Maladresse ou malhonnêteté délibérée des laboratoires pharmaceutiques ? Le cas des nouveaux anti-coagulants.

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Pour toutes sortes de raisons on ne peut pas vraiment dire que les compagnies pharmaceutiques ont bonne réputation. On ne peut donc pas laisser planer de soupçons au sujet de leurs motivations et des procédures qu’ils utilisent pour s’assurer de la sécurité des patients. Un exemple parmi d’autres est révélateur de la quasi désinvolture de ces compagnies pharmaceutiques en ce qui concerne justement l’évaluation des risques de nouvelles spécialités au cours des essais cliniques, il s’agit du remplacement de la Warfarine par d’autres anticoagulants « plus modernes ». La Warfarine dont l’autorisation de mise sur le marché date de 1954, excusez du peu, a fait ses preuves comme anticoagulant prescrit pour prévenir les thromboses et les embolies. Le seul souci si l’on peut dire de l’usage de la Warfarine est qu’il est nécessaire d’effectuer périodiquement des tests de temps de coagulation du sang afin d’éviter les risques d’hémorragie induits par ce produit. Comme c’est un produit robuste, peu coûteux et familier au corps médical, les laboratoires pharmaceutiques ont activement recherché d’autres anticoagulants ne nécessitant pas ces tests de temps de coagulation qui doivent au moins être effectués par une infirmière ou un médecin, bref du bon pain à prendre avec de gros bénéfices à la clé.

C’est ainsi que l’arrivée de nouveaux produits aussi efficaces que la Warfarine administrés par voie orale et prétendument moins risqués en termes d’hémorragies, donc moins coûteux à utiliser puisque les patients ne sont plus obligés de procéder régulièrement à des tests, semblait constituer une avancée non négligeable à tel point qu’ils ont reçu leur autorisation de mise sur le marché selon une procédure simplifiée et plus rapide. Il s’agit du Dabigatran (Pradaxa en Europe, Prazaxa au Japon, Boehringer Ingelheim) et du Rivaroxaban (Xarelto, Bayer) l’un inhibiteur de la thrombine, l’autre du facteur de coagulation Xa. Bref, tout le monde semblait heureux de voir apparaître des anticoagulants sans risques, surtout les laboratoires pharmaceutiques, naturellement. Or après les homologations de ces deux produits aux alentours de 2010-2011, il s’est avéré que les risques d’hémorragie étaient beaucoup plus élevés que ne le prétendaient tant Boehringer Ingelheim que Bayer selon les documents remis aux certificateurs par ces deux groupes pharmaceutiques. Une étude récente parue dans le British Medical Journal en open-acces ( doi: http://dx.doi.org/10.1136/bmj.g4670 ) met directement en cause les laboratoires Boehringer Ingelheim sans « mâcher » ses mots et parlant même de malhonnêteté flagrante ! Tout simplement parce que ce laboratoire pharmaceutique a omis (ou oublié) de mentionner les risques d’hémorragie et donc de conseiller comme pour la Warfarine un contrôle sanguin périodique. Naturellement le laboratoire mis en cause directement par des praticiens indépendants ayant enquêté auprès des autorités de certification s’est véhémentement défendu. Il se trouve que Boehringer Ingelheim doit maintenant faire face à une class-action réunissant aux USA plusieurs milliers de plaignants victimes d’hémorragies intempestives réclamant à ce laboratoire la coquette somme de 650 millions de dollars.

Comment et pourquoi en est-on arrivé à ne plus se soucier finalement de la sécurité des malades ? Y aurait-il conflit d’intérêt au niveau des régulateurs ? La réponse est beaucoup plus simple et réside dans la manière dont les essais cliniques sont conduits et comment les effets adverses de ces nouveaux produits sont étudiés. Même le meilleur protocole d’études cliniques ne peut pas a priori détecter des effets secondaires indésirables et ce travers tient au fait que l’essai clinique est en lui-même artificiel, les patients étudiés ne sont pas choisis au hasard, loin de là, et les posologies et les durées de traitement sont également prévues pour justement réduire l’apparition d’effets secondaires indésirables. En aucun cas les essais cliniques, aussi parfaits soient-ils sur le papier, ne peuvent refléter les conditions d’utilisation réelle ni la réaction des patients à ces produits. Il est donc compréhensible qu’après une certaine période d’utilisation il puisse apparaître ces effets néfastes au détriment de la santé des malades.

