Le « Russiagate », les Nazis et la CIA …

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Le succès politique du « Russiagate » réside dans la négation de l’histoire américaine au profit d’une vertu libérale de façade. Posé comme une réponse à l’élection de Donald Trump, une ligne droite peut être tirée depuis les efforts visant à minimiser l’influence de l’économie de guerre américaine en 1946 jusqu’à l’alliance de la CIA avec les fascistes ukrainiens en 2014. En 1945, le NSC (National Security Council) a publié une série de directives qui ont donné une logique et une direction aux actions de la CIA pendant la guerre froide. Le fait que celles-ci persistent malgré la « chute du communisme » suggère que le NSC est resté un espace réservé à la poursuite d’autres objectifs.

La première guerre froide était une entreprise commerciale impériale visant à maintenir au pouvoir les généraux, les bureaucrates et les fournisseurs de matériel de guerre et l’alimentation de leurs comptes bancaires après la Seconde Guerre mondiale. De même, le côté américain de la course aux armements nucléaires a permis à d’anciens officiers de la Gestapo et des SS d’être employés par la CIA* (liens signalés par un * en fin de billets) pour faire valoir leurs fantasmes paranoïaques en tant qu’évaluations des capacités militaires russes. Pourquoi, parmi tous les gens, d’anciens officiers nazis seraient-ils chargés du renseignement militaire si des évaluations précises étaient le véritable objectif ? La réponse est simple : les nazis détestaient les Soviétiques encore plus que les Américains.

Les idéologies binaires du Russiagate – pour ou contre Donald Trump, pour ou contre la Russie néolibérale et le « pétro-état » – définissent les limites d’un discours acceptable au profit d’intérêts profondément néfastes. Les États-Unis ont passé plus d’un siècle* à essayer d’installer un gouvernement ami des États-Unis à Moscou. Après la dissolution de l’URSS en 1991, les États-Unis ont envoyé des économistes néolibéraux pour piller le pays* tandis que l’administration Clinton, et plus tard l’administration Obama, ont placé des troupes de l’OTAN et des armements à la frontière russe après un accord négocié pour ne pas le faire*. Les revendications ultérieures de la realpolitik sont empreintes d’un imprudent mépris des conséquences géopolitiques.

Le paradoxe du libéralisme américain, bien mis en évidence lorsque l’icône féministe et membre de la CIA Gloria Steinem a décrit la CIA comme « libérale, non-violente et honorable »*, est que des fonctionnaires bourgeois éduqués, bien habillés, ont utilisé la menace (largement fabriquée) de la subversion étrangère pour installer dans les hautes sphères du pouvoir les nationalistes de droite soumis aux intérêts commerciaux américains à chaque occasion. En outre, l’ignorance agressive de Steinem de l’histoire réelle de la CIA illustre la propension libérale à confondre la tenue et l’attitude bourgeoises avec une noblesse imaginaire*. Au point soulevé par Christopher Simpson*, la CIA n’aurait pas pu obtenir de meilleurs résultats si elle n’avait pas employé d’anciens officiers nazis, alors qu’il se demandait pourquoi elle avait choisi de le faire.

Pour la gauche américaine, le Russiagate est traité comme un ensemble de mauvais reportages, de propagande gouvernementale dans les médias rapportant une série de faits et d’événements qui ont ensuite été réfutés. Cependant, une bonne partie de la bourgeoisie américaine, le PMC (Professional Managerial Class) qui joue le rôle de soutien du capital, en croit chaque mot. Le Russiagate est la ligne du parti nationaliste dans la lutte américaine contre le communisme, pour un monde sans le communisme. Des accusations de trahison ont été portées chaque fois que les budgets militaires ont été attaqués depuis 1945. En 1958, la haute direction de l’armée de l’air accusait les autres branches de l’armée de trahison pour avoir douté de son estimation tout à fait fantasmagorique (et plus tard réfutée) des ICBMs soviétiques. La trahison est bonne pour les affaires.

Peu de temps après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la CIA a employé des centaines d’anciens officiers militaires nazis, y compris d’anciens officiers de la Gestapo et des SS responsables du meurtre de centaines de milliers d’êtres humains*, pour diriger une opération d’espionnage connue sous le nom de Gehlen Organization* depuis Berlin, en Allemagne. Compte tenu de son rôle central dans l’évaluation des intentions et des capacités militaires de l’Union soviétique, l’Organisation Gehlen était vraisemblablement responsable de la surestimation* par la CIA des capacités nucléaires soviétiques dans les années 1950 utilisées pour soutenir le programme américain d’armes nucléaires. Les anciens nazis* ont également été intégrés aux efforts de la CIA pour installer des gouvernements de droite dans le monde.

Lorsque John F. Kennedy en 1958, il était sénateur, déclara qu’il y avait un fossé entre missiles américains et missiles soviétiques, la CIA procurait des informations provenant de l’organisation Gehlen. Une fois que les estimations de reconnaissance par satellite et U2 sont devenues disponibles, la CIA a abaissé la sienne à 120 ICBM soviétiques alors que le nombre réel était de quatre. D’une part, les Soviétiques avaient vraiment un programme d’armes nucléaires, d’autre part il s’agissait d’une infime fraction de ce qui était prétendument affirmé. Les mauvais rapports, infailliblement en faveur d’une augmentation plus importante des budgets militaires, semblent être la constante.

En vertu du « Nazi War Crimes Disclosure Act »* adoptée par le Congrès en 1998, la CIA a été obligée de divulguer partiellement son affiliation avec les anciens nazis et leur emploi. Contrairement à la thèse de « Operation Paperclip »* selon laquelle ce sont des scientifiques nazis qui ont été amenés aux États-Unis pour y travailler en tant que scientifiques, l’Organisation Gehlen et le CIC ont employé des criminels de guerre connus* dans des rôles politiques. Klaus Barbie, le «boucher de Lyon», était employé par le CIC (Counter Intelligence Corps) et prétend avoir joué un rôle dans le meurtre de Che Guevara*. Wernher von Braun, l’un des «scientifiques» de l’opération Paperclip, a travaillé dans un camp de concentration nazi alors que des dizaines de milliers d’êtres humains ont été assassinés.

La séquence historique des États-Unis fut la Première Guerre mondiale, la Grande Dépression, la Seconde Guerre mondiale, dans une économie fortement dépendante de la production de guerre. La menace de déclassement de l’économie de guerre en 1946 a d’abord été accueillie avec une évaluation honnête des intentions soviétiques – les Soviétiques réintroduisaient les infrastructures (de l’Europe de l’est) en territoire soviétique aussi rapidement que possible, puis à l’affirmation favorable* au budget militaire américain selon laquelle les soviétiques mettaient des ressources en place pour envahir l’Europe. Le résultat de ce changement est que les généraux américains conservaient leur pouvoir et que l’industrie de guerre continua de produire du matériel et des armes. En 1948, ces armes étaient devenues des bombes atomiques.

Pour comprendre l’espace politique que la production militaire est venue occuper, à partir de 1948, l’armée américaine est devenue une bureaucratie bien financée où des accusations de trahison étaient régulièrement échangées entre les branches armées. Des batailles internes pour le financement et la domination stratégique ont été (et sont) régulièrement menées. La tactique adoptée par cette bureaucratie, le «complexe militaro-industriel», était d’exagérer les menaces étrangères dans une lutte pour la domination bureaucratique. La course aux armements nucléaires est devenue une prophétie auto-réalisatrice. Alors que les États-Unis produisaient des armes de fin du monde sans interruption pendant des décennies, les Soviétiques ont répondu de la même façon.

Ce qui lie l’Organisation Gehlen aux estimations de la CIA sur les armes nucléaires soviétiques de 1948 à 1958, c’est 1) l’Organisation Gehlen était au cœur des opérations de renseignement de la CIA au sujet des Soviétiques, 2) la CIA disposait d’alternatives limitées pour recueillir des informations sur les Soviétiques. en dehors de l’Organisation Gehlen et 3) la haute direction de l’armée américaine avait depuis longtemps démontré qu’elle approuvait d’exagérer les menaces étrangères en augmentant ainsi son pouvoir et en augmentant par conséquent son budget. En bref, la CIA employait des centaines d’anciens officiers nazis qui avaient la prédisposition idéologique et l’incitation économique à mal percevoir les intentions soviétiques et à déformer les capacités soviétiques pour alimenter la guerre froide.

Là où cela devient intéressant, c’est que le lanceur d’alerte (les « Pentagon papers ») américain Daniel Ellsberg* travaillait pour la Rand Corporation à la fin des années 1950 et au début des années 1960, lorsque ces estimations des ICBM soviétiques avaient été avancées. JFK avait travaillé (en 1960) sur une plan qui comprenait la réduction de l’écart entre les missiles soviétiques et les missiles américains*. L’US Air Force, chargée de livrer des missiles nucléaires à leurs cibles, estimait que les Soviétiques avaient 1000 ICBM. D. Ellsberg, qui avait une habilitation de sécurité limitée en raison de son emploi à la Rand, a divulgué le nombre connu d’ICBM soviétiques. L’armée de l’air disait 1000 ICBM soviétiques lorsque le nombre confirmé par les satellites de reconnaissance était de quatre.

En 1962, année de la crise des missiles de Cuba, la CIA avait transféré le contrôle nominal de l’organisation Gehlen au BND, pour lequel Gehlen continuait de travailler. Sur la base des données de reconnaissance satellitaire en cours, la CIA était occupée à abaisser ses estimations des capacités nucléaires soviétiques. Benjamin Schwarz, écrivant pour The Atlantic en 2013, a fourni un compte rendu, apparemment informé des estimations abaissées de la CIA, dans lequel il a placé l’ensemble du programme d’armes nucléaires soviétiques (en 1962) à environ un neuvième de la taille de l’effort américain. Cependant, étant donné le décompte connu d’Ellsberg de quatre ICBM soviétiques au moment de la crise des missiles, même le rapport de Schwarz de 1: 9 semble surestimer les capacités soviétiques.

Selon les rapports de Schwarz, les missiles nucléaires Jupiter que les États-Unis avaient placés en Italie avant la crise des missiles de Cuba n’avaient de sens que comme armes de première frappe. Cette interprétation est corroborée par Daniel Ellsberg, qui soutient que le plan américain a toujours été d’initier l’utilisation des armes nucléaires (première frappe). Cela a rendu la posture de JFK de concurrence équilibrée comme un jeu géopolitique de « poulet nucléaire complètement dérangé » (traduction littérale). Si cela n’était pas clair, parce que les États-Unis avaient indiqué leur intention d’utiliser des armes nucléaires lors d’une première frappe – et avaient démontré leur intention en plaçant des missiles Jupiter en Italie – rien de ce que les États-Unis ont offert pendant la crise des missiles ne pouvait être pris au sérieux par les Soviétiques.

La dissolution de l’URSS en 1991 s’est soldée par une réduction promise des dépenses militaires américaines et la fin de la guerre froide, qui ne se sont finalement pas concrétisées. Après l’élection de Bill Clinton en 1992, la guerre froide est entrée dans une nouvelle phase. La logique de la guerre froide a été réutilisée pour soutenir les «guerres humanitaires» – un oxymore pour « libérer les gens en les bombardant ». En 1995, « l’ingérence russe » signifiait en fait que l’administration Clinton truquait l’élection de Boris Eltsine lors de l’élection présidentielle russe. M. Clinton a ensuite renié unilatéralement l’accord américain visant à maintenir l’OTAN à la frontière de la Russie lorsque les anciens États baltes ont été placés sous le contrôle de l’OTAN.

