Quel Français a prédit la marchandisation de la santé il y a près d’un siècle ?

On assiste aujourd’hui avec la crise coronavirale qui a amplifié le phénomène une marchandisation de la santé. Par expérience personnelle, ayant vécu de près la manière dont on traitait les sujets à l’hôpital dans l’île de Tenerife lorsque je fus suspecté de souffrir d’une tumeur cancéreuse de la prostate : c’était une course effrénée aux diagnostics techniques coûteux tels que, je les énumère, IRM, scanner, gamma-graphie avec injection de technétium-99, analyses sanguines variées et rendez-vous planifié pour une radiothérapie auquel je n’ai pas donné suite sans oublier une ablation de la prostate par chirurgie que j’ai refusé. Le seul traitement que j’ai accepté est la triptoréline, une molécule que je connais bien puisqu’elle a été mise au point après 20 années d’essais sur divers animaux puis l’homme par un ancien collègue du Salk Institute (voir note en fin de billet). Prix d’une injection : 450 euros et 3 injections sur 18 mois = 1350 euros, c’est-à-dire à peu près le coût moyen de chacune des investigations effectuées à l’hôpital qui reçoit naturellement des subsides gouvernementaux en fonction du nombre et du prix de chaque acte.

Voilà ce qu’est la marchandisation de la médecine hospitalière et c’est ce que Jules Romain effleura dans la pièce de théâtre « Knock ou le Triomphe de la Médecine » qui fut joué pour la première fois à Paris le 14 décembre 1923 avec Louis Jouvet dans le rôle du Docteur Knock. Cette œuvre de Jules Romain dénonça l’aspect commercial de la médecine il y a presque 100 ans et c’est ce à quoi on assiste aujourd’hui dans la plupart des pays développés.

Le film de Guy Lefranc « Knock » met en scène à nouveau Louis Jouvet. Le scénario est directement inspiré de la pièce de Jules Romain qui a écrit les dialogues. Ce film est sorti en 1951, près de 30 ans après la pièce de théâtre et il est d’une brûlante actualité à l’issue de la pandémie de SARS-CoV-2 et de la gigantesque escroquerie des « vaccins » à ARN messager au sujet de laquelle j’ai disserté il y a quelques jours sur ce blog mentionnant cette financiarisation de la médecine et ses conséquences sur l’attitude des décideurs politiques qui ont piétiné le Code de Nuremberg et organisé une collusion coupable avec les médias pour modeler l’opinion publique afin qu’elle accepte n’importe quoi pourvu que les laboratoires pharmaceutiques réalisent des profits.

Comme ce que l’on connait le mieux est l’expérience personnelle il est opportun de rappeler que tous les hommes, à partir de 50 ans, souffrent de problèmes de prostate. Au delà de 70 ans plus de 70 % des hommes en souffrent et ce pourcentage augmente encore avec l’âge. L’espérance de vie chez les hommes en France est statistiquement de 79 ans, combien d’hommes meurent à cet âge de problèmes de prostate ? Certainement une minorité car beaucoup d’autres maladies sont beaucoup plus létales qu’une petite tumeur cancéreuse de la prostate. Mitterand en est mort mais sans doute aurait-il vécu plus longtemps si les nouveaux traitements comme celui que j’ai accepté dans mon cas personnel avaient existé. Il est intéressant d’insister sur les analyses médicales prescrites par les médecins qui pour la plupart ont oublié qu’un bon diagnostic est la meilleure approche pour atteindre une guérison. Knock part du principe que toute personne bien portante est un malade qui s’ignore, pourtant je me souviens très bien du vieux médecin de famille, à la campagne, qui prescrivait au pire de l’aspirine, prenait soin de regarder les yeux, la langue, la gorge, comptait les pulsations cardiaques avec sa montre à gousset et auscultait son patient, vérifiait le réflexe dont j’ignore le nom en assénant un petit coup sous la rotule et examinait visuellement l’urine après l’avoir sentie par deux fois, c’est vrai, je n’invente rien. Sans même vous examiner le médecin prescrit aujourd’hui une analyse de sang parce que les chiffres crachés par la machine entièrement robotisée qui prend en charge l’analyse sont rassurants car il y a un bout de papier avec une série de chiffres. Une analyse sanguine comportant une trentaine de paramètre coûte près de 100 euros. Combien d’analyses sanguines inutiles sont effectuées chaque année dans un pays comme la France ? Peut-être plus de 20 millions, je n’en sais rien, cela fait partie de la marchandisation de la médecine. Et les analyses sanguines sont un tremplin pour soutenir les profits des laboratoires pharmaceutiques qui font pression sur les autorités sanitaires nationales et européennes dans le cas de l’UE pour modifier les normes afin d’écouler des produits nouveaux comme par exemple les statines en jouant sur les divers types de cholestérol circulant pour promouvoir auprès des médecins ces médicaments dangereux.