Dans le cas particulier du Pradaxa, les essais cliniques n’ont pas suffisamment pris en compte les malades âgés ni ceux souffrant par ailleurs de problèmes rénaux et ce point est important à souligner puisque ce sont précisément ces malades-là qui sont les plus susceptibles à des complications hémorragiques. Selon l’étude du BMJ, tout produit nouveau, quels que soient les essais cliniques effectués, doit faire l’objet d’une pharmaco-vigilance renforcée mais il y a encore un problème avec cette approche plus pragmatique, la pharmaco-vigilance n’est pas vraiment une science exacte car elle s’appuie sur le retour d’expérience des médecins traitants eux-mêmes informés par leurs malades. Dans le cas précis du Pradaxa, les dernières études réalisées n’ont pas pu montrer de différence significative entre ce produit et la Warfarine en terme de sécurité d’utilisation. Toujours est-il que Boehringer Ingelheim est clairement montré du doigt et suspecté d’avoir dissimulé sciemment les résultats « négatifs » de ses essais cliniques, une pratique qui devrait avec l’open-data être sévèrement condamnée et mieux contrôlée dans l’avenir par le régulateur. La mise en place d’un tel système oeuvrera à terme vers des médicaments moins risqués pour les malades sans pour autant augmenter substantiellement les coûts des études cliniques.

Pour l’anecdote, ce qui n’a rien à voir avec le sujet de ce billet, la Warfarine est utilisée comme raticide car elle provoque de violentes hémorragies chez les rongeurs … La Warfarine est un dérivé du dicoumarol issu d’une attaque fongique du mélilot qui transforme la coumarine, donnant son odeur caractéristique à cette plante, en ce dicoumarol, un puissant anticoagulant naturel. Cette transformation provoque la « maladie du mélilot » chez les bovins sévèrement anémiés en raison d’hémorragies à répétition si le foin contient du mélilot attaqué par des champignons.

Sources : BMJ et theconversation.com

La science moderne dans tous les états !

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Il y a quelques années je suis allé rendre visite à un ancien élève de thèse de science à qui j’avais transmis une partie de mon savoir. Il était devenu directeur d’un laboratoire de virologie de réputation internationale. Il me présenta à ses collaborateurs réunis dans le laboratoire. A l’époque où ce brillant chercheur préparait sa thèse les paillasses étaient encombrées de toutes sortes de fioles et de tubes, de la vaisselle attendait dans un grand bac d’acide, on devait attendre notre tour pour faire des calculs avec l’unique calculateur du laboratoire et on devait dessiner à l’encre de Chine les illustrations des manuscrits que nous avions l’intention de soumettre à publication.

Dans cet endroit tout neuf, les paillasses étaient vides, rien, pas le moindre tube à essai. Un appareil de forme cubique était posé dans un coin avec comme tout prolongement un clavier et un écran. Quelques ordinateurs portables trainaient ça et là, aucune odeur de ces produits chimiques caractéristiques ne pouvait être décelée. A la fin du petit discours, je me permis de demander à ses collaborateurs comment ils travaillaient puisqu’il n’y avait rien sur les paillasses. Il est vrai que je n’avais pas remis les pieds dans un laboratoire de recherche en biologie depuis plus de dix ans et je me rendis compte que tout avait changé. Des machines automatiques avaient remplacé des armadas de petites mains, ces techniciennes sans qui on ne pouvait pas faire progresser le travail, et les ordinateurs étaient connectés à des banques de données et réalisaient des calculs ultrarapides pour faire ressortir des résultats dits « statistiquement significatifs ».

De mon temps il fallait parfois plusieurs semaines de travail pour purifier un enzyme à partir de dix kilos de levures pour pouvoir effectuer le dosage d’un métabolite intermédiaire dans une biosynthèse. A peine quinze ans plus tard, des spectromètres miniaturisés effectuent ce travail en quelques secondes, le seul savoir-faire des candidats au doctorat se limite à la préparation des échantillons dans de minuscules tubes à l’aide de réactifs prêts à l’emploi. Le reste de la recherche proprement dite s’effectue avec un ordinateur et pour acquérir un soupçon de confiance les résultats obtenus sont comparés à d’autres résultats provenant d’autres laboratoires en considérant que tout le monde scientifique est sans exception d’une honnêteté irréprochable.

