans toutes les provinces de l’est du pays.

Il s’est avéré après enquête de la Russie que ces vedettes rapides étaient remarquablement équipées en électronique de surveillance et qu’elles n’étaient là que pour tester les réactions de l’armée russe qui a installé des équipements sécuritaires de surveillance du nouveau pont enjambant le détroit de Kerch, passage obligé des navires du port ukrainien de Marioupol.

L’argument toujours resservi par les « démocraties » occidentales est que la Russie a annexé la Crimée à la suite d’un référendum qu’elle avait organisé à cet effet. Voici une capture d’écran du site officiel France Diplomatie :

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Il est clairement indiqué que la Russie a annexé illégalement la Crimée. Or ces « démocraties » occidentales appuient leur jugement sur la légalité de ce référendum qui a été organisé par les Ukrainiens eux-mêmes sans intervention de Moscou, ce qui a été confirmé par des observateurs du Parlement européen venus sur place, en vertu du droit fondamental figurant dans la Charte des Nations-Unies stipulant que les peuples ont le droit de disposer d’eux-mêmes. Pour ce qui concerne cette légalité quand un Etat – l’Ukraine – supprime la cour constitutionnelle (à la suite des évènements de Maiden) et détruit en réalité la continuité de ses institutions il n’y a plus lieu d’invoquer le fait que ce référendum était légal ou non.

Je pose alors une question au Président français qui s’agite à l’encontre de la Russie en se pliant servilement aux décisions de Washington au sujet des sanctions économiques imposées à la Russie : quid de l’annexion de Mayotte, île faisant partie de l’archipel des Comores, un pays à qui la France avait récemment rendu sa souveraineté quand elle s’est retirée de Madagascar à la suite d’un référendum organisé par Paris en 1974 ? Seule l’île de Mayotte avait opté pour rester française et ce référendum d’auto-détermination avait été jugé illégal par le Conseil de sécurité de l’ONU. Pour y faire face la France avait pour la première fois usé de son droit de veto.

Aujourd’hui, dans cette île, nouveau département français, les Maorais sont submergés par des immigrants à tel point que plus de 60 % de la population est constituée d’Anjouanais, immigrés illégaux. Il en est de même pour la Crimée qui sert de tête de pont à tous les russophones d’Ukraine pour fuir l’état fasciste de Kiev. Un référendum a été librement organisé dans la péninsule de Crimée, faut-t-il le répéter, au plus fort du conflit opposant les Ukrainiens non russophones et majoritairement catholiques aux populations de l’est du pays et de la Crimée, chrétiens orthodoxes et russophones. Or la Crimée, craignant une invasion des bandes fascistes lourdement armées par Kiev (cf. le missile ayant abattu le vol MH17) n’a eu d’autres choix que d’organiser ce référendum d’auto-détermination pour se réfugier sous l’aile de Moscou.

Je réitère ma question : pourquoi deux poids, deux mesures entre Mayotte, île que je connais bien pour y être allé acheter des fleurs d’ylang-ylang, et la Crimée ? Avant de faire la leçon au Président Poutine il faudrait que les démocraties occidentales, dont en particulier la France, balaient d’abord devant leur porte. Et ce d’autant plus qu’il est écrit dans la Charte des Nations-Unies que les peuples ont le droit de disposer de leur liberté et d’éventuellement revendiquer leur indépendance, je le répète encore car il s’agit du fond du problème. C’est ce qui pourrait arriver par exemple dans le cas du Brexit si l’Irlande du Nord organise un référendum pour quitter le Royaume-Uni et se rapprocher de la République d’Irlande : elle aurait tout à y gagner … À l’instar de la France la Grande-Bretagne utilisera-t-elle alors son droit de veto pour s’opposer à ce référendum ? Ce serait une première qui remettrait les esprits en place au sujet de la Crimée …

