Le psoriasis et l’urushiol : même cause et mêmes effets

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Les plantes de la famille des Anacardiacées ont la fâcheuse propriété de contenir dans leurs feuilles une molécule très fortement allergène et quand on se frotte malencontreusement sur une de ces feuilles d’apparence anodine on peut souffrir pendant plusieurs semaines d’une dermatite dite vésiculo-pustuleuse hyperallergique. Il s’agit de l’urushiol du nom japonais de l’arbre à laque ( urushi, Toxicodendron vernicifluum, ). L’urushiol est une substance collante et huileuse qui s’incruste sur la peau et si on tente de l’éliminer en se savonnant énergiquement on aggrave la situation par frottements. Tout pour plaire …

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C’est en tentant d’expliquer la propriété allergène de l’urushiol qu’une équipe de biologistes de l’Université Monash en Australie a découvert le mécanisme d’action d’une protéine des membranes cellulaires appelée CD1a, très abondante dans la peau au niveau des cellules dites de Langerhans, dont on ignorait la fonction exacte. Il s’agit d’un composant du système d’histocompatibilité qui se lie à des acides gras et si ces derniers ne sont pas étrangers à l’organisme il ne se passe rien. Dans le cas de l’urushiol la réponse conséquente à la liaison de cette molécule avec la protéine CD1a est presque immédiate, particulièrement spectaculaire et douloureuse.

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Les souris, animaux de laboratoire largement utilisés pour toutes sortes d’expérimentations, ne synthétisent pas de CD1a et sont donc inutiles pour étudier les propriétés allergèniques de produits nouveaux ou déja connus pour être des allergènes. C’est en modifiant le patrimoine de souris pour les obliger à produire la protéine CD1a que ces dernières sont devenues sensibles à l’urushiol. Ces mêmes souris ont été utilisées pour étudier le psoriasis, une réaction auto-immune, et en bloquant la protéine CD1a à l’aide d’anticorps monoclonaux spécifiquement dirigés contre celle-ci il a été possible d’obtenir une amélioration du psoriasis et … de l’effet de l’urushiol ! Ces travaux ont été réalisés dans le cadre d’une collaboration entre l’Université Monash à Melbourne et la Harvard Medical School. Comme quoi les plantes sont toujours utiles pour élucider les mystères de la santé …

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Source : Monash University News Desk, Illustrations Wikipedia et Monash University

OGMs (1), l’odeur du triomphe de la papaye transgénique

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Il y a une vingtaine d’années les producteurs de papaye d’Hawaï vivaient de graves incertitudes pour leur avenir car les papayers étaient décimés les uns après les autres par un virus pas seulement pathogène pour le papayer mais également dévastateur pour les cucurbitacées, melons, pastèques, cornichons et autres courges. Le virus est transmis par les pucerons et le seul moyen de protéger un verger de papayer est d’utiliser des quantités massives d’insecticides afin d’exterminer jusqu’au dernier puceron pour prévenir l’extension de ce virus. Lorsque l’on mange un quartier de papaye (ou éventuellement de melon) on est pratiquement certain, si la peau du fruit n’est pas uniformément jaune et présente des taches circulaires vertes (ringspot, d’où le nom anglais de ringspot virus) que le fruit et la plante sont infestés par le virus.

Inspiré par des travaux réalisés par la société Monsanto sur la résistance aux virus le Docteur Dennis Gonsalves de la Cornell University eut l’idée de faire exprimer par le papayer la protéine de l’enveloppe du virus dans le but de perturber sa multiplication après une infestation par un puceron. Ça se passait au milieu des années 1990 et Monsanto, qui n’était pas intéressé par cette technique car les retombées économiques attendues étaient négligeables, céda la licence de l’utilisation de ses constructions d’acides nucléiques utilisées au cours de la transgénèse à l’Université de Cornell à un groupement de fermiers hawaiiens. L’idée de Gonsalves se révéla immédiatement efficace sans modifier les propriétés organoleptiques des papayes, les papayers étaient devenus résistants au virus, ils avaient été en quelque sorte « vaccinés ». Les fermiers reçurent des semences transgéniques gratuitement et depuis lors les papayers d’Hawaii sont en bonne santé, il y a toujours le virus et des pucerons mais la plante est devenue résistante.

