Que se passe-t-il en Turquie ? Et que va-t-il se passer dans le monde ?

Depuis plusieurs années la Turquie, membre très important de l ‘OTAN, la plus importante armée et une population supérieure à celle de l’Allemagne, subit des attaques de la part du bras séculier de l’Oncle Sam, si on peut dire les choses ainsi, c’est-à-dire Wall Street et la City. La lire turque est attaquée sur les marchés car, ne voulant pas sanctionner directement le pays, les Etats-Unis n’ont trouvé que ce moyen de coquins pour signifier à la Turquie qu’elle est trop rebelle et n’est pas le bon élève de Washington. De nombreux pays ont payé très cher de ne pas faire « ami-ami » avec les Américains … Après avoir acheté à la Russie des systèmes de défense anti-missile S400 et adopté une position ambigüe dans la guerre civile syrienne, les Américains ont même osé tenter un coup d’Etat à partir de l’immence installation aérienne américaine d’Incirlik située sur le sol turc. La Turquie est un partenaire militaire des Etats-Unis au sein de l’OTAN depuis 1952 … Ce coup d’Etat avorté (juillet 2016), organisé par des militaires turcs proches des forces de l’OTAN, donc américaines, et avec l’appui de la CIA, fut déjoué in extremis car les services de renseignement turcs ont été avertis par leurs homologues russes. Le chef de l’Etat turc est immensément reconnaissant à l’égard de son homologue russe pour lui avoir sauvé la vie.

Dans ce contexte la suite des évènements en particulier en Ukraine n’a fait que rapprocher la Turquie de la Russie. La demande d’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’organisation atlantique a eu pour conséquence un très évident énervement d’Erdogan car ces deux pays abritent des opposants turcs tandis que les Etats-Unis protègent Fethullah Gülen, l’ennemi juré du chef de l’Etat turc. Wall Street a donc organisé sur les marché une attaque en règle de la lire turque. Entre 2016 et aujourd’hui la lire turque a perdu 600 % de sa valeur par rapport à l’euro et au dollar. Au cours de l’année 2022, le rythme de l’inflation en Turquie était de 84 %. Dans ces conditions les Turcs, pour tenter de préserver un tant soit peu d’épargne, avaient pris l’habitude d’acheter des euros ou des dollars auprès des banques de détail turques. Déçu par les tergiversations de l’Union européenne pour l’adhésion de la Turquie à la zone euro, les banques turques n’avaient plus que des dollars à proposer à leurs clients qui voulaient se constituer un petit portefeuille de devises « solides ». Cependant il est nécessaire à ce point du récit de mentionner que les salaires, y compris du moindre ouvrier agricole, sont indexés sur l’inflation et dans leur vie quotidienne les Turcs ne se sentent pas concernés par la situation financière du pays. L’économie turque est florissante et ce d’autant plus que la lire turque est fortement dévaluée par rapport aux autres devises.

Pourtant il se passe quelque chose d’étrange en Turquie et j’avoue ne pas arriver à analyser de manière satisfaisante les derniers évènements. Il y a quelques jours un court article de Tyler Durden (ZeroHedge) mentionnait une information pour le moins surprenante dont personne, aucun analyste financier, aucun média occidental, ne reprit. Les banques de détail turques ne proposent plus de dollars à leurs clients sous prétexte qu’elles n’en ont plus. Nul ne sait précisément si la situation est réellement une pénurie de dollars sur les marchés ou s’il y a une autre raison dissimulée au moins par la banque centrale turque, toujours est-il que les banques de détail d’Istanbul et d’Ankara ont proposé à leurs clients des renminbi convertibles en lieu et place des dollars US. Depuis plusieurs jours je réfléchis pour trouver une explication rationnelle à cette information. Mais je ne suis pas du tout un spécialiste de la finance surtout quand il faut tenir compte des agissement glauques de Wall Street et de la City, dans le cas présent aux ordres de Washington.

Il y a tout de même un point important à souligner : cette proposition des banques de détail turques n’est pas surprenante dans la mesure où la Chine et maintenant une multitude d’autres pays mettent en place un panier de devises (dominée par le renminbi convertible) pour faciliter les échanges internationaux dans la « zone Brics étendue » afin de s’affranchir de la tutelle du dollar US. La mise en place de cette alternative au dollar tombe à point nommé car elle est très facilitée par la perte de confiance unanime envers le dollar depuis les sanctions financières totalement illégales décrétées par les Etats-Unis et l’Europe à l’encontre de la Russie. Tous ces pays qui veulent rejoindre le club des Brics dont la liste s’amplifie sans cesse, depuis l’Argentine et le Brésil, l’Iran, l’Inde, l’Indonésie, l’Algérie et tout récemment les Philippines, ont perdu toute confiance dans le billet vert, se sentant menacés par les lois d’extraterritorialité américaines pouvant pénaliser tout Etat ou toute entreprise « ennemis » des USA qui commerce en dollars.

