L’éthanol : une idée stupide ou un crime – ou les deux ?

L’utilisation accrue de l’éthanol – permise par la levée par le président Biden d’une interdiction estivale des carburants contenant un mélange de 15 % – est une mauvaise réponse aux prix élevés de l’essence et un refus de reconnaître les échecs de l’additif à base d’alcool de maïs. Reuters a décrit l’action du président comme une victoire pour le lobby du maïs, mais tous les autres semblent être des perdants. Lien : https://www.reuters.com/world/us/biden-allow-higher-ethanol-fuel-sales-summer-check-gas-prices-2022-04-12/

Les lacunes de l’éthanol comme solution de rechange à l’essence sont signalées continuellement depuis au moins 2007, lorsque le gouvernement américain a élargi son exigence voulant que les distributeurs mélangent l’éthanol et les carburants afin de réduire leur dépendance au pétrole étranger. L’additif a également été présenté comme un moyen de réduire les émissions de dioxyde de carbone. Liens :https://www.reuters.com/article/environment-un-rights-food-dc/biofuels-could-lead-to-mass-hunger-deaths-u-n-envoy-idUSL1490977120070614

« Le développement des biocarburants présente un grand danger pour le droit à l’alimentation », a déclaré Jean Ziegler, défenseur des droits de l’homme à l’époque. « Elle (le prix) sera peut-être payée par des centaines de milliers de personnes qui mourront de faim ». Un an plus tard, il a qualifié le détournement des cultures vivrières pour alimenter la production d’éthanol de « crime contre l’humanité ». Lien : https://www.france24.com/en/20080414-ziegler-biofuel-crime-against-humanity-global-food-crisis

En 2011, Mr Indur Goklany a écrit que « la loi de l’offre et de la demande dicte » que la production d’éthanol « augmenterait presque inévitablement les prix alimentaires mondiaux » et exacerberait la pauvreté. Il a calculé que 192 000 décès supplémentaires avaient résulté de l’échange nourriture-carburant en 2010. https://www.jpands.org/vol16no1/goklany.pdf

Plus récemment, une vidéo de YouTube a déclaré dans son titre « America Was Wrong about Ethanol ». Le narrateur annonce : « Nous allons expliquer pourquoi l’éthanol à base de maïs est une idée stupide. » https://youtu.be/BvJj1rvaBBI

La vidéo est basée sur une étude de l’Université du Wisconsin, qui déclare : « Nous constatons que la RFS (Renewable Fuel Standard requiring ethanol blending) a augmenté les prix du maïs de 30 % et les prix des autres cultures de 20 %, ce qui, à son tour, a augmenté la culture du maïs aux États-Unis de 2,8 millions d’hectares (8,7 %) et le total des terres cultivées de 2,1 millions d’hectares (2,4 %) dans les années suivant l’adoption de la politique (2008 à 2016) ». https://www.pnas.org/doi/pdf/10.1073/pnas.2101084119

La National Wildlife Federation s’oppose à la RFS parce que l’expansion des terres cultivées empiète sur l’habitat naturel. Les organisations commerciales de l’industrie laitière et des boulangeries se sont opposées aux pressions exercées par RFS sur les prix et les approvisionnements du maïs. Des dizaines d’organisations représentant des millions de personnes ont écrit en faveur de la réforme de RFS. Comme on pouvait s’y attendre, l’augmentation de la superficie agricole a entraîné une augmentation de la pollution agricole. L’étude du Wisconsin, publiée en février par la National Academy of Sciences, fait état d’une augmentation de trois à huit pour cent des polluants de l’eau. 

Selon les chercheurs du Wisconsin, une expansion de la RFS ne promet que la même chose : « Selon nos estimations, pour chaque milliard de gallons par année d’augmentation de la demande d’éthanol, nous nous attendrions à une augmentation de 5,6 % des prix du maïs, de 1,6 % et de 0,4 % dans les secteurs du maïs et des terres cultivées des États-Unis, respectivement, et à une augmentation des émissions de gaz à effet de serre qui en découle, la pollution par les éléments nutritifs et l’érosion des sols. »

L’expansion de l’éthanol par le président Biden réduit le prix actuel à la pompe — s’il y a lieu —, mais elle a pour effet global d’augmenter le coût du carburant de près de 30 cents le gallon. selon le témoignage présenté en février au Comité sénatorial de l’environnement et des travaux publics par Lucian Pugliaresi, président de l’Energy Policy Research Foundation, Inc. 

Les augmentations du prix des crédits que les raffineurs doivent acheter s’ils n’ajoutent pas d’éthanol à leur produit ont contribué à l’augmentation des coûts de production du carburant (effet direct des critères ESG). Depuis l’achat de la raffinerie Trainer près de Philadelphie en 2012, Monroe Energy a dépensé plus d’un milliard de dollars en conformité avec la RFS, soit plus que le prix d’achat de la raffinerie et plus annuellement que presque tous les autres coûts d’exploitation combinés. 

Les crédits qui ont déjà coûté quelques cents chacun devraient augmenter cette année de plus de 2 $, une différence de centaines de millions de dollars par année pour les raffineurs comme Monroe. Certains petits raffineurs ont fermé en raison des pressions économiques de la RFS. Une perversité du programme est que les tiers, y compris les banques de Wall Street et les fonds d’investissement, sont autorisés à acheter et vendre les crédits sur la spéculation, augmentant la demande pour eux. Bref, les spéculateurs font de l’argent sur le dos des producteurs et des consommateurs. 

« Nous avons soulevé des préoccupations au sujet de cette pratique – et de nombreux autres aspects problématiques de la conception du programme RFS – mais jusqu’à présent, nos appels à la réforme du programme sont tombés dans l’oreille d’un sourd », a déclaré Matt McGlaughin, porte-parole de Monroe Energy. 

Le résultat escompté de cette mesure est une baisse des prix à la pompe, mais seulement 2 300 des 150 000 stations-service du pays, soit environ 1,5 p. 100, vendent de l’essence E15, selon une fiche d’information de la Maison-Blanche. De plus, l’éthanol est moins efficace que l’essence, ce qui réduit le kilométrage d’essence et coûte donc plus cher aux consommateurs que l’essence conventionnelle au mille. https://www.whitehouse.gov/briefing-room/statements-releases/2022/04/12/fact-sheet-using-homegrown-biofuels-to-address-putins-price-hike-at-the-pump-and-lower-costs-for-american-families/

Dans son témoignage, M. Pugliaresi a dit : « Nous nous dirigeons vers un monde en grande partie inexploré, rempli d’énormes risques liés aux prix et à la sécurité énergétique […] Attendez-vous à des échecs, à des dépassements de coûts et à des imprévus. » Il a recommandé que la RFS soit conçue pour « résister à un large éventail de défis futurs ». 

Etant donné les résultats il serait avisé de mettre un terme à ce programme.