Pourtant, ce n’est pas tout à fait le cas, loin de là ! Quand on lit la presse scientifique, ce que je fais tous les jours, on est souvent étonné de trouver un article qui vante les effets « potentiellement  » bénéfiques du café pour prévenir certains cancers et quelques semaines plus tard un autre article sur le même café qui au contraire « peut » être la cause de cancers, on est en droit d’être surpris sinon déconcerté. Même chose pour les statines, le seuil de LDL pour prescrire ces statines varie selon les études et d’une semaine à l’autre on peut lire tout et son contraire. Ou encore les « radiations » émises par les téléphones cellulaires «pourraient » être la cause de tumeurs du cerveau. En réalité toutes ces études ne tiennent pas compte de la qualité des évidences scientifiques qui sont multifactorielles car le nouveau scientifique échafaude des hypothèses et tente de les prouver en réalisant ce que l’on appelle des méta-analyses partant du principe que plus il y a de données disponibles, plus grande sera la confiance que l’on pourra accorder aux résultats et par voie de conséquence ce scientifique d’un genre nouveau sera d’autant plus convaincu que son hypothèse est vraie.

La recherche scientifique est ainsi devenue, avec la généralisation des outils informatiques et statistiques, une sorte de miroir dans lequel le chercheur se projète. Plus il se regarde dans le miroir (l’écran de son ordinateur) plus il est satisfait de lui-même quand bien même l’hypothèse de départ est complètement fausse. En d’autres termes la recherche scientifique est devenue un entreprise d’auto-satisfaction qui conduit à des publications dans des revues à comités de lecture supposés composés de scientifiques honnêtes (ce qui est loin d’être toujours le cas) et ces publications servent à obtenir de nouveaux crédits (grants en anglais) pour permettre au chercheur de continuer à se regarder dans son miroir.

Pourtant, on pourrait croire que le travail de recherche en laboratoire est expérimental et qu’il consiste à sérier l’étude des variables intervenant dans un processus afin d’en obtenir une description aussi détaillée que possible. Comme il est infiniment plus facile et rapide, et aussi moins coûteux, d’observer ce que les autres ont observé pour en déduire n’importe quoi, alors la recherche devient progressivement n’importe quoi ! Lorsqu’un résultat semble intéressant, une expérimentation bâclée sans aucun respect des protocoles basiques pourtant connus de tous les scientifiques valide ce que l’ordinateur a recraché après avoir réalisé une étude statistique portant sur, disons, plus de cinquante mille cas. Et on obtient des articles scientifiques sensationnels du genre « la vitamine C diminue les risques de rhume » alors que strictement rien ne le prouve chez les humains mais ce résultat a été confirmé sur des souris et il est donc validé.

Les sociétés Bayer et Amgen, toutes deux impliquées dans la santé humaine ont méticuleusement réalisé une analyse de milliers d’articles scientifiques concernant de près leurs préoccupations de recherche. Bayer s’est rendu compte que moins de 25 % des travaux publiés pouvaient être reproduits en laboratoire et avec Amgen c’est pire, seulement 11 % des articles pourtant publiés dans des revues prestigieuses comme Nature, Science ou les PNAS pouvaient être reproduits. Amgen a eu « l’audace » de contacter certains signataires d’articles dignes d’intérêt pour ses propres recherches. Les auteurs ont eux-même, c’est un comble, été incapables de reproduire leur propre travail pourtant publié après revue par un comité de lecture dans l’environnement strict d’un laboratoire de recherche industriel scrupuleusement respectueux des protocoles expérimentaux. Pour les recherches sur les anti-cancéreux, la proportion diminue à 5 % ! Il suffit de lire cet article pour s’en rendre compte ( http://www.nature.com/nrclinonc/journal/v8/n4/full/nrclinonc.2011.34.html ) … Les études initiales sont en général le fait de laboratoires universitaires financés par des fonds publics ou des fondations caritatives qui ont elles-mêmes tout intérêt à « forcer » à la découverte puisque les enjeux financiers sont présents à l’esprit de ces fondations comme des universités et autres instituts de recherche. Mais quand une société comme Bayer s’aperçoit, quelques centaines de millions de dollars plus tard, que les essais en phase II sont décevants, il est trop tard ! C’est la raison pour laquelle, avant toute décision, les résultats scientifiques sont en premier lieu vérifiés.

L’Université du Colorado à Denver tient à jour une liste des périodiques scientifiques « de caniveau » ( http://scholarlyoa.com/individual-journals/ ) qui est édifiante en particulier dans les secteurs de la pharmacologie et de l’informatique, curieux rapprochement. Rien au sujet des revues de climatologie mais on peut espérer que les périodiques intimement impliqués dans ce secteur de non-science feront partie un jour prochain de cette liste qui est intéressante à consulter.

Sources : NY Times, PubMed, U. of Colorado, illustration NY Times.