Une autre explication peut être trouvée dans cette information qui je le répète n’a pas été mentionnée par les grands « merdias » occidentaux pourrait aussi révéler la rareté du dollar sur les marchés. Les indices boursiers bondissent de records en records et cette performance n’est peut-être qu’une façade qui dissimule ce que personne ne veut éventer ou reconnaître, précisément un dollar de plus en plus rare ayant pour conséquence un très faible volume des transactions boursières et par conséquent de forts mouvements de hausse quand de rares acheteurs se présentent. Si tel est le cas, et j’avoue que je me trouve dépourvu d’arguments, cette défiance vis-à-vis du dollar US est un très mauvais signe avant coureur de ce qui pourrait advenir dans les prochains mois : une chute brutale du dollar en raison de cette perte de confiance. Les conséquences pour un béotien comme votre serviteur sont difficiles à décrire. Un très grand nombre de pays détenteurs de T-bonds US vont devoir faire face à de graves difficultés comme la Chine et le Japon. Par exemple, l’or va mécaniquement atteindre, toujours libellé en dollar ce qui ne signifiera plus rien, des sommets et tout le système financier international va enfin se retrouver dans une situation « normale ». Les quatre principaux pays détenteurs et acheteurs d’or : Chine, Russie … et Turquie ! pourront alors mettre en place un système financier alternatif dans lequel le dollar US ne jouera plus aucun rôle. Selon certaines sources d’informations les réserves en or de la banque centrale chinoise sont au moins quatre fois plus importantes que celles de la FED. Et toutes ces information « à bas bruit », des signaux faibles, doivent être pris en considération pour tenter de comprendre ce qui se passe en ce moment afin d’imaginer quelle va être l’évolution de la situation dans les prochains mois. Les évènements d’Ukraine, il faut donc le reconnaître, auront au moins une conséquence salutaire et bénéfique pour le monde entier : l’impérialisme américain va disparaître dans les oubliettes sordides et puantes de l’histoire … Et la Terre continuera de tourner (plus librement !).

Retour sur le conflit ukrainien et réflexions personnelles de géopolitique

Comme se plaisait à le dire Pierre Desproges « je ne partage mes idées qu’avec moi-même » et cet adage s’applique pleinement aux propos du présent billet. Il y a une année à la demande des républiques sécessionnistes de Donetsk et de Lugansk qui selon la Charte des Nations-Unies auraient normalement dues être reconnues comme telles par la communauté internationale conformément au principe d’autodétermination des peuples la Russie est intervenue massivement dans le Donbass. Depuis 2014 les autorités de Kiev, profitant de l’inaction convenue de Paris et Berlin de non respect des accords de Minsk, ont mis en place une sorte d’immense ligne de défense de plus de 1000 km de long parfois infranchissable le long des oblasts russophones du Donbass et l’armé ukrainienne s’apprêtait à attaquer et détruire jusqu’au dernier les habitants de ces régions. Les services de renseignement russe comme américain le savaient et c’est cette situation qui décida la Russie à intervenir pour protéger ses frères coreligionnaires et russophones de ces oblasts. Voila les fait et personne ne peut les nier.

Au sud du Donbass la Crimée qui décida démocratiquement de son rattachement à la Fédération de Russie était menacée de coupures d’eau potable et d’actes terroristes dans le but de déstabiliser cette région. Cette situation obligea la Russie à construire un pont reliant cette péninsule au reste de la Fédération en un temps record. Pendant le même temps les massacres et les destructions dans la région côtière au nord de la Mer d’Azov laissaient planer un menace permanente contre la péninsule de Crimée. Tous ces faits ne peuvent non plus être niés et leur conjonction détermina la Russie à intervenir pour remettre de l’ordre, en quelque sorte, et protéger toutes ces population russophones. Jamais les Nations-Unies n’ont reconnu la décision unilatérale de la Crimée d’être rattachée à la Fédération de Russie conformément à la Charte fondatrice de cet organisme. Toujours des faits indéniables.