Article de Gregory Wrightstone paru sur le site townhall.com le 27 mai 2022

Le microbiome intestinal : un ami qui nous veut du bien

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Jamais depuis la découverte de la pénicilline par Alexander Fleming les hommes se sont autant intéressés aux produits chimiques créés par les microorganismes et ce n’est que très récemment que nous avons réalisé leur potentiel sur la santé. L’étude de notre « microbiome » est devenu de ce fait l’un des domaines scientifiques le plus d’actualité car il apparaît qu’un grand nombre de conditions pathologiques sont liées à ce microbiome, que ce soient l’obésité, les maladies cardiovasculaires ou encore la dégénérescence cérébrale. Tout semble être sous la dépendance des microorganismes de notre système digestif.

Cette population microbienne qui inclut des bactéries, des levures, des virus et même des parasites est appelée microbiote. Il est constitué de milliers de milliards de microorganismes, plus que l’ensemble de toutes les cellules vivantes de notre corps et au niveau strictement génétique il est d’une complexité des centaines de fois supérieure à celle de notre génome. Chacune de ces populations constitue de véritables usines chimiques qui puisent leurs matières premières dans notre alimentation et fabriquent une multitude d’autres molécules chimiques comme par exemple des vitamines qui, prises ensembles, nous permettent de contrôler notre système immunitaire, notre métabolisme général et les fonctions de notre cerveau. Et comme nous pouvons par notre alimentation influer sur l’équilibre de ces populations microbiennes ce domaine de recherche biologique est une opportunité immense pour la médecine.

Une récente étude dirigée par les Docteurs Tim Spector et Cristina Menni au King’s College à Londres et parue dans la revue scientifique Nature montre clairement la relation entre ce que nous mangeons, comment les bactéries intestinales traitent cette nourriture et quel est le processus d’accumulation des graisses dans notre corps, en particulier dans notre ventre. Cette étude a consisté à collecter plus de 500 échantillons d’excréments de vrais jumeaux pour mesurer la teneur en plus de 800 métabolites que le microbiote produit. Elle a permis d’identifier quelles molécules chimiques favorisent par exemple l’apparition de l’obésité ventrale. Et dans le cas précis de l’obésité nos propres gènes n’interviennent qu’à hauteur de 20 %, le reste étant sous le contrôle des bactéries de notre système digestif. Entre deux vrais jumeaux il a pu être démontré que le transfert d’excréments fécaux pouvait rétablir chez l’un des jumeaux un déséquilibre de son microbiote vers un profil plus satisfaisant. Cette approche répond au doux nom de thérapie fécale …

L’autre approche pour moduler ce microbiote est l’apport dans l’alimentation de « prébiotiques » contenus par exemple dans des aliments fermentés pour « fertiliser » cette flore intestinale. L’article de Spector et Menni introduit le concept de « postbiotiques », les métabolites spécifiquement produits par le microbiote intestinal, un éventail de molécules chimiques qui a un effet direct sur la santé. Une sorte de « carte d’identité » du microbiote, le « métabolome », a ainsi pu être établie sur la base de la composition en ces postbiotiques des matières fécales. Par exemple la supplémentation alimentaire en omega-3 fait apparaître dans les excréments du carbamyl-glutamate qui présente des propriétés anti-inflammatoires, ce qui était encore inconnu il y a quelques mois.

L’étape suivant cette étude consistera à identifier les métabolites permettant d’aider à la régulation de l’apparition par exemple de l’obésité. Du papier hygiénique spécial permettra de prélever un peu de matière fécale qui pourra être analysée afin d’analyser le « métabolome » et déterminer quel régime alimentaire convenable il faudra choisir pour prévenir l’apparition de l’obésité ou d’autres pathologies. D’ors et déjà il est nécessaire d’avoir une alimentation équilibrée qui favorise un microbiote équilibré et ainsi une meilleure santé générale.

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Pour illustrer le vaste programme de recherches qui se présente il suffit d’examiner comment la cafféine est métabolisée dans l’intestin selon la présence ou non de trois gènes bactériens indiqués dans les symboles figurant dans des ellipses allongées. La cafféine peut être transformée en 6 métabolites différents !

Inspiré d’un article paru dans The Conversation, illustrations : The Conversation et Nature.

Note à l’intention des lecteurs de ce blog : pas de billets mercredi 27 et jeudi 28 juin.

Alimentation et santé : rumeurs et mensonges (2)

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À une époque où les médias et les politiciens nous abreuvent de mensonges – les hackers sont tous russes, Khadaffi était un mangeur d’enfants, la Corée du Nord peut détruire Los Angeles avec une seule bombe, l’Arabie Saoudite n’a jamais financé les djihadistes en Syrie, et que sais-je encore : les ours blancs meurent, le CO2 est toxique, etc – le mensonge est aussi la règle dans la vie quotidienne en particulier en ce qui concerne la santé et l’alimentation. Voici un autre florilège de mensonges et de rumeurs infondées que beaucoup de personnes considèrent pourtant comme une réalité scientifiquement prouvée.

5. Prendre des pilules de vitamines est bon pour la santé

C’est le célébrissime chimiste Linus Pauling, découvreur de la chimie quantique et de la biologie moléculaire qui préconisa à la fin de sa vie l’administration de doses massives de vitamines pour préserver la santé et en particulier la vitamine C. À sa décharge Pauling souffrait de néphrite chronique et cherchait par tous les moyens à se soigner. Malheureusement l’administration massive de vitamine C ne pouvait qu’aggraver son mal. Toutes les études sérieuses publiées au sujet de la supplémentation en vitamines – quelles qu’elles soient – montrent que cette pratique n’a aucun effet sur la santé. C’est de l’argent directement jeté dans les toilettes puisque l’organisme élimine immédiatement le surplus de vitamines dans l’urine. Une alimentation équilibrée et saine apporte quotidiennement l’ensemble des vitamines et des oligoéléments dont nous avons besoin. Une étude parue dans le journal Annals of Internal Medicine en 2013 l’a montré très clairement et a indiqué de surcroit que l’abus de vitamines favorisait l’apparition de certaines formes de cancers. Cette mode infondée des suppléments vitaminiques ne fait qu’enrichir des industriels et des revendeurs sans scrupules.

6. De la bière avant un alcool : jamais malade, l’inverse : une catastrophe

En anglais cet adage se dit : « beer before liquor, never sicker ; liquor before beer, you are in the clear ». En France on retrouve une autre croyance proverbiale : « vin sur lait le coeur gai, lait sur vin le coeur chagrin », mais il ne s’agit pas tout à fait de la même chose. Boire de la bière avant ou après un petit (ou un grand) verre d’alcool ne change strictement rien, ce qui est important est la quantité d’alcool ingérée. Les long-drinks sont plus facilement pris en charge dans l’estomac, il est donc facile de comprendre que boire un verre de whisky après un grand verre de bière soit mieux supporté que l’inverse mais dans tous les cas c’est la dose globale d’alcool qui doit être prise en considération.