L’histoire ne s’est pas déroulée aussi simplement qu’on pourrait le croire car des activistes écologistes opposés aux plantes transgéniques commencèrent immédiatement leur travail de sape idéologique. Malgré le fait que depuis que l’archipel produit des papayes transgéniques personne ne s’est trouvé incommodé par la présence de la protéine du virus alors que la plante est toujours infestée mais sans symptômes par ce virus, les écologistes ont répandu le doute et la papaye transgénique faillit être interdite à Hawaii. L’un des arguments des écolos, puisque le monde scientifique et les régulateurs (FDA) avaient prouvé qu’il n’y avait aucun risque pour la santé des consommateurs, fut que ce gène pouvait être transmis à d’autres virus en créant alors un nouveau virus encore plus pathogène. Greenpeace organisa la destruction de plantations expérimentales de papayers organisées par l’Université d’Hawaii arguant qu’il s’agissait de « pollution génétique » et qu’aucune étude sérieuse n’avait été réalisée pour prouver l’innocuité de cette transformation génétique sur la santé humaine.

Tous les arguments, y compris les plus rocambolesques, furent utilisés pour terroriser la population. Un article paru en 2002 incriminait une similitude entre la protéine du virus exprimée par le papayer transgénique et un facteur qui augmentait la production d’une immunoglobuline E ce qui pouvait constituer un danger pour la santé ( http://www.biomedcentral.com/1472-6807/2/8 ). Sur les 280 amine-acides de la protéine virale seulement une séquence de 6 amino-acides consécutifs coïncidait avec l’allergène stimulant la fameuse immunoglobuline E qui se trouvait être une protéine sécrétée par l’oxyure, un parasite intestinal commun, c’est dire à quel point l’argument était tarabiscoté ! Il n’en fallut pas plus pour affirmer haut et fort que la papaye transgénique pouvait déclencher des réactions allergiques. La même méthodologie fut utilisée pour déterminer si la toxine Bt exprimée par le maïs ou le coton (à l’époque, c’est-à-dire en 2002) risquait d’être allergène. On trouva également des analogies de séquence entre la toxine Bt et pas moins de 50 protéines du maïs ! Ces analogies se retrouvaient sur des portions de séquences de 6 amino-acides. Mais au delà de séquences de 8 amino-acides consécutifs aucune analogie ne put être établie. Cet article concluait que ce type de recherche était fallacieux et qu’il ne pouvait en aucun cas alimenter la polémique sur d’éventuelles propriétés allergènes nouvelles après introduction d’un gène étranger dans une plante. Les conséquences structurales de ce type d’analogies ne présentaient aucune signification biologique susceptible d’être sérieusement retenue ( http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12218366 ).

Ces activistes ont sciemment ignoré un article paru à peu près au même moment qui déniait tout effet allergène de la protéine du parasite intestinal démontant ainsi l’argumentation hautement fallacieuse développée à dessein pour discréditer la papaye transgénique ( http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC130290/ ).

Greenpeace n’en resta pas là et organisa une campagne de dénigrement, cette fois en Thaïlande, allant jusqu’à saccager en 2004 une plantation de papayers transgéniques en considérant qu’ils s’agissait d’une véritable « bombe à retardement ». Toutes ces actions spectaculaires et médiatisées, c’est là la spécificité de Greenpeace, n’avaient aucune justification scientifique rigoureuse. Les fermiers hawaiiens, qui entrevoyaient un espoir de survie avec le papayer transgénique, se trouvèrent confrontés à un nouvel ennemi : la mouvance écologiste !