L’intervention de l’administration Obama en Ukraine en 2014*, encourageant et soutenant le soulèvement de Maïdan et l’éviction du président ukrainien démocratiquement élu, Viktor Ianoukovitch, est liée à la stratégie américaine de contenir et de renverser le gouvernement soviétique (russe) qui a d’abord été codifiée par le Conseil national de sécurité (NSC) en 1945. Les directives du NSC peuvent être trouvées sur ce lien*. L’annexion économique et militaire de l’Ukraine par les États-Unis (l’OTAN n’existait pas en 1945) relève du NSC10/2*. L’alliance entre la CIA et les fascistes ukrainiens est liée à la directive NSC20, c’est-à-dire le projet de parrainer d’anciens nazis affiliés à l’Ukraine afin de les installer au Kremlin pour remplacer le gouvernement russe. Cela faisait partie de la justification de la CIA pour inscrire les anciens nazis affiliés à l’Ukraine à sa liste d’employés en 1948.

Que le Russiagate soit la continuation d’un plan lancé en 1945 par le Conseil de sécurité nationale (NSC), conçu par la CIA avec l’aide d’anciens officiers nazis à son service, en dit long sur le cadre de la guerre froide dont il émerge. Son adoption quasi instantanée par les libéraux bourgeois démontre la base de classe du nationalisme de droite qu’elle soutient. Le fait que les libéraux semblent se percevoir comme des défenseurs de la « démocratie » alors qu’il s’agit d’un agenda préparé par des chefs militaires non élus plus de sept décennies plus tôt témoigne de la puissance de l’ignorance historique liée à la ferveur nationaliste. Les anciens officiers de la Gestapo et des SS employés par la CIA étaient-ils « nos nazis ? »

Le Nazi War Crimes Disclosure Act est né en partie parce que les chasseurs de nazis ont continué à rencontrer des criminels de guerre nazis vivant aux États-Unis qui leur ont dit qu’ils avaient été amenés ici et qu’ils avaient été embauchés par la CIA, le CIC ou une autre division du gouvernement fédéral. Si les gens de ces agences pensaient que cela était justifié, pourquoi le maintenir un tel secret ? Et si cela n’était pas justifié, pourquoi l’a-t-on fait ? De plus, les libéraux sont-ils vraiment à l’aise en amenant au pouvoir en Ukraine des fascistes ayant des liens historiques directs avec le Troisième Reich ? Et bien qu’il n’y ait pas de bons choix lors des prochaines élections américaines, le type (Joe Biden) que les libéraux veulent amener au pouvoir est l’architecte principal de cette décision.

Article de Rob Urie, spécialiste en économie politique, paru le 31 juillet 2020 sur le site counterpunch.org. Les insertions entre parenthèses sont de mon fait. Liens :

https://www.independent.co.uk/news/world/europe/himmler-daughter-germany-bnd-foreign-intelligence-ss-nazi-hitler-war-criminals-evaded-justice-a8422726.html

https://en.wikipedia.org/wiki/American_Expeditionary_Force,_Siberia

https://www.thenation.com/article/archive/harvard-boys-do-russia/

https://www.latimes.com/opinion/op-ed/la-oe-shifrinson-russia-us-nato-deal–20160530-snap-story.html

https://www.sacbee.com/opinion/op-ed/markos-kounalakis/article40988637.html

https://www.cia.gov/library/readingroom/docs/CIA-RDP90-00965R000100130030-7.pdf

https://ourhiddenhistory.org/entry/christopher-simpson-on-kpfk-1992-blowback-americas-recruitment-of-nazis-and-its-effect-on-the-cold-war

https://en.wikipedia.org/wiki/Gehlen_Organization

https://www.youtube.com/watch?v=XiFgrXnSH4g

https://therealnews.com/stories/the-discovery-that-should-have-changed-the-cold-war-daniel-ellsberg-on-rai-9-12

https://en.wikipedia.org/wiki/Nazi_War_Crimes_and_Japanese_Imperial_Government_Records_Interagency_Working_Group

https://www.cia.gov/library/center-for-the-study-of-intelligence/csi-publications/csi-studies/studies/vol-58-no-3/operation-paperclip-the-secret-intelligence-program-to-bring-nazi-scientists-to-america.html

https://apnews.com/0e04d0fbd81e0aff57f16daac48417af

https://www.mirror.co.uk/news/world-news/how-nazi-butcher-klaus-barbie-6828080

https://ourhiddenhistory.org/entry/christopher-simpson-on-kpfk-1992-blowback-americas-recruitment-of-nazis-and-its-effect-on-the-cold-war

https://www.youtube.com/watch?v=nCMIlzEym6Y (interview de Daniel Ellsberg, en anglais)

https://www.theatlantic.com/magazine/archive/2013/01/the-real-cuban-missile-crisis/309190/

https://www.bbc.com/news/world-europe-26079957

https://history.state.gov/historicaldocuments/frus1945-50Intel/d292

https://archive.org/details/NSC201-USObjectivesWithRespectToRussia

Le « Deep State » Américain veut-il la peau de Donald Trump ?

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Article de Cynthia CHUNG paru le 19 janvier 2020 sur le site Strategic Culture Foundation

There is a kind of character in thy life, That to the observer doth thy history, fully unfold.” (Il y a dans la vie un coté pas totalement explicable qui, pour le spectateur, commande pourtant l’histoire)

William Shakespeare

Une fois de plus, nous nous trouvons dans une situation de crise, où le monde entier retient son souffle d’un coup et ne peut qu’attendre pour voir si ce nuage noir volatil flottant au dessus de nous va éclater dans un orage de guerre nucléaire ou passer sans danger. La majorité du monde semble avoir l’impression que ce destin destructeur oscille d’avant en arrière au gré de l’humeur d’un seul homme [le Président Trump]. Il est donc normal que pendant ces périodes de crise, nous tentions d’analyser et de prédire les pensées et les motivations de cette seule personne. L’assassinat du major-général Qasem Soleimani, véritable héros de ses compatriotes et incontestablement une figure clé de la lutte contre le terrorisme au Moyen-Orient, a été un crime terrible, une provocation horriblement répugnante. Il était censé provoquer une ferveur apoplectique, il était destiné à nous faire désirer la paix, indignés. Et c’est pourtant exactement ce que nous ne devons pas faire [en caractères gras dans le texte] .

Afin d’évaluer de telles situations, nous ne pouvons pas perdre de vue la situation dans son ensemble, et une indignation juste provoque malheureusement le contraire. Notre concentration devient de plus en plus étroite au point où nous ne pouvons que voir ou réagir dans l’instant présent avec ce qui est juste devant nous. Nous sommes réduits à une obsession des flux Twitter, des coupures de presse et du double langage des «déclarations officielles du gouvernement».

Ainsi, avant que nous puissions trouver un terrain ferme sur lequel nous tenir sur la situation d’aujourd’hui, nous devons d’abord comprendre ce qui a poussé les États-Unis à entamer une campagne de guerres sans fin pour imposer des changements de régimes politiques dans le monde entier après la Seconde Guerre mondiale, comme le précisait l’ancien chef des opérations spéciales le colonel Prouty devant l’Etat-Major inter-armées américain, après trois décennies de guerre en Indochine.

Le déplacement des pièces de l’échiquier dans l’ombre

Il est intéressant de noter que le 2 septembre 1945, le jour même de la fin de la Seconde Guerre mondiale, Ho Chi Minh allait annoncer l’indépendance de l’Indochine. Que le jour même où s’est terminée l’une des guerres les plus destructrices de l’histoire, une autre longue guerre a été déclarée. Churchill allait annoncer son «rideau de fer» contre le communisme le 5 mars 1946, et il n’y avait pas de retour en arrière possible à ce moment-là. Le monde n’avait que 6 mois pour récupérer avant d’être impliqué dans une autre guerre terrible, à l’exception des Français, qui iraient en guerre contre le Viet Minh son adversaire en Indochine française également quelques jours seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Dès son élection Truman organisa une réorganisation majeure du gouvernement américain et de son bureau des renseignements étrangers. Rappelons qu’il y eut une tentative de coup d’État militaire, qui a été dénoncée par le général Butler dans un discours public en 1933, contre la présidence de FDR (Roosevelt) qui avait accédé à la Maison-Blanche cette année-là. On pourrait dire qu’il y avait une désapprobation très marquée de la part des « coins sombres » [entendez le Deep State] pour la façon dont Roosevelt réorganiserait le gouvernement.

Un élément clé de cette réorganisation sous Truman a été le démantèlement du bureau de renseignement étranger précédemment créé par FDR, le Bureau des services stratégiques (OSS) le 20 septembre 1945, seulement deux semaines après la déclaration officielle de la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’OSS serait officiellement remplacé par la CIA le 18 septembre 1947, après deux ans de purge du renseignement américain et le déplacement interne des pièces d’échec dans l’ombre. En outre, le président Truman fondera également le Conseil de sécurité nationale (NSC, National Security Council) des États-Unis le 18 septembre 1947, le même jour où il fondera la CIA. Le NSC était un conseil dont la fonction était de servir de principal organe du président pour coordonner la sécurité nationale, les politiques étrangères et les politiques entre les divers organismes gouvernementaux.

Dans son livre le colonel Prouty déclare: «En 1955, j’ai été désigné pour établir un bureau des opérations spéciales conformément à la directive n ° 5412 du Conseil de sécurité nationale (NSC) du 15 mars 1954. Cette directive NSC pour la première fois de l’histoire des États-Unis a défini des opérations secrètes et confié ce rôle à la Central Intelligence Agency pour effectuer de telles missions, à condition que le NSC leur en ait donné l’ordre, et ont en outre ordonné au personnel des forces armées en service actif de rester à l’écart de ces opérations. Dans le même temps, les Forces armées ont reçu pour instruction de «fournir le soutien militaire aux opérations clandestines de la CIA en tant que fonction officielle. » [en caractères gras dans le texte]

Cela signifiait qu’il devait y avoir une symbiose entre le bureau du renseignement étranger et l’armée, et que le bureau du renseignement étranger jouerait le rôle de premier de cordée dans cette relation, ne prenant que les ordres du NSC. Bien que le NSC inclue le président, comme nous le verrons, le président est très loin d’être en mesure de déterminer les politiques du NSC.

Un héritage de guerres secrètes

« Il n’y a aucun exemple dans l’histoire qu’une nation bénéficie d’une guerre prolongée. »

Sun Tzu

Le 20 janvier 1961, John F. Kennedy a été élu en tant que président des États-Unis. En plus d’hériter de la responsabilité du bien-être du pays et de son peuple, il devait également hériter d’une guerre secrète contre le Cuba communiste dirigée par la CIA. JFK a été détesté dès le début par la CIA et certaines officines du Pentagone, ils savaient où il en était sur les affaires étrangères et qu’il serait en conflit direct pour ce vers quoi ils travaillaient depuis près de 15 ans. Kennedy serait naturellement informé de l’opération secrète de la CIA contre Cuba, ce que confirme Prouty dans son livre, qui avait été discrètement approuvée par l’administration Eisenhower en mars 1960 comme ne devant être qu’un modeste programme de soutien à l’exil cubain qui devait comprendre quelques petits parachutages au-dessus de la plage où s’effectuaient les opérations d’exil d’une brigade d’invasion de 3 000 hommes juste avant l’entrée en fonction de Kennedy.

Il s’agissait d’un changement massif dans les plans qui n’a été déterminé ni par le président Eisenhower, qui a averti à la fin de son mandat du complexe militaro-industriel comme un lourd fardeau à gérer, ni par le président Kennedy, mais plutôt par le bureau du renseignement étranger constitué de personnalités non élues. Cela montre le niveau d’hostilité que Kennedy a rencontré dès qu’il est entré en fonction et les limites du pouvoir présidentiel sans le soutien ni du renseignement ni de l’armée.