Puisque j’ai mentionné le proverbe français à propos du lait et du vin, pour ma part je bois un litre de lait entier chaque matin depuis, depuis je ne sais plus quand … Et j’ai pour habitude de boire dans la foulée une canette de bière bien fraîche – je m’imagine mal buvant un verre de vin rouge à 8h du matin. Je n’ai jamais noté un quelconque désagrément digestif …

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7. On perd 90 % de notre chaleur corporelle par la tête

Quand je regarde un vieux film américain de série B, par exemple avec Humphrey Bogart – un vrai plaisir – tous les acteurs masculins portent un chapeau. Cette mode du chapeau est une mode du passé comme pour les femmes d’ailleurs. La tête est donc une des rares parties du corps toujours découverte et il est normal que de la chaleur corporelle s’en dissipe. Ceci ne veut pas dire que l’on perd 90 % de notre chaleur corporelle seulement par le scalp. Il s’agit tout simplement d’une affirmation fantaisiste. (Thermographie, illustration Wikipedia)

8. Il faut attendre au moins une heure après un repas pour se baigner

La croyance populaire dit que lorsque la digestion vient de commencer après un repas, il y a un afflux de sang au niveau de l’estomac et par conséquent les membres sont moins irrigués et moins bien oxygénés, d’où l’apparition de crampes si on retourne trop vite dans une piscine ou dans la mer. Le ventre plein on peut alors « couler à pic », je crois que c’est l’expression couramment utilisée. L’apparition de crampes musculaires quand on nage est très commune et n’a strictement rien à voir avec une digestion en cours, en tous les cas aucune étude scientifique sérieuse n’a jamais pu établir une relation de cause à effet. Encore une croyance erronée.

Source : Business Insider, suite dans un prochain billet

De quoi se nourrissaient les Néandertaliens

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C’est en analysant très finement quatre fragments de dents d’hommes de Neandertal qu’une équipe internationale sous la direction du Docteur Laura Weyrich de l’Université d’Adélaïde en Australie a pu obtenir une bonne image de l’alimentation de nos cousins éloignés. Deux spécimens provenaient de la grotte de El Sidron en Espagne et deux autres de la grotte de Spy en Belgique. Il ne s’agissait pas de préciser la structure de l’ADN de ces hommes disparus d’Europe il y a environ 40000 ans mais de rechercher des évidences génétiques des bactéries et autres microorganismes formant ce que l’on appelle la plaque dentaire. Les types de bactéries buccales sont en effet un bon reflet de l’alimentation car ils sont différents selon la quantité de viande, de racines ou encore de champignons ingérés et donc en contact avec la bouche. Les hommes de Neandertal apparus en Europe il y a environ 700000 ans, c’est-à-dire bien avant l’ « Out of Africa » de l’homme moderne il y a 100000 ans étaient des chasseurs-cueilleurs et se contentaient de végétaux et de viande.

Les dents provenant de la grotte de Spy ont montré que les néandertaliens de cette région se nourrissaient presque exclusivement de viande, ils étaient des carnivores au même titre que les loups ! Leur menu était constitué de viande de rhinocéros laineux, de renne, de mouflon, de mammouth ou encore de cheval mais ils ne dédaignaient pas quelques champignons pour agrémenter leur mets. Au contraire ceux de la grotte d’El Sidron en Espagne étaient plutôt végétariens et mangeaient des écorces d’arbre, des mousses et autres lichens, des graines de pin (pignons) et des céréales bien que ne connaissant pas l’agriculture. L’un des spécimens de la grotte espagnole indique qu’il souffrait d’un abcès dentaire et les travaux réalisés (voir le lien) ont indiqué que l’individu utilisait des feuilles de saule probablement pour calmer ses douleurs, la feuille de saule étant riche en acide salicylique connue aujourd’hui sous le nom d’aspirine. Une autre indication de pratiques médicinales ancestrales est la présence d’acides nucléiques de Pénicillium, un champignon microscopique bien connu d’Alexander Fleming, retrouvés à El Sidron comme à Spy.

Finalement l’homme de Neandertal qui s’est hybridé avec l’homme moderne entre cent et quarante mille ans avant l’ère présente avait su s’adapter à son environnement et disposait de pratiques médicinales évidentes. Etait-il intelligent, comment vivait-il, pourquoi a-t-il disparu, des questions auxquelles les analyses de plaques dentaires n’apportent évidemment pas de réponses.

Source et illustration Nature, doi 10.1038/nature21674 aimablement communiqué par le Docteur Weyrich qui est vivement remerciée ici.

Note : Les bactéries buccales d’un chimpanzé sauvage, de l’homme de Neandertal et d’un homme moderne sont représentés au niveau des phylums simplifiés, en bleu les bactéries Gram-positives et en rouge et rose les bactéries Gram-négatives. Les autres microorganismes, végétaux et virus sont représentés du jaune au vert et au gris.

La controverse du gluten terminée ?

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C’est une étude parue dans le British Medical Journal qui l’affirme la mode des aliments sans gluten est néfaste pour la santé ! Les aliments sans gluten ne sont préconisés que pour les personnes diagnostiquées sans équivoque comme souffrant de maladie coeliaque, une « allergie » au gluten se traduisant par une inflammation de l’intestin, c’est-à-dire environ 1 à 2 % de la population. Tous les consommateurs qui se sont, par précaution, soumis à une alimentation sans gluten augmentent significativement leur exposition à des maladies cardiovasculaires. L’étude en question (voir le lien) a duré 26 ans et comportait un examen minutieux de l’alimentation de 64714 femmes et 45303 hommes ainsi que l’évolution de leur état de santé durant cette période. Il est apparu que l’alimentation contenant du gluten dans divers aliments – 131 aliments différents furent examinés – conduisait à une réduction des risques cardiovasculaires. Toutes les études antérieures de ce type s’étaient focalisées sur les personnes souffrant de maladies coeliaques et ne consommant ni de céréales entières (non raffinées pour ne plus contenir de gluten), ni d’autres aliments préparés à partir de blé, de seigle ou d’orge. Or la corrélation entre fréquence des maladies cardiovasculaires et absence de gluten dans l’alimentation n’a pas pu être établie.

Il ressort donc que les céréales (orge, seigle et blé) raffinées afin de ne plus contenir de gluten sont plutôt mauvaises pour la santé des personnes ne souffrant pas de maladie coeliaque : encore une rumeur infondée que cette étude a parfaitement bien mise en doute.

Source BMJ, doi : 10.1136/bmj.j1892

Crise climatique : une taxe-carbone sur l’alimentation ?

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Avant d’entrer dans le vif du sujet de ce billet il est opportun de faire un petit rappel sur la composition de l’atmosphère. L’air sec est constitué de 78 % d’azote, de 21 % d’oxygène et 0,9 % d’argon. Le reste, soit 0,1 % du total représente des gaz dont la vapeur d’eau sous forme de traces. Si la vapeur d’eau au niveau des océans dans les zones tropicales peut atteindre une teneur de plus de 4 % il n’en est pas de même au dessus des terres et en altitude où l’air est essentiellement sec. Les nuages ne sont pas de la vapeur d’eau sous forme de gaz mais de fines gouttelettes d’eau ou des cristaux de glace. La contribution de la vapeur d’eau à l’effet de serre (encore faut-il prouver que ce phénomène physique existe réellement) est de ce fait pratiquement réduite à peu de chose.