Où on reparle du glufosinate …

Le glyphosate, produit leader de Monsanto et matière active du RoundUp est l’une des bêtes noires des écologistes qui considèrent que ce produit est toxique, dangereux pour les animaux, les batraciens et les Martiens. On ne peut pas en vouloir à des ignorants qui refusent de considérer que le glyphosate bloque une activité enzymatique qui n’est présente que dans les plantes mais puisqu’il paraît que les bébés naissent dans les choux alors effectivement on peut se poser des questions sur l’innocuité du produit. Depuis sa mise sur le marché de nombreuses plantes ont acquis une résistance au glyphosate en modifiant l’enzyme cible afin qu’il ne soit plus inhibé par l’herbicide et cela pose de sérieux problèmes à Monsanto.

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Il n’en est rien avec un autre herbicide développé anciennement par Rhône-Poulenc et maintenant propriété de Bayer, le glufosinate, qui est structuralement proche du glyphosate mais atteint une cible totalement différente qui est aussi un enzyme essentiel du métabolisme de la plante. Il n’est actif que sur les plantes. Pour faire court, le glufosinate bloque l’activité d’un enzyme appelé glutamine synthétase dont le rôle est de piéger la moindre trace d’ammoniac apparaissant dans la cellule végétale au cours de processus variés de synthèse ou de dégradation. L’ammoniac est en effet un poison violent pour les cellules vivantes, les nôtres aussi, en perturbant le fragile équilibre de l’acidité de la cellule. Toute accumulation d’ammoniac provoque la mort cellulaire. Or depuis les quelques vingt années de tests variés puis d’utilisation à grande échelle de cet herbicide, jamais aucune résistance n’a pu être détectée de par le monde. Bayer a développé une série de plantes de grande culture, coton, colza, maïs, soja ou encore betterave à sucre résistantes à cette matière active en introduisant dans la plante un gène provenant d’un Streptomyces et codant pour le même enzyme mais qui est totalement insensible au glufosinate.

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Il s’agit des plantes LibertyLink dont la firme Pioneer (une division de Dupont) est licenciée exclusive aux USA. Il faut rappeler que Pioneer est rarement attaqué par les écologistes européens et pour cause, peu ou pas de plantes transgéniques de cette société sont cultivées en Europe, beaucoup d’hybrides de Pioneer le sont. Mais comme la résistance au glufosinate semble pouvoir être écartée conformément au retour d’expérience de Bayer, Pioneer a finalement obtenu le feu vert de la Commission Européenne pour commercialiser les semences hybrides F1 génétiquement modifiées et résistantes à cet herbicide concurrent direct du glyphosate.

Naturellement il faut s’attendre à une réaction véhémente et encore une fois infondée scientifiquement des écologistes qui feront tout pour bloquer une quelconque culture de maïs hybride LibertyLink proposé par Pioneer. Pour ces idéologues obscurantistes les plantes transgéniques sont dangereuses, sans autre forme de procès, un point c’est tout. C’est une sorte de dogme auquel il faut croire sans se poser d’autres questions comme par exemple de savoir ce qu’en pensent les agriculteurs qui voient les rendements de leurs cultures chuter à cause de l’apparition de mauvaises herbes comme par exemple l’ambroisie, un adventice particulièrement allergène dont on parle chaque année dans les médias. Mais non, c’est dangereux, il n’y a même pas matière à en débattre. D’ailleurs le gouvernement socialo-écolo-marxiste français affublé d’un ministre de l’environnement (et de l’énergie) ancien faucheur d’OGM soutenu par son pote Bové reconverti député européen feront tout pour barrer la moindre autorisation de mise en culture de ce maïs.

Encore une fois l’obscurantisme prendra le dessus sur la science …  

Preuve indirecte de l’effet pervers des statines !