Dans les trois mois qui suivirent l’accession de JFK, l’opération « Bay of Pigs » (du 17 au 20 avril 1961) fut programmée. Comme le veut l’histoire révisionniste populaire JFK a refusé de fournir une couverture aérienne à la brigade cubaine en exil et l’invasion terrestre a été un échec catastrophique et une victoire décisive pour Castro et son pays. C’était très embarrassant pour le président Kennedy qui devait assumer la responsabilité publique de l’échec mais ce n’était cependant pas en raison de sa compétence douteuse mise en doute en tant que leader. C’était embarrassant car, s’il n’en avait pas pris la responsabilité publique, il aurait dû expliquer la véritable raison de l’échec, c’est-à-dire que la CIA et l’armée étaient contre lui et qu’il n’avait aucun contrôle sur eux. Si Kennedy devait admettre une telle chose, il aurait perdu toute crédibilité en tant que président dans son propre pays et sur le plan international, et aurait mis le peuple des États-Unis en danger immédiat en pleine guerre froide.

Ce qui s’est réellement passé, c’est qu’il y a eu annulation de la frappe aérienne prévue avant l’aube, par les bombardiers de la Brigade cubaine exilée au Nicaragua, pour détruire les trois derniers avions de combat de Castro. Cette frappe aérienne a été officiellement ordonnée par Kennedy lui-même. Or JFK était toujours opposé à une invasion américaine de Cuba, et frapper les derniers jets de Castro par la Brigade cubaine en exil aurait limité la menace de Castro, sans que les États-Unis soutiennent directement une opération de changement de régime à Cuba. Cela allait totalement à l’encontre du plan de la CIA pour Cuba.

L’ordre de Kennedy pour la frappe aérienne sur les avions à réaction de Castro serait annulé par l’adjoint spécial aux affaires de sécurité nationale McGeorge Bundy, quatre heures avant le décollage des B-26 de la Brigade d’exil du Nicaragua et Kennedy n’a pas été amené à prendre directement cette décision. De plus, le directeur du renseignement central Allen Dulles, l’homme en charge de l’opération Bay of Pigs, était malencontreusement hors du pays le jour du débarquement.

Le colonel Prouty, qui était chef des opérations spéciales à cette époque, explique cette situation: «Tout le monde lié à la planification de l’invasion de la baie des Cochons savait que la politique dictée par le NSC 5412 interdisait positivement l’utilisation de personnel militaire en service actif dans des opérations secrètes. A aucun moment une position de «couverture aérienne» n’a été écrite dans le plan d’invasion officiel… L’histoire de «couverture aérienne» qui a été créée de toute pièce est incorrecte. »

En conséquence, JFK, qui comprenait bien la source de ce fiasco, a mis en place un groupe d’étude cubain le lendemain et l’a chargé de déterminer la cause de l’échec de l’opération. Le groupe d’étude, composé d’Allen Dulles, du général Maxwell Taylor, de l’amiral Arleigh Burke et du procureur général Robert Kennedy (le seul membre auquel JFK pouvait faire confiance), a conclu que l’échec était dû à l’appel téléphonique de Bundy au général Cabell (qui était également Directeur adjoint de la CIA) qui a annulé l’ordre de frappe aérienne du président.

Kennedy les avait piégés.

De manière humiliante, le directeur de la CIA, Allen Dulles, a participé à la formulation de la conclusion que l’opération Bay of Pigs était un échec en raison de l’intervention de la CIA dans les ordres du président. Cela a permis à Kennedy de publier le mémorandum d’action sur la sécurité nationale # 55 le 28 juin 1961, qui a initié le processus de changement de la responsabilité de la CIA pour la confier aux chefs d’état-major interarmées. Comme le déclare Prouty, «Une fois pleinement mis en œuvre, comme Kennedy l’avait prévu, après sa réélection en 1964, cela aurait retiré la CIA des opérations secrètes. Mais il s’est avéré que ce fut l’un des premiers clous dans le cercueil de John F. Kennedy. »

Comme si une telle gifle à la CIA ne suffisait pas, Kennedy a forcé le directeur de la CIA Allen Dulles à démissionner, ainsi que le directeur adjoint des plans de la CIA Richard M. Bissell Jr. et le directeur adjoint de la CIA Charles Cabell.

En octobre 1962, Kennedy a été informé que Cuba installait des missiles soviétiques offensifs à 90 miles des côtes américaines. Les navires soviétiques avec encore plus de missiles étaient en route vers Cuba mais ils ont fini par rebrousser chemin à la dernière minute. Des rumeurs ont commencé à circuler selon lesquelles JFK avait conclu un accord secret avec le Premier ministre russe Khrouchtchev, selon lequel les États-Unis n’envahiraient pas Cuba si les Soviétiques retiraient leurs missiles. C’est alors que les critiques de l’attitude conciliante de JFK au sujet du communisme ont commencé à prendre de l’ampleur.

Le NSAM # 263, étroitement étudié par Kennedy, a été publié le 11 octobre 1963 et a décrit une décision politique «de retirer 1 000 militaires [du Vietnam] d’ici la fin de 1963» et a en outre mentionné que «Il devrait être possible de retirer du Vietnam la majeure partie du personnel américain [y compris la CIA et les militaires] en 1965». Le journal des Forces armées Stars and Stripes titra en grosses lettres LES TROUPES AMÉRICAINES HORS DU VIETNAM EN 1965. Kennedy gagnait le match et s’attirait la sympathie peuple américain. Ce devait être le dernier clou du cercueil de Kennedy.

Kennedy a été brutalement abattu un mois plus tard, le 22 novembre 1963. Sa mort ne devrait pas seulement être considérée comme une perte tragique mais, plus important encore, elle devrait être reconnue comme un coup d’État militaire réussi qu’elle a été et est encore. La CIA a montré jusqu’où elle était prête à aller si un président faisait obstacle. (Pour plus d’informations sur ce coup d’État, reportez-vous au procureur de la Nouvelle-Orléans de l’époque, le livre de Jim Garrison. Et au film d’Oliver Stone, très bien documenté, «JFK»). Liens en fin d’article

De l’autre côté du miroir

Le 26 novembre 1963, quatre jours après le meurtre de Kennedy, le président de facto Johnson a signé le NSAM # 273 pour commencer le changement de politique de Kennedy sous le numéro 263. Et le 4 mars 1964, Johnson a signé le NSAM # 288 qui a marqué l’escalade totale de la guerre du Vietnam et a impliqué 2 709 918 Américains servant directement au Vietnam, avec les 9 087 000 de toutes les autres Forces armées américaines pendant cette période.

La guerre du Vietnam, ou plus précisément la guerre d’Indochine, se poursuivra pendant 12 ans après la mort de Kennedy, soit un total de 20 ans pour les Américains.

Bien d’autres opérations secrètes se sont poursuivies, mais la prochaine guerre sans fin à grande échelle qui impliquerait le monde commencerait de plein fouet le 11 septembre 2001 sous le titre risible de « War on Terror », qui est fondamentalement un autre rideau de fer, une continuation de 74 ans de guerre froide. Une guerre qui n’est pas censée prendre fin tant que les changements ultimes de régime ne sont pas accomplis et que le monde n’assiste pas au renversement de la Russie et la Chine. L’Irak était destiné à l’invasion bien avant la guerre du Golfe de 1990 et même avant que Saddam Hussein ne soit soutenu par les Américains dans la guerre Irak-Iran dans les années 1980. L’Iran avait déjà subi un changement de régime soutenu par la CIA en 1979.

La CIA et l’armée américaine avaient compris bien à l’avance que le renversement de la souveraineté en Irak, en Libye, en Syrie et en Iran devait se produire avant que la Russie et la Chine puissent y mettre leur main. De telles tactiques de guerre étaient formulées après 3 décennies de contre-insurrection de la CIA pour combattre «l’insurrection communiste» de l’Indochine. C’est ainsi que fonctionne l’insurrection d’inspiration terroriste d’aujourd’hui, en tant que formule parfaite de la CIA pour un bain de sang sans fin.

L’ancien directeur adjoint de la CIA (2010-2013) Michael Morell, qui soutenait Hillary Clinton pendant la campagne électorale présidentielle avec véhémence contre l’élection de Trump, qui, selon lui, était manipulé par Poutine, a déclaré dans une interview en 2016 avec Charlie Rose que les Russes et les Iraniens en Syrie devraient être tués secrètement pour «payer le prix».

Par conséquent, lorsqu’une frappe de drone survient pour assassiner un major général iranien, même si le président américain en prend l’initiative, il ne faut pas se précipiter pour croire que c’est nécessairement le cas ou que c’est l’histoire complète. De même on ne peut pas prendre à la lettre les déclarations du président Rouhani acceptant la responsabilité de l’armée iranienne abattant «par accident» l’avion Boeing 737-800 qui contenait 176 civils, pour la plupart iraniens, comme quelque chose qui peut être relégué à la négligence criminelle, mais plutôt qu’il se passe très probablement autre chose en coulisse.

On ne peut pas non plus rejeter d’un bloc la publication en temps opportun, ou plutot la « fuite », du projet de lettre du commandement américain au gouvernement irakien à Bagdad qui suggère un retrait des forces américaines du pays. Cette coïncidence place certainement le président américain dans une situation embarrassante, bien que la décision de maintenir ou non les forces américaines en Irak ne soit pas une simple question que le président peut seul déterminer. En fait, il n’y a aucune raison pour que, après avoir examiné le cas de JFK, nous devrions imaginer une telle chose.

On pourrait supposer que le président américain a été manipulé et donc piégé, avec la désignation officielle des brigades Al-Kuds comme «terroristes» en avril 2019 par le département d’État américain, une décision qui a été fortement soutenue par Bolton et Pompeo, qui étaient tous deux membres du NSC à l’époque. Cela a rendu légal la frappe d’un drone militaire américain contre Soleimani dans le cadre de l’AUMF 2001, décision dans laquelle il est précisé que l’armée américaine peut attaquer tout groupe armé considéré comme une menace terroriste. Bolton et Pompeo n’ont pas caché qu’ils étaient ravis de l’assassinat de Soleimani et Bolton est même allé jusqu’à tweeter «J’espère que c’est la première étape d’un changement de régime à Téhéran». Bolton n’a pas caché non plus qu’il est impatient de témoigner contre Trump dans son éventuel procès pour destitution.

L’ancien directeur de la CIA, Mike Pompeo, a été enregistré lors d’une conférence, enregistrement encore inconnu récemment, mais à en juger par les rires du public composé d’agents en herbe de la CIA, où il admet que bien que la devise des cadets de West Points soit «Vous ne mentirez pas, ne tricherez pas ou ne volerez pas, et ne tolérerez pas ceux qui le font », sa formation dans le cadre de la CIA était tout le contraire, déclarant : « J’étais le directeur de la CIA. Nous avons menti, nous avons triché, nous avons volé. C’était comme si nous avions des cours de formation complets, (longue pause) Cela vous rappelle la gloire américaine. »

Ainsi, il ne devrait pas être surprenant pour quiconque dans le monde, à ce stade de l’histoire, que la CIA ne fasse allégeance à aucun pays. Et l’on ne peut guère s’attendre à ce qu’un président, qui est activement attaqué de toutes parts dans son propre pays, soit en mesure de tenir la CIA responsable de ses crimes passés et futurs.

Article de Cynthia CHUNG paru le 19 janvier 2020 sur le site Strategic Culture Foundation

Cynthia Chung est conférencière, écrivaine et co-fondatrice et éditrice de la Rising Tide Foundation (Montréal, Canada).