Restent les fameux gaz à effet de serre tant décriés pour culpabiliser l’ensemble des bipèdes de la planète Terre. Le gaz carbonique (CO2) ne représente que 0,04 % de la composition de l’atmosphère. Quant aux autres gaz classés dans la catégorie « effet de serre » le méthane représente 0,00018 % des gaz atmosphériques, pas de quoi fouetter un chat et l’oxyde nitreux (N2O), ça vient de sortir, c’est aussi un horrible gaz à effet de serre qui met le climat en danger, il représente 0,000032 % de l’ensemble de l’atmosphère, vous avez bien lu, il n’y a pas de zéro subrepticement glissé dans ce nombre infinitésimal. Là aussi pas de quoi se faire nerveux.

Néanmoins, devant ces données d’une limpidité indiscutable, des activistes viennent d’imaginer qu’il fallait taxer tous les aliments dont la production contribue à l’accroissement du taux de gaz à effet de serre atmosphériques, une sorte de taxe-carbone sur l’alimentation ! Je n’invente rien, c’est l’Oxford Martin Programme sur le futur de la nourriture qui vient de sortir l’idée ( http://www.futuroffood.ox.ac.uk ) et c’est tout simplement délirant. Il faut absolument taxer la viande et les produits laitiers ainsi que les oeufs, ce sont des aliments dont la production relargue des quantités « massives » de méthane et de CO2 dans l’atmosphère pour les bovins, des oxydes d’azote pour les fientes de poulets et c’est très mauvais pour le climat. Les enfants mal-nourris apprécieront, eux pour qui un verre de lait est parfois leur seul repas. Il y a un enfant sur six souffrant de malnutrition aux USA et plus de 60 millions de personnes bénéficient de tickets d’alimentation pour survivre dans ce pays ! Faudra-t-il aussi surtaxer le vin, le champagne, le whisky et la bière (qui dégagent du CO2 lors de la fermentation des moûts sucrés) ainsi que les sodas dans lesquels on rajoute du CO2 qui part finalement dans l’atmosphère ? L’Oxford Futur of Food Program ne le dit pas …

Sources : wattsupwiththat.com pour les données atmosphériques et Oxford University, lien ci-dessus.

Un sombre histoire de sucre

Il y a 50 ans presque jour pour jour une équipe de médecins biologistes de l’Université d’Harvard aux USA publia une revue bibliographique mettant en cause les acides gras et le cholestérol dans les maladies cardiovasculaires et dédouanant les sucres, en particulier le sucre de betterave ou de canne. Cette étude fut commandée par la très puissante Fondation pour la Recherche sur le Sucre (Sugar Research Association, SRA) basée comme par hasard à Washington. Il s’agit aux USA d’un des plus puissants lobbys, après naturellement celui de l’armement, et qui a ses entrées directement au Congrès et la porte de la Maison-Blanche lui est ouverte. Alors qu’en 1965 une équipe de biologistes avait clairement montré que le fructose, l’un des éléments constituant le sucre de table (la structure cyclique à 5 atomes), qu’il provienne de betteraves ou de canne, favorisait l’élévation des taux de cholestérol et de triglycérides dans le sang en provoquant dès lors des accidents cardiovasculaires, la SRA finança ces biologistes d’Harvard pour réfuter fermement les résultats émanant de l’Université du Minnesota.

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Les biologistes de l’Université du Minnesota avaient comparé l’état de santé des personnes ne mangeant que très rarement du sucre de table et se contentant de pommes de terre ou de pain pour leur apport en carbohydrates avec ceux qui abusaient de sucreries en tous genres. Ils se rendirent compte très rapidement et sans équivoque que le fructose était la source de tous ces maux.

Le principe de cette action anti-scientifique par nature de la Sugar Research Association était que les corps gras, le cholestérol et les acides gras insaturés avec les oeufs, la viande grasse et le beurre, étaient nocifs pour la santé et que réduire l’apport en corps gras pouvait parfaitement être pallié par une consommation plus élevée de sucre de table afin de remédier au déficit calorique d’un régime alimentaire pauvre en graisses. Les calculs prospectifs de la SRA mentionnaient une augmentation possible de 30 % de la consommation de sucre. Les travaux de Peter Kuo et David Bassett qui incriminaient le fructose, parus dans les Annals of Internal Medicine en 1965, furent mis promptement sous le tapis dans la revue commandée et financée par la SRA. Un autre article parut pourtant au début de l’année 1966 dans la revue Clinical Nutrition, des travaux dirigés par le Professeur Willard Krehl, qui confirmaient que le sucre de table est nocif car il induit une augmentation du taux de cholestérol dans le sang en raison encore une fois de la présence de fructose. La SRA demanda aux coauteurs de la revue bibliographique qu’ils finançaient de modifier in extremis leur texte afin qu’il paraisse dans les temps pour pouvoir influer sur les décisions de la FDA relatives aux directives nutritionnelles qui devaient être rendues publiques à brève échéance. La revue parut en deux parties dans le New England Journal of Medicine (NEJM) au tout début de l’année 1967 et rassemblait un tissu éhonté d’affirmations mensongères qui constituèrent rapidement la doxa tant auprès du corps médical, nutritionnistes compris, que dans les sphères gouvernementales et médiatiques, surtout médiatiques, sous la pression incessante de la SRA.

L’avenir du sucre était assuré. Aucun pays dans le monde n’osa remettre en cause l’article paru dans le NEJM qui faisait et fait toujours autorité en matière de santé et de médecine. La plupart des pays développés n’osèrent même pas contester les décisions de la FDA relatives aux « directives nutritionnelles » largement inspirées de documents issus de la Sugar Research Association !

Bien que le fructose ait été reconnu comme néfaste pour la santé dès l’année 1965 la Sugar Research Association, en étroite collaboration avec, cela va de soi, les compagnies Coca-Cola, Pepsi et General Food, promut dans les années 1990 les avantages du sirop de sucre enrichi en fructose en raison de son pouvoir sucrant comme s’il fallait aggraver la situation sanitaire de centaines de millions de personnes de par le monde … puisqu’ils savaient que le fructose est nocif comme les cigarettiers savaient que la fumée était cancérigène. L’histoire du fructose est révélatrice des pratiques scandaleuses de la Sugar Research Association. Le sucre obtenu à partir du maïs échappe aux conditions fiscales contraignantes relatives au sucre de betterave ou de canne. De ce fait les producteurs de sirops sucrés réalisent encore plus de profits sans se soucier un instant de la santé des consommateurs. Il s’agit d’un des plus grands scandales sanitaires de ces 50 dernières années et dont les conséquences se feront sentir pendant encore de nombreuses années avec une épidémie d’obésité, de maladies cardiovasculaires et de diabète … On ne change pas les habitudes alimentaires de peuples entiers en un clic, il faut deux générations pour que la prise de conscience soit suivie d’effet.