Force est de constater que le monde politique a la mémoire courte. La Crimée fut cédée à l’Ukraine par l’URSS pour des raisons administratives plus que linguistiques ou religieuses. Les évènements de la Place Maïden, fomentés par les services secrets anglais et américains, ont eu pour résultat un conflit armé entre les communautés russophones et le reste du pays. Aujourd’hui l’Ukraine est au bord de la faillite et ne survit qu’avec le droit de passage du gaz russe sur son territoire en direction de l’Europe occidentale et les aides substantielles de l’Union européenne et des USA. L’industrie du pays est au point mort, la population ne peut plus se chauffer et les denrées de première nécessité se font rares. Plus de 3 millions d’Ukrainiens ont fui vers la Russie. La dérive fasciste que connait ce pays devrait logiquement conduire les pays de l’Union européenne à plus de fermeté et de retenue. Il n’en est rien car il faudrait alors que ces pays, dont en particulier la Grande-Bretagne et la France, reconnaissent leurs erreurs de jugement au sujet du Président Valdimir Poutine. Allons-nous nous battre encore une fois pour la Crimée ?

Si je dis « encore une fois » c’est tout simplement parce que mon arrière-grand-père paternel est allé se battre en Crimée en 1853, guerre expéditionnaire des Anglais et des Français, alliés de l’Empire Ottoman, pour repousser la Russie de cette péninsule. Si cette guerre occasionna la mort de près de 700000 combattants plus de la moitié d’entre eux moururent de choléra. Il faut noter qu’à l’époque l’Ukraine n’existait pas.

L’OTAN menace notre sécurité

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Cet article provient du quotidien Le Temps

L’OTAN masse des troupes et des armes aux marches de la Russie. Nous tenons à exprimer notre inquiétude devant la propagande qui déforme la réalité des menaces qui pèsent sur la paix. Cette propagande insidieuse fabrique des ennemis imaginaires pour justifier le surdéveloppement de dépenses militaires, des conquêtes de territoires ou de «parts de marché», des prises de contrôle d’approvisionnement énergétique et pour corroder la démocratie.

Dirigeants russes humiliés

Non, la Russie n’est pas l’agresseur et ne menace aucunement les Pays Baltes, la Pologne ou la Suède. A l’implosion de l’URSS et du Pacte de Varsovie, la bévue stratégique des Etats-Unis et de leurs alliés a été de ne pas refonder l’architecture internationale de sécurité. Oubliée la Charte de Paris (1990) qui promettait la paix à l’Europe. Dans son livre, Le Grand échiquier – l’Amérique et le reste du monde, Zbigniew Brezinski posait en 1997 la question de savoir s’il fallait intégrer la Russie dans l’OTAN et dans l’UE. Il finissait par privilégier la sécurité tactique sur la paix stratégique, non sans prévoir que cela déclencherait des réactions russes.

Il préconisait l’intégration de l’Ukraine, l’un des cinq «pivots géopolitiques» de l’Eurasie, dans l’OTAN et dans l’UE. En 2010, Charles A Kupchan, Professeur à Georgetown University, proposait d’intégrer les Russes dans l’OTAN. Oubliant la promesse des USA aux Russes, lors de la réunification allemande, de ne pas étendre l’OTAN à l’Est, les Occidentaux n’ont eu de cesse de repousser, d’encercler et d’humilier les dirigeants russes successifs. Quoi que nous pensions du régime russe, le principal défaut de Vladimir Poutine (et de bien d’autres pays du monde), aux yeux des Occidentaux, est de cesser d’acquiescer aux volontés hégémoniques occidentales.

La CIA en embuscade

Après l’illégale guerre d’Irak, l’extension du nombre de pays membres de l’OTAN et l’expansion tous azimuts de son aire d’action, le renversement du régime de Kadhafi en Libye, puis ce que nous considérons comme un coup d’Etat en Ukraine organisé et soutenu par les Etats-Unis, auront été les lignes rouges déclenchant les ripostes russe et chinoise qui avaient déjà constitué l’Organisation de Coopération de Shanghai après le premier élargissement de l’OTAN. Il aura fallu les opérations en Libye et en Ukraine et l’appui de l’occident (dès 2006 selon Time Magazine du 19 décembre 2006) aux «rebelles» résolus à renverser le régime syrien, pour que les Russes soutiennent surtout l’autonomie de la Crimée et interviennent militairement en Syrie.