Liens. https://www.strategic-culture.org/news/2019/11/24/on-churchills-sinews-of-peace/

https://winstonchurchill.org/publications/finest-hour-extras/churchill-and-eugenics-1/

https://www.youtube.com/watch?v=16uhS-Iqi7E

JFK: The CIA, Vietnam, and the Plot to Assassinate John F. Kennedy Paperback Apr 1 2011 by L. Fletcher Prouty (Author), Jesse Ventura (Foreword), Oliver Stone (Introduction)

https://www.youtube.com/watch?v=qGPuSxuT6pM

https://www.youtube.com/watch?v=DPt-zXn05ac

 

Brève. Hong-Kong, Maiden, Moscou, Caracas, … même combat

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Ça s’appelle de la politique « coup de poing » par personne interposée et c’est devenu la spécialité des Américains et des Anglais. Plutôt que d’intervenir directement il suffit de financer des groupes de pression plus ou moins occultes pour faire apparaître un abcès sociétal qui a toutes les chances, s’il est judicieusement organisé, d’aboutir à la déstabilisation d’un Etat et éventuellement de son économie voire de son système politique tout entier. C’est exactement ce qui se passe en ce moment à Hong-Kong. Le mouvement de protestation « populaire » a été depuis le début organisé par la CIA avec le soutien du MI5, les Anglais connaissant parfaitement bien leur ancienne colonie. Après la fragilisation de l’économie chinoise en instaurant des droits de douane invraisemblables sur les produits importés, après avoir organisé une « chasse aux sorcières » en tentant de ternir l’image internationale de Huawei qui a eu le malheur de damer le pion des entreprises américaines de technologie de l’information – aucune entreprise état-unienne n’est capable de développer la 5G – les cerveaux dérangés de l’administration américaine ont imaginé de créer un trouble à Hong-Kong. À l’évidence ce complot pourrait payer puisque la place financière d’Hong-Kong est d’une importance extrême pour l’économie chinoise.

L’agitation populaire à Hong-Kong dure depuis plusieurs années ainsi que le mouvement d’opposition moscovite à la politique de Vladimir Poutine. Encore une fois on retrouve la signature du « Deep State » américain que Trump s’était juré de réduire à néant mais force est de constater qu’il utilise maintenant le « marigot » pour parfaire ses propres desseins géopolitiques, en réalité par vraiment les siens, mais ceux du complexe militaro-industriel américain qui siphonne toutes les ressources budgétaires fédérales et laisse à la rue cent millions d’Américains.

Ma fille vient de visiter la Californie et les alentours. Elle a été sidérée de voir le nombre incroyable de sans-abris tant à Los Angeles qu’à San Francisco, vivant au milieu des détritus et des rats le long des autoroutes, … mais pas à Las Vegas : il sont chassés par la police car ça fait désordre. Je veux bien encore croire que les USA sont toujours la première puissance du monde mais j’ai, excusez-moi, de plus en plus de sérieux doutes. À suivre …

Voici le Vrai Régime Nazi Ukrainien mis en place par les USA

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Ce texte est la traduction d’un article du journaliste d’investigation Eric Zuesse paru sur le site The Strategic Culture Foundation. Les addenda entre parenthèses et en caractère italiques sont de mon cru pour une meilleure compréhension des propos de ce texte. Bonne lecture !

L’importance de l’illustration ci-dessus est virtuellement impubliable dans un quelconque média aux USA (et en Europe) parce que ces médias ont pour mission de tromper l’opinion en ce qui concerne les réalités internationales les plus préoccupantes – comme par exemple le fait que les USA ont installé un régime nazi en Ukraine dirigé contre la Russie – et que maintenant les USA mentent en accusant la Russie de faire ce qu’elle a le devoir faire pour se protéger de ce régime nazi qui se trouve à sa porte. Cette photo compte parmi les nombreuses autres qui ont été publiées dans l’excellent article d’Asa Winstanley le 4 Juillet 2018 sur l’ « Electronic Intifada ». Le titre de son article était  » Israël arme les néo-nazis ukrainiens » et il montrait comment Israël soutient le gouvernement raciste-fasciste (ou idéologiquement nazi) de l’Ukraine actuelle (lien en fin de billet). Ce sont des nazis non pas animés d’antisémitisme (comme ce fut le cas du régime nazi hitlérien) mais de russophobie, la vraie raison pour laquelle les USA ont mis en place ce régime.

Israël participe à cette coalition créée par les USA quand ils ont mis en place ce régime à Kiev, manoeuvre décidée par Obama dès 2011, organisée le 1er mars 2013 et finalisée en février 2014 avec le soutien total du Département d’Etat américain et de la CIA en organisant des manifestations massives anti-corruption Place Maiden à Kiev qui furent émaillées de tirs de snipers sans discernements, snipers financés par les USA – bien que ce dernier point n’ait jamais été mentionné par les médias américains (ni européens) – ni comment ils furent recrutés ni comment ils furent financés et ni de qui ils reçurent les ordres de tirer.

Comment maintenant croire les médias (tant US qu’européens) qui cachent toujours de telles réalités avérées au public ? Les sanctions américaines contre la Russie et les exercices de l’OTAN équipée de blindés et de missiles américains le long de la frontière russe sont uniquement basés sur des mensonges qui vont être explicités ci-après.

Pour les médias américains (et européens) le renversement et le remplacement du régime ukrainien démocratiquement élu fut « la révolution de Maiden » ou encore « la révolution ukrainienne de 2014 » mais jamais le « coup d’état organisé par Obama ». Ces médias mentent à l’évidence et jamais plus on ne pourra les croire. C’est ainsi que pour George Friedman, le fondateur et propriétaire de la « private CIA » appelée Stratfor (des mercenaires privés payés par le Pentagone et la CIA qui sévissent en particulier en Afghanistan), Maiden fut le coup d’état le plus flagrant de l’histoire mais seulement quand il tient ses propos à des médias russes car il nie avoir tenu de tels propos quand il est questionné par des médias américains. Les mensonges deviennent ainsi une obligation sémantique pour ces médias.

Le personnage qui se trouve au centre de la photo est Andrei Biletsky ou Beletsky dont le bataillon (qu’il a fondé) est directement financé par les contribuables américains, c’est-à-dire par le gouvernement américain. Il a publiquement déclaré que l’idéologie de ce bataillon et sa propre idéologie est le socialisme, pour lui une négation de la démocratie, le racisme qui l’anime étant dirigé contre les Sémites et les sous-humains qu’ils utilisent et finalement une affirmation de l’impérialisme devant aboutir à la création d’un Troisième Empire ukrainien, un troisième Reich ukrainien, et voici quelques traits de son idéologie directement inspirée d’Hitler mais avec le mot « German » remplacé par le mot « Ukrainian ».

Le Nationalisme Social Ukrainien. Le symbole de son bataillon qui figure sur la photo est le signe inversé du Wolfsangel nazi. L’idée maîtresse du nationalisme social mystique ukrainien est qu’il n’est pas constitué d’individus séparés et mécaniquement unis en entité appelée « ukrainienne » avec un passeport ukrainien mais plutôt un organisme biologique national qui constituera un peuple nouveau, un peuple hautement développé physiquement, intellectuellement et spirituellement. Et il attirera les autres individus pour renforcer la nation. Le nationalisme social se distingue clairement des autres mouvements politiques d’extrême droite car il se base sur un triade fondamentale : le socialisme, le racisme et l’impérialisme.

Socialisme. « Nous combattons pour créer une communauté nationale harmonieuse. Dans son principe le socialisme nie totalement la démocratie et le libéralisme qui engendrent une nation grise « rozbytthya » de second ordre avec des personnalités constituées en « ochlocratie ». Au contraire nous prônons l’idée d’une solidarité nationale, d’une hiérarchie naturelle et d’une discipline, les bases de notre nouvelle société. Inutile de considérer un foule de démocrates qui sont incapables de donner un sens à leur propre destinée et encore moins à l’Etat mais une sélection naturelle des élites de la Nation, de vrais leaders ukrainiens nés en Ukraine ».

Racisme. « Notre nationalisme n’est rien qu’un château de sable s’il n’est pas fondé sur la pureté du sang. Si la spiritualité, la culture et la langue ukrainiennes sont uniques c’est parce que notre nature raciale est unique. Si l’Ukraine doit devenir un paradis sur la Terre c’est parce que notre race le veut. Par conséquent nous devons gérer notre nation en commençant par une épuration raciale. La mission historique de notre nation, un moment décisif de ce siècle, est de mener les peuples blancs du monde vers la croisade finale pour leur survie. Nous devons diriger cette croisade contre les sémites et les sous-humains qu’ils utilisent ».

Impérialisme. « Nous allons changer les appellations « Ukraine indépendante », Ukraine Unie » et Ukrainiens » par une nation impériale qui a une longue histoire. Le devoir de la présente génération est de créer un Troisième Empire, troisième reich ukrainien, une Grande Ukraine. Tous les organismes dans la nature veulent s’étendre, se reproduire et croître en nombre. Cette loi est universelle. La supprimer signifie l’extinction, la mort. La diminution de la croissance de la population signifie la mort biologique de cette nation, l’extinction de son expansion politique et le déclin de l’Etat. Si nous devenons forts, nous prendrons ce qui nous revient de droit et plus encore, nous construirons un empire super-puissant, la Grande Ukraine ».

« Le Nationalisme Social a pour but de protéger toutes les vieilles valeurs aryennes ukrainiennes oubliées dans notre société moderne. Seule leur préservation et leur amélioration par des groupes de combattants fanatiques peut aboutir à la victoire finale de la civilisation européenne dans le combat mondial. Cette prise de position est réaliste et il ne peut en être autrement. Gloire à l’Ukraine ! ». Signé Andrei Beletsky.

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Le régime mis en place et imposé par les USA en Ukraine a déjà perpétré des massacres de masse à l’encontre des Ukrainiens russophones (à l’est de l’Ukraine, majoritairement russophone) et il (Beletsky) insiste sur le fait qu’il faudra finalement tous les tuer. Tout ça est financé par les contribuables tant des USA que d’Israël mais aussi des Pays-Bas, de la Pologne et d’autres alliés des Etats-Unis qui ont contribué à la formation des Bataillons Azov de Beletsky et qui financent aussi le gouvernement de Kiev qu’Obama a installé en 2014. La photo ci-dessus montre l’enseignement de la manipulation du lance-roquettes dans une école où figure sur un mur le portrait d’Hitler. Barack Obama était un libéral mais il était aussi en secret un raciste fasciste russophobe et ce gouvernement ukrainien n’existerait pas aujourd’hui si le gouvernement précédent, démocratiquement élu, non raciste et non fasciste (russophile) n’avait pas été remplacé sur décision d’Obama.

Tant que le parti démocrate américain continuera à soutenir cette décision d’Obama et le gouvernement nazi de Kiev le parti républicain US continuera à être en mesure d’être qualifié lui-même de nazisme, bipartisan – parce qu’il l’est – mais l’unité bipartisane sur une telle situation ne signifie pas du tout qu’elle est politiquement correcte et même pas qu’elle n’est pas tout aussi bien raciste et fasciste, en un mot nazie. C’est pour cette raison que les médias continuent à apporter leur soutien au régime ukrainien au lieu d’en dénoncer les excès : ces médias continuent à mentir.