Entre 2006 et 2010, une série d’études contredit les affirmations sans fondement scientifique avancées par Greenpeace : aucun allergène ne put être identifié en établissant une recherche sur 8 amino-acides consécutifs. Il fut également démontré que cette protéine était clivée en quelques secondes dans l’estomac. De plus les papayes non transgéniques et présentant les symptômes caractéristiques d’une attaque par le ringspot virus contenaient jusqu’à 8 fois plus de protéine virale que les papayes issues de papayers transgéniques résistant au virus.

Le Japon autorisa la culture de la papaye transgénique en 2011 considérant qu’il n’y avait aucun argument valable pour interdire cette culture (voir le lien en fin de billet) et la Chine suivit quelques mois plus tard.

Il faut donc se rendre à l’évidence que les pourfendeurs des OGMs n’ont que deux choix possibles : ou bien il leur faut reconnaître que leurs arguments n’ont aucune valeur scientifique et qu’ils se sont fourvoyés par pure idéologie ou alors ils persévèrent dans leur obscurantisme et continuent à semer la terreur apocalyptique que constituent les plantes transgéniques. Ces idéologues ont choisi de persévérer dans leur loufoquerie et poussèrent le Conseil de la plus grande île, Hawaii, à interdire le papayer transgénique. Pour mes lecteurs la ville d’Honolulu et Pearl Harbor se trouvent sur l’île d’O’ahu. Un membre de ce Conseil, une dénommée Margaret Wille, pourtant activiste anti-OGM bien connue, dut se rendre à l’évidence, il n’existait aucun argument objectif contre la culture du papayer transgénique à Hawaii, les récents travaux réalisés au Japon et en Chine le démontraient clairement. De plus elle reconnut que Monsanto n’avait rien à voir avec les papayers transgéniques et les arguments avancés par les agriculteurs qui ne traitaient plus leur culture avec des pesticides conforta sa décision d’exempter le papayer de l’interdiction des plantes transgéniques dans l’archipel. Margaret Wille opéra donc une sorte de reniement du dogme écologique consistant à classer les plantes transgéniques parmi des perturbateurs de la nature sans toutefois perdre la face car elle obtint l’interdiction de l’introduction dans l’archipel d’autres cultures génétiquement modifiées.

Son ami et collègue Jeffrey Smith, également membre du Conseil de l’île et écologiste notoire, persista dans ses idées et bien que n’ayant strictement aucune culture scientifique – sans faire d’humour – persista en listant dans une sorte de logorrhée délirante tous les inconvénients des OGMs. Il déclara que l’ARN introduit dans la papaye (sic, il ignorait donc à l’évidence tout des procédés de la transgénèse) pouvait perturber les gènes des consommateurs et que les protéines nouvelles étaient susceptibles de modifier l’immunité des êtres humains, qu’elles rendaient plus sensible aux virus du SIDA et de l’hépatite et qu’elles induisaient l’apparition de cancers pour cette raison. Il fut soutenu dans son discours par un agronome de l’Université, un dénommé Hector Valenzuela qui prétendit qu’aucune étude sérieuse n’avait été faite sur la santé humaine ou animale alors qu’à peine deux mois plus tôt une publication relatait l’absence d’effet sur les rats nourris avec des papayes, comme si la vraie science n’existait pas pour ces activistes empêtrés dans leur dogmatisme ( http://pubs.acs.org/doi/abs/10.1021/jf305036x ). Smith et Valenzuela prétendirent que la FDA était noyautée par les sbires de Monsanto. Plus incroyable encore ces deux tristes individus prétendirent aussi que parmi les messages révélés par Wikileaks figuraient des instructions précises à destination des régulateurs japonais émanant du gouvernement américain pour faire approuver la papaye transgénique au Japon. Jamais ce dernier point n’a pu être confirmé par les analyses scrupuleuses des dépêches et messages révélés par Wikileaks.