Source : JAMA Network et STAT

Note 1 : Le lièvre, si l’on peut dire, fut levé par une ex-dentiste, le Dr Cristin Kearns, qui alla fouiner dans les archives de l’Université d’Harvard, inquiète de l’état de santé dentaire de ses patients qui consommaient tous trop de sucre. Un grand nombre d’entre eux souffraient également de problèmes cardiaques et d’obésité …

Note 2 : Ayant écrit ce billet le 18 septembre, j’ai eu la surprise de constater que le site Contrepoints que je lis chaque jour et qui republie parfois certains de mes billets avait mis en ligne le 20 septembre (hier) un article intitulé « L’industrie du sucre sape notre santé » sous la plume d’une certain Charles Boyer. Je pense que cet auteur a eu accès aux même sources d’information et n’a même pas pris la peine de relater le détail des intrigues menées par la SRA. J’ajoute que citer le Daily Mail au sujet des statines ou encore de faire référence à un reportage de LCI démontrent la médiocre qualité de cet article. Il est bien connu que ce quotidien anglais fait partie de la presse de caniveau et que les programmes de LCI sont scrutés par les représentants des intérêts financiers américains actionnaires de TF1 !

Note 3 : Enfin, pour les curieux le fructose aboutit inexorablement dans la voie de dégradation des sucres vers l’acétyl-coenzyme A qui ne peut être utilisé que pour produire de l’énergie sous forme d’ATP ou synthétiser des acides gras et du cholestérol quand les besoins en énergie réorientent le métabolisme vers cette voie. C’est la raison pour laquelle ce sucre est toxique quand il est ingéré à hautes doses comme avec les sodas et autres pâtisseries industrielles et que l’on ne se livre pas à des exercices physiques quotidiens suffisants. C’est aussi simple à comprendre que cela, pour un (ancien) biologiste, naturellement.

Malbouffe industrielle = maladies cardiovasculaires

Je retranscris ici l’interview d’un cardiologue américain qui fait un peu froid dans le dos en raison de la tournure qu’a pris la société en général et en particulier nord-américaine au sujet de la mauvaise nourriture et de la « mauvaise science ». Les effets particulièrement néfastes des « conseils en diététique » a finalement abouti en une cinquantaine d’années avec parallèlement le développement hors de contrôle de l’alimentation industrielle à un véritable désastre sanitaire qui s’est répandu à l’échelle planétaire. Voici, retranscrit aussi fidèlement que possible l’interview par Disclose.TV du Docteur Dwight Lundell.

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Nous médecins, avec toutes nos études, nos connaissances et notre autorité, il nous arrive souvent d’atteindre un large « ego » qui fait que parfois il nous est difficile d’admettre que nous avons fait erreur. C’est comme ça et j’admets avoir été moi-même dans l’erreur. En tant que chirurgien spécialisé dans la chirurgie cardiaque avec plus de 25 ans d’expérience, j’ai réalisé plus de 5000 interventions sur cœur ouvert et aujourd’hui le jour est venu de reconnaître que j’ai été dans l’erreur en regard des évidences scientifiques et médicales.

Pendant des années, j’ai fait partie des médecins qu’on peut qualifier de « faiseurs d’opinion ». Submergés de littérature scientifique, assistant sans arrêt à des séminaires de formation, nous, faiseurs d’opinion, avons finalement insisté sur le fait que les problèmes cardiaques étaient la simple résultante de taux trop élevés de cholestérol sanguin. La seule approche acceptable était qu’il fallait prescrire des médicaments susceptibles de réduire ce taux de cholestérol et d’imposer aux patients un régime sévèrement restreint en graisses. Le résultat serait une décroissance du cholestérol sanguin et donc une réduction des maladies cardiaques. Toute déviation à ces principes de praticien fut considérée naturellement comme une hérésie et une mauvaise pratique médicale.

Et pourtant ça n’a jamais marché !

Ces recommandations ne sont plus défendables ni sur le plan scientifique ni sur le plan moral. La découverte, il y a quelques années que l’inflammation de la paroi artérielle est la cause primaire des maladies cardiaques a progressivement conduit à reconsidérer la manière de traiter les maladies cardiaques ainsi que d’autres maladies liées à des mécanismes inflammatoires similaires. Les recommandations diététiques longuement imposées aux malades ont au contraire favorisé de véritables épidémies d’obésité et de diabète dans de telles proportions qu’aucune des épidémies infectieuses passées (par exemple la peste) n’a atteint un tel niveau de mortalité, de souffrance et de coût pour la société. En dépit du fait que 25 % de la population est actuellement sous traitement médicamenteux avec des statines coûteuses et en dépit également du fait qu’on a réduit la teneur en graisses des aliments, encore plus de personnes meurent chaque année de problèmes cardiaques graves !

Aux USA seulement les statistiques indiquent que 75 millions de personnes souffrent de problèmes cardiaques, 20 millions de diabète et 57 millions de pré-diabète. Ces pathologies affectent chaque année de plus en plus de personnes de plus en plus jeunes.

Pour dire les choses clairement, sans inflammation, il est impossible que du cholestérol puisse s’accumuler sur les parois artérielles et être la cause de problèmes cardiaques et d’AVC. Sans inflammation le cholestérol se déplacerait librement dans notre corps comme la nature l’a voulu. C’est l’inflammation qui piège le cholestérol. L’inflammation ce n’est pas compliqué, c’est une réaction naturelle de notre organisme à une agression extérieure comme une piqûre d’insecte, une bactérie, une toxine ou un virus. Il s’agit d’une protection parfaite contre ces envahisseurs bactériens ou viraux. Cependant si nous nous exposons de manière répétée à des toxines ou certains types de nourriture notre corps, notre organisme tout entier qui n’a jamais été habitué à gérer ce type de situation va se trouver en état d’inflammation chronique. L’inflammation chronique est aussi dangereuse que l’inflammation en réponse à une piqûre d’insecte ou une attaque virale est utile pour l’organisme.

Quelle personne censée osera s’exposer de son plein gré de manière répétée à des substances connues pour créer des dommages dans son corps. Les fumeurs, peut-être, mais ils ont fait ce choix ! La grande majorité de la population a simplement suivi les recommandations diététiques majoritairement reconnues et quasiment prêchées qui sont qu’une alimentation pauvre en graisses, enrichies en acides gras polyinsaturés et en sucres, réduit les risques cardiovasculaires et tout ça en ignorant que ce genre de régime favorise l’apparition d’inflammations répétées des artères. Cette situation conduit à des phénomènes inflammatoires chroniques favorisant les maladies cardiovasculaires, les AVCs, le diabète et l’obésité.