Les « News » américaines ne cessent de clamer que si Trump condamnait le régime ukrainien actuel il agirait contre les intérêts des USA, il serait donc anti-américain, il ne serait même plus « un » Américain. À de très rares exceptions près les médias américains (et européens) soutiennent le régime de Kiev mis en place par les USA. Le quotiden « The Hill » fut en son temps et pour une fois courageux en imprimant un article exceptionnel intitulé « The Reality of néo-Nazis in Ukraine is far from Kremlin Propaganda » ( lien : thehill.com/opinion/international/359609-the-reality-of-neo-nazis-in-the-ukraine-is-far-from-kremlin-propaganda ) dans lequel il démontre à quel point le système bipartisan américain soutient le régime ukrainien nazi mis en place par Obama, c’est sinistre mais c’est la réalité qui reste cachée par les médias américains (et européens).

Il est donc facile de comprendre pourquoi ce couard de Trump continue à soutenir une telle politique plutôt que de la condamner et c’est aussi pourquoi il est clair qu’il ne veut pas condamner la politique de son prédécesseur qui a « volé » l’Ukraine et ainsi qu’il continue à accuser la Russie d’avoir « volé » la Crimée. Si Trump voulait vraiment dénoncer les mensonges de la presse américaine, alors il faudrait qu’il dénonce d’abord les manigances d’Obama (Prix Nobel de la Paix, je le rappelle à mes lecteurs) dans un discours majeur à la nation américaine illustrée par des documents vidéos montrant l’évidence actuelle de l’Ukraine qui choquerait le pays entier et ouvrirait un réel débat national, débat dont l’aristocratie américaine (entendez le complexe militaro-industriel, le « Deep State ») ne veut pas entendre parler.

Avec de tels médias comment une démocratie peut-elle encore survivre aux Etats-Unis ? Ce pays pourra-t-il éviter une troisième guerre mondiale ? La situation est fondamentalement identique à celle de la tentative de prise de contrôle de la Syrie mais les mensonges de la presse ont été plus aisément démontrés qu’au sujet de l’Ukraine. Le gouvernement américain actuel n’est pas représentatif de son peuple, c’est une réalité. Nous sommes arrivés dans une version non fictive mais historique du roman de George Orwell 1984 et ça se passe sous nos yeux, maintenant …

Article d’Eric Zuesse paru sur le site strategic-culture.org sous le titre : « This the Real, Americanized, Nazi-Dominated Ukraine » le 7 août 2018, illustration strategic-culture.org

Autre lien : https://electronicintifada.net/content/israel-arming-neo-nazis-ukraine/24876 dont je conseille vivement à mes fidèles lecteurs de recommander autour d’eux.

Brève : les récents évènements d’Arménie.

 

Les soulèvements populaires se suivent et se ressemblent étrangement. Il y a eu les manifestations à répétition à Hong-Kong pour réclamer plus de « démocratie ». Le leader des « démocrates » d’Hong-Kong a finalement été emprisonné il y a quelques jours. Il y a eu à peu près au même moment les évènements de Maiden à Kiev télécommandés par la CIA et le MI6, sans parler des « printemps arabes » et auparavant le fiasco (toujours de la CIA) en Géorgie qui se termina par une remise en ordre depuis Moscou. Maintenant c’est au tour de l’Arménie de se trouver étrangement agitée par des revendications réclamant plus de démocratie également …

Il n’y a pas d’autre possibilité que de voir encore une fois la main de la CIA car si l’Arménie venait à s’agiter socialement, ce serait du pain béni pour les USA afin d’ouvrir de nouvelles positions menaçant directement le nord-est de l’Iran, c’est-à-dire directement Ankara mais aussi, à portée de petites fusées, la Syrie où se trouvent toujours plusieurs milliers de soldats américains et d’instructeurs privés contrôlés par le Pentagone (et la CIA) pour accompagner les exactions des mercenaires terroristes djihadistes, en grande partie des mercenaires directement rémunérés par l’Arabie Saoudite, Israël, les Anglais, les Français et les Américains afin de mettre hors de nuire Bashar El Assad.

Ainsi les Américains auront le champ libre pour prendre possession de la Syrie et menacer directement l’Iran. Autant dire que l’on se trouve vraiment à l’aube d’un grave conflit au Moyen-Orient qui pourrait rapidement se généraliser car l’Arménie est un allié indéfectible de la Russie. La majorité des Arméniens parlent le russe, la religion chrétienne arménienne entretient des liens étroits avec l’Eglise orthodoxe russe et la position stratégique de ce pays est unique … À vos abris anti-atomiques si naturellement vous en avez aménagé un dans le sous-sol de votre résidence secondaire qui va bientôt être super-taxée pour payer les djihadistes …

USA-Syrie : une longue histoire de coups tordus de la CIA

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Pour les impérialistes américains l’importance stratégique de la Syrie a été prise en compte dès la fin de la deuxième guerre mondiale. En 1949 un coup d’Etat renversa le premier gouvernement et le premier président syriens démocratiquement élus depuis l’indépendance de ce pays (depuis 1918 la Syrie était un protectorat franco-anglais après la chute de l’Empire Ottaman). Selon de nombreux analystes ce coup fut fomenté par la CIA avec l’appui des Britanniques en place à Damas pour éliminer le président élu Shukri al-Quwatli (illustration) accusé de sympathies communistes. Celui-ci fut brièvement emprisonné puis déporté en Egypte. Ces premières élections avaient été considérées par les Anglais et les Américains comme entachées de fraude téléguidée par l’Iraq et la Transjordanie et des luttes internes sectaires. Bref, ce fut la première intervention de la CIA en Syrie.

Alors que le Maccarthysme était devenu une sorte de religion aux USA, le nouveau Président syrien, Husni al-Za’im, qui fut donc mis en place par la CIA, fut accusé par cette dernière de ne pas coopérer avec l’Occident pour contrer le communisme. Le Secrétaire d’Etat de l’époque, John Foster Dulles, frère du Directeur de la CIA, laissa se terminer la Guerre des Six Jours (1956), entièrement financée par les USA, pour organiser un autre « coup » en Syrie répandant la fausse information que l’armée syrienne disposait de 123 Migs offerts par l’URSS.

Les fausses informations étaient depuis longtemps déjà la manière de faire des Américains. Il faut remonter à 1898 et la mise en scène du faux attentat perpétré contre le navire USS Maine dans le port de La Havane en pleine rébellion des habitants de Cuba contre les Espagnols pour que les Etats-Unis déclenchent une guerre contre l’Espagne. Il faut souligner que la presse américaine de l’époque se fit un devoir de relayer cette fausse information – en réalité l’USS Maine avait été sciemment sabordé par les Américains eux-mêmes – afin de préparer l’opinion à une guerre inévitable avec l’Espagne, guerre qui se propagea sur tous les continents en particulier dans l’Océan Pacifique où la marine américaine prit possession des Philippines et des Marianes. Déjà à l’époque l’agenda américain ne se résumait qu’en une phrase : l’hégémonie impérialiste.

Revenons à la Syrie. Les USA firent appel à la Turquie et aux Frères Musulmans (on était en 1955 et les frères musulmans, création de la CIA existaient déjà)  et préparèrent un coup d’Etat avec l’aide des services secrets anglais (MI6). Après la guerre des 6 jours, les interventions diplomatique de l’Irak, de l’Arabie Saoudite et de l’Egypte dissuadèrent les Américains d’aller plus avant dans leur projet. En effet ces pays voyaient d’un très mauvais oeil que les USA établissent une tête de pont territoriale en Syrie sachant qu’ils étaient les alliés indéfectibles d’Israël et ce d’autant plus que tous les pays arabes détestaient (et détestent toujours) Israël. Néanmoins la CIA avait bien rodé durant deux années sa stratégie de déstabilisation et celle-ci fut mise en application l’année suivante en Indonésie après avoir été testée au Guatemala en 1954. Dans les deux cas les interventions américaines avaient été motivées par de fausses nouvelles également reprises par la presse.

Durant la première guerre d’Irak les Américains utilisèrent le territoire syrien pour détenir en tout illégalité des prisonniers irakiens qui subirent les tortures les plus iniques qu’on puisse imaginer que même les SS du régime nazi n’auraient pas envisagé. Ces évènements se déroulèrent à l’insu de toutes les chancelleries représentées à Damas entre 2001 et 2007. Le gouvernement syrien était-il au courant des atrocités commises par la CIA sur son sol ? Nul ne le sait, toujours est-il qu’en octobre 2008 la CIA organisa une opération commando sur la ville de Sukkariyeh dans l’est de la Syrie, intervention qui fut cette fois dénoncée aux Nations-Unies par Damas sans aucune suite d’ailleurs. Par la suite il fut admis que les USA avaient organisé des infiltrations d’opposants au régime de Damas dès 2004 ! Les évènements actuels ne sont donc pas nouveaux !

Après, dès 2011, ce fut la guerre civile sur le sol syrien largement organisée par l’Administration Obama avec l’aide des services secrets anglais et l’appui financier de l’Arabie Saoudite et du Qatar, l’Arabie Saoudite étant devenue au fil des années un pays totalement vassalisé par les Etats-Unis, et elle l’est toujours aujourd’hui quoiqu’en pense MBS.

Il est intéressant de relire l’histoire car elle se répète souvent de manière étrangement similaire. En réalité, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, la CIA n’a jamais modifié ses méthodes d’intervention dignes du pire Etat totalitaire dans des pays qui n’ont pourtant jamais menacé la sécurité domestique des Etats-Unis excepté peut-être l’Arabie Saoudite avec les attentats du 11 septembre mais curieusement les USA n’ont jamais tenté quoi que ce soit contre ce pays car Wall Street s’y serait opposé.

Note. Toutes les informations citées dans ce billet sont tirées d’articles de Wikipedia version anglaise et citées dans un article paru sur le site consortiumnews.com, illustration : Shukri al-Quwatli (Wikipedia)

La CIA et le changement du climat : un peu d’histoire pour se « rafraîchir » les idées

C’est un document daté d’août 1974 émanant de la CIA, disponible auprès de la Library of Congress à Washington sous forme de photocopie, énumérant les risques qu’encourrait l’humanité en cas de refroidissement du climat. La CIA s’intéressa à ce sujet car à la fin du premier optimum climatique du XXe siècle, vers la fin des années 1950, il y eut un cycle solaire anormalement faible (cycle #20, mais beaucoup plus robuste que celui qui se termine actuellement, #24) et qui contribua à imprimer dans nos mémoires le fameux hiver 1962 durant lequel toute l’Europe grelotta. L’hiver 1955-1956, particulièrement froid, coïncida avec la fin du cycle solaire #19. La CIA, dont l’une des missions est de prévoir les effets de l’évolution du climat sur la géopolitique, constata qu’à la fin du premier optimum moderne (1930-1950, il n’y a pas d’accord sur ces dates en raison des décalages entre observations météorologiques et activité solaire) il y eut une période d’instabilité qui poussa les limiers de cet organisme à analyser les possibles conséquences d’un refroidissement du climat. Les prévisionnistes d’alors penchaient en effet vers un refroidissement du climat. La magazine National Geographic eut vent de cette étude et publia d’ailleurs un article à ce sujet en novembre 1976 ( http://www.sealevel.info/NatGeo_1976-11_whats_happening_to_our_climate/ ).

Dans ce rapport il y a d’abord une revue des évènements liés au changement du climat et je les cite pour information.