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Aujourd’hui, dans les magasins de fruits et légumes on trouve des papayes transgéniques avec un label qui précise seulement que ces fruits ont été artificiellement modifiés pour permettre de réduire l’usage de pesticides par les agriculteurs mais on omet de dire que ces fruits ne présentent aucune différence nutritionnelle par rapport aux fruits non modifiés. Finalement, pour conclure cette sombre histoire, les écologistes ont réussi à semer le doute dans l’esprit des consommateurs sans jamais apporter de preuves irréfutables à l’appui de leurs arguments pour la simple raison qu’il n’y en a pas … Le doute persiste et c’est là que réside l’effet hautement néfaste de ces organisations qui nient ouvertement la vraie science, celle qui n’est pas prisonnière de l’idéologie et de la politique.

Source : adapté d’un article paru dans Slate.com, illustrations Wikipedia et Slate.

http://gain.fas.usda.gov/Recent%20GAIN%20Publications/Japan%20approved%20GM%20papaya_Tokyo_Japan_12-19-2011.pdf

Pour l’asthme des enfants, il n’y a pas que les antibiotiques

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Il y a quelques jours j’écrivais un billet sur l’usage inconsidéré des antibiotiques chez les nourrissons et les enfants de moins d’un an, une étude ayant montré sans ambiguité qu’il existait une corrélation entre la fréquence des symptômes respiratoires liés à l’asthme et l’usage forcené d’antibiotiques avant l’âge de un an (voir le lien en fin de billet) et cette étude semble corroborée par une autre investigation réalisée à la Johns Hopkins University toujours sur les conditions d’apparition d’allergies et de troubles respiratoires liés à l’asthme et toujours chez l’enfant. Cette nouvelle étude s’est focalisée sur les conditions d’hygiène entourant les enfants au cours de leur première année de vie et nous allons voir qu’on va de surprises en surprises dans ce registre. On avait déjà constaté que des enfants vivant dans une ferme, au contact d’animaux, jouant dans la terre avec des morceaux de bois et des cailloux, étaient beaucoup moins sujets à des allergies et des troubles respiratoires surtout en établissant une comparaison avec des enfants du même âge vivant en milieu urbain ou péri-urbain plutôt aseptisé. Dans ce travail portant sur 467 enfant vivant dans un milieu urbain, Baltimore, Boston, New-York et St-Louis dont l’état de santé a été soigneusement noté durant les trois premières années de leur vie, il s’est avéré que la moindre exposition à des allergènes, des poussières ou des bactéries durant la première année de la vie avait pour conséquence de diminuer considérablement l’incidence des troubles respiratoires et des allergies. Cette observation n’est pas sans rappeler l’usage d’antibiotiques durant cette même période de la prime enfance. Les enquêteurs de la Johns Hopkins ont étudié les allergènes présents dans les maisons où vivaient ces enfants, ont réalisé des tests sous-cutanés et des analyses sanguines et ont prélevés des poussières dans 104 maisons différents sur les 467 que comportait l’étude afin d’identifier les bactéries auxquelles les enfants étaient en contact.

Il s’est avéré que s’il y avait dans les maisons un animal domestique, un chat, un chien ou un hamster dans une cage ou même la présence de cafards dans les cuisines, c’est vrai ( ! ), les enfants étaient systématiquement moins exposés à des problèmes d’asthme et ce d’autant plus que le nombre de sources d’allergènes était élevé, le tout avant le premier anniversaire des enfants. Seulement 17 % des enfants vivants dans des conditions sanitaires qui pourraient être qualifiées comme médiocres développaient des allergies et problèmes d’asthme alors que plus de la moitié des enfants n’ayant jamais été exposés à ces allergènes devenaient asthmatiques après la première année. Exactement la même observation a pu être faite en ce qui concerne la population bactérienne recueillie dans les poussières en contact avec ces enfants. Comme pour apporter un argument supplémentaire seulement 8 % des enfants qui à l’âge de trois ans présentaient des symptômes respiratoires associés à de l’asthme avaient été exposés à seulement l’un des allergènes cités plus haut. Cette étude montre clairement que l’enfant est plus apte à développer une défense immunitaire équilibrée avant l’âge d’un an en étant en contact avec des animaux domestiques, des poussières et des bactéries variées et que ce simple fait réduit les risques d’allergies et d’asthme tels qu’observés à l’âge de trois ans dans cette étude. L’ensemble de ces résultats est en parfaite concordance avec les effets néfastes de l’usage d’antibiotiques le plus souvent injustifiés avant l’âge d’une année. Trop d’hygiène nuit donc durablement à la santé des enfants, il faut laisser à l’organisme le libre soin de développer harmonieusement ses propres défenses immunitaires en évitant trop d’hygiène car il paraît maintenant avéré que tout se passe au cours de la première année de la vie.