Au cours de la pandémie de coronavirus a été mis en place un test dit PCR utilisant une technique que je connais bien pour l’avoir utilisée au cours de ma carrière de recherche en biologie qui n’est en rien adaptée à des tests de diagnostic. De plus elle a été dévoyée en procédant à une amplification démesurée afin de révéler au mieux la présence d’ARN viral dans un prélèvement salivaire ou dans le larynx. Inutile et dangereux car l’adaptation de cette technique initialement réservée à la recherche en biologie moléculaire a conduit à révéler des faux positifs et des faux négatifs noyés dans des artéfacts. Combien ont couté ces tests à un pays comme la France, deux, trois, quatre, cinq milliards d’euros ? Pour enrichir un laboratoire allemand qui produisait initialement les réactifs destinés à la recherche et qui se frottait les mains en adjoignant une transcriptase réverse fabriquée avec des levures génétiquement modifiées. Voilà encore un exemple de la marchandisation de la médecine : il faut une analyse de sang avec des pourcentages, un test d’urine avec également des chiffres, un test génétique, une recherche d’anticorps, un scanner, un cliché IRM, sinon le médecin, généraliste ou spécialiste, n’est plus capable de faire un diagnostic.

Merci Jules Romain … Illustration : capture d’écran du film Knock de Guy Lefranc, un des nombreux joyaux de ma collection de films. Knock (Louis Jouvet) discutant avec l’instituteur (Pierre Bertin) pour le convaincre de faire de la propagande auprès des élèves de l’école communale pour faire passer son message : « vous êtes tous des malades et vous l’ignorez » exactement la fonction des visiteurs médicaux qui abreuvent les médecins de la promotion de nouvelles molécules supposées être plus efficaces que celles, plus anciennes, qui ne sont plus protégées par des brevets …

6 réflexions au sujet de « Quel Français a prédit la marchandisation de la santé il y a près d’un siècle ? »

  1. Ping : Quel Français a prédit la marchandisation de la santé il y a près d’un siècle ? – Qui m'aime me suive…

  2. Ce film devrait faire l’objet d’une diffusion obligatoire à tous les futurs médecins. C’est la seconde adaptation au cinéma de la pièce de Jules Romains avec Louis Jouvet dans le rôle du docteur Knock. La première, Knock ou le triomphe de la médecine (1933), a été réalisée par Roger Goupillières et Louis Jouvet.
    Ce film devrait faire l’objet d’une diffusion obligatoire à tous les futurs médecins.

  3. Excellent article.
    J’y retrouve l’essence de la plupart des congrès auxquels je me rends.
    Les orateurs raisonnables ayant disparu depuis longtemps ou étant relégués à des heures de faible affluence ou au fond du hall des exposants.
    C’est tout un microcosme de parasites qui vit une fois de plus sur la peur des gens qu’ils capitalisent via moultes assurances aux coûts prohibitifs et à la rentabilité nulle ou négative (grâce à leurs actuaires) souscrites suite à des recommandations délétères, anxiogènes ou les deux combinées.
    Il existe toujours une voie de la raison mais elle fort malaisée par ces temps incertains et, croyez-le, elle n’amène pas la richesse matérielle. Spirituelle et morale a priori oui.
    Bien à vous.

  4. Je n’ai pas l’expérience personnelle de médecins ne pratiquant pas d’examen clinique systématique; quant aux analyses « inutiles » ou « trop nombreuses » je rappelle qu’elles permettent de poser des diagnostics précis impossibles à obtenir via un examen clinique aussi bon soit t’il (eg certaines hémopathies dites chroniques dont la prise en charge précoce permet l’obtention d’excellents résultats thérapeutiques). Certes il existe une forme de marchandisation de la santé mais n’oublions pas qu’en l’absence d’industrie pharmaceutique il n’y aurait eu aucun progrès en termes de traitement des cancers du sein, myélomes, mélanomes, leucémies myéloïdes et lymphoïdes chroniques, leucémies aigües, cancers de la prostate, etc, etc….

  5. Du temps que l’excellent Pierre Lemieux dirigeait la collection « Iconoclastes », les Belles-Lettres avaient publié l’intemporel essai *Esculape foudroyé* du docteur Alfonso Crespo qui avait [presque] tout prévu :
    http://guerrecivileetyaourtallege3.hautetfort.com/archive/2020/11/10/musique-559-6276137.html#c8943679

    « la promotion de nouvelles molécules supposées être plus efficaces que celles, plus anciennes, qui ne sont plus protégées par des brevets » : c’était l’argument d’un épisode mémorable de *Dr House*. La vérité s’exprime parfois dans les films et feuilletons ; heureusement, personne n’y croit — sinon *Wag the Dog* et *Network* n’auraient jamais été diffusés. 😉

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