Birmanie (1973) sécheresse et pas de riz disponible à l’exportation

Corée du Nord (mars 1973) importation record de céréales en raison des faibles récoltes de 1972

Costa Rica et Honduras (1973) pires sécheresses depuis 50 ans

USA (1973) inondations du siècle dans la région des Grands Lacs

Japon (1973) vague de froid exceptionnelle endommageant sérieusement les récoltes de riz

Pakistan (mars 1973) importation de céréales des USA en raison des faibles récoltes de grains

Pakistan (août 1973) pires inondations depuis 20 ans

Vietnam du Nord (septembre 1973) d’importantes inondations détruisent les récoltes

Philippines (mars 1974) manque de riz de grande envergure

Equateur (Avril 1974) manque de riz entrainant une crise politique

URSS (juin 1974) mauvais temps et maigres récoltes de céréales attendues

Chine (juin 1974) sécheresses et inondations

Inde (juin 1974) retard de la mousson

USA (juillet 1974) alternance de sécheresse et de fortes pluie endommageant les grandes cultures.

De nombreux pays dont la Chine, l’URSS et le Japon se sont alors (on était en 1974) munis de nouveaux services de prévisions météorologiques considérant que le facteur climatique devait être sérieusement pris en compte. L’un des facteurs alarmants était les stocks mondiaux de céréales qui sont passés entre 1969 et 1972 de 600 millions de tonnes à moins de 100 millions de tonnes en raison de divers évènements climatiques. À l’époque 100 millions de tonnes représentaient moins d’un mois de consommation mondiale. Pour la CIA climat et disponibilité en nourriture sont à l’évidence intimement liés avec les conséquences géopolitiques attendues et par conséquent surveillées de près.

Il n’existait pas à l’époque une multitude de satellites scrutant en permanence la Terre et le Soleil mais le rapport de la CIA est pourtant explicite, je cite littéralement :

« Depuis la fin des années 1960 un certain nombre de publications scientifiques dans les domaines du climat, de la météorologie et de la géologie ont montré que :

(1)un changement du climat est en cours,

(2)ce changement du climat pourrait créer des problèmes agricoles mondiaux« .

Au début des années 1970 les couvertures de neige et de glace ont augmenté dans le monde de 10 à 15 % (ce n’est pas moi qui l’affirme c’est écrit dans ce rapport à la page 7). Au nord du Québec et au Groenland des températures en dessous de la moyenne ont été observées, un phénomène jamais vu depuis un siècle (je cite encore ce rapport). La région de Moscou a souffert de sécheresses d’une intensité jamais vue depuis 300 ans. Il en a été de même en Australie, en Amérique Centrale, en Chine, en Asie du Sud-Est et en Afrique sub-saharienne. Selon les auteurs de ce rapport se référant à des études archéologiques les aléas climatiques ont provoqué la disparition de civilisations comme les civilisations de l’Indus, des Hittites, des Mycéniens et de l’Empire du Mali, toujours en raison d’un refroidissement du climat, modifiant la circulation atmosphérique et provoquant des sécheresses à répétition.

Vient alors dans ce document un résumé en trois points de la compréhension de la climatologie qu’il est opportun de citer :

1. le principe que la nature ne supporte pas une distribution hétérogène de l’énergie

2. l’énergie en provenance du Soleil est modulée par les variation de l’orbite de la Terre, des variations de son axe de rotation, des composants de l’atmosphère (poussières, nuages, etc) et des fluctuations mêmes de l’activité solaire.

3. l’atmosphère terrestre n’absorbe qu’une infime partie de l’énergie solaire.

L’atmosphère est un puits pour l’énergie radiative à toutes les latitudes alors que la Terre est une source de chaleur à l’exception des régions polaires. Afin d’éviter que la surface de la Terre ne se réchauffe et que l’atmosphère ne se refroidisse la chaleur provenant du Soleil est donc dissipée vers l’atmosphère et cet échange est principalement favorisé par la vapeur d’eau présente dans l’atmosphère (je cite toujours ce rapport, voir d’ailleurs un dernier billet de ce blog relatif à la magie de l’eau).

À l’époque où ce document a été écrit il existait trois écoles de climatologie, en Grande-Bretagne (Université d’East-Anglia, Professeur HH Lamb), aux USA (Université de Princeton, Docteur Smagorinsky) et en URSS dans le laboratoire du Professeur M.I. Budyko à Leningrad. Les Anglais professaient qu’il fallait étudier les variations climatiques du passé pour expliquer le présent et éventuellement le futur. L’école américaine prônait une meilleure compréhension de la circulation atmosphérique pour envisager des prévisions et l’école russe penchait plutôt pour une étude détaillée de la distribution globale de la chaleur sur la Terre et dans l’atmosphère. Les idées de Budyko qui à l’époque (1955) de la publication de ses premiers travaux alimentèrent une controverse dans le monde de la climatologie prirent finalement le dessus. Budyko considérait que l’ensemble des mouvements atmosphériques étaient inhomogènes et ne pouvaient pas être prédits par une approche mathématique ni simple ni complexe. On parla plus tard de théories du chaos et de fractales pour les mathématiciens.

Vint alors l’école du climat de l’Université du Wisconsin qui avait étudié en détail les variations des températures et des précipitations en Islande. À l’époque (donc à la fin des années 1960) tous les indicateurs étaient en faveur d’un refroidissement du climat. La période faste des années 1930 à 1950 qui avait permis de nourrir une population mondiale qui avait doublé, l’industrie favorisant cette révolution verte, n’allait devenir qu’un lointain mais cuisant souvenir ! L’ « école climatique » du Wisconsin se posait la question reprise dans ce document de la CIA de savoir si un retour du climat vers les conditions qui prévalaient au XIXe siècle (petit âge glaciaire) pouvait être concrètement envisagé. La réponse était déjà non car la population mondiale souffrirait presque immédiatement de famine ! Alors qu’à l’époque la population mondiale n’était « que » de 4,5 milliards – elle atteint aujourd’hui en 2017 près du double …

En étudiant le passé – 14 situations durant 1600 ans – l’école du Wisconsin remarqua qu’il fallait au moins 60 ans aux populations pour s’adapter à un changement du climat et parfois plus de 180 ans pour atteindre une stabilisation durable de ces populations. La malnutrition, les famines, les épidémies et les guerres constituèrent des facteurs de « stabilisation » comme l’évoquaient ces spécialistes de l’Université de Madison. L’émigration massive des Irlandais au cours du « petit âge glaciaire » en est un exemple emblématique : à chaque personne mourant de famine en Irlande dix autres mouraient de maladies principalement favorisées par la malnutrition !

Le rapport en arrive au constat qu’en l’état des connaissances (en 1974) il est impossible de se livrer à un quelconque pronostic sur l’évolution future du climat. Au printemps 1974 se tint à San Diego une réunion organisée par l’Office de Recherche et Développement (ORD) mandaté par la CIA pour accélérer les travaux relatifs aux prévisions climatiques. Il résulta de ce groupe de travail de très haut niveau réunissant les meilleurs climatologues du monde que le climat allait changer et que l’on ne reviendrait pas dans les conditions favorables des années 1930-1950 et qu’aucune prévision au delà de 5 ans pouvait être prise au sérieux. Devant les mises en garde de la CIA, entre autres organismes fédéraux, les USA accélérèrent les travaux de recherche sur l’évolution du climat.

La situation a bien évolué depuis, en particulier sous l’impulsion de la CIA mais quelle confiance adopter, aujourd’hui encore, aux prévisions des climatologues contemporains qui disposent pourtant de moyens techniques des millions de fois plus puissants qu’il y seulement 40 ans ? Il y eut depuis ce rapport 4 cycles solaires dont trois puissants de par leur intensité ( les cycles #21, 22 et 23, constituant le deuxième optimum solaire moderne) qui ont démenti les prévisions alarmistes de l’école du Wisconsin mais le dernier cycle, le 24e de la nomenclature est particulièrement faible et peut-être bien que ces prévisions n’avait que quarante ans d’avance … Qu’est-ce que c’est que quatre décennies à l’échelle géologique et les savants n’ont-ils pas aussi droit à l’erreur ? Toujours est-il que les variations du climat font bien entendu partie des préoccupations de la CIA et il serait intéressant de connaître l’opinion, en cette fin d’année 2017, de cet organisme à propos du « réchauffement » ou mieux encore, ce qu’ils pensent des alertes récentes de nombreux spécialistes relatives au refroidissement généralisé du climat (voir un prochain billet à ce sujet) …

Traduction libre et partielle du document de l’Office de Recherche et Développement de la CIA en accès libre auprès de la Librairie du Congrès à Washington sur simple demande.

Illustration : récents cycles solaires, source NASA

La CIA : 70 ans de crime organisé …

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Ce billet est une traduction libre mais néanmoins fidèle d’un article paru sur le site de Lars Schall (Larsschall.com). Il s’agit de questions-réponses entre Lars Schall et Douglas Valentine, auteur des livres « The CIA as Organized Crime » et « The Phoenix Program« . Quand j’écrirai « je » ce sera naturellement Valentine qui parle. Quelques ajouts entre parenthèses pour faciliter la compréhensin et bref commentaire de mon cru en fin de billet.

Photo de Tom Thai : le crépuscule de la démocratie américaine.

Le 18 septembre 1947 le National Security Act créa la CIA, un organisme qui est devenu au fil des années une organisation criminelle à la solde du gouvernement américain. Tous les agissements de la CIA sont illégaux et c’est la raison pour laquelle cette organisation bénéficie de la protection du gouvernement et d’une impénétrable culture du secret. Alors que les mythomanes de l’industrie de l’information n’ont de cesse de peindre l’Amérique comme le bastion de la paix et de la démocratie, les officiers de la CIA dirigent des organisations criminelles dans le monde entier. Par exemple la CIA recruta Santo Trafficante, un trafiquant de drogues notoire durant les années 1950 pour assassiner Fidel Castro. En échange la CIA autorisa cet individu à importer des tonnes de drogues sur le territoire américain. Depuis lors la CIA arme et facilite les activités des trafiquants pourvu qu’ils exécutent de basses besognes sur ordre et l’argent de la drogue arrive sur des comptes off-shore et devient alors indiscernable de celui de la CIA. Le trafic de drogues organisé par la CIA n’est qu’un exemple.

Ce qu’il y a de plus important à comprendre au sujet de la CIA est son organisation qui lui permet de maintenir un secret total sur ses activités. Si les USA étaient une vraie démocratie et que la liberté de parole était respectée alors nous pourrions parler librement de la CIA et serions confrontés à son racisme et son sadisme. Or ce n’est pas possible, nous sommes maintenus dans l’ignorance totale de l’histoire de notre pays et nous n’avons pas la moindre idée de ce que nous sommes en tant que nation. Quand un leader politique commence à parler des activités démoniaques de la CIA il est immédiatement réduit au silence. La CIA n’entreprend jamais rien qui ne puisse être ensuite nié. Le déni de responsabilité fait partie de la culture de la CIA.

Lorsqu’en 1984 j’ai demandé à William Cosby, ancien directeur de la CIA, de m’aider à écrire le livre « The Phoenix Program » il me présenta Donohue en 1985. Donohue avait dirigé les opérations de la branche vietnamienne de la CIA entre 1964 et 1966 et la plupart des programmes qu’il développa étaient inclus dans le programme Phoenix. Comme Donohue était chapeauté par Cosby il ne tarissa pas de détails. Donohue faisait partie de la première génération des officiers de la CIA. Il avait étudié la comparaison des religions à la Columbia (University) et comprenait parfaitement la valeur des symboles. Il était un pur produit de l’école politique du Cook County et rejoignit la CIA après la seconde guerre mondiale (à l’époque l’OSS) quand il comprit que la guerre froide était une « industrie de croissance ». Il avait été à la fin de sa carrière le chef de la CIA aux Philippines et quand j’eus des entretiens avec lui il était encore en affaires avec l’ancien ministre de la défense des Philippines. C’est ainsi qu’avec un bon carnet d’adresses la corruption fonctionne chez les anciens serviteurs de l’Etat. Donohue me confia que la CIA n’entreprenait jamais rien si les deux critères suivants n’étaient pas réunis. D’abord le potentiel du renseignement (potential intelligence) : le programme doit être profitable pour la CIA. Ce point peut revêtir plusieurs aspects comme par exemple renverser un gouvernement, comment faire chanter une personnalité officielle, quels documents dissimuler ou comment exfiltrer un agent de l’étranger. Le second critère est que toute action peut être niée et si ce n’est pas le cas il ne faut pas l’entreprendre. Dans le meilleur des cas la CIA trouvera un officier de l’armée qui en prendra la responsabilité de couverture.