Tandis que la CIA a surveillé l’élection présidentielle française de 2012, que la NSA, espionne partout entreprises, organisations et particuliers, la mode est d’imputer aux dirigeants russes une ingérence directe dans les élections américaines, françaises, allemandes.

Les pays européens renforcent leur alignement sur la politique étrangère des Etats-Unis, embargo contre la Russie inclusivement. Le Président François Hollande parachève la réintégration de la France dans le commandement militaire de l’OTAN, entamée par Nicolas Sarkozy.

Et les pays neutres?

Et les pays neutres? La Suède rétablit la conscription, ce au moment de la diffusion sur Arte d’un reportage édifiant intitulé «Guerre froide dans le Grand Nord». L’Etat-major suédois manœuvrait naguère de concert avec l’OTAN et les Etats-Unis, ce à l’insu du gouvernement d’Olof Palme qui préconisait la détente avec Moscou… et qui en mourut assassiné. L’adhésion de la Suisse au Partenariat pour la paix (ou PpP) de l’OTAN vaut-elle neutralité? William Perry, ex-Secrétaire à la Défense a déclaré: «La différence entre l’adhésion pleine et entière à L’OTAN et le PpP doit tendre à devenir plus ténue qu’une feuille de papier». Des avions suisses survolent la Baltique aux côtés de chasseurs de l’OTAN.

Non, l’OTAN, devenue une alliance offensive, n’assure pas notre sécurité. Misons sur l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), dialoguons avec la Russie et mettons en œuvre les articles 46 et 47 de la Charte de l’ONU, stipulant un comité d’état-major auprès du Conseil de Sécurité.

Article paru dans le quotidien Le Temps sous les plumes de Gabriel Galice, Daniele Ganser et Hans von Sponeck. Au sujet des exactions de la CIA à propos de la Crimée il est tout à fait intéressant de lire l’article d’Arina Tsukanova relaté par Paul Craig Roberts (paulcraigroberts.org) sur son blog : http://www.strategic-culture.org/news/2017/03/28/so-who-annexed-crimea-peninsular-then.html

Note d’actualité. Fort heureusement pour l’Europe, l’OTAN n’a pas participé aux frappes aériennes effectuées la nuit dernière par les USA. Il est déplorable de constater que la politique agressive des Etats-Unis envers un pays souverain décidée sur la base de renseignements partiels rappelle étrangement l’attitude américaine lors de l’incident du Golfe du Tonkin qui signa l’entrée en guerre des USA au Viet-Nam. Il reste à espérer que cette agression injustifiée des Américains n’entrainera pas un conflit généralisé au cours duquel l’Europe serait une des premières cibles puisque de facto l’Europe est l’alliée des USA via l’OTAN

Géopolitique : le cas du Sahara Occidental

Crimée et Sahara Occidental, drôle de rapprochement …

Je suis toujours surpris de constater que beaucoup de cartes éditées par exemple par le Forum économique mondial ou encore Wikipedia font figurer en grisé le Sahara occidental. Ce territoire est cerné par un mur l’isolant à l’est de l’Algérie voisine et au sud de la Mauritanie et il n’existe pas pour les Nations-Unies. Peu peuplé il a été annexé purement et simplement par le Royaume du Maroc lorsque l’Espagne a quitté son ultime colonie alors appelée le Rio de Oro. De nombreux Sahraouis ont trouvé refuge dans l’archipel tout proche des Canaries. Jamais les Nations-Unies ont reconnu cette annexion. Les pays occidentaux ont-ils sanctionné le Maroc ? Naturellement que non et pour diverses raisons. D’abord le Maroc entretient des liens économiques étroits avec la Communauté européenne dans le cadre d’un accord de libre échange. Ensuite de nombreuses entreprises européennes, en particulier françaises, ont délocalisé certaines de leurs productions manufacturières au Maroc, la main-d’oeuvre y étant moins chère et le régime fiscal plus avantageux. Enfin le Maroc est le premier producteur de phosphate du monde, il faut donc le ménager.