Cette intervention que l’on peut qualifier d’humanitaire de la Russie, selon les critères avancés par Bernard Kouchner a contrecarré les objectifs des Etats-Unis et de l’ensemble des pays membres de l’OTAN, objectifs résumés ainsi : rayer la Russie du monde politique pour piller ad libitum les ressources de son sous-sol, le peuple russe étant constitué de sous-hommes honnis depuis l’épisode bolchévique. C’était sans prendre en considération la formidable métamorphose de ce pays depuis l’éviction de Boris Yeltsine largement corrompu et manipulé par les Etats-Unis avec l’arrivée de Vladimir Poutine qui redonna confiance à ce peuple à la dérive depuis la chute du mur de Berlin. L’incroyable modernisation de l’économie du pays, œuvre du maître du Kremlin, ne fut pas évaluée à sa juste mesure et c’est là l’erreur majeure des Occidentaux toujours enfermés dans leur idéologie de maîtrise du monde en appliquant cette idéologie par des désastres dans de nombreux pays afin d’instaurer l’ordre libéral et démocratique conceptualisé par Londres et Washington qui depuis plus de 50 ans n’a été couronné que par des destructions dans tous les pays qui ont été les théâtres de ce type d’interventions. Finalement le seul résultat tangible est une haine grandissante des anglo-saxons dans de nombreux pays qui ne nourrissent plus qu’un objectif, s’affranchir de l’hégémonie du dollar comme monnaie de référence.

Ainsi l’intervention de l’OTAN en Ukraine que plus personne ne peut nier eut pour conséquence un rapprochement de la Russie et de la Chine, la mise en place de moyens de transactions monétaires indépendantes de tous les systèmes hégémoniques mis en place par les anglo-saxons, comprenez les places financières de New-York et de Londres, le contournement des sanctions à l’égard de la Russie qui se retournent contre leurs instigateurs serviles, comprenez les pays européens, et l’élargissement du Club des BRICS à des pays encore inattendus il y a encore quelques mois comme l’Algérie ou encore l’Indonésie et enfin les accords commerciaux entre la Chine et l’Arabie saoudite, la Maison-Blanche cherchant toujours à installer des mesures de rétorsion de toutes les façons trop dangereusement à mettre en place dans cette région du Golfe persique. Le point le plus significatif est le rapprochement maintenant acquis de la Chine et de la Russie avec également l’Iran, le Brésil et l’Inde. Dans ces conditions un conflit armé entre les USA et la Chine devient de moins en moins probable pour deux raisons. Quoiqu’en pensent les marionnettes décérébrées mises en place par Washington en Europe, et quoi qu’il arrive dans les prochains mois avec la destruction totale de l’Ukraine, la Russie ne peut pas courir le risque d’être vaincue par ces marionnettes. 

Les conséquences pour l’Union européenne sont vastes et conduiront à une dissolution de l’Union européenne déjà affaiblie industriellement et commercialement qui est inévitable. C’est toujours ma propre opinion que personne n’aborde clairement.

Non seulement la Russie sortira en vainqueur de ce conflit car pour sa propre sécurité elle ne peut pas se permettre de le perdre et la redistribution des cartes géopolitiques et le nouvel allié Russie-Chine interdira tout conflit armé direct entre la Chine et les USA. À terme Taïwan et la Chine trouveront un accord de reconnaissance mutuelle. Si les Américains manifestent encore quelques doutes à ce sujet ils ont néanmoins conscience de l’immense effort d’armement de la Chine qui peut d’ors et déjà ruiner en quelques heures la flotte navale américaine du Pacifique. Réellement les Occidentaux, je pense aux pays européens, doivent dans l’urgence prendre conscience de l’évolution de ces enjeux géopolitiques nouveaux. Feignent-ils de les ignorer pour plaire à Washington ou alors sont-ils tous devenus idiots ? Le nouvel ordre mondial se dessine mais ce n’est celui que ce néo-nazi qu’est Klaus Schwab avait imaginé dans le cadre de sa mégalomanie paranoïaque. Ce nouvel ordre mondial sera multipolaire, chaque nation respectant l’autre et commerçant pour l’amélioration du bien-être des peuples. La Chine a toujours été un peuple de commerçants et la Russie un peuple multi-ethnique assis sur un immense territoire aux richesses naturelles sans équivalent dans le monde et dont le pragmatisme et les vues à long terme de ses dirigeants ont oeuvré pour l’amélioration des conditions de vie de son peuple.

Au terme de ce billet j’ai encore quelques frémissements d’optimisme en pensant à mes petits-enfants franco-japonais qui verront probablement leur pays suivre le chemin de De Gaulle qui pria les Américains de plier bagages en rétablissant des accords gagnant-gagnant avec leurs voisins, Chine comprise, une fois affranchis de la tutelle colonialiste des Américains, il faut appeler les choses par un mot le plus proche de la réalité.