La négation « plausible » est une tournure de langage. Durant les auditions par le Sénat relatives aux tentatives d’assassinat de Fidel Castro et d’autres chefs d’Etat étrangers, le directeur délégué Richard Bissell respecta le principe de la négation plausible en utilisant des périphrases et des euphémismes quand les définitions précises des activités de la CIA pourraient être exposées et devraient alors immédiatement cesser. Tout ce qu’entreprend la CIA peut être nié et c’est là le mandat que lui a confié le Congrès car le Congrès ne veut pas être tenu pour responsable des activités de la CIA. Dans de très rares cas, en dehors de circonstances exceptionnelles comme un accident ou une révélation à la suite de fuites d’informations, le Congrès ou le Président peuvent exiger qu’une action de la CIA soit rendue publique si c’est utile pour des raisons psychologiques. Par exemple, la pratique de la torture est un bon exemple. Après le 11 septembre le peuple américain appelait à la vengeance, il voulait voir le sang musulman couler et c’est ainsi que le Président Bush laissa filtrer dans les médias des images de torture perpétrées par l’armée américaine à l’encontre d’ « ennemis des USA ». Il s’agissait d’ « interrogatoires améliorés » mais tout le monde comprit le sens de ce symbole.

Personne à la CIA ne connait réellement qui fait quoi en raison de la compartimentation de cet organisme. Quand un flic est en uniforme pour l’opinion publique il est au dessus de tout soupçon. Quand un agent de la CIA opère, le fait de fréquenter des voyous fait pour lui partie de sa mission de protection du citoyen américain, c’est cette loi-là qu’il respecte. Et la CIA regorge de ce genre d’individus qui n’ont aucune contrainte. Pour Nelson Brickham, l’instigateur du programme Phoenix « le service d’espionnage (la CIA) est une manière socialement acceptable d’exprimer ses tendances criminelles. Un individu qui a des tendances criminelles mais est trop couard pour les assumer a sa place à la CIA s’il a un tant soit peu d’éducation. Les agents de la CIA sont des aspirants mercenaires qui ont trouvé l’endroit socialement acceptable pour exécuter de basses besognes et être très bien payés pour ça ».

C’est bien connu que quand la CIA recrute des agents pour diriger des milices ou des unités de police secrète dans un pays étranger les candidats sont soumis à un examen psychologique minutieux. C’est ce qui s’est passé quand la CIA a mis en place une antenne en Corée : la CIA a envoyé son psychologue en chef à Séoul. Il fallait des candidats capables de suivre les ordres, être créatifs, ne pas avoir d’états d’âme, être motivés et ne pas avoir de désordres de la personnalité. La plupart des candidats étaient motivés par l’attrait de l’argent en particulier parmi les civils. C’est exactement la même situation en Amérique du Sud, en Afghanistan ou en Irak quand il s’agit de recruter des personnels pour diriger des unités anti-antiterroristes. Mais chaque fois que la CIA investit dans la formation d’un individu il faut que ce dernier serve les projets de la CIA.

Sur le sol américain la CIA est perçue par ses dirigeants comme une organisation militaire dans laquelle chaque membre doit faire preuve d’une obéissance aveugle à la chaine de commandement qui ne peut en aucun cas être violée. Si un agent n’est pas d’accord il est immédiatement viré. Il existe donc des programmes internes d’endoctrinement et chaque agent se considère comme spécial et bénéficie d’une immunité pénale en ce qui concerne ses actes criminels. Quand ils prennent leur retraite ils trouvent des boulots très bien payés dans le secteur privé pour faire passer la culture de domination et d’exploitation d’autrui. Malgré le fait que les agents de la CIA sont presque tous des sociopathes, ils ont une haute opinion de leur mission et l’extrême compartimentation de l’organisation de la CIA fait que chaque individu se sent profondément important quand bien même mentir, voler, assassiner fait partie du succès professionnel de chacun, ce sont des outils utilisés couramment par l’administration de la CIA.

Comme chaque agent de la CIA se considère supérieur il se considère aussi comme étant susceptible de faire partie de la classe dirigeante de n’importe quel pays en s’arrogeant le droit de manipuler, exploiter et soumettre à son gré le peuple qui lui est « confié ». Ces règles autorisent toutes sortes de comportements qui ressemblent à des rackets contre une protection pour assurer leur prérogatives.

L’armée est dans tous les pays le réel pouvoir et dans tous les pays l’armée est organisée autour d’une chaine de pouvoir à laquelle chaque membre doit obéissance, une obéissance sacrée et inviolable. Dans l’armée les supérieurs ne fraternisent jamais avec les subordonnés car un jour ou l’autre ils les enverront à la mort. Dans l’armée il y a un corps d’officiers comme dans toute bureaucratie et dans toute classe dirigeante d’un pays il y a des supérieurs et des subalternes, et ces derniers sont exploités selon la volonté des dirigeants. Ainsi au sein de la CIA il existe une sorte de confrérie appelée Universal Brotherhood of Officers qui est au dessus des lois. Profitant de gardes du corps et de fausses identités, il voyagent en jet privé, vivent dans des villas de luxe et tuent en utilisant les technologies les plus sophistiquées. Ils disent aux généraux de l’armée ce qu’ils doivent faire. Ils ont la main-mise sur les comités du Congrès. Ils assassinent des chefs d’Etat et massacrent des enfants innocents en toute impunité et dans l’indifférence totale. N’importe lequel d’entre eux est remplaçable sauf naturellement ses chefs.

La question en vient maintenant au rapport entre la CIA et la drogue. Il y a deux aspects dans le contrôle et l’organisation du trafic de drogue international par la CIA qui sert les intérêts des USA. Il faut noter que l’implication des gouvernements américains dans le trafic de drogue a commencé avant même que la CIA existe car c’était un moyen de contrôler les Etats fournisseurs ainsi que les mouvement sociaux et politiques de ces mêmes Etats. Cette attitude émergea dans les années 1920 quand les Américains aidèrent le nationaliste Chiang Kai-shek à développer son petit commerce de l’opium. Durant la seconde guerre mondiale, l’OSS, précurseur de la CIA, aida la rébellion Kachin et leur procura de l’opium car ils combattaient l’occupant japonais. Au même moment l’OSS établit des liens avec la pègre nord-américaine lui promettant sa protection et lui assurant une livraison de drogue en provenance de Chine afin que cette dernière serve à l’occasion pour exécuter de basses besognes exigées par l’OSS. Quand les Nationalistes chinois furent chassés l’OSS établit des liens avec les trafiquants en Birmanie et à Taiwan. Dans les années 1960 la CIA contrôlait l’ensemble du commerce de la drogue dans toute l’Asie du Sud-Est et prenait progressivement le contrôle de ce même commerce en Amérique du Sud mais également en Europe. Au Vietnam la CIA assura de son soutien le Général Nguyen Cao Ky en 1965, alors directeur de la sécurité nationale du Vietnam du Sud afin d’installer des centres d’interrogation secrets en échange du contrôle du trafic de drogue dans toute la région. Ky et sa clique ne furent financés par la CIA que grâce au trafic de drogue organisé par cette dernière.

L’autre facette de cette activité est l’infiltration par la CIA de toute l’administration d’un pays impliquée de près ou de loin dans la lutte contre le trafic de drogue. Aux USA, sous la pression de la CIA le Narcotic Bureau fut supprimé et remplacé au sein du Département de la Justice par un bureau des narcotiques et des drogues dangereuses, une administration qui fut immédiatement infiltrée par les agents de la CIA. Cette même CIA alla même jusqu’à créer en son sein un bureau spécial de coordination de lutte contre les narcotiques confié à un certain Seymour Bolten qui devint vite conseiller de William Colby puis de George HW Bush, les directeurs successifs de la CIA à l’époque. En 1973 le réseau de la CIA était totalement bouclé, avec un centre intra muros de lutte contre les narcotiques et la totale impunité des trafiquants sur le sol des USA, tous sous contrôle …

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Aux USA, à l’époque, il y avait deux sortes de consommateurs de drogue, les blacks et les hippies. Nixon, sans trop de scrupules, ordonna la guerre contre la drogue, en d’autres termes la guerre contre les Noirs. (C’est un peu vite dit mais c’est ce que pensait réellement Nixon). Les USA sont un ancien pays esclavagiste et une société ouvertement raciste, alors oui la guerre contre la drogue, un business contrôlé par l’élite blanche, était et est encore dirigée contre les Noirs et d’autres minorités afin de les maintenir dans un état de parias de la société. Avant 1968 il n’y avait aucun agent noir au Bureau des narcotiques … La police fédérale (FBI) travaillant de concert avec la CIA se servait et se sert toujours des petits minables noirs de quartier pour leur servir d’indicateurs afin de mieux contrôler le trafic dans une ville ou un Etat tout entier et la même CIA ne s’en prend jamais à la mafia car elle est sous contrôle. Cette mafia arrange tout le monde car elle fait régner l’ordre dans les quartiers et facilite la ségrégation blancs-noirs, c’était déjà le cas dans les années 1960 et ça l’est toujours.

Si l’usage de drogues n’était pas illégal ce serait une catastrophe pour différentes raisons car chacun y trouve son compte. La mise hors-la-loi des drogues a transformé ce phénomène de société en un problème de santé publique et ainsi servi de prétexte pour réorienter les devoirs des forces de police, la justice criminelle et les institutions civiles de maintien de la santé des individus afin de contrôler les minorités, les pauvres et les classes laborieuses et leur éviter d’évoluer vers plus d’émancipation sociale. Les compagnies privées parties prenantes de la santé des citoyens se sont engouffré dans ce marché lucratif créé par la politique répressive anti-drogues. Les assistants sociaux et les éducateurs ont parfait le système en abondant dans le sens du racisme de l’élite affairiste. Tout en développant ce business à l’étranger la bureaucratie a supprimé dans le pays (les USA) toute résistance sociale ou politique au profit des compagnies pharmaceutiques et médicales. Il faudrait une bibliothèque entière pour expliquer en détail les fondements de la guerre contre la drogue et les raisons profondes du « laissez-faire » (en français dans le texte) de l’administration et de l’industrie qui en profite. L’administration américaine en profite au même titre que la mafia. Il suffit de mentionner que les investisseurs de Wall Street dans l’industrie de la drogue ont utilisé le gouvernement pour transformer leur pouvoir économique en investissements dans les activités militaires. Il ne faut pas oublier que les USA ne produisent pas un gramme d’opium ou de cocaïne mais que tout un pan de l’industrie américaine en dépend en particulier le complexe militaro-industriel, c’est une question de sécurité nationale.