L’une des raisons pour lesquelles le Maroc a annexé le Sahara Occidental et ensuite refoulé les populations à l’est de ce territoire largement désertique est donc la richesse en phosphate dans sa partie nord qui a quasiment doublé les réserves en phosphate du pays. Il y a également une autre raison économique, la présence d’hydrocarbures au large de cette nouvelle province du Royaume. Personne n’a rien eu à redire lorsque l’armée marocaine a investi cette région. Il y a quelques années, Hillary Clinton, encore à la tête du Département d’Etat américain, a reçu un cadeau du Roi du Maroc de 13 millions de dollars immédiatement transférés sur le compte de la Fondation Clinton pour donner une conférence économique. Elle a empoché l’argent, ne s’est même pas présentée et a envoyé à sa place son époux Bill. Ce cadeau était assorti de la promesse faite, selon Madame Clinton, par le Pentagone d’installer une base militaire importante au nord de l’ancien Sahara occidental, précisément là où se trouvent les gisements de phosphate … car il faut tout de même protéger cette ressource essentielle pour l’agriculture (américaine).

Mais au fait, les habitants de la Crimée, eux, ont choisi démocratiquement par référendum il y aura bientôt trois ans de se séparer de l’Ukraine et de retourner dans le giron de la Russie lorsqu’un régime fasciste de la plus ignoble facture a été installé par les USA à Kiev, ce qui a provoqué les sanctions économiques et financières de l’Union Européenne à l’encontre de la Russie. La Russie n’a pas annexé autoritairement la Crimée, ce sont les habitants très majoritairement russophones et chrétiens orthodoxes qui ont volontairement choisi ce rapprochement contrairement à ce qui s’est passé avec le Maroc pour le Sahara Occidental. On ne peut que constater qu’il y aurait comme deux poids-deux mesures en politique internationale. Les dés sont pipés et l’Europe est aux ordres de la Maison-Blanche. Jean-Claude Junker est le larbin de Washington, l’Europe est incapable d’adopter une politique étrangère cohérente. Pourquoi ne pas aussi sanctionner le Maroc ?

COP21 : Sa Majesté le Prince Charles, le climat et la Syrie …

 

Son Altesse le Prince Charles, veuf de Lady Diana, remarié pour la bonne cause et en justes noces avec son ex-maîtresse Camilla (rassurez-vous chers lecteurs je n’ai jamais lu la presse people) qu’il a entrainé dans ses fantasmes de sauveur universel de la planète – je veux parler du climat – après avoir été initié par des sorciers africains à la bonne cause de la défense de Gaïa s’en prend maintenant au conflit syrien.

D’après sa majesté (je n’utilise plus de majuscules) ce conflit est hautement nuisible au climat ! Et pour cause, la Turquie achète à bas prix du pétrole de contrebande aux mercenaires de Daesh soutenus par l’Arabie Saoudite tout en étant par ailleurs membre de l’OTAN, donc agissant dans la plus pure moralité de cette organisation. La Turquie en profite au passage pour massacrer quelques milliers de kurdes en dehors du territoire national turc sous le fallacieux prétexte que ces derniers contribuent à déstabiliser le fragile équilibre national instauré par sa majesté Erdogan, sunnite de son état, dictateur de profession, largement subventionné par son pote le roi d’Arabie, impunément, sans état d’âme aucun.

Ce mardi 24 novembre 2015 est une répétition de la dépêche d’Ems, de l’attentat de Sarajevo et des « false flags » organisés par la CIA. Alors que la Turquie abat un avion de chasse russe situé en territoire syrien à 1000 mètres de la frontière Syrie-Turquie, des saboteurs mandatés par le gouvernement ukrainiens dynamitent les lignes électriques alimentant la Crimée. Ces évènements dangereux et regrettables font partie de l’action obscure de la CIA qui veut saper les efforts de la Russie pour en terminer avec le bourbier syrien.