Il y a quelques semaines, le 27 juillet précisément, je laissais dans mon blog ( https://jacqueshenry.wordpress.com/2013/07/27/parkinson-ou-cholesterol-il-faudra-choisir/ ) un billet qui décrivait la corrélation très probable entre la maladie de Parkinson et le déficit en testostérone, lien qui fut découvert fortuitement en étudiant des rats castrés comme modèle animal de cette maladie. Bien que n’étant ni médecin ni de surcroit neuropathologiste, je me suis arrêté sur un article qui aurait pu passer inaperçu si justement je n’avais écrit ce billet concernant en réalité l’usage abusif des statines pour maintenir le taux de cholestérol dans des limites « acceptables » selon les affirmations des laboratoires pharmaceutiques. Ce article paru dans l’International Journal of Clinical Practice du 15 octobre relate les travaux de médecins liés, et ils ne s’en cachent pas, à la firme Bayer … merci pour leur franchise ! Cet article relate l’effet de la testostérone sur les signes cliniques du syndrome métabolique souvent présent chez des patients souffrant d’hypogonadisme, c’est-à-dire dont les testicules sont pratiquement incapables d’effectuer les dernières étapes de la synthèse de la testostérone qui de ce fait se retrouve en très faible quantité dans le sang. Le syndrome métabolique englobe l’obésité ou plus pudiquement le surpoids, le diabète de type II ou insensibilité du foie à l’insuline et enfin des taux de cholestérol élevés (LDL cholestérol) et de l’hypertension. L’étude a suivi 255 hommes âgés de 33 à 69 ans (âge moyen 58 ans) pendant les 5 années durant lesquelles ils ont été traités avec de la testostérone exogène administrée par injection parentérale sous forme d’undécanoate (Bayer) à raison d’un gramme toutes les 12 semaines. Divers paramètres ont été étudiés dont le cholestérol total, le LDL chloestérol, les HDL, la glycémie, les transaminases hépatiques (alanine et aspartate), la tension artérielle ou encore la CRP, donc un ensemble de paramètres permettant de suivre de près les désordres métaboliques et leur évolution. Le traitement avec de la testostérone a permis, toutes choses égales par ailleurs, de mettre en évidence une chute significative du cholestérol total passant de 7,3 à 4,9 mmole/l, une chute concomitante des triglycérides de 3,1 à 2,1 mmole/l avec une augmentation discrète des HDL de 1,45 à 1,52 mmole/l. Parallèlement l’étude a montré que la pression sanguine diminuait, comme le taux de CRP ainsi que celui des transaminases. Quand on sait que les statines sont prescrites justement pour diminuer le cholestérol total et les HDL afin de prévenir les accidents cardiovasculaires et qu’on sait également que diminuer la disponibilité en cholestérol conduit inévitablement à une diminution de la synthèse de la testostérone au niveau des testicules, on peut naturellement se poser quelques questions quant aux effets potentiellement pervers de ce traitement, cette étude est là pour le prouver indirectement, un peu comme ces rats castrés servant de modèles de laboratoire pour la maladie de Parkinson. Et le doute est d’autant plus prégnant quand on rapproche de ces résultats les travaux du Docteur Michel de Lorgeril qui réfute un quelconque effet bénéfique des statines sur l’évolution des maladies cardiovasculaires dont la cause première serait (j’utilise à dessein le conditionnel) le cholestérol en excès http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=Pt64YzmHlqg. La testostérone est un activateur du métabolisme général et c’est peut-être la raison qui peut être invoquée pour expliquer ses effets bénéfiques sur le syndrome métabolique que présentent les patients souffrant d’hypogonadisme, dans ces conditions les statines pourraient paradoxalement aggraver plutôt qu’améliorer la situation des malades dont on diagnostique à tort une hypercholestérolémie afin de faire vendre des statines coûte que coûte, surtout pour la sécurité sociale !

 

 

 

https://jacqueshenry.wordpress.com/2013/07/27/parkinson-ou-cholesterol-il-faudra-choisir/

Acné ou thrombose pulmonaire, encore un choix cornélien !