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Source : Johns Hopkins Medicine News

https://jacqueshenry.wordpress.com/2014/05/20/antibiotiques-et-asthme-chez-lenfant-encore-un-scandale/

La presse de caniveau (ELLE) s’empare des OGMs (aux USA)

Il y a eu Séralini en France qui a fristouillé ses résultats pseudo-expérimentaux pour faire passer son message idéologique d’anti-OGM comme pour plaire aux députés, sénateurs et autres ministres faucheurs de maïs  également anti-OGM viscéraux, il y a maintenant aux USA un allergologue qui y va à grandes louches démagogiques sans aucun fondement scientifique pour avancer le fait que les OGMs sont allergènes. Sa démarche est exemplaire dans sa malhonnêteté car, diagnostiquant une dermatose à éosinophiles chez une patiente, et ne trouvant aucun allergène (parmi des milliers répertoriés et disponibles en ligne pour le corps médical et le vulgum pecus : AllergenOnline, Université du Nebraska, Lincoln) auquel était sensible sa patiente en a conclu qu’elle était tout simplement allergique au maïs transgénique sans aucune autre forme d’investigation médicale. La patiente en question a relaté son expérience dans ELLE, un magazine américain lu par des millions de femmes partiellement ou totalement décérébrées qui ont immédiatement, il fallait s’y attendre, gobé l’information sans même prendre la peine de la digérer, je veux dire qu’elles ont pris pour argent comptant ce qu’elles lisaient. ELLE existe aussi en français, en espagnol et en d’autres langues pour satisfaire d’autres décérébrées sur tous les continents. Bref, pour déplaire aux détracteurs des OGMs, je préfère parler de plantes transgéniques, le terme est plus approprié et je vais expliquer à mes lecteurs pourquoi je vais ce distinguo lexical. Par OGM, on entend des plantes effectivement transgéniques, c’est-à-dire des plantes dont on a modifié de manière ciblée un de leur gènes, ou plutôt l’expression de ce gène comme par exemple la sur-expression de l’EPSP synthase dans le cas des plantes RoundUp Ready qui deviennent ainsi résistantes à l’herbicide. Le deuxième cas de transgénèse est l’introduction d’un gène étranger comme celui de la toxine Bt (MON810) rendant la plante non pas totalement résistante aux ravageurs mais moins susceptible à ces derniers. La toxine Bt n’a aucun effet sur la santé humaine, allez demander à un agriculteur « bio » qui répand parfois manuellement de la bouillie hors de prix de Bacillus thuringiensis sur ses cultures afin de préserver le label « bio » pour son exploitation si ce traitement l’a rendu malade, il vous répondra que non. Maintenant il y a trois autres méthodologies pour obtenir des plantes génétiquement modifiées. Le croisement manuel ou hybridation afin d’atteindre un caractère bénéfique pour la plante, c’est très long, couteux et aléatoire car les chances d’obtenir une plante réellement améliorée sont infimes. Si on disposait de quelques millénaires on arriverait peut-être à produire des tomates cubiques et bleues comme il a fallu quelques millénaires de sélection manuelle pour obtenir le maïs qu’on connait aujourd’hui à partir du maïs ancestral toujours présent dans des contrées reculées d’Amérique centrale. Une autre technique, peu connue et pourtant utilisée sur des milliers