Permettez-moi de répéter ceci : les dommages et l’inflammation de nos vaisseaux sanguins sont causés par les régimes pauvres en graisse recommandés pendant des années par la médecine main-stream. Quels sont les principaux responsables de l’inflammation ? C’est très simple, c’est l’abus de carbohydrates simples traités industriellement (sucre dont le fructose, farine modifiée industriellement et tous les produits dérivés) et l’excès concomitant d’huiles végétales riches en omega-6 telles que l’huile de soja, l’huile de maïs ou encore l’huile de tournesol qui se retrouvent dans une multitude de nourritures et plats industriels.

Pour se faire une idée de ce qui se passe, brosser de manière répétitive une peau sensible à l’aide d’un scotch-brite, celle-ci devient rouge et au pire va saigner et faites ça plusieurs fois par jour, tous les jours pendant 5 ans ! Si vous avez pu tolérer un tel traitement de votre peau, au final vous vous mettrez à saigner, il y aura des inflammations, des infections et ça deviendra de pire en pire. Cette comparaison est parfaite pour décrire ce qui arrive en ce moment même dans votre corps. Quel que soit l’endroit où le processus d’inflammation apparaît dans le corps, superficiellement ou à l’intérieur, c’est la même chose. Durant ma carrière de chirurgien j’ai examiné l’intérieur de dizaines de milliers d’artères. Une artère malade, c’est ça, un tube brossé à l’intérieur plusieurs fois par jour, tous les jours, la mauvaise nourriture qu’on ingère créé de petites blessures qui deviennent de plus grandes lésions entrainant l’organisme à une réponse inflammatoire continue devenant chronique.

Quand nous savourons un pâtisserie, notre organisme tire la sonnette d’alarme comme si un envahisseur étranger arrivait pour nous déclarer la guerre. Les aliments surchargés en sucres simples (dont du fructose) ou cuits avec des omega-6 pour qu’ils puissent rester longtemps sur les linéaires des super-marchés ont constitué durant ces soixante dernières années la règle de la nourriture nord-américaine (et plus récemment australienne et européenne). Ce type de nourriture a lentement empoisonné tout le monde !

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Comment une barre chocolatée peut-elle créer une cascade d’inflammation pour vous rendre vraiment malade ?

Quand on mange des sucres simples, glucose et fructose, le taux de sucre sanguin augmente rapidement et en réponse le pancréas sécrète de l’insuline qui va favoriser la répartition du sucre dans toutes les cellules où il sera stocké comme source d’énergie (sous forme de glycogène). Si la cellule est rassasiée et n’a pas besoin de sucre, il est rejeté pour éviter qu’un apport supplémentaire de sucre vienne annihiler l’ensemble du processus. Quand les cellules rejètent le sucre dans le sang, le taux circulant augmente et entraine encore plus de production d’insuline et finalement le glucose est converti en graisses. Qu’est-ce que tout ça a à voir avec les phénomènes d’inflammation ? Normalement le taux de glucose dans le sang est très finement régulé. Les molécules de sucre en excès se font attacher sur toutes sortes de protéines qui en retour endommagent la paroi des vaisseaux sanguins et un tel traitement répété conduit à une inflammation. Si vous soumettez vos vaisseaux sanguins à des bouffées répétées de sucre, plusieurs fois par jours, chaque jour, c’est exactement comme si vous faisiez passer de la toile émeri à l’intérieur de ces délicats petits tubes. Même si vous ne vous en rendez pas compte, soyez assuré que c’est exactement comme ça que ça se passe. J’ai vu ça pendant 25 années de ma carrière, tous mes patients partageaient les mêmes symptômes, des inflammations de leurs artères.

Revenons donc à la barre chocolatée. Cette confiserie innocente non seulement contient des sucres mais elle a été préparée avec au moins l’une des huiles utilisées industriellement comme de l’huile de soja riche en omega-6. Les chips et les pommes de terre frites sont plongées dans de l’huile de soja, toutes les préparations culinaires industrielles sont produites avec des huiles riches en omega-6 pour prolonger leur conservation. Si les omega-6 sont essentielles à la vie, elles doivent se trouver dans l’alimentation dans une proportion correcte avec les omega-3. S’il y a trop d’omega-6 dans l’alimentation, l’architecture des membranes cellulaires est perturbée et les cellules commencent à sécréter des substances chimiques appelées cytokines qui sont la cause première des inflammations. Un nourriture saine et équilibrée ne devrait renfermer que trois fois plus d’omega-6 que d’omega-3, or la production industrielle de nourriture fait que ce rapport omega-6 / omega-3 atteint couramment 15 à 30. Et pour aggraver encore plus la situation cette nourriture déséquilibrée surcharge les cellules adipeuses qui sécrètent alors de grandes quantités de substances au pouvoir inflammatoire qui amplifient les dégâts sur les artères. Le processus initié par les barres chocolatées se transforme en un cercle vicieux qui aboutit à des problèmes cardiaques, une tension artérielle élevée, du diabète et finalement à des maladies neurodégénératives tandis que l’inflammation chronique continue à s’amplifier.

Il n’y a aucune chance que l’organisme puisse échapper à cette agression car il n’est pas préparé pour gérer des nourritures industrielles imprégnées de sucres et d’huiles riches en acides gras omega-6.

Il y a pourtant une solution pour réduire ce processus d’inflammation, revenir à des nourritures saines et naturelles. Pour construire des muscles, mangez de la viande. Choisissez des carbohydrates complexes qu’on trouve dans les fruits et les légumes. Bannissez toute nourriture industrielle contenant des acides gras omega-6 comme les huiles de soja, de maïs ou de tournesol. Une cuillère d’huile de maïs contient 7,2 mg d’omega-6 et une cuillère d’huile de soja en contient 6,9 mg, utilisez plutôt de l’huile d’olive ou du beurre ! Les graisses animales contiennent moins de 20 % d’omega-6 et sont infiniment moins dangereuses que ces huiles végétales riches en acides gras polyinsaturés considérées comme bénéfiques pour la santé. Oubliez la « science » qu’on vous a imposé depuis des décennies. Cette « science » qui dit que les acides gras saturés sont mauvais pour le cœur est inexistante. Cette « science » qui dit que les acides gras saturés favorisent l’élévation de cholestérol n’est pas étayée par les faits. Depuis qu’on sait que ce n’est pas le cholestérol qui est la cause des maladies cardiaques cette « science » est encore plus absurde ! Cette théorie du cholestérol a conduit à ces recommandations d’utilisation de nourriture pauvre en graisses qui sont à la base des inflammations des artères. La médecine consensuelle a fait une énorme erreur. Retournez aux vieilles recettes de cuisine de nos grand-mères, oubliez les plats industriels préparés et prêts à être réchauffés, les pâtisseries industrielles et autres produits congelés prêts à l’emploi des rayons des supermarchés, votre santé cardiaque et cérébrale ne s’en trouvera qu’améliorée.