Androcur, Diane-35, Lumalia, Minerva, Evepar, Climène, Holgyème … comme ça sonne bien aux oreilles et je suis toujours autant étonné par la créativité des chimistes pour trouver un nom « vendeur » à leurs poisons* ! En réalité il s’agit d’une combinaison de deux contraceptifs largement utilisés pour combattre aussi l’acné et c’est sur ce dernier point que le bât blesse. Ces spécialités, un petit milliard de dollars de chiffre d’affaire encore que les données ne soient pas totalement transparentes pour ce qui est du seul traitement de l’acné, sont notoirement connues pour provoquer des thromboses pulmonaires. Les deux molécules actives, le 17-alpha-éthinylestradiol et la cyprotérone, cette fois un analogue sur-dosé de la progestérone, combinés, présentent des propriétés anti-androgènes chez l’homme avec comme conséquence une diminution de la sécrétion de testostérone (voir un de mes récents billets) et chez la femme des effets contraceptifs reconnus. Mais l’usage de cet anticonceptionnel a été détourné pour combattre l’acné juvénile qui est lié au statut hormonal, tant chez la femme que chez l’homme. Les laboratoires pharmaceutiques se contentent de préciser dans la notice d’utilisation que les personnes « prédisposées aux thromboses veineuses doivent s’abstenir et privilégier un traitement topique de l’acné. Comme c’est dit en termes rassurants, on croirait un curé qui dit à ses ouailles de donner pour la paroisse, le salut de leur âme sera assuré. Naturellement, les suspicions de l’Agence Française du médicament, échaudée par l’affaire du Mediator dont l’usage avait aussi été détourné comme coupe-faim, l’avaient conduite à prendre la décision d’interdire ce médicament (Diane-35 en France et commercialisé par Bayer) compte tenu des risques de thrombose pulmonaire. La Commission Européenne, qui comme chacun sait est envahie par les lobbyistes de toute nature, depuis McDonald jusqu’à Greenpeace (suivez mon regard), a désavoué l’Agence Française de sécurité du médicament et enjoint Bayer de continuer la commercialisation de ce produit. La Miss Touraine a certainement apprécié. On se souvient du fameux et inoubliable « responsable mais pas coupable » au sujet du sang contaminé, à n’en pas douter la Ministre renverra sa responsabilité sur la Commission Européenne et tant pis pour les ados acnéiques. Autant dire que l’industrie pharmaceutique, toute puissante, dicte sa loi et la Commission n’a qu’à bien se tenir !

Les Suisses sont plus prudents à propos du Diane-35, on y trouve dans la notice d’utilisation : 

« Plusieurs facteurs de risques de thromboses artérielles ou veineuses, migraines, diabète avec altérations vasculaires, pancréatite, affections hépatiques, tumeurs hépatiques, maladies malignes des organes génitaux ou du sein, saignements vaginaux, … »

Quant au traitement de l’acné …

* Note : Les industriels de la chimie et de la pharmacie organisent des concours internes pour trouver un nom commercial à attribuer à un nouveau produit. La petite liste en tête de ce billet est une brillante illustration de la créativité mortifère de cette industrie. 

Source : Le Point en ligne

 

Néonicotinoïdes : la mauvaise foi des agro-chimistes !

Beekeepers report higher loss rates In bee population

Crédit photo : Guardian

Des rumeurs de plus en plus insistantes font état de l’usage d’armes chimiques en Syrie, nommément du Sarin ou peut-être du Tabun, et tant Israël que les USA parlent de ligne rouge à ne pas franchir. Mais pour les insectes pollinisateurs, l’usage de neurotoxines n’a pas l’air d’alarmer les politiciens qui sont susceptibles d’être au service des citoyens, ces derniers se déclarant à plus de 70 % contre l’usage des néonicotinoïdes commercialisés par Syngenta et Bayer. Toutes les études réalisées par des milliers de scientifiques universitaires en collaboration avec les apiculteurs de nombreux pays ont montré que les néonicotinoïdes désorientaient les butineuses conduisant à la mort certaine de la ruche. Comme pour l’industrie pharmaceutique (voir : http://www.contrepoints.org/2013/04/27/122835-bad-pharma-le-cote-sombre-de-lindustrie-pharmaceutique ) l’industrie phytosanitaire falsifie les études réalisées à l’emporte-pièce sur de courtes périodes et avec des données statistiques truquées. Aucune étude sur le long terme n’a été sérieusement conduite avec les néonicotinoïdes utilisés entre autres usages pour l’enrobage des semences et efficaces à des doses terrifiantes de quelques grammes à l’hectare, comme le sarin ou le tabun dont quelques microgrammes suffisent pour tuer un homme. Quand ces molécules ont été mises au point, les chimistes ont clamé haut et fort qu’enfin l’agriculture devenait propre et respectueuse de l’environnement puisque les quantités de pesticides utilisées étaient infinitésimales. C’est un argument fallacieux qui nie le fait que les insectes, et pas seulement les abeilles, sont exterminés avec des quantités extrèmement faibles de ces produits, très inférieures au milliardième de gramme ! Des quantités même plus décelables dans l’environnement, mais encore létales pour les abeilles, les bourdons et autres insectes pourtant essentiels pour assurer la production agricole correcte de plus de 70 % des denrées alimentaires. Là où la mauvaise foi des chimistes atteint une ligne rouge, pour reprendre les termes des politiciens à propos des neurotoxines de combat, c’est que leurs arguments de marketing reposent justement sur ces très faibles quantités utilisées. Or, ils n’ont jamais réalisé d’études de toxicité avec de tels ordres de grandeur puisqu’elles sont tout simplement irréalisables en laboratoire et si elles l’étaient seraient extrèmement coûteuses, seuls les innombrables retours d’observation in situ ont permis d’incriminer sans ambiguité l’impact de ces néonicotinoïdes sur les rûchers. Et comme pour en rajouter une couche, ces chimistes avancent l’argument encore plus malhonnête que les dites neurotoxines sont utilisées principalement sur des cultures qui ne nécessitent pas d’insectes pollinisateurs comme le blé, l’orge, l’avoine ou le maïs hybride F1. C’est une prouesse de mauvaise foi de la part des laboratoires pharmaceutiques comme Servier pour le Mediator, comme Merck pour le Vioxx et aujourd’hui comme Bayer ou Syngenta pour les néonicotinoïdes.