En Afghanistan les officiers de la CIA contrôlent le marché de l’opium par l’intermédiaire de milices qui agissent sous l’autorité de l’armée. Quand les Américains ont créé le gouvernement Karzai la production de pavot a explosé et ils ont mis en place un réseau d’espionnage en utilisant des citoyens « amis » du chef du trafic de l’opium Gul Agha Sherzai. Le public ignore que les talibans ont déposé les armes après l’invasion américaine et que les Afghans ont été réarmés après l’installation de Sherzai à Kaboul pour aider ce dernier à combattre les adversaires de son clan et fournir un réseau d’espions à la CIA qui ciblaient non pas les talibans mais les concurrents de Sherzai dans son juteux commerce de l’opium. Le résultat fut que les Américains torturèrent et assassinèrent bon nombre d’ennemis de Sherzai ce qui eut pour conséquence de radicaliser le peuple, un excellent prétexte pour que les américains occupent durablement ce pays. Pour le remercier de ses services précieux Sherzai se vit attribuer le contrat de construction de la première grande base militaire américaine dans le pays. De plus il profita d’une large immunité vis-à-vis de la justice locale et put continuer ses trafics librement. Tous les agents de la CIA en activité en Afghanistan, bien que constatant une augmentation de la consommation d’opium et d’héroïne chez les mineurs de 15 ans et plus, ne se soucient pas le moins du monde des ravages causés par ces mêmes drogues chez la jeunesse américaine. Les officiers de la CIA contrôlent également étroitement la production locale d’héroïne et encouragent les seigneurs de la guerre qui ont la main-mise sur la drogue à infiltrer la pègre russe activement pour disséminer la drogue dans ce pays. Ces agents se comportent exactement comme les flics américains qui tolèrent les trafiquants et les dealers y compris en exemptant certains d’entre eux de figurer dans les fichiers de la DEA (Drug Enforcement Administration).

La CIA est autorisée à établir des négociations avec les pays ennemis si et seulement si ses agissements peuvent être fermement niés en cas d’investigations par des tierces parties. Ce fut le cas en Iran du temps de l’administration Reagan mais en Afghanistan ce genre de négociations permet aux services secrets américains d’approcher les chefs talibans pour obtenir des échanges de prisonniers comme ce fut le cas en Iran avec le scandale des Contras. La CIA est en première ligne quand il s’agit de négocier un cessez-le-feu même temporaire, car il s’agit toujours d’échanges de bons procédés parfois bien juteux.

Comme il y a en permanence plus de 600 agents de la CIA en Afghanistan, l’extrême compartimentation de leurs activités fait que ces dernières peuvent être très facilement niées. C’est ainsi que le programme Phoenix, développé lors de la guerre du Vietnam, y a trouvé un admirable terrain d’action. D’abord les actions de guérilla contre les leaders pour les recruter ou les assassiner fait partie du volet supérieur du programme Phoenix. En deuxième lieu il s’agit de généraliser la guerre psychologique contre la population civile. Celle-ci est informée des risques qu’elle encoure en cas de soutien à la résistance : kidnapping, emprisonnement, torture, viol, assassinat et ceci afin que cette population soutienne entièrement le gouvernement fantoche mis en place par les USA. Initialement l’armée américaine était réticente pour appliquer le plan Phoenix mais depuis le Vietnam la situation a changé car les officiers supérieurs de l’armée ont été infiltrés par les agents de la CIA comme les SS-Einsatzgruppen et la Gestapo infiltrèrent l’armée allemande. Ce type d’action fut appliqué par exemple au Salvador dans les années 1980 et cette stratégie est aujourd’hui appliquée dans le monde entier pour combattre le terrorisme y compris si ce « terrorisme » est parfois financé par la CIA … en toute conformité avec la philosophie de déni de l’organisation.

Aujourd’hui il n’y a plus de guerres conventionnelles et l’armée est devenue de facto la police de l’Empire Américain disséminée dans plus de 700 bases de par le monde sous le contrôle de la CIA. Sur le territoire américain lui-même le gouvernement est étroitement contrôlé mais aussi la population entière avec des systèmes d’écoutes sophistiqués et tout est organisé conformément aux grandes lignes du programme Phoenix y compris l’asservissement des médias afin que l’ « organisation » atteigne une main-mise totale sur l’ensemble de la population pour le plus grand bénéfices de la minorité dirigeante de l’ombre. L’industrie des médias est entièrement dévouée la CIA et elle a pour mission de répandre les fausses informations qui servent le dessein final : prendre le contrôle des institutions démocratiques. Les médias sont donc complices de cet état de fait, c’est la leçon de la guerre du Vietnam. Ces médias firent trop grand cas des carnages des populations civiles lors de cette guerre. Si la CIA, avec l’appui de l’armée massacre des civils, que ce soit en Libye, en Irak, en Syrie ou encore au Liban avec des mines anti-personnel larguées par des drones, plus jamais les Américains seront tenus pour responsables, au contraire l’ennemi sera accusé des pires exactions. C’est là le coeur de la politique de déni de la CIA qui est en charge des sales besognes qu’ont exigé les plus riches du pays.

Source : blog de Lars Schall, 22 septembre 2017

Commentaire. La CIA est au service du « Deep State », un terme qui désigne les puissances financières et industrielles américaines que Donald Trump a appelé le « marigot » qu’il a voulu naïvement assainir. Il s’est embourbé au point qu’il ne peut plus gouverner sinon en envoyant des twitts insignifiants, tout simplement affligeant … C’est ce Deep State qui gouverne et son agenda est une domination du monde entier. Tous les moyens utiles sont utilisés à cette fin comme par exemple le récent accord CETA qui a menotté l’Europe pour servir les intérêts des grandes multinationales américaines toutes implantées au Canada, un pays qui n’est qu’un vulgaire satellite des USA, mais il ne faut pas le dire car ça vexerait nos « amis » Québécois. Les Américains ne respectent plus aucunes valeurs, ils constituent un danger pour toutes les démocraties. Le mal s’est déjà bien métastasé et comme pour le programme Phoenix il n’y aura pas d’alternative : la soumission ou la mort, en d’autres termes se soumettre volontairement ou mourir sous les bombes nucléaires. Depuis des années Paul Craig Roberts alarme ses lecteurs sur ce point mais on le prend pour un vieux grincheux par trop pessimiste … Le retour à la réalité sera douloureux car il est déjà trop tard pour contrer les visées hégémoniques des USA, d’ailleurs qui oserait aller dans ce sens ?

Les dommages « collatéraux » de la guerre en Syrie

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Quand Poutine et Trump ont taillé le bout de gras à Hambourg la semaine dernière, ont-ils abordé les désastres sanitaires et humains occasionnés en Syrie par cette guerre civile largement provoquée et soutenue par les USA ? Certainement pas ! Non contents de « droner » des autobus bourrés d’enfants fuyant les zones de combat ou des hôpitaux et des écoles, de toutes les façons les Américains s’en lavent les mains (couvertes du sang d’innocents) et n’attendent tout simplement qu’une chose : que le pays soit complètement ruiné. Ils se moquent de ces dommages pudiquement appelés collatéraux par les haut-gradés du Pentagone. C’est tout simplement écoeurant !

Une information qui n’a été reprise par aucun média occidental – et pour cause ils sont tous à la botte de la CIA – concerne le désastre sanitaire syrien qui a atteint des proportions effrayantes. Dans la ville de Raqqa, tenue par ce qu’on a coutume d’appeler des rebelles, en d’autres termes des groupes de voyous financés par l’Arabie Saoudite et armés par les USA, et également dans le district de Deir-Ez-Zor, une épidémie de poliomyélite a provoqué ce printemps la paralysie irréversible de 25 enfants qui n’avaient pu être vaccinés en raison du conflit et donc du manque de vaccin. Alors que l’OMS s’est récemment félicité d’avoir pratiquement éradiqué la poliomyélite dans le monde, il s’agit ici d’un douloureux rappel à l’ordre adressé à l’humanité toute entière : ce sont surtout des innocents qui paient le plus lourd tribut aux conflits armés provoqués par Washington comme si la Syrie était un ennemi de l’Amérique !

Des équipes de volontaires, au total 416 personnes ont été dépêchées sur place, à Deir-Ez-Zor et Hasaka pour vacciner dans l’urgence plus de 300000 enfants avec des vaccins oraux en provenance d’Europe ou injectables en provenance, ironie de la situation, des USA. Le vaccin injectable en provenance des USA est dirigé contre les type 1 et 3 du virus, le type 2 ayant disparu de la planète il y a plus de 20 ans selon l’OMS, or l’épidémie syrienne actuelle est surtout provoquée par le virus de type 2, encore une ironie de la guerre … Mais infiniment préoccupante (collatéralement) car pratiquement plus personne n’est vacciné aujourd’hui dans le monde pour être protégé contre le virus de la polio de type 2. 

Seule la formulation orale immunisant contre les trois types de virus pourra donc être vraiment efficace. Cependant il n’y aura certainement pas assez de doses pour juguler l’épidémie. Déplorable situation : les Américains sont des criminels qui doivent être poursuivis par la justice internationale ! Tout simplement écoeurant.

Source et illustration (un enfant syrien recevant le vaccin oral) : STAT news

La CIA et l’opium d’Afghanistan : un gros business

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Avec la libération de Manuel Ortega, une mascarade honteuse organisée par la CIA (Ortega était un agent de cette organisation mafieuse), resurgit le scandale planétaire de l’opium afghan, et j’ose dire planétaire puisque tous les pays de l’Alliance Atlantique ont participé depuis 2002 à l’élimination des talibans (qui avaient proscrit la culture du pavot sur le sol national) en envahissant ce pays qui venait tout juste de se libérer de la tutelle (ex-)soviétique. À la fin de 2001 plus de 90 % des champs de pavot avaient été détruits par les talibans mais les Américains trouvaient cette situation intolérable et la CIA qui avait en scène les attentats du 11 septembre (selon des évidences de plus en plus convaincantes, mais je n’émettrai aucun commentaire à ce sujet), le « 9/11 » fut un fantastique prétexte pour envahir l’Afghanistan et rétablir la culture du pavot pour le plus grand bénéfice de cet organisme que je viens de qualifier de mafieux. La création de toutes pièces de l’implication de Ben Laden dans ces attentats est peut-être la pire machination qu’ait jamais orchestré la CIA mais nul ne connaîtra la vérité, comme pour l’assassinat de JFK …

Aujourd’hui ce sont les soldats américains et de l’OTAN qui protègent les champs de pavot, contrôlent le trafic d’opium à l’échelle mondiale et la CIA en tire des bénéfices outrageusement juteux portant préjudice aux cultures vivrières locales car cultiver des citrouilles ne rapporte pas beaucoup, alors que le pavot … Avec en prime la protection de l’armée américaine pour que tout se passe pour le mieux. Une infime partie de l’opium et de l’héroïne est consommée par les Afghans, faut-il le rappeler.

Voici quelques photos qui sont dans le domaine public mais il n’est pas trop conseillé aux médias occidentaux de parler ouvertement de ce sujet dérangeant, médias qui sont largement contrôlés par cet organisme dont les agissement dans le monde entier sont insupportables.

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Donald Trump s’est fait piéger par cette mafia constituée d’assassins, d’hommes sans foi ni loi qui ne respectent rien, qui pratiquent la torture et l’emprisonnement sans procès dans des prisons secrètes tolérées par certains pays européens et, cerise sur le gâteau, répandent des mensonges qui mettent en péril l’humanité entière. La CIA est partout, y compris dans vos chaumières car pas un message électronique, pas un seul whatsapp, pas un seul tweet, pas une seule photo mise sur le « cloud » ne lui échappe via la NSA, Google et Facebook qui collaborent pleinement avec cette organisation à votre insu.

Le trafic mondial de l’héroïne est totalement contrôlé par la CIA et l’argent de ce trafic est recyclé directement à Wall Street ! Je n’invente rien, toutes les information relatives à ce scandale planétaire qui dépasse l’entendement sont publiques comme les trois photos ci-dessus.

Source et illustrations : globalresearch