Source : Disclose.TV

Le Docteur Lundell (Meza, Arizona), fort des arguments de la « vraie » science médicale, fait les recommandations suivantes : consommer plus d’acides gras essentiels, en particulier des omega-3 dont les sources principales sont les poissons et les algues marines. Il s’agit de l’acide eicosapentaenoïque (EPA) et de l’acide docosahexaenoïque (DHA). Enrichir parallèlement la nourriture avec de l’acide linoléique (CLA) conjugué. C’est un acide gras essentiel que nous sommes incapables de synthétiser et qu’on trouve dans tous les produits laitiers et la viande. Les omega-3 sont des anti-oxydants, ils augmentent la sensibilité à l’insuline, ont des propriétés anti-inflammatoires et agissent en synergie avec l’acide linoléique. Une petite dose d’aspirine quotidienne permettra d’accélérer le retour à la normale sans pour autant nuire à la santé. Diminuer la consommation de sucres en particulier tous les aliments contenant du sirop de maïs enrichi en fructose, éliminer de sa cuisine les huiles et graisses hydrogénées qu’on retrouve dans la margarine, les plats commerciaux cuits et la nourriture frite des restaurants. L’huile d’olive, les graisses animales et l’huile de coprah sont infiniment plus saines et enfin avoir une vie saine dans tous les sens du termes, c’est-à-dire de l’exercice physique et pas de stress.

Il faut ajouter enfin qu’une modification imposée par les instances régulatrices des méthodes de production de l’alimentation industrielle ce n’est pas pour demain car le lobby de l’industrie agro-alimentaire est extrêmement puissant et ne manquera pas d’influencer encore une fois le monde politique alors qu’il y a véritablement une urgence sanitaire au niveau de tous les pays développés et de certains pays en développement. Le scandale des statines et la malbouffe sont donc liés pour, au final, détruire la santé de chacun de ceux qui par facilité et faux confort sont pris au piège de la malbouffe …

Note : les acides gras « omega-6 » se retrouvent majoritairement dans les huiles végétales : tournesol, colza, maïs, palme, soja, sans oublier l’huile extraite des graines de coton qui représente jusqu’à 30 % des huiles dites végétales. Il ne faut pas confondre les acides gras omega-6 et les huiles végétales partiellement hydrogénées enrichies en acides gras « trans ». Les acides gras « trans » sont directement impliqués dans les processus inflammatoires artériels et sont reconnus depuis peu (15 juin 2015) comme dangereux pour la santé. Les acides gras trans se retrouvent en particulier dans la margarine. Les produits contenant des acides gras trans devraient être totalement interdits au cours des trois années à venir mais gageons dès à présent que la situation ne se clarifiera pas aussi facilement car les enjeux industriels et économiques sont considérables, au détriment naturellement de la santé publique.

Retour aux origines ! Insectarien c’est très « tendance » !

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Régresser ? Non pas, mais retourner aux origines comme quand nos lointains ancêtres, à défaut de gibier, se nourrissaient de sauterelles ou de larves de termites selon l’endroit qu’ils avaient choisi pour vivre. Le rêve de Greenpeace, un monde sans élevages industriels, sans viande plus ou moins artificielle comme les chicken nuggets, sans colorants, sans rehausseurs de goût ni conservateurs, sans pesticides. Et c’est la nouvelle mode, « tendance », « in », manger des insectes, n’importe lesquels, ils sont presque tous bons pour la santé et … l’environnement. De plus ces bestioles se reproduisent à une vitesse astronomique, il y en a de partout, du vrai renouvelable, en un mot de l’écolo « durable » puisque la biomasse coléoptérique ou hémiptérique serait très supérieure à la biomasse humaine sur notre planète. Certes toutes ces petites bêtes dégagent du CO2 mais infiniment moins qu’un bœuf ou un cochon, ce n’est donc que du bonheur !

Même l’Organisation des Nations-Unies, le temple de la bien-pensance dans de nombreux domaines, a déclaré que les insectes étaient bons pour la santé et l’environnement. Les insectes n’ont pas attendu les déclarations de l’ONU pour coloniser la terre entière y compris les quelques 2000 d’entre eux déclarés bons pour la santé. Je ne sais pas si je vais me décider à supprimer le bacon qui accompagne mes œufs au plat du petit-déjeuner par un petit tas de sauterelles grillées, ce serait pourtant tellement écolo-compatible ! Je me souviens m’être risqué à manger des « cucarachas » à Tijuana. Il s’agissait en fait d’un truc craquant sous la dent entouré de chocolat noir, une petite barre protéinée au chocolat, rien à voir avec cette saloperie toxique de Kit-Kat, mais un bon gros cafard noir comme il en pullule en Californie grillé sur une poêle à frire sans matière grasse ajoutée et trempé dans du chocolat fondu … Après tout on mange bien des crevettes, des escargots et des grenouilles (du moins les Français) alors pourquoi pas des insectes !

La mode écolo fait donc fureur dans ce nouveau domaine de la gastronomie et toutes sortes de petites sociétés fleurissent et prospèrent en proposant des poudres d’insectes, des barres chocolatées aux insectes, des biscuits à la poudre d’insectes, des boissons énergisantes à la poudre de grillon (voir photo ci-dessous) et ce business d’un genre nouveau fait fureur dans les fitness-clubs et les bars branchés de New-York ou de San Francisco parce qu’on est là dans le vrai écolo durable et renouvelable, du solide, du tangible, pas de la théorie fumeuse. Plus besoin de redouter la présence d’antennes ou de pattes, c’est broyé, c’est nature et c’est bon pour la santé : pas beaucoup de sucre, des fibres, que des bons acides gras et une teneur en protéines défiant toute concurrence ! Cent grammes de poudre de grillon c’est 13 grammes de protéines alors qu’un œuf ne contient que 7 grammes de protéines, que du bonheur je vous dis ! La société Exo (exoprotein.com) propose pour 36 dollars 12 barres chocolatées fourrées à la poudre de grillon. Chaque barre contient 10 grammes de protéines de grillon (cricket en anglais à ne pas confondre avec le criquet, l’une des plaies bibliques d’Egypte) mais la bonne vieille sauterelle ferait tout aussi bien l’affaire. Les fourmis et les larves de termites vont bientôt concurrencer le grillon pourtant très facile à élever.

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Bref, il faut néanmoins ne pas trop s’aventurer à récolter soi-même ses propres insectes lors d’une promenade champêtre car certains d’entre eux sont toxiques et enfin la société Exo met en garde l’amateur de poudre de grillon, l’organisme doit prendre le temps de s’accoutumer à ce nouvel aliment, donc pas de précipitation non plus, même si on est très pressé de collaborer concrètement au développement durable écolo-approuvé et labellisé par Greenpeace avec une pastille verte ou le WWF avec un petit panda. René Redzepi, chef au restaurant Noma du Claridge de Londres s’est risqué à proposer des fourmis vivantes à la crème fraiche, une mise en appétit avec une coupe de Laurent Perrier millésimé … On n’est plus vraiment dans l’écolo-compatible mais tout est permis si c’est « tendance ». Bon appétit !