Ce n’est pas à la Commission Européenne de statuer comme elle doit le faire demain 29 avril sur un moratoire de deux ans (ridicule!) sur l’usage de ces insecticides, car elle est trop perméable au lobbying intense de ces géants de la chimie, c’est au moins au Parlement de Strasbourg de se saisir de ce dossier ou mieux encore de consulter l’ensemble de l’Union Européenne par référendum pour oui ou non laisser agir ces criminels en toute impunité.

Lien : http://www.guardian.co.uk/environment/2013/apr/28/europe-insecticides-ban-save-bees

Abeilles: conclusions inquiétantes de l’EFSA sur l’impact des pesticides

 

BRUXELLES – La Commission européenne pourrait proposer d’interdire l’utilisation de certains pesticides après les conclusions inquiétantes rendues mercredi par l’autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) sur leur impact létal pour les abeilles.

L’EFSA a rendu mercredi des conclusions inquiétantes sur l’impact de trois types de produits sur le nectar et le pollen, a expliqué Frédéric Vincent, porte-parole de Tonio Borg, commissaire européen en charge de la Santé et des Consommateurs.

Il a indiqué que cet avis avait été demandé par la Commission.

Une lettre va être adressée cette semaine au groupe allemand Bayer et au suisse Syngenta, qui produisent les pesticides comportant les trois néonicotinoïdes incriminés –clothianidin, imidacloprid et thiamethoxam–, notamment le Cruiser OSR, pour leur demander de réagir à ce rapport, a annoncé M. Vincent, précisant que les deux groupes avaient jusqu’au 25 janvier pour répondre.

D’autre part, la Commission européenne a décidé d’inscrire le sujet à l’ordre du jour de la réunion du comité permanent de l’UE en charge de ces questions prévue le 31 janvier. La Commission, avec les Etats membres, prendra les mesures qui s’imposent, a conclu le porte-parole.

Des Etats membres ont déjà pris des mesures au plan national. La France a ainsi retiré le 29 juillet l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du Cruiser OSR utilisé en traitement de semence pour le colza. Reste son usage pour le maïs qui, bien que contesté, n’a pas été à ce stade définitivement banni.

L’Italie et l’Allemagne interdisent l’usage des pesticides incriminés seulement pour le maïs, les Pays-Bas pour traiter les plantes qui attirent les abeilles, et la Slovénie pour toutes les plantes.

L’idée de la Commission européenne est d’arrêter une ligne de conduite au niveau de l’UE et d’aller si nécessaire vers une interdiction des produits incriminés.

Au fil des ans, les études scientifiques ont permis d’établir que les pesticides dits systémiques ou néonicotinoïdes ont bien un impact létal sur les abeilles, qu’ils désorientent, au point que certaines ne savent plus revenir à leurs ruches. En une quinzaine d’années, leur mortalité est passée de 5 à 30%.

Les apiculteurs ont déjà obtenu le retrait du Régent et du Gaucho (Bayer). Les fabricants insistent de leur côté sur l’impact économique de la suppression de leurs pesticides.

L’entreprise est prête à coopérer avec la Commission européenne et les Etats membres de l’UE et à développer des solutions pragmatiques pour aborder les lacunes en termes de données évoquées par l’EFSA, a réagi le groupe allemand dans un communiqué.

Sa division d’agrochimie, Bayer CropScience, rappelle que les nombreuses données rassemblées par le groupe ont été examinées par l’UE et les Etats membres et confirment que ses produits ne présentent aucun risque inacceptable.

Nous sommes convaincus que les nouvelles conclusions de l’EFSA ne changent rien à la qualité et à la validité de cette évaluation des risques, a ajouté le groupe.

Selon lui, la recherche a montré que plusieurs facteurs expliquent le déclin de la population des abeilles, le principal étant un acarien parasite de l’espèce Varroa.