La géopolitique c’est comme l’Univers et comme un cocon de ver à soie

Lorsque je contemple avec émerveillement les images transmises par le télescope James Webb, alors que dans le même temps je suis confronté à un flux continu d’informations, je me dis qu’il est possible de contester toutes ces informations car jamais la vérité n’est abordée avec franchise et toutes les affirmations des journalistes sont teintées de mensonges. Les images de ce merveilleux télescope ont le mérite d’être des observations objectives et factuelles de l’Univers tel qu’on le soupçonnait avec les données recueillies par son prédécesseur le télescope Hubble. Pour se faire une idée de l’incroyable diversité des objets répandus dans tout l’Univers il suffit de contempler ces images, ici le fameux “quintet” de galaxies avec en toile de fond les plus lointaines autres galaxies de l’Univers. On pourrait rapprocher cette image des 5 continents de la Terre. Les dernières théories des astrophysiciens prennent en compte un réseau de “fils” gravitationnels reliant les galaxies les unes aux autres avec des flux de matière dont la convergence créé une nouvelle galaxie. C’est peut-être là qu’il faut rechercher la matière noire et l’énergie noire.

Il en est de même de la variété des changements auxquels les peuples de la Terre sont déjà soumis car l’histoire, comme le temps, ne s’arrête jamais. Il faut, pour discerner toutes les tendances parfois contradictoires en apparence qui affluent de toute part, posséder une puissance d’analyse susceptible d’en faire une synthèse compréhensible. Il faut être un remarquable analyste de la géopolitique pour conclure que l’évolution de la géopolitique est ainsi et quelles sont les raisons profondes de cette évolution. Et il est rare de trouver dans le fatras des informations quel est le véritable fil conducteur reliant tous ces paramètres qui pris isolément ne revêtent aucune signification. C’est un peu la situation des enfants qui étaient entrainés autrefois dans les magnaneries pour trouver le bout de l’unique fil qui forme un cocon de soie : la géopolitique est comme un cocon de ver à soie, elle est constituée d’un seul fil conducteur et bien malin celui qui arrive à en trouver le bout et le dérouler pour comprendre le véritable puzzle complexe que constitue cette géopolitique. Il y a très longtemps que je ne regarde plus la télévision. J’avais acheté une antenne parabolique quand je vivais au Vanuatu car l’occasion des Jeux Olympiques de Sydney m’avait convaincu d’effectuer cet achat d’autant plus que j’aime beaucoup cette magnifique ville et que le Vanuatu n’avait qu’une heure d’avance sur la côte est de l’Australie. Ici à Papeete la compagnie de téléphone a insisté pour me vendre un abonnement télévisuel et j’ai refusé.

Pour toutes les sources d’information que je parcours chaque matin il est extrêmement rare de trouver une analyse géopolitique de valeur. Par hasard, il y a deux jours, j’ai regardé un exposé d’Alain Juillet présenté devant un auditoire de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale de Provence il y a quelques semaines. C’est un pur délice ! On comprend tout ce qui se trame dans le monde sans que personne, je dis bien personne, n’en soupçonne la formidable interconnexion à l’échelle de la planète. Aucune région du monde n’est épargnée par le fil conducteur de la géopolitique et l’évolution de celle-ci. Comme le cocon du ver à soie il n’y a qu’un seul fil conducteur dans l’évolution de la géopolitique de même que toutes les galaxies sont connectées entre elles par un flux gravitationnel et un flux de matière. Je conseille donc très vivement les lecteurs de ce blog de regarder avec attention, y compris deux fois de suite s’il le faut, car tous les mots de l’exposé d’Alain Juillet sont pesés et empreints d’une lourde signification. Et à 80 ans Alain Juillet a l’esprit beaucoup plus clair que la très grande majorité des journalistes qui s’agitent sur le papier des quotidiens et sur l’écran plat des télévisions. Bon visionnage ! https://www.youtube.com/watch?v=XHjObEp-2iA