de plantes, céréales, légumes, bananiers, caféiers ou cacaoyers, et j’en passe, consiste à cultiver sur des rangées concentriques ces diverses plantes dont on voudrait bien améliorer un caractère donné dans un immense champ circulaire au centre duquel se trouve une source de radioactivité intense placée sur une tour. En irradiant les plantes à des doses décroissantes selon leur distance à la source radioactive, on espère ainsi induire des mutations bénéfiques. Ce type d’approche est contrôlé et financé en partie par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique, organisme plus connu pour se soucier du programme nucléaire iranien. Les résultats sont également aléatoires et il en va de même de la dernière technique consistant à appliquer directement à la plante des agents chimiques mutagènes (également mutagènes pour l’homme) et attendre de voir ce qui se passe. Or si les méthodes classiques de croisements par tâtonnements sont longues et souvent décevantes, les deux dernières approches, irradiation et agents chimiques, sont encore plus aléatoires mais certains risques sanitaires valent la peine qu’on se risque à ces approches. Si par exemple tous les bananiers disparaissaient à cause d’une infection virale ou fongique, il faudrait repartir de bananiers sauvages résistants et par sélection établir une nouvelle variété mais le processus risquerait de durer plusieurs dizaines d’années par les approches classiques. Si, par contre, on identifie les ou les gène(s) impliqués dans la résistance du bananier à la maladie de Panama (pour ne citer que cet exemple) en quelques mois on pourra être capable d’obtenir des plants de bananiers résistants par transgénèse. Et à n’en pas douter, les enjeux économiques sont tels que même les détracteurs viscéraux des OGMs ne pourront qu’accepter les faits. Pour en revenir à cet allergologue américain, il a laissé sa patiente relater dans les pages de ELLE son histoire qui n’est basée sur aucun argument scientifique ou médical prouvé, bien au contraire, des milliers d’articles parus dans les plus grands journaux scientifiques du monde entier relatant des études indépendantes sur les plantes transgéniques n’ont jamais mis en évidence d’allergies directement liées à la transgénèse et aux conséquences pouvant être induites sur le profil protéique de ces plantes. Jamais aucune étude, depuis maintenant 18 années, n’a pu démontrer d’une manière ou d’une autre que les dites plantes présentaient un quelconque danger pour l’homme ou l’animal ou encore les insectes pollinisateurs. Tous les arguments des écologistes sont des contre-vérités infondées et montées de toute pièce comme ce que vient de faire cet allergologue peu scrupuleux. On en arrive à créer de toutes pièces une sorte de dogme, comme je le mentionnais dans un précédent billet, qui doit être accepté comme tel à moins de passer pour politiquement incorrect. C’est exactement ce qui s’est produit avec les vaccins quand on a prétendu sans aucune preuve à l’appui que l’hydroxyde d’aluminium utilisé comme adjuvant initiait la maladie d’Alzheimer. Triste monde plongeant progressivement dans un obscurantisme moyenâgeux pour la plus grand satisfaction des écologistes hébétés intellectuellement et pour certains lecteurs assidus de ELLE.