Hautement vexés par les initiatives russes contre les terroristes sans foi ni loi financés par l’Arabie Saoudite qui massacrent des civils, pillent les monuments archéologiques syriens et vendent du pétrole de contrebande à la Turquie, les Américains font mine de ne rien comprendre. La Turquie, dirigée par un dictateur qui n’a rien à envier à feu Saddam Hussein ou feu Mouamar Khadaffi, joue un double jeu éloquent car membre de l’OTAN, on pourrait dire par erreur mais l’adhésion de ce pays dans « l’alliance » était voulue par le Pentagone … Bref, la Turquie, après avoir massacré des populations kurdes en violant les frontières la séparant de la Syrie et de l’Irak, a abattu, sur ordre de la CIA, un avion russe et provoqué une escalade inévitable dans la région.

Naturellement dans le langage diplomatique il s’est s’est agi « d’une erreur regrettable » qui ne se reproduira pas. Il n’en reste pas moins qu’encore une fois les Américains et les Européens n’ont aucune honte à soutenir un régime dictatorial égyptien, à faire du business avec l’Arabie Saoudite, l’un des pays du monde qui est le plus rétrograde en termes de respects de la personne et des droits de l’homme, et à continuer à considérer que le référendum populaire et démocratique qui décida du sort de la Crimée n’était qu’une mascarade organisée par la Russie. Il est évident que l’Occident (USA et ses vassaux les pays européens) a perdu toute notion de respect de la morale basique. Cette situation est de très mauvaise augure …

Donc, pour en revenir à cet abruti de prince charles (plus de majuscules pour manifester mon incrédulité et mon mépris), un dégénéré de la lignée royale britannique – heureusement que Diana, une roturière, a remis de l’ordre dans les gènes de cette famille -, il a déclaré sur Sky News que le conflit syrien était hautement préjudiciable pour le climat de la planète ! De surcroit, selon ce dégénéré (je le répète sans aucune honte), ce sont les épisodes répétés de sécheresse qui ont sévi ces dernières années en Syrie, provoquées par le changement climatique (of course her majesty), qui ont été la cause première du conflit.

Je n’invente rien, c’est ce que ce triste individu déclarera lors de la session d’ouverture de la COP21 le 30 novembre au Bourget ! On croit rêver …

http://www.thedailybeast.com/articles/2015/11/23/prince-charles-blames-syrian-crisis-on-global-warming.html

Billet d’humeur géopolitique

Poutine se joue des Occidentaux en effectuant des tirs de missiles et en clamant que non, l’armée russe n’encercle pas les casernements ukrainiens ni en Crimée ni ailleurs. Le poker menteur a commencé. Il y a eu ces reportages truqués sur les exactions des Ukrainiens détruisant des églises dans la partie russophone du pays, mais c’est bien sur ! La propagande occidentale pêche des informations partielles pour conforter ses prises de positions. Qui sait exactement ce qui se passe en ce moment en Crimée ? Personne ! La population locale, majoritairement russe d’origine, religieusement rattachée au patriarcat de Moscou et vivant des largesses que procure la présence militaire russe n’aura rien à redire si Poutine déclare que cette péninsule fait désormais partie de la CEI et non plus de l’Ukraine. Quels sont les Ukrainiens qui s’opposeraient à une partition de leur pays, concédant la rétrocession de la Crimée à la Russie en échange de leur liberté d’action ? Là est le fond du problème. Seule Angela Merkel qui parle couramment le russe, et ça aide, a probablement conseillé à Poutine qu’elle connait bien de calmer le jeu parce qu’après tout l’Allemagne a besoin du gaz russe et mettre en péril l’économie allemande pour quelques arpents de terre russe, mais dans les faits ukrainiens, ne pèse pas lourd en regard des intérêts économiques bilatéraux.