L’Inde préfigure l’ère post-antibiotiques

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En 2013 58000 nouveaux-nés sont morts dans les hôpitaux indiens d’infections intraitables par tous les antibiotiques connus y compris les molécules de « dernier ressort » comme les carbapenems. On ne peut qu’à moitié se rassurer quand on sait que près de 800000 nouveaux-nés meurent pour diverses raisons dans ce pays. Mais ces morts par infections bactériennes contrecarrent les efforts constants pour diminuer ce nombre de décès de la part du corps médical indien qui n’est pas et de loin le moins expérimenté dans le monde. Ce phénomène est nouveau, il n’existait pas il y a encore 5 ans et près de la totalité des enfants nouveaux-nés en consultation car gravement malades sont porteurs de germes bactériens multi-résistants. Ces bactéries sont le plus souvent transmises par la mère qui méconnait les risques auxquels elle expose son enfant mais aussi l’eau souvent dangereusement polluée, les animaux variés et les poussières provenant des allées des bidon-villes qui sont construits à même les flancs des décharges innommables d’ordures ménagères et industrielles. En Inde, à la périphérie des grandes villes « occidentalisées » des millions de gens vivent en exploitant les ordures et en y vivant à proximité. Autant dire qu’il n’est pas difficile de comprendre que des germes hautement pathogènes apparaissent dans des environnements où l’eau potable, les toilettes et l’hygiène basique, personne ne sait ce que c’est ! Les adultes sont plus ou moins immunisés ce qui n’est pas du tout le cas des nouveaux-nés qui passent à la trappe à peine venus au monde.

L’autre aspect de la situation qu’on peut qualifier de pathétique en Inde est le penchant inconsidéré des médecins à prescrire des antibiotiques pour tout et n’importe quoi, y compris pour une diarrhée qui le plus souvent (dans plus de 70 % des cas) est d’origine virale. Cette situation alarmante est aggravée par la disponibilité de toutes sortes de remèdes dans n’importe quelle boutique au coin de la rue y compris des antibiotiques qui viennent de sortir ! En effet l’Inde n’a jamais ratifié les accords internationaux relatifs à la protection industrielle et la production d’antibiotiques est un business répandu au point qu’on trouve n’importe quelle molécule active partout, sans contrôle et surtout sans que l’on soit obligé d’être muni d’une prescription pour acquérir l’antibiotique censé traiter un symptôme qui justement ne nécessite pas d’antibiotique.Cette situation assez paradoxale pour un immense pays globalement en voie de développement en dehors des grands centres industriels et commerciaux comme Mumbai, New-Delhi ou Bangalore fait que l’usage d’antibiotiques est totalement hors de contrôle. Les infections bactériennes sont devenues un phénomène rampant et les docteurs, s’il y en a, ont baissé les bras et prescrivent des antibiotiques les yeux fermés. Un exemple parmi d’autres illustre parfaitement cet état de fait alarmant. Près de 70 % des adultes consultant pour une diarrhée persistante se voient prescrire des antibiotiques et pour ce même symptôme plus de la moitié des enfants repartent avec une ordonnance comportant un antibiotique alors que les médecins ne sont pas sans ignorer que plus des trois quarts des diarrhées sont d’origine virale :

( http://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(04)15599-2/fulltext ) !

Parler de l’Inde semble anecdotique mais la situation est tout aussi alarmante dans les pays dits « développés » avec de surcroit l’utilisation quasiment quotidienne d’antibiotiques variés dans les élevages de porcs, de bovins, de poulets et même de poissons. L’élevage constitue un réservoir de bactéries résistantes à tous les antibiotiques connus et celles-ci sont parfaitement transmissibles à l’homme. Cette situation ne fait qu’empirer quand on sait que la consommation d’antibiotiques est en constante augmentation aussi bien dans les pays d’Europe qu’aux USA ou encore dans les « BRICS » avec des taux d’augmentation de cette consommation de l’ordre de 3,5 % par an ! Vraiment de quoi s’alarmer car il n’existe plus aucune arme efficace pour combattre le fléau des infections bactériennes. En quelque sorte on a tout simplement régressé de cent ans et les mouvements colportant des idées totalement fausses au sujet de la vaccination qui serait parait-il dangereuse ne font que contribuer insidieusement à cette situation terrifiante. La désaffection de facto pour la vaccination contre la tuberculose a tout simplement favorisé l’apparition de souches du bacille de Koch résistantes à tous les antibiotiques connus et aucun pays n’est à l’abri d’une recrudescence de cette maladie en dehors de ceux où le BCG est obligatoire pour des raisons faciles à comprendre de santé publique, sans parler d’autres affections comme la blennorragie – 100 millions de nouveaux cas par an dans le monde – alors qu’on ne sait plus traiter cette maladie hautement transmissible, la bactérie responsable ayant acquis la résistance à tous les antibiotiques connus. On est entré dans un scénario apocalyptique et ce n’est que le triste début …

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Source : The Times, illustration : décharge d’ordure Dharavi à Mumbai (Getty Images) et Bacille de Koch (CDC)