Et si le changement climatique annoncé allait faire disparaître les crocodiles et les alligators !

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L’une des hypothèses pouvant expliquer la disparition des dinosaures est l’impact gigantesque d’un météore dans le Golfe du Mexique, au niveau du Yucatan actuel qui modifia le climat durablement, un genre d’ « hiver nucléaire » comme l’ont prédit certains scientifiques en cas de conflit généralisé utilisant cette arme de destruction massive absolue. En réalité la disparition des dinosaures ne fut pas due directement à cet impact mais à ses conséquences sur la température au sol qui perdurèrent probablement plusieurs dizaines d’années. On peut imaginer en effet, bien qu’il n’existe aucune possibilité de vérifier cette hypothèse aujourd’hui, que la température chuta à tel point que les dinosaures ovipares disparurent. Et pourquoi un tel destin funeste alors que des petits mammifères placentaires survécurent et leur évolution conduisit en 60 millions d’années jusqu’à l’homme ? Tout simplement parce que la détermination du sexe des reptiles dépend de la température d’incubation !

D’une manière générale le sexe de la descendance est déterminé génétiquement par la présence ou non d’un chromosome appelé X ou Y comme chez l’homme. Par contre chez la plupart des reptiles, dont les crocodiles, descendants directs des dinosaures, il n’y a pas de différenciation génétique du sexe car les embryons incubés n’ont initialement pas de sexe déterminé : à une température égale ou supérieure à 33 degrés, tous les « poussins » sont des mâles et inversement à une température d’incubation égale ou inférieure à 30 degrés, il n’y a plus que des poussins femelles, si on peut parler de poussins pour les alligators qui dès qu’ils sont sorti de leur coquille peuvent mordre férocement.

Tout est commandé par un seul gène appelé TPRV4 qui code pour un canal ionique spécifique du potassium dont l’expression chez les reptiles est dépendante de la température. Les flux de potassium vont orienter la différenciation sexuelle lors des tous premiers jours de l’incubation des œufs, le plus souvent dans un nid creusé dans le sable comme c’est le cas pour les tortues marines. Ce gène existe aussi chez l’homme et il est impliqué dans la régulation de toutes sortes de processus biologiques comme par exemple la pression osmotique dans le cerveau, les fonctions rénales et la réponse de la peau aux rayons UV mais il n’est plus inductible par la température et pour cause, la température de notre corps est pratiquement constante alors que ce n’était probablement pas le cas pour les dinosaures et ce n’est pas non plus le cas pour les crocodiles. Les travaux réalisés sur ce gène de l’alligator américain remettent donc en cause l’hypothèse des dinosaures au sang chaud mais permettent aussi d’expliquer pourquoi ces animaux souvent monstrueux ont disparu subitement il y a une soixantaine de millions d’années …

TRPV4 est l’acronyme de Transient Receptor Potential cation channel, sous-famille V, membre 4 ( https://en.wikipedia.org/wiki/TRPV4 ).

Source : Scientific Reports, doi : 10.1038/srep18581 en accès libre