Bayer CropScience s’engage à une utilisation responsable des néonicotinoïdes et investit dans un programme destiné à réduire leurs effets sur les abeilles, a encore affirmé l’entreprise.

L’agrochimiste suisse Syngenta a de son côté vigoureusement contesté les conclusions de l’EFSA.

Il est clair pour nous que l’EFSA s’est trouvée sous pression politique pour produire une évaluation hâtive et insuffisante, a déclaré John Atkin, le directeur opérationnel de Syngenta.

Le rapport n’a pas tenu compte des études scientifiques exhaustives qui ont précédé le lancement des néonicotinoïdes, ni des rapports de surveillance effectués dans les champs sur plusieurs années, selon le groupe suisse.

Ce rapport n’est pas digne de l’EFSA et de ses scientifiques, a ajouté John Atkin.

Syngenta mettra tous les moyens à sa disposition pour défendre l’utilisation de ce type de produit, a précisé le groupe dans un communiqué.

Une interdiction des néonicotinoïdes pourrait menacer 50.000 emplois et se traduire par un perte économique de 17 milliards d’euros à travers l’Europe sur les cinq prochaines années, selon l’agrochimiste bâlois.


(©AFP / 16 janvier 2013 18h22)

On croit rêver en lisant cette dépêche d’agence pour diverses raisons que je vais tenter d’énumérer et expliquer pour mes lecteurs.

Les néonicotinoïdes commercialisés par Syngenta et Bayer sont des insecticides systémiques, c’est-à-dire qu’ils se répandent dans toute la plante par l’intermédiaire de la sève. Ils sont utilisés notamment dans l’enrobage des semences et se retrouvent donc au niveau des fleurs au moment où justement les insectes pollinisateurs, dont les abeilles, viennent récupérer le pollen et le transporter vers d’autres fleurs au cours de leur mission de collecte de nourriture pour la ruche ou le nid des bourdons (par exemple) et la présence de traces de ces pesticides va désorienter les abeilles qui ne retrouveront pas leur ruche et seront alors condamnées à une mort certaine.

Voilà un peu ce qui se passe dans la réalité. Les grandes compagnies chimiques dont la dépêche d’agence cite le nom nient la réalité en prétendant sans aucune preuve à l’appui que le peu de pesticide susceptible de se retrouver au niveau des infloraisons ne peut pas expliquer la décimation des abeilles pourtant observée par les apiculteurs. On ne peut pas dire que les apiculteurs agissent sciemment contre les chimistes, ils ont simplement observé que leurs colonies d’abeilles étaient décimées, un point c’est tout. Les grands groupes chimiques semblent ignorer quel serait le désastre résultant de la disparition des insectes pollinisateurs : chute des rendements agricoles, pénuries alimentaires pires qu’une grande sécheresse, et bien sûr une frofonde crise du monde agricole. Ces éléments sont prouvés et diverses études de prospective impartiale l’ont montré.

Si l’interdiction des néonicotinoïdes devait être décidée, et j’espère qu’elle le sera, ces entreprises prétendent que cette interdiction risquera la perte de 50000 emplois et une perte financière de 17 milliards d’euros.

Alors là, je ris à en pleurer !

Autant chez Syngenta que Bayer, au plus une centaine de personnes dans chacune des sociétés est concernée par la production de ces pesticides et disons qu’une autre centaine de personnes est concernée par la formulation et l’encapsulation des semences si ces dernières sociétés sont impliquées dans la commercialisation des semences dites enrobées. Disons 400 et j’hallucine quand ces gens-là prétendent qu’il en résulterait une perte de 50000 emplois, premier mensonge. Pour la perte financière, sachant que les profits réalisés sont incroyablement élevés (la matière active revient à une dizaine de dollars par kilogramme et est revendue sous forme d’enrobage quelques dizaines de milliers de dollars) ils font un calcul arithmétique fallacieux prenant en compte la perte qui pourrait être induite par l’interdiction de l’usage de ces produits, mais une perte de profits et non pas une perte au niveau des coûts de production puisqu’ils sont dérisoires comme je l’ai mentionné ci-dessus. C’est donc un deuxième mensonge flagrant. Les dirigeants européens préoccupés à juste titre par la protection des insectes pollinisateurs vont-ils baisser leur culotte devant les lobbyistes agressifs qui rodent dans les couloirs des instances européennes tant à Bruxelles qu’à Strasbourg ou vont-ils enfin assumer leurs responsabilités ?

A suivre …