D’après les informations qui peuvent être glanées sur le WEB, Cameron a adopté un profil bas, Hollande ne sait pas trop quoi faire, les Espagnols ne sont pas intéressés par les évènements, l’Italie n’a pas réagi, business as usual. Les Etats baltes et la Pologne expriment des craintes qui n’ont pas lieu d’être, croyant que ce sera leur tour de voir arriver les blindés de l’armée russe. Poutine n’est pas idiot. Il a déjà gagné la partie et tout va rentrer dans l’ordre à moins qu’il envisage d’annexer la partie orientale de l’Ukraine, ce qui serait une toute autre affaire !

Une nouvelle guerre de Crimée ?

 

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Je ne suis pas spécialiste en géopolitique, loin de là, mais si on considère la chute de la monnaie ukrainienne ces trois derniers jours (le hryvnia) de plus de 17 % entrainant dans son sillage le rouble, il y a quelques soucis à se faire quand on habite à Kiev ou Sébastopol. Justement, à propos de la Crimée, une partie de l’Ukraine plus ou moins indépendante et jalousement scrutée par la Russie puisque la population y est majoritairement russophone, il se pourrait bien que l’armée russe se fasse un devoir de protéger ses amis. Car qui dit russophone dit « russe » surtout pour Vladimir Poutine, l’armée russe est d’ailleurs en manœuvres en ce moment même juste de l’autre côté de la frontière (voir la carte). Il n’y a qu’à se souvenir des évènements de Géorgie il y a quelques années …

Aller mourir pour Sébastopol ? Pourquoi pas puisque la France est solidaire des USA ! La marine française a croisé au large de Sochi durant les jeux olympiques et conformément aux traités internationaux, les navires de la Royale ont quitté la Mer Noire avant d’avoir outrepassé le délai légal de 21 jours (Convention de Montreux, 1936) de présence dans les eaux de cette mer intérieure puisque la France n’est pas riveraine de cette dite mer. Pour autant, un navire américain reste au mouillage dans le port de Samsun en Turquie où se trouve une base américaine ou plutôt de l’OTAN présente aussi en Pologne, Roumanie et Hongrie.

Le gouvernement français prendrait-il le risque insensé de se confronter avec l’armée russe pour défendre l’intégrité de l’Ukraine en cas d’incident majeur en Crimée ? Car si une guerre civile genre Kosovo devait éclater dans ce pays le principal foyer de friction entre russophones et ukrainiens se trouve justement en Crimée !

Après le Mali où la France est toujours empêtrée et la Centre-Afrique où l’armée française n’aurait jamais du mettre les pieds puisqu’il s’agit d’un conflit religieux entre musulmans et chrétiens, pourquoi pas la Crimée pour que le Président, totalement désemparé par la situation économique et sociale dégradée et des élections à venir catastrophiques pour son parti, redore son image ? Une ou deux corvettes avec l’appui des Américains ça ferait l’affaire. Le ministre de la défense français s’est entretenu de ces questions avec son homologue américain à Washington le 24 janvier … Business is business as usual et les contribuables européens vont mettre la main à la poche pour combler les dettes de l’Ukraine qui enrichiront l’oligarchie russe, mais ce n’est pas la première fois que cela se produit. Il faut une cinquantaine de milliards d’euros pour calmer le jeu, tout de suite, et même le FMI s’y est engagé, une broutille quand on sait que par exemple la France emprunte cette somme auprès des marchés chaque mois !

La presse main-stream française subventionnée n’a pas encore dit le moindre mot de cette situation pour le moins dangereuse mais gageons que rien n’arrivera car Poutine dispose d’une arme beaucoup plus dangereuse que n’importe quelle bombe nucléaire, le gaz qui transite justement par l’Ukraine ! Secret défense oblige … Finalement ce qui se trame en ce moment ressemble à du théâtre de boulevard de mauvaise facture mais il se pourrait bien qu’un mort de plus en Crimée fasse exploser le baril de gaz …