Liens : http://www.bloomberg.com/news/2012-07-30/london-cocktail-marathon-awaits-olympics-drinkers-review.html

https://legacy.trycelery.com/shop/chirps

Obésité, le cas des îles Cook et de Nauru

NAURU SHOOT JULY 2007

Je suis tombé par hasard sur un article paru dans la revue « Public Health Nutrition » datée du mois d’août qui décrit l’influence des facteurs externes à l’organisation sociétale traditionnelle favorisant l’apparition de l’obésité. Le cas des îles Cook et de Nauru constitue un extraordinaire laboratoire pour apprécier cette influence. L’obésité est une véritable calamité dans les nations îliennes, que ce soit dans les Caraïbes ou dans le Pacifique. Dans les îles du Pacifique, l’indice de masse corporelle (BMI) s’est accru de 6kg par mètre carré entre 1980 et 2008. L’indice de masse corporelle, pour rappel, est le quotient du poids exprimé en kg par le carré de la taille exprimée en mètres. Il y a d’autres paramètres pour quantifier l’obésité comme le tour de taille ou le tour de hanche mais l’étude relatée ici s’est focalisée sur le BMI. Ces îles sont devenues très dépendantes des importations de denrées alimentaires pour diverses raisons sociétales.

La population de Nauru atteint à peine dix mille habitants et l’exploitation minière du phosphate de cet atoll a réduit la surface cultivable de manière dramatique. Après la première guerre mondiale, Nauru passa de l’administration allemande à celle de la Couronne britannique qui mandata l’Australie pour y détacher un Haut Commissionnaire. Les Australiens se frottèrent les mains puisqu’ils pouvaient continuer à exploiter le phosphate pour fertiliser leurs terres. L’Australie acheta le phosphate de Nauru à prix coûtant jusqu’en 1968 quand ce micro-état accéda à l’indépendance. Jusqu’à l’indépendance il y avait à Nauru autant d’expatriés que d’indigènes et cette situation devint encore plus marquée après l’indépendance puisque le statut de paradis fiscal du pays attira un grand nombre d’investisseurs, de banquiers et d’importateurs en tous genres et la dette du pays s’amplifia considérablement avec le déclin annoncé des ressources minières. Mais l’influence occidentale avait profondément modifié l’organisation traditionnelle de la société indigène avec l’introduction de l’ensemble des « bienfaits » occidentaux y compris les fast-foods, les supermarchés et la télévision.

L’archipel des Cook, une quinzaine de petites îles, compte également une dizaine de milliers d’habitants. Les Cook étaient un protectorat anglais depuis le XIXe siècle et acquirent leur indépendance en 1965. La principale source de revenu du pays est maintenant le tourisme, le coprah étant tombé en désuétude en raison du coût insensé de l’exploitation des noix de coco. Je rappelle à mes lecteurs que le coprah nécessite le ramassage des noix tombées au sol. Il faut ensuite les casser, extirper manuellement la pulpe puis la sécher au soleil plusieurs jours sur des claies aménagées de telle manière qu’on puisse les protéger avec un haut-vent mobile en cas de pluie soudaine et enfin les presser pour en tirer l’huile. L’industrie touristique requiert une sorte de reconstitution locale des besoins des touristes habitués dans leur pays à des modes de vie éloignés des modes de vie traditionnels des îliens et cette évolution a naturellement entrainé une modification profonde du mode de vie des indigènes. Comme pour Nauru, de nombreuses chroniques et études ethnologiques sont disponibles et ont permis d’établir des comparaisons entre le mode de vie ancestral et la situation actuelle. Le développement alarmant de l’obésité dans ces îles a fait l’objet de toutes sortes d’hypothèses pour certaines complètement farfelues comme par exemple la nécessité d’accumuler des réserves caloriques pour aller en pirogue à rames d’île en île afin de commercer ou encore de faire face aux périodes de famine. Certaines îles du Pacifique sud étaient très dépendantes de la production de l’arbre à pain, or cette production végétale n’est pas constante et il faut pourvoir aux besoins alimentaires lorsque l’arbre ne produit pas de fruit, environ six mois par an. On ne trouve pas de fruit d’arbre à pain sur les linéaires des super-marchés occidentaux mais je peux affirmer à mes lecteurs que l’un des plus extraordinaires mets qu’il m’a été donné de déguster est une purée d’arbre à pain mélangé avec du lait de coco pour accompagner une carangue grillée …

Bref, la civilisation occidentale a donc bousculé les habitudes alimentaires des îliens ainsi que leur structure sociale tribale ancestrale et ce ne sont ni les prédispositions génétiques ni leur isolement qui a favorisé l’apparition de diabète et de désordres pondéraux. A Nauru les fruits du pandanus, très riches en amidon, ont été délaissés, le fruit de l’arbre à pain fermenté également alors que ces productions locales permettaient aisément de subsister. Aujourd’hui ces micro-états sont devenus totalement dépendants des importations de nourriture frelatée. La consommation de poisson cru a pratiquement disparu au profit de thon en conserve conditionné dans une huile dont on ignore le plus souvent l’origine précise.

L’arrivée des Occidentaux a enfin modifié l’attitude ancestrale du partage de la nourriture et des biens. Dans la plupart des îles du Pacifique, la notion de propriété est un concept plutôt vague car la terre est un bien communautaire et les produits des jardins est par voie de conséquence communautaire. On est accueilli dans un village et on vous invite à partager le repas communautaire car personne n’est « propriétaire » de la nourriture disponible. Les missionnaires et la scolarisation ont joué un rôle loin d’être négligeable dans cette évolution en occidentalisant le mode de vie traditionnel et les rôles de la famille, du clan et du chef de village ont finalement disparu au profit d’une culture de consommation, d’asservissement par la télévision et ses publicités incessantes vantant des boissons ou des pâtisseries hautement préjudiciables à la santé disponibles dans n’importe quel petit supermarché. Il est tellement plus facile de se nourrir à peu de frais et peu d’efforts physiques en achetant des mets industriels importés ! Le désœuvrement chronique a également joué un rôle dans l’apparition de l’obésité dans ces îles malgré quelques timides tentatives de sensibilisation dans les écoles et les mairies. Les habitants ont fini par délaisser leurs jardins en forêt et sont devenus progressivement complètement dépendants des importations de nourriture.

En conclusion, la modification fondamentale des habitudes de vie apportée par les Occidentaux dans ces îles a conduit à une dégradation généralisée de l’état de santé des indigènes malgré des campagnes soutenues pour promouvoir l’exercice physique, le retour aux aliments traditionnels et une hygiène de vie en général. Le mal est fait et cette étude est une démonstration incontestable de ce que peut déséquilibrer puis finalement détruire l’introduction de nouveaux modes de vies dans de petites communautés. Om peut presque comparer ce phénomène à l’introduction de plantes étrangères comme certaines lianes qui finissent par venir à bout de pans entiers de forêt tropicale en asphyxiant de grands arbres qui résistaient pourtant aux cyclones ravageurs coutumiers dans ces régions …

Source : Public Health Nutrition ( doi:10.1017/S136898001400175X ) illustration : habitants de Nauru.