Source : Slate

Allergies alimentaires : un début d’explication …

En Grande-Bretagne et c’est probablement la même situation dans d’autres pays européens, un enfant sur 10 présente des problèmes d’allergie alimentaire et un enfant sur 5 des problèmes d’eczéma. Et il n’est pas difficile d’imaginer à quel point les familles dont les enfants ont ce type de problème sont profondément perturbées dans leur vie quotidienne puisqu’il faut traiter les enfants en permanence et parfois les hospitaliser. Jusqu’à ce jour on pensait que la causalité des intolérances alimentaires dues aux allergies, aux œufs, aux produits lactés ou encore aux arachides venait de l’intérieur, c’est-à-dire des voies digestives et peut-être aussi des bactéries qui colonisent l’intestin. Attention, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, les intolérances alimentaires comme par exemple l’intolérance au lactose ne sont pas des allergies car il n’y a pas de réaction immunitaire au lactose, par contre l’intolérance au gluten est associée à une réaction immunitaire secondaire, ce qui conduit à une certaine confusion dans les esprits et dans le cas présent il est plus clair de parler d’allergies alimentaires. L’hypothèse d’une cause intestinale était également satisfaisante pour également expliquer certaines formes d’eczéma (atopique) puisqu’on a observé que les enfants souffrant d’eczéma avaient dix fois plus de chances de développer des allergies alimentaires. Les allergènes alimentaires sont pour la grande majorité des protéines de natures variées qu’on retrouve dans les arachides et une série d’autres noix, sésame, pécan, pistache, l’ovalbumine, principale protéine constituante du blanc d’oeuf, le lait de vache mais aussi de brebis ou de chèvre, le blé (gluten), les crustacés et enfin le soja. Bien d’autres aliments peuvent contenir des allergènes comme par exemple la tomate ou la fraise mais chaque individu répond différemment aux allergènes selon l’état de son système immunitaire ou encore de prédispositions génétiques. Des biologistes du King’s College de Londres viennent pourtant de démonter que l’hypothèse de l’origine interne (intestinale) de l’eczéma ne pouvait pas être validée après avoir étudié 619 enfants âgés de trois mois encore exclusivement nourris au sein et souffrant d’eczéma et qui n’avaient donc jamais été en contact avec des aliments solides. Outre des tests sur la capacité de rétention de l’eau par la peau, un test classique en cas d’eczéma et des examens microscopiques des lésions eczémateuses des études génétiques ont été effectuées pour déceler d’éventuelles mutations associées à l’eczéma (gène de la filaggrine, une protéine associée à la kératine jouant un rôle majeur dans l’eczéma atopique en cas de déficience). L’équipe du King’s College a alors effectué ce que l’on appelle des « prick tests » pour déterminer à quel allergène alimentaire le plus commun parmi ceux cités plus haut répondaient ces enfants pourtant exclusivement nourris au sein. Curieusement, ces enfants réagissaient par ordre décroissant au blanc d’oeuf, au lait de vache et aux arachides. Comment alors expliquer ces réponses puisque ces enfants n’avaient jamais encore ingéré de tels aliments. L’explication la plus plausible encore en cours de vérification est que l’eczéma amoindrit la barrière cutanée et expose les cellules du derme à ces allergènes, des protéines comme cela a été mentionné, présentes en infimes quantités et transportées par la mère ou d’autres personnes présentes dans le logement où se trouve l’enfant. Le Docteur Carsten Flohr du King’s College le dit en ces termes : « C’est une étude vraiment excitante qui apporte des évidences qu’une barrière cutanée défectueuse (en raison de l’eczéma) peut jouer un rôle central dans l’apparition de ces sensibilités aux aliments chez les bébés qui peuvent ensuite conduire à des allergies aux aliments. (…) La barrière cutanée joue un rôle essentiel de protection contre les allergènes (…) et ces résultats laissent entrevoir la possibilité d’une réduction des risques d’allergies alimentaires en traitant efficacement l’eczéma afin de restaurer le rôle protecteur de la peau. » Il apparaît donc que les allergies alimentaires peuvent se développer avant même que l’enfant se trouve en contact direct avec les aliments « à risques » et qu’il soit alors prédisposé pour développer ensuite ces allergies parfois invalidantes. Note: les « prick tests » sont des injections intradermiques de quantités infinitésimales d’allergènes. Quand une rougeur apparaît au point d’injection, la réaction immunitaire est positive mais doit être confirmée par des tests plus approfondis.

 

Sources : King’s College, nature.com (J. Investigative Dermatology)